5. La guerre populaire

Ibrahim Kaypakkaya

Est-ce que le révolutionnaire Akram Yari a déclenché la guerre populaire ?

Akram Yari n’a pas pu lui-même déclencher la guerre populaire. Il était encore très jeune quand il est tombé malade, et est devenu schizophrène. De plus, il fut assassiné par le PDPA révisionniste alors qu’il était encore jeune.

Cependant, ses enseignements ont pavé la voir pour la possibilité future de déclencher la lutte armée révolutionnaire et enfin la Guerre Populaire Prolongée. Par exemple, la lutte révolutionnaire lancée par les groupements révolutionnaires fondés sur la pensée Mao contre l’invasion social-impérialiste « soviétique » de l’Afghanistan, qui a été déclenchée par les organisations révolutionnaires comme « SAMA » dans la première partie des années 1980, vient des enseignements d’Akram Yari.

Est-ce que le révolutionnaire Ibrahim Kaypakkaya a déclenché la guerre populaire ?

Oui, Ibrahim Kaypakkaya a fondé TIKKO, l’armée de libération ouvrière et paysanne de Turquie (Türkiye İşci ve Köylü Kurtuluş Ordusu). Ibrahim Kaypakkaya a lui-même été grièvement blessé durant un combat avec l’armée réactionnaire dans la montagne de Dersim ; il a réussi à s’échapper, toutefois il a été capturé une semaine après.

Il fut forcé de marcher pieds nus sur 50 km de glace et de rivières gelées, de ville en ville, puis placé dans la prison de Diyarbakir pour pratiquement quatre mois, où il a été placé en cellule d’isolement et systématiquement torturé. Il fut finalement exécuté par la réaction, comme il ne révélait absolument aucune information.

Est-ce que le révolutionnaire Siraj Sikder a déclenché la guerre populaire ?

Après avoir assumé le Marxisme-Léninisme pensée Mao Zedong comme troisième étape du marxisme, il a conduit le prolétariat à former son organisation pour développer un parti prolétarien.

Sous sa direction, l’organisation préparatoire – le Mouvement des Ouvriers du Bengale Oriental – a déclenché la lutte armée en 1968 et le Parti prolétarien du Bengale Oriental a été fondé en 1971 dans une zone libérée où le parti menait la guerre populaire.

En plus de la lutte armée menée dans tout le pays, le parti a pu établir deux bases d’appui : une dans la forêt de Payarabagan du delta du fleuve du district de Barisal (en 1971), puis dans la région montagneuse de Chittagong, de 1972 à 1975.

Quand le camarade Siraj Sikder a été arrêté et tué par le gouvernement de la Ligue awami, au jeune âge de 30 ans, en 1975, le parti et la lutte armée ont été affaiblis, mais les activités armées ont continué.

Est-ce que le révolutionnaire Gonzalo a déclenché la guerre populaire ?

Gonzalo, comme dirigeant du Parti Communiste du Pérou, a mené la reconstitution du Parti, son organisation vers la Guerre Populaire, le déclenchement de la Guerre Populaire en 1980, et son développement, jusqu’à son arrestation en 1992.

Est-ce que le révolutionnaire Alfred Klahr a déclenché la guerre populaire ?

Le parti d’Alfred Klahr fut très faible dans les années 1920, il a dû affronter le fascisme en 1934, puis l’occupation nazie en 1938. Les activités illégales étaient une composante de la lutte antifasciste générale. Il n’y a pas eu de considérations particulières d’Alfred Klahr quant à la lutte armée.

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4. Les documents principaux

Alfred Klahr
Alfred Klahr

Quels ont été les documents principaux d’Akram Yari ?

Le programme de l’OPJ, élaboré et ensuite adopté principalement au second congrès de l’OPJ. Malheureusement, la plupart des écrits du camarade Akram Yari sont encore indisponibles. Il les a enterré, pour les protéger.

Depuis l’époque du régime du roi Zaher jusqu’au régime du PDPA, tous les régimes réactionnaires ont pourchassé et éliminé les éléments maoïstes clandestins. Le PDPA révisionniste, quand il a été au pouvoir, a été le principal ennemi des Marxistes-Léninistes-Maoïstes d’Afghanistan.

Ainsi, le camarade Yari a caché ses manuscrits.

De manière regrettable, dans un pays pauvre comme l’Afghanistan, à cette époque, il y avait peu de possibilités pour les ouvrages révolutionnaires d’être imprimé, principalement pour trois raisons :

1°)le manque d’imprimeries : pratiquement toutes les imprimeries étaient d’Etat ou sous son contrôle.

2°)Pas d’accessibilité à des machines modernes pour imprimer, et pas de budget à cette fin. L’OPJ n’avait d’épine dorsale économique pour la lutte. Il gagnait principalement ses contributions de ses membres en tant que cotisations.

3°)En raison de la situation dangereuse et de l’Etat hautement policier durant l’époque du roi Zaher, et plus tard durant le « terme présidentiel » de Lord Dawod, il n’y avait pas d’endroit sûr et d’installation pour les imprimeries. La plupart des rares ronéos clandestines ont été trouvées et confisquées par les forces de sécurité, et les révolutionnaires étaient toujours envoyés en prison, et pire que cela: fusillés.

NOTE DES CAMARADES D’AFGHANISTAN

S’il y a peu de documents restants du président Akram Yari, alors, comment pouvez-vous prouver que sa pensée-guide a été formée ? Akram Yari: c’est une génération de communistes qui a été formée par lui. Ils ont appris de lui que : ce sont les prolétaires d’Afghanistan qui sont l’avant-garde de la révolution d’Afghanistan.

Ils ont appris de lui que : notre révolution à venir est une révolution démocratique d’un nouveau type : une Révolution de Nouvelle Démocratie. Ils ont appris de lui que : notre révolution est une partie de la révolution prolétarienne mondiale.

Et enfin, et principalement, ils ont appris de lui que : le maoïsme a contribué et a enseigné la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, et, aujourd’hui, être un marxiste signifie d’être un combattant de la tranchée lumineuse du marxisme-léninisme pensée Mao Zedong (le maoïsme était alors appelé pensée Mao dans les années 1960, comme nous le savons tous).

Aujourd’hui, l’Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement maoïste) affirme que : c’est la pensée guide du camarade Akram Yari qui nous donne la force et la responsabilité. Négliger cette tranchée lumineuse, comme l’histoire de ces quatre décennies l’a prouvé, cause des déviations du maoïsme, et fait que les révolutionnaires tombent dans le révisionnisme.

Ceux des révolutionnaires qui se sont séparés à leur manière de la ligne du président Akram Yari sont tombés dans le dogmato-révisionnisme d’Enver Hoxa et le révisionnisme des centristes qui revendiquaient le guévarisme, et ont finalement capitulé au PDPA révisionniste.

C’est la tranchée lumineuse du camarade Akram Yari qui a toujours représenté le maoïsme et a contribué à la pratique révolutionnaire. Selon nos connaissances et récapitulations, le camarade Akram Yari est aussi crucial pour la révolution en Afghanistan que le camarade Mariategui l’a été pour la révolution péruvienne. La ligne de Mariategui a contribué à la formation de la pensée Gonzalo.

En raison du fait qu’il a été le déclencheur et le fondateur, et en raison du fait qu’il a établi la ligne maoïste en Afghanistan, nous demandons l’application du maoïsme en Afghanistan comme pensée Akram Yari.

De fait, c’est l’Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement Maoïste) qui, à l’heure actuelle, est dédiée au développement de la pensée guide de la révolution en Afghanistan. D’autres sections et groupes, se réclamant toutefois de l’héritage d’Akram Yari, rejettent toujours la formulation de la pensée-guide et de la grande direction.

Donc, ils s’effondrent et ne parviennent pas à participer à l’élaboration de la pensée-guide de la révolution. Ainsi, notre organisation est la seule force maoïste en Afghanistan qui se tient en faveur de la pensée-guide, et dit: la pensée-guide du camarade Akram Yari, quoique générée, mais encore en formation et en développement, est la pensée-guide de la révolution de Nouvelle Démocratie en Afghanistan et sera également la garantie du triomphe jusqu’au communisme.

Nos opposants et les prétendus « maoïstes » prétendent que : l’OOA (MLM pM) copie le PCP. Nous disons : « NON ! » Nous faisons revivre le maoïsme en Afghanistan. Notre travail est le noyau dirigeant du développement de la pensée Akram Yari.

Cependant cette pensée n’est pas totalement inhérente dans son développement à partir d’Akram Yari directement, mais, historiquement et fondamentalement, ce sont les enseignements d’Akram Yari qui sont développés par notre organisation et sont présentés comme la pensée-guide de la révolution.

Dans nos conditions concrètes, notre organisation et la pensée-guide d’Akram Yari sont identiques. « En-dehors » de cela, on peut trouver le « maoïsme » sans pensée-guide et même contre la thèse de la pensée-guide.

Par exemple, le Parti communiste maoïste d’Afghanistan rejette et ridiculise la thèse de la pensée-guide et de la grande direction, en les désignant comme des appendices non-maoïstes de Gonzalo. Ainsi, dans notre réalité concrète, nous sommes les premiers à accepter et à adopter la « pensée » et la « guerre populaire jusqu’au communisme! » Notre organisation est l’incarnation de la pensée d’Akram Yari.

Quels ont été les documents principaux d’Ibrahim Kaypakkaya ?

Ibrahim Kaypakkaya, qui est mort à l’âge de 24 ans, a écrit quatre documents principaux. Ces documents sont les quatre documents de base pour la fondation du TKP/ML (Parti Communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste).

Le premier, écrit au début de 1972, après la fondation du TKP/ML, est appelé « Critique générale du révisionnisme de Safak (Aydınlık) par le TKP/ML. » Safak (« Aube ») était l’organe central illégal du Parti Révolutionnaire des Ouvriers et Paysans de Turquie, tandis que Aydınlık (« Clarté ») était l’organe légal soutenant la ligne de ce Parti.

La « Critique générale » faite par Ibrahim Kaypakkaya consiste en 11 articles et un long document appelé « Les points principaux qui nous sépare du révisionnisme de Safak » ; l’ensemble forme un ouvrage de 150 pages.

Les trois autres documents d’Ibrahim Kaypakkaya, qui font 60 pages chacun, sont plus connus. En janvier 1972, Kaypakkaya a écrit « Critique du programme du TIIKP (Aydınlık) » et « Vues sur le kémalisme. » Le premier document est une critique du TIIKP révisionniste dans l’esprit de la « Critique générale », alors que le second document est le document très important où il caractérise le kémalisme comme du fascisme.

En décembre 1971, il a également écrit « La question nationale en Turquie », où il traite de la question kurde, rejetant le chauvinisme du révisionnisme et défendant le droit à l’auto-détermination.

Quels ont été les documents principaux de Siraj Sikder ?

Siraj Sikder a produit beaucoup de documents. Depuis qu’il a commencé son activité politique en tant que dirigeant maoïste, son stylo ne s’est jamais arrêté. Plus d’une centaine de documents ont été trouvés jusqu’à présent. Il a écrit des documents idéologiques, organisationnels, politiques, poétiques, de critique littéraire.

Les documents principaux sont :

1. Thèses du mouvement des Ouvriers du Bengale Oriental (publié pour la première fois le 8 janvier 1968, republié dans une forme réécrite et rééditée le 1 décembre 1968)

2. Différence entre les Révolutionnaires Prolétariens du Bengale Oriental et les néo-révisionnistes Huq-Toha, les trotskystes – guévaristes Deben – Motin et la clique traître conspiratrice Kaji – Rono, quant à la détermination de la contradiction principale à l’étape présente du développement social du Bengale Oriental (Pâques 1970)

3. Exposition du projet de stratégie et programme du soi-disant Parti Communiste du Bengale Oriental, le parti qui est à gauche dans la forme, à droite en essence (mars 1970, republié dans une forme éditée en avril 1972)

4. Analyse de classe de la société du Bengale Oriental (début 1970, republié dans une forme éditée dans une situation politique changée en 1972)

5. Établir un Bengale Oriental indépendant (8 janvier 1971)

6. Sur certains slogans (janvier 1971)

7. Lettre ouverte du Mouvement des Ouvriers du Bengale Oriental à Sheikj Mujiv et la Ligue Awami (2 mars 1971)

8. Cadres du Mouvement des Ouvriers du Bengale Oriental, soyez braves ! Emparez vous fermement du pouvoir politique! Anéantissez les ennemis nationaux! Construisez l’Armée de Libération Nationale! Mettez en œuvre le programme! (23 avril 1971)

9. Projet de constitution du Parti Prolétarien du Bengale Oriental (septembre 1971), Les laquais des six montagnes déguisés en patriotes (octobre 1971)

10. S’appuyer sur les paysans dans la Guerre de Libération Nationale! Briser la campagne d’hiver des bandits militaires pakistanais et les activités anti-populaires des laquais des six montagnes, les forces de libération fascistes réactionnaires de la Ligue Awami ! Répandre la guérilla dans de plus vastes régions ! (octobre 1971)

11. Rapport du premier congrès (janvier 1972)

12. Peuple héroïque du Bengale Oriental, notre lutte n’est pas encore terminée, continuez la grande lutte pour terminer la révolution nationale démocratique inachevée du Bengale Oriental (mars 1972, corrigé et republié en mai 1972 et en mars 1974)

13. Le rôle des dirigeants et des cadres dans la révolution (1972)

14. Sur le socialisme, la lutte des classes et la révolution sociale (octobre 1972)

15. Quelques problèmes de la construction d’une force armée sous la direction d’un parti politique de la classe prolétarienne du Bengale Oriental (30 avril 1974)

Quels ont été les documents principaux de Gonzalo ?

Les documents principaux de Gonzalo, à côté des très connus interviews de 1988 et de « ILA-80 », sont les documents du premier congrès du Parti Communiste du Pérou reconstitué, qui forment la Base d’Unité Partidaire (BUP) : « Marxisme-Léninisme-Maoïsme », « Pensée Gonzalo », « Ligne internationale », « Révolution démocratique », « Ligne militaire », « Ligne de construction des trois instruments de la révolution », « Ligne de masse. »

On doit ajouter également le discours tenu en septembre 1992 alors qu’il était arrêté (« Nous sommes ici dans ces circonstances ; certains pensent qu’il s’agit d’une grande défaite, ils rêvent ! Nous leur disons : continuez de rêver. Ce n’est qu’un détour, rien de plus. Un détour sur le chemin ! Le chemin est long, et par celui-ci nous arriverons, et : nous triompherons! Vous le verrez ! Vous le verrez ! »).

Quels ont été les documents principaux d’Alfred Klahr ?

Les documents principaux d’Alfred Klahr sont :

1.la série d’articles appelés « Zur nationalen Frage in Österreich » (Sur la question nationale en Autriche), publiés en 1937 dans la revue communiste « Weg und Ziel » (La voie et le but) ;  

2.Le « texte d’Auschwitz », écrit dans le camp de concentration d’Aushwitz-Birkenau, synthèse des débats effectués entre les communistes autrichiens et allemands (Klahr a réussi à s’enfuir, mais est mort par la suite à Varsovie, exécuté par la SS).

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3. La GRCP

Les symboles du TKP/ML et de TIKKO, fondés par Ibrahim Kaypakkaya.

Est-ce que le camarade Akram Yari s’est considéré comme un produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ?

L’OPJ était active dans les années tempétueuses de la GRCP. Le camarade Akram Yari a totalement soutenu la Révolution Prolétarienne et les contributions au marxisme-léninisme du camarade Mao Zedong, et les a adopté comme Marxisme-Léninisme pensée Mao Zedong, applicable aux conditions concrètes de l’Afghanistan.

Il a considéré la pensée Mao Zedong comme la bannière internationale du prolétariat international contre le révisionnisme moderne. Il a totalement rejeté les trois « pacifiques » [coexistence pacifique, compétition pacifique, voie pacifique au socialisme] et les deux « tout entiers » [parti du peuple tout entier, État du peuple tout entier] des khrouchtchéviens.

Il a totalement compris que l’OPJ pourrait certainement être une ligne de front du combat sous la ligne directrice de la GRCP, de telle manière qu’il puisse conduire la lutte contre le parti révisionniste pro-khrouchtchévien du « parti démocratique du peuple d’Afghanistan. »

Est-ce que le camarade Ibrahim Kaypakkaya s’est considéré comme un produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ?

Dans la critique du programme du TIIKP, Ibrahim Kaypakkaya explique que « notre mouvement est un produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ».

Est-ce que le camarade Siraj Sikder s’est considéré comme un produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ?

La pensée de Siraj Sikder a été fondée sur les leçons de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Il a formé le Centre de recherche Mao Zedong en 1967, afin de préparer idéologiquement un parti prolétarien, et il a déclaré le Marxisme-Léninisme pensée Mao comme troisième étape du Marxisme. Il a mené une lutte sans compromis contre les courants erronés pro-Moscou et pro-Pékin de toutes tendances. L’Etat chinois a fait un compromis avec l’Etat pakistanais en 1971, lorsque Siraj Sikder était en train de lancer la guerre populaire contre l’Etat colonial pakistanais. Il ne considérait pas comme maoïste le fait d’être pro-chinois ou tout type d’activité de l’Etat chinois.

C’était sa profonde compréhension de la GRCP qui l’a amené à écarter tout type de révisionnisme, quel que soit son nom ou sa forme.

Est-ce que le camarade Gonzalo s’est considéré comme un produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ?

Oui, dans son interview de 1988, Gonzalo a expliqué comment la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne l’a amené à vraiment comprendre José Carlos Mariátegui: Oui, je suis allé en Chine ; et là, j’ai eu la possibilité –que je souhaite à beaucoup- d’être dans une École où on enseignait d’abord la politique, des questions internationales jusqu’à la philosophie marxiste ; c’étaient des cours magistraux, donnés par des révolutionnaires confirmés et hautement compétents, de grands éducateurs.

Parmi eux, je veux citer l’éducateur qui nous enseigna le travail ouvert et clandestin, un homme qui avait voué toute sa vie au Parti, totalement. Pendant plusieurs années, il fut un exemple vivant, un éducateur extraordinaire.

Il nous apprit beaucoup de choses ; il voulut nous en enseigner davantage, mais certains s’y opposèrent car, dans la vie, il y a de tout. Ensuite, on nous enseigne des questions militaires, mais on commençait toujours par la politique, par la guerre populaire ; puis, on traitait de la construction des forces armées, de la stratégie et de la tactique ; et ils nous enseignaient aussi la partie pratique, sur les embuscades, les assauts, les déplacements, la façon de préparer des explosifs de démolition.

Quand nous manipulions des éléments chimiques très dangereux, ils nous recommandaient d’avoir toujours à l’esprit l’idéologie, qu’elle nous rendrait capables de tout faire et de le faire bien ; nous avons appris à faire nos premières charges de démolition. Pour moi, le fait d’avoir été éduqué dans la plus grande Ecole du marxisme qu’ait porté la Terre est un exemple, un souvenir ineffaçable, une grande leçon et un grand pas dans ma formation.

Bon, si vous voulez une anecdote, en voici une : quand nous avons terminé le cours sur les explosifs, ils nous ont dit qu’on pouvait tout faire exploser ; alors, dans la partie finale, nous prenions un style et il explosait ; nous nous asseyions et cela explosait aussi ; c’était une espèce de feu d’artifice ; c’étaient des choses parfaitement calculées pour nous montrer qu’on pouvait tout faire sauter, à condition de s’ingénier à le faire.

Nous nous demandions constamment : comment allons-nous faire ceci ? cela ? Ils nous disaient : ne vous inquiétez pas, vous avez déjà appris suffisamment, pensez que les masses sont capables de tout et qu’elles ont un savoir-faire inépuisable ; ce que nous vous avons enseigné, les masses vont le faire et elles vont, à nouveau, vous l’enseigner ; c’est ainsi qu’ils nous parlaient. Cette École a été très utile pour ma formation et pour commencer à apprécier la valeur du Président Mao Zedong.

Puis, j’ai étudié un peu plus, j’ai cherché à appliquer et je crois que j’ai encore beaucoup à apprendre du Président Mao Zedong, du maoïsme, de sa propre action. Non pas qu’on cherche à se comparer, simplement, on fixe les grands sommets pour nous orienter vers nos objectifs.

Mon séjour en Chine a été une expérience inoubliable. J’y suis allé aussi lors d’une autre occasion, quand la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne commençait, nous demandâmes qu’on nous explique la Pensée Mao Zedong, comme on l’appelait alors ; ils nous l’enseignèrent à nouveau ; cela m’aida à comprendre davantage ou, plutôt, un peu plus.

Et quelque chose semble ironique : j’ai commencé à apprécier et à estimer Mariátegui en comprenant le Président Mao Zedong ; comme il nous demande d’appliquer le marxisme avec créativité, j’ai recommencé à étudier Mariátegui et j’ai compris que nous avions là un marxiste-léniniste de premier ordre, qui avait analysé à fond notre société. Cela semble ironique, mais c’est la vérité. »

Est-ce que le camarade Alfred Klahr s’est considéré comme un produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ?

Alfred Klahr est mort avant la GRCP, et même avant le succès de la révolution chinoise de Nouvelle Démocratie en 1949.

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2. Constitution et reconstitution

Gonzalo

Est-ce que le camarade Akram Yari a formé un nouveau parti ou rejoint un parti préexistant ?

Dans plusieurs pays, l’anti-révisionismme a été porté par des scissions des Partis Communistes qui étaient tombés dans le révisionnisme. Cependant, en Afghanistan l’anti-révisionnisme n’a pas été porté par des scissions d’un parti précédant. Avant la formation de l’OPJ, le camarade Akram Yari n’était membre d’aucune organisation. L’OPJ consistait en les étapes initiales du président Akram Yari, et également sa plus grande initiative.

Est-ce que le camarade Ibrahim Kaypakkaya a formé un nouveau parti ou rejoint un parti préexistant ?

Ibrahim Kaypakkaya n’avait que 21 ans quand il a rejoint le TIIKP (Parti Révolutionnaire des Ouvriers et Paysans de Turquie). Il a appris de la grande grève de la mi-juin 1970 et a commencé à travailleur dans la revue du TIIKP, qui officiellement soutenait l’interprétation par Mao Zedong du marxisme-léninisme.

Soutenant la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine, il a organisé la fraction révolutionnaire du TIIKP, produisant sa pensée. Alors, en avril 1972, il a rompu avec le TIIKP, pour former le Parti Communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste, le TKP/ML.

Est-ce que le camarade Siraj Sikder a formé un nouveau parti ou rejoint un parti préexistant ?

Siraj Sikder a formé un nouveau parti, comme le Parti Communiste existant était tombé dans le révisionnisme. Siraj Sikder est le plus grand fils du Bangladesh, qui a mené le prolétariat ici à prendre la pensée Mao comme développement du Marxisme-Léninisme.

Sur cette base, il a correctement analysé la société du Bengale oriental comme étant colonial et semi-féodal, mené le prolétariat à former son propre parti, sa forme armée pour la première fois dans l’histoire, un front uni en mobilisant la paysannerie, les classes moyennes et la bourgeoisie nationale, et en construisant les bases d’appui.

Il a formé le Centre de recherche Mao Zedong en 1967, pour faire la préparation idéologique pour un parti prolétarien, formant le Mouvement des Ouvriers du Bengale Oriental en 1968, comme organisation préparatoire du parti prolétarien.

Il a déclenché la lutte armée en 1970 et formé le Parti Prolétarien du Bengale Oriental en 1971, dans la base libérée à Barisal, au sud du Bangladesh.

Est-ce que le camarade Gonzalo a formé un nouveau parti ou rejoint un parti préexistant ?

Gonzalo a mené un travail de fraction pour réaffirmer la valeur de Mariátegui et pour donner une direction correcte au Parti. Voici comment il présente la lutte, dans son interview en 1988 : « Le premier moment, la première partie, c’est la constitution du parti, dans cette période, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur José Carlos Mariátegui, un marxiste-léniniste authentique.

Mais Mariátegui, comme cela devait advenir, fut combattu de son vivant; il fut nié, sa ligne politique abandonnée et le congrès de constitution approuva -comme nous le savons bien- la ligne dite « d’unité nationale » complètement opposé aux thèses de Mariátegui. C’est ainsi que le parti va se précipiter dans l’opportunisme.

Il va souffrir l’influence du browderisme auquel est lié Del Prado, et celle du révisionnisme contemporain.

Tout ce processus va nous amener à un deuxième moment, celui de la reconstitution du parti : C’est, en synthèse, une lutte contre les révisionnistes, c’est une période qui commence à évoluer dès les années 60 de façon plus claire et plus intense.

Ce processus provoque l’union des bases du parti contre cette direction révisionniste, et comme je l’ai dit tout à l’heure, son expulsion lors de la IVème conférence de janvier 64. Le processus de reconstitution se développera dans le parti jusqu’aux années 78-79.

C’est autour de ces années que s’achèvera cette période et que l’on entrera dans un troisième moment, le moment de direction de la guerre populaire [qui a commencé en 1980], ce moment que nous sommes en train de vivre. »

Est-ce que le camarade Alfred Klahr a formé un nouveau parti ou rejoint un parti préexistant ?

Alfred Klahr a rejoint le Parti Communiste d’Autriche.

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Présentation

La pensée-guide de la révolution : le cœur du maoïsme est document – projet qui a été porté au Printemps 2013 par les organisations et partis suivants :

  • l’Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement Maoïste),
  • le Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste – Bangladesh,
  • le Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste).

Il a été soutenu par le Centre Marxiste Léniniste Maoïste de Belgique.

« Les révolutions engendrent une pensée qui les guide et qui est le résultat de l’application de la vérité universelle de l’idéologie du prolétariat international aux conditions concrètes de chaque révolution.

Cette pensée-guide est indispensable pour obtenir la victoire et conquérir le Pouvoir et, plus encore, pour poursuivre la révolution et maintenir toujours le cap sur l’unique et grandiose but : le Communisme. » (Parti Communiste du Pérou – Sur la pensée Gonzalo)

Le présent document est un projet pour introduire le concept de « pensée-guide » par des questions et des réponses sur des individus qui ont joué un grand rôle dans leur propre pays, précisément en formulant une « pensée ».

Ce projet est appelé à progresser et à gagner en complétude, dans la qualité de ses explications, mais également dans la quantité d’individus dont la vie est ici brièvement présentée.

De fait, dans chaque pays, la lutte des classes génère des individus qui procèdent à l’analyse de leur propre réalité sociale et nationale, comprenant les contradictions où ils vivent, pavant la voie au progrès par la révolution, c’est-à-dire la Révolution de Nouvelle Démocratie ou la Révolution Socialiste.

La « pensée » des individus ici concernés est le reflet du mouvement de la matière éternelle ; ces individus ne sont pas des « génies » avec de grandes « idées », mais des gens comprenant la réalité d’une manière matérialiste dialectique et l’acceptant telle qu’elle est. Il est utile ici de citer Lénine.  

En étudiant Hegel, Lénine note la chose suivante :

« La dialectique est l’enseignement qui montre comment les contraires peuvent être identiques et comment ils cherchent à l’être (et le deviennent) – dans quelles conditions ils sont identiques, dans la mesure où ils se convertissent l’un en l’autre – pourquoi l’entendement humain ne doit pas considérer ces contraires comme morts, pétrifiés, mais comme vivants, conditionnés, mobiles, se convertissant l’un en l’autre. »

Et :

« Élasticité tous azimuts, universelle, des concepts, élasticité qui va jusqu’à l’identité des contraires – c’est là que réside l’essentiel.

Cette flexibilité, utilisée subjectivement = éclectique et sophistique.

Si cette élasticité est utilisée objectivement, c’est-à-dire si elle reflète le caractère tous azimuts du processus matériel et de son unité, alors elle est dialectique, elle est le reflet correct du développement éternel du monde. »

En ce sens, nous espérons que ce document permettra de forger une pensée-guide dans chaque pays, pensée-guide qui est le reflet du mouvement éternel de la matière, avançant au communisme.

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1. Le contexte

Ibrahim Kaypakkaya

Comment et dans quel contexte est-ce que la pensée-guide du camarade Akram Yari a évolué ?

Le PDPA (Parti Démocratique du Peuple d’Afghanistan), parti révisionniste pro-khrouchtchévien allait mener, au milieu des années 1960, une trahison de la révolution démocratique en Afghanistan.

De fait, les rangs de ce parti, idéologiquement, étaient remplis d’intellectuels à l’esprit petit-bourgeois, qui suivaient un modèle idéologique social-impérialiste.

Dans un tel contexte, un « non ! » a été soulevé. Il est venu d’un jeune révolutionnaire, qui ne s’est jamais réconcilié avec le révisionnisme, même pas à un seul moment, ni qui a négligé de le combattre.

C’était le camarade Akram Yari, qui a établi, par la formation de l’Organisation Progressiste de la Jeunesse (OPJ), la première organisation fermement anti-révisionniste en Afghanistan.

L’OPJ était une organisation maoïste, dans laquelle de fait la pensée d’Akram Yari était l’expression théorique de l’organisation dans le contexte de lutte nationale et internationale contre le révisionnisme, une lutte qui a donné naissance à la première organisation maoïste en Afghanistan.

Comment et dans quel contexte est-ce que la pensée-guide du camarade Ibrahim Kaypakkaya a évolué ?

Le Parti Communiste de Turquie a été fondé par Mustafa Suphi (1883-1921), mais s’est vite effondré en raison du kémalisme, l’idéologie nationaliste de la bourgeoisie bureaucratique prenant le pouvoir sur les ruines de l’empire ottoman.

Né en 1949, Ibrahim Kaypakkaya a produit une pensée qui a fusionné avec toute une vague révolutionnaire produite par les masses (d’autres figures fameuses qui ont soutenu la lutte armée étaient le guévariste Mahir Cayan et le hoxhaiste Deniz Gezmiş).

La question principale était de connaître la nature du régime turc, et son origine : la « révolution » kémaliste, une contre-révolution qui était considérée par l’opportunisme comme « bourgeoise » ou même comme « démocratique et trahie. »

Ibrahim Kaypakkaya a étudié la nature de la Turquie, son histoire depuis sa fondation par Mustafa Kemal, affirmant sa nature semi-coloniale semi-féodale et la nécessité de suivre la voie de la Révolution de Nouvelle Démocratie.

Comment et dans quel contexte est-ce que la pensée-guide du camarade Siraj Sikder a évolué ?

Après la Révolution russe, le Parti Communiste a été formé en Inde, mais ce parti n’a pas mené les paysans à la lutte armée contre le colonialisme britannique et sa base féodale, et a refusé de guider leurs luttes armées.

Qui plus est, durant la seconde guerre mondiale, il a tenté de pousser le peuple indien à l »unité avec les Britanniques au nom de la ligne d’un front uni antifasciste, et comme résultat, le parti du Congrès et la Ligue musulmane qui sont les représentants de la bourgeoisie et des féodaux hindous et musulmans d’Inde respectivement, ont donné naissance à l’Inde et au Pakistan, deux États semi-coloniaux semi-féodaux, en rendant antagoniques la contradiction de classe communautaire.

Comme la majorité des paysans du Bengale oriental, en tant que musulmans, étaient l’objet d’une exploitation communautaire et d’élimination de la part des Jamindars hindous, et comme le problème n’a pas été résolu par la révolution, la paysannerie musulmane du Bengale oriental a voté en faveur du Pakistan.

Étant donné qu’après la création du Pakistan, le Bengale oriental arriéré est devenu une colonie du Pakistan occidental comparativement plus avancé, le peuple du Bengale oriental s’est soulevé dans une rébellion contre la domination coloniale pakistanaise, depuis le mouvement pour la langue de 1952, le mouvement de masse de 1969, jusqu’à la guerre de libération nationale de 1971.

Le Parti Communiste du Pakistan oriental a échoué à diriger la lutte du peuple selon une ligne correcte. Avec l’émergence du révisionnisme khrouchtchévien sur le plan international, ce parti devint un parti révisionniste. 

Alors que le président Mao a mené la lutte internationale contre le révisionnisme, ce parti s’est divisé en deux tendances – les factions pro-Moscou et pro-Pékin. La faction pro-Pékin n’a pas pu se libérer du révisionnisme. Le camarade Siraj Sikder a brisé cette chaîne du révisionnisme.

Comment et dans quel contexte est-ce que la pensée-guide du camarade Gonzalo a évolué ?

Avec José Carlos Mariátegui (1894 -1930), le Pérou a produit un grand dirigeant qui a été capable de construire un véritable Parti Communiste, mais après sa mort le révisionnisme a prévalu, avec une ligne de « l’unité nationale » et ensuite celle du révisionnisme moderne.

Le contexte a été celui de l’affirmation des luttes de masses, mais l’arrière-plan idéologique était marqué par l’influence du révisionnisme. Il y avait le besoin d’une compréhension correcte des travaux de José Carlos Mariátegui sur le Pérou comme pays semi-colonial semi-féodal.

Dans la très connue interview que Gonzalo a accordé en 1988, il explique de la manière suivante le contexte général au Pérou : « Nous analysons le processus de la société péruvienne contemporaine comme un processus qui a commencé en 1895.

Nous considérons qu’à partir de cette date s’engage le processus dans lequel nous vivons actuellement. Et nous pensons qu’il est composé de trois moments. Un premier moment qui assoit les bases pour le développement du capitalisme bureaucratique.

Un deuxième, après la Seconde Guerre Mondiale qui marque la fin du premier, où s’approfondit le capitalisme bureaucratique; cet approfondissement du capitalisme bureaucratique va faire mûrir les conditions pour la révolution et, avec le commencement de la guerre populaire dans les années 80, nous entrons dans le troisième moment: moment de crise générale du capitalisme bureaucratique.

La destruction de la société péruvienne contemporaine a commencé, parce qu’elle est historiquement caduque. C’est pourquoi nous assistons à sa fin et ce qu’il faut, c’est travailler, combattre et lutter pour l’enterrer. »

Comment et dans quel contexte est-ce que la pensée-guide du camarade Alfred Klahr a évolué ?

Alfred Klahr a été un activiste éminent du mouvement communiste en Autriche. Comme il subissait particulièrement des attaques policières au milieu des années 1930, il a dirigé la section autrichienne de l’école Lénine à Moscou, de 1935 à 1937.

Durant cette période, il a développé une analyse très approfondie de la société autrichienne, sur comment sa nation a émergé depuis la partie allemande de l’Europe, pour prendre une autre direction, tournée vers l’Est. 

Cela a permis de comprendre la situation dans un pays où les austro-fascistes cléricaux étaient en conflit avec les nationaux-socialistes pangermanistes, chacun étant l’expression de différentes classes sociales.

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10. La jeunesse révolutionnaire

Est-ce qu’Akram Yari a commencé sa carrière révolutionnaire dès l’école ?

Oui. Il a commencé son travail alors qu’il était étudiant. Après son diplôme universitaire, il devint un professeur au lycée, et là, il a entraîné des centaines de jeunes hommes à devenir de futurs révolutionnaires. La fondation de l’OPJ (Organisation Progressiste de la Jeunesse) a ses racines dans ses jeunes années.

Est-ce qu’Ibrahim Kaypakkaya a commencé sa carrière révolutionnaire dès l’école ?

Ibrahim Kaypakkaya est mort à 21 ans, après avoir été torturé pendant quasiment quatre mois ; il avait déjà construit le parti et l’armée de libération. Cela montre quelle a été sa vie avant. Kaypakkaya a découvert les idées révolutionnaires alors qu’il était étudiant, à la faculté des sciences de l’université d’Istanbul, en physique.

Il a participé à la fondation du club d’idées Capa, en mars 1968, devenant son président. Il fut expulsé de l’école en novembre 1968 pour avoir préparé un tract contre la sixième flotte américaine. Par la suite, il écrivit dans la presse de la gauche révolutionnaire, et devint rapidement un dirigeant.

Est-ce que Siraj Sikder a commencé sa carrière révolutionnaire dès l’école ?

Oui, le camarade Siraj Sikder a commencé sa carrière révolutionnaire à partir de sa période étudiante. Il était impliqué dans l’aile gauche pro-Pékin du syndicat d’étudiants. Quand il a étudié à l’université d’ingénierie Ahsanullah, il a été élu comme vice-président central de cette organisation.

Est-ce que Gonzalo a commencé sa carrière révolutionnaire dès l’école ?

Né en 1934, Gonzalo décrit dans son interview de 1988 les événements qui l’ont marqué dans sa jeunesse : « Je dirais que ce qui a forgé en moi le fait d’avancer dans cette voie, à été la lutte du peuple. J’ai pu voir la combativité du peuple d’Aréquipa lors du soulèvement de 50, et comment la masse, devant la violence barbare d’assassinats de jeunes gens, a répondu avec une furie irrépressible, comment ils se sont battus contre l’armée et l’ont fait reculer jusque dans ses casernes.

L’armée dut faire venir des forces supplémentaires pour pouvoir les écraser.

C’est un fait, pourrais-je dire, qui m’a beaucoup marqué, parce que là, après avoir compris Lénine, j’ai compris comment le peuple, la classe, quand elle s’empare des rues et marche, fait trembler la réaction malgré tout le pouvoir qu’elle a. Un autre fait fut les luttes de 56, là aussi, le peuple combattit, d’autres trafiquèrent, et c’est ce que font la réaction et les opportunistes ; mais le peuple combattit et imposa des conditions ; il y eut des mouvements massifs, fortement décidés. Ces faits, entre autres, m’ont servi à comprendre le pouvoir de masses, que ce sont elles qui font l’histoire.

De plus, j’ai eu l’occasion, rétrospectivement, de vivre le soulèvement de 48 au port de Callao, voir de mes propres yeux, la bravoure, comment le peuple est généreux d’héroïsme et comment les dirigeants trafiquent. »

Dans l’interview, il explique comment ces luttes de masse l’ont amené en direction du communisme : « Mon intérêt pour la politique commença à se développer à la fin du secondaire, à partir des événements de l’année 50 ; et des années suivantes, je me rappelle qu’avec d’autres camarades de classe, nous avions formé un cercle pour l’étude des idées politiques ; nous avions un grand intérêt pour étudier toutes les idées politiques. Vous vous imaginez dans quel moment je me trouvais ? C’est là que j’ai commencé. 

Déjà à l’université, dans la lutte universitaire même, j’ai eu l’occasion de vivre de grandes grèves, de grands affrontements entre apristes [membres de l’APRA] et communistes, et des débats. C’est ainsi que s’éveilla mon désir de connaître des livres.

Quelqu’un eut l’amabilité de m’en prêter un ; je crois que c’était « Un pas en avant, deux pas en arrière », ça m’a plu. A partir de là, je commençais à étudier des livres marxistes. Ensuite, ce qui m’a beaucoup marqué, c’est l’image du camarade Staline ; à cette époque, nous les personnes qui nous approchions du communisme et qui réussissaient à militer, nous nous formions avec les « Questions du Léninisme » ; c’était un livre de chevet.

Je l’ai étudié comme il se doit, sérieusement, vu son importance. La vie de Staline m’intéressa ; elle était pour nous un exemple de la révolution. J’eus des problèmes pour entrer au Parti Communiste, parce qu’il y avait un critère absurde qui disait que, pour militer, il fallait être fils d’ouvrier et moi, je ne l’étais pas ; mais d’autres avaient un autre critère, et ainsi je pus entrer au Parti.

J’ai participé à la défense de Staline : nous le ravir alors, c’était comme nous arracher notre âme ; à cette époque, on diffusait davantage les œuvres de Staline que celles de Lénine, il en était ainsi à cette période.

Ensuite, je suis parti à Ayacucho pour des raisons de travail et pour ce que je croyais être un temps court, un temps court qui dura des années ; je pensais que ça allait durer un an, vu les circonstances, mais chacun propose et la classe dispose ; la masse et le peuple font de chacun de nous beaucoup de choses. Ayacucho m’a servi à découvrir la paysannerie ; Ayacucho était à l’époque un village très petit ; sur une grande partie, c’était la campagne.

Aujourd’hui encore, si on va dans les quartiers pauvres à la sortie de la ville, on trouve encore des paysans et à un quart d’heure de la ville, c’est déjà la campagne. Ici aussi, j’ai commencé à comprendre le Président Mao Zedong, j’ai avancé dans ma compréhension du marxisme.

La lutte entre marxisme et révisionnisme a eu beaucoup d’importance dans ma formation. Quelqu’un a eu la malchance de me prêter la fameuse Lettre Chinoise, la « Proposition au sujet de la ligne générale du Mouvement Communiste International » ; il me la prêtait avec l’obligation de la lui rendre ; évidemment, l’appropriation était compréhensible.

La lettre m’amena à approfondir la grande lutte entre marxisme et révisionnisme. Je me suis consacré au travail du Parti et à balayer le révisionnisme, je crois qu’ensemble, avec d’autres camarades, nous avons réussi, en laissant de côté un ou deux, en guise de remède comme on dit, ils étaient déjà invariablement révisionnistes.

Ayacucho a eu pour moi une immense importance, et cela a un rapport avec la voie de la révolution, et aussi avec les enseignements du Président Mao. Ainsi, je suis devenu marxiste et le Parti m’a façonné avec l’acier, avec patience je crois. »

Est-ce qu’Alfred Klahr a commencé sa carrière révolutionnaire dès l’école ?

Né en septembre 1904, Alfred Klahr a rejoint dès l’adolescence l’Union de la Jeunesse Communiste, qui est née en Autriche à la suite de la révolution de 1917 en Russie. Devenant un étudiant, il rejoignit également le groupe communiste des étudiants (KOSTUFRA). Par la suite, il est resté plusieurs mois à Berlin, travaillant à la rédaction de la Rote Fahne (Drapeau rouge), organe central du Parti Communiste d’Allemagne, pour travailler ensuite pour le Rote Fahne d’Autriche.

Après, il travailla de 1930 à 1932 à Moscou, en tant que représentant de l’Union de la Jeunesse Communiste d’Autriche. A la fin de cette période, il devint le représentant de la Rote Fahne d’Autriche.

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11. Une pensée en développement

Si Akram Yari était vivant, aurait-il réussi à porter une pensée plus développée, comme la pensée Gonzalo ?

Les MLM soutiennent que c’est la ligne qui est décisive. Ainsi, c’est le développement de la ligne correcte d’Akram Yari qui a amené l’affirmation de la pensée Akram Yari, qui a été développé par l’Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement Maoïste), sous la direction du camarade « X ». Est-ce que ce n’est pas le président Gonzalo qui a formulé le maoïsme à partir de la pensée Mao ? Et est-ce que ce n’est pas le président Gonzalo qui l’a développé par des contributions d’une reconnaissance hautement universelle ?

Comme c’est le cas pour Akram Yari et le camarade « X. » Comme ce fut le cas avec Mariategui et le Président Gonzalo au Pérou. Le président Akram Yari a généré la Pensée, et nous la développons et l’étendons en arborant, en défendant et en appliquant le maoïsme aux conditions concrètes de notre pays et cela sera effectué en menant la Guerre Populaire Prolongée et en la continuant jusqu’au Communisme. C’est la ligne du président Akram Yari, qui contribue comme noyau à la formation de la Pensée Akram Yari, et est la garantie du triomphe.

Si Ibrahim Kaypakkaya était vivant, aurait-il réussi à porter une pensée plus développée, comme la pensée Gonzalo ?

Certainement, puisqu’Ibrahim Kaypakkaya a réussi à comprendre la réalité de la société turque, avec la question principale du capitalisme bureaucratique et la question nationale kurde.

Si Siraj Sikder était vivant, aurait-il réussi à porter une pensée plus développée, comme la pensée Gonzalo ?

Siraj Sikder a déjà fait de nombreuses contributions dans la théorie et la pratique de la révolution au Bengale occidental. Il a été une des figures les plus développées du mouvement communiste contemporain mondial. Ainsi, s’il était vivant, comme nous connaissons la tendance générale de la loi de la matière, la révolution bangladeshi pourrait réussir et naturellement la direction et la pensée se développeraient ; sans pensée, il ne peut pas y avoir de révolution.

Si Alfred Klahr était vivant, aurait-il réussi à porter une pensée plus développée, comme la pensée Gonzalo ?

La pensée d’Alfred Klahr n’a pas pu se développer, en raison des conditions concrètes de l’Autriche. C’était davantage le produit de la naissance idéologique et politique de la classe ouvrière autrichienne tentant de dépasser l’étape social-démocrate vraiment forte et très radicale, qui avait précédé.

Avec le poids du révisionnisme dans le Parti Communiste en Autriche, mais également de la social-démocratie, après 1945, il aurait été vraiment difficile pour Klahr de forger une ligne révolutionnaire dans ce contexte difficile.

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12. Les enseignements de Gonzalo: de la pensée à la guerre populaire

[Il s’agit d’un document de synthèse réalisé par le PCF (mlm).] 

1.Gonzalo et l’optimisme révolutionnaire

Quand une classe va dans le sens de la prise du pouvoir, il faut construire de solides compétences dans tous les domaines, et bien sûr c’est plus vrai que jamais dans le cas de la classe ouvrière, qui doit avoir un système culturel et idéologique tout-puissant , permettant de comprendre tous les aspects de la société et de le révolutionner.

Gonzalo a joué un rôle historique en permettant de comprendre cela. Il a souligné que les révolutionnaires doivent porter un optimisme absolu; dans le document «ILA-80 » qui explique le déclenchement de la lutte armée au Pérou en 1980, il a expliqué:

« Nous avons besoin d’un optimisme élevé, qui a une raison d’être : nous sommes ceux qui conduisent ceux qui façonnent l’avenir, nous sommes des guides, l’état major du triomphe invincible de la classe, pour cette raison nous sommes optimistes.

Nous possédons l’enthousiasme, parce que nous nourrit l’idéologie de la classe : la marxisme-léninisme-pensée Mao Zedong. Nous vivons la vie de la classe, nous participons de sa geste héroïque, le sang de notre peuple nous remplit d’ardeur et bout dans nos coeurs. Nous sommes ce sang puissant et palpitant, prenons ce fer et cet acier inflexible qu’est la classe et fusionnons-le avec la lumière immarcescible du marxisme-léninisme-pensée Mao Zedong. »

2.Chaque classe révolutionnaire appelle à la lutte épique

Lorsque la révolution bourgeoise française s’est lancée à la fin du 18ème siècle, il y avait la nécessité historique d’une mobilisation épique des masses. La bourgeoisie a plongé dans le passé, à la recherche de quelque chose qui pourrait apparaître aussi proche que possible de ses propres besoins et a pris ce qui pourrait être un modèle pour galvaniser la lutte: la république romaine.

Napoléon, en passant de la figure d’un général romain à un César impérial, a été le jouet d’un processus historique où il a dirigé des changements internationaux nécessaires à la bourgeoisie française pour pleinement se développer dans la conquête du pouvoir.

Karl Marx et Friedrich Engels ont expliqué cette question idéologique, en supprimant les brumes et les prétentions idéologiques bourgeoises à faire la révolution qui soit la dernière, et la révolution totale. Mais ils n’ont pas intégré cette question idéologique et culturelle dans le socialisme scientifique, car à leur époque il n’y avait pas de révolution de nouvelle démocratie / de révolution socialiste dans le monde.

3.Les pensées comme expression du mouvement de la matière

Avec la révolution socialiste en Russie en Octobre 1917 et la nouvelle révolution démocratique en Chine remportée en 1949, le matérialisme dialectique a formulé scientifiquement la question d’avant-garde, du parti révolutionnaire.

L’idéologie révolutionnaire dirige le processus révolutionnaire ; dans le parti révolutionnaire lui-même, des luttes de deux lignes surgissent dans le processus: la vie du Parti communiste obéit également aux règles du développement dialectique.

Et ainsi font les pensées, car elles sont le reflet du monde, de la matière en mouvement dialectique, à la dimension de l’univers lui-même.

Dans le document « La vie, la matière, l’univers, (7) : qu’est-ce qu’une pensée ? » promu par le PCMLM [France], il est expliqué :

« La pensée consiste en des mouvements moléculaires et chimiques dans le cerveau, mouvements qui sont de la matière et qui sont la conséquence du mouvement de la matière en dehors du corps – le mouvement extérieur est perçu.

Dans ce mouvement de la perception, la matière grise se développe – elle en arrive à la compréhension synthétique du mouvement dialectique de la matière. Alors, elle devient ouvertement une expression de la matière en mouvement. »

4.Les individus ne pensent pas

Au XIIIe siècle, la réaction française avait dû lutter contre les thèses matérialistes à l’Université de Paris. Ces thèses étaient les conclusions logiques de la pensée d’Averroès (1126-1198), le grand penseur de la Falsafa, la philosophie arabo-persane.

L’Eglise avait interdit 13 thèses en 1270, et parmi celles-ci : « La proposition : l’homme pense est fausse ou impropre », « Le libre arbitre est une puissance passive, non active, qui est mue par la nécessité du désir », « La volonté humaine veut et choisit par nécessité », « Il n’y a jamais eu de premier homme », « Le monde est éternel », « Il n’y a qu’un seul intellect numériquement identique pour tous les hommes. »

Ces thèses sont correctes et une expression du matérialisme.

Lorsque l’on parle au sujet de la pensée, il n’est pas parlé de la pensée d’un individu, même si c’est un individu qu’il l’exprime. Les individus ne pensent pas. L’humanité est matière en mouvement, la pensée est simplement un reflet du mouvement. Il ne peut pas y avoir de pensée individuelle, ce que les individus pensent est l’expression du désir et de la nécessité.

5.La pensée comme arme culturelle-idéologique pour la révolution dans chaque pays

Gonzalo n’a pas seulement appelé à l’optimisme révolutionnaire, parce qu’il y avait la nécessité de luttes épiques. Ce serait subjectiviste et non conforme à l’idéologie communiste, qui tend vers l’avenir et non vers le passé.

Ainsi, en plus de l’appel à l’enthousiasme, il a formulé l’idée que dans chaque pays se lève une pensée révolutionnaire, synthétisant la société et affirmant la manière correcte de résoudre les contradictions sociales.

L’histoire en mouvement engendre l’enthousiasme et la compréhension correcte de la réalité dans les pensées des masses, de l’avant-garde, de la direction révolutionnaire.

Dans le document « Sur la pensée Gonzalo » du Parti communiste du Pérou, il est expliqué:

« Mais, de plus, et ceci représente le fondement de toute direction, les révolutions engendrent une pensée qui les guide et qui est le résultat de l’application de la vérité universelle de l’idéologie du prolétariat international aux conditions concrètes de chaque révolution.

Cette pensée-guide est indispensable pour obtenir la victoire et conquérir le Pouvoir et, plus encore, pour poursuivre la révolution et maintenir toujours le cap sur l’unique et grandiose but: le Communisme. »

6.La pensée comme synthèse d’une société

Chaque société nationale connaît des contradictions, que la pensée communiste analyse, produisant la synthèse révolutionnaire qui consiste dans le programme révolutionnaire et les méthodes pour le réaliser.

En Russie et en Chine, Lénine et Mao Zedong connaissaient non seulement la situation politique, mais aussi avec précision la situation économique et les aspects culturels-idéologiques. Ils ont souvent cité des œuvres littéraires et fait référence à leur propre culture, la situation culturelle- idéologique des masses (par exemple le rapport d’autorité dans la campagne, l’émergence ou non du capitalisme dans les campagnes, etc.)

Dans de nombreuses autres situations, des dirigeants révolutionnaires ont produit une pensée, une synthèse de leur propre réalité.

Au Pérou, José Carlos Mariátegui a écrit en 1928 une analyse complète de l’histoire de son pays: « Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne », qui explique l’histoire de la colonisation, de la situation des campagnes et des Indiens Quechua, etc.

En Italie, Antonio Gramsci, l’un des fondateurs du Parti Communiste en 1926, a étudié de la même manière la culture et l’histoire de son pays, comprenant la nature de l’État italien et la contradiction historique entre le nord et le sud (Mezzogiorno) du pays.

Alfred Klahr a été le premier théoricien à expliquer que son pays l’Autriche était une nation («Sur la question nationale en Autriche », 1937) et comment le nazisme allemand n’était pas seulement sous le contrôle du capital impérialiste, mais aussi des Junkers.

Ibrahim Kaypakkaya, né en 1949 et tué par l’Etat turc en 1973, a réalisé une étude exhaustive de la « révolution » faite par Mustafa Kemal et de l’idéologie kémaliste, ouvrant la voie à une compréhension correcte de la nature économique, politique et culturelle-idéologique de la Turquie.

Ulrike Meinhof a étudié la nature de dépendance de l’Allemagne de l’Ouest, qui était sous le contrôle des États-Unis; voyant le processus de reprise économique après 1945, elle a proposé une stratégie à long terme de guerre populaire sur la base des couches les plus pauvres de la jeunesse et de la lutte contre la présence impérialiste des États-Unis. Elle a été assassinée en prison en 1976.

Un autre grand révolutionnaire à produire une pensée était Siraj Sikder, dans le Bengale oriental. Né en 1944, il comprenait à la fois le Pakistan et l’expansionnisme indien, en proposant la voie de la révolution agraire pour obtenir l’indépendance nationale. Il a été assassiné en détention en 1975.

7.La guerre populaire comme produit de la pensée

Suivant la leçon matérialiste dialectique de Gonzalo, les communistes ont dans chaque pays la tâche de produire une synthèse de leur propre situation nationale, comme les contradictions révolutionnaires doivent être réglés dans ce cadre.

La guerre populaire n’est pas une « méthode » ou un style de travail, c’est la production matérielle de la pensée, c’est-à-dire la confrontation révolutionnaire avec le vieil Etat et les classes dominantes réactionnaires, selon une stratégie basée sur la pensée, sur la synthèse révolutionnaire fait dans l’étude pratique d’un pays.

Quand la pensée révolutionnaire authentique est produite, elle cherche la confrontation avec l’ancienne société, à tous les niveaux. La guerre populaire ne signifie pas seulement la lutte armée, mais aussi la négation culturelle-idéologique des valeurs de l’ancienne société.

Si les révolutionnaires n’ont pas le niveau pour mener la lutte dans tous les domaines, ils ne seront pas en mesure de faire triompher la révolution et de lutter contre les tentatives de restauration de l’ancienne société.

Cette compréhension est la conséquence directe des enseignements de Mao Zedong sur la culture et l’idéologie et de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

8. « Principalement appliquer »

Gonzalo a considéré que notre idéologie n’est pas seulement le marxisme-léninisme-maoïsme, mais le le marxisme-léninisme-maoïsme principalement maoïsme. Il voulait montrer que notre idéologie est une synthèse et non pas un assemblage d’enseignements.

De la même manière, il estime que, dans chaque pays, l’idéologie était le marxisme-léninisme-maoïsme et la pensée, principalement la pensée (par exemple au Pérou: le marxisme-léninisme-maoïsme pensée Gonzalo principalement pensée Gonzalo).

La raison en était que la pensée, c’est la synthèse dans une situation concrète, avec son application. De la même manière, un principe est de « arborer, défendre et appliquer, principalement appliquer. »

La « pensée » est authentique et correcte seulement si elle signifie une confrontation réelle sur tous les aspects de l’ancienne société, l’aspect pratique étant à la pointe.

9.La pensée et la guerre populaire ne sont pas des concepts indépendants

Durant les années 1990-2000, le Mouvement Populaire Pérou (MPP), organisme généré par le Parti Communiste du Pérou pour le travail à l’étranger, a mené un important travail pour promouvoir le marxisme-leninisme-maoïsme.

Malheureusement, lors de l’approche des aspects pratiques nationaux, le MPP a seulement appelé à suivre l’exemple du Pérou et n’a jamais été en mesure d’aider les communistes à produire une synthèse de leur propre situation.

Le MPP n’a jamais appelé à étudier les réalités nationales, et au lieu de cela a fait la promotion d’un cosmopolitisme consistant à reproduire un style de travail de manière stéréotypée. Au lieu d’accompagner de véritables forces révolutionnaires au marxisme-léninisme-maoïsme, le MPP en est arrivé au point d’appuyer des centristes, comme ils reconnaissaient verbalement le maoïsme.

Ceci est un exemple d’une mauvaise compréhension de l’aspect principal. Ce qui compte, ce n’est pas d’assumer la guerre populaire d’une manière abstraite, mais la Guerre Populaire basée sur la Pensée. Le révisionnisme au Népal est un bon exemple: en dépit du fait d’assumer la « guerre populaire », ce qui a été appelé « chemin de Prachanda » [Prachanda’s path] n’a jamais eu une grande importance culturelle-idéologique de haut niveau, alors il contenait déjà de nombreuses erreurs concernant les principes fondamentaux du matérialisme dialectique.

10.Notre horizon: produire des pensées et rejeter le fascisme

Notre horizon est le suivant: dans chaque pays, une pensée communiste doit être produite, la synthèse de la société, montrant la voie pour résoudre les contradictions. Les communistes ne peuvent pas faire une révolution dans leur propre pays, sans avoir un niveau élevé dans les champs culturels-idéologiques.

Les masses vivent dans une culture pleine de musique, de films, de littérature ; les enseignements de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne nous rappellent l’importance de la lutte dans ce domaine. Les communistes dans le monde doivent échanger leurs expériences et leurs connaissances ; en de nombreux domaines, ils ont les mêmes luttes à mener.

Si les communistes ne sont pas en mesure de faire cela, les classes dominantes réactionnaires produiront une idéologie plongée dans le passé pour « régénérer » la société, un faux « socialisme », qui est le fascisme.

Chaque pensée est ainsi d’importance historique, c’est la base de la Guerre Populaire. Chaque pensée permet de lancer la guerre populaire, qui détruit le vieil Etat, et alors que ce processus se généralise, il devient une guerre populaire mondiale. La pensée devient alors la synthèse de la société mondiale qui émerge sur les décombres de l’impérialisme, ouvrant la voie à la construction d’une société communiste mondiale.

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Déclaration maoïste du premier mai 2019

À l’occasion de ce nouveau premier mai, le Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique et le Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste) expriment leur assurance et leur enthousiasme quant à l’affirmation grandissante de la seconde vague de la révolution mondiale.

La première avait donné naissance, il y a cent ans, en mars 1919, à l’Internationale Communiste ; la seconde réalisera l’objectif de celle-ci : l’unification mondiale et la réalisation du socialisme sur toute la planète.

La formation d’une République Socialiste Mondiale est inéluctable au 21e siècle. La réalisation de l’unification complète de l’Humanité, sur la base des rapports socialistes dans l’économie et dans toute la société, est certaine. Il ne peut y avoir strictement aucun doute à ce sujet.

La résolution des problèmes environnementaux, par l’établissement de rapports dialectiques de l’Humanité avec la planète considérée comme une biosphère, est inévitable. La compréhension de la nature de la matière vivante et son respect va de pair avec la compréhension matérialiste dialectique de l’évolution générale de l’univers éternel et infini.

Nous affirmons que la maîtrise du matérialisme dialectique et de ses thèses fondamentales sur l’univers sont la base même pour comprendre la réalité et la transformer.

Il est indéniable que cela exige encore des initiatives formidables. Mao Zedong avait parlé, dans les années 1960, des cinquante à cent années à venir où l’humanité connaîtrait des bouleversements comme elle n’en a jamais connu. Nous sommes précisément dans cette période et il s’agit d’être en première ligne. Nous le sommes en tant qu’avant-garde de la classe ouvrière en Belgique et en France.

Nous disons : il n’y aura ni capitulation, ni retour en arrière, ni modification des fondamentaux idéologiques, ni révision des grands principes. Nous avons pleinement conscience de la complexité des tâches qui nous incombent, mais nous saurons les assumer avec vigueur et le plus grand sens des responsabilités. Nous sommes pleins d’optimisme quant à l’avenir : le triomphe du Communisme correspond au mouvement de l’univers lui-même. Le prolétariat est la classe la plus révolutionnaire de l’Histoire.

Il est vrai que, dans les métropoles impérialistes, la recomposition du tissu prolétarien est encore un processus en cours, qui ne suit pas un parcours linéaire et qui exige encore un travail de fond extrêmement important. Il existe sur ce plan encore un travail titanesque à mener. Nous pensons cependant avoir saisi les orientations générales nécessaires. Nos deux organisations sont en ce sens pleinement engagées dans cette lutte visant à faire en sorte que le prolétariat se ressaisisse et parte à la reconquête de son identité, celle-ci ayant connu de profonds changements dus à l’accroissement des forces productives, au-delà des profondes déformations, des errements significatifs.

Ce processus de recomposition du tissu prolétarien correspond à l’émergence de la seconde vague de la Révolution Mondiale. Et le mode de production capitaliste, tant en Belgique qu’en France, connaît de tels problèmes internes, de par ses limites historiques, qu’il est de moins en moins en mesure de geler les rapports sociaux au moyen de l’appareil d’État et de la corruption d’une partie importante du prolétariat. Cela avait amené, depuis les années 1950, le déplacement de la contradiction principale dans la zone des tempêtes : l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie. Nous sommes désormais dans une nouvelle période.

Il y a également la réaffirmation de l’idéologie communiste qui se pose historiquement, à travers la maturation des conflits de classe et surtout le rôle moteur de diffusion joué par nos organisations. Nous affirmons ici de manière très claire que les explications que nous fournissons du matérialisme dialectique sont les armes décisives pour disposer des outils nécessaires, dans les domaines théorique et pratique, intellectuel et matériel, pour faire avancer la Cause. Il ne s’agit pas d’un à-côté ou d’une philosophie accompagnant de simples revendications, mais du noyau dur de l’affirmation communiste.

Il va de soi qu’il serait toutefois faux de considérer de manière unilatérale que la contradiction prolétariat-bourgeois a déjà repris son cours naturel. C’est très loin d’être le cas. Les restes idéologiques, culturels, sociaux, politiques… des années 1950-1980 sont encore largement présents. Les années 1990-2010 ont également été marquées par un renforcement de nombreux aspects du mode de production capitaliste, en raison des progrès technologiques, de l’effondrement du bloc dominé par le social-impérialisme soviétique et de l’intégration dans l’économie capitaliste mondiale de la Chine devenue social-fasciste.

En ce sens, il est incorrect de considérer un mouvement comme les « gilets jaunes » en France autrement que comme une expression de la crise capitaliste en général et de la petite-bourgeoisie en particulier. Il existe un phénomène de ciseaux où tout ce qui est entre le prolétariat et la bourgeoisie est broyé. Ce phénomène est d’ailleurs parallèle à de nombreux autres qui, pareillement, expriment la peur de voir le capitalisme ne plus être en mesure d’assurer la paix sociale, de donner libre cours aux petits capitalistes, de neutraliser la classe ouvrière.

Les interprétations petites-bourgeoises de la crise écologique de grande ampleur et l’écocide terrifiant qu’il provoque, de l’aggravation catastrophique du réchauffement climatique, de la dramatique condition animale, sont également l’expression terrorisée des couches intermédiaires du capitalisme prises entre le marteau des exigences prolétariennes et l’enclume du capitalisme. Il s’agit en réalité de phénomènes correspondant à la limite historique du capitalisme. L’heure de son dépassement mondial est arrivé.

Les discours sur un « monde fini », sur la nécessité de passer à un développement économique « durable », d’adopter un mode de vie plus « sobre », ne sont rien d’autres qu’une tentative de freiner la roue de l’Histoire. Le fascisme réapparaît également de manière plus forte comme exigence d’un retour en arrière. Les appels à être davantage « raisonnable » sont toujours plus nombreux au sein des couches intellectuelles parasitaires. Tout ce catastrophisme est fondamentalement étranger à qui a compris l’ampleur des changements en cours, leur envergure.

En réalité, la matière est inépuisable et nous connaissons une époque de transformation générale, tant de la vie sociale que du rapport de l’humanité au reste de la matière. Il s’agit, pour être à la hauteur de ce processus, de libérer les forces productives, en adoptant les principes du socialisme dans tous les domaines. C’est cela qui va établir des dynamiques productives pour l’ensemble de la vie dans la Biosphère qu’est la planète, annonçant à moyen terme le processus de colonisation spatiale et de la diffusion toujours plus grande de la vie.

Cela exige une grande capacité d’autocritique, par rapport au mode de vie ancien. Seul le collectivisme est en mesure de briser l’individualisme et l’égoïsme caractérisant les initiatives et les valeurs dominantes dans le mode de production capitaliste. Seule une perspective se fondant sur la notion de totalité, d’ensemble, d’universalisme, peut permettre que la société ne sombre pas sous les coups de l’ultra-individualisme, de sa consommation capricieuse, de son mépris pour toute morale et toute exigence sociale.

Le mode de production capitaliste, en perdition, ne produit également plus que des horreurs culturelles et des poisons idéologiques. L’art contemporain, le relativisme moral, le cynisme le plus outrancier, le culte des egos démesurés et de l’apparence futile, la littérature subjectiviste, la musique dissonante comme valeur en soi ou bien répétitive et simpliste avec des harmonies simples… Le capitalisme profite de la surproduction de capital pour infester toujours plus d’aspects de la vie quotidienne.

Cela est cependant vain. Les masses se sentent fondamentalement étrangères à toute cette décadence, même si des secteurs plus ou moins importants peuvent se sentir fascinés ou momentanément désorientés. Les masses sont du côté de la transformation et de la culture, de l’ouverture et du développement. Les fixations identitaires, les fétichismes matériels, la superficialité leur sont par essence étrangères. Ici, l’avenir s’oppose à la célébration d’un passé idéalisé, le Socialisme à la décadence de la « culture » dans le capitalisme, à ce romantisme anticapitaliste qu’est le fascisme.

En Belgique et en France, la bataille est par conséquent celle pour libérer les initiatives des masses, pour élever leur conscience et leurs capacités d’organisation. L’avant-garde ouvre ici des espaces et, partant de la centralité ouvrière, forme le mouvement amenant l’émergence de la Démocratie populaire comme proposition stratégique. Il s’agit de faire vaciller le système dominant, de l’ébranler, de partir à son assaut pour l’établissement d’un nouvel État. Il faut être ici certain de la victoire.

Vive la classe ouvrière, classe la plus révolutionnaire de l’Histoire !

Vive son idéologie : le matérialisme dialectique, aujourd’hui le Marxisme-Léninisme-Maoïsme !

Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Vive la seconde vague de la révolution mondiale !

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Mai 2019

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La petite-bourgeoisie et la crise générale du capitalisme

Le mode de production capitaliste est toujours plus ébranlé ; si certains secteurs se développent particulièrement, d’autres stagnent voire reculent. Aussi, l’angoisse d’une précarisation sociale violemment forcée prend à la gorge des parties toujours plus importantes de la population. Il y a cependant lieu d’avoir un aperçu juste de ce processus.

En effet, la petite-bourgeoisie cherche toujours à gommer son existence pour prétendre à une certaine « objectivité », alors que dans les faits elle est une couche sociale tampon entre prolétariat et bourgeoisie.

Elle déforme les luttes ou se les approprie, selon ses propres intérêts. Elle refuse d’être subordonnée tant à la bourgeoisie qu’au prolétariat. Aussi n’est-il pas possible de s’orienter du point de vue du prolétariat sans comprendre les modalités de la crise générale du capitalisme frappant la petite-bourgeoisie.

L’enjeu de la question :
la protection des forces démocratiques

Il existe de nombreuses conceptions du changement social, notamment l’alternative réforme ou révolution. Cependant, au-delà des divergences possibles et des différences d’analyses ou d’interprétations, il est évident que le capitalisme, malgré ses prétentions à la stabilité, connaît des soubresauts, des moments de profondes perturbations, des périodes de crise.

Même si l’on admet pas le principe, qui nous semble juste, que le capitalisme ne peut qu’aboutir à une crise générale et qu’il ne peut chercher à s’en sortir que par la guerre, on est bien obligé d’admettre qu’il existe des phases où le capitalisme est tellement tourmenté qu’il y a des explosions sociales.

Or, si elles sont incomprises ou si elles sont orientées dans une direction réactionnaire, alors il ne reste plus de place pour rien. Si la petite-bourgeoisie passe en masse dans le camp de la réaction, celle-ci se voit terriblement renforcée.

Les socialistes et les communistes, comme l’ensemble des forces démocratiques, ont été balayés par le fascisme italien et le national-socialisme allemand, ainsi que par le franquisme espagnol, le fascisme clérical autrichien, etc., qui tous ont su mobiliser la petite-bourgeoisie.

Celle-ci était prise à la gorge par la crise, elle a cherché une porte de sortie. Elle a pensé en trouver une dans le fascisme. C’est cela qu’il s’agit de comprendre, en ayant en tête que ce n’est jamais une question purement « théorique », de par la répression, la militarisation.

C’est toujours une question vitale pour le mouvement ouvrier et par ailleurs l’ensemble des forces démocratiques. Échouer à saisir la complexité de la société à des moments clefs, c’est ne pas être en mesure de faire face à la pression réactionnaire et à l’écrasement fasciste de tout ce qui s’oppose au capitalisme.

La petite-bourgeoisie, couche sociale et non pas classe

Les enseignements de Karl Marx et Friedrich Engels présentent le mode de production capitaliste comme se fondant sur deux classes, le prolétariat et la bourgeoisie. Cette dernière possède les moyens de production et exploite la classe antagonique, qui n’a rien à perdre à part ses chaînes.

Il est évident que cette thèse, tout à fait juste dans ses fondements, exige d’être contextualisée. En l’occurrence, avec l’apparition de l’impérialisme comme stade suprême du capitalisme, on peut s’apercevoir que les pays capitalistes les plus puissants tirent tellement de ressources de leur hégémonie qu’ils sont capables de disposer de périodes de grande stabilité.

En raison du développement ample de la productivité capitaliste et de la domination des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, les pays capitalistes les plus puissants ont pu arracher une paix sociale en corrompant une partie du prolétariat, mais aussi en donnant naissance à de larges couches sociales intermédiaires entre la bourgeoisie et le prolétariat, ayant des fonctions subalternes dans le capitalisme mais se distinguant de la fonction directe de l’exploitation.

C’est ce qu’on appelle la petite-bourgeoisie. C’est une couche sociale et non pas une classe, elle oscille entre prolétariat et bourgeoisie. De par son statut social et son mode de vie, elle exerce une grande influence sur le prolétariat.

Son mode de vie plus élevé aboutit à une certaine fascination dans le prolétariat, notamment par rapport à la question de l’accès à la propriété. A la complication nouvelle historiquement par rapport à Karl Marx que pose le fait que le prolétariat soit devenu un prolétariat métropolitain, vivant dans le 24 heures sur 24 de l’idéologie capitaliste, s’ajoute la corruption petite-bourgeoise des valeurs prolétariennes.

Cette corruption n’est pas que culturelle ou sociale, elle est aussi directement économique et politique, ce qui revient d’ailleurs au même. Car la petite-bourgeoisie a besoin de la classe ouvrière comme levier afin de s’opposer à la bourgeoisie pour exister de manière moins « comprimée » au sein du capitalisme, pour gagner de l’espace entre prolétariat et bourgeoisie.

Les exemples sont innombrables de phénomènes sociaux commençant dans le camp prolétarien et happés par la petite-bourgeoisie, qui en arrache la direction, en en profitant tout en en vidant la substance. On peut penser, pour prendre des exemples qui parlent, au hip hop, au metal ou aux musiques électroniques, où des éléments petits-bourgeois, plus éduqués et plus opportunistes, se sont appropriés les scènes culturelles et le genre musical.

Le principe des ciseaux dans le cadre
de la crise générale du capitalisme

De par sa nature, le mode de production capitaliste est obligé de faire en sorte que l’accumulation du capital soit toujours plus croissante et cela dans une situation marquée par la chute tendancielle du taux de profit, dans un contexte de concurrence internationale toujours plus acharnée, alors qu’à l’arrière-plan des monopoles se mettent en place. Cela aboutit à une agressivité vers l’extérieur et vers l’intérieur, c’est-à-dire des interventions militaires sur le plan international et une pressurisation de la classe ouvrière à l’intérieur du pays.

Cela a des conséquences très lourdes lors des moments de crise apparaissant comme de vraies césures. En effet, tant qu’il n’est pas ébranlé dans ses fondements, le capitalisme est capable d’une telle accumulation qu’il est en mesure de maintenir l’existence de couches sociales artificielles telles que la petite-bourgeoisie, l’aristocratie ouvrière, de larges couches de fonctionnaires, comme produit indirect de l’élan productif.

Par contre, dès que la base capitaliste va vers son déclin, ces couches sociales protégées en apparence sont les premières à tomber, révélant et exprimant l’antagonisme essentiel entre les deux classes fondamentales formant la contradiction du mode de production capitaliste.

La crise générale du capitalisme agit comme des ciseaux, comprimant, écrasant tout ce qui existe entre prolétariat et bourgeoisie. Ce processus est évidemment complexe, visant certaines couches sociales plus que d’autres, de manière non symétrique et sans proportions entre les couches sociales. Tout cela dépend des rapports de force politique et économique, du contexte, de la nature de l’État, de la nature des crises économiques, etc.

Ainsi, l’armée est par définition une couche artificielle portée par le capitalisme, mais jamais la bourgeoisie n’amènera sa suppression, puisqu’il en va de sa survie. Il n’en va pas de même pour la recherche scientifique, par exemple, aussi absurde que cela apparaisse, car le capitalisme est porté par une classe décadente qui est incapable d’organisation. La bourgeoisie peut couper le fonds des subventions à l’art contemporain, qui lui est pourtant utile ; elle ne peut pas pour autant trop pressuriser la police.

La compression de la petite-bourgeoisie est ainsi un processus mécanique, produit de manière automatique de par la recherche de profits par la bourgeoisie. La petite-bourgeoisie est simplement sur sa route : elle dispose de capital et, à ce titre, aussi faible soit ce capital, il est une cible pour la bourgeoisie en quête d’accumulation.

La panique de la petite-bourgeoisie devant la prolétarisation

La petite-bourgeoisie a une véritable hantise de la prolétarisation. Elle entend rester à l’écart du prolétariat. Et, en même temps, elle sait très bien que la bourgeoisie est son ennemi, que les monopoles visent son expropriation. La petite-bourgeoisie est ainsi placée dans une situation intenable, l’amenant à avoir des revendications incohérentes.

D’un côté, elle veut avoir davantage de propriété, de l’autre elle ne peut pas avoir confiance ni en la bourgeoisie qui ne compte rien lui céder, ni s’appuyer sur la classe ouvrière, qui porte en elle l’abolition de la propriété.

D’un côté, elle rejette toute critique collectiviste du capitalisme, de l’autre elle ne veut pas se retrouver comme simple valet de la bourgeoisie, tout en ayant en plus besoin de la classe ouvrière dans son opposition aux monopoles.

La petite-bourgeoisie n’est donc pas seulement une classe fantôme, n’existant que temporairement dans le mode de production capitaliste : elle est également hantée. La hantise du déclassement social la traverse de part en part.

Cela la pousse à réagir de manière d’autant plus hystérique qu’elle ne parvient pas à trouver la source de son trouble, et à être d’autant plus perturbée si jamais elle perçoit que sa propre nature est la source de sa condamnation sociale historique.

Elle invente par conséquent tout un nombre d’idéologies et de démarches sociales, toutes plus éclectiques les unes que les autres, car n’étant pas une classe, elle n’a pas le sens des réalités et doit puiser à la fois dans le camp bourgeois et le camp prolétarien.

Il y a donc toujours un dénominateur commun dans les expressions petites-bourgeoises : rejetant à la fois la classe ouvrière et les monopoles – ce qui n’est pas possible sur le plan historique – la petite-bourgeoisie est amenée à prôner une hypothétique troisième voie entre capitalisme et communisme.

Les caractéristiques de la « troisième voie » petite-bourgeoise

La quête d’une « troisième voie » entre capitalisme et communisme, c’est-à-dire entre les monopoles et la classe ouvrière, s’est exprimée par un nombre sans fin de démarches et d’idées utopiques censées résoudre les problèmes du monde.

Leurs caractéristiques obéissent à la loi comme elles reflètent le caractère incohérent de la petite-bourgeoisie. On retrouve donc systématiquement :

– la croyance en un complot d’une élite secrète ;

– le refus d’utiliser le terme bourgeoisie ;

– le refus de reconnaître l’existence de la classe ouvrière ;

– le refus d’aborder la question de la propriété ;

– la focalisation sur la finance ;

– l’exigence de la sobriété, d’un retour en arrière sur le mode productif ;

– le refus de la politique ;

– le refus de l’organisation démocratique prolongée et structurée de manière bien déterminée.

La petite-bourgeoisie se fait le vecteur d’une démarche qui ne doit servir qu’elle-même, qui ne doit correspondre qu’à ses propres intérêts. En même temps, elle a besoin de mobiliser dans le prolétariat pour se renforcer et doit donc utiliser une certaine démagogie sociale. Pour autant, rien ne doit aller dans le sens d’une éventuelle remise en cause de la bourgeoisie ; certains thèmes sont donc absolument proscrits.

La petite-bourgeoisie, lorsqu’elle formule un mouvement, met donc toujours en place un simulacre de lutte de classe.

Les nombreux exemples français

La France est traditionnellement un pays où la petite propriété a eu une grande place. Elle est restée majoritairement agricole jusque l’entre-deux guerres, et même après 1945 le poids de cette réalité sociale est resté très important, notamment dans la question du logement.

Sa dynamique impérialiste a permis de former de larges couches sociales intermédiaires, avec un puissant encadrement social et culturel, notamment au moyen des syndicats.

Il n’est donc pas surprenant que, avec la progression de la crise générale du capitalisme, il y ait une quasi avalanche de mouvements petit-bourgeois contestataires. L’un des plus fameux aura été « Nuit debout », qui prétendait réactiver le principe de la révolution française. C’est également pour beaucoup la dynamique de La France Insoumise, avec le même état d’esprit de non-remise en cause de la propriété, de l’utilisation du concept de « peuple » dans un sens très large et opportuniste.

Un autre mouvement très marquant a été le tandem Égalité & réconciliation / Dieudonné. La mode de la « quenelle » relève directement de l’esprit révolté petit-bourgeois ; elle a d’ailleurs puissamment contaminé le prolétariat lui-même. Alain Soral, leader de Égalité & réconciliation, a obtenu un grand succès comme polémiste agressif, au style violemment plébéien.

Il faut ici rappeler le très grand succès de la vague délirante voyant en les phénomènes sociaux un complot des « illuminatis ». Il y a eu bien d’autres variantes, comme les discours sur le « complot » qu’aurait été le 11 septembre, l’explication que la traînée des avions est un empoisonnement (les « chemtrails »), à quoi il faut ajouter le mouvement « zeitgeist », etc.

Ce « blocage » psychologique sur une élite est également celui d’ATTAC, qui vise uniquement la finance, ou bien dans l’arrière-pays, des « nationalistes autonomes ». Il y a eu la vague des bonnets rouges avec leur jacquerie fiscale, et il y a les antispécistes qui voient un complet « spéciste » dirigé le monde.

Il faut bien sûr mentionner l’immense vague formée par les décroissants, Alternatiba, les colibris de Pierre Rabhi et les zadistes. On est ici dans une vague de « retour à la terre » pour retrouver les valeurs censées être authentiques de la petite production.

Il y a également eu l’ultra-gauche, avec « l’insurrection qui vient » de Julien Coupat jusqu’au mouvement contre la loi travail, qui a d’ailleurs reçu le soutien ouvert de la CGT, c’est-à-dire de l’aristocratie ouvrière.

Et il y a les gilets jaunes, jacquerie fiscale portée par la petite-bourgeoisie entrepreneuriale.

La révolte petite-bourgeoise :
une base juste, une orientation déraillée

La petite-bourgeoisie n’est pas une classe et par conséquent sa crise n’est pas sa propre crise à elle. Elle n’a pas de densité historique suffisante pour cela. Sa crise est donc en même temps la crise du prolétariat et la crise de la bourgeoisie.

Elle est en même temps la crise du mode de production capitaliste, dans son existence concrète en tant que contradiction travail manuel / travail intellectuel, contradiction villes / campagnes.

Cela signifie que ce que porte la petite-bourgeoisie dans sa réalité même, c’est la transformation de la base du mode de production capitaliste, dans le sens de son effondrement. Cependant, tout le problème est que la petite-bourgeoisie est incapable de comprendre cela.

La question de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est historiquement celle de l’écologie, celle des gilets jaunes est celle du rapport entre les villes et les campagnes dans le cadre de la vie quotidienne. Les zadistes auraient dû se positionner en défense de la nature sauvage et les gilets jaunes comme les partisans du droit à la ville combiné au droit à la campagne.

Au lieu de cela, ils ont choisi de défendre la petite production locale pour les uns, la jacquerie fiscale pour les autres : cela reflète leur base sociale.

De la même manière, les antispécistes ne sont que le fruit d’une exigence d’un autre rapport avec les animaux (et non de l’absence de rapport destructeur). Les nationalistes autonomes sont l’expression de l’arriération de certains secteurs populaires et une tentative totalement déformée par le racisme de s’y opposer ; le triomphe de Dieudonné est une déviation de l’esprit universaliste anti-particulariste en haine fanatique d’une minorité.

La décroissance est une réaction au gaspillage absurde du capitalisme, ATTAC un refus de la passivité face à la prédominance du capital financier, Nuit debout un effort de convergence sociale, etc.

Il y a toujours une base réelle, la réalité sociale sur laquelle s’exprime la colère de la petite-bourgeoisie existe vraiment. Cependant, pour être à même de saisir le sens de cela, il faut une compréhension matérialiste dialectique que la petite-bourgeoisie ne peut pas saisir, pour deux raisons :

– cela lui est étranger, car elle s’oppose à la classe ouvrière dans sa vision du monde ;

– cela lui est impossible, car elle récuse tout rationalisme, tout matérialisme, toute conscience socialiste.

Une fois que la petite-bourgeoisie est lancée sur sa propre base, elle n’est pas rattrapable, de par son irrationalité.

La question du rapport
entre petite-bourgeoisie et classe ouvrière

La petite-bourgeoisie n’étant pas une classe, sa révolte n’est en soi qu’une conséquence historique du mode de production capitaliste. Par conséquent, la lutte de classe du prolétariat ne peut pas être celle de la petite-bourgeoisie. Il ne peut jamais s’agir d’unifier les exigences du prolétariat et de la petite-bourgeoisie, de les mettre sur le même niveau.

Tout comme la paysannerie, la petite-bourgeoisie n’est qu’une couche sociale transitoire historiquement ; elle n’a pas d’autonomie, elle ne peut qu’osciller, vaciller, être entraînée par l’un ou l’autre des deux pôles du capitalisme que sont le prolétariat et la bourgeoisie.

L’opportunisme consiste toujours à aligner le prolétariat sur la petite-bourgeoisie au nom de l’unité populaire nécessaire, alors qu’il s’agit justement inversement d’aligner la petite-bourgeoisie sur les nécessités historiques portées par le prolétariat.

L’une des démarches classiques de l’opportunisme vise forcément à ne pas aborder la question de ce qui relève de la petite-bourgeoisie, de ce qui relève du prolétariat. Une autre démarche vise à faire passer ce qui relève de la petite-bourgeoisie pour ce qui relève du prolétariat.

L’opportunisme a ainsi comme méthode soit de prétendre défendre le peuple « en général », soit de tenir un discours maximaliste dont le contenu est en réalité vain, petit-bourgeois, sans lien avec le processus historique du point de vue du prolétariat.

Bien cerner cet opportunisme et le récuser est une tâche incontournable.

La tentation romantique fasciste de la petite-bourgeoisie

La complexité du rapport entre prolétariat et petite-bourgeoisie s’accentue avec l’appel d’air effectué par le fascisme auprès de la petite-bourgeoisie.

Même si le fascisme signifie appauvrissement social, nihilisme culturel et volonté de guerre comme solution aux problèmes, avec une domination concrète des monopoles, il apparaît de par sa démagogie comme une utopie satisfaisant les fantasmagories de la petite-bourgeoisie.

En effet, le fascisme vise une conquête de la petite-bourgeoisie et même d’une partie réelle des masses populaires, du prolétariat, au moyen de la rhétorique nationaliste et de prétentions sociales communautaires.

Le fascisme s’expose toujours auprès de la petite-bourgeoisie comme un romantisme. C’est une démarche anti-rationnelle correspondant tout à fait au style petit-bourgeois, car la petite-bourgeoisie est en quête perpétuelle d’un moyen d’exister historiquement, alors que c’est impossible.

En présentant une utopie pacifiée virtuelle, le fascisme sait qu’il va parler à la petite-bourgeoisie, qui a l’impression d’avoir enfin trouvée une manière d’avoir sa place.

L’idéal communautaire du fascisme vise directement les attentes petites-bourgeoisies d’un monde statique, rassurant pour elle, sans compression de la part du prolétariat ni de la bourgeoisie.

Le fascisme comme « annulation » de la lutte des classes

Un aspect essentiel du fascisme qui parle à la petite-bourgeoisie, même si c’est en fait l’outil des intérêts de la bourgeoisie, est le refus de la lutte des classes. C’est là un grand thème du fascisme. La « réconciliation », la remise à sa « place » de chaque groupe social, le rétablissement d’un « équilibre », tout cela correspond aux espoirs de la petite-bourgeoisie.

Et cela sert directement la démarche du fascisme. L’objectif du fascisme est toujours de dévier les initiatives vers des choses secondaires ou carrément fausses, irrationnelles, afin d’empêcher la lutte des classes de tracer la route nécessaire pour renverser le mode de production capitaliste.

Le fascisme dévie les exigences de la lutte de classes pour proposer des solutions qui n’en sont pas, mais qui grâce aux préjugés, au manque de conscience sociale, culturelle, politique, à l’absence de connaissance du matérialisme dialectique, donnent l’impression de se diriger vers la sortie de la crise capitaliste.

Le fascisme n’est pas une simple réaction niant la lutte de classes. Il est une opération de mystification, visant à dévier l’énergie de la lutte des classes, afin de l’annuler. Cela n’étant possible que pendant un temps, le fascisme doit pour cette raison rapidement faire des réformes pour mener le pays à la guerre, seule voie possible pour la bourgeoisie et principalement les monopoles d’élargir leur accumulation capitaliste.

La démocratie populaire comme front populaire antifasciste

En tant que communistes disciples de Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong, nous savons que le Mouvement Communiste International a développé la forme de la démocratie populaire comme période intermédiaire entre la phase de pourrissement du capitalisme avancé et le socialisme.

Nous refusons le révisionnisme et défendons ce patrimoine.

La démocratie populaire, en brisant le pouvoir des monopoles et des grands propriétaires terriens, frappe le mode de production capitaliste en son cœur. Cela satisfait à la fois les intérêts de la classe ouvrière, mais également de la petite-bourgeoisie qui n’est plus alors sous le joug des monopoles.

Naturellement, la petite-bourgeoisie veut de son côté développer le capitalisme, cependant elle ne peut plus le faire de manière suffisamment ample pour devenir une bourgeoisie, avec des monopoles qui se reforment. De plus, la part principale de la production se fait par l’intermédiaire des monopoles anciens qui n’ont en effet pas été démantelés, mais socialisés. Cela présuppose bien entendu un État au service des larges masses, avec la classe ouvrière organisée comme force décisive historiquement.

La démocratie populaire se présente donc comme l’étape adéquate pour rassembler suffisamment les larges masses pour briser les monopoles et ouvrir la voie au socialisme.

Le Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste) affirme que l’objectif actuel n’est pas la révolution socialiste, mais la démocratie populaire comme étape historique obligatoire dans le cadre du capitalisme avancé.

Les concepts des « deux moments »
et du « courant transversal »

Si l’on regarde le parcours des mouvements portés par la petite-bourgeoisie, on peut voir qu’il y a toujours deux moments :

a) le premier est celui d’une véritable dynamique, avec une vraie portée critique, avec de larges sas avec le prolétariat, avec qui après tout la petite-bourgeoisie partage de très nombreux aspects de la vie quotidienne ;

b) le second moment est par contre celui d’un retournement complet, avec subitement l’affirmation de tendances fascistes plus ou moins fortes.

Nous affirmons que c’est là une loi historique. Cela se justifie par le fait que, n’étant pas une classe, la petite-bourgeoisie peut commencer à affirmer quelque chose, mais vacille immanquablement et finalement intègre son initiative dans une redynamisation du capitalisme, à moins que le prolétariat ne l’encadre adéquatement.

Dans le cas où il n’y a pas cet encadrement, le passage d’un moment à un autre peut se faire à un rythme plus ou moins rapide.

Le mouvement zadiste a mis du temps avant de prendre un tournant du type pétainiste, avec le culte du retour à la terre et de la mise en valeur de la petite production autosuffisante, etc. Le potentiel d‘une tournure tout à fait différente a existé pendant toute une période.

Le mouvement des Gilets Jaunes a quant à lui connu un retournement très rapide, passant quasi instantanément sous la coupe des éléments petits-bourgeois les plus liés au capitalisme, comme les commerçants, les petits entrepreneurs, les artisans, etc.

Il est un autre aspect important : l’émergence d’un courant transversal.

La dynamique de l’articulation de ces deux moments produit également un phénomène que les intellectuels bourgeois résument en disant que « les extrêmes se rejoignent » : il s’agit en réalité de la convergence de l’ultra-gauche avec l’extrême-droite. La nature petite-bourgeoise de l’ultra-gauche ramène celle-ci à échouer dans sa volonté d’affrontement total et la conduit à former un courant transversal de protestation avec l’extrême-droite.

Il s’agit là aussi d’une loi historique, dont un exemple connu est le soutien du trotskisme à l’occupation nazie, par le fait de nier la nécessité de la lutte armée au nom de « l’internationalisme ». Un autre exemple connu est le refus du front populaire antifasciste en Espagne par les courants d’ultra-gauche, au nom de la « révolution ».

Un dernier exemple est une tradition intellectuelle faisant de ce moment un fétiche et revendiquant une idéologie « nationale-révolutionnaire », « nationale-bolchevique ».

L’étape de la démocratie populaire comme orientation

Nous affirmons, eu égard à cette analyse, que la tâche actuelle des communistes est de contribuer à l’unification des masses contre les monopoles, sous la direction idéologique de la classe ouvrière.

Cela signifie que l’autonomie ouvrière est l’aspect principal et prime sur une unification avec la petite-bourgeoisie qui, sinon, aboutirait à une subordination à celle-ci. La priorité absolue est toujours de réfuter l’opportunisme qui idéalise tel ou tel phénomène qui transcenderait la différence entre prolétariat et petite-bourgeoisie.

Cela ne veut pas dire que le prolétariat ne doit pas soutenir le cas échéant la petite-bourgeoisie, bien au contraire. D’ailleurs, ce n’est qu’en la soutenant qu’il sera possible d’en faire une alliée, que la petite-bourgeoisie aura de vrais résultats, et donc ne répondra pas positivement au fascisme.

Cependant, fusionner conceptuellement la classe ouvrière et la petite-bourgeoisie est de l’opportunisme. Nous affirmons que c’est cela qui a amené le Parti Communiste Français à devenir révisionniste, la cause en étant l’interprétation opportuniste de Maurice Thorez des principes de Front populaire et de Démocratie populaire.

Nous rétablissons l’interprétation correcte : c’est notre identité politique, idéologique.

Pour synthétiser :

a) la révolte de la petite-bourgeoisie n’a de valeur historique que si elle se place en décalage par rapport au mode de production capitaliste, et donc qu’elle se place dans l’orientation portée par la classe ouvrière :

b) sans cela, elle va dans le sens d’un vecteur du fascisme comme mouvement romantique de masse cherchant à la neutralisation des contradictions :

c) le Front populaire contre les monopoles, contre le fascisme, contre la guerre, est l’orientation politique des communistes ;

d) l’établissement de la Démocratie populaire est le programme politique des communistes.

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Décembre 2018

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Le prolétariat métropolitain

Dans un pays capitaliste développé, il existe de nombreux moyens de fuir la réalité, de se replier sur sa vie privée. Les forces productives sont suffisamment développées pour qu’on puisse vivre de manière à peu près correcte au quotidien, dans un environnement relativement stable, en se préoccupant de s’élever socialement, d’avoir différentes activités sportives ou culturelles, voire même d’accumuler du capital.

Les revendications sociales elles-mêmes servent directement les syndicats, qui eux-mêmes participent aux institutions, aux entreprises, contribuant à la modernisation des rapports sociaux, à leur adaptation aux nouvelles situations. Les exigences révolutionnaires ne font que alors vivoter à la marge de la société, de manière coupée de la classe ouvrière, ne s’exprimant au mieux que de manière bornée ou folklorique.

Ce panorama n’a rien de nouveau ; il est de fait vrai depuis 1968, voire le début des années 1960. Il reflète la situation mise en place par le capitalisme une fois qu’il s’est élancé : si auparavant, jusque dans les années 1950, il y avait encore beaucoup de goulots d’étranglements empêtrant les masses dans la misère la première crise venue, désormais il y a en France une base matérielle suffisante pour fournir un minimum de satisfaction matérielle et une intégration qui va avec.

Pour cette raison, il existe un poids croissant de l’importance de la subjectivité. Il ne suffit pas de prendre conscience de la réalité sociale, il faut également faire le choix de ne pas céder à la corruption, faire le choix de participer à la transformation du monde, se positionner de manière adéquate dans le rapport entre révolution et contre-révolution.

Cette thèse a été formulée comme suit, en 1972 déjà, par la Fraction Armée Rouge :

« La situation d’exploitation des masses dans les métropoles n’est plus couvert par seulement le concept de Marx de travailleur salarié, dont on tire la plus-value dans la production.

Le fait est que l’exploitation dans le domaine de la production a pris une forme jamais atteinte de charge physique, un degré jamais atteint de charge psychique, avec l’éparpillement plus avancé du travail s’est produite et développée une terrifiante augmentation de l’intensité du travail.

Le fait est qu’à partir de cela, la mise en place des huit heures de travail quotidiennes – le présupposé pour l’augmentation de l’intensité du travail – le système s’est rendu maître de l’ensemble du temps libre des gens.

À leur exploitation physique dans l’entreprise s’est ajoutée l’exploitation de leurs sentiments et de leurs pensées, de leurs souhaits et de leurs utopies – au despotisme des capitalistes dans l’entreprise s’est ajouté le despotisme des capitalistes dans tous les domaines de la vie, par la consommation de masse et les médias de masse.

Avec la mise en place de la journée de huit heures, les 24 heures journalières de la domination du système sur les travailleurs a commencé sa marche victorieuse – avec l’établissement d’une capacité d’achats de masse et la « pointe des revenus », le système a commencé sa marche victorieuse sur les plans, les besoins, les alternatives, la fantaisie, la spontanéité, bref : de tout l’être humain !

Le système a réussi à faire en sorte que dans les métropoles, les masses sont tellement plongées dans leur propre saleté, qu’elles semblent avoir dans une large mesure perdu le sentiment de leur situation comme exploitées et opprimées.

Cela, de telle manière qu’elles prennent en compte, acceptant cela tacitement, tout crime du système, pour la voiture, quelques fringues, une assurance-vie et un crédit immobilier, qu’elles ne peuvent pratiquement rien se représenter et souhaiter d’autre qu’une voiture, un voyage de vacances, une baignoire carrelée.

Il se conclut de cela cependant que le sujet révolutionnaire est quiconque se libère de ces encadrements et qui refuse de participer aux crimes du système.

Que quiconque trouve son identité dans la lutte de libération des peuples du tiers-monde, quiconque refuse de participer, quiconque ne participe plus, est un sujet révolutionnaire – un camarade. »

Aux côtés du Collectif Politique Métropolitain italien, la RAF allemande a souligné cette importance de la modernité capitaliste pour la question du niveau de conscience. Il ne s’agit pas de considérer de manière unilatérale le caractère corrompu des masses dans les pays capitalistes développés. Ce serait là du tiers-mondisme, un travers dans lequel la RAF elle-même est tombée en partie.

Cependant, il y a ici une dimension métropolitaine – pour désigner ce qui relève de la métropole impérialiste – qui doit impérativement être pris en compte. Aussi affirmons-nous qu’il est nécessaire de parler de prolétariat métropolitain lorsqu’il est parlé du prolétariat tel qu’il existe, dans une métropole impérialiste, depuis les années 1960.

Ne pas faire cela serait ne pas faire de distinction entre le prolétariat métropolitain et le prolétariat qui, jusqu’aux années 1950, ne disposait pas de moyens matériels l’intégrant dans un 24h sur 24 du capitalisme. Il n’y avait pas de toilettes individuelles, ni de télévision ; il n’y avait pas de consommation massive de viande, ni de matériels électroniques aisément accessibles. Les vacances n’étaient pas encore un bien de consommation de masse, pas plus que les voitures, les assurances-vie, l’art contemporain.

L’intensité de l’exploitation n’avait pas atteint le degré extrême d’usure psychique d’aujourd’hui ; si physiquement, le travail était davantage éreintant, il vidait psychologiquement et nerveusement moins qu’aujourd’hui, il emprisonnait moins les esprits et les démarches.

C’est ce qui explique que le prolétariat métropolitain ne se rebelle pas comme le faisait le prolétariat, que les conflits n’ont ni la dimension, ni la profondeur, ni la violence, ni le degré de conscience qu’ils avaient de par le passé.

Cela ne veut nullement dire que le mode de production capitaliste ait changé de forme, ni que cela remette en cause la chute tendancielle du taux de profit impliquant l’effondrement du capitalisme, la fuite en avant dans la guerre impérialiste.

Ce que nous disons, c’est que nous avons découvert que l’échec de la proposition communiste des années 1950 provient de l’incompréhension de la paupérisation, considérée comme générale alors, bien qu’en réalité elle n’était que relative, le capitalisme connaissant un nouveau cycle. En proportion, la bourgeoisie devenait plus riche, mais la modernisation permettait tout de même d’amener les larges masses à participer au nouveau cycle, dont elles tiraient des avantages matériels.

C’est cela qui fait que, si auparavant la participation aux syndicats était nécessaire comme Lénine l’a souligné avec raison, à partir des années 1960, l‘exigence de l’autonomie prolétarienne implique le rejet formel de ceux-ci.

Naturellement, il y a ici le besoin de bien saisir les changements historiques et de parer à toute relecture gauchiste ou droitière du passé. Le phénomène d’étudiants et de petits-bourgeois prétendant réinterpréter le communisme à la suite de mai 1968 est bien connu et perdure jusqu’à aujourd’hui. Nous tenons à rappeler ici qu’il y a deux maoïsmes : le vrai, celui du matérialisme dialectique, qui prolonge Marx et Lénine mais aussi Engels et Staline, et le faux qui consiste en un spontanéisme aux contours flous et aux pratiques pragmatiques-machiavéliques.

Cependant, nous pensons qu’en saisissant de manière juste la contradiction villes-campagnes, nous avons réussi à trouver un moyen de distinguer le juste de l’erroné, et ce pour tous les cas. La destruction de la planète, c’est-à-dire de la Biosphère, va de paire avec une vie quotidienne aux mœurs dépassés, impliquant destruction écologiques et anéantissement des animaux. Comprendre cet arrière-plan et le combattre est inévitable ; il est facile de voir que des gens prétendant vouloir changer les choses, tout en restant étrangers à cette problématique, relèvent du problème et non de la solution.

C’est évidemment un problème également avec les masses elles-mêmes, qui vivent de manière réactionnaire, leur vécu soutenant objectivement et subjectivement le mode de production capitaliste. Cependant, les masses sont souvent prêtes à développer leur conscience une fois placées face à la contradiction villes-campagnes, si la démarche communiste est bien calibrée. L’isolement idéologique réussi dans la contradiction travail manuel – travail intellectuel est bien moins de mise.

Nous affirmons que c’est là une stratégie historique convenant au prolétariat métropolitain, c’est-à-dire le prolétariat du mode de production capitaliste développé. Le prolétaire métropolitain, aliéné en plus d’être exploité, reste un être naturel confronté à la remise en cause générale de tous les cadres de vie par un mode de production capitaliste exigeant que tout lui soit subordonné. Les besoins existentiels du prolétaire métropolitain restent en contradiction complète avec un mode de production capitaliste qui entend façonner sa production, sa consommation, son corps, sa famille, son habitation, ses déplacements, selon ses propres besoins.

Développer la rupture avec la vie quotidienne aliénée et exploitée dans la métropole impérialiste !

Porter la rupture subjective au cœur de masses à travers l’autonomie prolétarienne contre les institutions de la métropole impérialiste !

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

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1968 – 2018 : Déclaration maoïste du premier mai 2018

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [Belgique]

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Le premier mai de cette année a une signification particulière : il y a 50 ans eut lieu la révolte estudiantine de mai 1968 en France, qui a produit un mouvement populaire dans tout le pays, amenant plus de dix millions de travailleurs à faire grève. Elle a également produit de nombreuses organisations révolutionnaires – qui sont historiquement résumées sous l’étiquette de « gauchisme » – essayant de relancer le processus révolutionnaire brisé par le triomphe du révisionnisme, suite au coup d’État en Union soviétique en 1953.

Elle était en peine convergence, en tant que révolte de la jeunesse, qu’appel de la Révolution, avec la Grande Révolution Prolétarienne Culturelle en Chine.

La valeur de mai 1968 en France – et aussi dans d’autres pays, avec des formes différentes -, la valeur des expériences révolutionnaires des années 1970 en général, l’aspect négatif des influences idéologiques des petits-bourgeois et des universités (avec les étudiants, mais aussi les enseignants), doivent être compris correctement. En ce premier mai 2018, nous appelons à apprendre la leçon du passé.

La valeur historique de mai 1968 fait partie du patrimoine révolutionnaire mondial, car cela montre que, aussi forte que la société moderne bourgeoise puisse être à organiser ses institutions et ses contrôles idéologiques et culturels, elle est condamnée à l’échec. Il y a toujours un moyen de briser le système maintenant les masses dans une attitude passive ; il y a toujours un moyen d’ouvrir des espaces pour la conscience révolutionnaire.

En ce sens, la leçon principale de mai 1968 est l’autonomie des travailleurs, c’est-à-dire l’autonomie de la classe ouvrière, la nondépendance vis-à-vis des institutions et en particulier des syndicats. Le principal syndicat, la CGT, dominé par le Parti « Communiste » révisionniste, joua un rôle majeur pour empêcher l’alliance entre les étudiants et les ouvriers, pour réduire la lutte à une question économique. Il était une composante des institutions en tant que tel.

C’est la grande leçon de mai 1968, qui correspond au changement de forme de la société bourgeoise depuis que les forces productives se sont développées après 1945. Cela souligne bien sûr l’aspect subjectif. La capacité de rompre avec les formes de pensée et d’action diffusées par la bourgeoisie exige un haut niveau idéologique-culturelle.

C’était une nouvelle situation pour les communistes dans les pays impérialistes. Si mai 1968 a eu un tel écho, c’est aussi parce que la révolution russe d’octobre 1917 et la révolution démocratique chinoise de 1949 relevaient de sociétés peu développées, tant dans le plus grand pays du monde que dans le pays le plus peuplé du monde.

Mai 1968 en France apparaît donc comme une rupture majeure dans une société moderne bourgeoise, quelque chose d’un genre nouveau. Nous ne devons jamais oublier que la jeunesse rebelle a alors compris que la question était celle de la vie quotidienne.

La lutte des classes ne se réduisait pas à une question économique, mais était comprise comme telle : une lutte concernant chaque aspect de la vie, parce que la révolution touche au mode de production, à l’organisation de la société, au fait de permettre que se développent les facultés de chaque personne.

C’est pourquoi nous disons que la clef de mai 1968 est que le Parti révolutionnaire interagisse avec les larges masses à travers l’autonomie ouvrière : cela a été compris dans les vraies expériences maoïstes après mai 1968, en France, en Allemagne, en Italie, en Belgique.

C’est le moyen de construire le nouvel État, d’organiser la rupture à l’échelle de la société avec l’idéologie dominante. C’est le véritable sens du maoïsme.

Et ce sens réel était porté par la ligne rouge, à l’inverse de la ligne noire, qui prétendait être antirévisionniste dans la mesure où elle proposait le modèle révolutionnaire des années 1920, alors qu’en réalité c’était une tendance syndicaliste, légaliste, formaliste.

En ce premier mai 2018, nous appelons à comprendre ce fait : en raison de l’échec temporaire de la ligne rouge dans les années 1980-1990, les derniers restes de la ligne noire qui existent encore aujourd’hui prétendent avoir formé, dans les années 1960-1970, la bonne ligne, être le vrai mouvement maoïste.

Ce n’est pas vrai et il y a encore le besoin d’un mouvement prolétarien « de retour aux sources », récupérant l’héritage du passé et la Pensée-Guide qui a émergé alors.

Nous disons: il n’y aura pas de processus révolutionnaire dans aucun pays, si on ne comprend pas la lutte des deux lignes des années 1960-1970.

Même si souvent la ligne rouge avait tendance à passer au subjectivisme, elle était sur la bonne voie ; la ligne noire n’a rien à proposer, sinon une stratégie néo-syndicaliste, formelle, pleine de clichés, sans aucune valeur culturelle et idéologique. L’exemple français de mai 1968 est ici très clair, car il y avait :

– un Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France – PCMLF, qui était légaliste, néosyndicaliste, allant de plus en plus à travers de nombreuses scissions vers le réformisme, l’hoxhaisme, une ligne pro-Deng Xiaoping ;

– une Union des Jeunesses Communistes (marxistes-léninistes) – UJC (ml), devenue la Gauche Prolétarienne – GP, étant l’organisation la plus célèbre des années 1960-1970 en raison de son activité, de sa quête de l’autonomie ouvrière.

Cette lutte de deux lignes existait en fait partout dans le monde, par exemple à travers la contradiction entre le Parti communiste d’Inde (marxiste) et le Parti communiste d’Inde (marxiste-léniniste), le Türkiye İhtilalci İşçi Köylü Partisi et le Parti communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste, le Revolutionary Youth Movement II et le Revolutionary Youth Movement I, etc.

C’est au cours de ces luttes des deux lignes que Siraj Sikder, Akram Yari, Ibrahim Kaypakkaya, Gonzalo, Charu Mazumdar… sont apparus comme Pensées-Guides dans leur propre pays.

Comme on le sait, la ligne rouge n’a pas réussi à mener à bien son initiative, même si elle a marqué l’histoire de son pays, contrairement à la ligne noire.

Il est évident, par exemple, que même s’ils ont échoué, le Black Panther Party et les Weathermen ont marqué l’Histoire américaine, alors que le Parti Communiste Révolutionnaire des États-Unis, ne l’a pas fait. La raison de l’échec peut maintenant être correctement comprise, cinquante ans après.

La ligne rouge, alors, surestimait la question de l’aspect subjectif, croyant que le processus révolutionnaire ne serait qu’une question de quelques années; ce n’est pas avant le début des années 1980 qu’apparut la compréhension que le processus révolutionnaire serait en soi de nature prolongée.

La ligne rouge, également, n’a pas été capable de récupérer correctement le matérialisme dialectique.

La continuité du marxisme-léninisme, défini par Staline, à travers la Grande Révolution Prolétarienne Culturelle, à travers le Maoïsme, n’a pas été appréhendée de manière appropriée, permettant l’émergence de la gauche-subjectiviste et de la droite-liquidationniste. L’histoire de la ligne rouge est donc souvent marquée par l’instabilité et le triomphe brutal du liquidationnisme. Nous devons comprendre que c’était le prix à payer pour découvrir la nouvelle situation.

Pour cette raison, il n’y a pas de fétichisme à faire, ni de mai 1968, ni des expériences faites alors et ensuite. Cela remettrait entre les mains du subjectivisme, même si le risque principal, encore aujourd’hui et à cause du développement des forces productives, est encore la perte de l’aspect subjectif.

Il faut rappeler ici que de nombreux acteurs de mai 1968 sont devenus membres des institutions, notamment dans les domaines intellectuel et culturel. Et la partie moderniste de la bourgeoisie a aussi utilisé l’ébranlement de mai 1968 pour promouvoir le libéralisme, l’individualisme, le refus de toute valeur « conservatrice » qui signifie n’importe quelle valeur, etc.

Chaque séquence de lutte de classe doit être correctement comprise en rapport avec les séquences avant et après celle-ci, et bien sûr avec le but principal : la conquête du pouvoir. Nous disons pour cette raison: apprenons, ce 1er mai 2018, de mai 1968 !  ■

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Subjectivité, collectivité, auto-détermination

Avril 2018

Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)

Prolétaires de tous les pays, unissez vous !

Nous voulons ici souligner des points essentiels sur l’importance de l’esprit révolutionnaire, sur ce que cela implique dans l’engagement révolutionnaire, dans le regroupement des personnes ayant acquis un certain niveau de conscience les amenant à assumer le conflit avec le mode de production capitaliste.

Ce que nous voulons dire par là, c’est qu’il n’existe pas de vie possible dans une société capitaliste sans un esprit de rupture et de confrontation avec les valeurs qui sont imposées dans la vie quotidienne. Il ne s’agit pas simplement d’un partage inégalitaire des richesses, d’une hiérarchie sociale injuste qui posent problème, mais bien de toutes les facettes de la vie qui sont déformées, appauvries, niées, empêchant chaque personne de déployer ses facultés réelles.

La laideur des grandes villes, l’impossibilité de développer des activités artistiques, l’arriération des mentalités prisonnières d’un travail répétitif, l’isolement des campagnes, la destruction de la nature… tout cela se confronte à la compréhension que tout pourrait être autrement.

Et cela est d’autant plus flagrant que, grâce à la culture historique dont on peut disposer, on s’aperçoit que la société a progressé, évolué, que les forces productives et les richesses matérielles ont grandi sans commune mesure. Il y a un formidable héritage culturel populaire qui est nié, gâché, abîmé, converti en prétexte pour une consommation passive qui renforce inversement le mode de production capitaliste.

Cette question de l’héritage ne doit pas être sous-estimée : elle va de paire avec deux choses fondamentales. La première, c’est le fait que l’héritage relève d’un concept s’appuyant sur l’existence de la classe ouvrière comme classe devant prendre les commandes de la société, tout comme la bourgeoisie et l’aristocratie l’ont fait dans le passé pour façonner la société selon leurs propres valeurs.

Il ne s’agit pas d’aller vers le passé, de pratiquer un romantisme anticapitaliste idéalisant le petit capitalisme ou le moyen-âge, voire l’antiquité.

La seconde chose fondamentale, c’est que l’humanité actuelle est le fruit d’une accumulation de valeurs, d’expériences, de principes, qui se sont synthétisés et permettent justement ce qu’on appelle le progrès.

Il ne s’agit pas de nier les apports du passé, qui ont contribué à la civilisation. Il s’agit de faire le tri entre ce qui relève du progrès et ce qui relève des formes du passé, de l’exploitation, de l’oppression.

A cela s’ajoutent les éléments à la fois nouveaux et façonnés par les mentalités arriérées : il est évident par exemple que la chasse à courre appartient au passé et doit être supprimée. Il faut également saisir en quoi la fuite dans l’alcool ou les drogues appartient à un mode de vie isolé, aliéné, propre à la vie quotidienne épuisante et épuisée que propose le capitalisme.

Par conséquent, la subjectivité révolutionnaire se doit d’aller avec le refus systématique du subjectivisme. Depuis 1848 et l’établissement de son pouvoir, depuis l’impressionnisme en peinture, depuis des philosophes comme Auguste Comte avec le positivisme ou encore Henri Bergson avec son vitalisme, la bourgeoisie ne cesse de valoriser le choix individuel comme porteur de sens et de valeurs.

La défense intransigeante du réalisme – du réalisme socialiste dans le sens de l’Union Soviétique de Joseph Staline – est une réponse incontournable aux lubies subjectivistes liées, d’une manière ou d’une autre et cela de manière obligée, à la bourgeoisie.

Il ne s’agit jamais de faire un fétiche de sa propre situation, malgré les souffrances et ce qu’on peut endurer dans cette société. Au-delà de sa situation personnelle, particulière, il y a la question de l’ensemble, de l’avenir.

Chercher à détruire ce qui nous détruit ne peut être que le point de départ, aboutissant à l’organisation collective dans le but de donner une réalité au renversement d’un système d’exploitation et d’oppression.

Cette subjectivité révolutionnaire reste la base pour trouver une voie pour exister de manière authentique malgré le capitalisme ; c’est une exigence qui part du plus profond de la conscience et de la sensibilité de toute personne voyant les choses en face.

Mais c’est une base qui, de manière dialectique, forme également une étape seulement, pour se rassembler, s’organiser, donner la vitalité à ce qui doit être appelé l’avant-garde, le Parti.

Précisons ici une chose capitale. Ce qu’on appelle révolution n’est pas, ici, un vain espoir ou l’attente d’un changement supprimant tous les problèmes d’un coup, mais c’est également un moment, une étape essentielle, cruciale, pour pouvoir avoir les moyens de briser les obstacles.

Il faut savoir raisonner en termes d’étapes et de moyens. L’Histoire procède par sauts, la lutte de classes reflète désormais la contradiction du mode de production capitaliste. Saisir cela, comprendre ce que signifie la subjectivité révolutionnaire comme antagonisme théorique et pratique, c’est se lancer dans le processus historique révolutionnaire, et cela veut dire aussi : être à la hauteur de l’idéologie, du matérialisme dialectique.

Pour cette raison, la nature même de l’organisation révolutionnaire, en conflit avec l’État – et non pas la société -, avec comme objectif de dépasser le mode de production capitaliste – et non de le faire reculer, de le repousser, de le refouler – repose sur les trois principes suivants : subjectivité, collectivité, auto-détermination.

Par subjectivité, il faut comprendre la capacité de décision personnelle, l’engagement existentiel qui amène l’identité à se façonner de manière dialectique pour une expression normale, naturelle de la vie, et contre ce qui exploite et opprime.

Sans cette rupture subjective, qui est d’une importance capitale dans une métropole impérialiste, rien n’est possible à part l’esprit de capitulation, la soumission à une vie quotidienne anéantissant les facultés, la sensibilité, façonnant toute la personnalité au service du capitalisme.

L’unité des personnes ayant fait le choix de cette rupture est la collectivité.

Il ne s’agit pas ici de nier l’idéologie ou de sous-estimer son rôle, sa nature ; toute notre activité cette dernière décennie en témoigne d’ailleurs, puisque nous avons de manière ininterrompue rétabli les fondamentaux du matérialisme dialectique, des principes du communisme.

Vive notre Parti, qui a rétabli l’idéologie révolutionnaire, se plaçant sous le drapeau de Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong, qui a le premier affirmé dans un pays impérialiste l’universalité de la guerre populaire comme théorie militaire du prolétariat !

On aurait tort de s’imaginer, pour autant, que cela aboutit au dogmatisme comme ossification théorique, bien au contraire. Le mépris que nous pouvons avoir – que nous avons – contre des vantards pseudo-révolutionnaires ne repose pas tant sur le fait qu’ils sont d’une faiblesse idéologique criante, que sur leur nature méprisante à l’égard de tout ce qui est rupture sur le plan de la vie quotidienne.

Qu’en 2018, l’existence du véganisme ne soit toujours pas pris en compte par des gens prétendant changer le monde nous suffit largement pour n’avoir rien envie de faire avec de telles personnes. Que des gens qui prétendent vouloir la révolution, le grand soir, le soulèvement ou bien la « guerre populaire » – peu importe les différences fictives de terminologie – nient les expériences des années 1970 et 1980 nous suffit amplement à les cataloguer, à les disqualifier.

Il ne faut pas se leurrer : le principe même de Parti, de collectivité, ne repose jamais sur l’idéologie seule, mais toujours sur les gens qui la portent, sur leur capacité à la porter. Lorsqu’il n’y a plus ces gens, le parti révolutionnaire devient révisionniste, l’idéologie étant modifiée, inlassablement et imperceptiblement, jusqu’à sa négation complète.

Pour cette raison, il ne faut pas avoir de fétichisme du Parti, mais bien de ceux et celles qui portent la subjectivité révolutionnaire capable de porter l’idéologie du Parti. C’est en ce sens que le P«C»F ne vaut plus rien depuis 1953 et qu’il n’y a pas à chercher à quel moment le révisionnisme aurait fini de tout liquider.

Ce qui fait justement la force de la collectivité révolutionnaire, du Parti, c’est cette capacité humaine à échanger, à apprendre, à enseigner, à diriger, à organiser. Il n’existe aucune différence entre camarades au sein d’une telle collectivité, car chacun sait l’importance de la rupture qui a dû être portée pour en arriver là.

Assumer la conflictualité révolutionnaire n’est jamais aisée et même une fois qu’on y arrive, cela n’est pas gagné pour toujours. Il faut savoir se lier aux tendances nouvelles de l’époque, qui renforcent la subjectivité, permettent le développement du Parti. Une collectivité révolutionnaire ne vit pas séparé du mouvement de la réalité.

Cela signifie ici connaître également la patience, car le principe : « Les masses font l’histoire, le Parti les dirige », ne doit pas être remplacé par un volontarisme subjectiviste s’imaginant que « Le Parti fait l’histoire, les masses le dirige ».

L’inévitable inégalité de développement selon les situations souligne, par là même, le principe de l’auto-détermination.

Le Parti ne peut exister que par le centralisme démocratique, car sans Direction, il n’y a pas de ligne. Cependant, chaque révolutionnaire doit savoir s’insérer et porter le projet révolutionnaire conformément aux principes de la subjectivité révolutionnaire, de la collectivité organisée pour la porter.

Seul le Parti peut diriger, porter le matérialisme dialectique, mais chaque révolutionnaire est capable d’auto-détermination à partir du moment où il a été façonné par la collectivité, par le Parti. C’est le principe du Parti d’avant-garde : il ouvre la voie à une capacité individuelle de rupture, d’acquisition des grands principes du communisme, d’une vie tournée vers le nouveau, portant par conséquent l’initiative révolutionnaire dans une réalité donnée.

Que la situation de cette réalité soit différente selon les endroits, selon les moments, ne change rien et ne modifie nullement l’esprit de collectivité. C’est cet esprit, pétri dans le matérialisme dialectique, façonné par la lutte des classes, qui permet au Parti d’exister comme force historique, comme catalyseur de l’Histoire.

Pour le Communisme ! ■

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Monisme et négation de la négation

Nous défendons le monisme – c’est notre identité fondamentale. Cela signifie que nous considérons qu’il n’y a pas de parties « scindées » dans l’univers, pas de parties du tout : tous les différents éléments sont les composantes de seulement un processus : l’univers lui-même.

Cela signifie que le matérialisme historique n’est qu’une étude de certains éléments de l’univers – l’histoire de l’humanité – mais qu’il ne peut être séparé du matérialisme dialectique, qui étudie le mouvement de l’univers.

C’est la différence majeure nous séparant des faux « maoïstes » pour qui l’idéologie communiste est simplement une voie technique pour faire la révolution. Pour ces gens, le marxisme est comme une recette de cuisine, fonctionnant de manière cosmopolite, c’est-à-dire partout et tout le temps.

Ils tombent dans le grand piège : celui de l’anthropocentrisme, niant que nous sommes de la matière et qu’ainsi nous appartenons au mouvement général de la matière. L’évolution de l’humanité n’est pas séparée du reste, et le changement climatique est une preuve terrible de la nécessité d’un saut idéologique dans la conception de l’humanité.

Mao Zedong a ouvert cette compréhension, avec sa fameuse remarque sur les lois de la dialectique, qui ne sont en fait qu’une loi, puisque le monisme nécessite qu’il n’y ait qu’une seule réalité : la matière elle-même, qui signifie mouvement, le mouvement produisant l’espace et le temps.

Mao Zedong dit ainsi, dans une discussion :

« Engels a parlé au sujet des trois catégories, mais en ce qui me concerne je ne crois pas à deux de ces catégories (l’unité des opposés est la loi la plus fondamentale, la transformation de la qualité et de la quantité l’une en l’autre est l’unité des contraires [que sont] qualité et quantité, et la négation de la négation n’existe pas du tout).

La juxtaposition, au même niveau, de la transformation de la qualité et de la quantité l’une en l’autre, la négation de la négation, et la loi de l’unité des opposés est « triplisme », pas le monisme. La chose la plus fondamentale est l’unité des opposés.

La transformation de la qualité et de la quantité l’une en l’autre est l’unité des contraires [que sont] qualité et quantité. Il n’y a pas de telle chose comme la négation de la négation.

Affirmation, négation, affirmation, négation… dans le développement des choses, chaque maillon de la chaîne des événements est à la fois affirmation et négation. »

S’il y avait quelque chose comme la « négation de la négation », cela signifierait qu’un processus dialectique de négation de la négation pourrait être compris comme séparé du mouvement général de la matière.

Il n’y aurait plus d’univers en tant que totalité, mais des mouvements dialectiques partout. C’est précisément la conception des faux maoïstes (et cela montre que ce sont des trotskystes), qui se désintéressent ou nient la dialectique de la matière, prétendant être dialectique de leur méthode et seulement dans le champ de la lutte de classe.

Selon le matérialisme dialectique authentique, il y a seulement une chaîne d’événements, et cette chaîne a des « noeuds », qui sont tous inter-reliés dialectiquement. L’univers est un oignon, où toutes les couches sont interconnectées.

C’est pourquoi le matérialisme dialectique n’est pas seulement une « méthode » pour aider le matérialisme historique, mais la science en elle-même.

Cela permet de comprendre que la vie sur Terre forme une couche, que nous pouvons appeler biosphère comme le fit le scientifique soviétique Vladimir Vernadsky. Cela permet de comprendre que le système solaire est une couche de la galaxie, qui est une couche d’un amas de galaxie, etc.

Comprendre les couches et l’interpénétration des couches est ce que fait le matérialisme dialectique. C’est pourquoi il n’y a pas de telle chose comme la négation de la négation : cela donnerait à une négation locale une signification qu’elle n’a pas.

Il n’y a qu’un seul processus, un mouvement dialectique de la matière infinie, formant l’univers éternel.

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