Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • La grève de 1947, arme des trusts

    Les socialistes et les tenants du syndicalisme libre rongeaient leur frein dans la CGT ; à l’arrière-plan, il y a également les anarchistes et les trotskistes, qui espèrent pouvoir affaiblir à la moindre occasion le PCF.

    Or, le PCF se retrouve profondément coincé par sa ligne de soumission au gaullisme. Il y a en effet une ligne républicaine assumée, le PCF se présentant comme le meilleur élève du régime républicain et encourageant la reprise de la production par tous les moyens. C’est une ligne de démocratie populaire mais totalement désaxée de par le fait que la question du pouvoir est totalement oubliée.

    La bataille de la production, publié en 1946

    Cette conception développée par Maurice Thorez l’emporte cependant entièrement dans le PCF. Victorin Duguet, mineur devenu secrétaire fédéral CGT, puis président des Charbonnages de France, explique en mars 1947 :

    « Ce que je vais vous dire vous paraîtra dur, mais il faut que vous produisiez davantage. La nationalisation des mines n’est pas un échec : il faut faire la preuve que le rendement, le prix de revient, l’ordre et la discipline sont meilleurs qu’avant guerre, sinon il en sera fini des Houillères nationales. »

    Or, non seulement la ligne est incohérente, mais en plus les masses ne la comprennent pas pour une partie significative. Il s’ensuit une incompréhension fondamentale de la position du PCF et des séries de grèves.

    Cela produisit un espace dans lequel va se précipiter l’ultra-gauche, qui profite du désarroi des masses alors que le marché noir est encore là, que la production n’atteint le niveau de 1938 que vers fin 1949, que les prix ont été par multiplié quatre, cinq, six par rapport à l’avant-guerre, les salaires seulement par entre trois et quatre.

    Au moyen de la démagogie et du rejet de toute analyse politique de la situation, l’ultra-gauche anarchiste et trotskistes lance des initiatives de lutte, soutenues par les tenants du syndicalisme libre voyant un espace pour affirmer la nature purement « syndicale » de la CGT.

    Au mois d’août 1946, les Postes et Télécommunications entrent en grève. Elle se termine rapidement par un succès après un énorme élan, mais le PCF a tout compris : il sait que la « minorité » de la CGT a été au cœur d’une véritable tentative de déstabilisation, à la fois sociale et syndicale.

    Elle a d’ailleurs formé indépendamment un Comité national de grève. Les socialistes embraient d’ailleurs aussi et dans l’organe Le Populaire, on appelle en août à une CGT au-dessus des partis politiques.

    L’opération est une réussite : le Comité national de grève entraîne peu après 15 000 personnes hors de la CGT, la moitié formant un Comité d’action syndicaliste (CAS) en décembre 1946 dont le dirigeant était Camille Mourguès, issu de la gauche pro-trotskiste de la SFIO qui forma en 1938 le Parti socialiste ouvrier et paysan. Son premier inscrit fut Jean Mathé, secrétaire général du Syndicat national des agents des PTT en 1927 et qui ne participa pas à la Résistance.

    D’autres CAS se constituèrent, comme CAS SNCF, Métaux, Transports, Hôpitaux, Alimentation.

    Ce qui s’enclenchait était une véritable vague de grèves rendant l’ambiance explosive.


    Nombre
    de grèves
    Nombre
    de grévistes
    Journées perdues
    1946 528 180 000 386 000
    1947 2 285 Pratiquement 3 millions 22 673 000
    1948 1 425 Un peu plus de 6,5 millions 13 133 000

    Les trotskistes réalisent alors un coup formidable : en avril 1947, ils déclenchent une grève dans les ateliers 6 et 18 de l’usine Renault-Billancourt. La CGT tente de relativiser, mais la conscience des masses est trop faible pour faire de la politique, alors que qui plus est la grève est appuyée par les socialistes (les Jeunesses socialistes apportant même une voiture avec des hauts-parleurs), les anarchistes, ainsi que la CFTC, le syndicat lié à l’Église catholique.

    La CGT, déboussolé entre sa nature syndicale et son positionnement pro-PCF, s’enlise et échoue. Elle cède et suit le mouvement, privilégiant la tournure syndicaliste, pour réussir à prendre le dessus et arracher un accord.

    Mais le PCF en paie le prix fort : il est exclu du gouvernement le 4 mai 1947 par le président du conseil Paul Ramadier, ce que confirme immédiatement le conseil national de la SFIO le 6 mai par 2529 mandats contre 2125.

    Les trotskistes, eux, sont galvanisés et leurs trois principaux courants possèdent désormais une dynamique pour les cinquante prochaines années.

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  • Les socialistes face au PCF en 1945 et la question de la CGT

    Les socialistes avaient immédiatement compris que le PCF disposait d’une hégémonie politique, idéologique et culturelle à gauche. Ils n’étaient pas marginaux pour autant : la SFIO avait désormais 400 000 membres, soit 300 000 de plus qu’avant la seconde guerre mondiale. Cela ne durera cependant pas : le nombre passe à 350 000 en 1946, 322 000 en 1947, 222 000 en 1948.

    C’est que les socialistes n’avaient pas d’identité politique en propre. Les socialistes français étaient traversés en courant, le Front populaire les avait dépassé, ils n’avaient aucune ossature idéologique. Allaient-ils pencher à gauche vers le PCF ou bien vers le centre avec le Mouvement républicain populaire ?

    Au 38e congrès, en 1946, Léon Blum résume ce dilemme en ses termes, exprimant en même temps un anticommunisme farouche, qui va caractériser les socialistes pour les 30 prochaines années :

    « Nous l’avons connue pendant les vingt ans de l’entre-deux guerres. Ce n’était pas entre MRP [alliance du centre et des gaullistes] et communistes que le Parti avait à tenir sa voie droite, mais entre le parti radical et les communistes ; cependant, le problème était le même et les difficultés étaient les mêmes. 

    Mais alors, s’il en est ainsi – et je suis convaincu qu’il en est ainsi – où faut-il chercher la cause ? Laissez-moi vous le dire avec gravité, presque avec sévérité, mais avec une affection fraternelle, je dirai même paternelle, et comme un homme qui, depuis bien des années, a consacré à notre parti tout ce qu’il a pu donner d’efforts et d’intelligence (…).

    Le trouble du Parti, ce malaise dont l’analyse ne découvre pas les causes, ou qui est hors de toutes proportions raisonnables avec ses causes, je crains qu’il ne soit d’essence panique, qu’il ne traduise les formes complexes – excusez le mot – de la peur.

    Je crois que, dans son ensemble, le Parti a peur. Il a peur des communistes. Il a peur du qu’en-dira-t-on communiste.

    C’est avec anxiété que vous vous demandez à tout instant : “ Mais que feront les communistes ? Et si les communistes ne votaient pas comme nous ?… ”

    La polémique communiste, le dénigrement communiste, agissent sur vous, vous gagnent à votre insu et vous désagrègent. »

    S’il parle ainsi, ce n’est pas tant que Léon Blum a peur que les socialistes se tournent vers les communistes, mais qu’il craint que la SFIO ne cherche à concurrencer le PCF de manière frontale. Et c’est effectivement ce qui va se passer.

    Refusant de se tourner vers les communistes à l’opposé de ce qui se passe dans de nombreux pays, principalement ceux de l’Est européen, les socialistes formèrent dès 1945 des Groupes Socialistes d’Entreprise, afin de disposer d’un certain ancrage populaire.

    Ces GSE doivent également étudier l’opinion publique, faire remonter les informations sur les entreprises, les professions, la vie économique du pays. Il y a également l’obligation d’adhérer au syndicat, donc la CGT puisque l’autre syndicat est lié à l’Église catholique.

    La conséquence de cette orientation est que tant Léon Blum que la direction de la SFIO, structurée autour de Daniel Mayer qui l’a conduit durant l’Occupation et l’a fait s’engager dans la Résistance, sont balayés au 38e congrès. La résolution sur le rapport moral et la politique générale du Parti en vue du congrès national d’août 1946 annonçait déjà la couleur :

    « Les causes profondes du malaise actuel du Parti Socialiste sont en premier lieu d’ordre doctrinal :

    Certes nous ne considérons pas le marxisme comme un dogme. Il est une méthode de prospection des faits économiques et sociaux, une doctrine d’action qui permet de progresser dans la lutte pour l’émancipation des travailleurs à la condition d’être constamment confrontée avec le réel et enrichie par les leçons de l’expérience.

    Mais nous estimons que doivent être condamnées les tentatives révisionnistes, notamment celles qui, se fondant sur une conception erronée de l’humanisme, ont pu laisser croire à nos adversaires que le Parti oubliait cette réalité fondamentale qu’est la lutte des classes.

    C’est cet affaiblissement de la pensée marxiste dans le parti qui l’a conduit à négliger les tâches essentielles d’organisation, de propagande et de pénétration dans les masses populaires pour se cantonner dans l’action parlementaire et ministérielle et a engendré, sur ce plan même, les erreurs politiques et tactiques commises depuis la libération. »

    En clair, la direction est rejetée, car les socialistes ont accepté d’être coincé entre le MRP et le PCF, et que la situation est intenable à moyen terme. Il faut un tournant à gauche, afin de faire revenir les socialistes dans l’action politique et de tenir au PCF. L’un des signataires de la résolution est Guy Mollet, qui va alors devenir au congrès le dirigeant des socialistes.

    Lors de son deuxième discours tenu au congrès, où il s’oppose à Léon Blum, il est très clair :

    « Nous faisons nôtre la phrase de Léon Blum : « La fin du socialisme est la libération intégrale de la personne humaine. » Nous sommes d’accord et nous pensons même que l’humanisme n’est pas seulement un but, mais un moyen qui, d’ailleurs, a eu sa nécessité historique, particulièrement au sortir de la Libération, et qui peut enrichir la doctrine marxiste qui est et qui reste l’axe immuable du socialisme.

    En effet, on vient au Parti par sens de l’humain, mais on ne peut réaliser cette libération de l’homme que par la réalisation d’un programme marxiste.

    L’humanisme, certes, a toute sa valeur à la hauteur de l’individu, mais, quand il s’agit d’interpréter les phénomènes sociaux portant sur les masses, l’analyse marxiste garde toute sa force et sa vérité. C’est cette synthèse harmonieuse nécessaire qu’il nous faut ensemble préserver.

    La différence que j’ai cru sentir avec Léon Blum sur un autre point est plus sensible. C’est lorsque nous parlant de la participation au pouvoir en régime capitaliste, il nous a dit que nos hommes au gouvernement devaient être les gérants honnêtes et loyaux des affaires du capitalisme.

    Reprenant et développant cette idée, notre camarade Philip, ce matin, évoquait l’immense œuvre des philosophes du 18e siècle et montrait comment cette oeuvre nous avait valu la Déclaration des droits et la nuit du 4 août.

    D’accord camarades, mais nous n’oublions pas que pour permettre la nuit du 4 août, pour permettre la Déclaration des Droits, il a fallu aussi un certain 14 juillet.

    C’est parce que nous avons conscience que l’avènement définitif du socialisme, c’est-à-dire la libération totale de l’homme, peut trouver un jour dressée contre lui la force même brutale du capitalisme qu’il nous faut élargir notre base ouvrière et préparer à la fois la prise du pouvoir politique, sa défense éventuelle et son exercice. C’est cette synthèse qui fut un jour réalisée dans le Parti (…)

    La période de stabilité apparente du capitalisme est dépassée. Actuellement, nous avons une société de transition en plein mouvement où se combattent le capitalisme et le socialisme. La participation au pouvoir se trouve ne plus être qu’une forme de la lutte de classe.

    Au pouvoir, nous restons les représentants de la classe ouvrière. Au pouvoir, nous n’avons pas à corriger le système capitaliste, mais à fournir à la classe ouvrière les tremplins de son action de demain (…).

    Il convient de sauvegarder l’indépendance et l’originalité du Parti. En conséquence, il ne faut pas aller à cette unité d’action en chien battu, il nous faut au contraire prendre le maximum d’initiatives et de garanties afin de ne pas donner l’impression d’être à la remorque d’un parti qui, en fait, n’est pas révolutionnaire comme nous le sommes.

    Voilà camarades, notre véritable position sur ce point. On est jamais mieux servi que par soi-même. Elle n’est ni communisante, ni non plus anticommuniste, elle est tout bonnement socialiste. »

    En conséquence, les socialistes étaient prêts à n’importe quelle initiative plaçant le PCF dans les cordes. La formation de la CGT-Force Ouvrière va être un véritable cadeau, une occasion qui ne sera pas manquée.

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  • Résistance Ouvrière, noyau dur de la future CGT-FO

    Quelques mois à peine après la réunification de la CGT dans la clandestinité, les tenants du « syndicalisme libre » organisèrent, en août 1943, le journal Résistance Ouvrière. On y trouve trois types de gens :

    – les tenants du syndicalisme libre à la Léon Jouhaux, comme Robert Bothereau et Neumeyer ;

    – d’importantes figures socialistes, comme Albert Gazier, Oreste Capocci et Gérard Ouradou ;

    des syndicalistes révolutionnaires, comme André Lucot.

    Le sous-titre de Résistance Ouvrière était Hebdomadaire du Comité d’Étude et de Documentation Économique et Syndicale. Le journal devient, le 20 décembre 1945, Force Ouvrière, avec comme sous-titre Hier Résistance Ouvrière – Aujourd’hui Force.

    L’éditorial précise bien :

    « Force Ouvrière n’est pas un journal nouveau. Il est la continuation de « Résistance Ouvrière ». »

    Le changement de ce sous-titre marque toute l’évolution aboutissant à la naissance de la CGT – Force Ouvrière.

    En octobre 1947, le sous-titre change en effet de nouveau et devient : FO défend la CGT contre toute emprise politique.

    Il y aura au total 119 numéros de Force Ouvrière jusqu’à la scission, le numéro 120 devenant l’organe du nouveau syndicat, avec comme sous-titre :

    « Pour la liberté et l’indépendance syndicale »

    C’est-à-dire qu’on a au départ un groupe ne faisant que se regrouper, pour ensuite chercher à s’opposer à la politique dans la CGT, pour finalement revendiquer à la fois le « syndicalisme libre » et l’anticommunisme.

    La rhétorique anti-communiste de la CGT-FO va en effet être systématique et une composante centrale de son identité.

    Quelles ont été les étapes du processus ? Initialement, les partisans du « syndicalisme libre » sont paralysés en 1945. Ils sont éparpillés, certains ont collaboré, dans tous les cas ils sont en échec total.

    C’est que la charte d’Amiens a beau être la référence partagée, la tendance à converger avec la ligne du Parti Communiste Français l’emporte. La CGT est le grand syndicat des travailleurs, avec cinq millions de membres, une unité déterminée : Benoît Frachon, du PCF et faisant office de dirigeant, lors de la remise de son rapport au 26e congrès de la CGT les 8-12 avril 1946, obtient un appui par 84,4 % des voix.

    Et elle a des succès concrets, tangibles. Aux élections à la Sécurité Sociale, la CGT a 59 % des voix, contre 26 % des voix pour la CFTC liée à l’Église catholique. La grève du mardi 25 mars 1947, pour la baisse des prix et la paix au Vietnam, rassemble un million de personnes en France, dont 500 000 à Paris et 180 000 à Lyon.

    Les masses passent du côté du PCF et comme seuls les syndicats de plus de 5000 membres ont droit de cité, la CGT a une orientation très nette. Au congrès de la CGT d’avril 1946, cette tendance pro-communiste représente 80 % des délégués, alors qu’électoralement le PCF représente même 29 % des voix aux élections nationales, étant le principal parti.

    Pour les tenants du syndicalisme libre, structurés dans Résistance Ouvrière devenue Force Ouvrière, il s’agit de faire le dos rond et d’attendre le moment opportun.

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  • La CGT réunifiée de 1943-1945, parallèle à celle de 1936

    Les tenants du syndicalisme libre, s’ils avaient le « manifeste des douze » de 1940, n’avaient toutefois plus l’initiative. Le PCF menait la résistance et il prônait l’unité à la base pour une nouvelle CGT. Il était impossible de faire face à un tel succès populaire et les tenants du syndicalisme libre durent donc composer. Différentes réunions clandestines eurent lieu à partir de 1943, car la CGT ne pouvait que se réunifier face à l’occupant allemand, la pression des masses étant aussi forte qu’en 1936.

    La CGT intégra ainsi les Comités départementaux de la Libération, appelant à la grève générale le 18 août 1944. Dès le lendemain commence l’insurrection parisienne, alors que l’Appel de la CGT clandestine aux travailleurs de France, publiée auparavant, prônait la mise en place de milices patriotiques.

    A la fin août 1944, il y avait à la direction de la CGT 6 personnes liées à la CGT de tradition réformiste, 3 de la tradition CGT Unitaire liée au PCF.

    Finalement, début septembre 1945, la CGT a comme dirigeants à la fois Léon Jouhaux, l’ex anarchiste toujours anticommuniste forcené mais désormais réformiste, et Benoît Frachon lié au PCF.

    On retrouve ici les deux tendances s’étant affirmées dans la CGT à la suite d’Octobre 1917 en Russie. Léon Jouhaux est secrétaire de la CGT depuis… 1909, et l’adjonction d’un autre secrétaire, communiste, témoigne de la base pro-PCF dans la CGT, puisque le vote de 1945 créant cette fonction a été victorieux avec 23 fédérations contre 15, 66 unions départementales contre 27.

    La une du journal Le Peuple, organe officiel de la Confédération générale du travail (CGT), datée du 28 septembre 1945.

    En fait, la CGT n’avait plus connu de réelle unité depuis la révolution russe, à part au moment de 1936. En fait, si la majorité des socialistes avait rejoint l’Internationale Communiste lors du congrès du Parti socialiste SFIO en 1920 à Tours, mais la CGT restait quant à elle à la traîne.

    Possédant une véritable identité, entre réformisme et anarchisme, elle s’opposa au communisme. Cela n’empêche pas une opposition de naître, mais celle-ci était surtout portée par les Comités syndicalistes révolutionnaires.

    D’ailleurs, si l’on regarde bien, bon nombre de communistes avaient également, en réalité, une lecture syndicaliste révolutionnaire. Concrètement, on peut s’apercevoir que l’interprétation de ce qu’était le bolchevisme pour bon nombre d’adhérents au Parti Communiste était largement erronée. Il s’ensuivit un parcours chaotique pour la Section Française de l’Internationale Communiste.

    La CGT fut en mesure de mettre à l’écart ces velléités syndicalistes révolutionnaires entremêlées de revendications communistes. Dès 1921, la tendance révolutionnaire est donc mise à l’écart, fondant une CGT dite unitaire, avec des communistes et des syndicalistes révolutionnaires, ce qui était intenable également.

    Un épisode marquant fut d’ailleurs la « fusillade de la Grange-aux-Belles », en janvier 1924, où un meeting communiste fut faire face aux provocations des syndicalistes révolutionnaires. Cela se termina au pistolet, avec deux morts.

    L’intense activité de l’Internationale Communiste força toujours plus le cours des choses et les syndicalistes révolutionnaires fondirent alors en 1926 la Confédération générale du travail – Syndicaliste révolutionnaire.

    Les choses en restèrent là jusqu’à la crise des années 1930. La CGT, s’unifiant sous l’impulsion des masses antifascistes face au 6 février 1934, était passé d’un million à cinq millions de membres dans le cadre du Front populaire. Les communistes revenaient sur le devant de la scène.

    Cependant, avec l’enlisement du Front populaire, les forces anticommunistes finirent par l’emporter et profitèrent du pacte germano-soviétique pour écraser les communistes par ailleurs désormais pourchassés par l’État lui-même. La Résistance et la Libération renversaient la situation et ramenaient les communistes sur le devant de la scène, dans le même schéma qu’en 1936.

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  • La CGT et le «manifeste des douze» de 1940

    La CGT, en tant que syndicat, rejette la politique et cela d’autant plus que les communistes en ont été exclus au début de la seconde guerre mondiale. La chasse aux communistes est telle qu’entre septembre 1939 et mars 1940, 620 syndicats et 675 associations sont même dissous, afin d’assécher littéralement tout le terrain.

    L’émergence du régime de Vichy et de l’Occupation allemande l’amène par conséquent à se plier aux nouvelles règles, afin de chercher à accompagner au mieux les travailleurs.

    C’est une logique de collaboration, conclusion logique de la formulation antipolitique. Ainsi, lors de la réunion de son Comité confédéral le 24 juin 1940, la CGT décide de proposer une « Communauté française du travail ».

    Puis, à Toulouse, le 20 juillet 1940, le Comité confédéral de la CGT fait abandonner dans les statuts l’objectif de l’abolition du salariat et du patronat. L’objectif est présenté comme suit :

    « La CGT se donne pour but de défendre les droits sacrés du travail, d’accroître le niveau de vie des travailleurs, de protéger la famille de ces derniers, et de collaborer à la prospérité nationale. »

    Par la suite, le régime de Vichy dissous les syndicats des travailleurs mais aussi ceux des patrons, afin de mettre en place des comités d’organisation par branche professionnelle. René Belin, adoubé par le dirigeant de la CGT Léon Jouhaux, un anticommuniste forcené issu de l’anarchisme, rejoint alors le régime.

    René Belin devient ainsi ministre de la production industrielle et du travail en novembre 1940 et gère la disparition de la CGT. Cela est inacceptable pour les syndicalistes qui, même s’ils sont anticommunistes, ne résignent pas au corporatisme. Ils veulent une unité sociale dans la lutte entre deux camps.

    Aussi, immédiatement, un Manifeste des douze est publié, prônant le syndicalisme libre, le rejet du communisme tout en prenant en même temps position contre le racisme. On y lit :

    « Le syndicalisme français doit s’inspirer de six principes essentiels :

    A. Il doit être anticapitaliste et, d’une manière générale, opposé à toutes les formes de l’oppression des travailleurs.

    B. Il doit accepter la subordination de l’intérêt particulier à l’intérêt général.

    C. Il doit prendre dans l’État toute sa place et seulement sa place.

    D. Il doit affirmer le respect de la personne humaine, en dehors de toute considération de race, de religion ou d’opinion.

    E. Il doit être libre, tant dans l’exercice de son activité collective que dans l’exercice de la liberté individuelle de chacun de ses membres.

    F. Il doit rechercher la collaboration internationale des travailleurs et des peuples (…).

    Au régime capitaliste doit succéder un régime d’économie dirigée au service de la collectivité. La notion du profit doit se substituer à celle du profit individuel. Les entreprises devront désormais être gérées suivant les directives générales d’un plan de production, sous le contrôle de l’Etat avec le concours des syndicats de techniciens et d’ouvriers. La gestion ou la direction d’une entreprise entraînera, de plein droit, la responsabilité pleine et entière pour toutes les fautes ou abus commis (…).

    Le syndicalisme ne peut pas prétendre absorber l’État. Il ne doit pas non plus être absorbé par lui. Le syndicalisme, mouvement professionnel et non politique, doit jouer exclusivement son rôle économique et social de défense des intérêts de la production.

    L’État doit jouer son rôle d’arbitre souverain entre tous les intérêts en présence. Ces deux rôles ne doivent pas se confondre (…).

    En aucun cas, sous aucun prétexte et sous aucune forme, le syndicalisme français ne peut admettre, entre les personnes, des distinctions fondées sur la race, la religion, la naissance, les opinions ou l’argent. Chaque personne humaine est également respectable. Elle a droit à son libre et complet épanouissement dans toute la mesure où celui-ci ne s’oppose pas à l’intérêt de la collectivité.

    Le syndicalisme ne peut admettre en particulier :

    — L’antisémitisme.

    — Les persécutions religieuses.

    — Les délits d’opinion.

    — Les privilèges de l’argent.

    Il réprouve en outre tout régime qui fait de l’homme une machine inconsciente, incapable de pensée et d’action personnelles. »

    On a ici le point de départ de la démarche du « syndicalisme libre », qui va aboutir à la CGT-Force Ouvrière. Isolés, ses activistes s’organisent autour de la revue d’un « comité d’études économiques et syndicales », en attendant la suite.

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  • Le XIXe congrès du PCUS(b) et l’année 1952 comme césure

    Il est nécessaire de considérer que, à partir de 1952, l’URSS a basculé dans le révisionnisme. Les raisons arguant en la faveur de cette thèse sont :

    – la modification de la définition du Parti – qui n’est plus le parti de la classe ouvrière ;

    – l’accentuation pragmatique sur une centralisation collégiale pour rendre plus aisé la gestion du développement des forces productives ;

    – l’abandon du principe de direction centralisée par un dirigeant servant de guide ;

    – la tendance à considérer le bellicisme impérialiste comme pouvant être unilatéralement contrecarré et même confiné ;

    – la considération que la construction du socialisme en URSS était terminée ;

    – l’infiltration au plus haut niveau des dirigeants ensuite ouvertement révisionnistes.

    De manière formelle, c’est le XXe congrès qui liquidera ouvertement la dimension socialiste. Cependant, c’est le XIXe congrès qui détermine ce qui aboutit justement au XXe congrès.

    Il est vrai que, si le XXe congrès avait été révolutionnaire, il aurait porté une simple rectification et non pas une autocritique. Le fait que cela ne soit pas le cas montre bien qu’il n’est pas possible de considérer que le XIXe congrès ait eu une autre nature que problématique.

    Le fait que Staline soit mort en 1953 n’est pas non plus un argument, car le XIXe congrès met celui-ci de côté dans la hiérarchie du Parti, de par la « collégialité » de la direction. En fait, par le XIXe congrès, Staline est déjà mis de côté et il a lui-même participé à ce processus qu’il a interprété, malheureusement, comme une passation à une nouvelle génération devant simplement « maintenir le cap ».

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  • Mikhail Souslov au XIXe congrès du PCUS(b)

    Il est important de noter l’intervention de Mikhaïl Souslov (1902-1982). Très peu connu, il a pourtant été le grand idéologue de l’URSS devenu révisionniste, étant le second secrétaire du PCUS du 6 décembre 1965 jusqu’à sa mort, le 25 janvier 1982.

    C’est Mikhail Souslov qui est au coeur du remplacement de Nikita Khrouchtchev – qu’il avait initialement soutenu – par Léonid Brejnev. Il fut également le protecteur de Iouri Andropov, qui prit sa position à sa mort, ainsi que de Mikhaïl Gorbatchev.

    Le XIXe congrès du PCUS(b) l’a intégré au présidium, le nouvel organe faisant disparaître le Bureau Politique. Il est également l’un des dix membres du « super » Secrétariat ayant le contrôle de la sélection des responsables du Parti.

    Voici un extrait de son discours.

    « Et le nouveau travail brillant du camarade Staline, Les problèmes économiques du socialisme en URSS, ouvre de magnifiques perspectives de la marche victorieuse de notre pays au communisme et démontre à nouveau au monde entier la force et le pouvoir inépuisables du système social socialiste soviétique, ses avantages indéniables sur le système social capitaliste.

    Le cinquième plan quinquennal définit une nouvelle montée en puissance de l’économie nationale de l’URSS et constituera une nouvelle étape dans la création de la base matérielle et technique du communisme.

    Le plan prévoit également des tâches importantes et responsables dans le domaine du développement de la culture socialiste, auxquelles je voulais consacrer mon discours (…).

    Dans le nouvel ouvrage classique intitulé Les problèmes économiques du socialisme en URSS, le camarade Staline a présenté une analyse complète et approfondie des principaux problèmes de l’économie politique et surtout des problèmes liés à la transition progressive de la société soviétique du socialisme au communisme.

    Avec la lumière de la science marxiste-léniniste, le camarade Staline a éclairé les voies et les méthodes de construction du communisme et a ainsi apporté une aide extraordinaire à notre parti, à tous les bâtisseurs de la société communiste, à l’ensemble du mouvement ouvrier international (…).

    L’éducation communiste a pour but de faire en sorte que tous les travailleurs, en particulier les jeunes de notre pays, soient profondément cultivés et instruits, alertes et persistants, sans crainte des difficultés et des obstacles, pour les éduquer dans l’esprit d’une attitude socialiste à l’égard du travail et de la propriété publique, dans l’esprit du ardent patriotisme soviétique et de la politique prolétarienne internationaliste, dans un esprit de dévouement désintéressé à la grande cause du communisme.

    L’éducation communiste des travailleurs constitue le moyen le plus important dans la lutte pour une productivité élevée du travail, pour le renforcement de la discipline socialiste du travail, pour le renforcement et le développement de la propriété sociale, pour la croissance future du pouvoir de l’État soviétique (…).

    L’édification de la culture socialiste et l’éducation communiste des travailleurs constituent une offensive contre l’idéologie bourgeoise réactionnaire, contre les fainéants et les pillards de la propriété publique, contre les bureaucrates et les contrevenants à la discipline de l’État, contre les peuples qui sont soumis à la culture réactionnaire bourgeoise et au mode de vie capitaliste, aux perversions nationalistes et cosmopolites hostiles à l’idéologie soviétique et l’amitié entre les peuples, contre l’apolitisme et le manque d’idéologie dans la littérature, les arts et la science.

    L’éducation publique est un levier puissant pour la construction d’une culture socialiste et de l’éducation communiste des travailleurs. »

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  • Le message du Parti Communiste de Chine au XIXe congrès du PCUS(b)

    Six membres du Parti Communiste de Chine, dont Liu Shao-qi, ont assisté au XIXe congrès du PCUS(b). Voici le message envoyé par le Comité Central au XIXe congrès, lu à la tribune.

    Cher camarade Staline ! (Applaudissements)

    Chers camarades, délégués au XIXe Congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik) !

    Le Comité central du Parti Communiste de Chine, au nom de tous les membres du parti, adresse ses sincères salutations et ses chaleureuses félicitations au XIXe Congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik). (Applaudissements prolongés)

    Créé et promu par Lénine et Staline, le Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik) a remporté une grande victoire dans une longue lutte, sans précédent dans l’histoire du monde.

    Sous la direction du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik), la grande Révolution Socialiste d’octobre a été lancée, inaugurant une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité, marquant le passage radical du vieux monde capitaliste à un nouveau monde socialiste.

    Sous la direction du parti bolchevik, le peuple soviétique a triomphé dans le socialisme, a créé un nouveau système social qui ignore l’exploitation de l’homme par l’homme.

    Sous sa direction, le peuple soviétique et l’armée soviétique remportèrent la victoire, sauvant ainsi l’humanité de l’esclavage par le fascisme germano-italien et japonais et ouvrant la voie à la lutte des peuples du monde entier pour une paix durable et une démocratie populaire.

    Sous sa direction, le peuple soviétique, dans la lutte pour la réalisation du cinquième plan de développement quinquennal de l’Union soviétique, progresse vers une excellente société communiste.

    Tout cela constitue une contribution considérable à la cause du mouvement communiste et inspire infiniment les travailleurs du monde entier, renforce leur confiance dans la lutte pour leur libération, pour le grand avenir communiste.

    Les noms de Lénine et de Staline sont la bannière qui dirige les travailleurs du monde entier. Le Parti Communiste d’Union Soviétique est un exemple pour tous les partis communistes et ouvriers. (Applaudissements prolongés)

    L’Union soviétique, dirigée par le Parti communiste, le parti de Lénine-Staline, est un puissant bastion de la paix et de la démocratie dans le monde entier.

    Toute entreprise progressiste sur le globe est inextricablement liée à l’existence et au développement de l’Union soviétique.

    Les yeux des peuples de la terre entière sont tournés vers l’Union soviétique, dans laquelle ils voient leur avenir et leur espoir.

    Les nations opprimées de l’Est, asservies depuis longtemps par l’impérialisme, voient les succès de la construction en Union soviétique et les efforts de celle-ci dans la lutte pour la paix dans le monde, ce qui renforce leur confiance dans la lutte pour la libération nationale. (Applaudissements)

    Le Parti Communiste de Chine a été créé sous l’influence directe de la Grande Révolution socialiste d’octobre et à l’instar du Parti communiste d’Union soviétique.

    Les brillantes instructions du camarade Staline sur la révolution chinoise revêtent une importance capitale et inestimable pour la victoire que le peuple chinois a remportée dans la révolution sous la direction du Parti communiste chinois.

    La victoire de la révolution chinoise et les grandes réalisations de la construction au cours des trois années écoulées depuis la fondation de la République populaire de Chine prouvent que, lorsque les enseignements de Marx-Engels-Lénine-Staline sont appliqués, l’expérience acquise est appliquée correctement.

    Le Parti communiste de l’Union soviétique dans la révolution et la construction – la victoire est toujours assurée. (Applaudissements prolongés et tempétueux)

    Le XIXe Congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik) est le plus grand événement d’importance internationale. Ce congrès va profondément inspirer les travailleurs du monde entier, tous les peuples épris de paix, et leur insuffler une nouvelle énergie.

    Nous souhaitons du succès au congrès !

    Nous souhaitons au Parti communiste de l’Union soviétique, dirigeant le peuple soviétique, de nouvelles victoires, encore plus grandioses, dans la glorieuse cause de la construction du communisme et de la défense de la paix dans le monde ! (Applaudissements tempétueux).

    Vive le grand et glorieux Parti Communiste d’Union Soviétique ! (Applaudissements prolongés)

    Vive la victoire du marxisme-léninisme! (Applaudissements prolongés)

    Vive le grand dirigeant et enseignant des travailleurs du monde entier, le camarade Staline ! (Applaudissements violents se transformant en une ovation debout. Tout le monde se lève. Exclamations: « Hourra! », « Longue vie au camarade Staline! »).

    Vive l’éternelle puissante amitié et union des peuples chinois et soviétique ! (Applaudissements prolongés et tempétueux, se transformant en une ovation debout. Tout le monde se lève).

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  • Les délégués étrangers au XIXe congrès du PCUS(b)

    De nombreuses délégations étrangères furent présentes lors du congrès, à quoi s’ajoute des messages de salutation. La délégation des communistes américains n’obtint par exemple pas de visa de la part de leur gouvernement et ne put envoyer ainsi qu’un message.

    Parmi les grandes figures connues, on a l’immense dirigeant communiste grec Nikos Zachariadis, qui avec ses camarades en exil en URSS affrontera bientôt avec une combativité exemplaire la « déstalinisation ».

    On a également Vylko Chervenkov du Parti Communiste Bulgare, Clement Gottwald du Parti communiste de Tchécoslovaquie, Matias Rakosi du Parti ouvrier hongrois, Boleslav Bierut du Parti Ouvrier Unifié Polonais.

    Gloire au grand Staline

    Sont présents aussi Wilhelm Pieck du SED d’Allemagne de l’Est, Luigi Longo du Parti Communiste italien, Maurice Thorez du Parti Communiste français, Dolores Ibarruri du Parti Communiste d’Espagne, Enver Hoxha du Parti du Travail d’Albanie, Liu Shao-qi du Parti Communiste de Chine, Gheorghe Gheorgiu-Dej du Parti ouvrier roumain, Harry Pollit du Parti Communiste de Grande-Bretagne, Ayillyath Kuttiari Gopalan du Parti Communiste d’Inde.

    Luis Longo, qui par la suite devint le dirigeant du Parti Communiste Italien à la suite de Palmiro Togliatti, pour la période 1964-1972, et donc un farouche révisionniste, termina son discours de la manière suivante :

    « Le travail pour lequel vous vous battez et pour lequel vous travaillez est notre affaire et le travail de tous ceux qui croient en l’avenir de l’humanité. Nous vous souhaitons beaucoup de succès dans les travaux de votre congrès, qui marquera une nouvelle et glorieuse étape dans votre pays!

    Nous souhaitons longue vie au camarade Staline, un combattant courageux et invincible de la démocratie, du socialisme et de la paix! (Applaudissements prolongés et tempétueux)

    Vive le 19e Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique! (Applaudissements)

    Vive la grande bannière du socialisme, la bannière de Marx – Engels – Lénine – Staline! »

    A côté de ces figures assez célèbres, on a Axel Larsen du Parti communiste du Danemark, Brinyalfur Bjarnasson du Parti socialiste unifié d’Islande, Hilding Hagberg du Parti communiste de Suède, Emil Levlien du Parti communiste de Norvège, Ville Pessi du Parti communiste de Finlande.

    A cela s’ajoute Max Reiman du Parti Communiste d’Allemagne (actif à l’ouest), Johann Koplenig du Parti Communiste d’Autriche, Edgar Lalman du Parti communiste de Belgique, Dominic Urbani du Parti communiste luxembourgeois, Edgar Voog du Parti suisse du travail, Paul de Groot du Parti communiste de Hollande, Bonomo Tominets du Parti communiste du territoire libre de Trieste, un représentant du Comité central du Parti Communiste de Birmanie, Morris Leslie du Parti ouvrier progressiste du Canada et Lawrence Sharkey du Parti Communiste d’Australie.

    Il y a également Reza Radmanesh pour les communistes d’Iran, Khaled Bahdash du Parti communiste de Syrie et du Liban, Samuel Mikounis du Parti communiste d’Israël, Ismail Bilen du Parti communiste de Turquie, Larbi Buhali du Parti Communiste d’Algérie.

    On a aussi un représentant de l’Union des patriotes yougoslaves pour la libération des peuples de Yougoslavie de l’oppression fasciste de la clique Tito-Rankovich et de l’esclavage impérialiste, un représentant du Comité central du Parti Communiste d’Indonésie, Dashiin Dam du Parti révolutionnaire du peuple mongol, un représentant du Parti des travailleurs du Vietnam, Pak Den Ay du Parti du Travail de Corée.

    Est présent Rodney Arismendi, du Parti communiste d’Uruguay, ainsi que Victorio Codovilla du Parti communiste argentin (qui sera également présent au XXe et XXIIe congrès du PCUS), Blas Roca du Parti socialiste populaire de Cuba, un représentant du Comité central du Parti communiste du Brésil et F. Bolanos du Parti communiste du Venezuela.

    Il y a également des salutations envoyées par le Parti Communiste du Mexique, le Parti Communiste du Paraguay, le Parti Communiste de l’Équateur, le Parti communiste du Guatemala, du Comité central du Parti Communiste de Colombie.

    Des salutations sont également envoyées par le Parti Communiste du Pakistan, le Parti Communiste de Thaïlande, le Parti Communiste de Ceylan, le Parti Communiste de Nouvelle-Zélande, le Parti Communiste des États-Unis.

    Ali Yata, secrétaire du Parti Communiste marocain, a envoyé un message depuis sa prison française en Algérie ; il y a également des messages du Parti Communiste tunisien, du Parti des travailleurs progressistes de Chypre, du Parti Communiste de Porto Rico, du Parti Communiste de Saint-Marin, du Comité central du Parti communiste du Portugal, du Parti Communiste du Japon.

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  • Le message de Staline au XIXe congrès du PCUS(b)

    Staline prit brièvement la parole à la fin du XIXe congrès du PCUS(b). Voici la fin de son discours, posant l’axe stratégique du Mouvement Communiste International.

    On voit parfaitement que, si Staline a bien saisi la question de fond du décalage forces productives / rapports de production dans le socialisme, ce qu’il expose dans Les problèmes économiques du socialisme publié à l’occasion du congrès, il y a la considération que désormais, seule l’URSS peut connaître un véritable développement économique et que par conséquent, toute stratégie doit avoir cela comme axe central.

    Les contradictions internes au pays sont à saisir par rapport à la question de la possibilité de développement. C’est une grave erreur, pavant la voie de manière résolue au révisionnisme qui aura précisément ce discours « productiviste » dans les pays capitalistes, le plus grand théoricien à ce niveau étant le français Paul Boccara, qui reprit le concept de capitalisme monopoliste d’État d’Eugen Varga puis développa le concept de la « suraccumulation-dévalorisation » du capital.

    Cela est d’autant plus dommage que Staline a parfaitement compris que la question révolutionnaire était bien entendu interne à chaque pays, avec la question centrale de l’héritage culturel national que la classe ouvrière devait assumer.

    Honneur et gloire
    aux enseignants soviétiques !

    « Auparavant, la bourgeoisie était considérée comme le chef de la nation, elle défendait les droits et l’indépendance de la nation, les plaçant « au-dessus de tout ».

    Il n’y a plus aucune trace de ce « principe national ». Maintenant, la bourgeoisie vend les droits et l’indépendance de la nation pour des dollars. La bannière de l’indépendance nationale et de la souveraineté nationale est jetée par-dessus bord.

    Il ne fait aucun doute que vous, les représentants des Partis Communistes et démocratiques, devrez lever cette bannière et la porter si vous voulez être patriotes de votre pays, si vous voulez devenir la force directrice de la nation. Il n’y a personne d’autre pour l’élever. (Applaudissements tempétueux)

    Telle est la situation à présent.

    Il est clair que toutes ces circonstances devraient faciliter le travail des Partis Communistes et démocratiques qui ne sont pas encore arrivés au pouvoir.

    Par conséquent, il y a tout lieu de compter sur les succès et la victoire des partis frères dans les pays où le capital domine. (Applaudissements tempétueux)

    Vive nos partis fraternels! (Applaudissements prolongés)

    Longue vie et santé aux chefs des partis fraternels ! (Applaudissements prolongés)

    Vive la paix entre les nations! (Applaudissements prolongés)

    A bas les pyromanes bellicistes ! (Tout le monde se lève. Applaudissements tempétueux et prolongés, se transformant en une ovation debout. Exclamations: « Longue vie au camarade Staline! », « Longue vie au grand dirigeant des travailleurs du monde, le camarade Staline! », « Vive la paix entre les peuples ! »

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  • Le XIXe congrès du PCUS(b) et l’aspect économique

    Le XIXe congrès du PCUS(b) se plaçait dans une optique foncièrement économique. On se situe ici dans une perspective de reconstruction et de relance de la dynamique soviétique. Cela était déjà marqué par un grand succès et il s’agissait de le prolonger : entre 1940 et 1951, le revenu national soviétique avait augmenté de 83 %, en sachant que les 3/4 vont aux besoins matériels et culturels, 1/4 pour le prochain cycle productif.

    Pratiquement chaque orateur fit ainsi subir aux participants au congrès une avalanche de données sur sa zone géographique. En fait, chaque république et beaucoup de zones ont un représentant présentant la situation locale, avec comme axe central la question de la construction économique, au moyen d’une foule de données et de chiffres sur le niveau de production, les constructions effectuées, les équipements mis en place, etc.

    Il suffit de donc lire les discours tenus au congrès pour avoir un aperçu des plus exacts de l’économie soviétique. On sait absolument tout sur le nombre d’écoles, de conducteurs de locomotives, de centrales hydroélectriques, d’étudiants à l’université… la qualité de tel ou tel type de plâtre pour la construction, les chiffres de production des différents métaux, l’évolution de la production des machines agricoles, la progression de la technique du tissage, le niveau des précipitations…

    Rien n’est omis ou caché, pas même la véritable pénurie de logements, tout à fait reconnue.

    Tout cela est fort important, mais cela montre que le XIXe congrès a été, concrètement, une chambre d’enregistrements des constats et des prévisions, de la révision des statuts et du plan quinquennal qui plus est déjà en cours.

    C’est là très mauvais sur le plan de la vie du Parti. Cela est d’autant plus grave que grâce à la construction du socialisme en URSS, les délégués au congrès représentent eux-mêmes une nouvelle génération éduquée.

    Sur les 1 192 délégués présents au congrès, 709 ont fait des études supérieures, 84 ont fait des études supérieures incomplètes, 223 ont fait des études secondaires et 176 ont fait des études secondaires et primaires incomplètes.

    Parmi les 709 ayant fait des études supérieures, on a 282 ingénieurs, 68 agronomes, spécialistes de l’élevage et autres spécialistes de l’agriculture, 98 enseignants, 18 économistes, 11 médecins, 7 avocats.

    Cela signifie qu’1/6 des délégués a une approche d’ingénieur. Cela ne peut pas ne pas avoir de conséquence dans l’approche, dans le style, et le Parti n’a pas évalué cet aspect, qui pousse pourtant par définition à une lecture techniciste.

    Or, comme qui plus est on dans l’approche comme quoi le socialisme est installé de manière parfaite, qu’il suffit de développer les forces productives, cette tendance ne peut que tendanciellement prendre le dessus.

    Cela est d’autant plus vrai que de par le système de planification s’appuyant sur la base socialiste, les objectifs continuent d’être très hauts. Le plan quinquennal prévoit, en 1955 par rapport à 1950, une hausse de 70 % de la production industrielle brute.

    La hausse prévue est de 43 % pour le charbon, 62 % pour l’acier, 80 % pour l’électricité, de 350 % pour les équipements pétroliers, de 88 % pour les engrais minéraux, de 220 % pour le ciment, de 46 % pour le papier, de 20 % pour les voitures, de 19 % pour les tracteurs, de 61 % pour le coton, de 78% pour le sucre, de 77 % pour les huiles végétales, de 75 % pour le thé vert, avec un cheptel devant pratiquement doubler, etc.

    Le revenu national a une augmentation prévue de 60 %.

    La question de l’aspect économique, dans sa dimension ici fortement réduite à la question de l’accroissement des forces productives, pose ici un véritable souci.

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  • Le XIXe congrès du PCUS(b) et les problèmes de l’appareil du Parti

    L’un des aspects essentiels du XIXe congrès est une critique récurrente de l’appareil du Parti. Il y a ici deux types de critiques. La première, c’est qu’il y a un vrai problème avec la critique et l’autocritique. Il s’agit de revenir au principe de Staline comme quoi une critique, même si elle n’est valable qu’à 5 ou 10 %, doit être pris en compte, considérée comme recevable au moins partiellement et ainsi étudiée avec soin.

    Il y a de fait dans le Parti une tentative de contournement de cet aspect, et cela d’autant plus que les années d’immédiates après-guerre ont exigé une implication concrète décisive mettant de côté la focalisation sur la dimension idéologique.

    Il y a donc un formalisme dans les réunions, les assemblées, les conférences, etc. La vigilance s’estompe d’autant plus.

    La seconde critique revenant lors du XIXe congrès est donc qu’il y a justement des comportements incorrects se manifestant de manière parfois dangereuse. Il y a un conformisme et une insouciance de la part des cadres, et même des secrets de l’État ou du Parti qui se voient divulgués.

    Il y a ainsi une situation qui se produit où la sélection des postes se fait de manière arbitraire, perdant donc toute caractère politique correct et permettant la formation d’espaces pour les opportunistes.

    Les orateurs du congrès sont lourdement revenus sur ces deux critiques à l’appareil du Parti.

    Un autre aspect est mentionné, mais sans qu’il se voit reconnu une importance fondamentale : l’énorme agrandissement du Parti.

    Le PCUS(b), au premier octobre 1952, avait 6 013 259 membres et 868 886 candidats au statut de membre. En termes de nombre, la différence avec le congrès précédent, treize ans plus tôt, est très marquée. En 1938, le PCUS(b) avait en effet 1 588 852 membres et 888 814 candidats au statut de membre.

    Il y a eu donc un véritable saut quantitatif, qui ne doit pas masquer un aspect fondamental : une partie significative des meilleurs membres du Parti sont morts en raison de la Seconde Guerre mondiale. Il y a ici une véritable tentative par le PCUS(b) de compenser la perte qualitative par un mélange nombre + dynamique.

    L’ouverture du Parti a une nouvelle génération, associée à un élan dans la construction d’une étape nouvelle, devait être la clef pour la continuité. Tel était l’espoir de Staline.

    Or, il va qu’un tel accroissement implique une perte de niveau, et cela d’autant plus qu’il y a eu une mortalité massive chez les meilleurs éléments qui ont été en première ligne face à l’envahisseur hitlérien. Staline a ici effectué un choix unilatéral : tenter de forcer la continuité du Parti en s’appuyant sur la dynamique du renforcement du pays dans l’après-guerre et dans ce qui était considéré, à tort, comme une nouvelle étape.

    Deux autres aspects essentiels s’ajoutent à cela, jouant précisément sur cette question qualitative qui plus est. Ainsi, parmi les délégués, il n’y a que 147 femmes, soit 12,3% du nombre total. C’est la preuve d’un véritable problème de fond dans le Parti et on devine que la question de la guerre a joué à l’arrière-plan, en plus du travail devant être à parcourir initialement sur cette question.

    Il y a ici un problème fondamental dans le PCUS(b).

    Un autre problème est la prépondérance de certains centres. Les délégués de Moscou, bastion du Parti, sont 129, soit plus de 10 % de l’ensemble. Cela forme un poids écrasant dans la vie du Parti, déformant forcément la vie démocratique interne, et cela d’autant plus dans un pays de la dimension de l’URSS.

    Il faut se rappeler ici que le Parti à Leningrad – qui a 60 délégués au congrès – a dû être littéralement décapité après-guerre en raison de la formation d’une fraction appelant à former une mini-république semi-autonome.

    Les autres villes russes suivent loin derrière : Gorki a 25 délégués, Sverdlovsk 23, Rostov 18, Saratov 18, Khabarovsk 18, Krasnodar 17, Voronej 17, la région de Primorye (avec Vladivostok) 17, Chelyabinsk 16, Kouibyshev 16, Bachkir 15, etc.

    Il en va de même pour les villes ukrainiennes : Kiev a 20 délégués, Kharkov 16 ans, Stalino (devenue Donetsk en 1961) 15, Dnepropetrovsk 12, etc.

    La délégation kazakh a 42 délégués, la géorgienne 32, la biélorusse 28, l’ouzbek 25, l’azerbaïdjanaise 23.

    Cela signifie que le Parti a son centre de gravité, le plus grand nombre de membres, à Moscou et qu’il y a là-bas une dynamique particulière, inévitablement. C’est là ouvrir un espace pour les opportunistes.

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  • Le XIXe congrès du PCUS(b) et le changement d’organisation du Parti

    Les changements annoncés par Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du Comité Central du PCUS(b), peuvent être résumés par un simple principe : il n’y a plus de direction centralisée qui serve de guide.

    La modification des statuts – dans l’esprit désormais de la bonne gestion pour l’édification du communisme, le socialisme étant atteint – est l’aspect secondaire de la clef qui est la disparition de la centralisation politique.

    Staline n’est ainsi plus secrétaire général du Parti : ce poste est aboli. Il est désormais simplement membre du Comité Central, au même titre que d’autres.

    Le Bureau Politique disparaît. Il consistait en un Comité Central réduit, prenant les décisions lorsque celui-ci ne se tenait pas. Il est désormais remplacé par un « présidium du Comité Central ».

    Nikita Khrouchtchev prétendit au XIXe congrès que ce n’était qu’un changement de dénomination, que le terme reflétait mieux le rôle joué par le Bureau Politique. En réalité, on passe désormais à un système collégial, qui va être de rigueur désormais en URSS jusqu’à son effondrement.

    Le Bureau Politique avait 9 membres et 2 suppléants au précédent congrès, le Présidium nouvellement fondé a 25 membres et 11 suppléants. C’est une hausse parallèle à celle décidée pour le Comité Central, qui a dorénavant 125 membres et 110 suppléants, pour 71 et 68 respectivement auparavant.

    On devine déjà le jeu des chaises musicales qui va se dérouler., rendant d’ailleurs profondément instable pour la période 1953-1964 la direction du Parti devenu révisionniste.

    Un autre aspect est la disparition du Bureau d’organisation et du Secrétariat du Comité Central. Le Bureau d’organisation s’occupait de gérer les postes clefs du Parti, en choisissant les membres adéquats, ainsi que de superviser toutes les structures du Parti sur le plan de l’organisation.

    Le Secrétariat du Comité Central était une institution quant à elle ancrée dans l’organisation depuis le VIIIe congrès du Parti Communiste de Russie (bolchevik), en 1919. Son rôle était la vie courante du Parti, soit la formation des cadres, l’instruction des membres du Parti et leur organisation, la propagande et l’agitation, mais également l’ensemble des activités où le Parti était impliqué, ce qui signifiait de très nombreux aspects pour l’URSS, justement guidé par le Parti.

    Le XIXe congrès forme une sorte de super « secrétariat », combinant les tâches du Bureau d’organisation et du Secrétariat du Comité Central. Cela signifie dans les faits une super centralisation, censée être justifiée par le caractère collégial du Présidium du Comité Central.

    Le nombre de membres est d’ailleurs très restreint. Alors que le Bureau d’organisation disposait de 9 membres et le Secrétariat du Comité Central quatre membres, le nouveau « super » secrétariat n’a que dix membres.

    En pratique, cela sera un sas pour la bataille pour le pouvoir au sein de l’URSS révisionniste. Les dix membres appartiennent forcément au Comité Central et les secrétaires les plus « expérimentés » du secrétariat appartiennent en même temps au « super » secrétariat et au présidium, cette double appartenance étant un sas pour la direction (ce fut la norme pour tous les dirigeants de l’URSS à partir de Nikita Khrouchtchev).

    Un autre point, très important, consiste en les organes de contrôle. Il y a ici tous les ingrédients pour le coup d’État qui va avoir lieu par la suite.

    Initialement, il y avait à partir de 1920 une Inspection ouvrière et paysanne, chargée de surveiller les organes d’État, les administrations locales et les entreprises. Ses fonctions passèrent, au XVIIe congrès du PCUS(b) en 1934, à une Commission Populaire de Contrôle auprès du Conseil des commissaires du peuple.

    Une Commission Centrale de Contrôle auprès du Comité Central fut mis en place également, pour se charger de son côté de surveiller la discipline des membres du PCUS, prenant le relais d’une autre structure ayant ce rôle.

    Les changements furent les suivants :

    a) En mars 1946, les commissaires du peuple devinrent des ministres, les commissariats du peuple des ministères. La Commission Populaire de Contrôle auprès du Conseil des commissaires du peuple devint un ministère. Il en resta ainsi au XIXe congrès.

    b) La Commission Centrale de Contrôle du Parti fut radicalement modifiée au XIXe congrès du PCUS(b), devenant un Comité auprès du Comité Central. Il y a dorénavant des « chargés de pouvoir » représentant le Comité pouvant être envoyés n’importe où dans le pays, représentant en tant que tel la direction.

    Cette subordination de la Commission Centrale de Contrôle du Parti s’accompagne également du caractère désormais intouchable du Comité Central.

    En effet, si c’est toujours le congrès qui décide de tout, celui-ci ne se réunit que tous les quatre ans et le XIXe congrès supprime la réunion, à l’appel du Comité Central, au minimum une fois par an, d’une conférence des organisations locales du Parti. Cette conférence avait le droit de modifier le cinquième des membres du Comité Central.

    On a donc un Comité Central intouchable, avec en son sein dix personnes formant le « super » secrétariat et ayant donc la main sur l’appareil au niveau de l’autorité, tandis que les choix politiques étaient décidées de manière collégiale par le Comité Central, le présidium plus restreint menant la politique proprement dite, avec un noyau dur de dirigeants à la fois membres du présidium et du « super » secrétariat façonnant le Parti à sa guise.

    On a là tout le dispositif de l’équilibre à la fois stable et conflictuel entre factions bourgeoises au sein du PCUS devenu révisionniste. Ce mode d’organisation n’est en rien conforme aux exigences communistes.

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  • Nikita Khrouchtchev et le changement d’organisation du Parti au XIXe congrès du PCUS(b)

    C’est Nikita Khrouchtchev qui, en tant que secrétaire du Comité central du PCUS (B), présente la modification des statuts du Parti, ainsi que le changement d’organisation.

    Le justificatif est le passage à une nouvelle période, celle de l’édification du communisme.

    Voici une partie de son argumentaire, d’autant plus intéressant qu’il va être lui-même à la pointe de la « déstalinisation » quatre ans plus tard :

    « Sous la direction du Parti communiste, le peuple soviétique a défendu les grandes avancées socialistes et remporté des victoires d’importance historique mondiale grâce à sa lutte héroïque dans la guerre patriotique.

    Dans l’après-guerre, les travailleurs de notre pays, grâce à leur travail créatif et désintéressé, ont assuré la mise en œuvre du quatrième plan quinquennal de construction économique pacifique et ont réalisé les plus grandes réalisations dans tous les domaines de l’économie, de la science et de la culture.

    Parallèlement à la croissance de l’économie, le bien-être matériel et le niveau culturel des masses ne cessent d’augmenter.

    Les victoires et les succès ont été le résultat de la politique correcte du Parti communiste, de la direction avisée du Comité central Léninien-Stalinen, de notre dirigeant et enseignant bien-aimé, le camarade Staline (…).

    Les discours du camarade Staline, la compilation formant le livre « De la grande guerre patriotique de l’Union soviétique », les travaux du camarade Staline sur « Le marxisme et les problèmes de linguistique », les décisions du Comité central sur les questions idéologiques revêtent une grande importance pour le travail idéologique et éducatif de notre pays.

    Le camarade Staline, avec « Les problèmes économiques du socialisme en URSS », apporte une nouvelle contribution inestimable à la théorie du marxisme-léninisme. Le camarade Staline, qui développe de manière créative la science marxiste-léniniste, arme le parti et le peuple soviétique de la doctrine de la nature des lois économiques du capitalisme moderne et du socialisme, ainsi que des conditions pour préparer la transition du socialisme au communisme.

    Le travail du camarade Staline sur les questions économiques, à l’instar de ses autres travaux, revêt une importance capitale pour la construction d’une société communiste, l’éducation des membres du parti et de tous les travailleurs dans l’esprit des idées immortelles du léninisme.

    Maintenant, alors que le peuple soviétique lance une nouvelle lutte énergique pour mettre en œuvre le grand programme de travail visant à édifier une société communiste, le rôle dirigeant et organisateur du Parti communiste et l’importance de son travail organisationnel, idéologique et éducatif augmentent.

    Le camarade Staline enseigne qu’après que la ligne correcte ait été donnée, que la solution correcte ait été donnée, le succès de la question dépend du travail organisationnel, de l’organisation de la lutte pour mettre en œuvre la ligne du parti (…).

    Premièrement, le nom du parti «Parti communiste de l’Union soviétique» est plus exact. Ce nom du parti, qui est le parti au pouvoir dans notre pays, correspondra davantage aux noms des organes de l’Union soviétique; deuxièmement, il n’est pas nécessaire à l’heure actuelle de conserver le double nom du parti – communiste et bolchevique, car les mots «communiste» et «bolchévique» expriment le même contenu (…).

    Toutes les activités du Parti communiste sont subordonnées au grand objectif d’édifier le communisme dans notre pays en créant les conditions préalables nécessaires à une transition radicale de l’économie du socialisme à une autre, une économie supérieure, à l’économie du communisme.

    Construire une société communiste est devenu la tâche pratique des peuples de l’Union soviétique. Les tâches assignées par le Parti communiste incitent le peuple soviétique à se battre pour que le cinquième plan quinquennal soit dépassé, pour que de nouvelles victoires soient remportées dans la construction du communisme (…).

    Le projet de statut modifié propose de transformer le Politburo en présidium du Comité central du parti, organisé pour guider les travaux du Comité central entre les plénums.

    Une telle transformation est recommandée car le nom de « Présidium » est plus cohérent avec les fonctions actuellement assumées par le Politburo.

    La pratique a montré qu’il est conseillé de concentrer les travaux d’organisation actuels du Comité central au sein d’un seul organe – le Secrétariat – et qu’il n’existe donc pas de bureau d’organisation du Comité central à l’avenir (…).

    La Charte du parti adoptée par le Congrès est un document d’un pouvoir d’organisation et de mobilisation extrêmement puissant. Ce sera un moyen important de renforcer l’éducation idéologique des communistes, des cadres de parti et d’État dans l’esprit du léninisme, ainsi que le développement de la démocratie, de la critique et de l’autocritique internes au parti. La charte élèvera le travail organisationnel du parti à un niveau supérieur.

    Armé de l’enseignement conquérant du marxisme-léninisme, le Parti communiste rallie encore plus étroitement les millions de travailleurs et travailleuses de notre pays sous la grande bannière de Lénine et Staline. (Applaudissements tempétueux).

    Vive le puissant Parti Communiste, conduisant avec confiance le peuple soviétique à de nouvelles victoires, au triomphe du communisme! (Applaudissements prolongés)

    Vive le sage dirigeant du parti et du peuple, l’inspirateur et l’organisateur de toutes nos victoires, le camarade Staline! (Applaudissements prolongés et tempétueux, se transformant en une ovation debout. Tout le monde se lève) »

    Nikita Khrouchtchev célèbre Staline qu’il dénoncera quelques années plus tard. Mais il est surtout au cœur du processus de transformation du Parti, qui va perdre son noyau dur : le principe de direction centralisée servant de guide.

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  • Le XIXe congrès du PCUS(b) et le changement de nom du Parti

    Puisque la définition du Parti a changé et qu’il est considéré que le socialisme a gagné, qu’on passe au communisme, alors le nom du Parti ne peut que changer. Cela ne s’est pas vraiment remarqué hors d’URSS en raison d’un choix pragmatique fait pour les traductions.

    Dans un souci de clarté, il est en effet parlé du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik) – PCUS(b). Cependant, en réalité, son nom était Parti Communiste Panunioniste (des bolcheviks), soit VKP(b) [Всесоюзная коммунистическая партия (большевиков) – ВКП(б)].

    Avec le XIXe congrès, le VKP(b) devient le PCUS (Коммунистическая партия Советского Союза – КПСС).

    Du point de vue occidental, il y a seulement eu le (b) qui a été enlevé, mais du point de vue soviétique, le changement est beaucoup plus grand que cela.

    C’est que le nom choisi en 1925 correspond à une unité de différents pays à la suite de la guerre civile, faisant de l’identité du Parti celui de la bataille pour le socialisme, tandis que le nom choisi en 1952 établit bien plus symboliquement le rapport à un régime déjà établi.

    Voici le texte de la résolution sur le changement de nom de parti, qui a été adoptée à l’unanimité le 13 octobre 1952, lors du congrès :

    « Le double nom de notre parti, « communiste » – « bolchevik », formé historiquement à la suite de la lutte contre les mencheviks, visait à s’isoler du menchévisme.

    Le parti menchevik ayant depuis longtemps quitté la scène en URSS, le double nom du parti a perdu sa signification, ce d’autant plus que le concept de « communiste » exprime plus précisément le contenu marxiste des tâches du parti, tandis que le concept de « bolchevik » n’exprime qu’un fait historique qui a depuis longtemps perdu sa signification.

    Lors du deuxième congrès du parti en 1903, les léninistes obtinrent la majorité des voix; c’est pourquoi on les appela « bolcheviks », la partie opportuniste demeura dans la minorité et reçut le nom de « mencheviks ». »

    À cet égard, le XIXe Congrès du parti décide:

    Le Parti communiste unifié des bolcheviks (VKP / b /) sera dorénavant appelé le « Parti communiste de l’Union soviétique » (PCUS).

    Cette transformation reflète une profonde erreur d’interprétation, allant de pair avec la modification de la définition même du Parti, qui n’est plus avant-garde de la classe ouvrière, mais une libre union de combat des communistes venant de la classe ouvrière, de la paysannerie et de l’intelligentsia laborieuse.

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