1er mai 2021 : la révolution mondiale est la réponse à la crise générale du capitalisme !

En ce premier mai 2021, nous tenons à réaffirmer qu’une grande transformation historique s’est opérée l’année dernière avec l’irruption de la maladie COVID-19. Il s’agit en effet d’une expression à la fois brutale et mondiale de la contradiction entre les villes et les campagnes rendue explosive en raison du développement du capitalisme.

Cette contradiction joue désormais un rôle essentiel dans la situation historique que nous vivons, comme en témoignent le réchauffement climatique, l’asservissement de milliards d’animaux, la destruction des espaces naturels et de la vie sauvage, la pollution, l’urbanisation dans une forme à la fois chaotique et irrespirable.

La contradiction entre les villes et les campagnes rejoint celle entre le travail manuel et le travail intellectuel, que le capitalisme a déjà développé au plus haut point, avec une exploitation toujours plus raffinée apportant une terrible aliénation dans les activités menées dans le cadre du salariat.

La situation se caractérise de la manière suivante : le capitalisme triomphant ne sait plus comment s’étendre, il pratique la fuite en avant, cherchant à façonner l’ensemble de la Biosphère selon ses besoins, à structurer les mentalités dans un sens qui lui soit encore plus favorable, à intégrer la moindre initiative dans quelque domaine que ce soit, en le détournant vers le subjectivisme et la corruption, afin d’ouvrir de nouveaux marchés.

Le capitalisme n’est plus que destruction, déformation, exploitation, aliénation. Et la crise sanitaire a ajouté du déséquilibre au déséquilibre, faisant passer un cap au capitalisme, enrayant son expansion qui l’a puissamment renforcé ces dernières années.

Autrement dit, la contradiction entre les villes et les campagnes et celle entre le travail manuel et le travail intellectuel, portées à un si haut degré de développement, ont abouti à la crise générale du capitalisme, c’est-à-dire à une situation où l’expansion du capitalisme ne peut plus que passer par la restructuration aux dépens du tissu prolétarien et par la guerre impérialiste pour le repartage du monde.

Nous tenons bien à insister sur ce caractère nouveau, avec en toile de fond la question du rapport entre l’humanité et la Biosphère qu’est la Terre. La situation actuelle n’est pas une aggravation quantitative de la « mondialisation », ni un sous-produit de la « crise financière de 2008 », ou quoi que ce soit de ce genre. C’est l’expression de toute une expansion ayant atteint sa limite, au niveau planétaire.

En tant que communistes de Belgique et de France, deux pays impérialistes, nous avons pu voir que la vie quotidienne a toujours été plus déformée ces dernières décennies par le 24 heures sur 24 du capitalisme, que l’expansion capitaliste a trouvé de nouveaux terrains par la force, la persuasion ou la corruption, que la croissance capitaliste a été effrénée.

Depuis les années 1990, la systématisation du capitalisme s’est déroulée à travers un incroyable nombre de formes, depuis les fast-foods jusqu’à Facebook et Instagram, depuis les modes vestimentaires jusqu’au cinéma et les séries, depuis les sports jusqu’aux expressions artistiques et notamment le pseudo « art contemporain », depuis la pornographie jusqu’aux drogues dites récréatives.

Les progrès technologiques, la transformation de la Chine en atelier puis en usine du monde, l’intégration des pays de l’Est européen… ont donné un élan formidable au capitalisme, étouffant la proposition historique communiste, asséchant les rébellions, démolissant le patrimoine révolutionnaire, affectant particulièrement le tissu prolétarien.

Le terme de « mondialisation » est erroné car le capitalisme ne s’est pas développé que dans l’espace : le moindre interstice de la vie quotidienne des gens a été occupé de manière généralisée par le capitalisme, tout leur temps subit les assauts du capitalisme. L’exploitation systématisée s’accompagne d’une aliénation généralisée.

Mais la base même du développement capitaliste est rentrée en conflit avec la réalité et ses exigences ; la crise sanitaire montre que le capitalisme est incompatible avec un développement rationnel de l’humanité et de manière plus générale avec une vie naturelle sur Terre. C’est tout ce processus qui touche à sa fin et appelle à un dépassement, dans une réponse qui ne peut être que mondiale.

Avec la crise sanitaire, l’humanité entière connaît une même actualité, des mêmes défis ; les questions sont posées à l’échelle mondiale et exigent une réponse à cette échelle. C’est là une situation nouvelle, qui n’a d’équivalent qu’avec la révolution d’Octobre 1917, au moment de la première crise générale du capitalisme.

C’est là-dessus qu’il faut se fonder. La bourgeoisie favorise le subjectivisme, l’égoïsme, l’égocentrisme, et pousse dans le sens d’une bataille générale pour le repartage du monde, pour l’appauvrissement des masses populaires ; le prolétariat exige l’unification mondiale de l’humanité, l’organisation rationnelle de la société sur la base de la planification, la réalisation de la démocratie à tous les niveaux, la culture fondée sur le réalisme, la vision matérialiste dialectique du monde.

Face aux restructurations, l’autonomie prolétarienne ! Face au fascisme, le Front démocratique populaire ! Face à la guerre impérialiste, la guerre populaire mondiale !

La révolution mondiale est la réponse à la crise générale du capitalisme !

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

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L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique « eurasienne »

Né en 1962, Alexandre Douguine est le principal théoricien nationaliste russe ; il avait notamment fondé en 1993, avec Edouard Limonov, le Parti national-bolchevique. Son importance idéologique est ensuite devenue immense dans la vision du monde de l’expansionnisme russe en général.

Alexandre Douguine fournit en effet les éléments idéologiques justifiant l’ensemble des manœuvres russes pour satisfaire ses ambitions et permettre de former des alliances en ce sens. Et l’idée de base est relativement simple, même si elle est ornée de justifications métaphysiques, religieuses, mystiques, etc.

La Russie ne serait pas un pays, mais un pays continent, où viendrait s’enliser tout ce qui vient des États-Unis. Cela signifie que tout ce qui s’oppose aux États-Unis doit, logiquement, venir s’appuyer sur la Russie, entrer en convergence avec elle.

C’est un appel ouvert aux pays capitalistes de moyenne taille cherchant à s’arracher à l’hégémonie américaine, tels l’Allemagne et la France, mais aussi aux pays semi-féodaux semi-coloniaux, telle la Turquie, l’Iran ou encore la Syrie.

Mais c’est surtout un moyen de s’étendre territorialement, comme avec le Donbass et la Transnistrie.

L’Eurasie ou la Russie comme continent

Dans la conception d’Alexandre Douguine, la Russie aurait été irriguée par les invasions asiatiques et est ainsi devenue porteuse d’une psychologie impériale supra-nationale, de type conservatrice « révolutionnaire ».

Le vaste territoire impliquerait la psychologie de la conquête, de l’expansion, d’une virilité guerrière ; l’existence de multiples communautés au sein de ce vaste territoire s’associerait à l’idée de petites sociétés conservatrices repliées sur elles-mêmes au sein de l’empire.

La Russie, cœur d’un large territoire appelé « l’Eurasie », mêlerait ainsi les religions catholique orthodoxe et musulmane, dans un élan communautaire opposé à l’esprit insulaire de la Grande-Bretagne et des États-Unis, bastion du protestantisme « matérialiste » et individualiste.

Le bien serait porté par la Russie ancrée dans la terre, le mal serait porté par les Anglo-saxons et leur puissance maritime.

Une lecture apocalyptique

La conception « eurasienne » se fonde directement sur le catholicisme orthodoxe avec une insistance très grande sur la dimension apocalyptique. On est, tout comme dans le national-socialisme, dans la tentative de fournir l’idée d’une révolution totale… mais de manière contre-révolutionnaire.

Voici comment Alexandre Douguine présente sa vision à une revue conservatrice révolutionnaire belge en 1991 :

« Après la perestroïka, il adviendra un monde pire encore que celui du prolétarisme communiste, même si cela doit sonner paradoxal.

Nous aurons un monde correspondant à ce que l’eschatologie chrétienne et traditionnelle désigne par l’avènement de l’Antéchrist incarné, par l’Apocalypse qui sévira brièvement mais terriblement. Nous pensons que la “deuxième religiosité” et les États-Unis joueront un rôle-clef dans ce processus.

Nous considérons l’Amérique, dans ce contexte précis, non pas seulement dans une optique politico-sociale mais plutôt dans la perspective de la géographie sacrée traditionnelle. Pour nous, c’est l’île qui a réapparu sur la scène historique pour accomplir vers la fin des temps la mission fatale.

Tout cela s’aperçoit dans les facettes occultes, troublantes, de la découverte de ce continent, juste au moment où la tradition occidentale commence à s’étioler définitivement. Sur ce continent, les positions de l’Orient et de l’Occident s’inversent, ce qui coïncide avec les prophéties traditionnelles pour lesquelles, à la fin des temps, le Soleil se lèvera en Occident et se couchera en Orient. »

L’eurasisme originaire renversé

L’eurasisme n’a pas été inventé par Alexandre Douguine, qui développe son point de vue au tout début des années 1990.

C’est initialement une conception délirante provenant de milieux ultra-conservateurs à la fin du XIXe siècle, comme le moine Constantin Léontiev qui voit en « l’asiatisme » un support à la religion catholique orthodoxe face au monde moderne, alors que l’historien Nikolaï Danilevski pense que ce support se trouve à l’opposé dans le panslavisme (« La Russie et l’Europe », 1869).

Le baron Roman von Ungern-Sternberg tenta, pendant la guerre civile suivant la révolution russe, de former une armée blanche nommée la « division sauvage » au moyen de cavaliers de la partie asiatique de la Russie, dans un syncrétisme orthodoxe-bouddhiste littéralement apocalyptique d’ailleurs soutenu par le Dalaï-Lama.

Puis cet espoir de revivifier le conservatisme russe au moyen d’un soutien extérieur a été développé par des émigrés russes fuyant la révolution d’Octobre 1917 établis en Bulgarie.

Le géographe et économiste Piotr Savitsky, le pionnier de cette idéologie, considérait que l’Eurasie était un « lieu de développement » façonnant un mode de pensée continental, non océanique, les Russes passant dans l’esprit des steppes grâce aux Mongols.

On trouve à ses côtés le linguiste Nikolai Troubetskoï, le théologien Georges Florovski, le critique musical Piotr Suvchinski ; ce groupe publia en 1921 Exode vers l’Orient, renversant les arguments anti-bolcheviks des sociaux-démocrates occidentaux. Ceux-ci accusaient les bolcheviks, c’est-à-dire les sociaux-démocrates russes, d’être trop orientaux dans leur approche ; les eurasistes affirmèrent que les bolcheviks ne l’étaient pas assez.

Des émigrés russes à Prague développèrent la même année une conception très similaire, avec la publication commune Orientations ; ce fut également le cas de George Vernadsky, le fils de l’immense savant Vladimir Vernadsky, qui devint professeur d’université aux États-Unis.

Après 1991, cette idéologie fut récupérée par le régime post-soviétique… Cependant, l’eurasisme est renversé. Alors qu’initialement il s’agissait de soutenir la Russie en appuyant son propre conservatisme par des aides extérieures, asiatiques, désormais la Russie se veut le bastion du conservatisme prêt à épauler les autres.

Une idéologie impériale

L’eurasisme a un aspect impérial : la Russie serait le seul moyen, de par son poids, de s’opposer au « monde moderne ». Il faut donc se tourner vers elle, d’autant plus qu’elle serait naturellement encline à abriter des communautés très différentes.

L’eurasisme s’oppose ainsi aux affirmations nationales, il est d’ailleurs de ce fait résolument opposé au romantisme slave. Il affirme une logique communautaire, où une sorte d’empire protège ses communautés intérieures vivant selon ses valeurs traditionnelles.

La Tchétchénie, avec son président qui est polygame, revendique son identité islamique précisément au nom d’une telle intégration communautaire dans une Russie « continent ».

Il ne s’agit pas d’une idéologie de type nationaliste classique, mais d’une logique impériale-syncrétiste, ce qui fait que n’importe qui n’importe où en Europe ou en Asie peut prétendre que « sa » communauté doit relever de l’approche eurasienne.

De manière « philosophique », on peut dire que les tenants de l’Eurasie opposent un espace au temps du libéralisme : c’est un anti-capitalisme romantique, une révolte irrationaliste contre le monde moderne.

Le « récentisme », une variante de l’eurasisme

Les « récentistes » sont un aspect de l’idéologie eurasiste. Ce sont des illuminés affirmant que la chronologie historique telle qu’on la connaît est fausse ; les civilisations antiques auraient en réalité existé durant le moyen-âge et c’est au 16e-17e-18e siècles qu’il y aurait eu une réécriture du passé.

Il y aurait ainsi au moins 800 années d’événements en trop ; la guerre de Troie serait en réalité une écriture poétique des Croisades, Jésus aurait été crucifié au 11e siècle, les Hittites seraient les Goths, Salomon serait le Sultan ottoman Soliman le Magnifique, etc.

Le fondateur du récentisme est le mathématicien russe de haut niveau, Anatoli Fomenko, né en 1945, qui affirme qu’il faut étudier l’histoire au moyen des statistiques, notamment afin d’éviter les « copies fantômes » relatant les mêmes faits historiques de manière « différente ».

Prenant par exemple les textes historiques de la Rome antique et de la Rome médiévale de manière statistique, il les compare et considère par exemple que la première est une « copie » de la seconde.

Et il explique que la falsification de la chronologie historique vise à « cacher » que, jusqu’à la fin du moyen-âge, le monde avait comme base une « horde russe » de type slave et mongole, qui aurait d’ailleurs même colonisé l’ouest américain ! Les Ukrainiens, les Mongols, les Turcs… seraient une composante historique de cette « horde russe ».

Le récentisme, idéologie relativiste jusqu’au délire, est le prolongement de l’eurasisme comme vision « civilisationnelle », où la Russie serait à travers l’Eurasie la vraie porteuse de la civilisation. L’Histoire est réécrite s’il le faut.

Le club d’Izborsk et les milieux du pouvoir

L’eurasisme ne réécrit pas seulement l’Histoire passée : il prône des orientations dans le temps présent, ce qui est sa véritable fonction en tant qu’idéologie justifiant l’expansionnisme russe. Un élément-clef est ici joué par le Club d’Izborsk.

Izborsk est une localité du nord-ouest de la Russie où l’on trouve des tumulus slaves du 6e siècle et une forteresse historique ayant entre le 12e et le 16 siècle résisté à huit sièges. C’est un symbole de la « résilience » russe, de son caractère « imprenable ».

Le Club d’Izborsk, qui est très lié à Vladimir Poutine et dont fait partie Alexandre Douguine, est le lieu de synthèse « géopolitique » de l’eurasisme. C’est là où sont produits les conceptions concrètes de l’eurasisme, les objectifs d’un expansionnisme agressif au nom d’un « traditionalisme technocratique», qui « allie modernisation technologique et conservatisme religieux ».

Le club dit d’ailleurs ouvertement que :

« Le club d’Izborsk est inclus dans des réseaux de pouvoir influents qui lui permettent de diffuser ses idées. En juillet 2019, le président du club, Alexander Prokhanov, a été invité au Parlement pour projeter son film « Russie – Une nation de rêve », dans lequel il promeut sa vision d’une mythologie scientifique et spirituelle nationale.

Le club d’Izborsk est également proche de personnalités clés de l’élite conservatrice, comme l’oligarque monarchiste Konstantin Malofeev ou le directeur de l’agence [spatiale] Roskosmos, Dmitri Rogozin. Enfin, il est proche du cœur du complexe militaro-industriel. Témoin de ces liens, le bombardier à missiles stratégiques Tupolev Tu95-MK, qui a été baptisé Izborsk en 2014. »

Ce club a publié une déclaration à sa fondation en janvier 2013 :

« Afin de prévenir une catastrophe imminente, nous appelons tous les hommes d’État qui apprécient l’avenir de la Russie à agir comme un front patriotique et impérial uni, opposé à l’idéologie libérale de la mondialisation et à ses adhérents qui agissent dans l’intérêt de nos ennemis géopolitiques.

L’aspect le plus important de notre unité est la compréhension correcte de la difficile situation actuelle.

La Russie a besoin d’une fusion de deux énergies puissantes issues des idéologies « rouge » et « blanche » du patriotisme russe. Cette fusion implique l’introduction dans la structure et le système de l’activité de l’État d’un puissant élément de justice sociale hérité de l’URSS, et un retour aux valeurs orthodoxes – spiritualité chrétienne et universalité de la Russie traditionnelle.

Une telle synthèse rendra notre pays et notre puissance invincibles, nous permettra d’offrir à l’humanité une voie universelle de développement social basée sur l’expérience de la civilisation russe. »

Une idéologie d’alliance

Si l’on regarde les idéologies des « républiques populaires » de Donetzk et Lougansk dans le Donbass, elles témoignent dans un mélange de religiosité orthodoxe et de nostalgie « soviétique » sur un mode impérial. Elles sont dans la ligne droite du Club d’Izborsk et de l’eurasisme.

Un militaire français engagé comme volontaire dans les forces armées de la « République populaire » de Donetzk présente de la manière suivante la mentalité des combattants :

« Ici, les fantasmes hégémoniques d’une Russie blanche, d’un empire soviétique, d’une Europe chrétienne sont incompatibles avec la réalité d’un front où se battent ensemble dans la même tranchée des européens, caucasiens, ouzbeks, tatars, tchétchènes, asiatiques, des orthodoxes, musulmans, païens, athées, des communistes, nationaux-bolcheviques, impériaux, cosaques, anarchistes etc. »

Il est du propre de l’eurasisme de considérer que l’idéologie est un moteur idéaliste personnel et que la question concrète est celle d’un « front » anti-libéral. C’est valable au niveau des États : en 2014 a été fondée l’Union économique eurasiatique avec la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie, rejoints par l’Arménie ; les idéologies des États biélorusse, russe et kazakh sont directement « eurasiennes » d’ailleurs.

Ces États se veulent les bastions d’un conservatisme impénétrable à « l’occidentalisme », avec un idéalisme conservateur. Et cet anti « occidentalisme » serait populaire et donc révolutionnaire.

Il n’est pas difficile ici de voir justement qu’en Europe il existe de nombreuses structures « conservatrices » mais « révoltées » qui convergent directement avec l’eurasisme (comme en France La France Insoumise, le PRCF, l’hebdomadaire Marianne, Égalité & Réconciliation), ou bien convergent avec malgré des réticences concernant l’Islam (le Vlaams Belang en Belgique, Marine Le Pen en France).

La question de l’alliance avec les républiques séparatistes en Ukraine a cependant amené le premier grand défi.

Alexandre Douguine et la partition de l’Ukraine

Dans une interview de 2014 à une revue conservatrice autrichienne, Alexandre Douguine expliqua que l’Ukraine était condamnée, en raison de l’appel de l’eurasisme pour sa « meilleure » partie.

C’est là très exactement l’idéologie de l’expansionnisme russe aux dépens de l’Ukraine.

Il dit :

« Professeur Douguine, le 1er janvier 2015, l’Union Économique Eurasienne deviendra une réalité. Quel potentiel détient cette nouvelle organisation internationale ?

L’histoire nous enseigne que toute forme d’intégration économique précède une unification politique et surtout géopolitique. C’est là la thèse principale du théoricien de l’économie allemand, Friedrich List, initiateur du Zollverein (de l’Union douanière) allemand dans la première moitié du XIXe siècle.

Le dépassement du « petit-étatisme » allemand et la création d’un espace économique unitaire, qui, plus tard, en vient à s’unifier, est toujours, aujourd’hui, un modèle efficace que cherchent à suivre bon nombre de pays.

La création de l’Union Économique Eurasienne entraînera à son tour un processus de convergence politique. Si nous posons nos regards sur l’exemple allemand, nous pouvons dire que l’unification du pays a été un succès complet : l’Empire allemand s’est développé très rapidement et est devenu la principale puissance économique européenne.

Si nous portons nos regards sur l’Union Économique Eurasienne, on peut s’attendre à un développement analogue. L’espace économique eurasien s’harmonisera et déploiera toute sa force. Les potentialités sont gigantesques.

Toutefois, après le putsch de Kiev, l’Ukraine n’y adhérera pas. Que signifie cette non-adhésion pour l’Union Économique Eurasienne ? Sera-t-elle dès lors incomplète ?

Sans l’Est et le Sud de l’Ukraine, cette union économique sera effectivement incomplète. Je suis d’accord avec vous.

Pourquoi l’Est et le Sud ?

Pour la constitution d’une Union Économique Eurasienne, les parties économiquement les plus importantes de l’Ukraine se situent effectivement dans l’Est et le Sud du pays.

Il y a toutefois un fait dont il faut tenir compte : l’Ukraine, en tant qu’État, a cessé d’exister dans ses frontières anciennes.

Que voulez-vous dire ?

Nous avons aujourd’hui deux entités sur le territoire de l’Ukraine, dont les frontières passent exactement entre les grandes sphères d’influence géopolitique. L’Est et le Sud s’orientent vers la Russie, l’Ouest s’oriente nettement vers l’Europe.

Ainsi, les choses sont dans l’ordre et personne ne conteste ces faits géopolitiques. Je pars personnellement du principe que nous n’attendrons pas longtemps, avant de voir ce Sud et cet Est ukrainiens, la “nouvelle Russie”, faire définitivement sécession et s’intégrer dans l’espace économique eurasien.

L’Ouest, lui, se tournera vers l’Union Européenne et s’intégrera au système de Bruxelles. L’État ukrainien, avec ses contradictions internes, cessera pratiquement d’exister. Dès ce moment, la situation politique s’apaisera. »

Alexandre Douguine prônait ainsi que les séparatistes pro-russes en Ukraine établissent une « Nouvelle Russie » dans tout l’Est du pays. Ce fut même le plan initial du séparatisme pro-russe.

Toutefois, les défaites militaires amenant une perte de territoire et de ce fait l’incapacité à conquérir la partie orientale de l’Ukraine amena un « gel » en 2015 du projet, alors qu’en novembre 2014 est limogé le gouverneur de la « République populaire » de Donetzk, Pavel Goubarev.

Alexandre Douguine fut parallèlement mis de côté en Russie, considéré comme allant trop loin dans la logique du conflit avec l’occident, nuisant ainsi à une partie des oligarques profitant largement du capitalisme occidental.

Alexandre Douguine au club d’Izborsk

Dans un article du 9 avril 2021 pour le club d’Izborsk, intitulé « La géopolitique de la Nouvelle-Russie sept ans après », Alexandre Douguine formule le point de suivant au sujet de la crise du Donbass :

« En 2014, c’est-à-dire il y a 7 ans, la Russie a fait une énorme erreur de calcul. Poutine n’a pas utilisé la chance unique qui s’est présentée après [la révolte pro-occidentale de la place] Maidan, la prise de pouvoir de la junte à Kiev et la fuite de Ianoukovitch en Russie. Cohérent dans sa géopolitique, le Président n’a pas été fidèle à lui-même cette fois-ci. Je le dis sans aucune réjouissance, mais plutôt avec une profonde douleur et une rage sincère.

Cette occasion manquée a été appelée « Novorossiya » [Nouvelle-Russie, un nouvel « État » dans l’Est de l’Ukraine], « printemps russe », « monde russe ». Sa signification était la suivante :

– Ne pas reconnaître la junte de Kiev, qui avait pris le pouvoir lors d’un coup d’État violent et illégal, – demander à [Viktor] Ianoukovytch [alors président ukrainien et destitué lors de l’Euromaïdan] de se lever pour restaurer l’ordre constitutionnel, – soutien au soulèvement dans l’est de l’Ukraine,

– introduction de troupes à la demande du président légitime (modèle Assad),

– établir le contrôle sur la moitié du territoire ukrainien,

– mouvement sur Kiev (…).

Le rejet d’un tel développement était motivé par un « plan astucieux ». Sept ans plus tard, il est clair qu’il n’y avait, hélas, aucun « plan astucieux ». Ceux qui l’ont préconisé étaient des scélérats et des lâches (…). C’est alors, et précisément pour ma position sur la Novorossiya, que le Kremlin m’a envoyé en disgrâce. Qui dure jusqu’à aujourd’hui (…).

Le projet Novorossiya a été esquissé par Poutine lui-même, mais il a immédiatement été abandonné (…). La Syrie a été une manœuvre géopolitique réussie et correcte, mais elle n’a en rien supprimé ou sauvé l’impasse ukrainienne. Une victoire tactique a été obtenue en Syrie. C’est bien.

Mais pas aussi important qu’une transition vers un effort eurasien complet pour restaurer une puissance continentale. Et cela ne s’est pas produit. La Nouvelle-Russie était la clé (…).

Aujourd’hui, après l’arrivée brutale de Biden à la Maison Blanche, les choses sont revenues là où elles s’étaient arrêtées en 2014 (…).

Seule l’armée ukrainienne a pu, en 7 ans, se préparer, se rapprocher de l’adhésion à l’OTAN et élever une génération entière de russophobes radicaux. Pendant tout ce temps, le Donbass a été dans un état de flottement. Oui, il y a eu de l’aide ; sans elle, il n’aurait tout simplement pas survécu. Mais pas plus que ça (…).

Au cours des 20 dernières années, la Russie a tenté de trouver un équilibre entre deux vecteurs :

– continental-patriotique et

– modéré-occidental.

Il y a 20 ans déjà, lorsque Poutine est arrivé au pouvoir, j’ai écrit que cet exercice d’équilibre serait extrêmement difficile et qu’il valait mieux choisir l’Eurasie et la multipolarité. Poutine a rejeté – ou plutôt reporté indéfiniment – le continentalisme ou s’en rapproche au rythme d’un petite cuillère par heure.

Ma seule erreur a été de suggérer qu’une telle tiédeur ne pouvait pas durer longtemps. C’est possible et c’est toujours le cas. Mais tout a toujours une fin. Je ne suis pas sûr à 100% que c’est exactement ce qui se passe actuellement, mais il y a une certaine – et très significative – possibilité (…).

Je dis simplement que si Kiev lance une offensive dans le Donbass, nous n’aurons pas la possibilité d’éviter l’inévitable.

Et si la guerre ne peut être évitée, elle ne peut être que gagnée.

Ensuite, nous reviendrons sur ce qui a été décrit en détail dans le livre « Ukraine. Ma guerre » – c’est-à-dire à la Novorossiya, le printemps russe, la libération finale de la sixième colonne [=« c’est-à-dire les libéraux au pouvoir, les oligarques et une partie importante, sinon la majorité, de l’élite russe qui, bien que formellement loyale au cours patriotique du président Poutine, est organiquement liée à l’Occident], la renaissance spirituelle complète et finale de la Russie. C’est un chemin très difficile. Mais nous n’avons probablement pas d’autre issue. »

Pas d’espace pour l’Ukraine

La ligne dure appliquée par la Russie au début avril 2021 indique un retour à la ligne d’Alexandre Douguine. On est dans une perspective annexionniste agressive, plus dans une temporisation comme choisie en 2014. C’est bien évidemment la crise générale qui est la source du renforcement de la fraction la plus agressive de l’expansionnisme russe.

Et dans une telle approche eurasiste, l’Ukraine n’a pas le droit à l’existence, pour deux raisons.

La première tient à ce que dans une perspective purement « eurasiste », l’Ukraine est une petite Russie, une annexe, qui ne peut exister face au « libéralisme » que comme communauté inféodée à l’État-continent. L’expansionnisme russe peut en fait légitimer n’importe quelle subversion en prétendant que les forces « saines » prennent le dessus et qu’il s’agit de les soutenir – en attendant la suite.

La seconde, c’est que la nature nationale ukrainienne n’est finalement qu’une sorte d’accident, de malentendu, la Russie étant le véritable noyau civilisationnel authentique.

La Russie-continent s’imagine ainsi avoir une vocation expansionniste naturelle, allant de l’Atlantique à l’Oural. Et l’Ukraine est sur sa route.

L’origine du conflit Russie-Ukraine : la compétition entre l’expansionnisme russe et la superpuissance américaine

Pour comprendre le conflit russo-ukrainien, il faut cerner ses deux aspects principaux. Il y a tout d’abord la tendance à la guerre, avec des interventionnismes américain et russe très marqués. Il y a ensuite les rapports historiques entre la Russie et l’Ukraine.

La question du rôle du challenger

Dans les années 1960-1970, Mao Zedong a considéré que l’URSS social-impérialiste était la principale menace pour la paix du monde. La raison en est que l’URSS était le challenger. La superpuissance américaine ayant l’hégémonie, elle cherche surtout à maintenir ses positions, alors que le challenger doit venir chercher le numéro un sur son terrain.

Cela ne veut nullement dire que la superpuissance américaine ne poussait pas à la guerre. Néanmoins, la superpuissance soviétique était l’aspect principal de la contradiction entre superpuissances. On voit d’ailleurs que le pacte de Varsovie avait en 1982 pratiquement deux fois plus de tanks que l’OTAN, que l’URSS avait bien plus de têtes nucléaires que les États-Unis, etc.

Le piège de Thucidyde

L’universitaire américain Graham Allison, qui a été notamment conseiller de plusieurs secrétaires d’États (sous Reagan, Clinton et Obama) et est une figure des thinks tanks impérialistes américains, a publié en 2017 un ouvrage intitulé « Destinés à la guerre : l’Amérique et la Chine peuvent-elles échapper au piège de Thucydide ? ».

Il se fonde sur l’ouvrage La Guerre du Péloponnèse de l’Athénien Thucydide, où on lit que « Ce qui rend la guerre inévitable était la croissance du pouvoir athénien et la peur qui en résultait à Sparte. » Plus qu’une analyse géopolitique, cela reflète surtout la ligne stratégique américaine.

Car il ne faut pas confondre l’engrenage menant à la guerre et le caractère inéluctable de la guerre dans un cadre capitaliste, en raison de la nécessité du repartage du monde.

Le caractère inéluctable de la guerre

Staline, évaluant la situation, précise bien en 1952 dans Les problèmes économiques du socialisme en URSS :

« Il se peut que, les circonstances aidant, la lutte pour la paix évolue çà et là vers la lutte pour le socialisme, mais ce ne sera plus le mouvement actuel en faveur de la paix, mais un mouvement pour renverser le capitalisme.

Le plus probable, c’est que le mouvement actuel pour la paix, c’est-à-dire le mouvement pour le maintien de la paix, contribuera, en cas de succès, à conjurer une guerre donnée, à l’ajourner temporairement, à maintenir temporairement une paix donnée, à faire démissionner le gouvernement belliciste et à y substituer un autre gouvernement, disposé à maintenir provisoirement la paix. Cela est bien, naturellement. C’est même très bien.

Mais cela ne suffit cependant pas pour supprimer les guerres inévitables en général entre pays capitalistes. Cela ne suffit pas, car malgré tous ces succès du mouvement de la paix, l’impérialisme demeure debout, reste en vigueur. Par suite, l’inéluctabilité des guerres reste également entière. Pour supprimer le caractère inévitable des guerres, il faut détruire l’impérialisme. »

On doit bien distinguer l’engrenage, qui peut porter sur tel ou tel point et est toujours relatif, de la tendance à la guerre qui est-elle absolue.

Le conflit russo-ukrainien : la compétition impériale

Il n’existe pas de conflit entre les peuples russe et ukrainien, qui historiquement sont fondamentalement liés. L’amitié entre les peuples a cependant été pris en étau par l’expansionnisme russe et par la superpuissance américaine.

La Russie, dans un esprit chauvin où elle est de caractère « grand-russe », par opposition aux « petits-russes », a exigé la satellisation de la Biélorussie et de l’Ukraine. Les forces capitalistes bureaucratiques ont été soutenus, avec une oligarchie contrôlant des pays corrompus où l’opposition est écrasée.

La superpuissance américaine avait-elle préparé le terrain pour mener une révolution idéologique et culturelle et donner naissance à sa propre couche capitaliste bureaucratique.

Cet affrontement va provoquer la partition de l’Ukraine en 2014.

Le conflit russo-ukrainien : le rôle américain

En fait, à partir des années 1980, la superpuissance américaine a, depuis ses universités et surtout Harvard, proposé une relecture de l’histoire russo-ukrainienne des années 1920-1930.

L’URSS aurait voulu briser l’Ukraine, et ce dès le départ. Elle aurait sciemment laissé des gens mourir de faim en Ukraine, afin de l’écraser nationalement.

Il y aurait une extermination par la faim (« Holodomor » en ukrainien), coûtant la vie à entre entre 2,6 et 5 millions de personnes. Cette théorie a été reprise officiellement par l’État ukrainien après l’effondrement de l’URSS, avec une négation systématique de tout ce qui avait un rapport culturel ou historique avec le passé soviétique.

Quant à l’historien américain James Mace, à la tête de la commission américaine sur la « famine en Ukraine » dans les années 1980, et le théoricien du prétendu « holodomor » servant à détruire l’Ukraine en tant que nation, il a été enterré en Ukraine, dans un cimetière dédié désormais aux « patriotes ».

Et la rue de l’ambassade américaine à Kiev, auparavant rue de la Collectivisation puis Yuri Kotsyubinsky (du nom d’un renégat fusillé en 1937), a pris son nom en 2016.

La théorie de l’holodomor

L’idéologie de l’État ukrainien à partir du début des années 1990 est ainsi un pur produit américain. La nation ukrainienne aurait manqué d’être exterminé par l’URSS. L’historien américain James Mace résume cela ainsi en 1982 à Tel Aviv :

« Pour centraliser le plein pouvoir entre les mains de Staline, il était nécessaire de détruire la paysannerie ukrainienne, l’intelligentsia ukrainienne, la langue ukrainienne, l’ukrainien, l’histoire telle que comprise par les Ukrainiens, pour détruire l’Ukraine en tant que telle… Le calcul est très simple et primitif : s’il n’y a pas de peuple, alors il n’y a pas de pays séparé, et par conséquent, il n’y a pas de problèmes. »

On lit, dans cette optique nationale fantasmagorique, dans le document officiel de l’État ukrainien « Holodomor Le génocide en Ukraine 1932-1933, que :

« LES FERMIERS UKRAINIENS n’ont pas été privés de nourriture dans le but de les obliger à rejoindre les fermes collectives ; le processus de la collectivisation bolchevique des terres était pratiquement achevé en été 1932.

Le génocide par la famine a été volontairement dirigé dès l’origine contre la paysannerie ukrainienne en tant que noyau central de la nation ukrainienne qui aspirait à un État indépendant.

Elle était gardienne des traditions séculaires d’une agriculture libre et détentrice de valeurs nationales ; l’un et l’autre contredisaient l’idéologie communiste et suscitaient l’hostilité débridée des dirigeants bolcheviks. »

L’inanité de la théorie de l’holodomor

Les tenants de cette fantasmagorie sont pourtant en même temps obligés de reconnaître que la systématisation de la langue ukrainienne date précisément des années 1920-1930, que l’ukrainisation généralisée a caractérisé la politique soviétique.

Il n’y avait auparavant pas de presse ukrainienne, pas de maisons d’édition, le tsarisme écrasait l’Ukraine. Avec l’URSS, l’Ukraine s’affirme ouvertement sur le plan culturel et national. Il est donc absurde de constater cette affirmation et d’en même temps prétendre que l’URSS aurait voulu « anéantir » l’Ukraine. Il s’agit très clairement d’une interprétation façonnée par la superpuissance américaine afin de faire converger les multiples courants nationalistes ukrainiens.

Le rapport historique entre l’Ukraine et la Russie

Le rôle de la Russie n’est pas moins pervers que celui de la superpuissance américaine. En effet, la Russie abuse des liens culturels et historiques.

Car l’Ukraine est « russe » autant que la Biélorussie et la Russie. La première structure étatique est d’ailleurs la Rus’ de Kiev, qui a existé du 9e au 13e siècle. Elle s’est effondrée sous les coups des Mongols. Il y a alors, pour simplifier, trois forces dans la région :

– un bloc polonais-lituanien-biélorusse-ukrainien, qui existe jusqu’en 1795 comme grand-duché de Lituanie puis République des Deux Nations ;

– une Ukraine cherchant à se libérer de la domination du premier bloc, tout en étant la cible régulière des Tatars passant par la Crimée ;

– un bloc russe avec la grande-principauté de Moscou qui parvient à supprimer le joug mongol pour former un tsarat qui ne va pas cesser de s’agrandir, notamment aux dépens du khanat de Sibérie.

La Pologne, qui aujourd’hui se présente comme un martyr de l’Histoire, a ainsi en fait été une grande puissance visant à l’hégémonie régional, allant jusqu’à occuper Moscou au début du 17e siècle.

Les Ukrainiens devaient quant à eux choisir un camp. Le chef des cosaques, Bogdan Khmelnitski, fit alors le choix de la Russie, après s’être rebellé contre la noblesse polonaise.

Le traité de Pereïaslav de 1654 marque alors littéralement la fusion de l’histoire russe et ukrainienne, comme peuples « russes » parallèles.

Le conflit russo-ukrainien : le rôle russe

L’expansionnisme russe abuse cette histoire « russe » parallèle de manière complète, avec une démagogie sans limites. Elle le fait dans une optique grand-russe, où l’Ukraine ne serait jamais qu’une petite-Russie ne pouvant exister sans sa réelle base historique. Elle diffuse un ardent nationalisme en Russie.

Et aux gens en Ukraine qui sont attachés à la Russie, car il s’agit de deux peuples frères, elle dit que ne pas obéir à la Russie serait perdre tout caractère russe, comme si seule la Russie portait historiquement la Rus’ de Kiev.

Cela marque surtout les gens tout à l’est de l’Ukraine, du Donbass, le bassin houiller du Donets, mais même la partie est du pays en général, particulièrement lié à la Russie et parlant couramment le russe dans leur vie quotidienne, voire le pratiquant comme principale langue.

Il y a bien entendu une part de vérité, car les forces au service de la superpuissance américaine veulent inventer une Ukraine qui n’aurait aucun rapport historique avec la Russie. Et c’est d’autant plus vrai que les forces nationalistes ukrainiennes sont ultra agressives.

Le conflit russo-ukrainien : le nationalisme ukrainien

Le nationalisme ukrainien a une forme très particulière. Sa base historique vient en effet de l’extrême-ouest du pays, ce qui lui confère des traits déformés au possible.

Lorsque le tsarisme s’effondra, les forces bourgeoises ukrainiennes fondirent une « République populaire ukrainienne », qui ne dura que jusqu’en 1920 avec la victoire de l’armée rouge.

La Galicie orientale resta cependant aux mains de la Pologne. Cette région et l’Autriche deviennent alors le bastion des nationalistes ukrainiens, qui fondent en 1929 l’Organisation des nationalistes ukrainiens, avec comme dirigeant Stepan Bandera.

Anti-polonaise, antisémite, antisoviétique, pratiquant dans les années 1930 régulièrement le meurtre jusque des opposants, l’organisation convergea ensuite avec l’Allemagne nazie et forma une légion ukrainienne, puis une Armée insurrectionnelle ukrainienne massacrant notamment 100 000 Polonais dans une perspective de purification ethnique.

Cette « armée » finit par se retrouver à combattre très brièvement l’Allemagne nazie en cherchant un appui américain, avant d’être écrasée par l’avancée de l’armée rouge, alors que Stepan Bandera est exécuté par le KGB en Allemagne de l’Ouest en 1959.

La Galicie orientale devint alors soviétique, mais reste marqué par cette aventure « banderiste », surtout que la mouvance banderiste des pays occidentaux s’est précipité dans le pays après l’effondrement de l’URSS.

La valorisation de Stepan Bandera et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne relève désormais de l’idéologie officielle et est portée par de multiples organisations nationalistes extrêmement actives et militarisées.

L’Euromaïdan et les nationalistes ukrainiens

Les organisations nationalistes ukrainiennes ont été très médiatisées au moment des rassemblements appelés « Euromaïdan », de par leur activisme violent et leur iconographie ouvertement nazie.

Ces organisations, comme Secteur droit ou Svoboda, se veulent les successeurs de Stepan Bandera, leur bastion est la partie extrême-occidentale du pays, la Galicie qui n’a rejoint le reste de l’Ukraine qu’en 1945.

Elles ont joué le rôle des troupes de choc lors de l’Euromaïdan, c’est-à-dire les rassemblements sur la place Maïdan (c’est-à-dire de l’indépendance) à Kiev, fin 2013 – début 2014. Jusqu’à 500 000 personnes ont protesté contre le régime, corrompu et à bout de souffle.

Ce fut alors la « révolution », c’est-à-dire la mise de côté de l’oligarchie pro-russe et son remplacement par une autre oligarchie, cette fois pro-américaine ou pro-européenne.

La dénomination du mouvement vient de Radio Free Europe, la radio américaine, alors que les États-Unis ont déversé des milliards par l’intermédiaire d’associations et d’ONG. Depuis 2014, le régime en place est ainsi pro-occidental, violemment anti-russe, farouchement anti communiste, réécrivant l’histoire ukrainienne.

Le séparatisme au Donbass et la question de la Crimée

Initialement, il y a eu des révoltes contre la ligne triomphant à l’Euromaïdan. Ces révoltes, manipulées par la Russie, ont immédiatement abouti à des mouvements séparatistes, usurpant l’antifascisme et les références soviétiques. Cela a donné deux pseudos-républiques populaires, celle de Donetsk et celle de Louhansk.

Dans les deux cas il s’agit de régimes satellites de la Russie, de forme anti-démocratique, patriarcale-clanique, avec les exécutions sommaires et la torture, tout comme d’ailleurs chez les unités anti-séparatistes néo-nazies quelques kilomètres plus loin.

L’idée était initialement d’unifier ces deux « républiques populaires » avec l’Est de l’Ukraine, pour former une « Nouvelle-Russie ». D’ailleurs, initialement les séparatistes avaient davantage de territoires ; à la suite de l’intervention ukrainienne, ils en perdu les deux-tiers.

La Russie a également profité de la situation pour annexer la Crimée. Cette région avait été littéralement offerte à l’Ukraine par le révisionniste Nikita Khrouchtchev, alors qu’historiquement la région est russe. Le prétexte était le 300e anniversaire du traité de Pereïaslav signé par Bogdan Khmelnitski avec la Moscovie, liant l’Ukraine à la Russie.

L’écrasante majorité des gens de Crimée a accepté le coup de force et l’annexion russe. Il n’en reste pas moins que c’est une invasion et une annexion contraire au principe du droit international, avec qui plus est des troupes russes sans uniformes afin de masquer les faits.

La Crimée ou la Nouvelle-Russie ?

L’expansionnisme russe fait face à un dilemme qui caractérise toute son attitude militaire et politique. D’un côté, la Crimée est alimentée en eau potable par un canal partant d’Ukraine et désormais fermé. Il lui faut impérativement débloquer cette situation.

Cependant, cela impliquerait, du point de vue expansionniste, d’effectuer un débarquement massif et de s’approprier une bande de terre au bord de la mer Noire, ce qui est délicat à défendre. Il faudrait en fait même étendre cette bande jusqu’aux pseudos « républiques populaires » et cela veut dire que le débarquement doit s’accompagner d’une pénétration massive par les troupes pour maintenir la conquête.

De l’autre, la Russie a l’espoir de disposer de l’accord passif d’une partie de la population à l’Est du pays en cas de passage à une hégémonie russe. Cela veut toutefois dire qu’il faudrait une pénétration militaire massive et, de ce fait, cela ne résoudrait pas la question de l’eau potable pour la Crimée.

Une troisième option serait une double combinaison débarquement – pénétration massive, mais ce serait là littéralement mener une guerre ouverte à l’Ukraine, alors que les deux autres options peuvent se maintenir comme opérations « localisées ».

L’expansionnisme russe se heurte à l’hégémonie de l’OTAN

Dans tous les cas, l’expansionnisme russe à l’Est se heurte à l’hégémonie de l’OTAN, qui s’est installé en Europe centrale et dans pratiquement tous les pays de l’Est européen. Les velléités impérialistes des uns et des autres ne peuvent qu’entrer en contradiction antagonique.

La tendance à l’affrontement impérialiste est inéluctable de par la prise d’initiative des uns et des autres, alors que le conflit sino-américain se dessine en toile de fond comme base pour la troisième guerre mondiale. La question russo-ukrainienne doit être réglée en un sens ou un autre, telle est la logique des deux blocs : les Américains pour passer à la Chine, la Russie pour assumer son expansionnisme.

La prise d’initiative des peuples du monde face à la guerre va être essentielle et cela dans un contexte de seconde crise générale du capitalisme qui va exiger un haut niveau d’engagement de leur part. L’époque va être particulièrement tourmentée et nécessitera une implication communiste à la hauteur.

Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie communiste de notre époque

Mao Zedong a affirmé dans les années 1960 que les 50-100 années à venir seraient celles d’un bouleversement comme l’humanité n’en a jamais connu. Cette position découlait de sa compréhension des contradictions propres à notre époque, des tendances en développement, des nécessités historiques.

Et aujourd’hui, au début des années 2020, l’humanité toute entière sait que plus rien ne peut être comme avant. Il y a le constat du rapport destructeur à la Nature, avec des contre-coups tel le COVID-19 et le dérèglement climatique, mais en général il est flagrant que le modèle de vie proposé par le capitalisme est à bout de souffle moralement et culturellement.

C’est la raison pour laquelle les gens sont tétanisés : ils sentent que le changement doit être complet, qu’il va falloir révolutionner les modes de vie, modifier les conceptions du monde, changer les rapports aux animaux, à la Nature en général, et bien entendu transformer l’ensemble des moyens de production et des manières de consommer.

Le défi est d’autant plus immense qu’il exige une réponse mondiale. En ce sens, nous affirmons que la position communiste est de parvenir à une révolution dans un pays donné, afin d’en faire l’exemple à tous les niveaux pour le reste de l’humanité.

La révolution consiste en la prise du pouvoir

« La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c’est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c’est résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire du marxisme-léninisme est valable partout, en Chine comme dans les autres pays. »

Mao Zedong, Problèmes de la guerre et de la stratégie, 1938

La hausse du niveau de vie dans les pays capitalistes dans les années 1950-1960-1970, qui a d’ailleurs continué par la suite, a produit une généralisation des comportements petits-bourgeois , avec également une généralisation de la petite propriété.

Le Parti Communiste Français, constitué en 1920, a alors basculé dans le révisionnisme dans les années 1950 en niant la nécessité de la prise du pouvoir par la violence révolutionnaire. Il a reconnu les institutions, il y a participé, il a combattu toutes les révoltes ouvrières ou contestataires comme en mai 1968, faisant de la CGT le bastion de l’aristocratie ouvrière.

Les racines de cet opportunisme remontent cependant à plus loin, à une compréhension opportuniste du principe du Front populaire, amenant le Parti Communiste Français à croire que la Démocratie populaire pourrait s’instaurer à partir du régime en place. C’était là une faillite idéologique aboutissant à la capitulation devant la « république », c’était un retour aux positions de Jean Jaurès, c’était rejeter le marxisme.

Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie communiste de notre époque, car il est le prolongement de la ligne historique du communisme, il est l’expression concrète du rejet des thèses du « parlementarisme », de la « coexistence pacifique », de la « participation gouvernementale », du soutien aux institutions.

C’est la raison pour laquelle Maurice Thorez, dirigeant du Parti Communiste Français ayant mal orienté le Front populaire dans les années 1930, a soutenu par la suite le révisionnisme et a dénoncé Mao Zedong.

Les communistes chinois, dans l’éditorial du Quotidien du peuple du 27 février 1963 (D’où proviennent les divergences ? Réponse à Maurice Thorez et d’autres camarades), ont rejeté les prétentions de Maurice Thorez et des révisionnistes du Parti Communiste Français, et ils ont eu raison.

Les années référence : 1948-1952 et 1966-1976

« Il est faux d’affirmer qu’il n’existe pas de contradictions dans la société socialiste ; cela va à rencontre du marxisme-léninisme et est en désaccord avec la dialectique. Comment pourrait-il ne pas y avoir de contradictions ?

Il y en aura toujours, dans mille ans, dix mille ans, voire cent millions d’années. La terre serait-elle détruite et le soleil se serait-il éteint qu’il en existerait encore dans l’univers.

Chaque chose est en contradiction, lutte et changement.

C’est cela le point de vue marxiste-léniniste. »

Éditorial du Quotidien du peuple : Une Grande Révolution qui touche l’homme dans ce qu’il a de plus profond, 2 juin 1966

La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne lancée en 1966 en Chine populaire a permis un approfondissement formidable de l’idéologie communiste ; elle a permis un élan systématisant son approche, améliorant la saisie de la réalité et sa transformation.

Elle a été la preuve théorique et pratique que la révolution ne progresse pas mécaniquement, qu’elle ne consiste pas en un changement formel des rapports sociaux et des orientations de l’humanité sur le plan des idées. Elle exige une transformation active de l’humanité afin qu’elle acquière une réelle conception matérialiste dialectique du monde.

C’est le sens de la généralisation, lors de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, du point de vue que « rien n’est indivisible », que « un devient deux », que le marxisme est telle « une théorie des deux points », que l’Histoire progresse en spirale, que l’univers est tel un oignon avec différentes couches entremêlées.

En ce sens, il apparaît que les révolution socialistes qui ont eu lieu dans le passé n’ont atteint leur maturité que tardivement et que c’est là la principale référence à avoir. La révolution d’octobre 1917 ouvre une nouvelle époque, avec la construction du socialisme en URSS, mais ce n’est que dans les années 1948-1952 que le matérialisme dialectique est véritablement déployé et qu’il est généralisé à tous les aspects scientifiques et culturels.

Pareillement, si la Chine populaire ouvre son parcours en 1949, ce n’est qu’avec le début de la Grand Révolution Culturelle Prolétarienne en 1966, et ce jusqu’en 1976, que le matérialisme dialectique est généralisé pour toutes les questions.

C’est pourquoi les années de référence doivent être 1948-1952 pour l’URSS et 1966-1976 pour la Chine populaire, ces deux périodes formant l’aboutissement le plus développé de l’expérience communiste.

Le marxisme-léninisme-maoïsme, idéologie communiste de notre époque

« Qu’est-ce que le maoïsme?

Le maoïsme représente l’élévation du marxisme-léninisme à une troisième, nouvelle et supérieure étape dans la lutte pour la direction prolétarienne de la révolution démocratique, le développement de la construction du socialisme et la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, comme révolution prolétarienne (…).

C’est avec la guerre populaire que nous avons compris plus profondément ce qu’implique le maoïsme et que nous avons pris l’engagement solennel de: « Arborer, défendre et appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme! » et de lutter infatigablement pour contribuer à le mettre aux commandes, afin qu’il soit le guide de la révolution mondiale, unique et rouge drapeau immarcescible qui garantit le triomphe du prolétariat, des nations opprimées et des peuples du monde en leur inexorable marche combattante de légions d’acier en marche vers le Communisme doré et à tout jamais resplendissant. »

Parti Communiste du Pérou : Sur le marxisme-léninisme-maoïsme, 1988

À partir de 1980, le Parti Communiste du Pérou devient la brigade de choc de la révolution mondiale en déclenchant la guerre populaire. Le PCP a alors compris le marxisme-léninisme-maoïsme, son dirigeant Gonzalo en a présenté les thèses fondamentales.

Ce faisant, il a souligné que dans chaque pays il fallait forger une Direction révolutionnaire, qui s’appuie sur une juste compréhension du parcours historique, sur une pratique révolutionnaire portant le nouveau contre l’ancien.

Le marxisme-léninisme-maoïsme n’est pas une théorie qu’on peut « adopter » ; il est un aboutissement idéologique qu’on retrouve lorsqu’on s’engage de manière véritablement révolutionnaire dans les luttes de classe.

Il existe ainsi plusieurs versions erronées du marxisme-léninisme-maoïsme, qui le réduisent à quelques formules pratiques, quelques concepts cosmopolites, quelques idées sur tel ou tel aspect. C’est là une expression de faiblesse idéologique et de soumission à la contre-révolution, qui a intérêt à proposer une version déformée de l’idéologie communiste pour désorienter et disperser.

Le marxisme-léninisme-maoïsme n’est ni un assemblage artificiel du marxisme, du léninisme et du maoïsme, ni un maoïsme qui rejetterait le marxisme et le léninisme. Le marxisme-léninisme-maoïsme est le marxisme de notre époque ; après l’étape léniniste, il y a l’étape maoïste.

Il s’agit d’un approfondissement du marxisme. C’est le même matérialisme dialectique, passé par des stades idéologiques marquant une progression qualitative. On ne peut pas être communiste aujourd’hui sans être à la hauteur de cette avancée historique !

L’idéologie doit être au poste de commandement

« La « théorie » de la spontanéité est la théorie de l’opportunisme. Elle s’incline devant la spontanéité du mouvement ouvrier, nie en somme le rôle dirigeant de l’avant-garde, du parti de la classe ouvrière.

Cette théorie est en contradiction avec le caractère révolutionnaire du mouvement ouvrier.

En effet, elle déclare que la lutte ne doit pas être dirigée contre les bases du capitalisme, que le mouvement doit suivre exclusivement la ligne des revendications « possibles », « admissibles » pour le capitalisme.

Elle est en somme pour la « ligne de moindre résistance » elle représente l’idéologie du trade-unionisme.

Elle n’admet pas que l’on donne au mouvement spontané un caractère conscient, méthodique ; elle ne veut pas que le parti marche à la tête de la classe ouvrière, qu’il élève la conscience des masses, qu’il mène le mouvement à sa suite.

Elle estime que les éléments conscients du mouvement ne doivent pas empêcher ce dernier de suivre sa voie et que le parti doit s’adapter au mouvement spontané et se traîner à sa remorque.

Elle est la théorie de la sous-estimation du rôle de l’élément conscient dans le mouvement, l’idéologie des « suiveurs », la base logique de tout opportunisme. »

Staline : Des principes du léninisme, 1924

Le marxisme-léninisme-maoïsme n’est pas une méthode, il ne fournit pas des recettes : il est une vision du monde et par conséquent il doit être une réalité pour tous les aspects de la vie.

Le grand ennemi de l’idéologie communiste est par conséquent, en plus du révisionnisme qui est une trahison, les conceptions spontanéistes. Le spontanéisme prétend que le cours de choses mènerait de lui-même au changement, à la transformation ; il nie la nécessité de la synthèse idéologique et de sa primauté dans les décisions, les orientations.

Le spontanéisme est l’expression d’une petite-bourgeoisie qui conteste l’ordre bourgeois mais ne peut pas porter une rupture prolongée et systématique, allant jusqu’au bout. Le spontanéisme aboutit de ce fait à ce que les masses manipulées sur le plan des idées suivent les petits-bourgeois cherchant à s’insérer dans l’ordre bourgeois.

Il est bien connu d’ailleurs qu’il a existé, dans les pays impérialistes, dans les années 1960 (et même encore aujourd’hui), des petits-bourgeois usurpant le marxisme-léninisme-maoïsme et le réduisant à un spontanéisme mêlant volontarisme et opportunisme.

C’est là un détournement du principe maoïste de la ligne de masses, de la mobilisation de masses : l’aspect idéologique est gommé, la direction du Parti est effacée, le rôle principal de la conscience est nié.

La ligne prolétarienne est au contraire que l’idéologie communiste, le marxisme-léninisme-maoïsme, doit être au poste de commandement !

Le marxisme-léninisme-maoïsme au niveau international

De nombreuses organisations ont assumé l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste à la suite du Parti Communiste du Pérou, sans forcément accepter les thèses de celui-ci quant au maoïsme. On peut même dire qu’il existe aujourd’hui pratiquement autant de définitions du marxisme-léninisme-maoïsme que d’organisations, même si les fondements généraux sont les mêmes.

Mais cette situation est un simple détour, produit par le détour au Pérou à la suite de l’arrestation du dirigeant du Parti Communiste du Pérou, Gonzalo, en 1992. La ligne noire au sein du Parti Communiste du Pérou a alors donné naissance à une Ligne Opportuniste de Gauche, prétendant poursuivre la guerre populaire à travers le soutien aux institutions, une campagne pour l’amnistie, etc. Il y a eu également une Ligne Opportuniste de Droite, pratiquant un réformisme armé.

Nous avons échappé à la désorientation produite alors grâce au fait que nous avons compris le sens des expériences allemande et italienne des années 1970-1990, avec l’affirmation d’un antagonisme complet au régime, de la nécessité de l’affrontement.

Qui comprend que la question du pouvoir est principale parvient toujours à se dégager de l’opportunisme – et cette question concerne tous les aspects : militaire, politique, culturel, éducatif, artistique, scientifique, social, naturel.

Et la compréhension réelle de cette question exige la conception matérialiste dialectique du monde, qui est une forteresse dont il faut maintenir les fondations ; comme l’a souligné Staline, les meilleures forteresses se prennent de l’intérieur.

Nous nous devons ainsi de critiquer deux conceptions fondamentalement erronées du marxisme-léninisme-maoïsme qui sont mises en avant en ce moment au niveau international. La première est syndicaliste-opportuniste, la seconde est de type dogmatique-cosmopolite.

Certains en effet cherchent à réduire le marxisme-léninisme-maoïsme à une pratique syndicaliste, la guerre populaire servant de mythe mobilisateur (on parle ici notamment du Parti Communiste Maoïste d’Italie, du Parti Communiste Révolutionnaire du Canada, de l’Union Ouvrière Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste de Colombie).

L’idéologie sert ici seulement d’accompagnement à une démarche ultra-revendicative ; on est ici à rebours des enseignements de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Il n’est pas étonnant pour cette raison que cette tendance ait entièrement accompagné la capitulation de la guerre populaire au Népal au début des années 2000.

D’autres basculent dans l’erreur inverse, consistant à placer l’idéologie au poste de commandement, mais en transformant celle-ci en un dogmatisme cosmopolite, appelé « marxisme-léninisme-maoïsme principalement maoïsme ».

C’est un masque : en réalité l’idéologie ici mise en avant est le marxisme-léninisme-maoïsme pensée Gonzalo, arrachée à sa réalité péruvienne et transposée de manière cosmopolite à l’international, dans une démarche unilatérale fondé sur la négation du principe de Pensée guide.

Cette négation est d’autant plus erronée qu’elle est masquée, une chose intolérable ; c’est une révision des enseignements de Gonzalo et du Parti Communiste du Pérou, en plus d’être un cosmopolitisme.

Gonzalo a toujours souligné que dans chaque pays le marxisme-léninisme-maoïsme devait s’incarner dans un grand dirigeant, qui synthétise le parcours historique de la lutte des classes et porte l’antagonisme, réalisant le marxisme-léninisme-maoïsme, idéologie internationale, de manière concrète dans un cadre national.

Et il n’est guère étonnant que cela ait eu comme aboutissement, lors de l’irruption de la crise du COVID-19, que cette tendance ait expliqué de manière cosmopolite qu’il n’y avait pas de « crise corona », que tout était de la poudre aux yeux employée par la bourgeoisie pour masquer une crise commencée en 2008, etc.

Cette incompréhension de l’irruption concrète de la crise, sur le plan pratique, témoigne de la faillite de cette tendance dogmatique-cosmopolite (avec notamment le Parti Communiste du Brésil – Fraction Rouge, le Parti Communiste de Colombie – Fraction Rouge, le Comité Drapeau Rouge – Allemagne).

À rebours de ces tendances syndicaliste-opportuniste et dogmatique-cosmopolite, nous affirmons que l’irruption de la crise du COVID-19 correspond à l’affirmation de la seconde crise générale du capitalisme, que l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste doit en comprendre tous les aspects et fournir les réponses à la crise, à tous les niveaux.

C’est le sens de la révolution mondiale que d’être un bouleversement à tous les niveaux, dans tous les domaines ; la guerre populaire est la systématisation des réponses communistes à tous les niveaux, dans tous les domaines.

Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie communiste de notre époque et rien ne peut aboutir sans lui, rien ne peut se construire sans lui, rien ne peut atteindre la dimension adéquate sans lui : c’est le sens du mot d’ordre Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie que doivent porter les communistes, qu’ils doivent vivre ; c’est le sens du mot d’ordre Arborer, défendre et appliquer, principalement appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme !

En ce sens, nous disons :

Le Parti est la forteresse de l’idéologie communiste et l’état-major de la révolution !

La révolution est le renversement du vieil État par l’armée démocratique populaire dans la révolution démocratique-populaire, par l’armée rouge dans la révolution socialiste !

Le Front se construit selon les conditions et situations historiques afin d’unir le maximum de forces autour de la classe ouvrière, pour les étapes démocratique-populaire et socialiste !

Vive le marxisme-léninisme-maoïsme, l’idéologie communiste de notre époque !

Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)

Avril 2021

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Serment militaire de l’armée rouge ouvrière et paysanne

[Rédigé par Joseph Staline en tant que membre du Conseil militaire de l’Armée rouge ouvrière et paysanne ; mis en place le 23 février 1939 ; publié dans la Pravda du 25 février 1939.]

Moi, citoyen de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, entre dans les rangs de l’Armée rouge des Ouvriers et des Paysans, prête serment et jure solennellement d’être un combattant honnête, courageux, discipliné et vigilant, de garder rigoureusement le secret militaire et celui d’État, d’exécuter sans murmurer tous les règlements militaires et les ordres des commandants, commissaires et des chefs.

Je jure d’étudier consciencieusement les affaires militaires, de garder le plus possible les biens de l’Armée et du peuple, et d’être dévoué jusqu’à mon dernier souffle à mon Peuple, à ma Patrie Soviétique et à l’État Ouvrier et Paysan.

Je suis toujours prêt, sur ordre de l’État Ouvrier et Paysan, à défendre ma Patrie, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques et, en tant que combattant de l’Armée rouge des Ouvriers et des Paysans, je jure de la défendre courageusement, adroitement, avec dignité et honneur, sans ménager mon sang et jusqu’à ma vie, pour emporter la victoire complète sur les ennemis.

Et si, par mauvaise intention, je viole ce serment solennel, que m’atteignent le châtiment rigoureux de la loi soviétique, la haine générale et le mépris des travailleurs.

=>Oeuvres de Staline

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La crise générale des UNEF

Tant l’UNEF Solidarité étudiante que l’UNEF Indépendante et démocratique ont été incapables de prendre le tournant des années 1990. Au-delà de toute considération, la raison essentielle est la disparition des cadres. Ni le Parti Communiste Français, ni le Parti socialiste n’ont alors plus aucun élan militant, alors qu’il y a une vague massive de dépolitisation.

Les deux UNEF sont historiquement des viviers de cadres, qui se forment sur le plan académique tout en faisant l’apprentissage de la gestion de structures de masses, voire de luttes. La liste des cadres des UNEF ayant fait une carrière politique et administrative, voire commerciale, est immense.

Partant de là, s’il n’y a plus de cadres activistes dans la jeunesse, tournés vers un mouvement de masse, il n’y a plus de cadres pour le Parti Communiste Français et le Parti socialiste, qui faiblissent d’autant, et qui en même temps s’en moquent de par leur option purement électorale et gouvernementale.

Cette tendance est irrépressible et montre que, pour la période 1971-1995, l’impact des deux UNEF correspond au gonflement des effectifs étudiants. Passé le cap du 1,5 million d’étudiants, le milieu universitaire s’est congelé, devenant un simple sas vers le monde du travail, sans plus aucune perspective liée à la jeunesse.

À partir du milieu des années 1990, l’agitation dans les milieux étudiants est purement minoritaire, elle est strictement parallèle à une grande majorité passive et considérant les études simplement comme un passage vers un travail qualifié.

C’est une transformation fondamentale du cadre universitaire et des études en général. Non seulement la crise de 1968 a montré l’absence de possibilité d’une UNEF « révolutionnaire » de masse, mais l’installation des universités dans le panorama capitaliste a entièrement étouffé la possibilité d’une UNEF de masse, ne serait-ce que par son impact électoral.

Le milieu des étudiants se dépolitise alors toujours plus et les UNEF font partie du décor universitaire, au même titre que les associations.

Cela est vrai malgré l’existence d’un puissant mouvement comme celui en 1994 contre le CIP (Contrat d’insertion professionnelle, une sorte de SMIC jeune à 80 % du SMIC).

Le mouvement d’opposition à la réforme des retraites en 1995 amena ensuite l’UNEF Solidarité étudiante à essayer de s’extirper de sa situation en prenant une posture revendicative en cherchant des liens avec une scène anarchiste en plein renouveau. Mais cela ne fit qu’exciter son opposition interne qui rua dans les brancards devant le refus, en 1998, de se confronter au rapport Attali et au plan Universités du 3e millénaire.

Dans les faits, les deux UNEF sont ainsi totalement carbonisés à la fin des années 1990. Il y a bien des gens s’impliquant de manière acharnée, mais ils n’ont plus aucun niveau idéologique ni perspective politique d’envergure.

Pour sauver les meubles, les deux UNEF se présentent même en commun en 1999 aux élections de la sécurité sociale étudiante, la MNEF, obtenant 40 %, avant une unification en 2001.

Une large part de l’UNEF Solidarité étudiante s’y opposa, mais sa tentative de former un nouveau syndicat, une Fédération Syndicale Étudiante sur un mode « syndicaliste révolutionnaire », échoua naturellement totalement.

Échoua également la vaine tentative de la CFDT de former à partir d’une scission de l’UNEF, en 2003, une Confédération étudiante.

L’UNEF ne se relança pas malgré le mouvement de 2006 contre le Contrat Première Embauche, ni avec l’opposition à la loi LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités) en 2009.

Et 2016, les corporatistes de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) remportaient pour la première fois les élections du Crous (les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) avec 76 élus, contre 66 pour l’UNEF.

C’est-à-dire que l’UNEF se maintenait toujours en tant que structure, avec une tradition, des locaux, des élus, mais que le sol se dérobe sous ses pieds.

Cela est d’autant plus vrai que ses cadres sont entièrement livrés à eux-mêmes, coupés de toute formation politique et ne faisant que suivre les modes contestataires post-modernes importés des États-Unis, tout en ayant comme référence très lointaine l’existentialisme de la charte de Grenoble de l’UNEF de 1946.

Son rôle était historiquement terminé : l’UNEF avait accompagné la mise en place des institutions universitaires, elle avait porté une contestation de la jeunesse tout en servant d’équilibre aux projets universitaires gouvernementaux. Une fois les universités installées dans le capitalisme, sa substance disparaissait.

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L’UNEF Unité syndicale / Indépendante et démocratique

L’UNEF dite Unité syndicale en raison du nom de la tendance d’origine (dont le bastion était Dijon), fondée en mars 1971, est dans sa nature totalement différente de l’UNEF Renouveau / Solidarité étudiante. Elle prendra en 1980 le nom d’UNEF Indépendante et démocratique.

Ses cadres sont à l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme, branche jeunesse des trotskystes de l’Organisation Communiste Internationaliste. Leur verrouillage de l’appareil est cependant différent de celui que fait l’Union des Étudiants Communistes pour l’autre UNEF.

En effet, l’UNEF dite Unité syndicale est largement soutenue par la seconde gauche, au point qu’à partir de 1978 il y a une alliance ouverte avec les socialistes.

Le parcours de ses dirigeants est à ce titre emblématique, puisqu’ils sont soit de l’Organisation Communiste Internationaliste, soit passé de l’Organisation Communiste Internationaliste au Parti socialiste : Michel Sérac (de 1971 à 1975), Denis Sieffert, (de 1975 à 1978), Jean-Christophe Cambadélis (de 1978 à 1984), Marc Rozenblatt (de 1984 à 1986), Philippe Darriulat (de 1986 à 1988), Christophe Borgel, (de 1988 à 1991), Philippe Campinchi (de 1991 à 1994).

Jeune Révolutionnaire, l’organe de l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme, la branche jeunesse des trotskystes de l’Organisation Communiste Internationaliste

Cette alliance sert à faire refluer le Parti Communiste Français, quitte à user de violence. De fait, tout au long des années 1970-1980, l’UNEF Indépendante et démocratique a largement le dessus sur l’UNEF dite Renouveau, pas tant numériquement qu’au niveau des élections auxquelles elle participe à partir de 1980.

Entre-temps, l’UNEF Indépendante et démocratique parvient d’ailleurs en 1978 à récupérer la sécurité sociale étudiante gérée par la MNEF, qui est remise aux socialistes en échange de la direction du syndicat laissé aux trotskystes de l’Organisation Communiste Internationaliste.

Sa transformation en UNEF Indépendante et démocratique reflète également l’adhésion du Mouvement d’action syndicale, un petit syndicat soutenu notamment par la Ligue Communiste Révolutionnaire (le rapport de forces est alors le suivant à la direction : 30 sièges aux trotskystes de l’OCI, 13 aux socialistes, 7 aux trotskystes de la LCR).

Et le Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste, tendance de gauche du Parti socialiste, la rejoint également, en 1987.

La MNEF fut une source très importante de financements pour l’UNEF-ID

Les succès de l’UNEF Unité syndicale / Indépendante et démocratique s’expliquent de manière assez simple.

Si l’autre UNEF Renouveau / Solidarité étudiante s’est définie dans les années 1970 comme partie prenante des institutions universitaires, en étant culturellement marqué par le refus de mai 1968 de la part du Parti Communiste Français, l’UNEF Unité syndicale / Indépendante et démocratique est restée dans l’esprit de l’UNEF de 1946.

Cela est d’autant plus vrai que les socialistes poussent à fond pour renforcer leur capacité électorale, considérant que la jeunesse procure une agitation qui lui est favorable. Cela est vrai au point que l’UNEF Indépendante et démocratique se lance dans la bataille contre la réforme Savary des universités de 1983, alors que ce sont les socialistes qui la mettent en place. Elle est en première ligne du très grand mouvement contre le projet de réforme universitaire d’Alain Devaquet, lors d’un gouvernement dirigé par Jacques Chirac.

De plus son financement est assuré par d’innombrables magouilles de grande ampleur dans la gestion de la sécurité sociale étudiante, la MNEF, finalement arrachée à l’autre UNEF, à la fin des années 1970. Si en 1980, l’UNEF Indépendante et démocratique a 40 000 membres, dans les années 1990 elle n’est guère plus lourde, mais elle est bien plus puissante en tant que fer de lance du Parti socialiste.

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L’UNEF Renouveau / Solidarité étudiante

L’UNEF dite Renouveau se définit simplement comme UNEF, « Renouveau » était le nom de la tendance existant avant la fondation de février 1971, et dont les bastions furent Nancy, Lille, Toulouse. Elle prendra en 1982 le nom d’UNEF dite Solidarité étudiante.

Son appareil est entièrement aux mains de l’Union des Étudiants Communistes (UEC). Son premier président est Guy Konopnicki, membre du Bureau National de l’UEC, et tous les suivants relèvent du même parcours.

Même si elle n’admet pas de tendance interne, un espace est toutefois laissé au Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste, qui est une tendance de gauche du Parti socialiste fondé en 1971.

C’est un syndicat où absolument tout est décidé en amont par la direction du Parti Communiste Français. Son mode d’organisation est éprouvé, ce qui lui a permis de garder en sous main la MNEF, la sécurité sociale étudiante.

Elle a également récupéré la Fédération des étudiants en résidence universitaire de France, qui s’est établie dans les luttes dans la seconde partie des années 1960.

Autrement dit, sur le plan de l’appareil, l’UNEF Renouveau / Solidarité étudiante était imprenable et d’une efficacité totale. Mais son orientation est issue du refus de mai 1968 par le Parti Communiste Français.

Cette UNEF se limite à des revendications corporatistes, uniquement liées à la vie sociale quotidienne étudiante, aux possibilités d’étudier dans le meilleur cadre possible.

C’est une option gestionnaire, également dans l’idée d’appuyer les projets gouvernementaux « constructifs » du Parti Communiste Français et surtout de profiter de son monopole représentatif de fait, étant la seule des deux UNEF à participer aux élections universitaires tout au long des années 1970.

Cela lui permet, dans les années 1970, d’avoir l’hégémonie ; elle a, en 1976, 50 000 adhérents, 2 000 élus dans les conseils d’Unité de formation et de recherche et d’universités, quasiment tous les sièges du Conseil National Universitaire, un représentant sur deux au Conseil supérieur de l’Éducation Nationale, la majorité des sièges étudiants au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Aux élections universitaires de 1975-1976, elle a obtenu 90 000 voix, contre 2500 voix au MARC (lié notamment à la Ligue Communiste Révolutionnaire), 1600 au CLEF (pro-gouvernement), 403 au COSEF (fondé par les socialistes).

Cependant, cette logique de soutien au gouvernement, de participation aux institutions, de focalisation complète sur la condition étudiante, lui ôte toute valorisation contestataire. L’UNEF Renouveau / Solidarité étudiante est dans les faits simplement le front étudiant de l’Union des Étudiants Communistes (celle-ci ayant quatre fois moins de membres).

Elle assume ainsi son isolement, pour se préserver, alors que des petites oppositions marxistes-léninistes pro-Mao Zedong se forment, plus ou moins exclues (Aix-en-Provence, Bordeaux, Nanterre).

Cette opposition au sein de l’UNEF Solidarité étudiante se met toutefois à grossir, en raison de la force de l’UNEF Indépendante et démocratique qui irradiait la contestation étudiante. La Ligue Communiste Révolutionnaire commença un travail organisé d’entrisme, sa scission « Gauche révolutionnaire » et des communistes libertaires également, alors que les socialistes commençaient à avoir une certaine influence.

Cela fut particulièrement vrai après 1989. Au milieu des années 1990, l’UNEF Solidarité étudiante se maintient honorablement, mais elle est dans l’ombre de l’UNEF Indépendante et démocratique, qui en vingt ans a pris le dessus.

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L’UNEF, mai 1968 et la scission

La fin de l’éphémère épisode prolétarien et anti-impérialiste de l’UNEF, sous influence maoïste au niveau de la direction, permit à la seconde gauche de prendre sa place véritable au niveau de la direction, celle qui lui revenait de fait de droit depuis le départ de l’UNEF vu l’hégémonie de l’aile catholique de gauche depuis 1946.

Cela se fit par l’intermédiaire du Parti socialiste unifié, fondé en 1960 et cœur de la seconde gauche. Mais c’était trop tard : la vague contestataire montante emplissait les rangs d’organisations partant à l’assaut de l’UNEF.

Le logo du Parti socialiste unifié

L’Organisation Communiste Internationaliste organisa une campagne méthodique, en alliance étroite avec les anarchistes. Il en alla de même pour le Parti Communiste Français. L’Alliance des jeunes pour le socialisme et l’Union des Étudiants Communistes étaient leurs vecteurs respectifs pour cette opération planifiée au plus haut niveau.

Il faut ajouter à cela la présence significative de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, lié au Parti communiste internationaliste.

L’UNEF est ainsi pris en étau alors qu’en plus ses dettes sont colossales, manquant ainsi l’expulsion de son siège. Une association des amis de l’UNEF est alors montée afin de chercher à ce que les « anciens » viennent l’épauler.

L’irruption de mai 1968 finit alors de l’achever.

Tract de l’UNEF durant mai 1968, appelant au pouvoir étudiant et l’autonomie des universités

D’un côté, elle s’en sort très bien. Elle est partie prenante du mouvement de grève avec toute la seconde gauche, aux côtés de la CFDT, du Parti socialiste unifié et du Syndicat national de l’enseignement supérieur.

Le point culminant est la grande manifestation parisienne du 27 mai 1968 avec un meeting de 30 000 personnes au stade Charléty, alors que le lendemain François Mitterrand se pose comme le principal opposant à Charles de Gaulle, appelant à la formation d’un gouvernement provisoire.

Le meeting du stade Charléty en mai 1968

De l’autre, elle représente quelque chose de trop intéressant au lendemain de mai 1968 pour échapper aux affrontements politiques et idéologiques.

Déjà en mars 1968, l’UNEF avait été obligé de faire protéger son Assemblée Générale extraordinaire par le Parti Communiste Français en raison des menaces de coup de force des trotskystes de l’Organisation Communiste Internationaliste.

En avril 1968, l’ensemble des courants d’extrême-gauche s’unissent lors d’une Assemblée Générale extraordinaire pour prendre la direction, avec l’appui du Parti Communiste Français. Cela fit que Jacques Sauvageot, le dirigeant de l’UNEF durant mai 1968, n’était en réalité que le vice-président servant de président intérimaire dans le cadre d’un chaos complet.

Alain Geismar du  Syndicat national de l’enseignement supérieur, Jacques Sauvageot de l’UNEF et l’anarchiste Daniel Cohn-Bendit en mai 1968

L’UNEF s’effondre alors. Ses adhérents étaient montés à 100 000 avec mai 1968, ils retombent à 50 000 puis 30 000 en l’espace d’un an. Le mouvement est divisé en blocs incapables de s’entendre, alors que le gouvernement propose à la suite de mai 1968 des élections au sein des institutions universitaires.

Au congrès de 1970, le tiers des voix va à la tendance de l’Union des Étudiants Communistes, le tiers aux tenants du Parti socialiste unifié, le tiers aux tenants de l’Alliance des jeunes pour le socialisme.

Il y a alors deux congrès de l’UNEF en 1971. L’UNEF dite Renouveau a comme ossature l’Union des Étudiants Communistes ; l’UNEF dite Unité syndicale a comme ossature l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme, branche jeunesse de l’Organisation Communiste Internationaliste.

Ces deux organisations vont alors accompagner la période de massification estudiantine. Cela va être leur rôle, avant de disparaître.

Il y a 661 000 étudiants en 1971, 750 000 en 1974, 858 000 en 1980, 945 000 en 1985, 1 159 000 en 1990, 1 461 996 en 1995, un chiffre se maintenant ensuite pendant vingt ans.

C’est-à-dire que le nombre d’étudiants double entre 1971 et 1995, avant de se stabiliser. Et on peut voir que les deux UNEF vont avoir un succès immense entre 1971 et 1995, avant très précisément de s’effondrer.

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L’UNEF : la ligne oppositionnelle des années 1960

À partir de 1962, l’UNEF est sur une ligne oppositionnelle, elle est portée par des étudiants relevant de la seconde gauche.

Elle manifeste, elle proteste, comme le 25 avril 1963 avec une manifestation pour l’augmentation des crédits aux universités, en octobre 1963 avec la campagne : « des amphis pas de canons», le 7 novembre 1963 avec une manifestation contre le ministre de l’Éducation nationale Christian Fouchet, lors du mois de décembre 1963 avec une grève des loyers dans les cités universitaires, le 21 février 1964 avec une tentative d’occuper la Sorbonne, lors du mois de décembre 1964 avec une semaine nationale d’action, en mars 1965 avec des grèves et des manifestations pour l’allocation d’études, etc.

Cependant, l’Église catholique prend ombrage du rôle de la Jeunesse Étudiante Chrétienne et la met violemment au pas en 1964-1965. Celle-ci va alors mourir à petit feu, tandis que naît une éphémère Jeunesse Universitaire Chrétienne et que surtout c’est le grand passage de la mouvance catholique de gauche dans la seconde gauche et chez les maoïstes.

Les Cahiers Marxistes-Léninistes, à la base de la formation des étudiants dits pro-chinois

Ces derniers placèrent des espoirs initialement dans l’UNEF, qu’ils parvinrent à influencer de par leur prestige. Mais leur ligne prolétarienne et anti-impérialiste ne pouvait pas correspondre à la démarche d’un syndicat étudiant de masse.

Cela donna lieu à un très court épisode avec Jean Terrel. Ce catholique de gauche, passé par la JEC et la JUC, se rapprocha des maoïstes de l’UJC(ml), il devint président de l’UNEF en 1966 avant de démissionner en 1967, au grand dam de l’UJC(ml).

Il avait poussé l’UNEF dans une opposition à la guerre au Vietnam et dans l’affirmation d’une ligne de classe. Mais il reconnut que ce n’était pas en cohérence avec ce qu’était l’UNEF et proposa sa démission afin que l’UNEF cesse une prétention étrangère à la sienne, cesse d’être un organe de lutte porté par l’extrême-gauche, mais se maintienne comme syndicat revendicatif.

Voici ce qu’il dit notamment lors de sa démission, à l’Assemblée Générale du Bureau National de l’UNEF des 14 et 15 janvier 1967 :

« Ces dernières semaines ont vu un climat passionnel se créer à l’UNEF.

Aujourd’hui, au début de cette Assemblée Générale, la crise est ouverte.

Est-ce un des derniers soubresauts d’une organisation moribonde ? Est-ce un de ces débats confus où une minorité de militants politiques s’affrontent selon un jeu subtil d’accords et de désaccords ?

S’agit-il – comme certains l’ont prétendu – d’une entreprise de liquidation d’une UNEF devenue le champ clos des groupuscules ?

De telles interprétations seraient après tout rassurantes. Mais le débat a un autre enjeu politique. Il est donc nécessaire pour la direction nationale de faire le point politique sur la ligne qu’elle a défendue (…).

Le texte de Grenoble tentait de donner à l’UNEF considérée comme organisation syndicale un champ spécifique d’intervention, dit « relativement autonome » par rapport au champ social global.

Affirmant la nécessité d’un débouché politique de l’UNEF – dans la contestation de la société capitaliste, il tentait néanmoins de définir une intervention syndicale, qui ne se heurte pas d’emblée à un préalable politique.

Et ces ambiguïtés réformistes étant rendues possibles par une erreur théorique grave portant sur le concept de « division technique du travail ».

L’emploi de ce concept revenait en effet à assigner à l’université une fonction technique correspondant à un « besoin réel de la société » – celle de transmettre le savoir – fonction que serait venue tout au plus altérer une fonction sociale correspondant à la division de la société en classe (…).

Une définition de l’action syndicale découlait de ces assertions : « l’action syndicale a pour but la transformation démocratique du système universitaire : l’université démocratique serait celle qui remplit au mieux sa fonction dans la division technique du travail sans perpétuer (voire accentuer) la division sociale du travail ».

On voit qu’une telle définition peut justifier tous les modernismes et tous les réformismes du monde (…).

Ainsi déclare-t-on possible dans le cadre même des rapports de classe existants et de l’état bourgeois d’adapter véritablement l’enseignement au monde moderne ou aux besoins réels de la société. Inutile d’insister sur l’ambiguïté d’une telle métaphore.

S’agit-il des forces productives ? Cette inadaptation est effective ; mais sa racine se trouve dans les rapports de classe auxquels l’université est parfaitement adaptée. Nous discernons ici la contradiction dernière de la formation sociale capitaliste, celle précisément qui, pour être levée, exige le changement de base de la société tout entière (…).

Quand nous qualifions de réformiste la stratégie dite des réformes de structures, nous ne prétendons pas condamner toute lutte sur les structures de l’Université. Nous visions une question plus essentielle, celle du pouvoir.

La bataille pour les libertés démocratiques dans le cadre même de l’État bourgeois est une chose, la construction du socialisme une autre (…).

La forme spécifique que prend ce recul dans l’organisation de masse étudiante est celle d’une crise de l’appareil. L’UNEF, vu sa faiblesse organisationnelle, ne peut que difficilement survivre bureaucratiquement sans lutte de masse (…).

Nous avions, il est vrai, l’avantage de posséder ici des principes clairs et sans équivoque : – soutien politique inconditionnel à la guerre populaire menée par le peuple sud-vietnamien sous la direction du FNL contre l’impérialisme américain contre l’agresseur. – développement des luttes de masses sous la direction de militants réellement liés aux masses.

Tels sont les principes – politiques et organisationnels – qui ont guidé notre intervention :

1) nous avons accepté de participer aux « six heures du Monde pour le Vietnam », considérant que, malgré les ambiguïtés et les insuffisances, la base politique de cette manifestation n’était pas contradictoire avec les principes cités plus haut. Mais nous avons publiquement précisé les conditions politiques et organisationnelles de notre soutien.

2) nous avons été un élément décisif dans l’organisation d’une riposte immédiate aux bombardements de Hanoï. Sans cette initiative, aucune riposte n’aurait été organisée (…).

Mais sur tous les autres fronts, une politique active était impossible pour la direction nationale.

Et ceci essentiellement parce que, du fait de la conjoncture politique nationale, il est impossible de constituer une assise militante capable d’appliquer une pratique syndicale débarrassée des illusions réformistes. Telles sont les raisons qui motivent la direction nationale quand elle propose sa démission.

Notre choix, démissionner, ne correspond pas à une méconnaissance de l’importance de l’organisation de masse des étudiants : l’UNEF. Bien au contraire, notre démission procède d’abord de notre volonté : favoriser une survie de l’appareil de l’UNEF (…).

Notre départ favorisera, nous l’espérons, la constitution d’une nouvelle majorité et l’élection d’une direction nationale – qui, pour n’être pas plus liée que nous ne le fûmes à des luttes de masses réelles – pourra néanmoins refléter plus adéquatement les désirs des appareils syndicaux. Une telle survie organisationnelle de l’UNEF est nécessaire même au patient travail de masse qu’il convient de développer pour œuvrer à la transformation nécessaire des luttes de l’UNEF. »

Cet épisode est le grand révélateur de l’incohérence de l’UNEF, générée comme organe de masse gérant la vie étudiante au plus haut niveau institutionnel et devenue un centre minoritaire des étudiants contestataires.

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L’UNEF : la crise de 1956 et la seconde gauche

L’UNEF s’est parfaitement installée dans l’après-guerre, elle est reconnue par les institutions, elle en est même partie prenante avec la sécurité sociale étudiante. Elle est revendicative et, dans la perspective de la Charte de Grenoble de 1946, considère qu’elle porte des valeurs.

La crise politique de 1956 va être un premier défi à ce savant équilibre. C’est en effet le début de la guerre d’Algérie. Or, les tenants de « l’esprit » de l’UNEF sont pour une intervention politique.

A ainsi lieu en juillet 1956 une « Conférence nationale étudiante pour une solution du problème algérien », sous l’égide du président de l’UNEF, François Borella, membre de la Jeunesse Étudiante Chrétienne tout comme d’autres participants de l’UNEF : Robert Chapuis, Michel de La Fournière (Jacques Julliard étant très proche).

François Borella, président de l’UNEF

Et cela provoqua des terribles remous. D’abord, François Borella est pour cela inculpé pour atteinte à la sûreté de l’État. Ensuite, ceux qui en restent au niveau revendicatif et sont opposés à une intervention qui leur déplaît se font particulièrement bruyants, tels Jean-Marie Le Pen président de la Corpo Droit.

Enfin, le PCF, mis hors de combat au sein de l’UNEF en 1950, organise de son côté en juillet 1956 une Union des Étudiants Communistes (UEC).

La situation est alors explosive au 46e congrès de l’UNEF en avril 1957. Les pro-interventions réussissent à faire passer une motion anti-torture et à faire rejeter une motion d’apolitisme. Mais c’est l’implosion lorsque le congrès adopte une motion où il est dit que l’UNEF tient

« pour légitime la revendication des étudiants d’outre-mer de voir leurs peuples s’administrer eux-mêmes et gérer démocratiquement leurs propres affaires. »

17 AGE sortent alors de l’UNEF pour fonder un Mouvement des étudiants de France ; le gouvernement intervient alors pour forcer un retour au bercail en échange d’un recul de l’UNEF quant à sa ligne favorable aux indépendances des pays colonisés par la France.

L’UNEF persiste cependant dans cette ligne, aux côtés de la seconde gauche : de la mouvance socialiste, du syndicat chrétien CFTC, de la CGT-Force Ouvrière, de la Fédération de l’Éducation Nationale.

Les tenants de la ligne purement revendicative, corporatiste, quittent alors l’UNEF en 1961 pour fonder une Fédération nationale des étudiants de France, dont une partie significative est composée de nationalistes (Bernard Antony, Bruno Gollnisch, Marie-France Stirbois, etc.).

Le gouvernement, qui a bien sûr soutenu cette scission, a pris des mesures pour affaiblir l’UNEF, tel le retrait de subventions et le retrait de deux sièges au CNOUS (Centre national des œuvres universitaires et scolaires qui gère les aides par des CROUS régionaux).

L’UNEF est désormais clairement en opposition au régime. Elle est née en 1946 comme pointe étudiante de la « renaissance française », elle a participé par la suite à la mise en place des institutions universitaires, mais la guerre d’Algérie a imposé le triomphe de la ligne d’opposition sur la base de la seconde gauche.

Lorsqu’en 1963, le gouvernement met en place une Commission de réforme de l’enseignement supérieure, l’UNEF refuse de participer.

Mais cette orientation a un prix. Il y a en 1962 230 000 étudiants, puis 367 000 en 1965, 510 000 en 1968. L’UNEF a par contre largement perdu ses effectifs, qui sont désormais tombés à 30-50 000.

La crise de 1956 l’a transformée en mouvement étudiant d’opposition.

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L’UNEF : rectification et lancée au début des années 1950

L’adoption de la Charte de Grenoble par l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) en 1946 reflétait l’engouement d’une partie des étudiants pour le projet social, culturel et politique issu de la Résistance.

L’UNEF se considère comme une expression de cet esprit nouveau, avec ses exigences. Sa démarche est existentialiste-humaniste, façonnée par le courant des catholiques de gauche ayant participé à la Résistance et n’étant pas anticommunistes.

De là vient l’insistance sur le fait que l’étudiant serait à la fois un travailleur et un intellectuel. La Charte fut d’ailleurs adoptée notamment grâce au soutien de la Fédération des Groupes d’Études de Lettres de Paris, présidée par Jean-Marie Lustiger (un Juif converti au catholicisme à l’âge de 14 ans pendant la seconde guerre mondiale, archevêque de Paris en 1981, cardinal en 1983).

Et l’AGE de Lyon, à l’origine de la Charte, souligne dans une brochure de 1946 :

« Ceci est donc bien clair ; il n’y a pas pour nous de domaine réservé a priori. »

On ne peut pas comprendre les initiatives de l’UNEF en dehors du cadre syndical sans saisir cette base idéologique et culturelle qu’est la Charte de Grenoble.

La Charte de Grenoble en 1946

C’est d’autant plus vrai que le courant catholique de Gauche va l’emporter sur les communistes. La guerre froide imposée par l’impérialisme américain après 1945 amène en effet l’UNEF à faire un choix.

Initialement, elle est partie prenante pour la fondation à Prague d’une Union internationale des étudiants (UIE). Mais à la suite de l’instauration de la démocratie populaire en Tchécoslovaquie en février 1948, les sections américaine, suédoise, danoise, belge et suisse quittèrent l’UIE.

Au congrès d’avril 1948, l’UNEF choisit d’attendre la suite, tout en quittant la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique dont relevait l’UIE ; au congrès d’avril 1949, la motion du retrait de l’UIE l’emportait par 154 voix contre 106 et 8 abstentions. Les gaullistes intervinrent pour pousser davantage et en novembre 1950, lors d’une réunion de la direction de l’UNEF, la direction fut débarquée.

La génération catholique de gauche ayant participé à la Résistance, ouverte aux communistes, céda la place à ce qu’on allait appeler la « seconde gauche » : la gauche non communiste voire alors ouvertement anti-communiste. La Charte de Grenoble se mettait donc en place, mais plus du tout dans l’optique initiale.

La nouvelle orientation profita alors de l’agitation sociale. Fin 1953, 10 000 étudiants manifestent à Paris contre le retard dans les constructions scolaires et universitaires ; le président Jean-Marc Mousseron, blessé par la police, tient une conférence de presse dans une clinique.

Début 1954, la réduction prévue du budget de l’enseignement supérieur produit des grèves et des manifestations, marquant l’abandon du projet gouvernemental et le premier grand succès de l’UNEF.

En 1956, l’UNEF a 80 000 adhérents, ce qui représente la moitié des étudiants de l’époque. Le succès est total et l’UNEF considère que toute décision sur la jeunesse de la part du gouvernement doit l’impliquer ; toute la presse commente ses congrès.

Et sa base matérielle est inébranlable. Le régime a reconnu l’UNEF comme organisation représentative en 1947 et en 1948 a été fondé une sécurité sociale pour étudiants par l’intermédiaire de la Mutuelle nationale des étudiants de France aux mains de l’UNEF.

L’UNEF est fortunée, certaines AGE sont puissantes comme à Paris (Paris Sciences avec l’ACES, Paris Médecine avec l’AGEMP, Paris Lettres avec la FGEL), mais surtout en province où vivent 65 % des adhérents à l’UNEF.

On a ainsi les bastions de Bordeaux, Grenoble, Lille, Aix, Montpellier et notamment celle de Lyon qui propose des polycopiés de cours, des activités sportives, une bibliothèque, un bar, une discothèque, une chorale, un ciné-club, un restaurant universitaire avec 2 000 repas par jour, etc.

On notera ici le caractère très particulier de la situation à Marseille, résumé comme suit dans une étude historique de l’UNEF :

« Il faut ici mettre tout à fait à part le cas de Marseille, restée pendant plusieurs années aux mains de quelques étudiants prolongés d’origine corse qui tiraient leurs revenus d’un fonctionnement particulier de l’AGE : bar à alcool et jeux de cartes, et peut-être une très grande convivialité dans les pièces supérieures ; en tout cas, venu enquêter en 1953, le trésorier de l’UNEF se trouva accueilli devant un bureau où trônaient une bouteille de pastis et un revolver. »

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L’UNEF se transforme en 1946

L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) n’a pas été pendant la seconde guerre mondiale un foyer de rébellion antifasciste, se contentant de vivoter de manière corporatiste, tout en étant mise de côté pendant l’Occupation, le régime de Pétain lui coupant les vivres en transformant les Œuvres en Service national des Étudiants.

Ses AGE penchaient d’un côté ou de l’autre, mais évitaient de prendre parti ouvertement et les pro-Résistance étaient minoritaires et souvent isolés, tel le chrétien Gilbert Dru, fusillé le 27 juillet 1944, membre de l’AGE de Lyon alors pro-Pétain (et dissoute à la Libération). Seule l’AGE de Grenoble était partie prenante de la Résistance, avec des liaisons avec le maquis du Vercors.

Gilbert Dru

Sa situation en 1945 est donc précaire, d’autant plus que le nombre d’étudiants a augmenté et que la tendance ne fait que commencer. Il y a 50 000 étudiants en 1920, 97 000 en 1945, ils seront 136 000 en 1950 et 157 000 en 1956.

À cela s’ajoute la présence désormais d’une nouvelle force : l’Union des Étudiants patriotes. C’est une composante du Front uni de la Jeunesse patriotique, mis en place en 1943 par le Parti Communiste Français. Ce Front uni rejoindra d’ailleurs en 1945 l’Union de la jeunesse républicaine de France, qui existera jusqu’en 1956 dans le cadre de la tentative du PCF de se proposer comme la véritable force républicaine.

Une refonte complète est nécessaire et cela va donner la Charte de Grenoble, écrite et mise en avant par Jacques Miguet, Paul Bouchet et Jean Bergeret, qui viennent de l’AGE de Lyon refondée avec succès en 1945 (7200 membres des 18 000 de l’UNEF en sont membres).

Cette Charte exprime le point de vue des étudiants ayant participé à la Résistance, qui obtiennent la majorité au 35e Congrès de l’UNEF en 1946. Elle représente un mélange des conceptions chrétiennes de gauche et communistes d’alors, avec une mise en perspective existentialiste.

L’UNEF est censée rester le centre des activités culturelles des étudiants pour leur vie quotidienne, mais elle doit rentrer dans le jeu revendicatif et assumer d’être une force gestionnaire des intérêts matériels des étudiants.

Plus encore, elle représente un esprit qu’elle doit perpétuer. Cet aspect est fondamental et sera décisif pour toute l’histoire de l’UNEF, jusqu’au début du 21e siècle. L’UNEF c’est une approche particulière, une sensibilité, un mode particulier d’exiger les choses, sur une base existentialiste.

« La Charte de Grenoble

Préambule

Les représentants des étudiants français, légalement réunis en congrès national à Grenoble le 24 avril 1946, conscients de la valeur historique de l’époque,

Où l’Union Française élabore la nouvelle déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen;
Où s’édifie le Statut pacifique des Nations;
Où le monde du travail et de la jeunesse dégage les bases d’une révolution économique et sociale au service de l’homme;

Affirment leur volonté de participer à l’effort unanime de reconstruction,
Fidèles aux buts traditionnels poursuivis par la jeunesse étudiante française lorsqu’elle était à la plus haute conscience de sa mission,

Fidèles à l’exemple des meilleurs d’entre eux, morts dans la lutte du peuple français pour sa liberté,
Constatant le caractère périmé des institutions qui les régissent,

Déclarent vouloir se placer, comme ils l’ont fait si souvent au cours de notre Histoire, à l’avant-garde de la jeunesse française, en définissant librement comme bases de leurs tâches et de leurs revendications, les principes suivants :

Art. 1. L’étudiant est un jeune travailleur intellectuel.

Droits et devoirs de l’étudiant en tant que jeune

Art. 2. En tant que jeune, l’étudiant a droit à une prévoyance sociale particulière, dans les domaines physique, intellectuel et moral.

Art. 3. En tant que jeune, l’étudiant a le devoir de s’intégrer à l’ensemble de la jeunesse mondiale et nationale.

Droits et devoirs de l’étudiant en tant que travailleur

Art. 4. En tant que travailleur, l’étudiant a droit au travail et au repos dans les meilleures conditions et dans l’indépendance matérielle, tant personnelle que sociale, garanties par le libre exercice des droits syndicaux.

Art. 5. En tant que travailleur, l’étudiant a le devoir d’acquérir la meilleure compétence technique.

Droits et devoirs de l’étudiant en tant qu’intellectuel

Art. 6. En tant qu’intellectuel, l’étudiant a droit à la recherche de la vérité et à la liberté qui en est la condition première.

Art. 7. En tant qu’intellectuel, l’étudiant a le devoir:
– De définir, propager et défendre la vérité, ce qui implique le devoir de faire partager et progresser la culture et de dégager le sens de l’Histoire.
– De défendre la liberté contre toute oppression, ce qui, pour l’intellectuel, constitue la mission la plus sacrée. »

L’adoption de la Charte au congrès de Grenoble va avec une double exigence : d’un côté, il y a les revendications, mais de l’autre, il y a également l’esprit de la Charte, qui implique des tâches restant à définir. On est tout à fait dans l’opposition la lettre/l’esprit des Catholiques de gauche, avec une insistance sur les conséquences morales et mêmes politiques qui découlent des principes.

Les initiateurs de la Charte proposent d’ailleurs comme moyen d’action :

a) Pétitions et Lettre ouvertes

b) Manifestations d’ensemble

c) Monômes spectaculaires

d) Monômes revendicateurs

e) Grèves d’abstention

f) Grèves d’occupation

g) Monômes dévastateurs.

Et ils précisent :

« Si non seulement les droits de l’Étudiant, mais encore les droits essentiels du Citoyen venaient à être violés, participation à l’insurrection populaire nationale. »

L’UNEF se veut ainsi en 1946 une expression de la Résistance, sa réalisation dans le domaine étudiant. Mais les étudiants vont renverser la mise en perspective, ne servant plus l’esprit de la Résistance mais faisant en sorte que celle-ci la suive dans ses propres orientations.

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L’UNEF, un produit des radicaux de la IIIe République

L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) a joué un important rôle dans l’histoire française de la seconde moitié du XXe siècle, en raison du poids croissant des institutions universitaires. Elle a été une des principales composantes de la dynamique des organisations de gauche et d’extrême-gauche, en termes de vivier de cadres et de formation militante.

C’est initialement cependant une organisation corporatiste, qui naît en 1907. Elle est issue de l’union sur un mode fédéral de différentes « Associations Générales d’Étudiants » (AGE) formées à la fin des années 1870 et au début des années 1880 à Nancy, Bordeaux, Lille, Dijon, Paris et Lyon.

Ces AGE sont alors les partenaires des institutions universitaires, leurs membres relevant de la bourgeoisie puisque seule une infime minorité avait alors accès à de telles études. Il y a à la fois un soutien aux universités, par l’intermédiaire des cérémonies officielles, que ces célébrations festives qu’on appelle les « monômes ».

Les « monômes » sont des sortes de sorties en masse des étudiants, prétexte à des plaisanteries, des bizutages, des comportements plus ou moins délirants, etc. Elles relèvent de l’esprit de corps d’étudiants sachant qu’ils sont une minorité privilégiée et se focalisant sur l’identité de leurs lieux d’études : la tradition est à ce titre restée sous une forme ou une autre dans les enseignements à prétention élitiste.

 11 mars 1920 : étudiants parisiens lors d’un monôme sur le boulevard Saint-Michel  le jeudi de la Mi-Carême

En 1905-1906, l’AGE de Paris rassemble 1700 étudiants sur 15 000, dispose de plusieurs étages dans un bâtiment à côté de la Sorbonne, proposant de 8h à minuit des billards, un fumoir, une bibliothèque de plus de 20 000 ouvrages, des sections de musique, de photographie, d’escrime, un service médical, un service de consultation juridique, des conférences.

Elle est ouvertement soutenue par le régime républicain et on compte d’ailleurs parmi ses fondateurs Émile Zola, Félix Faure, Jules Ferry, Sadi Carnot, Casimir Perier, Émile Loubet, etc.

C’est un aspect essentiel, car les AGE expriment très clairement le point de vue social-républicain, à rebours des tendances monarchistes-catholiques existant alors. L’UNEF est le reflet de la bourgeoisie conquérante, d’esprit radical et avec ses réseaux franc-maçons, et son rôle est de contribuer au renforcement du régime.

L’UNEF a ainsi, après 1918, joué un rôle de premier plan pour la socialisation des étudiants, au moyen de revendications permettant leur intégration institutionnelle. Il y a ainsi la mise en place des restaurants universitaires, de l’Office du tourisme universitaire, d’un sanatorium pour étudiants en Isère (à Saint-Hilaire-du-Touvet).

Le président du Conseil Édouard Herriot, ici en 1924, apporta lui-même son chèque de contribution au sanatorium pour étudiants en Isère

Vincent Auriol, socialiste qui fut ministre des Finances de 1936 à 1937 et garde des Sceaux de 1937 à 1938, puis président de la République, avait été le dirigeant de l’AGE de Toulouse ; le radical César Campinchi, ministre de la Marine, ministre de la Justice, avait dirigé l’AGE de Paris.

Le radical Édouard Daladier, qui a été ministre des Colonies, ministre de la Défense nationale et de la Guerre, ministre des Travaux publics, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, ministre des Affaires étrangères, vice-président du Conseil des ministres, président du Conseil des ministres français, s’était occupé de gérer la bibliothèque de l’AGE de Lyon.

Jean Zay, ministre de l’Instruction Publique au sein du Front populaire (dont font partie les radicaux), regroupe ensuite en 1937 les institutions sociales pour les étudiants dans un « Comité supérieur des Œuvres en faveur des Étudiants ». On notera que le chef de cabinet de Jean Zay avait été cinq ans le président de l’AGE de Lyon et que ces Œuvres sont gérées par l’UNEF, pour qui c’est un important moyen de financement.

L’UNEF est alors fondamentalement ancrée dans cette dynamique radicale-républicaine. Lorsque l’Action française parvient à noyauter l’AGE de Paris, elle est conduite à la faire sortir de l’UNEF et à l’amener à l’effondrement en 1934.

L’UNEF, entre 1907 et 1939, est une organisation corporatiste d’étudiants bourgeois, vivant en cercle fermé, ne faisant pas de politique mais ouvertement liée au régime républicain, produisant certains de ses cadres.

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Crise sanitaire : une chronologie

•Cette chronologie n’est pas exhaustive et ne contient pas que des aspects sanitaires, car la crise générale du capitalisme touche tous les domaines. Ici, l’accent est pratiquement entièrement mis sur la question sanitaire, qui a ouvert la boîte de Pandore et exprime l’aboutissement de l’expansion du mode de production capitaliste.•

1er décembre 2019 : premier cas connu (a posteriori) de Covid-19 à Wuhan.

16 décembre 2019 : premiers patients du Covid-19 à Wuhan.

27 décembre 2019 : l’hôpital central de Wuhan comprend qu’il s’agit d’un nouveau type de coronavirus.

31 décembre 2019 : signalement par l’OMS de cas atypiques de pneumonie en Chine à la suite de l’alerte de la commission de santé de la ville de Wuhan.

1er janvier 2020 : fermeture pour désinfection du marché d’animaux vivants Huanan Seafood.

2 janvier 2020 : l’hôpital central de Wuhan interdit à son personnel la moindre diffusion d’informations et la situation des patients est seulement notée oralement.

3 janvier 2020 : en Chine le comité national de santé définit le nouveau coronavirus comme un micro-organisme hautement pathogène.

5 janvier 2020 : 59 cas de contaminations en Chine, dont 7 dans une situation critique ; premier bulletin sur les flambées épidémiques consacré au nouveau virus de la part de l’Organisation Mondiale de la Santé.

7 janvier 2020 : l’État chinois exerce une censure des réseaux sociaux et des médias quant à la contamination en cours.

9 janvier 2020 : premier décès des suites du COVID-19 en Chine.

11 janvier 2020 : annonce par les médias chinois du premier décès des suites du COVID-19 en Chine.

13 janvier 2020 : premier cas hors de Chine, en Thaïlande.

15 janvier 2020 : premier cas au Japon.

16 janvier 2020 : premier cas en France, mais possiblement déjà en décembre 2019.

20 janvier 2020 : premier cas en Corée du Sud ; en Chine le comité national de santé confirme la transmission inter-humaine du coronavirus.

21 janvier 2020 : premier cas aux États-Unis ; réunion de l’Organisation Mondiale de la Santé pour étudier s’il y a urgence sanitaire au niveau international, avec un part égal des votes pour les réponses positive et négative ; un article publié dans la revue SCIENCE CHINA Life Sciences confirme que la chauve-souris est l’hôte naturel du nouveau coronavirus.

23 janvier 2020 : la ville de Wuhan se coupe du reste du pays et stoppe tous les transports en commun, il en va de même pour les villes de Huanggang et Ezhou (leurs populations respectives sont de 11, 7,5 et 1 millions d’habitants.

24 janvier 2020 : la Chine met en quarantaine 35 millions de personnes, ferme les 70 000 cinémas du pays ainsi que de multiples sites touristiques. Dans la ville de Wuhan les gens peuvent sortir faire les courses tous les trois jours, puis une fois par semaine, puis tout est livré.

27 janvier 2020 : l’Organisation Mondiale de la Santé considère que la maladie COVID-19 présente un risque élevé au niveau mondial.

27 janvier 2020 : Hong Kong ferme ses frontières avec la Chine après les menaces de grèves du personnel de santé.

29 janvier 2020 : Peter Navarro, assistant du président Donald Trump, fait un mémo avertissant du risque d’une pandémie menaçant la vie de millions d’Américains, avec le risque possible du pire scénario probable.

30 janvier 2020 : l’Organisation Mondiale de la Santé parle désormais d’une urgence sanitaire de portée internationale.

31 janvier 2020 : premier cas en Russie, premier cas au Royaume-Uni ; démission du poste de conseillère santé du président français de Marie Fontanel qui rejoint son mari à Strasbourg où il est candidat pour la mairie (elle est remplacée le 1er mars).

1er février 2020 : tous les pays de l’espace Schengen sauf la France suspendent les visas avec la Chine.

2 février 2020 : premier décès des suites du COVID-19 hors de Chine, aux Philippines.

3 février 2020 : le nombre de morts dans la région chinoise du Hubei, à part Wuhan, s’élève à 101.

4 février 2020 : premier cas en Belgique.

5 février 2020 : le nombre officiel de cas à Wuhan dépasse les 10 000.

6 février 2020 : le nombre officiel de cas dans la région du Zhejiang dépasse les 1000 ; premier décès aux États-Unis (constaté en avril).

7 février 2020 : décès de Li Wenliang des suites du COVID-19, l’ophtalmologue hospitalier réprimé par l’État chinois pour avoir joué un rôle de lanceur d’alerte quant à la pandémie ; le nombre officiel de cas dans la région du Guangdong dépasse les 1000.

8 février 2020 : le nombre officiel de décès en Chine dépasse les 600.

11 février 2020 : l’Organisation Mondiale de la Santé donne à la maladie le nom de COVID-19 et au virus celui de SARS-CoV-2.

12 février 2020 : en France , l’Académie nationale de pharmacie souligne que 80 % des principes actifs pharmaceutiques utilisés en Europe sont fabriqués hors de l’espace économique européen.

14 février 2020 : premier cas en Égypte.

15 février 2020 : premier décès en France.

16 février 2020 : en France, la responsable du ministère de la Santé Agnès Buzyn démissionne pour être candidate à la mairie de Paris.

17 février 2020 : confinement total de la ville de Wuhan ; cluster en France lors du rassemblement évangélique de l’Église Porte ouverte chrétienne à Mulhouse, au moins la moitié des 2 000 participants est contaminé.

18 février 2020 : le nouveau ministre français de la santé Olivier Véran déclare que « la France est prête, car nous avons un système de santé extrêmement solide ».

25 février 2020 : premier cas en Algérie, premier cas en Suisse.

26 février 2020 : premier décès des suites du COVID-19 en France, premier cas au Brésil.

27 février 2020 : premier cas au Nigeria.

28 février 2020 : la France passe en stade 2 et les rassemblements de plus de 5 000 personnes dans des lieux clos sont interdits ; premier cas en Islande.

1er mars 2020 : premier cas en Arménie.

2 mars 2020 : le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies fait passer la menace de modérée à haute pour la population de l’Union européenne.

3 mars 2020 : premier cas au Chili.

4 mars 2020 : la France réquisitionne les stocks de masques de protection et plafonne le prix des gels désinfectants hydroalcooliques, alors que les pharmacies ont désormais le droit de fabriquer leur propre gel face aux pénuries.

5 mars 2020 : la Fédération des industries allemandes avertit d’un risque de récession économique en Europe.

6 mars 2020 : premier cas au Cameroun, premier cas au Togo, premier cas en Colombie, premier cas au Pérou, premier cas en Slovaquie, premier cas au Vatican ; le président français Emmanuel Macron assiste à une représentation théâtrale (« La vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie »).

7 mars 2020 : premier décès en Argentine, premier cas au Paraguay ; le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 100 000.

9 mars 2020 : premier décès au Canada ; l’Italie est confinée.

10 mars : seulement 19 nouveaux cas en Chine, 17 à Wuhan et deux venant de l’étranger ; le dirigeant chinois Xi Jinping annonce la fin de la pandémie à Wuhan et dans la province du Hubei ; création en France du Conseil scientifique Covid-19.

11 mars 2020 : trois premiers décès des suites du COVID-19 en Belgique ; l’Organisation Mondiale de la Santé parle désormais de pandémie ; le gouvernement italien met en place une enveloppe de 25 milliards d’euros pour aider l’économie ; achats paniques en France et pénurie de masques FFP1 et FFP2.

12 mars 2020 : propos du ministre français de l’Éducation Jean-Michel Blanquer : « Nous n’avons jamais envisagé la fermeture totale des écoles », puis allocution télévisée du président français Emmanuel Macron annonçant la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités ; la barre des 10 000 décès est dépassée en Italie ; le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian publie sur Twitter des propos accusant l’armée américaine d’avoir introduit le coronavirus à Wuhan ; chute significative des bourses à travers le monde (-12,28 % pour le CAC 40 français) : fermeture de la très bourgeoise station de ski tirolienne de Ischgl, qui était devenu un supercluster irradiant à l’international.

13 mars 2020 : le premier ministre français Édouard Philippe annonce l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes ; premier cas en Guadeloupe, premier cas aux îles Caïmans dans les Caraïbes, premier cas au Gabon, premier cas au Ghana ; l’Ukraine, la Pologne et le Danemark ferment leurs frontières ; l’Organisation Mondiale de la Santé affirme que l’Europe est désormais l’épicentre de la pandémie.

14 mars 2020 : la France passe au stade 3 de l’épidémie, sont fermés les lieux « non indispensables » et les commerces non essentiels ; premier cas au Rwanda ; toute personne entrant en Chine connaît une quarantaine de 15 jours.

15 mars 2020 : premier cas aux Bahamas, premier cas en Ouzbékistan ; l’Espagne se confine.

16 mars 2020 : la Belgique et la France ferment les institutions scolaires ; nouvelle allocution télévisée du président français Emmanuel Macron annonçant le confinement, ainsi que la mise en place des prêts garantis par l’État (PGE) d’un montant général de 300 milliards d’euros et un dispositif d’exonération d’impôts, des cotisations sociales et des facteurs d’eau, de gaz, d’électricité et des loyers pour les petites entreprises ; fin d’une permission de trois jours à Brest du personnel du porte-avions français Charles de Gaulle, amenant la contamination de 1 046 marins sur 1 760 ; premier cas au Bénin, premier cas au Groenland.

17 mars 2020 : la Belgique et la France se confinent ; l’entrée dans les 26 pays de l’espace Schengen est interdite ; premier décès au Brésil ; la Suisse ferme ses frontières ; l’État français prévoit un plan massif de 45 milliards d’euros d’aides ; en France plus d’un million de personnes quittent la région parisienne pour rejoindre une résidence secondaire alors qu’il y a pénurie dans certains commerces de papier toilette, mouchoirs, et de couches.

18 mars 2020 : la France annonce l’état d’urgence sanitaire ; Brussels Airlines annule ses vols du 20 mars au 19 avril et demande 200 millions d’euros d’aides à l’État ; plan d’urgence de 750 milliards d’euros de la Banque centrale européenne.

19 mars 2020 : la Californie se confine.

20 mars 2020 : la pandémie dépasse la barre des 10 000 décès au niveau mondial ; la Belgique ferme ses frontières ; premier cas à Madagascar ; l’indice boursier français CAC 40 est à 4 048,80 points contre 6 069,35 points le 14 février ; document du PCF(mlm) : La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) : un produit du mode de production capitaliste.

22 mars 2020 : un premier médecin français décède des suites du COVID-19 ; premier cas en Syrie ; la Colombie se confine ; le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 300 000 (en deux jours, contre 12 jours pour atteindre les 200 000 et plus de trois mois pour atteindre les 100 000).

23 mars 2020 : en France, adoption de l’article 11 de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19 avec mise en place de l’état d’urgence sanitaire et de mesures d’urgence économique (limitation des ruptures des contrats de travail ; renforcement du recours à l’activité partielle avec réduction du reste à charge pour les employeurs ; autorisation des accords d’entreprise ou de branche permettant à un employeur d’imposer ou modifier les dates de prise en charge d’une partie des congés payés et possibilité de modifier unilatéralement les dates de jours de réduction du temps de travail).

24 mars 2020 : le Royaume-Uni se confine ; premiers cas au Laos, premier cas en Libye ; début du krach boursier.

25 mars 2020 : l’Inde se confine ; selon le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, l’industrie française tourne à 25 % de ses capacités ; à l’échelle mondiale, 2,6 milliards de personnes sont confinées ; premiers cas au Mali.

26 mars 2020 : le Sénat américain vote un plan d’aide économique de 2 000 milliards de dollars ; le Parlement allemand vote un plan d’aide économique de 1100 milliards d’euros.

27 mars : 919 décès en 24 heures en Italie ; la directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Gueorguieva annonce que l’économie mondiale entre en récession ; le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies Georges Gao, affirme que « La grande erreur aux États-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque ».

28 mars 2020 : le nombre de décès en Italie passe la barre des 10 000 ; un million de cas de contaminations sont comptabilisés dans le monde, avec 50 000 morts ; la Chine ferme ses frontières.

30 mars 2020 : premiers cas au Botswana.

31 mars 2020 : premiers cas au Burundi et au Sierra Leone.

1er avril 2020 : la COP26 de Glascow est reportée d’une année.

2 avril 2020 : le nombre de décès en Belgique passe la barre des 1000 ; le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre du million.

6 avril 2020 : le nombre de décès aux États-Unis passe la barre des 10 000.

7 avril 2020 : le nombre de décès en France passe la barre des 10 000 ; premier cas au Haut-Karabagh.

9 avril 2020 : premier cas dans les tribus Yanomami vivant dans la forêt tropicale humide au Brésil (le décès intervient le lendemain).

10 avril 2020 : le nombre de décès dans le monde passe la barre des 100 000 ; le plan d’aide à l’économie du gouvernement de Corée du Sud s’élève à 124 milliards de dollars.

12 avril 2020 : signature par les pays de l’Opep+, d’un accord de réduction de la production de pétrole de 9,7 millions de barils par jour à partir du 1er mai et pour deux mois.

13 avril 2020 : allocution télévisée du président français Emmanuel Macron annonçant la prolongation du confinement.

15 avril 2020 : le nombre de décès aux États-Unis passe la barre des 30 000 ; chute des bourses allemande, française et italienne ; le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 2 millions.

16 avril 2020 : le nombre total de cas est de 1 million en Europe et de 17 247 en Afrique, avec respectivement 84 000 et 911 décès.

17 avril 2020 : le nombre de décès dans le monde passe la barre des 150 000.

18 avril 2020 : le nombre de décès en Espagne passe la barre des 20 000.

20 avril 2020 : le nombre de décès en France passe la barre des 20 000 ; effondrement du cours du pétrole aux États-Unis et au Canada, devenant même négatif en raison des importants stocks, en moyenne le prix du baril est passé de 64 dollars à l’automne 2019 à 16 dollars au printemps 2020, entre avril et juin les cinq plus grandes compagnies pétrolières (Chevron, ExxonMobil, Shell, BP et Total) accusent une perte cumulée de 45 milliards d’euros.

21 avril 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 2,5 millions.

22 avril 2020 : la secrétaire générale de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes Alicia Bárcena Ibarra, annonce que le territoire la concernant va affronter la pire récession de son histoire.

23 avril 2020 : les Jeux Olympiques d’été de Tokyo sont repoussés d’une année.

24 avril 2020 : le nombre de décès aux États-Unis passe la barre des 50 000 ; mise en place par l’Organisation Mondiale de la santé du programme Access to COVID-19 Tools (ACT) Accelerator avec notamment le COVID-19 Vaccines Global Access (COVAX) afin de permettre l’accès mondial aux vaccins (principaux contributeurs en millions de dollars en février 2021 : États-Unis 2500, Allemagne 1093, Royaume-Uni 735, Commission européenne 489, Japon 200, Canada 181).

27 avril 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 3 millions.

28 avril 2020 : la barre du million de contaminations est dépassée aux États-Unis.

29 avril 2020 : Boeing annonce la suppression de 16 000 emplois.

1er mai 2020 : en France, 25 887 personnes sont à l’hôpital dont 3878 en réanimation, pour un nombre total de décès de 24 594.

4 mai 2020 : l’Association nationale de la meunerie française annonce une pénurie des paquets de farine de 1kg à cause de problèmes de conditionnement.

5 mai 2020 : le nombre de décès aux États-Unis passe la barre des 70 000.

9 mai 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 4 millions.

10 mai 2020 : le nombre de cas confirmés de contaminations à l’échelle mondiale s’élève à 4 millions, avec 279 000 décès.

11 mai 2020 : fin du confinement français commencé le 17 mars et chute du PIB français de 13,8 % au second trimestre.

15 mai 2020 : audition à l’assemblée nationale de Santé publique France sur les liens entre la pollution atmosphérique et l’épidémie de covid-19.

19 mai 2020 : le magazine économique américain Forbes rapporte que « la valeur nette des 600 plus grosses fortunes américaines a augmenté de 434 milliards de dollars » entre le 18 mars et le 19 mai.

20 mai 2020 : la ministre française du Travail Muriel Pénicaud annonce que 8,6 millions de salariés sont au chômage partiel en France.

21 mai 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 5 millions.

22 mai 2020 : le loueur de véhicule Hertz se déclare en faillite aux États-Unis et au Canada.

24 mai 2020 : premier numéro de la revue (pdf) Crise – Analyse de la seconde crise générale du mode de production capitaliste.

25 mai 2020 : début des nombreuses et massives manifestations tournant parfois à l’émeute aux États-Unis à la suite de la mort de Georges Floyd, un homme noir de 46 ans asphyxié par plusieurs policiers américains à Minneapolis.

26 mai 2020 : la plus grande compagnie aérienne d’Amérique du Sud LATAM Airlines se déclare en faillite aux États-Unis.

27 mai 2020 : le nombre de décès aux États-Unis passe la barre des 100 000.

2 juin 2020 : réouverture en France des bars, restaurants et piscines, rentrée dans les écoles, les collèges et les lycées.

3 juin 2020 : le nombre de cas confirmés au Mexique passe la barre des 100 000.

7 juin 2020 : le nombre de décès dans le monde passe la barre des 400 000.

10 juin 2020 : très grave incident en mer Méditerranée entre la marine turque et la marine française sur fond de rivalités pétrolières et gazières.

11 juin 2020 : le nombre de décès au Brésil passe la barre des 40 000.

12-13 juin 2020 : en France, affrontements violents voire militarisés entre une centaine de tchétchènes et des habitants d’un quartier HLM dans la ville de Dijon.

14 juin 2020 : allocution télévisée du président français Emmanuel Macron.

16 juin 2020 : accrochage meurtrier entre armées chinoise et indienne à la frontière sino-indienne.

28 juin 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 10 millions.

29 juin 2020 : le nombre de décès au niveau mondial passe la barre des 500 000 ; affrontements inter-ethniques meurtriers en Éthiopie.

30 juin 2020 : Airbus annonce la suppression de 15 000 emplois d’ici la fin 2021.

8 juillet 2020 : le nombre de cas confirmés en Afrique passe la barre des 500 000.

10 juillet 2020 : le nombre de décès en France passe la barre des 30 000 ; record du nombre de cas dans le monde : 228 102 cas en 24 heures.

11 juillet 2020 : le nombre de décès au Brésil passe la barre des 70 000.

20 juillet 2020 : le nombre de décès au Brésil passe la barre des 80 000 ; la ministre française du Travail Élisabeth Borne annonce que 4,5 millions de salariés ont bénéficié du chômage partiel en juin, contre 7,9 millions en mai, 8,8 millions en avril et 7,2 millions en mars.

21 juillet 2020 : après plusieurs semaines de négociation, les 27 pays de l’Union européenne signent un plan de relance économique de 750 milliards d’euros (ainsi que 1 074 milliards d’euros pour le budget européen 2021-2027) : 360 milliards sont accordés sous la forme de prêts aux États et 390 milliards sous la forme de subventions.

22 juillet 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 15 millions.

24 juillet 2020 : l’Association mondiale de l’acier annonce que la production mondiale d’acier a reculé de 6 % sur les six premiers mois 2020. Si la Chine enregistre une production de +1,4 %, l’Union Européenne enregistre un recul de 18,7 %, et l’Amérique du Nord de 17, 6 %.

28 juillet 2020 : l’Association internationale du transport aérien annonce que le trafic aérien mondial ne retrouvera pas son niveau d’avant-crise avant 2024.

29 juillet 2020 : le nombre de décès aux États-Unis passe la barre des 150 000.

31 juillet 2020 : en pourcentage, taux d’utilisation des capacités de production dans quelques industries en France en juillet 2020 selon l’INSEE.


Équipement électriqueMatériel de transportAutres industries (hors automobile)
Avril 200970,968, 471, 6
Janvier 202080, 783, 782, 2
Avril 202057, 540, 961, 8
Juillet 202073,868, 973,4

6 août 2020 : le nombre de décès au Mexique passe la barre des 50 000.

7 août 2020 : le nombre de cas confirmés en Afrique passe la barre du million.

11 août 2020 : le président russe Vladimir Poutine annonce la mise au point d’un vaccin, le Spoutnik V ; le nombre de cas confirmés de contaminations dans le monde dépasse les 20 millions, dont 12 millions de guéris et 735 000 morts.

18 août 2020 : coup d’État au Mali.

23 août 2020 : le nombre de cas confirmés en Inde passe la barre des 3 millions.

29 août 2020 : pic des manifestations anti-mesures de confinement en Allemagne, avec les manifestants cherchant à pénétrer dans le parlement allemand, le Reichstag.

30 août 2020 : le nombre de cas confirmés de contaminations dans le monde dépasse les 25 millions, dont 16 millions de guéris et 850 000 morts.

3 septembre 2020 : le gouvernement français annonce le plan « France Relance » pour 2021-2022 pour un montant de 100 milliards d’euros sur 2 ans, financé à 40 % par l’Union européenne, avec 35 milliards dans la « compétitivité et l’innovation », 30 milliards pour la « transition écologique », 35 milliards pour l « cohésion sociale et territoriale ».

16 septembre 2020 : plus de cinq millions de cas de contaminations en Inde.

18 septembre 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 30 millions.

27 septembre 2020 : la pandémie a fait un million de morts à l’échelle mondiale.

3 octobre 2020 : le nombre de décès en Inde passe la barre des 100 000 ; premier cas dans les Îles Salomon dans l’océan Pacifique.

15 octobre 2020 : le premier ministre français Jean Castex annonce la mise en place du couvre-feu en Île-de-France et dans huit métropoles (Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Saint-Étienne, Rouen, Montpellier et Toulouse), ainsi que l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire.

16 octobre 2020 : le nombre de cas confirmés aux États-Unis passe la barre des 8 millions ; en France assassinat par décapitation du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty à Conflans-Saint-Honorine en Yvelines par un jeune islamiste.

19 octobre 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 40 millions.

20 octobre 2020 : le nombre de cas confirmés en Argentine passe la barre du million.

21 octobre 2020 : le nombre de cas confirmés en Espagne passe la barre du million.

22 octobre 2020 : le nombre de cas confirmés en France passe la barre du million.

28 octobre 2020 : allocution télévisée du président français Emmanuel Macron.

29 octobre 2020 : la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) publie le rapport « Échapper à l’« ère des pandémies» où les experts mettent en garde contre de pires crises à venir, sont pointés du doigt la déforestation, l’urbanisation, l’élevage intensif, la monoculture agricole, la destruction de la biodiversité.

30 octobre 2020 : la France se confine, avec une restriction des déplacements individuels et début de deux semaines de contestation de petits commerçants contre le second confinement dans plusieurs villes de France ; au niveau mondial le nombre de cas confirmés a passé la barre des 45 millions, avec 1,2 million de morts.

31 octobre 2020 : le nombre de cas confirmés au Royaume-Uni passe la barre du million.

1er novembre 2020 : l’Autriche, la Belgique et le Royaume-Uni se confinent.

2 novembre 2020 : en France le port du masque devient obligatoire dans les lieux publics ; le monopole des centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield (URW) annonce avoir perdu 5,45 milliards d’euros depuis mars 2020.

3 novembre 2020 : Joe Biden est élu président des États-Unis et contestation par Donald Trump et ses partisans.

4 novembre 2020 : le Danemark procède à la mise à mort de 17 millions de visons dans les élevages en raison du risque de contamination, une procédure en fait présente à travers le monde.

8 novembre 2020 : la Russie approuve la validation du vaccin russe Spoutnik V.

9 novembre 2020 : le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 50 millions.

13 novembre 2020 : le professeur Michaël Peyromaure, chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin à Paris, s’oppose aux mesures de confinement : « On va massacrer un pays pour sauver 10 ou 20 ou 30 000 vies » ; la Corée du Sud produira le vaccin russe Spoutnik V.

15 novembre 2020 : le nombre de cas confirmés aux États-Unis passe la barre des 11 millions.

16 novembre 2020 : le nombre de cas confirmés au Canada passe la barre des 300 000.

17 novembre 2020 : plus de deux millions de cas de contaminations en France.

18 novembre 2020 : le nombre de décès aux États-Unis passe la barre des 250 000.

19 novembre 2020 : le nombre de cas confirmés en Russie passe la barre des 2 millions ; en France un sondage IFOP indique que 85 % des personnes interrogées craignent une « explosion sociale » dans les prochains mois.

21 novembre 2020 : le nombre de cas confirmés aux États-Unis passe la barre des 12 millions.

25 novembre 2020 : annonce de la non-ouverture des stations de ski en France.

26 novembre 2020 : le nombre de cas confirmés en Allemagne passe la barre du million.

2 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés en Pologne passe la barre du million ; en France 2 000 personnes manifestent à Bourg-saint-Maurice en Savoie et à Bourg d’Oisans en Isère pour la réouverture des stations de ski pour Noël alors que d’autres manifestations de ce type ont lieu les jours suivants dans les Alpes et les Pyrénées ; le Royaume-Uni approuve la validation en urgence du vaccin Pfizer et BioNTech.

3 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés en Iran passe la barre du million.

7 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés aux États-Unis passe la barre des 15 millions ; le Royaume-Uni lance sa campagne de vaccination.

9 décembre 2020 : le Canada valide le vaccin Pfizer-BioNTech.

10 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés en Turquie passe la barre des 1,5 million ; l’Arabie Saoudite valide le vaccin Pfizer-BioNTech.

11 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés de contaminations dans le monde dépasse les 70 millions, dont 49 millions de guéris et plus de 1,5 million de décès ; la Saxo Bank, banque d’investissement et de trading en ligne danoise, prévoit trois « scénarios chocs », dont un selon lequel « La France ne parvient plus à rembourser ses dettes et demande l’aide de l’Allemagne » ; le Mexique et les États-Unis valident le vaccin Pfizer-BioNTech.

14 décembre 2020 : le Royaume-Uni annonce la présence d’un variant sur son territoire ; dernier jour du confinement français commencé le 30 octobre.

17 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés aux États-Unis passe la barre des 17 millions ; début de la mission d’enquête de l’Organisation Mondiale de la Santé sur l’apparition du Sars-Cov-2 en Chine.

18 décembre 2020 : l’Afrique du Sud annonce la présence d’un variant sur son territoire ; les États-Unis approuvent la validation en urgence du vaccin Moderna.

19 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés au Royaume-Uni passe la barre des deux millions.

21 décembre 2020 : l’Agence européenne des médicaments approuve le vaccin de Pfizer et BioNTech ; premier cas en Antarctique, sur une base chilienne ; la Biélorussie valide le vaccin russe Spoutnik V.

22 décembre 2020 : des centaines de routiers sont bloqués au port de Douvres en Angleterre après la décision de la France de fermer ses frontières à la suite de la découverte d’une mutation plus contagieuse en Angleterre.

23 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés au Pérou passe la barre du million ; l’Argentine valide le vaccin russe Spoutnik V ; le Canada valide le vaccin Moderna.

24 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés en Italie passe la barre des deux millions.

26 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés de contaminations dans le monde dépasse les 80 millions, dont plus de 1,75 million de décès.

27 décembre 2020 : le nombre de cas confirmés en Afrique du Sud passe la barre du million ; début de la campagne de vaccination en France.

31 décembre 2020 : retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne à la suite du vote de 2016 en faveur du BREXIT ; la Chine approuve le vaccin de Sinopharm ; la Serbie valide le vaccin russe Spoutnik V ; l’Organisation Mondiale de la Santé affirme que le variant dit britannique est présent dans 31 pays ou territoires et celui dit sud-africain dans cinq pays.

1er janvier 2021 : plus de 20 millions de cas de contaminations aux États-Unis.

3 janvier 2021 : l’Inde valide le vaccin d’AstraZeneca ainsi que le vaccin indien Covaxin.

5 janvier 2021 : plus de 21 millions de cas de contaminations aux États-Unis ; l’Afrique a connu 2 854 971 cas dont 67 986 décès ; l’Agence européenne des médicaments approuve le vaccin de Moderna.

6 janvier 2021 : aux États-Unis des partisans de Donald Trump prennent d’assaut le Capitole à Washington (un policier et quatre émeutiers sont tués) ; la Bolivie approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac ainsi que le vaccin russe Spoutnik V.

8 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés au Brésil passe la barre des 8 millions ; en Iran l’Ayatollah Ali Khamenei rejettent les vaccins des deux pays historiquement opposés à l’Iran, le Royaume-Uni et les États-Unis ; en France le ministère de l’Économie et des finances annonce que 640 000 entreprises ont contractés un PGE, soit l’équivalent de 130 milliards d’euros (16 milliards d’euros pour 44 grandes entreprises, 14,6 milliards d’euros pour 1 149 entreprises entre 250 et 4 999 salariés, 97,3 milliards pour des PME/TPE), les entreprises pourront étaler leur remboursement sur six ans, avec un taux actuellement compris entre 1 et 2,5 % selon la date de remboursement du prêt entre 2022 et 2026.

10 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés de contaminations dans le monde dépasse les 90 millions, dont 1,93 million de décès ; l’Algérie valide le vaccin russe Spoutnik V.

11 janvier 2021 : l’Indonésie approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac ; le Japon annonce la découverte d’un nouveau variant présents chez des touristes du Brésil ; les territoires occupés palestiniens approuvent la validation en urgence du vaccin russe Spoutnik V.

13 janvier 2021 : la Turquie approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac ; le Vénézuela valide le vaccin russe Spoutnik V ; le nombre de cas confirmés à l’échelle mondiale passe la barre des 90 millions.

14 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés en Allemagne passe la barre des 2 millions.

15 janvier 2021 : la pandémie a fait 2 millions de morts à l’échelle mondiale ; le Paraguay valide le vaccin russe Spoutnik V.

17 janvier 2021 : le Brésil approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

18 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés aux États-Unis passe la barre des 24 millions ; le Turkménistan valide le vaccin russe Spoutnik V.

19 janvier 2021 : l’Association des constructeurs européens d’automobiles annonce qu’en 2020 le marché mondial s’est rétracté de 14 % dans le monde (et notamment de 24 % en Europe).

21 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés en France passe la barre des 3 millions ; le Chili approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac ; la Hongrie et les Émirats Arabes Unis valident le vaccin russe Spoutnik V.

23 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés en Colombie passe la barre des 2 millions.

24 janvier 2021 : le Pakistan valide le vaccin russe Spoutnik V.

26 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés en Indonésie passe la barre du million ; l’Iran valide le vaccin russe Spoutnik V.

27 janvier 2021 : le nombre de cas confirmés de contaminations dans le monde dépasse les 100 millions.

29 janvier 2021 : la Guinée valide le vaccin russe Spoutnik V.

30 janvier 2021 : la Tunisie valide le vaccin russe Spoutnik V.

3 février 2021 : la Colombie approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

4 février 2021 : le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge informe que quasiment 70 % des vaccins ont été administrés dans les cinquante pays les plus riches.

5 février 2021 : le nombre des décès dans l’Union Européenne passe la barre des 500 000.

6 février 2021 : la Chine approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

8 février 2021 : l’association des fabricants et exportateurs des vêtements du Bangladesh déclare avoir enregistré 30 % de commandes en moins en 2020.

9 février 2021 : le nombre de cas confirmés en Espagne passe la barre des 3 millions.

10 février 2021 : le nombre de cas confirmés en Russie passe la barre des 4 millions ; le Mexique approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

11 février 2021: le nouveau président américain Joe Biden déclare que la Chine « est le plus grand défi géopolitique du XXIe siècle ».

12 février 2021 : le nombre de cas confirmés au Royaume-Uni passe la barre des 4 millions ; le Cambodge approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac ; l’Azerbaïdjan devient le 53e pays à valider le vaccin russe Spoutnik V.

13 février 2021 : début du gouvernement « d’union nationale » en Italie, présidé par l’ancien directeur de la BCE Mario Draghi, alors que l’Italie est le principal bénéficiaire des fonds d’aides européennes.

16 février 2021 : le nombre de cas confirmés au Mexique passe la barre des 2 millions ; l’Afrique du Sud demande à l’Inde de reprendre un million de vaccins d’AstraZeneca en raison de son effet minime (autour de 22%) contre le variant local.

22 février 2021 : le nombre de cas confirmés au Mexique passe la barre des 11 millions, pour 156 385 décès ; les Philippines et la Thaïlande approuvent la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

24 février 2021 : la pandémie a fait 2,5 millions de morts à l’échelle mondiale.

25 février 2021 : l’Équateur approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

27 février 2021 : après un plan de soutien l’économie de 900 milliards de dollars voté le 21 décembre 2020, la chambre des représentants des États-Unis vote un plan de relance de 1900 milliards de dollars.

1er mars : le Ghana et la Côte d’Ivoire lancent leurs programmes de vaccinations.

2 mars : la Malaisie approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

5 mars 2021 : lors de l’Assemblée plénière populaire de Chine réunissant 3 000 députés, le président Xi Jinping a acté la hausse du budget militaire (6,8 %) pour préparer l’Armée populaire de libération à « gagner une guerre » ; la Tunisie approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

7 mars 2021 : le nombre de cas confirmés au Brésil passe la barre des 11 millions.

8 mars 2021 : plus de 29 millions de cas de contaminations aux États-Unis.

9 mars 2021 : l’Ukraine approuve la validation en urgence du vaccin chinois CoronaVac.

12 mars 2021 : le chancelier autrichien Sebastian Kurz affirme qu’« il y a des indications selon lesquelles il existait une instance, un bazar où des accords supplémentaires ont été conclus entre des États membres [de l’Union européenne] et des firmes pharmaceutiques ».

15 mars 2021 : l’Italie se confine ; découverte d’un variant en France, en Bretagne ; les Maldives deviennent le 27e pays à valider le vaccin Pfizer-BioNTech en plus de l’Union européenne.

16 mars 2021 : le premier ministre britannique Boris Johnson relève de 40 % le plafond des ogives nucléaires stockés, la Russie étant présentée comme une « menace active » et la Chine comme un « défi systémique » ; la Suède suspend le vaccin d’AstraZeneca suivant d’autres pays ayant fait de même les derniers jours : Allemagne, Bulgarie, Danemark, Espagne, Irlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas ; le ministre français de la Santé Olivier Véran déplore que « le laboratoire [AstraZeneca] n’ait pas respecté ses engagements », expliquant que : « les doses attendues dans les prochaines semaines sont infinitésimales, et je pèse mes mots, par rapport à l’engagement qui avait été promis » ; l’Union des aéroports français indique une chute de 67,3 % de fréquentation en 2020.

17 mars 2021 : dans une interview le président américain explique qu’il considère que le président russe Vladimir Poutine est un tueur ; un an jour pour jour après le début du premier confinement en France, le gouvernement français annonce procéder à partir du 20 mars 2021 à des mesures de confinement en région parisienne à l’instar d’autres régions.