Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • Le «national-socialisme» comme un projet anti-dialectique et romantique

    Le « national-socialisme » est un phénomène propre au capitalisme en crise : il s’agit d’une réponse qui lui est immanente, naturelle. Tentant de prolonger son existence, le capitalisme tente de s’unifier intérieurement, ce qui signifie nier les luttes de classe au sein de la société. A côté de cela, il s’agit de satisfaire ses propres besoins, et cela signifie la guerre.

    Ces deux aspects ont besoin d’une idéologie qui soit commune, qui permette tant un aspect que l’autre, et tel est le sens du national-socialisme. La version la plus connue, car la plus aboutie, est bien entendu le national-socialisme qui a existé en Allemagne, avec Adolf Hitler à sa tête.

    Néanmoins, il a existé et il existe de multiples autres variantes, moins abouties mais tendant à la même dynamique. On trouve ainsi en Italie le fascisme, en Espagne le « national-syndicalisme », en Hongrie le mouvement des « croix fléchées », en Roumanie le mouvement de la « garde de fer », etc.

    Comprendre sa nature est fondamentale à qui veut tant s’opposer au fascisme que comprendre la logique de destruction du capitalisme en fin de vie.

    Milices nazies, avec une représentation traditionnelle du culte de virilité au service du rétablissement d’un ordre censé être sain. Sur le mur, on lit écrit KPD,
    soit Parti Communiste d’Allemagne.

    L’une des erreurs les plus courantes concernant le national-socialisme allemand est par exemple de l’associer à l’oeuvre d’Adolf Hitler intitulée Mein Kampf, c’est-à-dire « Mon combat ». C’est là quelque chose de tout à fait erroné ; s’il faut associer directement quelque chose au national-socialisme, alors cela doit être les « S.A. », les « sections d’assaut » (« Sturmabteilungen »).

    Le national-socialisme, et cela dans toutes ses variantes, exprime en effet un romantisme. Il ne s’agit pas d’un mouvement « conservateur révolutionnaire », comme ont pu l’être de nombreuses dictatures semi-fascistes, comme l’Etat-corporatiste de l’austro-fascisme ou encore le franquisme espagnol, et finalement d’ailleurs le national-socialisme lui-même une fois au pouvoir, cela tant en Allemagne qu’en Italie.

    Le national-socialisme, tant qu’il n’est pas parvenu au pouvoir, se veut un mouvement « élémentaire », partant de la base, exprimant le besoin de socialisme et considérant que la voie nationale permet d’arriver à ce socialisme.

    « Tant que les SA marcheront, l’Allemagne vivra » : un romantisme typique des miliciens censés rétablir un ordre passé idéalisé

    Le national-socialisme est ainsi le mouvement contraire du communisme. Là où le communisme parle de « pensée guide », où le dirigeant portant cette pensée est à l’avant-garde et donc rejoint par les autres, dans le national-socialisme le « Führer » est au-dessus de tout et ne peut pas être rejoint.

    Là où le communisme affirme la nécessité de changer de mode de production car la contradiction est interne, le national-socialisme explique que la contradiction est externe et que les soucis du capitalisme proviennent d’un « parasitage ».

    Là où le communisme explique qu’il faut dépasser la contradiction villes / campagnes, le national-socialisme prétend avoir trouvé un rapport non conflictuel avec la nature, qui est « métaphysique », « spirituel », etc.

    Le national-socialisme, c’est ainsi une machine de guerre de contre-propositions visant directement le communisme, le matérialisme dialectique. Refusant la dialectique comme vision du monde, refusant le principe de la contradiction interne, le national-socialisme prétend purifier, nettoyer, remettre sur pied, et pour cela il a besoin bien entendu d’un anticapitalisme romantique violent, de l’antisémitisme.

    Le dirigeant nazi Adolf Hitler avec ses partisans en 1927,
    avec une esthétique ouvertement nationaliste romantique

    Le national-socialisme se veut donc un élan naturel pour contrer le « parasitage », et s’affirme révolutionnaire, car désireux de renverser tout ce qui est lié à ce parasitage. Le national-socialisme se présente donc un mouvement voulant changer de régime, mais en fait il veut en conserver la base, en prétendant seulement l’épurer.

    Le caractère vain de cette entreprise nécessite bien entendu alors deux choses une fois l’arrivée au pouvoir : tout d’abord, la liquidation de ceux qui seraient porteurs d’une illusion de changement de régime en tant que tel, et enfin mener la guerre relativement rapidement pour profiter de la mobilisation de masse, et de toutes manières afin de maintenir l’économie qui devient une économie de guerre à court ou moyen terme.

    Le national-socialisme est par conséquent un mouvement puissant et l’on comprend que la bourgeoisie n’assume d’aller en ce sens que lorsqu’elle est aux dernières extrémités. C’est d’ailleurs sa fraction la plus agressive, portée par les monopoles, qui prend la direction de l’État et porte en tant que tel le national-socialisme.

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  • «Le monde en images» – remarques de Comenius au lecteur (1658)

    [Extrait de la préface au lecteur de l’ouvrage Le monde en images de Comenius.]

    Le vrai antidote de l’ignorance, c’est l’érudition dont on doit abreuver les jeunes esprits dans les écoles; encore faut-il que celle-ci soit vraie, parfaite, claire et solide.

    L’érudition est vraie quand on n’enseigne ni n’apprend que des choses utiles à la vie humaine afin que personne n’ait sujet de se plaindre et de dire: Nous ignorons les choses nécessaires à être sues, parce que nous ne les avons jamais apprises.

    Elle sera profitable (pleine) quand on formera l’esprit à la sagesse, la langue à l’éloquence, et les mains à la diligence requise pour exécuter adroitement les fonction ordinaires, d’autant que le sel de la vie c’est savoir, agir et parler (discourir).

    Elle sera claire et, par conséquent, solide si tout ce que l’on enseigne et apprend n’est ni obscur, ni embrouillé ou confus, mais au contraire, clair, distinct et bien articulé, ainsi que les doigts de la main. Le fondement de tout ceci consiste à bien représenter à nos sens les objets sensibles, de sorte qu’ils puissent être compris avec facilité.

    Je dis et je le répète à haute voix que c’est là la base de toutes les autres actions, puisqu’on ne saurait ni agir ni parler sagement, à moins de comprendre bien comment on doit agir ou parler.

    Or, il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait été auparavant dans les sens.

    Par conséquent, c’est poser le fondement de toute sagesse, de toute éloquence et de toute bonne et prudente action que d’exercer soigneusement les sens à bien concevoir les différences des choses naturelles.

    Comme ce point, tout important qu’il est, est négligé ordinairement dans les écoles d’aujourd’hui et qu’on propose aux écoliers des objets qu’ils ne comprennent point parce qu’ils ne sont pas bien présentés à leur sens et à leur imagination, il en résulte la fatigue aussi bien pour le maître qui enseigne que pour l’élève qui apprend, de sorte que le travail éducatif devient malaisé et fâcheux et apporte fort peu de fruit.

    Voici donc une aide et un expédient nouveau pour les écoles: la peinture et la nomenclature de toutes les choses fondamentales qui existent au monde et aussi de toutes les actions principales qui se font au cours de la vie humaine!

    Afin qu’il ne vous semble pas ennuyeux, mes très-chers maîtres et précepteurs, de feuilleter et de parcourir ce livre, je vais vous dire, en peu de mots, le grand profit que vous pourrez en tirer.

    Ce livre, tel que vous le voyez, n’est pas un gros volume. Il est pourtant un compendieux abrégé de l’ensemble du monde et de toute la langue, abrégé qui est embelli et rempli de peintures, de nomenclatures et de descriptions de toutes choses.

    I. Les peintures ou figures, ce sont des idées ou portraits de tout ce qu’il y a de visible au monde; à ces idées de choses visibles se rattachent, en une certaine façon, celles des choses invisibles, et ceci dans l’ordre selon lequel elles ont été rangées et décrites dans la Porte des Langues, de sorte que rien de nécessaire et d’essentiel n’y a été omis ou négligé.

    II. Les nomenclatures sont les titres et les inscriptions qu’on a joints à chacune des peintures ou figures et qui expriment, par un mot général, le contenu de son sujet.

    III. Les descriptions sont les explications de la peinture ou de la figure selon ses parties. Ces explications sont ex-primées par leurs propres noms, de sorte que le même chiffre mis sur la figure ou la peinture et auprès de leur signification, montre d’une façon évidente les choses qui se correspondent.

    Ce livre donc, disposé ainsi, servira (comme je l’espère), premièrement, pour y allécher et attirer les jeunes esprits afin qu’ils ne s’imaginent point que l’école soit un fardeau, une croix, une gêne pour eux, mais qu’au contraire ils ne s’y figurent que des délices et du divertissement. Car il est manifeste que les petits (depuis leur tendre enfance) se plaisent aux peintures (images), s’amusent avec elles, et repaissent volontiers leurs yeux sur de semblables objets.

    Or, il faut avouer qu’il aura fait un bel exploit, celui qui aura repoussé en arrière, de dessus les parterres de la sagesse, les épouvantails qui font peur aux gens.

    En second lieu, ce livre servira à éveiller et à aiguiser de plus en plus l’attention sur les objets qui nous entourent et qui se présentent à nos sens, ce qui n’est pas de peu d’importance, vu que les sens (ces principaux guides de l’âge tendre qui n’est pas encore capable de s’élever à la contemplation des choses immatérielles) cherchent toujours des objets matériels autour d’eux; s’ils ne les trouvent pas, ils s’ennuient et languissent dans leur absence en se tournant çà et là, tout obtus et dégoûtés; si on leur montre des objets intéressants, ils reprennent courage et s’y laissent attacher jusqu’à ce qu’ils aient tout saisi parfaitement.

    C’est pourquoi ce livre sera fort propre pour captiver principalement les esprits volages, qui ne savent s’arrêter à une chose, et pour les préparer à d’autres études plus sublimes. De là s’ensuit la troisième utilité de ce livre, à savoir que les enfants, alléchés et encouragés à cette attention, se procureront, par manière du jeu et sans savoir comment, la connaissance des principales choses de l’univers (…).

    Il me reste à dire quelque chose sur l’usage fructueux que les jeunes écoliers pourront faire de ce livre.

    1. Qu’on leur donne entre les mains pour se divertir à leur aise par la seule vue des peintures et des figures afin qu’ils se les rendent toujours plus familières même chez eux, avant qu’on les envoie à l’école.

    2. Par la suite, on doit les examiner quelquefois (surtout lorsqu’ils y vont déjà) et les interroger, en leur demandant : Qu’est-ce que ceci ? Comment appelle-t-on cela ?, etc., afin qu’ils ne voient rien qu’ils ne sachent montrer.

    3. Ce n’est pas assez de leur montrer, en peinture ou figure, les choses dont ils ont entendu parler, mais il faut qu’on les leur montre ainsi qu’elles sont en elles-mêmes, dans la réalité, comme p. ex. les membres du corps, les habits, les livres, les bâtiments, etc., avec leurs meubles et ustensiles.

    4. Qu’on leur permette aussi d’en dessiner les figures de leur propre main pourvu que leur nature les y porte; on doit même tâcher de leur en faire venir l’envie s’ils n’en avaient point; et cela premièrement pour aiguiser d’autant plus leur attention aux choses que l’imagination leur aura apprises. En second lieu, pour leur faire observer peu à peu la proportion (symétrie) des parties des corps entre eux; enfin, pour faciliter le mouvement et l’action de la main, ce qui peut servir à bien des choses.

    5. S’il y a des choses, que nous mentionnons ici, lesquelles ne peuvent pas être représentées à l’oeil, p. ex. les couleurs et les saveurs (qu’on ne saurait dépeindre à l’encre), il sera besoin de les leur montrer chacune à part (en particulier). C’est pourquoi il serait à souhaiter que dans chaque Collège illustre on conservât certaines pièces rares et qu’on ne rencontre guère ailleurs, pour pouvoir les montrer aux écoliers, toutes les fois qu’on aurait besoin d’en parler.

    Voilà, en effet, ce qu’on appelle avec raison: Ecole ou Théâtre des choses sensibles, qui sert de Prélude à l’Ecole des choses intellectuelles (immatérielles).

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  • Extraits du Orbis sensualium pictus de Comenius (1658)

    [Voici des exemples d’images et de texte qu’on trouve dans Orbis sensualium pictus.]

    LA COURTOISIE (AMITIÉ)

    Les hommes sont faits pour s’entr’aider les uns les autres dans leurs besoins; qu’ils soient donc courtois (obligeants). Soyez doux (amiable) et affable de visage (jovial) [1], civil et honnête dans vos manières et dans vos moeurs [2], gracieux et véritable dans vos paroles [3], franc et loyal de coeur [4]. Aimez, si vous souhaitez être aimé; ainsi, il se fera une amitié mutuelle [5], comme celle des tourterelles [6] (qui s’aiment tendrement), unanime, paisible et réciproquement affectionnée. Les hommes fantasques (étranges, bizarres) sont haïs de tout le monde; ils sont envieux, incivils (grossiers), querelleux, colériques [7] (irascibles), cruels [8] et implacables, plutôt des loups et des lions que des hommes, et ils sont divisés entre eux-mêmes; c’est pourquoi il arrive souvent qu’ils se battent en duel [9]. L’envieux [10] en veut à tout le monde et se perd lui-même.

    L’IMPRIMERIE

    L’imprimeur est assorti de lettres de métal en grand nombre et de toutes sortes, arrangées (partagées) en une caisse par cassetins [5]. Le compositeur [1] les en tire l’une après l’autre, et compose les mots avec le poinçon selon la copie (le manuscrit) qu’il tient fichée devant soi à un mordant [2] (avec le composteur [3]) jusqu’à ce qu’une ligne (ou un verset) soit achevée; qu’il met (agence, ajuste) dans la forme [4] (la galée), successivement jusqu’à ce qu’il puisse en faire une page [36]; qu’il couche encore une fois (derechef) sur le composoir [7], et il l’y serre avec des plaques de fer [8], par le moyen de la vis [9] et des barreaux afin que les lettres demeurent bien en-semble, unies, et il la met sous la presse [10]. En suite de quoi, l’imprimeur mouille (humecte) les lettres avec l’encre à imprimer, se servant de balles de cuir [11], à présent de cylindres; il y met par-dessus des feuilles de papier qu’il couvre d’un châssis [12], et après qu’il les a couchées dans le coffret sous la presse [13], il leur fait emboire les lettres, en les pressurant du varrinet (du barreau) [15].  

    L’ETUDE

    Le cabinet (1) est l’endroit où l’étudiant (2) est assis seul à l’écart des hommes; il s’y adonne aux études. Il lit des livres (3); avec une plume (4), il note sur un cahier (5) des morceaux choisis ou les marque sur le livre d’un trait ou d’une astérisque en marge. Quand il travaille tard, il allume une bougie (8) posée sur un chandelier (9). Il mouche la bougie avec une pincette (10). Devant la flamme, il place un écran vert (11) pour ne pas être ébloui. Quand la nuit vient, il utilise une lanterne (15) ou une torche (16).

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  • L’appel universaliste de Comenius

    « Ce n’est pas un seul d’entre vous que j’appelle pour être juge ni un nombre limité, ni une multitude non plus ; je vous appelle au contraire tous à la fois à former un tribunal ; ce n’est pas la sentence de plusieurs d’entre vous que j’attends, c’est la sentence de tous…

    Et si je vous appelle en nombre illimité, ce n’est pas pour vous faire décider du sort d’un seul homme, mais du salut du monde entier ; je ne vous mène pas devant l’autel d’une divinité fictive, mais devant la face du vrai Dieu vivant … qui n’est pas le roi des guerres et des meurtres, mais de la paix et de la vie, et qui vous a comblés de ses présents pour vous confier la direction des affaires humaines …

    Disons ouvertement que les erreurs ne naissent que de l’ignorance ; il faut qu’elles s’effacent à la paisible lumière de la vérité sans voile. Il faut que les sectes, nées de la discorde et nourries dans leur croissance et dans leur affermissement de la même source, se dissolvent sous l’action de la douce chaleur de l’amour et revêtissent des formes nouvelles ; c’est pour elles le seul chemin à prendre.

    Ce ne sont pas les ténèbres qui chassent les ténèbres; une opinion ne cède pas sa place à une autre opinion, une secte ne disparaît pas pour faire régner une autre secte ; où il y a de la haine, on ne peut guère y remédier par de la haine, car le double mal attire plutôt de l’endurcissement des deux côtés…

    Par conséquent, comme ce n’est pas aux batailles que nous voulons inviter les hommes, mais à la contemplation et à l’union… il est juste que nous en donnions l’exemple en prenant soin de commencer à un endroit où il n’y a point de différence d’opinion qui nous divise, nous rendant suspects les uns aux autres.

    Nous allons procéder lentement et par degrés, en évitant tout ce qui pourrait offenser ; on va s’y prendre de manière à faire participer à nos efforts et à leur continuation sans aucun obstacle les Juifs, les Turcs, les païens et à plus forte raison nous autres chrétiens qui aurons d’abord à expliquer nos points de vue les uns aux autres.

    Que chacun de nous atteigne à ce point où il sentira les rayons de la lumière briller et l’enceinte de la vérité se fermer autour de lui de manière qu’il ne puisse ni facilement reculer, par peur de se couvrir de honte, ni faire un pas en avant qui lui fasse espérer plus de lumière !

    Qu’il se mette donc à se réjouir en Dieu en se voyant uni à tous les autres dans la vérité et dans l’Harmonie commune !…

    Nous désirons que le furieux Mars, qui a dépeuplé le monde chrétien, meure et périsse et que tous les peuples forment un seul troupeau couchant tranquillement au même pâturage.

    Nous voulons que les peuples forgent de leurs glaives des hoyaux et de leurs lances des serpes ; nous désirons qu’une nation ne tire plus l’épée contre une autre et que l’on n’apprenne plus la guerre.

    Quelle autre chose serait à désirer sinon une harpe qui remplirait de douceur les esprits des hommes, jusqu’alors féroces ? Une telle harpe une fois inventée, que pourrions-nous vouloir sinon nous mettre au milieu des autres : et éveiller ses tendres sons?

    Or, notre doux Père nous a déjà fait connaître la harpe de la panharmonie, destinée à remplir le monde de ses doux sons. Si nous ne saisissons pas l’occasion de lever la main, de prendre la harpe, de l’accorder, de la touche pour modérer par sa musique suave les esprits furieux de ceux qui écoutent, nous serons des ingrats et nous mériterons d’être punis pour avoir méprisé le don de Dieu. »

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  • La pédagogie de Comenius: l’art universel d’enseigner tout à tous

    Comenius est l’auteur d’un ouvrage intitulé La grande didactique présenté de la manière suivante :

    « La grande didactique

    Traité de l’art universel d’enseigner tout à tous

    ou

    le moyen sûr et soigneusement établi d’instituer dans toutes les communes, dans toutes les villes et dans tous les villages de n’importe quel pays chrétien, des écoles telles que toute la jeunesse des deux sexes, sans excepter personne nulle part, puisse être formée aux belles lettres et aux sciences,

    façonnée aux bonnes mœurs, imprégnée de piété et par ce moyen être instruite, en son jeune âge, de tout ce qui sert à sa vie présente et future :

    cela

    avec économie de temps et de fatigue
    avec joie et solidité

    Ouvrage

    où les raisons de tout ce qui est recommandé sont tirées de la nature des choses elles-mêmes et leur vérité démontrée par des exemples empruntés aux arts mécaniques ; où le cours des études est divisé en années, en mois, en jours et en heures ; où enfin est indiquée la voie facile et sûre de mettre le tout en pratique. »

    On reconnaît les valeurs portées par la bourgeoisie à l’époque : sens pratique et universalisme. Il est difficile de comprendre la dimension révolutionnaire de cet appel démocratique pour l’éducation des masses, puisque entre-temps celle-ci s’est réalisée, même si sur le plan du contenu la bourgeoisie devenue réactionnaire a bien sûr imposé ce dont elle avait besoin.

    Cette combinaison d’esprit démocratique absolu et de sens pratique est précisément ce qui fournit à Comenius sa dimension historique. Il assume l’humanisme et ne laisse strictement personne derrière, et en même temps il affirme qu’un rythme éducatif est possible pour tous et toutes, un rythme amenant une harmonie intellectuelle en suivant des formes appropriées. La lassitude ne peut tout simplement pas exister quand on apprend, si l’enseignement est adéquat.

    Dans l’Avertissement aux lecteurs au début de cette œuvre, Comenius précise de la manière suivante son intention :

    « Mais j’ose promettre, moi, une grande didactique, c’est-à-dire un art universel qui permet d’enseigner tout à tous avec un résultat infaillible ; d’enseigner vite, sans lassitude ni ennui chez les élèves et chez les maîtres, mais au contraire dans le plus vif plaisir ; de donner un enseignement solide, surtout pas superficiel ou formel, en amenant les élèves à la vraie science, à des moeurs aimables et à la piété de coeur.

    Enfin, je démontre tout cela a priori, c’est-à-dire en le tirant de la nature immuable des choses ; comme d’une source vive coulent sans cesse des ruisseaux qui s’unissent finalement en un seul fleuve, j’établis une technique universelle qui permet de fonder des écoles universelles. »

    Comenius n’a cessé de donner des indications pratiques dans ses ouvrages, fonctionnant en quelque sorte comme un système éducatif clef en main. Voici les conseils que donne Comenius sur le plan pratique pour l’enseignant: 

    « Faire en sorte que les tout soit facile à apprendre. Tu y arriveras si tu observes les conseils suivants :

    1. En ce qui regarde le temps

    1. Commence de bonne heure.
    2. N’interromps pas ton enseignement.
    3. Agrémente la pratique scolaire de choses agréables.

    2. En ce qui concerne les moyens d’instruction :

    1. Que tout soit préparé d’avance.
    2. Que tout soit prêt à servir immédiatement.
    3. Que tout soit aussi simple et aussi direct que possible.

    3. Pour ce qui est des objets :

    1. Adresse-toi, en premier lieu, aux sens qui saisissent la réalité.
    2. Éprouve les choses par la pratique.
    3. La discussion des choses ne doit venir qu’après.

    4. Pour ce qui est de la manière de procéder :

    1. Présente d’abord une vue d’ensemble de ton sujet ; esquisse-le dans ses grandes lignes, d’une façon sommaire.
    2. Après, tu le traiteras plus à fond, dans chacune de ses parties.
    3. Enfin, tu en feras l’analyse exacte et minutieuse. »

    Comenius insiste sur l’aspect principal : le reflet dans le cerveau de ce qui est enseigné, et le message ne doit pas être parasité. Chercher des ouvrages alors qu’on est en pleine explication ne relève pas ici tant de la perte du temps que de la perte d’attention. Il faut bien souligner ici que chez Comenius, tout comme auparavant chez Averroès, Avicenne, Aristote, l’esprit humain est fait de manière adéquate pour réceptionner les reflets de la réalité.

    C’est la thèse matérialiste selon laquelle l’être humain ne pense pas, mais reflète, et selon laquelle c’est là sa nature même, et son bonheur. De la même manière qu’on doit jouer aux échecs et non aux dés, car le cerveau joue alors et ne laisse rien à l’absurde hasard. Il y a une joie dans le processus même de réflexion, dans son adéquation à la réalité. Comenius expose ainsi cette thèse :

    « La jouissance qui vient de nous-mêmes consiste dans le doux plaisir qu’éprouve un homme vertueux à voir qu’il est toujours prêt, grâce à son esprit et son caractère bien ordonnés, à suivre les règles de la justice. Cette joie est bien supérieure à celle que nous avons mentionnée plus haut [la jouissance qui provient des choses elles-mêmes], et elle est attestée par le proverbe qui dit : bonne conscience est un festin continuel. »

    Comenius ne pouvait bien entendu réaliser son projet ; il fera tout pour tenter de profiter des forces progressistes : ayant failli travailler pour le cardinal de Richelieu, il préférera se tourner vers les forces protestantes ou s’en rapprochant, comme la Suède ou l’Angleterre, et lui-même exilé finira sa vie à Amsterdam, dans la Hollande bastion du progressisme alors.

    Il basculera également parfois, par dépit, dans le mysticisme, espérant une fin des temps pour balayer les forces de la réaction catholique et féodale. C’est un aspect inévitable de par le manque de maturité de son époque.

    Les derniers jours de Jan Amos Komenský à Naarden,
    peinture de Alphonse Mucha dans son Epopée slave, 1918

    Toutefois, Comenius avait contribué de manière formidable à l’éducation et au matérialisme, et ses écrits jouent un rôle de très grande importance sur le plan éducatif dans toute l’époque qui suit en Europe.

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  • La pédagogie de Comenius: une école démocratique

    « On y arrivera si tous apprennent à user de livres non pas comme de canapés qu’on déplace à loisir et où il faut si bon sommeiller, mais comme de véhicules qui les transportent rapidement vers le lieu où ils doivent parvenir, vers la sagesse.

    Ce n’est donc pas assez de posséder de bons livres ; on doit aussi les lire avec diligence ; et non seulement les lire, mais encore les comprendre comme il faut, s’imprégner de ce qu’ils contiennent et agir selon leurs préceptes. Pour que tous sachent faire tout cela dans la dernière étape de l’humanité, celle de la sagesse, ils devront se mettre sous la conduite de pédagogues universels. »

    Comenius a compris que la cause hussite a échoué, et historiquement il vit au moment même où, lors de la bataille dite de La Montagne blanche en 1619, les forces catholiques et autrichiennes écrasent les forces de Bohême favorables au calvinisme et aux Tchèques. Il sait toutefois que la base nationale tchèque ne saurait être totalement brisée par l’empire autrichien et le catholicisme, aussi décide-t-il de contribuer à la nouvelle vague de la lutte à venir, par l’éducation.

    Il le fait en situation d’exil, alors que la répression autrichienne et catholique se généralise, dans une orgie baroque et jésuite. Lorsque Comenius affirme qu’il faut faire en sorte que « toute la jeunesse de la nation entière apprenne à lire et à écrire », c’est là son but : soulever le pays tout entier, dans une cause démocratique consistant à abattre la domination autrichienne et l’obscurantisme catholique. C’est de là que vient son projet d’école généralisée.

    Son œuvre intitulée Projet succinct pour le rétablissement des écoles dans le royaume de Bohême commence ainsi de la manière suivante :

    « Le rétablissement glorieux et le bel épanouissement aux yeux d’autres nations, de l’Église, de l’État et de toute la nation de Bohême (quand il plaira à Dieu de restituer la souveraineté au peuple tchèque), auront à reposer sur une reconstruction sage et circonspecte de l’enseignement. »

    Comenius va alors réfléchir et prévoir tous les niveaux éducatifs. On commence par l’école maternelle allant jusqu’à l’âge de six ans, puis on passe à l’école nationale, c’est-à-dire l’école primaire, jusqu’à l’âge de douze ans. Ces écoles doivent être présentes dans tout le pays, dans le moindre village.

    Il y a ensuite l’école latine, où l’on apprend, jusqu’à dix-huit ans, les langues et les arts libéraux (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, musique, astronomie et géométrie). Il y a, enfin, l’Académie, où jusqu’à l’âge de vingt-quatre – vingt-cinq ans, on se spécialise dans un domaine (médecine, philosophie, jurisprudence, etc.), dans un cycle d’études comprenant deux – trois ans à l’étranger.

    Comenius considère qu’il ne doit y avoir que deux heures de cours le matin et deux heures de cours l’après-midi, en raison de la nécessité de travailler dans les champs : c’est dire si son souci d’organisation est démocratique.

    De la même manière, il considère que le cours doit consister tout d’abord en une explication d’un quart d’heure, ensuite en une discussion ou un jeu à ce sujet entre les élèves, puis finalement en une nouvelle intervention de l’enseignant pour effectuer des précisions et corrections.

    Comenius insiste pour que cela soit le même enseignant qui enseigne toute l’année, aidé d’assistants vérifiant les cahiers, la discipline, ces assistants étant les élèves de la classe du niveau d’au-dessus.

    On a là une insistance sur la nature démocratique de l’école, dans sa vie intérieure, et d’ailleurs c’est l’État central qui doit fournit les moyens matériels, Comenius demandant bien sûr qu’on cesse de financer les jésuites et les couvents. Il insiste également sur l’intégration des orphelins : dans sa démarche, absolument personne n’est oublié ; s’il y a des gens qui ont du mal à apprendre, il ne faut pas les rejeter, mais les aider collectivement.

    Comenius dit ainsi :

    « Le fait qu’il y ait des intelligences naturellement faibles et bornées n’est pas un obstacle, mais au contraire une obligation urgente de cultiver tous les esprits. Car, plus un enfant est intellectuellement faible et peu développé, plus il a besoin de secours pour se libérer de son engourdissement et se guérir de sa faiblesse. Il n’est pas possible de trouver un esprit si disgracié que la culture ne parvienne, peu à peu, à améliorer. »

    Il faut également noter que Comenius appelle à une inspection des écoles : à chaque fois les religieux locaux, régionaux ou nationaux doivent inspecter les écoles relevant de leur niveau, l’évêque inspectant l’académie, les doyens de région s’occupant des écoles latines, etc. Or, dans la démarche religieuse de Comenius qui appartient aux Frères moraves issus du hussitisme, les responsables religieux sont élus par la base, par la population elle-même.

    On a donc des écoliers qui s’auto-supervisent et qui sont contrôlés par la population elle-même, le savoir étant transmis de génération en génération. Il y a là un véritable modèle démocratique, d’esprit universaliste et collectiviste.

    Enfin, soulignons la question féministe, s’opposant frontalement au catholicisme.

    La question des femmes est bien entendu très importante. Comenius a ici une position tout à fait cohérente, affirmant qu’il faut arracher les femmes à l’infantilisme dans lequel on les a confinés. Il dit ainsi :

    « Il n’est possible d’avancer aucune bonne raison pour priver le sexe faible (qu’on me permette de donner un avis aussi sur ce point) de l’étude des sciences et des lettres (qu’il s’agisse de l’enseignement en latin ou de l’enseignement donné en langue vulgaire).

    En vérité, les femmes sont douées d’une intelligence agile et qui les rend aptes à comprendre la science et l’art comme nous, souvent même mieux que nous.

    Pour elles, comme pour nous, est ouverte la voie des plus hautes destinées. Souvent elles ont été appelées à gouverner des Etats, à donner des conseils salutaires aux rois, aux princes, à exercer la médecine ou d’autres arts utiles au genre humain…

    Pourquoi voudrions-nous les admettre seulement à l’a b c, puis les éloigner de l’étude des livres ? Craindrions-nous leur frivolité ? Mais plus nous leur apprendrons à réfléchir, moins elles seront frivoles, car la frivolité est généralement la conséquence du désœuvrement de l’esprit.

    Nous devons laisser aux femmes la liberté de lire, sous réserve que ne leur soient pas donnés en pâture toute sorte d’ouvrages stupides et mal écrits (pas plus à elles qu’à la jeunesse de l’autre sexe ; et il est déplorable que ce mal jusqu’ici n’ait pas été évité avec plus de précaution). »

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  • La pédagogie de Comenius: miroir et esprit de synthèse

    Comenius exprime de manière magistrale la position matérialiste de l’esprit de synthèse. Il y a là un point historique d’une importance transcendante.

    Il est intéressant de savoir ici que Comenius a vécu à la même époque que René Descartes, et qu’il l’a rencontré. Les quelques heures de discussion n’ont abouti à rien, et pour cause. Descartes considère qu’il faut partir de l’individu et étudier le monde morceau par morceau, en partant de l’élément le plus simple.

    Comenius, lui, fait comme Baruch Spinoza : il part du tout. Il est d’accord pour aller du simple au complexe, sauf que lui reconnaît la nature de « tout » à ce qui est complexe ; il dit ainsi :

    « Un tout est antérieur à ses parties, car il est plus grand que chacune de ses parties, pénètre plus tôt dans nos sens, et attire les regards. Ce qui est volumineux peut être aperçu de loin ; ce n’est qu’en s’approchant et les examinant l’une après l’autre que l’on voit les petites choses.

    Le tout est un, alors que les parties sont nombreuses ; l’unité se conçoit mieux et plus facilement que la pluralité. »

    « Conduis-le [Comenius s’adresse à l’enseignant] par degrés, allant du général au particulier, du total au partiel, du simple au complexe, jusqu’à ce qu’il acquière un savoir le plus spécial, le plus détaillé, le plus articulé. »

    Voici un exemple que donne Comenius, montrant qu’il ne faut pas perdre de vue l’unité lorsqu’on analyse ce qu’on doit considérer, en étant matérialiste, comme des aspects de l’ensemble :

    « Regarde un anatomiste et un boucher ! Tous deux découpent des corps d’animaux, mais avec quelle différence !

    L’anatomiste sectionne les nerfs et les tendons dans les membres et les jointures, prenant soin de ne pas séparer ce qui doit être réuni, et séparant les éléments qui sont sans rapport les uns avec les autres ; le boucher découpe les membres d’un corps comme bon lui semble, sectionnant les veines et faisant des morceaux comme il le veut.

    La différence entre les deux concernera aussi la connaissance même des choses ; celle-ci sera bien différente dans les deux cas. Alors qu’un anatomiste sectionnant une ou deux fois un corps connaîtra aussitôt sa structure, un boucher ne sera jamais capable, découpât-il mille fois un corps, de pénétrer les secrets de la nature dans ses œuvres magistrales.

    La même différence existe entre ceux qui analysent les choses en se laissant guider par la nature de ces mêmes choses, et ceux qui le font à l’aveuglette. Les premiers éclairent leur raison et leur entendement, analysent les choses finement dans le miroir de leur intelligence ; les autres manient grossièrement, faisant violence à l’intelligence en y introduisant l’obscurité et l’erreur (…).

    La synthèse est la recomposition d’un corps, d’un tout, avec ses éléments séparés. Elle contribue donc beaucoup à la connaissance parfaite des choses, dans la mesure où elle est vraie.

    Observer les éléments et les parties en eux-mêmes n’est pas profitable, car on a du mal à comprendre quel en est le sens ; mais une fois coordonnés et intégrés dans un ordre supérieur, ces éléments démontrent tout de suite leur utilité, et l’on peut s’en servir immédiatement, comme nous l’avons vu à propos de l’horloge démontée et remontée.

    La méthode syncrétique consiste à comparer les parties avec d’autres parties, et les touts avec d’autres touts.

    Elle jette beaucoup de lumière sur la connaissance des choses et la multiplie infiniment.

    Comprendre les choses isolément (comme on le voit couramment) a quelque chose de fragmentaire ; mais comprendre l’harmonie des choses, leurs rapports et interdépendances – voilà ce qui répand dans l’esprit une lumière vive dont tout est éclairé. »

    Il y a là un point extrêmement important sur le plan historique ; il est impossible de ne pas voir ici posées des bases relevant de la dialectique. Et Comenius formule cela en se focalisant sur la matière.

    Selon Comenius, les éléments auxquels il faut accorder son attention quand on enseigne sont les sens (qui doivent être « stimulés et aiguisés » afin d’apprendre à « observer les objets »), l’intelligence (qui doit « pénétrer de plus en plus jusqu’au fond des choses »), la mémoire (pour se souvenir), la langue (pour s’exprimer), la main (pour exécuter les actions), la volonté (pour être encouragé à bien agir), le coeur (pour avoir en affection les choses bonnes).

    C’est toujours l’activité pratique qui compte – d’où le principe du jeu comme forme de l’esprit saisissant la réalité. Le jeu, c’est le miroir, l’activité pratique, la transformation, l’esprit de synthèse.

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  • Comenius: le jeu de l’esprit et l’être humain formé par le travail

    On sait à quel point l’obscurantisme religieux est un obstacle à la science, car il affirme qu’il faut partir de la « révélation » comme base « scientifique ». On trouve bien sûr chez Comenius la position matérialiste inverse ; s’il reconnaît la religion, il le fait toujours en la considérant comme base morale finale, nullement comme socle clérical.

    Il affirme ainsi que dans l’enseignement :

    « Il faudra procéder graduellement, en commençant par les choses matérielles, en continuant sa route avec les choses de l’esprit, et en la terminant par les choses révélées. »

    Comenius inverse donc la position qui est celle du baroque et des jésuites, pour qui l’extase mystico-religieuse est la seule base réelle de la « science » qui est, de ce fait religion. Comenius est sur une base matérialiste, qui s’oppose directement au catholicisme dans son approche.

    Portrait de Comenius
    par Karol Miloslav Lehotský
    (1846-1915)

    Comenius appelle à la raison, et non à la mystique; il est pour l’apprentissage de tous et de tous, de manière ouverte, et non pour un élitisme fabriqué par les jésuites. Il est pour un cerveau capable de refléter l’ensemble de la réalité matérielle – ce que précisément le baroque considère comme impossible.

    Comme on le sait d’ailleurs, pour le matérialisme dialectique, la pensée est un reflet ; par conséquent, un cerveau ne peut pas reconstituer à lui tout seul, séparément, isolément, tous les éléments scientifiques. Il y a besoin d’amener au cerveau les informations.

    Comenius dit de la même manière :

    « L’homme, par sa propre vertu, grandit avec des formes humaines, oui, comme une bête sauvage grandit avec ses propres formes, mais il ne peut devenir un être raisonnable, savant, honnête et pieux, si on ne lui a pas d’abord inculqué (comme on opère le greffage) des éléments de science et des principes d’honnêteté et de piété. »

    Comenius s’avère alors le fondateur de la pédagogie, car il propose alors deux perspectives concrètes pour que le cerveau soit façonné dans une direction concrète et cohérente.

    D’abord, le cerveau reflétant la réalité en s’appuyant sur les sens, Comenius considère qu’il faut profiter du jeu pour avancer, c’est-à-dire pour combiner les sens et la réflexion. Mao Zedong, dans De la pratique, disait que :

    « Si l’on veut acquérir des connaissances, il faut prendre part à la pratique qui transforme la réalité. Si l’on veut connaître le goût d’une poire, il faut la transformer : en la goûtant. »

    Comenius dit pareillement, au sujet de l’enseignement et de son rapport à la pratique :

    « C’est en écrivant qu’on apprend à écrire ; en dessinant, l’art de dessin ; en chantant, on apprend à chanter, etc. De même, c’est en agissant que nous apprenons à agir, et c’est par la pratique que nous apprenons à exécuter différents travaux.

    D’où la devise qui dit, providentiellement : Fabricando fabricamur, ce qui veut dire : c’est le travail qui fait l’homme (l’homme se fait par le travail). »

    Seulement, ce travail ne doit pas borner l’esprit, il doit au contraire s’appuyer sur lui comme moteur.

    A l’opposé de René Descartes, Comenius ne sépare pas abstraitement le corps et l’esprit. Il faut donc que les deux soient en action, pour que l’enseignement se déroule de manière adéquate. Comenius explique ainsi au sujet du développement de « l’agilité extérieure du corps » :

    « Par jeux nous entendons les mouvements du corps et de l’âme. Il ne faut pas les interdire à la jeunesse ; bien au contraire, ils doivent être recherchés et soutenus. Mais la raison doit présider au choix des jeux, pour qu’on en retire du profit.

    Les exercices qui s’y rattachent consistent en mouvements variés, tels que la course ou le saut, divers jeux compétitifs, pratiqués avec modération, jeux de balle, lancement du poids, exercices avec la massue, jeu de colin-maillard et d’autres jeux pratiqués, décemment.

    On pensera aussi à organiser des sorties et des promenades à l’intérieur de l’école ou au jardin.

    Il vaut mieux que ces promenades soient collectives et non individuelles, pour donner l’occasion aux élèves de converser les uns avec les autres, et par là, de s’exercer, se détendre et se récréer.

    On peut aussi permettre les jeux pendant lesquels on est assis, à condition qu’ils fournissent une occasion pour exercer l’esprit, tels les échecs, etc. Il faut interdire absolument les jeux de cartes et de dés parce que, d’une part, dans ceux-ci, c’est le hasard qui décide de tout et, d’autre part, en raison de l’anxiété et de la tension d’esprit qu’ils causent à certains gens ; encore faut-il dire qu’ils ne jouissent pas d’une bonne réputation, car on en abuse généralement. »

    Comenius propose alors la généralisation de jeux dans l’enseignement, ce qui est logique : si le cerveau dispose de plasticité et que son activité est une réflexion, alors forcément plus on joue, plus on participe au monde et plus on reflète, le jeu étant lui-même une activité en miroir par rapport à l’autre, aidant à l’activité du cerveau. Voici ce que propose Comenius :

    « On pourra y introduire

    des jeux d’alphabet des jeux d’histoire
    de lecture de métaphysique
    d’écriture de physique
    de dessin techniques –
    de calcul illustrant
    de géométrie les principes
    de musique de la morale
    et de la religions

    mais surtout des scènes bibliques (…).

    En agrémentant l’enseignement de divertissements variés et profitables

    1) la santé : les mouvements, la course, la lutte ;

    2) aux sens : lecture des journaux, inspection des dessins, etc.

    3) à l’intelligence : concours divers, amusettes, etc.

    4) à la mémoire : récitation et répétition des passages avec concours et prix divers ;

    5) au jugement : devinettes et dissertations ;

    6) à l’habileté de la main ; tâches et travaux bien disposés ;

    7) à l’art de l’éloquence : dialogues improvisés ; lettres et discours fictifs.

    De cette manière, on pourra, à bon droit, dire de cette école qu’elle est SCHOLA LUDUS. »

    Avec Comenius, on a des activités tout azimut ; il s’oppose particulièrement à l’unilatéralisme et affirme qu’il faut inversement partir dans toutes les directions. Il a compris la nature du jeu pour l’être humain : penser, c’est jouer.

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  • Comenius et le monde en images puisque le monde sensible est perçu par des images

    Aujourd’hui, lorsqu’on regarde une encyclopédie ou un document présentant un contenu, on a l’habitude de voir une ou plusieurs images qui sont associées à l’explication. C’est à Comenius qu’on doit cette pratique.

    Suivons ici son raisonnement, fondé sur une exigence démocratique. Comenius considère que « dans les écoles, tous doivent être instruits en tout ».

    Mais il sait qu’il y a une contradiction avec l’immensité des choses à apprendre si on se spécialise. Aussi faut-il trouver un moyen afin que l’esprit scientifique prédomine toujours face aux choses qu’on découvre, même si on ne les a pas étudiées.

    Comenius dit ainsi :

    « Il faut donc en arriver à une organisation telle que personne, pendant son séjour sur terre, ne rencontre rien qui lui soit absolument inconnu et dont il ne puisse tirer en quelque mesure parti, sensément et sans tomber dans les pièges de l’erreur. »

    Comenius a trouvé comme moyen pas moins que l’image. Si en effet la pensée reflète la réalité, telle une tablette inscrivant ce que les sens lui fournissent comme informations, alors tout passe par l’image.

    Quel est le rôle de l’image ? En fait, Comenius considère que l’esprit humain se divise en trois parties : l’intelligence, la volonté et la mémoire. Ces parties ne sont pas séparées, et l’enseignement doit permettre d’éclairer l’intelligence, de diriger la volonté et d’éveiller la conscience.

    C’est là une division, encore une fois, conforme au matérialisme dialectique : la conscience doit saisir la réalité, alors qu’elle est en retard sur elle dans sa transformation (puisqu’elle ne fait que refléter le réel) ; la volonté doit être dirigée selon des principes ; enfin, l’intelligence doit être éclairée c’est-à-dire qu’elle doit profiter d’un épanouissement et de méthodes efficaces.

    L’image a ici une fonction essentielle. Elle est un point de repère et un guide ; voici ce qu’explique Comenius, dans la préface à son ouvrage Le monde en images :

    « Voici donc une aide et un expédient nouveau pour les écoles: la peinture et la nomenclature de toutes les choses fondamentales qui existent au monde et aussi de toutes les actions principales qui se font au cours de la vie humaine!

    Afin qu’il ne vous semble pas ennuyeux, mes très-chers maîtres et précepteurs, de feuilleter et de parcourir ce livre, je vais vous dire, en peu de mots, le grand profit que vous pourrez en tirer.

    Ce livre, tel que vous le voyez, n’est pas un gros volume. Il est pourtant un compendieux abrégé de l’ensemble du monde et de toute la langue, abrégé qui est embelli et rempli de peintures, de nomenclatures et de descriptions de toutes choses.

    I. Les peintures ou figures, ce sont des idées ou portraits de tout ce qu’il y a de visible au monde; à ces idées de choses visibles se rattachent, en une certaine façon, celles des choses invisibles, et ceci dans l’ordre selon lequel elles ont été rangées et décrites dans la Porte des Langues [manuel pour apprendre une langue étrangère, fondé sur le même principe d’images], de sorte que rien de nécessaire et d’essentiel n’y a été omis ou négligé.

    II. Les nomenclatures sont les titres et les inscriptions qu’on a joints à chacune des peintures ou figures et qui expriment, par un mot général, le contenu de son sujet.

    III. Les descriptions sont les explications de la peinture ou de la figure selon ses parties. Ces explications sont exprimées par leurs propres noms, de sorte que le même chiffre mis sur la figure ou la peinture et auprès de leur signification, montre d’une façon évidente les choses qui se correspondent. »

    Publié au milieu du XVIIe siècle, Le monde en images, dont le véritable titre est Orbis sensualium pictus (l’image du monde sensible), eut un succès considérable en Europe. Ce fut un manuel d’apprentissage extrêmement apprécié; il connut notamment deux versions quadrilingues (latin, allemand, italien et français, ainsi que latin, tchèque, allemand et hongrois).

    Johann Wolfgang von Goethe le présenta dans ses mémoires comme le premier véritable ouvrage destiné aux enfants.

    La Porte des langues, dont il est parlé plus haut, est un manuel de langues fondé sur un principe tout à fait similaire, et pareillement fondé sur la vision matérialiste du monde.

    Pour apprendre une langue, plutôt que l’accumulation de mots, Comenius a prôné l’apprentissage raisonné. Sa Porte des langues consiste ainsi en des blocs de mots en latin et dans une autre langue, regroupés par thématiques.

    Les 8000 mots les plus usités sont ainsi regroupés en 1000 thèmes, afin de faciliter la compréhension et l’apprentissage. Il n’est guère difficile de voir la fantastique modernité de cette approche.

    Toutefois, Comenius jugeant l’approche encore trop difficile, ajouta les images, ce qui amena l’Orbis sensualium pictus, dont l’épigraphe annonce ainsi fièrement: Omnia sponte fluant, absit violentia rebus (Que tout vienne spontanément, que la contrainte soit bannie). Chaque image comporte en son sein des numéros, reliés à un vocabulaire précis, permettant de s’en faire une meilleure image, reflétant la réalité.

    L’Orbis sensualium pictus avait ainsi une double nature: il servait à la présentation de la réalité par des scènes, il permettait d’acquérir le vocabulaire allant avec, et si du vocabulaire en langue étrangère était placé en parallèle du texte en langue nationale, il y avait l’apprentissage d’une nouvelle langue.

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  • Comenius: plasticité du cerveau et pensée comme images transmises par les sens

    Comenius est un penseur formidable, car il a compris la réalité du cerveau ; c’est pour cela qu’il a pu affirmer qu’il fallait enseigner, et qu’il a pu proposer un modèle d’enseignement, d’esprit universel.

    Pour les matérialistes, le cerveau est de la matière grise ; comme l’a formulé Aristote, c’est une tablette, on dirait aujourd’hui un disque dur.

    Or, on sait bien que le cerveau est bien plus plastique dans la jeunesse : il reflète mieux qu’il ne le fait par la suite.

    Justement, voici ce que dit Comenius, comparant le cerveau à la cire, affirmant ouvertement la thèse matérialiste du reflet :

    « C’est une propriété constatée chez tous les êtres à leur naissance qu’il est très facile de les plier et de leur donner une forme lorsqu’ils sont encore tendres, mais qu’il n’obéissent plus dès qu’ils sont devenus durs. La cire molle se laisse facilement pétrir et façonner ; durcie, elle se brise sous l’effort (…).

    Son cerveau [à l’être humain], en effet, qui dans la mesure où il reçoit les images transmises par les sens agit, avons-nous dit, comme une cire, est humide et plastique dans sa jeunesse et apte à recevoir toutes les images qui lui sont présentées ; plus tard, il se sèche et durcit, peu à peu, de telle manière que, l’expérience le prouve, les objets du monde extérieur ne s’y gravent plus aussi aisément. »

    Voilà qui est tout à fait matérialiste, et il est impossible de ne pas souscrire à cela. C’est une considération fondamentale, que l’on doit avoir en tête lorsqu’on veut enseigner.

    Comenius
    dans une édition allemande de 1913
    du Didactica magna

    Comenius a tellement compris la question du reflet qu’il parle de l’école comme devant être en quelque sorte un théâtre, présentant la réalité en captant l’attention. La mise en avant du jeu procède de la même approche.

    Comenius dit par ailleurs ouvertement que :

    « L’objet, l’idée de l’objet et le mot sont des notions corrélatives, liées par des rapports mutuels, car les idées (les concepts) sont les images, les reflets d’objets dans notre conscience, alors que les mots reflètent les idées.

    D’où il ressort, de toute nécessité, qu’on doit, tout d’abord, montrer aux hommes des choses (des objets) afin que, les regardant, ils se créent des représentations (des idées) de ces choses et apprennent, par la suite, à nommer ce qu’ils saisissent.

    Et toujours, il faut que ces trois entités, a) l’objet ; b) l’idée ; et c) la parole, aillent ensemble. Et encore, que d’abord l’objet soit présenté, que sa présentation soit suivie d’une explication qui nous permette de nous en faire une idée juste, et qu’enfin l’objet reçoive un nom. »

    Et Comenius continue, dans une approche extrêmement proche du matérialisme dialectique :

    « «A priori», c’est ce que nous percevons par nos sens, car rien ne peut être compris à moins d’être perçu d’abord par les sens.

    Ce qui provient de la Révélation (qui complète notre savoir là où nos sens et notre intellect ne nous suffisent plus – tout en admettant que nous préférons connaître tout, autant que faire se peut, par nos propres moyens), n’entre dans notre conscience qu’après ce qui a été compris par l’intellect.

    Mais il existe une autre raison qui fait qu’à l’école pansophique [école de la philosophie générale, complète, totale] il importe de présenter d’abord ce que nous percevons par les sens, ensuite ce que nous comprenons par le raisonnement et enfin, en dernière instance, ce qui nous vient de la révélation divine (qui demande à être écoutée, car nos sens et notre raison ont des limites).

    En effet, la meilleure façon de connaître les choses est celle qui les étudie dans leur devenir et leur enchaînement.

    Tout d’abord, Dieu a créé le monde, rempli de ses œuvres que nous percevons par les sens ; ensuite, il a créé l’homme, doué de raisonnement. Mais l’homme ne connaît pas lui-même tant qu’il ne comprend pas qu’il est rempli d’images de chose.

    Ce n’est qu’alors qu’il s’aperçoit qu’il est un microcosme, créé à l’image du Dieu omniscient. En comparant entre elles les notions abstraites des choses, en les décomposant et les recomposant, il multiplie la joie que lui procure la lumière de sa raison. »

    Si on remplace le concept de Dieu par celui d’Univers, alors on a ici un exposé naïf mais tout à fait authentique du concept matérialiste dialectique de la pensée comme reflet de la matière en mouvement.

    La conception de Dieu chez Comenius est tellement proche de Baruch Spinoza qu’ici, si on remplace Dieu par la nature (ou l’univers), tout est une évidence :

    « Les exercices des organes des sens sont particulièrement importants et nécessaires. Ils ne doivent jamais être négligés, car c’est par les sens que l’intelligence parvient à la connaissance des choses.

    Ce que l’on propose aux élèves doit saisir, mouvoir et captiver leurs sens et, par l’intermédiaire de ceux-ci, leur intelligence.

    Ce sont, en effet, les choses elles-mêmes qui doivent parler aux élèves, pas nous ; de la même manière, Dieu agit avec nous dans l’école de la vie : tout le théâtre de la nature est empli par Lui de peintures, de statues et d’images visibles et palpables qui émettent des sons et qui spleines de saveurs, et par lesquelles il nous instruit silencieusement mais avec un grand profit pour nous, en accompagnant ses paroles de quelques rares préceptes.

    Il devrait en être de même dans notre école : tout ce que l’on doit savoir sur les objets du monde sensible devrait être appris par ces objets eux-mêmes.

    Tantôt il faut les montrer, pour qu’on puisse les voir, toucher, entendre, sentir, etc., tantôt ils seront représentés par des images et des illustrations. »

    C’est là une théorie de la connaissance tout à fait matérialiste, et on comprend qu’il fallait attendre un tel niveau pour arriver à formuler l’exigence démocratique de l’éducation pour tous : seul le matérialisme porte en lui l’universel, et une compréhension claire, par la théorie du reflet, de la possibilité d’acquérir des connaissances.

    Sans théorie matérialiste de la connaissance, pas d’éducation.

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  • Comenius: l’enseignement par le jeu, pour tous et toutes

    « Puisse l’école cesser d’être un labyrinthe, un bagne, une prison et un lieu de détresse, et puisse-t-elle commencer à être un stade, un palais, un festin et un paradis ! »

    Tel est l’appel de Jan Amos Komenský (1592-1670), dit Comenius, qui n’est pas moins que le fondateur de la pédagogie.

    Dessin de Comenius
    par Reinecke, Pedagogikens historia, 1895

    Car il est tout à fait erroné, comme on le fait en France, de s’imaginer en effet que les formes « modernes » ont été élaborées dans l’antiquité gréco-romaine. C’est là le point de vue catholique, celui de la Renaissance, et il s’oppose au point de vue du matérialisme dialectique, qui considère l’humanisme comme la grande période d’affirmation de l’esprit démocratique porté par la bourgeoisie naissante.

    Comenius appartient à cette vague, sauf qu’il est emprisonné dans le XVIIe siècle, où la réaction catholique tente, au moyen du baroque organisé par les jésuites, de contrecarrer les avancées de l’humanisme et du protestantisme.

    Comenius a alors un destin qu’on peut qualifier d’historique, puisqu’il est né en Bohême et appartient à la culture hussite, et meurt à Amsterdam où justement le protestantisme victorieux est le prolongement du hussitisme.

    Le hussitisme défait par la direction, Comenius appelle la nation tchèque à s’éduquer, mais n’ayant pas les moyens de mettre en place un programme d’éducation nationale, il en forme un qui est universel.

    Comenius s’adresse à tous les êtres humains, sans distinction d’origine ou de sexe.


    Jürgen Ovens  (1623–1678),
    Jan Amos Comenius (Komensky) (1592-1670)

    Comenius lève le drapeau démocratique, dans l’esprit du hussitisme :

    « Que Dieu ne fasse de distinctions en faveur de personne, c’est lui-même qui l’atteste en mainte occasion. Donc, si nous n’admettons que quelques-uns pour être éduqués, à l’exclusion des autres, nous commettons une injustice non seulement envers ceux qui sont doués de la même nature que nous-mêmes, mais encore envers Dieu lui-même qui veut être reconnu, aimé et loué par tous ceux qu’il a créés à son image. »

    Ne nous y trompons pas : c’est de l’être humain raisonnable dont parle ici Comenius, qui va organiser tous les plans pour une école publique de masses, concernant toute la jeunesse sans exception.

    Il va également aborder en détails la question du contenu, et là, chose formidable, il reprend précisément et naturellement les thèses de l’averroïsme, faisant de la pensée un reflet de la réalité perçu par les sens, avec même une explication parfaitement matérialiste de l’importance de l’éducation dans la jeunesse en raison de la plasticité du cerveau.

    Pour cette raison, par ailleurs, il est le grand théoricien de l’apprentissage par le jeu. Comenius a ici une compréhension approfondie de la nature du cerveau, puisqu’il préfigure la thèse matérialiste dialectique de la pensée comme reflet et forcément qui dit reflet dit jeu de miroir.

    Voici comment Comenius présente sa conception du jeu comme base de la pédagogie authentique :

    « L’école doit être un lieu où l’on se divertit, où tout se passe agréablement et spontanément.

    Est-ce que, en jouant, nous sommes pleins de colère et de bile ? Est-ce à un jeu qu’on donne des soufflets et des coups de fouet à quelqu’un ? Même les apprentis artisans méritent d’être mieux traités !

    Doit-il en être autrement quand il s’agit de ceux qui apprennent les art et les lettres ? Jamais !

    Les maîtres d’écoles doivent se comporter, chacun dans son milieu, de la même façon avec les enfants qui leur ont été confiés que Dieu, dans sa sagesse, se comporte envers ses créatures, et surtout avec les êtres humains.

    Il est donc clair que tout ce qui naît, se développe et se forme, se fait spontanément et sans violence. Ce que Dieu donne au genre humain, c’est des invites, des conseils, des encouragements.

    Nous autres pédagogues, nous devrions donc non seulement être utiles à nos élèves, mais aussi les distraire agréablement. »

    Comenius est, ainsi, l’enseignant des enseignants : toute réflexion sur l’enseignement est impossible sans lui.

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  • P.C. d’Inde (Marxiste-Léniniste) / Naxalbari : Le MLM et la pensée Mao Zedong ne sont pas la même chose

    Les dernières décennies ont vu les maoïstes remporter des succès significatifs dans la lutte idéologique et dans la pratique révolutionnaire, établissant le marxisme-léninisme-maoïsme comme commandant et guide de la révolution prolétarienne mondiale. 

    Cela est visible dans deux aspects reliés entre eux. 

    Plus que jamais auparavant, mener la Guerre Populaire ou s’activer à la préparation de son déclenchement est considéré comme la tâche centrale d’un parti maoïste. 

    Sous ce rapport, la polarisation à l’intérieur du mouvement marxiste-léniniste au sens large qui a émergé dans les années 1960, entre les communistes authentiques et les diverses formes d’opportunisme de droite, s’est donc aiguisée. 

    L’opportunisme de droite, le centrisme et le dogmato-révisionnisme sont de plus en plus forcés de dévoiler leur essence contre-révolutionnaire. 

    La possibilité de concilier les deux contraires sous la bannière de la pensée mao zedong est en train de disparaître. 

    Autrefois, les variétés de l’opportunisme de droite ont cherché à empêcher l’adoption du MLM en agitant le spectre du Lin Piaoisme et en soulevant un nuage de fumée sur les problèmes de l’heure. 

    Cette tentative a échoué. 

    Ceux qui ont joué ce jeu ont désormais été forcé de montrer leurs vraies couleurs en déviant du MLM et de la voie révolutionnaire encore plus explicitement. 

    Cependant, les opportunistes de droite n’ont pas abandonné la partie. 

    Certains d’entre eux ont feint d’accepter le maoïsme sans faire aucune rupture décisive avec leur passé. Pour ces gens, le MLM n’est rien d’autre qu’un nouveau cheval à enfourcher, puisque les leurs sont à l’agonie. 

    C’est une loi de la révolution que le révisionnisme et d’autres variétés étrangères au communisme sont vouées à adopter de nouvelles formes à chaque avancée de la lutte des classes. 

    Par conséquent, une telle adoption du MLM n’est pas surprenante. 

    En revanche, les maoïstes ont évidemment à contrer ces tactiques opportunistes de droite. Malheureusement, une idée erronée persiste dans les rangs maoïstes, devient un obstacle dans cette lutte. 

    Elle fournit aussi un espace à cette tactique opportuniste de droite. Quelle est cette idée erronée ? 

    C’est l’idée que le MLM et la pensée mao zedong soient une seule et même chose. 

    Ce qui est vrai, c’est que le passage du terme de pensée mao zedong au terme de MLM représente le passage à une explication plus précise et plus scientifique des contributions de Mao. 

    Ce changement terminologique est également nécessaire pour tracer une ligne de démarcation plus nette face au révisionnisme moderne. 

    Mais, si l’on ne parvient pas à clarifier la différence entre MLM et pensée mao zedong, l’adoption du MLM ne reviendra justement qu’à un changement terminologique. La porte sera donc ouverte aux variétés d’opportunisme de droite que nous avons mentionnées. 

    Quelle est l’origine de cette idée erronée? Elle provient d’une vue formaliste de la situation. 

    Comme nous l’avions expliqué dans un article passé : « Il est vrai qu’un catalogue formel comparant la pensée mao zedong et le maoïsme ne révèlera rien de nouveau. 

    Mais là n’est pas la question, et nous devons prendre garde à ne pas tomber dans ce piège formaliste tendu par les adversaires du maoïsme. » 

    La pensée mao zedong et le maoïsme ne sont pas la même chose. Ce dernier apporte quelque chose de nouveau. Quelque chose d’une grande importance idéologique est conquis avec l’adoption du maoïsme. 

    Cette nouveauté ne réside pas dans le mot lui-même. 

    Elle réside dans la rupture avec la compréhension incomplète ou mutilée de l’universalité des conceptions de Mao prises comme un tout, et dans le saut qualitatif qu’elles permettent de faire pour mieux s’emparer de notre idéologie, de façon plus élevée et plus profonde. 

    Evidemment, tout raisonnement qui ne ferait qu’insister sur l’absence de nouveauté, ferait échouer la tâche de mobiliser tout le Parti et de le mener à cette rupture. 

    La tâche de donner corps à ce grand potentiel, dans une rectification idéologique vigoureuse pour s’emparer au mieux du marxisme-léninisme-maoïsme serait accomplie partiellement. 

    Ou pire, elle serait abandonnée à la spontanéité. 

    Les dirigeants fondateurs des nouveaux partis marxistes-léninistes dans les années 1960 avaient fait de l’adoption de la pensée mao zedong en tant que nouvelle, troisième et supérieure étape du marxisme-léninisme la pierre de touche de la rupture avec le révisionnisme. 

    Ils ont appliqué cette idéologie pour construire la ligne révolutionnaire et guider la pratique. 

    Tous les partis maoïstes actuels tirent leur origine de tels sauts qualitatifs. 

    Mais de là à aujourd’hui, l’adoption du MLM n’ a pas été en ligne droite. 

    Nous n’avons pas besoin ici de détailler tout le processus, mais il est clair que cette avancée a été gagnée dans la lutte contre les tendances qui oeuvraient contre la ferme saisie de l’universalité des contributions de Mao. 

    Cette lutte est encore en cours et doit être complétée. 

    Examinons une question spécifique, la théorie de la Guerre Populaire. 

    Lorsque la pensée mao zedong était arborée, pendant une longue période, la tendance dominante était de la voir comme quelque chose de spécifique, justifiée et applicable seulement dans les pays semi-coloniaux semi-féodaux. 

    Des échos de cette tendance continuent d’exister, dans les partis maoïstes, encore aujourd’hui. 

    Toutefois, les dirigeants fondateurs des nouveaux partis marxistes-léninistes des années 1960 étaient tout à fait clairs au sujet de l’universalité de la guerre populaire. Les écrits de Charu Mazumdar en sont un exemple. 

    Dans ces conditions, comment expliquer l’émergence de la vue erronée qui limite la Guerre Populaire aux pays opprimés ? Cela a été une déviation. 

    Pour la combattre, Il a fallu attendre l’explication puissante du maoïsme en tant que nouvelle étape du marxisme-léninisme et de l’universalité de la Guerre Populaire par le Parti Communiste du Pérou. 

    Le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI) et les partis qui y participent acceptent l’idée que « Mao Zedong a développé la compréhension de la science militaire du prolétariat par sa théorie et sa pratique de la Guerre Populaire » et que celle-ci est « applicable universellement dans tous les pays, bien qu’elle doive être appliquée aux conditions concrètes de chaque pays… » 

    Evidemment, c’est un des points où la compréhension encore incomplète de la nouvelle étape atteinte grâce aux contributions de Mao a été rectifiée par l’adoption du maoïsme. 

    Est-ce que cela n’était qu’une simple répétition de ce qui a été dit dans les années 1960 ? Non, cela reflétait une compréhension plus profonde et complète. 

    Compréhension basée, à l’époque, sur les leçons des expériences avancées gagnées par la guerre populaire au Pérou, laquelle était guidée par une compréhension avancée des contributions de Mao, et en particulier de la théorie de la Guerre Populaire. 

    Cette compréhension a été enrichie par la suite avec la guerre populaire au Népal, en particulier avec l’intégration des tactiques d’insurrections armées, de l’intervention politique au niveau des centres urbains dans le cadre de la guerre populaire prolongée.

    Aujourd’hui, accepter en paroles l’universalité de la guerre populaire tout en refusant de reconnaître et de tirer des leçons de ces exemples avancés n’aurait aucun sens. 

    Adopter le maoïsme tout en niant les contributions théoriques faites par ces guerres populaires serait comprendre de façon incomplète l’universalité du maoïsme. 

    Pourquoi cela est-il arrivé ? 

    Dans les années 60, le camarade Charu Mazumdar écrivait : «Aujourd’hui que nous possédons la brillante pensée du président Mao Zedong, le stade le plus haut du développement du marxisme-léninisme, pour nous guider, il est impératif pour nous de juger toutes choses à nouveau à la lumière de la pensée mao zedong et de construire une voie entièrement nouvelle pour aller de l’avant.» 

    L’adoption du maoïsme réclame justement de nous exactement cet impératif de « tout reprendre à neuf ». 

    Il exige un regard renouvelé sur toute la question de l’idéologie, de son développement en général et en particulier sur les apports de Mao. 

    Pour qu’elle ait un sens concret et directement compréhensible, il faut relier cette adoption à un examen approfondi de la ligne et de la pratique du parti. 

    Et cette adoption doit apprendre des toutes dernières expériences les plus avancées du prolétariat international. 

    Pour certains partis, il s’agira de mener une rupture décisive avec ses déviations élémentaires et rejoindre la voie révolutionnaire. 

    Pour d’autres, déjà engagés dans la pratique révolutionnaire, il s’agira de rectifier des aspects spécifiques. 

    Le point commun, c’est la nécessité d’une rectification idéologico-politique. 

    C’est le point essentiel de cette « reprise à neuf ». 

    Ce point essentiel passe à la trappe lorsque le maoïsme et la pensée mao zedong sont déclarés identiques et qu’il ne s’agit donc que d’adopter une meilleure dénomination. 

    L’adoption de la pensée mao zedong dans les années 60 avait signifié : rompre avec le révisionnisme et construire un nouveau parti sur de nouveaux fondements. 

    Maintenant que cette tâche est consommée, d’autant plus que la rupture avec le révisionnisme est allée en se consolidant et s’aiguisant pendant ces décennies de lutte armée révolutionnaire, y a-t-il encore besoin d’appeler à la rectification idéologico-politique au moment d’adopter le maoïsme ? 

    Les expériences du mouvement communiste international et national nous donnent clairement la réponse. 

    Persister dans la voie de la Guerre Populaire donne certainement une base puissante pour identifier et corriger les erreurs. 

    Mais la question de savoir si cette rectification va jusqu’aux racines et se fait de manière ouverte et compréhensible, ou si elle se limite à corriger certaines positions particulières, ne peut pas être tranchée par la seule lutte armée révolutionnaire. 

    Elle ne peut pas être vérifiée non plus par la pratique immédiate, car les résultats de ces différences d’approche se révèlent seulement à long terme. 

    Il s’agit principalement de la question de mener fermement et de façon ininterrompue la lutte idéologique. 

    Il s’agit d’appliquer complètement le principe « c’est la ligne qui est principale ». 

    Il s’agit de forger le parti et les masses dans l’acier de cet enseignement maoïste décisif, pour les temps présents et pour la révolution prolongée jusqu’au communisme. 

    De plus, même si l’adoption du maoïsme n’est considérée que comme une meilleure dénomination aiguisant la démarcation avec le révisionnisme, cela n’implique t-il pas une rectification idéologico-politique ? 

    « Combattre l’égoïsme, critiquer le révisionnisme » était un mot d’ordre important de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. 

    Le révisionnisme moderne dans le mouvement marxiste-léniniste au sens large distille son venin en présentant une vision tronquée ou mutilée des enseignements de Mao Zedong. 

    Pour critiquer et détruire cette influence, les maoïstes doivent aiguiser leur propre compréhension idéologique, en particulier leur compréhension de l’universalité du maoïsme. 

    Ces deux tâches sont unies inséparablement. Si notre aiguisement idéologique, si la rectification est laissée de côté sous prétexte que nous avons toujours été des maoïstes, alors le combat contre le révisionnisme en sera affaibli. 

    Pour citer un document du PCP : « Il est vital et urgent d’analyser le maoïsme une fois encore, en vue de définir plus et mieux son contenu, en étant guidés par l’idée qu’arborer, défendre et appliquer le maoïsme est l’essence de la lutte entre le marxisme et le révisionnisme d’aujourd’hui. » 

    Nous avons dit que le réexamen de notre idéologie implique également d’apprendre des expériences nouvelles et avancées du prolétariat international. 

    Comment juger si une expérience est avancée ou non ? 

    La vérification par la pratique fournit sans aucun doute le critère. Mais l’interprétation de cela est devenue une affaire importante dans la lutte pour déterminer le caractère avancé des acquis des guerres populaires au Népal et au Pérou. 

    Les juger principalement par les progrès ou les reculs immédiats ou par le niveau de lutte armée et de répression, cela serait mal utiliser le critère de la pratique. 

    De même, minimiser leurs leçons sous prétexte qu’elles viennent de petits pays aux Etats faibles, etc… est tout aussi faux. 

    Dans ces deux façons de voir, l’absence de l’aspect idéologique saute aux yeux. 

    Sans lui, le critère de la pratique est réduit à un simple empirisme. 

    La liaison dialectique de l’universel et du particulier est rompue. 

    Une des leçons importantes de la lutte pour établir le MLM a été une compréhension plus profonde de la remarque de Mao selon laquelle, dans le développement de l’idéologie prolétarienne, «la base c’est la science sociale, la lutte des classes». 

    C’est lorsqu’elle s’appuie sur les riches expériences de la lutte des classes révolutionnaire que l’idéologie peut se développer. 

    Des développements nouveaux, plus profonds, plus avancés de théories existantes peuvent alors émerger. De nouveaux concepts peuvent être développés. 

    Si tel est le cas ou non, on ne peut le décider que sur la base du MLM. 

    Sans aucun doute, les leçons d’une révolution particulière ne peuvent pas être appliquées mécaniquement ailleurs. Mais c’est aussi le cas du MLM lui-même. 

    Si les leçons d’une révolution particulière s’accordent avec le MLM, si elles nous montrent une nouvelle façon de connaître et d’agir, alors ces leçons doivent être nécessairement être soutenues et appliquées. Cela aussi est une pierre de touche de l’adoption du MLM par un parti. 

    Qu’est-ce que l’on perd en négligeant l’étude consciencieuse de ces compréhensions avancées ? 

    Pour donner un exemple précis, il y a deux ans, le Comité Central non-divisé du PCI(ML) Janasakthi a publié un document officiel. 

    Ce document attribuait les échecs de leur parti au fait qu’il n’avait pas su prendre en main les contre-offensives tactiques. 

    Ce qui est instructif à nos yeux, c’est que cette « rectification » ait pu se faire sans aucune rupture avec la «théorie des phases» de la ligne de CP Reddy (une variante de la ligne de Nagi Reddy) [la théorie anti-maoïste des phases dit : d’abord la lutte économique, puis la résistance armée pour défendre les gains économiques, enfin la lutte armée pour le pouvoir politique]. 

    En fait, tout le document n’était qu’une tentative éclectique pour que deux fusionnent en un : combiner l’opportunisme de droite de CP Reddy avec Charu Mazumdar. 

    Quel leçon tirer de cela ? La tendance dominante dans les critiques maoïstes de la théorie des phases a toujours visé l’incapacité du PCI (ML) Janaskathi à mener la lutte armée contre l’Etat. 

    C’est la pierre de touche de la critique contre la « théorie des phases ». 

    Cette dernière a été mise en comparaison avec la croissance du mouvement révolutionnaire dirigé par les maoïstes, qui a persisté dans la lutte armée et l’a élevée au niveau de la Guerre Populaire contre l’Etat. Cette comparaison faite dans le contexte de l’Inde est certainement utile pour exposer cette théorie anti-maoïste. 

    Mais ne mettre l’accent que sur une seule forme de la manifestation de la « théorie des phases » a aussi permis d’éviter l’examen et la dénonciation de cette négation du dynamisme de la guerre, qui est sa véritable essence. 

    Cela a affaibli la critique de la « théorie des phases ». 

    Cela a ouvert la porte aux manoeuvres de la direction de Janaskathi ayant pour but de donner les apparences d’ une rectification. 

    Une des raisons ayant permis cela a été l’incapacité d’examiner toute l’affaire avec le recul permis par les théories et expériences nouvelles et avancées de la Guerre Populaire, au profit de considérations et exemples limités à l’Inde. 

    Dans le cas particulier de Janaskathi, un groupe de camarades qui ont sérieusement entrepris de reconsidérer leur passé avec ce recul ont réussi à aller à la rupture, au contraire d’autres sections qui continuent à patauger plus ou moins profondément dans le marais de Nagi Reddy. 

    Ceci a permis à ces camarades d’arriver à la conclusion ferme que c’est la compréhension correcte du maoïsme, plus que son adoption formelle, qui est la question-clé pour l’unification des maoïstes de l’Inde en un seul parti, en un parti basé sur le MLM et uni au MRI. 

    Aujourd’hui que l’opportunisme de droite rend des hommages peu sincères au MLM en vue de s’atteler au char de l’unification en cours des maoïstes authentiques, ce développement a une grande signification. 

    Il insiste une fois encore sur l’importance vitale d’approfondir notre compréhension du MLM, en particulier du maoïsme, et de livrer combat contre les vues qui brouillent la netteté du saut effectué par l’adoption du marxisme-léninisme-maoïsme à la place de la pensée mao zedong. 

    Par Ajith, pour le
    CPI (ML) Naxalbari

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    et le PC d’Inde (marxiste-léniniste)

  • PC d’Inde (Maoïste): déclaration quant au meurtre de Mallojula Koteswara Rao

    Condamnons le meurtre brutal du camarade Mallojula Koteswara Rao, l’apprécié dirigeant des masses opprimées, le dirigeant de la révolution indienne et membre du Bureau Politique du PCI (maoïste) ! Observons une semaine de protestation du 29 novembre au 5 décembre [2011] et une grève générale en Inde de 48 heures les 4 et 5 décembre !

    Le 24 novembre 2011 restera une journée noire dans les annales de l’histoire du mouvement révolutionnaire indien. La clique dirigeante fasciste Sonia-Manmohan-Pranab-Chidambaram-Jairam Ramesh, qui n’a cessé de hurler comme quoi le PCI (maoïste) serait « la plus grande menace pour la sécurité intérieure », en collusion avec la ministre en chef du Bengale occidental Mamata Banerjee, ont tué le camarade Mallojula Koteswara Rao, après l’avoir capturé vivant dans un complot planifié bien organisé.

    Cette clique, qui avait tué le camarade Azad, notre porte-parole de parti le 1er juillet 2010, a encore une fois lancé son filet et étanché sa soif de sang. Mamata Banerjee, qui avait versé des larmes de crocodile sur l’assassinat du Camarade Azad avant de parvenir au pouvoir, tout en en mettant d’une part en scène les pourparlers après son entrée en fonction, a tué un autre des plus hauts dirigeants le Camarade Koteswara Rao et par là montré sans fards ses aspects anti-populaire et fasciste.

    Les agences centrales de renseignement et les agences de renseignement meurtrières du Bengale occidental et de l’Andhra Pradesh l’ont pourchassé dans une conspiration bien planifiée et l’ont lâchement tué dans une opération conjointe ; ils distribuent désormais une histoire inventée d’affrontement.

    Le secrétaire central de l’Intérieur RK Singh, en mentant comme quoi ils ne savaient pas avec certitude qui était mort dans l’affrontement, a dans le même temps annoncé que c’était un coup dur pour le mouvement maoïste. Il a ainsi dévoilé la conspiration derrière ce meurtre.

    Le peuple opprimé enverra absolument au cimetière les classes dirigeantes exploiteuses et leurs maîtres impérialistes qui rêvent le jour, en pensant qu’ils pourraient éliminer le parti maoïste en tuant les plus hauts dirigeants du mouvement révolutionnaire.

    Le Camarade Koteswara Rao, qui est très populaire sous le nom de Prahlad, Ramji, Kishenji et Bimal à l’intérieur du parti et parmi le peuple, est l’un des importants dirigeants du mouvement révolutionnaire indien.

    Ce guerrier infatigable, qui n’a jamais reposé son dans la lutte pour la libération des masses opprimées durant 37 ans et qui a donné sa vie pour le bien de l’idéologie en laquelle il croyait, est né en 1954 à Peddapally ville du district de Karimnagar dans le Telangana du Nord, en Andhra Pradesh. Élevé par son père Late Venkataiah qui a été un combattant de la liberté et par sa mère Madhuramma, qui avait des opinions progressistes, Koteswara Rao s’est imprégné depuis l’enfance de l’amour pour son pays et ses masses opprimées.

    En 1969, il avait participé au mouvement historique pour un Telangana indépendant, alors qu’il était étudiant au lycée dans la ville de Peddapally. Il a rejoint le mouvement révolutionnaire sous l’inspiration des glorieux mouvements de Naxalbari et de Srikakulam tout en obtenant son diplôme de collège SRR de Karimnagar.

    Il a commencé à travailler comme un membre actif du Parti en 1974. Il a passé quelque temps en prison durant la période noire de l’état d’urgence. Après la levée de l’état d’urgence, il a commencé à travailler comme organisateur du parti dans son district natal de Karimnagar.

    Il a répondu à l’appel de la campagne du parti « Aller dans les Villages » et a développé des relations avec la paysannerie en allant dans les villages. Il était un de ceux qui ont joué un rôle prépondérant dans l’essor du mouvement paysan populaire comme « Jagityal Jaitrayatra » (la Marche de la Victoire de Jagityal) en 1978.

    Ce faisant, il a été élu membre du comité du district du comité conjoint Adilabad-Karimnagar du PCI (ML). En 1979, lorsque ce comité a été divisé en deux comités de district, il devint le secrétaire du comité du district de Karimnagar. Il a participé à la douzième conférence du parti de l’État de l’Andhra Pradesh, il a été élu au Comité d’État d’Andhra Pradesh (AP) et il a pris les responsabilités de secrétaire.

    Jusqu’en 1985, dans le cadre de la direction du comité d’Etat de l’Andhra Pradesh, il a joué un rôle crucial dans la propagation du mouvement dans tout l’État et dans le développement du mouvement du Nord Telangana qui avançait avec la perspective de zone de guérilla.

    Il a joué un rôle de premier plan dans l’expansion du mouvement au Dandakaranya (DK) et à son développement. Il a été transféré à Dandakaranya en 1986 et il a pris des responsabilités en tant que membre du Comité de Forêt. Il a dirigé des escadrons de guérilla et le peuple dans les zones de Gadchiroli et Bastar du DK. En 1993, il a été coopté comme membre dans le Comité central d’organisation (COC).

    A partir de 1994, il a principalement travaillé à répandre et à développer le mouvement révolutionnaire dans les parties Est et Nord de l’Inde, y compris au Bengale occidental.

    A été particulièrement extraordinaire son rôle dans l’unification des forces révolutionnaires, dispersées après l’échec du mouvement de Naxalbari au Bengale occidental et dans la relance du mouvement révolutionnaire.

    Il se mêlait profondément avec les masses opprimées du Bengale et les différentes sections du camp révolutionnaire, il a appris la langue bengali avec détermination et a laissé une marque indélébile dans le cœur des gens là-bas.

    Il a travaillé sans relâche dans la réalisation de l’unité avec plusieurs groupes révolutionnaires et dans le renforcement du parti.

    Le Camarade Koteswara Rao a été élu en tant que membre du Comité Central (CC) lors de la Conférence spéciale nationale de ce qui était alors le PCI (ML) (Guerre Populaire), tenue en 1995.

    Il s’est efforcé de réaliser l’unité entre les groupes [PCI(ML] Guerre Populaire et [PCI(ML] Unité du Parti en 1998.

    Lors du Congrès du Parti du PCI (ML) (Guerre Populaire) d’alors, tenu en 2001, il a de nouveau été élu au CC et au Politburo. Il a pris les responsabilités de secrétaire du Bureau régional du Nord (NRB) et il a dirigé les mouvements révolutionnaires dans les états du Bihar, de Jharkhand, du Bengale occidental, de Delhi, Haryana et du Pendjab.

    Simultanément, il a joué un rôle clé dans les pourparlers d’unité entre le groupe Guerre Populaire et le MCCI d’alors. Il a servi comme membre du CC et du Politburo unifiés formés après la fusion des deux partis en 2004 et a travaillé comme membre du Bureau régional de l’Est (ERB). Il s’est surtout concentré sur le mouvement d’état du Bengale occidental et a continué en tant que porte-parole de l’ERB.

    Le Camarade Koteswara Rao a joué un rôle prépondérant dans la gestion des revues du parti et dans le domaine de l’éducation politique au sein du parti. Il a pris part à la gestion de « Kranti », « Errajenda », « Jung », « Prabhat », « Vanguard » et d’autres revues du parti.

    Il a joué un rôle spécial dans la publication des diverses revus révolutionnaire au Bengale occidental. Il a écrit dans ces revues de nombreux articles théoriques et politiques.

    Il a été membre de la Sous-commission sur l’éducation politique (SCOPE) et a joué un rôle prépondérant dans l’enseignement du marxisme-léninisme-maoïsme dans les rangs du parti.

    Dans toute l’histoire du parti, il a joué un rôle mémorable dans l’élargissement du mouvement révolutionnaire, en enrichissant les documents du parti et dans le développement du mouvement. Il a participé au Congrès de l’Unité – 9 e Congrès du parti tenu en janvier 2007, a été élu membre du CC une fois de plus et a pris les responsabilités de membre du Bureau Politique et membre de l’ERB.

    A été remarquable l’orientation politique donnée par le camarade Koteswara Rao aux mouvements populaires de Singur et Nandigram, qui éclatèrent en 2007 contre les politiques anti-populaire et pro-monopoles du gouvernement social-fasciste du PCM [Parti Communiste Marxiste] au Bengale occidental, et en particulier au glorieux soulèvement de la rébellion populaire à Lalgarh contre les atrocités de la police.

    Il a guidé le comité de l’État du Bengale occidental et les rangs du parti pour diriger ces mouvements, et d’autre part a mené avec initiative la propagande du parti à travers les médias.

    En 2009, quand la clique Chidambaram a essayé de tromper les classes moyennes au nom de pourparlers et de cessez-le-feu, il a travaillé de manière significative pour les démasquer. Il fait un énorme travail, en portant bien haut l’importance de la Guerre Populaire et en amenant la politique révolutionnaire au sein des vastes masses. Ce grand voyage révolutionnaire, qui a duré près de quatre décennies, est connu une fin abrupte le 24 Novembre 2011.

    Peuple bien-aimé! Démocrates!

    Condamnons cet assassinat brutal. C’est la conspiration des classes dirigeantes pour détruire la direction révolutionnaire et priver le peuple de l’orientation correcte et la direction prolétarienne. Il est un fait connu que le mouvement maoïste est le plus grand obstacle aux voleurs et grands compradores qui entassent des millions dans des banques suisses en vendant pour des cacahuètes Jal[l’eau], Jungle [la forêt] et Zameen [la terre] du pays pour les requins impérialistes.

    L’offensive brutale aux multiples facettes menée à l’échelle du pays et baptisée Opération Green Hunt de ces deux dernières années sert exactement cet objectif. Cet assassinat de sang-froid fait partie de cela. Il est du devoir des patriotes et des personnes éprises de liberté de ce pays de protéger le mouvement révolutionnaire et ses dirigeants comme la prunelle de leurs yeux. Il s’agit d’assurer l’avenir du pays et celui des générations à venir.

    Même à l’âge de 57 ans, le Camarade Koteswara Rao a mené la vie dure d’un guérillero tel un jeune homme et il remplissait les cadres et le peuple d’un grand enthousiasme partout où il allait. Sa vie servira particulièrement de grande inspiration pour la jeune génération. Il étudiait et travaillait pendant des heures sans repos et il parcourait de grandes distances. Il dormait très peu, menait une vie simple et fut un travailleur acharné.

    Il se mêlait facilement avec les gens de tous âges et avec des gens de différentes sections sociales et les remplissait d’enthousiasme révolutionnaire. Aucun doute, le martyre du camarade Koteswara Rao est une grande perte pour le mouvement révolutionnaire indien.

    Mais le peuple de notre pays est très grand. C’est le peuple et les mouvements populaires qui ont donné naissance aux révolutionnaires courageux et dévoués comme Koteswara Rao. Les ouvriers et les paysans et les révolutionnaires qui ont imprégné l’esprit révolutionnaire de Koteswara Rao depuis Jagityal jusqu’à Jungle Mahal, et qui se sont armés du parfum révolutionnaire qu’il a répandu dans tout le pays, mèneront avec certitude la révolution de nouvelle démocratie indienne sur le chemin de la victoire. Ils anéantiront les impérialistes et leurs laquais propriétaires terriens et la bourgeoisie compradore bureaucratique ainsi que leurs représentants comme Sonia, Manmohan, Chidambaram et Mamata Banerjee.

    Notre Comité Central appelle le peuple du pays à observer une semaine de protestation du 29 novembre au 5 décembre  et à observer une « Bharat Bandh » [grève générale indienne] de 48 heures les 4 et 5 décembre pour protester contre l’assassinat brutal du camarade Koteswara Rao.

    Nous appelons à divers programmes, comme la tenue de réunions, de rassemblements, de dharnas [protestations sous la forme d’occupation], le fait porter des badges noirs, de tenir des barrages routiers, etc. pour protester contre cet assassinat.

    Nous demandons que les trains, les routes, les établissements commerciaux et éducatifs soient fermés et que toutes sortes de transactions commerciales soient arrêtées dans le cadre de la « Bharat Bandh » des 4 et 5 décembre. Cependant, nous exemptons les services médicaux de la Bandh.

    (Abhay) 
    Porte-parole, Comité Central, PCI (maoïste)

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    et le PC d’Inde (marxiste-léniniste)

  • PC d’Inde (Maoïste) : Interview du secrétaire général, juin 2006

    People’s March : Comment voyez-vous les développements actuels au Népal ? 

    Azad : Nous avons en Inde observé les développements en cours avec grand intérêt. 

    L’agitation de masse militante par le peuple du Népal contre le régime réactionnaire et autocratique du Roi Gyanendra en avril, dans le contexte de la puissante lutte armée, était en effet historique. 

    Le peuple du Népal avait inscrit un chapitre glorieux dans les annales du Népal en forçant le roi fasciste à abandonner sa position résolue et à concéder le pouvoir au parlement. 

    En particulier une mobilisation forte d’un million de personnes dans Kathmandou en juin et les centaines milliers de personnes mobilisées dans les zones rurales indique l’influence croissante des maoïstes dans le pays. 

    Leur influence touche même les secteurs urbains. 

    Notre Parti salue a lutte historique du peuple du Népal pour la démocratie et une société meilleure. 

    Cependant, les révolutionnaires en Inde espèrent que la lutte au Népal continuera jusqu’au renversement du roi ainsi que du soi-disant parlement et la conquête du pouvoir par les forces révolutionnaires et démocratiques. 

    Nous espérons que les maoïstes pourront maintenir leur initiative pour diriger les développements politiques en cours. 

    Ils devraient rester vigilants dans leur alliance avec l’alliance des sept partis, qui veut passer un compromis avec le roi et trahir les aspirations du peuple. 

    P.M. : Comment voyez-vous la tactique du PCN (maoïste) qui rejoint le gouvernement intérimaire et fait la promesse pour respecter le verdict de l’assemblée constitutive ? Azad : La situation au Népal et dans le monde est complexe. 

    En raison de la faiblesse du mouvement communiste international nous voyons beaucoup de guerres populaires embourbées pendant des décennies dans une lutte pour la survie. 

    Dans cette situation il est évident que le Parti et les masses népalaises ont fait des avancées historiques. 

    Mais nous pensons qu’il y a besoin d’être prudent quant aux tactiques actuelles. 

    Nous pensons que les maoïstes, en formant un gouvernement en commun avec les partis bourgeois-féodaux de compradores tels que le congrès réactionnaire du Népal, les révisionnistes du PCN-UML et les autres partis des classes dominantes, ne réussiront pas vraiment étant donné qu’ils représentent deux intérêts de classe diamétralement opposés. 

    C’est une compréhension erronée de la question de l’Etat au Népal que d’envisager la possibilité d’une transition pacifique de l’Assemblée Constitutionnelle à la République de Nouvelle Démocratie. 

    On peut apporter quelques réformes par en-haut et satisfaire certaines sections pauvres du peuple mais ceci ne résoudra jamais les problèmes de base du peuple, car vous ne pouvez pas briser le féodalisme et jeter l’impérialisme hors du Népal en utilisant le vieil Etat malgré tous les efforts pour l’embellir et lui donner une façade rénovée. 

    Seul un bouleversement révolutionnaire des masses peut atteindre cet objectif. 

    Sans aucun doute, les mobilisations de masse énormes dans tout le pays et les efforts pour créer un essor révolutionnaire encore plus large sont des préparatifs positifs pour mener la révolution en avant, mais certaines déclarations dans les interviews tendent à donner l’impression que le PCN (maoïste) insiste exagérément sur la possibilité de faire avancer le mouvement par l’Assemblée constituante et par l’alliance avec les 7 partis. 

    Ceci peut avoir des implications dangereuses. 

    L’insistance actuelle du PCN (maoïste) doit être vue avec prudence surtout qu’elle a lieu après qu’il eut brillamment édifié son Armée Populaire de 25.000 combattants, ses Bases d’Appui, son Front Uni et ses organes de Nouveau Pouvoir, et eut déclaré qu’il était dans la phase de l’offensive stratégique pour prendre le pouvoir. 

    Dans ce processus ils ont efficacement défait tous les efforts de la police et de l’Armée Royale Népalaises pour les écraser en maintenant l’initiative politico-militaire. 

    Mais maintenant il n’y a plus aucune référence à cela, on ne parle plus de l’offensive stratégique ni de la question de comment la faire avancer. 

    Ils se réfèrent naturellement sur ce point à une révolution du type de février [1917] et que pour cela des préparations doivent être menées pour la révolution d’octobre, mais nous ne sommes pas au courant que cela corresponde avec leur plan de l’offensive stratégique. 

    P.M. : Et que diriez-vous de la dissolution des organes révolutionnaires de pouvoir et la fusion des deux armées ? 

    Azad : Ces organes sont le produit de la guerre populaire prolongée contre le vieil Etat et ils se tiennent à la lumière du jour en tant qu’exemples brillants de la dictature démocratique du peuple au niveau local, brillamment établi par le PCN (maoïste). 

    Les tâches immédiates et les tactiques devraient servir à renforcer ces organes et à les mouler dans des organes de soulèvement comme les Soviets en Russie et en Chine révolutionnaires. 

    Tout en consolidant ces organes de pouvoir nous devons tâcher de mobiliser les masses de façon considérable dans des soulèvements et tâcher de prendre les villes menant à la conquête finale du pouvoir au moment opportun. 

    En fait dans la situation concrète au Népal aujourd’hui, les maoïstes ont en tant que tel seulement deux options révolutionnaires. 

    Ou bien ils doivent intensifier le soulèvement de masse, faire évoluer les formes d’organisation de pouvoir politique appropriées à saisir le pouvoir politique au niveau national / de tout le Népal, ou si ce n’est pas possible dû à un équilibre défavorable des forces de classes, les zones libérées existantes doivent être consolidées et renforcées et les mesures prises pour accomplir les tâches démocratiques et avancer en direction des tâches socialistes. 

    Il est possible que dans ce processus deux Népal émergent – l’un réactionnaire basé à Katmandou et quelques villes et le Népal révolutionnaire basé dans les campagnes. 

    En ce qui concerne la fusion de l’armée au sein d’une armée étatique refondée, c’est même encore plus dangereux. 

    Mao a dit que sans armée populaire le peuple n’a rien. 

    L’armée est l’un des instruments principaux de la domination de classe. 

    Comment deux classes diamétralement opposées peuvent-elles avoir une seule armée? 

    En fusionnant l’armée populaire avec l’armée réactionnaire des classes dominantes (jusqu’ici domestique fidèle du roi) le peuple sera sans défense en cas d’offensive armée réactionnaire par l’ennemi. 

    Nous avons des expériences de plusieurs pays où les masses laborieuses ont massivement souffert en raison de la ligne erronée du parti communiste. 

    En Indonésie nous connaissons le cruel massacre des communistes et de leurs sympathisants effectué par les classes dominantes dues à la ligne consistant à se lier d’amitié avec les classes dominantes réactionnaires qu’ils ont considérées comme des forces patriotiques et démocratiques. 

    Nous avons également devant nous les exemples du Chili, du Nicaragua et de plusieurs autres pays. 

    On ne peut pas éliminer la possibilité des classes dominantes réactionnaires d’effectuer un coup d’Etat et de rétablir leur monopole du pouvoir politique au moment opportun où les forces révolutionnaires ont été efficacement désarmées ou affaiblies. 

    Ceci a été l’expérience dans plusieurs pays suivant la seconde guerre mondiale, par exemple en France, en Grèce etc. 

    Mais, naturellement, si les maoïstes ne constituent pas une menace face aux intérêts de l’impérialisme et de la bourgeoisie bureaucratique compradore (BBC) et s’ils s’adaptent et s’incorporent au système alors eux aussi sont reçus chaleureusement par les classes dominantes. 

    L’invitation faite à l’ONU de diriger le cessez-le-feu et de surveiller la démobilisation des forces armées populaires est également dangereuse. 

    L’ONU est essentiellement un instrument de l’impérialisme et en particulier de l’impérialisme américain. 

    Il est destiné à fonctionner dans l’intérêt des classes dominantes réactionnaires du Népal et de l’impérialisme. 

    De façon générale, la décision du PCN (maoïste) de dissoudre les gouvernements populaires révolutionnaires dans les campagnes et de fusionner l’Armée Populaire de Libération avec l’armée réactionnaire lancera un processus irréversible de perte de toutes les conquêtes révolutionnaires réalisés jusqu’à maintenant. 

    P.M. : Les divers partis parlementaires en Inde, pour ne pas parler des partis de gauche comme le CPI [PC d’Inde] et la CPI (M) [PC d’Inde (Marxiste)], ont salué la ligne de la participation au gouvernement intérimaire et à la démocratie parlementaire choisie par les maoïstes du Népal et disent qu’elle aura un impact positif sur le mouvement maoïste en Inde. Comment votre Parti évalue-t-il son impact ? 

    Azad : Ces partis en Inde ont l’espoir subjectif que les développements au Népal auront un impact « positif » sur le mouvement de maoïste dans notre pays (ce qu’ils veulent dire par positif consiste en ce que les maoïstes cessent la lutte armée et joignent le prétendu courant principal de la politique parlementaire). N’importe qui au courant de l’histoire du mouvement maoïste en Inde, avec les nombreuses avancées et reculs dans les dernières quatre décennies depuis Naxalbari [révolte paysanne de 1967], sait que notre mouvement est solide. 

    Même lorsque confrontés à de grandes difficultés et défis, les maoïstes authentiques en Inde n’ont jamais vacillé ou dérivé de leur ligne de nouvelle révolution démocratique, de la réaliser par la ligne de la guerre populaire prolongée. 

    Ils avaient non seulement rejeté la voie parlementaire mais avaient également lutté contre les partis qui ont voulu participer aux élections en prétendant l’utiliser comme tactique. 

    Naturellement, il existe quelques pseudo-partis révolutionnaires, comme le CPI (ml) – Liberation qui a dégénéré et rejoint les partis parlementaires mais ils se montrent devant le peuple comme des partis révisionnistes déguisés en MLM. 

    Aucun étonnement ainsi à ce que les nombreux partis de la classe dominante et les prétendus partis de gauche en Inde soient exaltées par le changement de la position du PCN (maoïste) menée par le camarade Prachanda. 

    Ils saluent naturellement la ligne prise par le PCN (maoïste) et invitent les maoïstes en Inde à prendre conscience de la futilité de la lutte armée et à suivre les maoïstes du Népal pour participer à la porcherie parlementaire en Inde. 

    En tant qu’ennemis et adversaires forcenés de la révolution tous ces partis ont été au premier plan pour supprimer la guerre populaire en marche en Inde. 

    La décision du PCN (maoïste) de participer au gouvernement avec les partis réactionnaires, de déclarer leur engagement à la prétendue domination de la loi et la future constitution, et de devenir des acteurs dans le jeu des élections parlementaires suivant les élections à l’assemblée constituante est venue comme un bol d’air frais pour les partis des classes dominantes au Népal et le système parlementaire en Inde. 

    En fait, dans son entrevue février dernier avec [le journal] The Hindu, le camarade Prachanda lui-même a fait remarquer l’impact « positif » que sa ligne de démocratie multipartite aura sur le mouvement maoïste en Inde. 

    Cela a dû être un grand soulagement pour les classes dominantes indiennes d’entendre le camarade Prachanda parler de l’engagement de son Parti pour la démocratie multipartite et du message qu’il veut donner au mouvement Naxalite en Inde en établissant avec succès la démocratie multipartite au Népal. 

    Quand on lui demanda ce qu’il dirait s’il devaient rencontrer le premier ministre indien Manmohan Singh, le camarade Prachanda dit : 

    « Nous combattons pour une démocratie multipartite véritable mais ils sont emprisonnés là, à Patna, Siliguri, Chennai. 

    Si vous les libérez tous, un message en sortira. 

    Et si vous vous pensez que le mouvement Naxalite en Inde est un problème pour vous, nous pensons que nous essayons de traiter les problèmes au Népal d’une nouvelle manière, ainsi si vous libérez nos camarades et si nous réussissons à établir la démocratie multipartite au Népal, ceci sera un message très grand pour le mouvement Naxalite en Inde. 

    En d’autres termes le terrain sera préparé pour eux pour penser d’une nouvelle manière politique. 

    Les mots ne sont pas suffisants ; nous devons confirmer ce que nous disons en établissant cette démocratie. » 

    C’est vraiment une question très inquiétante de voir que le camarade Prachanda, au lieu d’exiger des classes dominantes indiennes expansionnistes l’arrêt de toute interférence et de cesser se mêler dans les affaires internes du Népal, ait seulement parlé de la façon dont leur tactique provoquerait un changement des perspectives des maoïstes en Inde. 

    Inutile de dire, ces remarques ont non seulement été profondément mal vécues par les masses révolutionnaires de notre pays qui connaissent le misérable système de la démocratie parlementaire en Inde, mais elles seront également montrées comme totalement fausses par leur pratique révolutionnaire. 

    P.M. : Le CPM [PC d’Inde (Marxiste)] et un de ses leaders, Sitaram Yechuri, ont été mis en avant comme le messie pour jouer un rôle entre les maoïstes et l’Alliance des Sept Partis. 

    Après son retour en Inde lui et son parti ont conseillé aux maoïstes indiens de suivre la ligne du PCN (maoïste). Comment expliquez-vous ceci quand ils semblent hostiles aux maoïstes ici ? Indépendamment de cela, Yechury [un des dirigeants majeurs du PC d’Inde (Marxiste)] a dit à la presse que les maoïstes indiens ont projeté de le tuer et que le secret concernant cette décision lui a été fourni par les maoïstes du Népal. Quel est votre commentaire s’il vous plaît ? 

    Azad : Le PC d’Inde (Marxiste) est un parti des classes dominantes indiennes, représentant les intérêts de l’impérialisme, du féodalisme et la bourgeoisie bureaucratique compradore en Inde. Sa tâche principale semblait être d’amener les maoïstes népalais dans le « courant principal » parlementaire, qu’il nous prêche aussi en Inde. 

    Parce que nous n’accédons pas à leurs exigences ils ont employé les pires formes de terreur d’Etat contre nous comme au Bengale occidental. 

    Leur but est le même dans les deux pays – pacifier les maoïstes en Inde avec des balles et faire la même chose avec les maoïstes népalais avec des balles enrobées de sucre. 

    Yechuri et le CPM ont en effet joué un rôle plus effectif pour les classes dominantes indiennes quand le congrès s’y prenait gauchement avec le fiasco de Karan Singh [envoyé officiel spécial de l’Inde au Népal]. 

    Quand il a exagéré sa « diplomatie » et a été mis à l’écart, il a inventé la théorie de la conspiration des maoïstes en Inde visant à le tuer pour regagner de la crédibilité et pour essayer de semer les graines de la méfiance entre les deux partis maoïstes. 

    Un vrai Chanakya [philosophe indien du 4-3ème siècle avant JC, appelé le « Machiavel » de l’Inde] ! ! 

    P.M. : Pourquoi êtes-vous opposés à la tactique de la démocratie multipartite comme celle proposé par le PCN (maoïste) ? 

    Azad : Premièrement, nous sommes considérablement troublés par l’affirmation mise en avant par le camarade Prachanda dans ses diverses interviews, selon laquelle son parti s’est engagé dans la démocratie multipartite, qui sera pratiquée non pas après la prise révolutionnaire du pouvoir par le prolétariat, mais dans la société semi-féodale semi-coloniale. 

    Le document du congrès de 2003 était assez vague concernant le concept de démocratie multipartite ou de concurrence politique du PCN (maoïste), c’est-à-dire s’il est applicable après la prise du pouvoir par le parti révolutionnaire ou avant la prise elle-même. 

    Il indique seulement qu’il est possible d’organiser la concurrence politique dans les limites constitutionnelles de l’état démocratique anti-féodal et anti-impérialiste. 

    Cependant, les rapports, les interviews et les documents publiés après l’accord de Delhi de 12 points entre le PCN (maoïste) et l’alliance des sept partis en novembre 2005 soulignent tous le besoin de concurrence dans le système existant après que l’Assemblée constituante soit élue. 

    Il y a également confusion concernant le caractère de classe des partis avec qui une telle concurrence politique doit être conduite. 

    Tandis que le document 2003 déclarait clairement que ces forces seront anti-féodales et anti-impérialiste dans leur nature, les documents d’après novembre 2005 et les interviews du PCN (Maoïste) permettent de généraliser une telle compétition parmi les constituants de l’alliance des sept partis, qui sont fondamentalement bourgeois-féodal bureaucratique dans leur caractère malgré leur rôle contre la monarchie, ou, plus spécifiquement, contre la domination autocratique du Roi Gyanendra. 

    En fait, dans le même document intitulé « La situation actuelle et nos tâches », présenté par le camarade Prachanda et adopté par la réunion du Comité central du PCN (maoïste) en mai 2003, il a correctement décrit la nature des partis parlementaires au Népal dans les termes suivants : 

    « En apparence cela peut apparaître comme une lutte triangulaire impliquant la monarchie, les forces parlementaires et les forces révolutionnaires, mais dans son essence et si on regarde d’un point de vue de classe, la lutte implique seulement deux forces (forces réactionnaires et démocratiques). 

    Il a été prouvé en pratique que les différences entre les groupes monarchiques et parlementaires autocratiques ne consistent qu’en différences concernant le partage du pouvoir dans le vieil état. 

    On l’a prouvé maintes et maintes fois au Népal que la monarchie au nom du (faux) patriotisme et les forces parlementaires au nom de la (fausse) démocratie veulent occuper les places du pouvoir et trahir la nation et le peuple sur une base de classe inchangée. (…) 

    Ce que nous avions dit d’un point de vue théorique et de classe et qui se confirme toujours davantage dans le processus actuel de cessez-le-feu et de négociation, c’est que c’est seulement le conflit d’intérêts entre les différents centres réactionnaires internationaux qui est derrière les récriminations et les contradictions mutuelles entre différents groupes réactionnaires au Népal. 

    Pendant que l’armée royale et les éléments du Palais sont manoeuvrés et protégés par l’impérialisme occidental, en particulier l’impérialisme américain, et les forces parlementaires principales par les dominants indiens qui cherchent l’hégémonie spéciale en Asie du sud, ils subissent la secousse continue de la guerre entre eux. 

    Par conséquent il devrait être clair pour l’ensemble du Parti que, avec comme arrière-plan le développement politique en particulier après le massacre du Palais [meurtres au sein de la famille royale] l’idée de voir ou bien les forces monarchiques ou bien parlementaires du Népal comme plus démocratiques ou plus nationaliste que l’autre, est particulièrement nocive et erronée. 

    Il est devenu plus clair encore aujourd’hui au Népal que nous ne pourrons jamais avoir quelque rapport idéologique et politique que ce soit avec les groupes monarchiques ou parlementaires, excepté pour gérer des contradictions dans une situation particulière. » 

    Tandis que l’analyse ci-dessus du caractère de classe des partis parlementaires, de leur fausse démocratie et de l’allégeance à diverses puissances impérialistes, est fondamentalement correcte, il est en effet très triste que le PCN (maoïste) n’ait pas adhéré fermement à cette analyse d’une perspective stratégique et de classe. 

    Une chose est de faire des ajustements nécessaires, des arrangements et l’unité tactique avec ces forces parlementaires et même avec une section des impérialistes contre l’ennemi principal quand les conditions pour de telles alliances deviennent mûres, mais autre chose est de créer des illusions sur le caractère de ces partis ou oublier de voir leurs liens avec les impérialistes et les expansionnistes indiens. Cela portera un grand tort à la révolution sur le long terme. 

    D’ailleurs, nous voyons que le camarade Prachanda et le PCN (maoïste) ont transformé la tactique en stratégie et en voie de la révolution mondiale pour le 21è siècle. 

    Ainsi, dans son interview accordée à The Hindu, le camarade Prachanda a souligné le fait que l’engagement des maoïstes à la démocratie multipartite n’est pas tactique mais est le résultat d’une discussion idéologique prolongée dans le parti pendant trois ans. 

    Il a dit : « notre décision sur la démocratie multipartite est une position théoriquement et stratégiquement développée et nous disons aux partis parlementaires que nous sommes prêts à entrer en concurrence pacifique avec vous tous. » 

    Le chef de PCN (maoïste) a directement assuré les partis parlementaires bourgeois-féodaux des compradores que son parti était prêt à entrer en concurrence pacifique avec eux. 

    Et en décrivant cette décision sur la démocratie multipartite comme une position développée théoriquement et stratégiquement, le camarade Prachanda a mis en avant une thèse dangereuse – celle de la coexistence pacifique avec les partis des classes dominantes au lieu de les renverser par la révolution ; celle de la concurrence pacifique avec tous les autres partis parlementaires, y compris les partis des classes dominantes qui sont des faire-valoir de l’impérialisme ou de la réaction étrangère, dans de prétendues élections parlementaires ; 

    celle d’abandonner l’objectif de construire le socialisme pendant une période indéfinie ; 

    et celle d’ouvrir large des portes pour que les réactionnaires féodaux-compradores viennent au pouvoir en utilisant le caractère arriéré des masses et le soutien massif des réactionnaires domestiques et étrangers ou des forces bourgeoises bureaucratiques compradores et des forces petites-bourgeoises et féodales pour détourner le cours entier du développement de la société loin de la direction socialiste, afin de maintenir le système existant (même si c’est sous une nouvelle forme) au nom de la démocratie et du patriotisme. 

    Quel que puisse être nos bonnes intentions pour établir un système plus démocratique, les lois régissant la lutte de classe n’autorisent pas un tel système. 

    L’histoire a prouvé maintes et maintes fois ceci depuis les jours de la Commune de Paris jusqu’aux révolutions plus récentes en Asie, en Afrique et en Amérique latine. 

    P.M. : Êtes-vous alors en faveur de démocratie multipartite au moins après la conquête du pouvoir? 

    Sinon quelle est la forme de gouvernement que vous envisagez après la révolution? 

    Azad : La compréhension Marxiste-Léniniste-Maoïste concernant la forme de gouvernement qui sera plus la plus adaptée pour le prolétariat est la commune ou Soviet ou le Conseil révolutionnaire qui peuvent le mieux servir le prolétariat et la grande majorité des masses dans la mesure où ils agissent non pas comment salons de thé et de simples formes législatives, mais en tant que corps législatifs et exécutifs. 

    Les représentants à ces corps sont élus et sont sujets à révocation à n’importe quel moment où les gens considèrent qu’ils ne servent pas leurs intérêts. 

    Si nous regardons le processus même de la guerre populaire prolongées elle nécessite l’établissement dans les zones libérées du pouvoir démocratique de toutes les forces anti-impérialistes et anti-féodales SOUS LA DIRECTION DU PROLÉTARIAT, élu démocratiquement aux gram sabhas [conseils populaires] avec le droit de les révoquer également par le conseil populaire. 

    Ici il y a une interaction étroite entre les structures de pouvoir et la volonté du peuple et c’est donc vraiment démocratique. 

    Une fois que la pouvoir est pris au niveau de toute l’Inde, jusqu’au passage à l’étape socialiste, tous les partis authentiquement anti-impérialistes et anti-féodaux feront partie du nouveau pouvoir, et la transition au socialisme peut seulement avoir lieu en continuant la lutte de classe sous la dictature du prolétariat. 

    Ceci ne nie pas la démocratie pour les masses dans leur ensemble mais, comme dit Lénine, la petite production produit quotidiennement la bourgeoisie, à chaque heure, et ces éléments trouveront leurs représentants dans toutes les instances du pouvoir d’état, y compris le Parti. 

    Peut-on concevoir une meilleure forme de gouvernement et un meilleur exercice de la démocratie dans son véritable sens? 

    Lénine a dit : « Décider, périodiquement pour un certain nombre d’années, quel membre de la classe dirigeante foulera aux pieds, écrasera le peuple au Parlement, telle est l’essence véritable du parlementarisme bourgeois non seulement dans les monarchies constitutionnelles parlementaires, mais encore dans les républiques les plus démocratiques. » [L’Etat et la révolution] 

    Cela a été dit par Lénine il y a un siècle. 

    Depuis, particulièrement depuis la seconde guerre mondiale, le parlement et les institutions qui vont avec sont devenus encore plus corrompus et pourris à la base. 

    Un bon exemple de la façon dont le nouveau pouvoir a été établi est la commune de Paris. 

    Les concepts pratiqués là ont été travaillés par les Soviets de l’URSS, les communes en Chine et les expériences du Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et on tente de les mettre en pratique dans les zones libérées formées par les maoïstes dans différentes parties du monde. 

    Le camarade Lénine a également expliqué très lucidement comment le Parlement fonctionne même dans la plus démocratique des républiques et, l’opposant à la Commune, a montré comment les communes (ou les Soviets en Russie et les Conseils révolutionnaires en Chine) sont les formes de gouvernement les plus appropriées pour le prolétariat et les masses laborieuses. 

    « La république parlementaire bourgeoise entrave, étouffe la vie politique propre des masses, leur participation directe à l’organisation démocratique de toute la vie de l’État, de la base au sommet. Les Soviets des députés ouvriers et soldats font tout le contraire. » [Les tâches du prolétariat dans notre révolution] 

    « Certes, le moyen de sortir du parlementarisme ne consiste pas à détruire les organismes représentatifs et le principe électif, mais à transformer ces moulins à paroles que sont les organismes représentatifs en assemblées « agissantes ». 

    « La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois.» [L’Etat et la révolution] 

    « Au parlementarisme vénal, pourri jusqu’à la moelle, de la société bourgeoise, la Commune substitue des organismes où la liberté d’opinion et de discussion ne dégénère pas en duperie, car les parlementaires doivent travailler eux-mêmes, appliquer eux-mêmes leurs lois, en vérifier eux-mêmes les effets, en répondre eux-mêmes directement devant leurs électeurs. » [L’Etat et la révolution] 

    « Nous ne pouvons concevoir une démocratie, même une démocratie prolétarienne, sans organismes représentatifs: mais nous pouvons et devons la concevoir sans parlementarisme, si la critique de la société bourgeoise n’est pas pour nous un vain mot, si notre volonté de renverser la domination de la bourgeoisie est une volonté sérieuse et sincère et non une phrase « électorale » destinée à capter les voix des ouvriers, comme chez les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires. » [L’Etat et la révolution] 

    P.M. : Et comment assurez-vous la concurrence politique avec d’autres partis ? 

    Le PCN (maoïste) affirme que c’est seulement en organisant la concurrence politique et en institutionnalisant le droit des masses d’amener au pouvoir un parti révolutionnaire alternatif que la contre-révolution peut être efficacement constatée. 

    Azad : Il est en effet étonnant que le PCN (maoïste) en arrive à une telle conclusion même y compris après que le prolétariat soit lesté des expériences riches et diverses sur la période de transition du capitalisme au socialisme, après qu’il soit armé avec une forme, une méthode et une arme si appropriée comme la révolution culturelle, et soit en possession de la richesse des écrits de nos professeurs – Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao – et par plusieurs auteurs marxistes, au sujet de constater la dégénérescence du Parti, de l’Armée et de l’Etat ; de prévenir de la restauration du capitalisme ; et construire un nouveau type d’Etat et de société. 

    Penser que le prolétarisation et la révolutionnarisation continues du parti communiste puissent être assurés et que la contre-révolution puisse être efficacement constatée en organisant une prétendue concurrence politique ou en institutionnalisant le droit des masses à installer un parti ou une direction révolutionnaire alternatif à la tête de l’Etat signifie tomber dans le piège du formalisme bourgeois et mine la vraie tâche consistant à mobiliser les masses intensivement pour mener la lutte de classe rageuse contre les vieilles classes réactionnaires défaites et la nouvelle classe bourgeoise se développant au sein du Parti, de l’armée et de l’administration. 

    Il est difficile de saisir comment des partis révolutionnaires alternatifs peuvent exister d’autant plus que les partis communistes ont toujours compris que les différentes lignes politiques ont représenté des perspectives prolétariennes ou des perspectives bourgeoises. 

    Le point crucial ne se situe pas en assurant la droite des masses de remplacer un Parti par un autre par les élections, qui est de toute façon la norme dans n’importe quelle république bourgeoise ou république bourgeoise-féodale bureaucratique, mais en assurant leur participation active et créatrice en dirigeant le Parti et l’Etat, en scrutant l’apparition d’une nouvelle classe bureaucratique, et en participant elles-mêmes à l’administration de l’Etat et de la société et au processus entier de la transformation révolutionnaire. 

    Et cela sera la première tâche du Parti que d’organiser et mener les masses à étudier la contre-révolution et à amener la transformation révolutionnaire dans toutes les sphères par la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat. 

    Et c’est la leçon la plus importante qui nous est apportée par l’expérience historique entière de la révolution mondiale, en particulier par la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. 

    D’ailleurs, est-il possible que le Parti du prolétariat empêche le retour des classes défaites au pouvoir et prévienne la contre-révolution pacifiquement ou par un coup de force, en leur fournissant une telle occasion de concurrencer d’une façon « démocratique »? 

    Le Parti bolchévique aurait-il gagné les élections en Russie après la révolution, s’ils avaient organisé une telle concurrence politique, vue son absence presque totale dans les campagnes où les idées les plus réactionnaires régnaient en maître? 

    En fait, le Parti bolchévique a dû même dissoudre l’assemblée constituante juste après qu’il ait pris le pouvoir malgré le fait que c’était seulement une minorité en son sein, car l’assemblée constituante a agi en tant qu’instrument des réactionnaires et est devenue un obstacle face à 

    la mise en oeuvre des réformes révolutionnaires et face à l’exercice de la dictature prolétariat, comme dans les soviets. 

    Cela n’est pas simplement le cas de la Russie : dans beaucoup de pays, en particulier dans les pays semi-coloniaux semi-féodaux, où la petite production et l’économie paysanne prédominent, l’idéologie féodale, culture, les coutumes et la force de l’habitude parmi la majorité de la population rendra possible pour d’autres partis non prolétariens et même réactionnaires d’arriver au pouvoir relativement facilement sous le manteau anti-féodal anti-impérialiste. 

    Par conséquent il n’est pas étonnant si nous constatons que la proposition idéaliste et subjective du PCN (maoïste), même si faite avec de bonnes intentions, devient finalement un outil commode dans les mains des partisans de la voie capitaliste pour saisir la pouvoir. 

    En ce qui concerne la concurrence politique avec d’autres partis, nous avons l’expérience de la Chine où plusieurs partis démocratiques tels que la ligue démocratique, le parti des paysans et ouvriers et le parti des ouvriers et d’autres ont concurrencé le PC de Chine et participé aux élections dans les divers organes du pouvoir. 

    Bien que ceux-ci aient existé pendant presque une décennie après la révolution, le peuple les a rejetés quand ils ont refusé de soutenir le socialisme et ont essayé de suivre la voie capitaliste. 

    La concurrence politique a été encouragée en Chine, pas sous forme de participation dans le type d’élections parlementaires bourgeoises occidentales mais aux élections dans diverses instances. 

    Les partis démocratiques et les organismes appartenant aux quatre classes qui ont formé les forces motrices de la révolution participaient aux élections dans diverses instances. 

    Le PCC a lutté pour unir tous les partis et forces anti-féodaux anti-impérialistes pendant la nouvelle révolution démocratique et également après la prise du pouvoir et l’établissement de la démocratie populaire ou dictature démocratique populaire. 

    Dans son article « De la juste résolution des contradictions au sein du peuple » en 1957, Mao a expliqué ainsi la politique du PCC envers les autres partis politiques après la prise du pouvoir: 

    « Coexistence prolongée du Parti communiste et des partis démocratiques, tel est notre désir, telle est aussi notre politique. 

    Quant à savoir si les partis démocratiques pourront exister durant une longue période, cela n’est pas simplement déterminé par le seul désir du Parti communiste, cela est aussi fonction du comportement des partis démocratiques en partant de la confiance qu’ils se voient accorder par le peuple. 

    Le contrôle mutuel entre les partis politiques existe également depuis longtemps déjà, en ce sens qu’ils se donnent des conseils et se critiquent mutuellement. 

    Le contrôle mutuel n’est naturellement pas unilatéral: le Parti communiste peut contrôler les partis démocratiques, et ceux-ci peuvent aussi contrôler le Parti communiste. » 

    En Chine beaucoup de méthodes ont été développées pour empêcher la restauration capitaliste et l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie dans le gouvernement et le Parti.

    Le mouvement Que cent fleurs fleurissent et que cent écoles rivalisent de Mao a laissé cent écoles de pensée contester ; son système de « trois-tiers» de la représentation démocratique qui limite les sièges des membres de parti communiste dans tous les corps élus à un maximum d’un tiers du tout et donne deux-tiers des sièges aux membres d’autres partis et éléments non du Parti ; sa mise en avant de six critères politiques pour que les partis politiques se présentent aux élections ; etc. ; sont seulement quelques uns des exemples adoptés. 

    La démocratie n’est pas simplement une formalité consistant à émettre un vote mais doit exister dans le processus très vivant de toute organisation, avec la direction sous la surveillance étroite des masses et des cadres ; cela n’est possible qu’avec le fait d’augmenter la conscience MLM du Parti et des masses et l’intensification de la lutte de classe. 

    En Chine il y avait beaucoup de partis partageant la pouvoir après la révolution mais l’unité était sur une base de principe, et faisait partie du front pour approfondir la lutte de classe contre les restes des forces féodales et de la bourgeoisie bureaucratique-compradore. 

    Au Népal ils diluent en pratique la lutte de classe en formant un gouvernement avec les éléments féodaux et de la bourgeoisie bureaucratique-compradore. 

    La chose la plus importante est que tous les corps révolutionnaires dans l’Etat démocratique populaire soient élus et que chaque personne ainsi élue soit sujette à révocation, ce qui ne se fait pas dans les prétendues démocraties parlementaires. 

    P.M. : Trouvez-vous quelque chose d’erroné quand le PCN (maoïste) indique qu’il ira à la nouvelle étape démocratique par l’intermédiaire de la république démocratique ou multipartite bourgeoise ? 

    Azad : Aucun maoïste ne dirait qu’il est erroné de combattre pour l’exigence d’une République et pour le renversement de la monarchie autocratique. 

    Et de même, aucun ne s’opposerait à ce que soit forgé un front uni de tout ceux qui sont opposés à l’ennemi principal à n’importe quel moment donné. 

    Inutile de dire, un front uni de cette sorte serait purement tactique en nature et ne peut pas, et ne devrait pas, en aucune circonstance, déterminer le chemin et la direction de la révolution lui-même. 

    Le problème avec le théorisation du PCN (maoïste) repose dans le fait qu’en transformant le combat contre l’autocratie en un sous-étape de la république de nouvelle démocratie, avec la tendance de faire que la sous-étape impose (domine et détermine) la direction et la voie mêmes de la révolution. 

    Le programme et la stratégie de la république de nouvelle démocratie élaborés par le Parti avant son lancement de la lutte armée, ses cibles à renverser, et même l’analyse concrète de classe faite plus tôt, fondée sur les avancées de la révolution jusqu’ici, sont maintenant subordonnés aux besoins de la prétendue sous-étape de la révolution népalaise. 

    La sous-étape d’une république démocratique bourgeoise semble, dans leurs interviews et rapports, être devenue le facteur déterminant tout. 

    Pour autant que nous le sachions, nous pouvons dire que les nombreux types de système d’Etat dans le monde peuvent être réduits à trois sortes de base selon le caractère de classe de leur pouvoir politique : (1) républiques sous la dictature bourgeoise (en plus de ces derniers il y a les fausses républiques dans les pays arriérés semi-féodaux, semi-coloniaux sous la dictature commune de la bourgeoisie bureaucratique-compradore et les éléments féodaux, soutenue par l’impérialisme) ; (2) républiques sous la dictature du prolétariat ; et (3) républiques sous la dictature commune de plusieurs classes révolutionnaires. 

    Essentiellement, le slogan d’une république démocratique bourgeoise donnée par le PCN (maoïste) ne peut pas ne pas relever du premier type de république malgré la participation du parti révolutionnaire dans le pouvoir d’Etat avec les partis bourgeois-féodaux compradores. 

    Dans son entrevue avec le correspondant de la BBC, le camarade Prachanda a donné sa vision du futur Népal dans les termes suivants : « Nous croyons que le peuple népalais s’acheminera vers une république et, pacifiquement, le processus de reconstruction du Népal avancera. » 

    « Dans cinq ans le Népal deviendra une nation belle, pacifique et progressiste. » 

    « Dans cinq ans que les millions de Népalais s’élanceront de l’avant avec la mission de bâtir un beau futur, et le Népal commencera vraiment à devenir un paradis sur terre. » 

    Il a plus loin affirmé qu’une république démocratique élue d’une telle manière résoudra les problèmes de Népalais !! » 

    « Nous croyons qu’avec l’élection d’une assemblée constituante, une république démocratique sera formée au Népal. 

    Et ceci résoudra les problèmes des Népalais et mènera le pays dans un chemin plus progressiste. » 

    N’importe qui lisant les lignes ci-dessus penserait que ces vues reflètent plus un sentiment nationaliste que des perspectives prolétaires de classe. 

    Comment le Népal commencera-t-il à devenir un « paradis sur terre » après être devenu une république bourgeoise ? 

    Comment la formation d’une république démocratique « peut-elle résoudre les problèmes des Népalais » ? 

    Peut-elle se libérer des griffes de l’impérialisme après être devenue une république dans l’ère impérialiste actuelle ? 

    Est-ce que le PCN (maoïste), qui prétend croire au MLM, pense vraiment que le « processus de reconstruction du Népal avancera d’une manière pacifique » ? 

    Et y a-t-il un seul exemple dans l’histoire du monde où un tel processus pacifique de reconstruction a eu lieu ? 

    L’histoire de la révolution mondiale ne montre-t-elle pas cette lutte de classe amère, sanglante et violente parfois, continue même après des décennies après la prise du pouvoir par le prolétariat ? 

    Alors comment le camarade Prachanda pourrait-il penser à un processus si pacifique de reconstruction du Népal même à ce sous-étage ? 

    Les partis appartenant à l’alliance des sept partis combattent-ils vraiment l’impérialisme, l’expansionnisme indien et le féodalisme au Népal ? 

    Y a-t-il une garantie que le PCN (maoïste) battra les partis bourgeois-féodales, auxquelles il veut être assorti pour la concurrence politique dans les élections et pour s’assurer que le Népal ne tombe sous les griffes de l’impérialisme et de l’expansionnisme indien ? 

    Comment peut-on croire qu’une fois finies les élections à l’Assemblée constituante et le Népal devenu une République, pas sous la conduite de la partie de classe ouvrière mais peut-être sous une alliance d’une combinaison de partis, c’est-à-dire une alliance des classes dominantes et de la classe ouvrière sous la direction du PCN (maoïste), le pays se libérerait du féodalisme et de l’impérialisme et deviendrait une «nation belle, pacifique et progressiste»? 

    Selon l’opinion du camarade Prachanda, « la classe réactionnaire et leurs partis essayeront de transformer cette république en une république parlementaire bourgeoise, tandis que notre Parti de la classe prolétarienne essaiera de la transformer en république de nouvelle démocratie. Combien de temps durera la période de la transition, ce n’est pas une chose qui peut en ce moment être assurée. Il est clair que cela dépendra de la situation nationale et internationale et de l’état de l’équilibre des pouvoirs. » 

    Cette prétendue république multipartite transitoire est cherchée pour être transformée en république de nouvelle démocratie par la lutte pacifique au moyen de la concurrence politique avec la classe réactionnaire et leurs partis, qui essaient de la transformer en république parlementaire bourgeoise ! ! 

    Quelles que soient les tactiques adoptées par le PCN (maoïste) l’aspect le plus critiquable de ce discours c’est de projeter ces tactiques en tant que position théoriquement développée, qu’elle pense devrait être le modèle pour les révolutions au 21ème siècle. 

    Au nom de lutter contre le dogmatisme nos camarades de PCN (maoïste) glissent sur un terrain dangereux. 

    Qui plus est, tant que le Parti mène une lutte cohérente contre l’impérialisme et les réactionnaires locaux, et poursuit la ligne de la redistribution de la terre et de la richesse, de la nationalisation de tout les compradores, des industries étrangères, des banques et du commerce extérieur, il est sûr de faire face à l’opposition des autres partis parlementaires. 

    Et s’il veut faire partie du jeu parlementaire il doit respecter ses règles et ne peut pas mener à bien ses politiques anti-féodales, anti-impérialistes, d’une manière complète. 

    Même l’indépendance de l’ordre judiciaire doit être identifiée en tant qu’élément du jeu du parlement et peut causer l’obstruction à chaque réforme que le Parti maoïste essaye de lancer après être venu au pouvoir par des élections. 

    Ceci déjà est vu avec l’accord de 8 points étant expliqué comme illégal. 

    Quant à l’impérialisme US, il exige fortement que les maoïstes ne devraient participer à l’assemblée constituante qu’après avoir rendu les armes. 

    Le PCN (maoïste) s’est correctement opposé à cette position des USA et également des expansionnistes indiens. Nous comptons qu’ils resteront fermes en cela. 

    Alors il y aura plusieurs institutions comme l’ordre judiciaire, la commission d’élection, les médias, diverses instances artistiques, culturelles et même religieuses, les organismes non gouvernementaux, et également les organismes de droits de l’homme dont certains sont formés par les classes dominantes, et ainsi de suite. 

    Si on glisse dans le marécage de la prétendue république démocratique multipartite, on ne peut pas éviter de soutenir ces prétendues institutions indépendantes. 

    Beaucoup de ces dernières peuvent devenir des planques pour les forces réactionnaires et travailler à la contre-révolution, de manière subtile et diversifiée. 

    On ne peut pas oublier la façon subtile dont les agences occidentales ont infiltré et ont subverti les sociétés dans les pays de l’Europe de l’est et même dans l’ancienne Union Soviétique. 

    P.M. : Le camarade Prachanda dit que la tactique adoptée par son parti est fondée sur les spécificités de l’équilibre politique et militaire dans le monde aussi bien que l’équilibre particulier de classe, politique et de pouvoir au Népal sans compter les expériences du 20ème siècle. Quelle est l’opinion de votre Parti sur ceci ? 

    Azad : Il est vrai que le camarade Prachanda dans son interview de février dernier dans The Hindu a cité les trois facteurs ci-dessus quant à la décision de son Parti en faveur de la démocratie multipartite. 

    En fait, cette position pouvait être vue dans le PCN (maoïste) même avant ladite entrevue. 

    Par exemple, lors de la réunion du comité central en août 2004, il a commencé à être sceptique au sujet des perspectives de la victoire dans un petit pays comme le Népal quand il est confronté à l’impérialisme et qu’il n’y a aucun avancée de mouvements révolutionnaire forts. 

    « Dans le contexte actuel, quand avec la restauration du capitalisme en Chine là il n’y a aucun autre Etat socialiste existant, quand malgré les conditions objectives favorables il n’y a actuellement aucune avancée d’aucun mouvement révolutionnaire fort sous la conduite du prolétariat, et quand l’impérialisme mondial attaque le peuple partout comme un tigre blessé, est-il possible à un petit pays avec une contrainte géopolitique spécifique comme le Népal d’aller à la victoire au point de prendre l’Etat central par la révolution ? 

    C’est la question la plus significative étant posée au Parti aujourd’hui. 

    La réponse à cette question peut seulement être trouvée dans le Marxisme-Léninisme-Maoisme et de ceci dépend le futur de la révolution népalaise. » 

    Le même plénum avait également précisé les raisons de l’adoption de la série d’étapes tactiques comme le cessez-le-feu, la négociation, l’issue politique etc.. 

    « Il n’y a aucun doute que les forces impérialistes sont maintenant en train de préparer des attaques bien plus sinistres alors que la guerre populaire népalaise a en vue l’offensive stratégique depuis sa position actuelle d’équilibre stratégique. 

    Les complexités, les chances et les problèmes de la révolution népalaise sont les manifestations de cet état objectif… mais, au Népal, le développement de la révolution a atteint une étape très sensible de préparation pour l’offensive stratégique. 

    Il est essentiel de comprendre que la série d’étapes tactiques entreprises par le Parti tels que le cessez-le-feu, la négociation, l’issue politique etc. sont fondés sur cette situation stratégiquement favorable et tactiquement défavorable de la situation mondiale et de l’état de l’équilibre stratégique à l’intérieur du pays. » 

    Il est vrai que partout les révolutions se confrontent à une situation dure, particulièrement après le revers en Chine. 

    Tactiquement parlant, dans le monde actuel, les forces ennemies sont tout à fait fortes tandis que nos forces subjectives sont faibles. 

    L’impérialisme mondial a lâché partout une offensive massive sur les forces révolutionnaires, les mouvements de libération nationale et les mouvements populaires. 

    Mais ce n’est qu’un côté de la médaille. 

    En même temps, les conditions objectives sont tout à fait favorables ; l’impérialisme, en particulier l’impérialisme US, est détesté par les peuples partout dans le monde et les mouvements populaires massifs éclatent dans le monde entier contre l’impérialisme, en particulier l’impérialisme US. N’importe quelle révolution dans le monde d’aujourd’hui doit inévitablement faire face aux attaques des impérialistes. 

    Pour faire face à un ennemi beaucoup plus grand que les forces révolutionnaires, la question ne se pose pas : cela peut et exigera une grande flexibilité dans la tactique. 

    En particulier quand nous sommes une force considérable, une telle flexibilité peut être maniée plus efficacement pour l’accomplissement de nos buts. 

    Mais en faisant ainsi, il y a toujours le danger de perdre de vue nos tâches stratégiques de prise du pouvoir par la force armée. 

    Au vu des rapports fait par la direction du PCN (maoïste) il s’avère que ce danger est présent. 

    Beaucoup de rapports faits et d’interviews données tendent à nier des positions marxistes de base concernant l’Etat et la révolution. 

    On peut dire que cela a été fait dans le contexte de la diplomatie ; mais son résultat final est d’induire en erreur le camp révolutionnaire et progressiste. 

    Ce n’est pas cela qu’on attend d’un homme d’Etat marxiste. 

    Dans l’interview le camarade Prachanda était allé jusqu’à dire : « Nous sommes prêts à accepter le verdict populaire, s’il choisissait la monarchie constitutionnelle et la démocratie multipartite. » 

    C’est en effet une grande tragédie de voir le Parti maoïste finir finalement dans ces positions politiques malgré le fait d’avoir de fait le pouvoir dans la majeure partie des campagnes. 

    P.M. : Le camarade Prachanda dit que la ligne de la démocratie multipartite s’applique au mouvement maoïste en Inde aussi. Comment votre Parti voit-il ceci ? 

    Azad : Nous avons vu ses commentaires sur ce point dans son entrevue avec le correspondant de The Hindu. 

    On y lit : « Nous croyons qu’elle s’applique à eux aussi. 

    Nous voulons discuter ceci. 

    Ils doivent comprendre ceci et emprunter cette route. 

    Sur la question de la direction et sur la démocratie multipartite, ou plutôt la concurrence multipartite je crois ceux qui s’appellent des révolutionnaires en l’Inde ont besoin de penser à ces questions. 

    Et il y a besoin d’aller en direction de cette pratique. Nous souhaitons discuter avec eux sur ceci. 

    Si les révolutionnaires ne voient pas le besoin de développement idéologique, ils n’iront nulle part. » 

    Un tel conseil était mis en avant des divers partis parlementaires des classes dominantes en Inde depuis longtemps. Les révisionnistes des CPI et CPI (M), qui jurent par Marx et Lénine, nous sermonnent régulièrement dans leurs magazines, documents et rapports, au sujet de la futilité de la lutte armée pour prendre le pouvoir d’état et réaliser la transformation sociale révolutionnaire. 

    Ils essayent désespérément de montrer à quel point la démocratie multipartite parlementaire est le meilleur instrument pour réaliser cette transformation comme en ont été témoins le Bengale occidental et le Kerala. 

    Le CPI (ml) – Liberation, au nom du MLM, prêche les vertus de la démocratie multipartite et traite tous ceux qui ne souhaitent pas être liés à la porcherie parlementaire d’ anarchistes et d’ aventuristes. 

    Il est bon que le PCN (maoïste) veuille discuter avec les maoïstes d’Inde de la question de la direction et de la démocratie multipartite. 

    Il y a eu des discussions et échanges intéressants d’opinions et d’expériences entre les directions de nos deux partis sur le concept de la direction, sur la question du culte de personnalité et la concentration de tout le pouvoir dans les mains d’un individu, etc. 

    Notre avis a toujours été qu’il est qu’une bonne partie de la direction du Parti travaille parmi les masses et se concentre sur la construction la lutte de classe, même après la prise du pouvoir, afin d’empêcher la dégénérescence chez les fonctionnaires du Parti, les fonctionnaires dans les divers départements d’Etat, en particulier les forces armées, dans les diverses unités de la sphère de production, et ainsi de suite. 

    Nous devons encourager les masses à critiquer les erreurs commises par le Parti et les chefs du Parti même au cours du mouvement révolutionnaire avant la prise du la pouvoir. 

    Nous devons développer la direction collective plutôt que de se concentrer sur une autorité révolutionnaire individuelle ou déléguée. 

    La dépendance sur un ou peu d’individus au lieu de développer la direction collective et d’impliquer l’adhésion entière du Parti et des masses dans la prise de décision a été l’une des causes qui a mené à de grands retournements en Russie et en Chine où, après la chute des dirigeants prolétariens exceptionnels comme Staline et Mao, le PCUS et le PCC sont devenus révsionnistes si facilement. Nous sommes d’accord avec le camarade Prachanda quand il dit qu’ «à partir des enseignements des Etats communistes du 20ème siècle – nous voulons nous situer sur un nouveau plan au sujet de la direction – où une seule personne ne reste pas le chef de parti ou le chef d’Etat. » 

    En fait, cela avait également été l’un des points principaux de discussion pendant la lutte interne au PCN (maoïste) dans les années 2004 – 2005 où le camarade Bhattarai (Laldhoj), dans ses Questions de base pour la discussion à l’intérieur du Parti, a soulevé des questions comme : La direction prolétarienne est-elle une expression centralisée de collectivité, ou est-elle centrée sur une personne? La loi principale de la dialectique, à savoir un se divise en deux, s’applique-t-elle à la direction centrale ou pas ? 

    Comment le système d’une personne unique au sommet du Parti, de l’armée et de l’Etat, et cela qui plus est à vie, peut-il résoudre la question de produire des successeurs révolutionnaires et la révolution ininterrompue ? 

    Notre Parti, CPI (maoïste) souhaite conduire une discussion sérieuse sur ces questions et également sur la question de la voie Prachanda et sur les concepts de voie, de pensée et de isme . 

    P.M. : Que diriez-vous en ce qui concerne le concept de la démocratie du 21ème siècle tel que proposé par le PCN (maoïste) dirigé par le camarade Prachanda ? 

    Azad : Qu’est qu’il y a de neuf dans ce concept de la démocratie du 21ème siècle élevé au pinacle par le PCN (maoïste) et comment est-il qualitativement différent de la démocratie du 20ème siècle ? 

    Le PCN (maoïste) avait également affirmé que sa « décision sur la démocratie multipartite est une position stratégiquement et théoriquement développée » également applicable aux conditions de l’Inde. 

    La différence entre démocratie bourgeoise et démocratie prolétarienne est connue, la démocratie elle aussi a un caractère de classe, dans une société divisée en classe, la démocratie sert la classe dominante et exerce la dictature sur le reste du peuple. 

    Dans une république bourgeoise la nature de la démocratie est bourgeoise. 

    Elle consiste à servir la bourgeoisie tout en opprimant la grande majorité du peuple. Son essence c’est la dictature bourgeoise. 

    De même, dans les républiques démocratiques populaire, la démocratie s’exerce pour toutes les classes anti-féodales et anti-impérialistes tandis que la dictature s’exerce sur les ennemis du peuple et leurs agents. 

    La différence qualitative entre les différents types de démocraties se situe dans leur caractère de classe. 

    Mais quand le PCN (maoïste) indique qu’il y a une différence qualitative entre la démocratie des 20èmes et 21èmes siècles sans aucune référence à leur caractère de classe, elle est non seulement très incertaine, mais semble aussi hautement subjective.

    Une des raisons données est que « le 21è siècle connaît un développement sans précédent des sciences et de la technologie, en particulier des technologies de communication électronique dans le monde. » 

    La manière dont ce développement sans précédent concerne la stratégie des révolutions au 21ème siècle ou sur la nature de la démocratie au 21ème siècle n’est pas claire. 

    Le PCN (m) dit que « dans le domaine de l’idéologie, le comité central a essayé de dessiner un profil stratégique de la révolution mondiale basé sur l’analyse de la situation du monde contemporain et surtout sur les nouvelles analyses de l’impérialisme globalisé et du mouvement prolétarien et a réussi pour présenter un concept totalement nouveauau sujet de la direction, de l’accomplissement de la révolution et de la prévention de la contre-révolution » et « dans le domaine de la politique » elle indique qu’il a fait « un saut qualitatif dans la conception de la stratégie politique et militaire et de la tactique, par rapport à ce qui fut établi au 20ème siècle. » 

    Nous ne sommes toujours pas au clair sur la signification de cette conception et de ce saut qualitatif proclamés par le PCN (maoïste), à l’exception de leur ligne de démocratie multipartite et de concurrence politique qui se réduit à la concurrence pacifique des divers partis réactionnaires et révisionnistes pour le pouvoir dans une prétendue république démocratique multipartite transitoire. 

    P.M. : Pour conclure, vers où voyez-vous aller la révolution népalaise ? 

    Azad : Nous sommes également au fait de rapports qui signalent que l’Armée Populaire de Libération maintient toujours sa puissance de feu et sa vigilance. 

    Il y a aussi la référence au récent essor révolutionnaire compris comme une révolution de Février [1917] allant vers la préparation d’une révolution d’Octobre [1917] 

    Il y a également des rapports au sujet de mobilisations de masse énormes pour gagner de nouvelles forces aux côtés de la révolution, y compris dans les secteurs urbains. 

    En outre les impérialistes US et les expansionnistes indiens (leur faire-valoir y compris, Yechuri) essayent ouvertement de saboter l’alliance en exigeant comme préalable la reddition des armes maoïstes. 

    De plus, les maoïstes ont déclaré qu’ils n’abandonneront pas leurs armes et maintiendront leurs propres bases à la campagne. 

    Voilà des tendances positives indiquant qu eles maoïstes sont prêts à aller vers la révolution de nouvelle démocratie. 

    Il y a le besoin de prendre garde à deux situations : tomber dans les pièges tendus par les classes dominantes et leurs maîtres impérialistes et expansionnistes ; prendre garde en second lieu de l’éventualité d’un massacre soudain des communistes comme on ne a été témoin en Grèce, en Indonésie, au Chili et un certain nombre d’autres pays. 

    Même une base de masse énorme dans ces pays n’a pas arrêté de tels massacres. Mais nous comptons sur le PCN(m) pour faire aller de l’avant la révolution vers la conquête du pouvoir dans tout le pays. 

    P.M. : Une dernière question. Quel est le message que vous donneriez aux révolutionnaires du Népal, de l’Inde et du reste du monde ? 

    Azad : D’abord nous inviterions sérieusement le PCN (maoïste) et sa direction à reconsidérer certaines de ses positions récentes et pour apprendre de l’histoire des erreurs passées. 

    Le Parti et le peuple du Népal ont une grande histoire de lutte et de sacrifice. Plus de 10.000 personnes ont perdu leurs vies au cours de la guerre populaire en cours. Nous saluons ces martyrs héroïques de la révolution népalaise et de la révolution mondiale 

    Nous sommes confiants dans les capacités du grand peuple népalais à faire avancer la révolution malgré les tours et détours qui ont lieu dans le mouvement. 

    Il n’y a aucun doute que la révolution n’est pas quelque chose de simple, mais avance en zigzags. 

    Nous invitons également le peuple de l’Inde à prêter un soutien total à la révolution népalaise. 

    Mais ce faisant, il est également du devoir du prolétariat de l’Inde et du monde de faire des suggestions amicales à leurs camarades du Népal. 

    Après tout, les intérêts de la révolution népalaise sont infiniment dans l’intérêt de révolution du monde, et plus particulièrement de sa voisine, la révolution indienne. Le peuple révolutionnaire de l’Inde est prêt à n’importe quel sacrifice pour soutenir la révolution népalaise. 

    Nous sommes confiants en notre marche en avant, ensemble, contre le système odieux de l’impérialisme mondial et sa base semi-féodale locale. 

    P.M. : Au nom de People’s March, nous vous remercions pour l’interview sur cette question si cruciale dans un pays voisin. 

    Azad : Merci 

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    et le PC d’Inde (marxiste-léniniste)

  • PC d’Inde (Maoïste) : Communiqué de presse, 13 novembre 2006 (sur le Népal)

    Un nouveau Népal ne peut surgir que de la destruction de l’Etat réactionnaire!
    Déposer les armes de l’APL sous la supervision de l’ONU reviendrait à désarmer les masses! 

    Le 5 novembre, le PCN (Maoïste) a entériné un accord avec le gouvernement du Népal stipulant que l’APL [Armée Populaire de Libération] déposerait les armes dans sept cantonnements désignés, alors que les forces armées du gouvernement déposeraient également un nombre équivalent d’armes. 

    Celles-ci seraient placées sous la supervision d’une équipe d’observation de l’ONU, pendant que les clefs des casiers des armes de l’APL seraient avec le parti Maoïste. 

    Il a été également entériné par les deux parties que le présent Parlement serait dissous et qu’il serait formé un nouveau Parlement intérimaire avec un partage des sièges pour les Maoïstes, pour former un gouvernement intérimaire avec certains portefeuilles [ministériels] pour les Maoïstes, et l’élection d’une Assemblée Constituante d’ici l’été prochain, qui est censée décider du destin de la monarchie et du futur du Népal.

    L’accord a reçu un caractère officiel quand le premier ministre Koirala et le président du PCN(M) le camarade Prachanda ont signé l’accord et l’ont déclaré publiquement. 

    Le Comité Central du PCI(Maoïste) a été troublé par cet accord conclu par un parti Maoïste fraternel au Népal avec le gouvernement de l’alliance de sept partis dirigé par le protégé de l’Inde qu’est Koirala.

    L’accord de dépôt des armes de l’armée populaire dans des cantonnements désignés est chargé d’implications dangereuses. Cet acte pourrait amener le désarmement des masses opprimées du Népal et une annulation des gains effectués par le peuple du Népal au prix d’immenses sacrifices dans la guerre populaire longue d’une décennie . 

    La clause dans l’accord de déposer un nombre équivalent d’armes par les deux parties fonctionnera de manière évidente en faveur du gouvernement dirigé par Koirala vu que ce dernier aura l’option d’utiliser l’énorme stock d’armes toujours à disposition de l’armée à tout moment, et de renforcer par la suite l’armée réactionnaire du gouvernement. 

    La décision prise par le PCN(Maoïste) sur la question de la gestion des armes, même s’il est considéré que c’est un pas tactique pour achever les objectifs immédiats de former une assemblée constituante, est nuisible aux intérêts de la révolution.

    L’ensemble des expériences de la révolution mondiale a démontré à maintes reprises que sans l’armée populaire il était impossible pour le peuple d’exercer le pouvoir. Rien n’est plus atroce pour l’impérialisme et les réactionnaires que les masses armées et c’est ainsi ils acceptent avec plaisir n’importe accord pour désarmer celles-ci.

    En fait, désarmer le masses a été le refrain constant de toutes les classes dominantes réactionnaires depuis l’émergence même d’une société divisée en classe. Les masses désarmées sont une proie facile pour les classes réactionnaires et les impérialistes qui vont jusqu’à effectuer des massacres, comme l’a montré l’histoire.

    Le Comité Central du PCI(Maoïste), en tant qu’un des détachement du prolétariat mondial, avertit le PCN(Maoïste) et le peuple du Népal devant le grave danger inhérent à l’accord de dépôt des armes et les appelle à reconsidérer leurs tactiques à la lumière des amères expériences historiques.

    L’accord entre les Maoïstes pour faire partie du gouvernement intérimaire ne peut pas transformer le caractère réactionnaire de la machine d’Etat qui sert les classes dominantes exploiteuses et les impérialistes. L’Etat peut être l’instrument dans les mains soit des classes exploiteuses soit du prolétariat mais il ne peut pas servir les intérêts des deux, ceux-ci s’affrontant complètement. 

    C’est le principe de base fondamental du Marxisme qu’aucun changement de base du système social ne peut être amené sans destruction de la machine d’Etat. Des réformes d’en haut ne peuvent amener aucun changement qualitatif dans le système social exploiteur, quel que soit la manière dont on pourrait considérer comme démocratique la nouvelle Constitution, et même si les Maoïstes deviennent une composante importante du gouvernement. 

    C’est une complète illusion que de penser qu’un nouveau Népal pourrait être construit sans détruire l’Etat existant.

    Une autre illusion que l’accord crée concerne le soit disant rôle impartial ou neutre de l’ONU. L’ONU est en réalité un instrument aux mains des impérialistes, en particulier des impérialistes US, afin de dominer, tyranniser et interférer dans les affaires des pays du tiers-monde, au bénéfice des impérialistes. 

    Elle est utilisée comme un simulacre pour donner de la légitimité à des actes éhontés d’oppression et de suppression des peuples du tiers-monde par les impérialistes. 

    L’Afghanistan et l’Irak sont les exemples les plus récents du rôle direct de l’ONU dans la légitimation de l’agression et de l’occupation impérialistes de ces pays. 

    C’est le devoir des révolutionnaires de montrer, de s’opposer et de combattre le rôle impérialiste de l’ONU. Accorder à cette dernière un quelconque rôle dans la gestion des armes, la supervision des élections et le processus de paix au Népal, signifierait seulement appeler à l’interférence impérialiste, en particulier celle de l’impérialisme US.

    Un autre facteur troublant est l’illusion nourrie par les Maoïstes du Népal concernant le rôle des expansionnistes indiens. 

    Les classes dominantes indiennes sont la plus grande menace aux peuples de l’ensemble du sous-continent et il est le devoir des peuples des différents pays d’Asie du Sud de combattre de manière unie l’expansionnisme indien. 

    L’Etat indien, avec le soutien de l’impérialisme US, a continuellement interféré dans les affaires internes du Népal; il a soutenu la monarchie tout en encourageant ses laquais parmi les forces parlementaires au nom de la théorie des deux piliers [théorie indienne comme quoi le Népal repose à la fois sur la monarchie constitutionnelle et sur le multipartisme]; il a entraîné et élargi toutes les formes d’aides à l’Armée Royale du Népal dans leur offensive militaire contre les Maoïstes, il a effectué des accords secrets avec le [parti du] Congrès Népalais dirigé par Koirala ainsi qu’avec d’autres partis réactionnaires, et il a poussé à désarmer l’APL et les masses du Népal et à isoler les Maoïstes.

    Son but est d’arracher les richesses naturelles du Népal, particulièrement son énorme potentiel hydro-électrique et de faire du Népal un refuge sûr pour les impérialistes et les capitalistes compradores indiens.

    L’éloge répété du camarade Prachanda pour le rôle de l’Inde concernant l’accord entre les Maoïstes et l’alliance des sept partis au Népal forme des illusions parmi les masses au sujet de l’Inde, au lieu de les préparer à combattre les expansionnistes indiens qui sont toujours intéressés à avoir le Népal sous la main dans le futur. 

    Encore plus surprenante est l’assertion par le PCN(Maoïste) que leurs présentes « tactiques » au Népal serait un exemple pour d’autres partis maoïstes en Asie du Sud. Le camarade Prachanda a également effectué un appel à d’autres partis maoïstes, pour qu’ils reconsidèrent leurs stratégies révolutionnaires et qu’ils pratiquent la démocratie multiparti au nom de la démocratie du 21ème siècle.

    Notre Comité Central affirme de manière cristalline au PCN(M) et au peuple en général qu’il ne peut pas y avoir de démocratie authentique dans aucun pays sans la prise du pouvoir d’Etat par le prolétariat, et que la soit disant démocratie multiparti ne peut amener aucun changement essentiel dans la vie du peuple.

    Il appelle les partis maoïstes et les peuples d’Asie du Sud à persister dans la voie de la guerre populaire prolongée comme montrée par le camarade Mao. 

    Nous appelons également de nouveau le PCN(Maoïste) à reconsidérer ses tactiques présentes qui sont en fait en train de modifier le fondement même de la direction stratégique de la révolution au Népal, et à se retirer de leur accord avec leur gouvernement du Népal pour le dépôt des armes de l’APL vu que cela rendrait le peuple sans défense face aux attaques des réactionaires.

    Azad 
    Porte-parole
    Comité Central,
    Parti Communiste de l’Inde (Maoïste) 

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    et le PC d’Inde (marxiste-léniniste)