Paroles des chansons du Parti Communiste du Pérou

Les paroles des chansons du Parti Communiste du Pérou reflètent l’engagement, l’idéologie, la ligne révolutionnaire. Les chansons elles-mêmes sont disponibles au format MP3 (et les paroles ci-dessous au format pdf).

Elles ont été enregistrées de manière clandestine dans deux prisons péruviennes, Miguel Castro Castro et Lurigancho. Cela s’est déroule entre 1990 et 1992, avant qu’en 1999 le Mouvement Populaire Pérou ne procède à la sortie d’un CD avec les chansons. Nous avons même diffusé ensuite cela en MP3 et nous ne savons pas, ce qui est de toutes façons secondaire, dans quelle mesure les MP3 diffusés en ligne proviennent de notre initiative.

L’arrivée massive de prisonniers politiques a souvent permis l’établissement de bastions politiques au sein des prisons elles-mêmes, en Turquie par exemple. Au Pérou, cela a pris toutefois les proportions les plus importantes, de par la prise d’initiative des membres du Parti Communiste du Pérou.

Ceux-ci ont réussi à contrôler leur propre vie quotidienne, prenant l’initiative sur tous les plans.

Ce fut obtenu au prix d’une grande lutte, issu d’une grande définition initiale : le Parti Communiste du Pérou soulignait que le combat ne s’arrête pas une fois arrêté, et définissait les prisons comme de « Lumineuses Tranchées de Combat ».

Il faut ici mentionner la grande révolte des 18-19 juin 1986, dans les prisons de Lurigancho, d’El Frontón, et de Santa Mónica, avec la répression faisant 224 morts, dont une centaine de militants exécutés après l’assaut de l’armée réactionnaire. Cette dernière intervint également en mai 1992 à la prison de Castro Castro, exécutant 13 membres du Comité Central (sur 19, alors qu’on est dans le contexte de l’arrestation de Gonzalo).

Les paroles s’appuient sur le corpus idéologique du PCP ; on a ainsi souvent la référence à l’océan armé, qui est l’océan armé des masses, les masses devant être en armes jusqu’au Communisme. On a également des références andines, plus ou moins difficiles à saisir. La multiplication des bases d’appui de la guérilla est ainsi apparentée à des « cordes enfilées » : il s’agit possiblement d’une allusion aux quipus, assemblage de cordes enfilées formant le moyen de communication historique dans les Andes (la civilisation Inca notamment ne pratiquant pas l’écriture).

Il faut se souvenir ici que les masses paysannes mobilisées sont le plus souvent illettrées, et que la langue employée au quotidien est le plus souvent le quechua. L’agitation et la propagande du PCP ont par contre toujours été en espagnol.

On notera que certaines vidéos parlent du « sendero luminoso » (sentier lumineux), ce qui n’existe pas et n’a jamais existé. Cette expression sert historiquement à criminaliser le Parti Communiste du Pérou.

La Internacional – L’internationale

¡Arriba los pobres del mundo
de pie los esclavos sin pan
y gritemos todos unidos
¡Viva la Internacional!

Removamos todas las ramas
que impiden nuestro bien
cambiemos el mundo de fase
hundiendo al imperio burgués

Agrupémonos todos
en la lucha final
y se alcen los pueblos (con valor)
por la Internacional

El día que el triunfo alcancemos
ni esclavos ni hambrientos habrá
la tierra sera el paraíso
de toda la humanidad

Que la tierra dé todos sus frutos
y la dicha en nuestro hogar
el trabajo será el sostén que a todos
de la abundancia hará gozar

Agrupémonos todos
en la lucha final
y se alcen los pueblos (con valor)
por la Internacional

En avant les pauvres du monde
Debout les esclaves sans pain
et crions tous unis
Vive l’Internationale !

Enlevons toutes les branches
qui entravent notre bien
changeons le monde de face
en coulant l’empire bourgeois

Regroupons-nous tous
dans la lutte finale
et que les peuples se lèvent (avec courage)
pour l’Internationale

Le jour où la victoire nous atteindrons
ni esclaves ni affamés il n’y aura plus
la terre sera le paradis
de toute l’humanité

Que la terre donne tous ses fruits
et la joie dans notre foyer
le travail sera le soutien qui à tous
de l’abondance nous fera jouir

Regroupons-nous tous
dans la lutte finale
et que les peuples se lèvent (avec courage)
pour l’Internationale

Al Presidente Gonzalo / Au Président Gonzalo

Jefe signifie « chef », par Jefatura il faut comprendre le principe de direction, le dirigeant en action.

El Presidente Gonzalo el más grande
marxista-leninista-maoísta
viviente sobre la faz de la tierra
es garantía de triunfo comunista
es jefatura del Partido y la revolución

El pensamiento Gonzalo en nuestra patria
aplicación creadora del maoísmo
el Presidente Gonzalo lo ha plasmado
luz en el mundo de rojo amanecer

El Presidente Gonzalo lo ha plasmado
luz en el mundo de rojo amanecer

Dirigiendo la Guerra Popular
nos ha dado el Nuevo Poder
comités populares abiertos
sostenidos en ejércitos y las masas
con un Partido Comunista militarizado

El Presidente Gonzalo nos conduce
al Comunismo nuestra meta final
él es el gran continuador de Marx
Lenin y el Presidente Mao Tsetung

Él es el gran continuador de Marx
Lenin y el Presidente Mao Tsetung

Le Président Gonzalo, le plus grand
marxiste-léniniste-maoïste
vivant sur la face de la terre
il est la garantie du triomphe communiste

il est le cheffature du parti et de la révolution
La pensée Gonzalo dans notre patrie
application créative du maoïsme
Le président Gonzalo l’a incarnée
lumière dans le monde de l’aube rouge

Le président Gonzalo l’a incarnée
lumière dans le monde de l’aube rouge

En menant la guerre populaire
il nous a donné le Nouveau Pouvoir
des comités populaires ouverts
soutenus par les armées et les masses
avec un Parti Communiste militarisé

Le président Gonzalo nous conduit
vers le communisme, notre objectif final
il est le grand continuateur de Marx
Lénine et du président Mao Zedong

Il est le grand continuateur de Marx
Lénine et le président Mao Zedong


Himno A La Camarada Norah / Hymne à la camarade Norah

Norah est le nom de guerre d’Augusta La Torre (1946-1988), figure du Parti depuis le début et par ailleurs femme de Gonzalo, avec qui elle était dans la clandestinité dès 1978. Elle a également mené en 1980 la première action armée de l’Armée Populaire de Guérilla.

Les trois montagnes, l’expression de montagne relevant de Mao Zedong, sont la réalité semi-féodale et semi-coloniale, et le capitalisme bureaucratique qui en découle dans le pays.

Elevándose en la gloria
imperecedera de la historia
en inagotable sendero
de heroicidad comunista

El Partido y la Guerra Popular
heroína nos dio
por siempre recordada Camarada Norah
heroína nos dio
por siempre recordada Camarada Norah

Flameante bandera roja
firme desafiante contra el viento
luminoso ejemplo en dar la vida
por el Partido y la revolución

Acero rojo temple de Gonzalo
firme comunista gran dirigente
camarada Norah
firme comunista gran dirigente
camarada Norah

Torrente hermoso es tu sangre
que ha regado nuestra revolución
firme juramento de la clase
compromiso de rojos combatientes
en conquistar el poder hasta el Comunismo
en conquistar el poder hasta el Comunismo

Irradiando luz poderosa
marxismo-leninismo-maoísmo
y su aplicación creadora
pensamiento gonzalo en nuestra patria
luchando a muerte contra el vil revisionismo
con odio de clase barremos tres montañas
asaltamos los cielos
con odio de clase barremos tres montañas
asaltamos los cielos

Torrente hermoso es tu sangre
que ha regado nuestra revolución
firme juramento de la clase
compromiso de rojos combatientes
en conquistar el poder hasta el Comunismo
en conquistar el poder hasta el Comunismo
en conquistar el poder hasta el Comunismo

S’élevant dans la gloire
impérissable de l’histoire
dans un chemin inépuisable
de l’héroïsme communiste

Au Parti et à la guerre populaire
L’héroïne nous a donné
à jamais à se souvenir de la Camarade Norah
L’héroïne nous a donné
à jamais à se souvenir de la Camarade Norah

Drapeau rouge flottant
flottant avec défi face au vent
exemple lumineux en donnant la vie
pour le Parti et la révolution

Acier rouge trempé de Gonzalo
ferme communiste grand dirigeante
camarade Norah
ferme communiste grand dirigeante
camarade Norah

Beau torrent est ton sang
qui a arrosé notre révolution
serment ferme de la classe
engagement des combattants rouges
à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme
à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme


Rayonnante la lumière puissante
le marxisme-léninisme-maoïsme
et son application créative
la Pensée Gonzalo dans notre patrie
lutter à la mort contre l’ignoble révisionnisme
avec haine de classe, nous balayons trois montagnes
nous prenons d’assaut les cieux
avec haine de classe, nous balayons trois montagnes
nous prenons d’assaut les cieux

Beau torrent est ton sang
qui a arrosé notre révolution
serment ferme de la classe
engagement des combattants rouges
à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme
à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme
à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme

Salvo El Poder / À part le pouvoir

Le titre est une référence à un propos de Lénine : « À part le pouvoir tout est illusion ». La première strophe fait allusion aux flambeaux allumés dans les monts au loin et formant notamment le marteau et la faucille, mais bien entendu également aux coups d’éclat de la guérilla. L’expression « à l’assaut du ciel » a été employé par Karl Marx pour désigner les Communards menant la révolution en 1871.

Siglos se hunden ídolos caen
se quiebra un viejo orden de opresión
y en la montaña un relámpago de fuego
hiende la noche con su gran puñal
y en la montaña un relámpago de fuego
hiende la noche con su gran puñal

Se agitan los mares la tormenta arrecia
y en el gran desorden se levanta el Sol
salvo el poder todo es ilusión
asaltar los cielos con la fuerza del fusil
salvo el poder todo es ilusión
asaltar los cielos con la fuerza del fusil

Obreros campesinos rompan sus cadenas
levanten la bandera de la Guerra Popular
salvo el poder todo es ilusión
asaltar los cielos con la fuerza del fusil
salvo el poder todo es ilusión
asaltar los cielos con la fuerza del fusil

Partido Comunista conduce a nueva vida
se esfuma como el humo la duda, el temor
tenemos la fuerza es nuestro el futuro
Comunismo es meta y será realidad
tenemos la fuerza es nuestro el futuro
Comunismo es meta y será realidad


Salvo el poder todo es ilusión
asaltar los cielos con la fuerza del fusil
salvo el poder todo es ilusión
asaltar los cielos con la fuerza del fusil

Les siècles s’effacent, les idoles tombent
fait faillite un vieil ordre d’oppression
et dans la montagne un éclair de feu
fend la nuit de son grand poignard
et sur la montagne un éclair de feu
fend la nuit de son grand poignard.

Les mers sont agitées, la tempête fait rage
et dans le grand désordre se lève le Soleil
à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil
à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil

Ouvriers paysans brisez vos chaînes
levez la bannière de la Guerre Populaire
à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil
à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil

Le parti communiste guide à une nouvelle vie
s’évanouissent comme de la fumée le doute, la peur
nous avons la force l’avenir est à nous
Le communisme est l’objectif et deviendra réalité
nous avons la force l’avenir est à nous
Le communisme est l’objectif et sera réalité

À part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil
À part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil

El Partido / Le Parti

La référence aux aigles relève indéniablement de la culture andine et plus généralement américaine d’avant la colonisation.

Las águilas remontan su vuelo
elevando nuevo grito al desplegar
pese a voces orientan su grito
puños en alto hacia la libertad

De púrpura el cielo
va embelleciendo
legiones hombro a hombro
fundidos en su imagen
bebiendo de la luz
fuente inagotable

Vivan al Partido
uno es como ninguno
el Partido es huracán bravío
donde voces quedas se han hundido
en la inmortalidad de nuestra
causa entera
el cerebro de la clase
de la gloria de la clase
una mano de un millón de dedos
que demoliendo está al enemigo

De púrpura el cielo
va embelleciendo
legiones hombro a hombro
fundidos en su imagen
bebiendo de la luz
fuente inagotable

Vivan al Partido
uno es como ninguno
el Partido es huracán bravío
donde voces quedas se han hundido
en la inmortalidad de nuestra
causa entera
el cerebro de la clase
de la gloria de la clase
que guiando está a la libertad.

Les aigles élèvent leur vol
poussant un nouveau cri en se déployant
malgré les voix ils dirigent leur cri
es poings levés vers la liberté

Pourpre est le ciel
il va s’embellissant
les légions épaule contre épaule
fondées à son image
s’abreuvant à la lumière
source inépuisable

Longue vie au Parti
l’un ne ressemble à aucun autre
le Parti est un ouragan indomptable
où les voix laissées derrière ont sombré
dans l’immortalité de notre
cause entière
le cerveau de la classe
de la gloire de la classe
une main aux millions de doigts
qui est démolissant l’ennemi

Pourpre est le ciel
il va s’embellissant
les légions épaule contre épaule
fondées à son image
s’abreuvant à la lumière
source inépuisable

Longue vie au Parti
l’un ne ressemble à aucun autre
le Parti est un ouragan indomptable
où les voix laissées derrière ont sombré
dans l’immortalité de notre cause entière
le cerveau de la classe
de la gloire de la classe
qui mène à la liberté.


El Guerrillero / Le guérillero

Por los valles y los Andes
guerrilleros libres van
los mejores luchadores
del campo y la ciudad
los mejores luchadores
del campo y la ciudad

Ni el dolor ni la miseria
los harán desfallecer
seguiremos adelante
sin jamás retroceder
seguiremos adelante
sin jamás retroceder

Nuestro pueblo nos ordena
combatir hasta triunfar
adelante camaradas
nuestra consigna es vencer
adelante camaradas
nuestra consigna es vencer

Venceremos al fascismo
en la batalla final
¡Abajo el imperialismo!
¡Muera!
¡Viva nuestra libertad!
¡Abajo el imperialismo!
¡Muera!
¡Viva nuestra libertad!

Las banderas de combate
como mantos cubrirán
a los bravos guerrilleros
que en la lucha caerán
a los bravos guerrilleros
que en la lucha caerán

À travers les vallées et les Andes
les guérilleros libres vont
les meilleurs combattants
de la campagne et de la ville
les meilleurs combattants
de la campagne et de la ville

Ni la douleur ni la misère
ne les fera défaillir
nous irons de l’avant
sans jamais reculer
nous irons de l’avant
sans jamais se reculer

Notre peuple nous ordonn
de combattre jusqu’à ce que nous triomphions
En avant camarades
notre mot d’ordre est de vaincre
en avant camarades
notre mot d’ordre est de vaincre

Nous vaincrons le fascisme
dans la bataille finale
A bas l’impérialisme !
Meurs !
Vive notre liberté !
À bas l’impérialisme !
Meurs !
Vive notre liberté !

Les drapeaux de combat
comme des manteaux couvriront
les courageux guérilleros
qui dans la lutte tomberont
les braves guérilleros
qui dans la lutte tomberont


Los Rojos Guerreros / Les guerriers rouges

Los rojos guerreros, tropas de Gonzalo
con plomo han abierto las puertas de la historia
afirman la vida en la guerra
arrancando lauros a la misma muerte

Sus armas combativas se levantan
haciendo las sombras retroceder
Sus armas combativas se levantan
haciendo las sombras retroceder

Los rojos guerreros de nuestro Partido
con furia de clase barren tres montañas
los campos se tiñen de rojo
por eso es progenia transformadora

Seguimos luminoso sendero
camino al reino del Comunismo

Seguimos luminoso sendero
camino al reino del Comunismo

Aprendemos de Gonzalo nuestro guía
a dar la vida hoy, mañana y siempre
por el Partido y la revolución

Aprendemos de Gonzalo nuestro guía
a dar la vida hoy, mañana y siempre
por el Partido y la revolución

Nada es imposible para quien se atreve
a escalar las alturas
Nada es imposible para quien se atreve
a escalar las alturas

Nada es imposible para quien se atreve
a escalar las alturas
Nada es imposible para quien se atreve
a escalar las alturas

Les guerriers rouges, les troupes de Gonzalo
avec du plomb ont ouvert les portes de l’histoire
ils affirment la vie dans la guerre
arrachant les lauriers à la mort elle-même

Leurs armes militantes s’élèvent
faisant les ombres reculer
Leurs armes militantes s’élèvent
faisant les ombres reculer

Les guerriers rouges de notre Parti
avec une fureur de classe balaient trois montagnes
les champs sont teints en rouge
c’est pourquoi c’est la progéniture transformée

Nous suivons lumineux le chemin
sur le chemin au royaume du communisme

Nous suivons lumineux le chemin
sur le chemin au royaume du communisme

Nous apprenons de Gonzalo notre guide
à donner notre vie aujourd’hui, demain et toujours
pour le Parti et la révolution

Nous apprenons de Gonzalo notre guide
à donner notre vie aujourd’hui, demain et toujours
pour le Parti et la révolution

Rien n’est impossible à ceux qui osent
d’escalader les sommets
Rien n’est impossible à ceux qui osent
d’escalader les sommets.

Rien n’est impossible à ceux qui osent
d’escalader les sommets
Rien n’est impossible à ceux qui osent
d’escalader les sommets


Canto De Batalla / Champ de bataille

Imperecedero hito de victoria
en el crisol de ardiente fragua
ha quedado estampado
en la historia de nuestro Partido
es Gonzalo que en el mundo
va imponiendo la verdad universal

Ardorosa marcha, vanguardia combatiente
de largo camino recorrido
en máquina de guerra devino en una gran brega
conductor de masas, acero de Gonzalo

en máquina de guerra devino en una gran brega
conductor de masas, acero de Gonzalo


Legiones de hierro, ejército invencible
con todapoderosa invicta ideología
florece la violencia desarrollando acciones
muralla invencible, canto de batalla

florece la violencia desarrollando acciones
muralla invencible, canto de batalla

De historias eternas resurge desafiante
florece el mañana con su luz brillante
cubriéndonos de rojo va irradiando al mundo
que en nuestros corazones latiendo nueva vida

cubriéndonos de rojo va irradiando al mundo
que en nuestros corazones latiendo nueva vida



Asumimos firmes histórico llamado
potenciando la Guerra Popular
construyendo la conquista
del poder total en nuestra patria

Más ejército y masas
dirigidos por nuestro Partido

Más ejército y masas
dirigidos por nuestro Partido

L’impérissable jalon de la victoire
dans le creuset de l’ardente forge
a été inscrit
dans l’histoire de notre Parti
c’est Gonzalo qui dans le monde
va imposant la vérité universelle

Ardente marche, avant-garde combattante
d’un long chemin parcouru
en une machine de guerre devenue au moyen d’une grande lutte
chef d’orchestre des masses, l’acier de Gonzalo

en une machine de guerre devenue au moyen d’une grande lutte
chef d’orchestre des masses, l’acier de Gonzalo

Légions de fer, armée invincible
avec une toute puissante et invaincue idéologie
fleurit la violence, les actions se développant
muraille invincible, chant de bataille

fleurit la violence, les actions se développant
muraille invincible, chant de bataille

Des histoires éternelles ressurgissent avec défi
fleurit le lendemain avec sa lumière éclatante
nous couvrant de rouge rayonnant dans le monde entier
qui dans nos cœurs fait battre une nouvelle vie

nous couvrant de rouge rayonnant dans le monde entier
qui dans nos cœurs fait battre une nouvelle vie

Nous assumons fermement l’histoire appelant
en renforçant la guerre du peuple
en construisant la conquête
du pouvoir total dans notre patrie

Plus d’armée et de masses
dirigées par notre Parti

Plus d’armée et de masses
dirigées par notre Parti

Soldados Rojos / Soldats rouges

Marchamos firmes y seguros a la victoria
soldados rojos somos del Nuevo Poder
Partido Comunista es el que nos dirige
camino a nuestra libertad

Banderas rojas con hoces y martillos llevamos
firmes empuñamos con furia y decisión
a las hienas barremos sus cenizas esparcemos
y nunca más ya volverán


Vamos obreros, campesinos, todo el pueblo
rugen los Andes llamando a combatir

Pueblos del mundo unidos triunfaremos
la gran hoguera se extiende más y más
desarrollando Guerra Popular

Vamos obreros, campesinos, todo el pueblo
rugen los Andes llamando a combatir

Pueblos del mundo unidos triunfaremos
la gran hoguera se extiende más y más
desarrollando Guerra Popular

Desarrollando Guerra Popular

Nous marchons fermes et assurés à la victoire
soldats rouges nous sommes du Nouveau Pouvoir
Le Parti communiste est celui qui nous dirige
le chemin à notre liberté

Des drapeaux rouges avec des marteaux et des faucilles nous portons
fermes nous les empoignons avec fureur et détermination
aux hyènes nous barrons la route, leurs cendres nous dispersons
et jamais plus elles ne reviendront

Allons ouvriers, paysans, tout le peuple
les Andes rugissent appelant au combat

Peuples du monde unis nous triompherons
le grand brasier s’étend de plus en plus
développant la Guerre Populaire

Allons ouvriers, paysans, tout le peuple
les Andes rugissent appelant au combat

Peuples du monde unis nous triompherons
le grand brasier s’étend de plus en plus
développant la Guerre Populaire

Développant la Guerre Populaire


Canto Al Nuevo Poder / Chanson au Nouveau Pouvoir

Pueblos, pueblos del mundo
en pie de guerra
viva Gonzalo gloria al maoísmo,
en nuestra mente el Comunismo brillará

Comités populares abiertos
luz radiante brillante ante el sol
camaradas combatientes y masas
el triunfo es nuestro viva el Nuevo Poder

Desarrollando bases con Guerra Popular
construimos la conquista del poder
bandera de combate flameando en altas cumbres
hoguera de esperanza brilla el Nuevo Poder

Bandera de combate flameando en altas cumbres
hoguera de esperanza, brilla el Nuevo Poder

Comités populares abiertos
luz radiante brillante ante el sol
camaradas combatientes y masas
el triunfo es nuestro viva el Nuevo Poder

Camaradas, combatientes y masas
el triunfo es nuestro brilla el Nuevo Poder

Peuples, peuples du monde
sur le pied de guerre
vive Gonzalo gloire au maoïsme
dans notre esprit le communisme brillera

Comités populaires ouverts
lumière irradiante rayonnante devant le soleil
Camarades combattants et masses
le triomphe est nôtre vive le nouveau pouvoir

Développant des bases avec la Guerre Populaire
nous construisons la conquête du pouvoir
le drapeau de combat flotte sur les hauts sommets
sur le bûcher de l’espoir brille le Nouveau Pouvoir

Le drapeau de combat flotte sur les hauts sommets
le feu de l’espoir fait briller le nouveau pouvoir

Comités populaires ouverts
lumière irradiante rayonnante devant le soleil
Camarades combattants et masses
le triomphe est nôtre vive le nouveau pouvoir

Camarades, combattants et masses
le triomphe est nôtre vive le nouveau pouvoir


Por El Gran Camino / Par la grande voie

Por el camino marchamos
luchamos con firme decisión
Mao Tsetung guía la revolución
desafiando la tormenta
Mao Tsetung guía la revolución
desafiando la tormenta

Por el camino marchamos
luchamos con firme decisión
Mao Tsetung guía la revolución
desafiando la tormenta
Mao Tsetung guía la revolución
desafiando la tormenta

Marchamos marchamos
adelante la revolución
marchamos marchamos
adelante la revolución

Marchamos, marchamos
adelante la revolucion
marchamos marchamos
adelante la revolucion

Marchamos marchamos
adelante la revolucion

Sur la route, nous marchons
nous luttons avec une ferme détermination
Mao Zedong dirige la révolution
défiant la tempête
Mao Zedong dirige la révolution
défiant la tempête

Sur la route nous marchons
nous luttons avec une ferme détermination
Mao Zedong mène la révolution
défiant la tempête
Mao Zedong mène la révolution
défiant la tempête

Nous marchons nous marchons
en avant la révolution
Nous marchons, nous marchons
en avant la révolution

Nous marchons nous marchons
en avant la révolution
Nous marchons nous marchons
en avant la révolution

Nous marchons nous marchons
en avant la révolution


Brilla, Brilla el Nuevo Poder / Brille, brille le Nouveau Pouvoir

Brilla, brilla el Nuevo Poder a la luz del sol
prédica y desafiante realidad
nace de la guerra Guerra Popular
guerra de las masas hoguera de esperanza

nace de la guerra Guerra Popular
guerra de las masas, hoguera de esperanza


El poder que estamos ejerciendo es bandera roja

a enarbolarla en todo el país, en todo el mundo
a enarbolarla en todo el país, en todo el mundo

Fuerza núcleo, máquina de guerra
con ejército y las masas vamos rumbo
al Comunismo con el maoísmo
Gonzalo luz inmarcesible brilla el Nuevo Poder Gonzalo luz inmarcesible brilla el Nuevo Poder



Fuerza núcleo máquina de guerra
con ejército y las masas vamos rumbo
al Comunismo con el maoísmo
Gonzalo luz inmarcesible brilla el Nuevo Poder Gonzalo luz inmarcesible, brilla el Nuevo Pode

Brille, brille le Nouveau Pouvoir à la lumière du soleil
prêchante et défiante réalité
né de la guerre la Guerre Populaire
guerre des masses feu de joie de l’espoir

né de la guerre la Guerre Populaire
guerre des masses feu de joie de l’espoir

Le pouvoir que nous sommes exerçant est le drapeau rouge
à déployer dans tout le pays, dans le monde entier
à déployer dans tout le pays, dans le monde entier

Force noyau machine de guerre
avec l’armée et les masses nous maintenons le cap
vers le communisme avec le maoïsme
Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir
Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir

Force noyau machine de guerre
avec l’armée et les masses nous maintenons le cap
vers le communisme avec le maoïsme
Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir
Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir


Bandera Roja / Drapeau rouge

De los Andes hasta los mares
rugen las masas embravecidas
enarbolando bandera roja
iniciamos la Guerra Popular

Desplegando las guerrillas
va floreciendo la nueva aurora
conquistando bases de apoyo
derrochando heroicidad

Presidente Gonzalo
Jefatura del Partido y la revolución
con pensamiento Gonzalo hoy tenemos
realidad bélica actuante
son diez años de pujante y victoriosa
e invencible Guerra Popular

Demoliendo los viejos muros
desarrollamos las bases de apoyo
nos acercamos a la conquista
del poder total en nuestra patria

Comités populares abiertos
brillando a la luz del sol
desarrollemos la Guerra Popular
y construyamos la conquista del poder

Proletarios del mundo marchemos
al Comunismo meta final
pueblos del mundo unidos marchemos
al Comunismo meta final

Des Andes jusqu’aux mers
grondent les masses agitées
arborant le drapeau rouge
nous déclenchons la guerre populaire

Déployant les guérilleros
va florissant l’aube nouvelle
conquérant des bases de soutien
dispersant l’héroïsme

Le président Gonzalo
Chefature du parti et de la révolution
avec la pensée Gonzalo aujourd’hui nous avons
la réalité belliqueuse en action
cela fait dix ans de vigoureuse et victorieuse
et invincible Guerre Populaire

Démolissant les vieux murs
nous développons les bases d’appui
nous approchons de la conquête
du pouvoir total dans notre patrie

Les comités populaires ouverts
brillant au soleil
nous développons la guerre populaire
et construisons la conquête du pouvoir

Prolétaires du monde, marchons
au communisme but final
peuples du monde unis marchons
au but final du communisme

Canto De Mar Armado / Chant de l’océan armé

Grandes contiendas amasan la aurora
con plomo escribimos la nueva historia
cruzando los mares la tierra temblando

asaltando cielos abrimos la aurora

asaltando cielos abrimos la aurora

Invictas legiones guiadas por Gonzalo
dirige vanguardia militarizada
retando a la muerte avance incontenible
con rojas banderas marchando al futuro

con rojas banderas marchando al futuro

Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular
Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

Nos sustentamos en el latido
inagotable de rebelión

Hermoso canto de mar armado
se siente real hasta ser revolución

Hermoso canto de mar armado
se siente real hasta ser revolución


En la tierra ya florecen rosas rojas del Nuevo Poder
de la Guerra Popular amanece el Nuevo Poder


Hermoso canto de mar armado
se siente real hasta ser revolución

Hermoso canto de mar armado
se siente real hasta ser revolución
Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular
Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

Vanguardia combatiente crisol acero puro
dirigiendo a las masas conquistando el poder

Vanguardia combatiente crisol acero puro
dirigiendo a las masas conquistando el poder

Florecen baluartes con cuerdas engarzadas
guiando ante el mundo el nuevo amanecer
nosotros tenemos pensamiento Gonzalo
y en el alma fusiles de ahí sale el poder
se asienta en las balas de ahí sale el poder

Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

Les grandes conflits amassent l’aube
avec le plomb nous écrivons la nouvelle histoire
traversant les mers, la terre tremblante
prenant d’assaut le ciel nous ouvrons l’aube

prenant d’assaut le ciel nous ouvrons l’aube

Invaincues légions guidées par Gonzalo
dirige l’avant-garde militarisée
défiant la mort avancée irrépressible
avec des drapeaux rouges marchant vers l’avenir

avec des drapeaux rouges marchant vers l’avenir

Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire
Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire

Nous nous alimentons dans les battements de cœur
inépuisables de la rébellion

Beau chant de l’océan armé
qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution

Beau chant de l’océan armé
qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution

En la terre fleurissent les roses rouges du Nouveau Pouvoir
de la guerre populaire se lève le jour, le Nouveau Pouvoir
Beau chant de l’océan armé
qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution

Beau chant de l’océan armé
qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution
Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire
Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire

Avant-garde combattante, creuset d’acier pur
Dirigeant les masses conquérant le pouvoir

Avant-garde combattante, creuset d’acier pur
Dirigeant les masses conquérant le pouvoir

Fleurissent des bastions avec des cordes enfilées
guidant devant le monde la nouvelle aube
nous autres avons la pensée Gonzalo
et dans l’âme des fusils de là vient le pouvoir
il est assis sur des balles de là vient le pouvoir

Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire

Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire


Marcha Triunfal / Marche triomphale

Nacen tiempos de guerra
incendiando el campo y la ciudad
miles de hombres en armas
con el Partido marchan a triunfar
con el maoísmo, la luz universal
desarrollamos la Guerra Popular

Bases de apoyo cual perlas engarzadas
embelleciendo de rojo el cielo está
el pensamiento Gonzalo ilumina el nuevo estado
se expande más

Conquistar el poder total en nuestra patria
para el Partido de la clase y nuestro pueblo
sirviendo a la revolución mundial

Conquistar el poder total en nuestra patria
para el Partido de la clase y nuestro pueblo
sirviendo a la revolución mundial

Guerra de movimientos
desarrollando y potenciando más y más
firmes en los principios
resistiendo en nuestro centro es combatir

Del cañón del fusil nace el Poder
de la Guerra Popular Nuevo Poder
como las flores del campo en primavera
van flameando miles de banderas rojas


Comités populares abiertos
van anunciando y nos convocan
conquistar el poder total en nuestra patria
para el Partido de la clase y nuestro pueblo
sirviendo a la revolución mundial

Conquistar el poder total en nuestra patria
para el Partido de la clase y nuestro pueblo
sirviendo a la revolución mundial
en marcha triunfal
revolución mundial

Naissent des temps de guerre
embrasant les campagnes et les villes
des milliers d’hommes en armes
avec le Parti, marchant pour triompher
avec le maoïsme, la lumière universelle
nous développons la Guerre Populaire

Bases d’appui comme des perles enfilées
embelli de rouge le ciel est
la pensée Gonzalo illumine le nouvel État
qui s’étend davantage

Conquérir le pouvoir total dans notre patrie
pour le Parti de la classe et notre peuple
servant la révolution mondiale

Conquérir le pouvoir total dans notre patrie
pour le Parti de la classe et notre peuple
servant la révolution mondiale

Les guerres de mouvements
en se développant et en se renforçant de plus en plus
fermes sur les principes
résistant dans notre centre c’est combattre

Du bout du fusil naît le Pouvoir
de la Guerre Populaire le Nouveau Pouvoir
comme les fleurs des champs au printemps
vont flottant au cent des milliers de drapeaux rouges

Les comités populaires ouverts
vont annonçant et nous convoquant
conquérir le pouvoir total dans notre patrie
pour le Parti de la classe et notre peuple
servant la révolution mondiale

Conquérir le pouvoir total dans notre patrie
pour le Parti de la classe et notre peuple
servant la révolution mondiale
en marche triomphale
la révolution mondiale


A Las Masas / Aux masses

Las masas con sus infatigables
y fuertes manos crean el nuevo estado
que brilla desafiante al sol
las masas hacen la Guerra Popular
y nutren al Partido y a nuestro
ejército de nuevo tipo

De sus entrañas sale todo
su hambre y su sangre
se ha enardecido con el maoísmo
proletariado y nuestro pueblo
manos armadas han generado Nuevo Poder

En su acción su meta él impulsa
combate indesmayable
al vil imperialismo en lucha tenaz
e implacable contra el revisionismo
y la reacción mundial
imponiendo la luz del maoísmo

Viva el Presidente Gonzalo
gloria al marxismo-leninismo-maoísmo
viva el Partido Comunista
honor y gloria al proletariado
y a nuestro pueblo del Perú

Viva el Presidente Gonzalo
gloria al marxismo-leninismo-maoísmo
viva el Partido Comunista
honor y gloria al proletariado
y a nuestro pueblo del Perú

Les masses, avec leurs infatigables
et fortes mais créent le nouvel État
qui brille avec défi au soleil
les masses font la guerre du peuple
et nourrissent le Parti et notre
armée d’un nouveau type

De leurs entrailles sortent toute
leur faim et leur sang
elles ont été enhardis par le maoïsme
le prolétariat et notre peuple
les mains armées ont généré le Nouveau Pouvoir

Dans son action, son but il impulse
il combat indéfectiblement
le vil impérialisme dans une lutte tenace
et implacable contre le révisionnisme
et la réaction mondiale
en imposant la lumière du maoïsme

Vive le président Gonzalo
gloire au marxisme-léninisme-maoïsme
Vive le Parti Communiste
honneur et gloire au prolétariat
et à notre peuple du Pérou

Vive le président Gonzalo
gloire au marxisme-léninisme-maoïsme
Vive le Parti Communiste
honneur et gloire au prolétariat
et à notre peuple du Pérou


Labor De Titanes / Travail des titan

La clase insurgió
rompiendo el silencio en la historia irrumpió
grandes epopeyas labor de titanes
poderosa ideología insurgió

grandes epopeyas labor de titanes
poderosa ideología insurgió

Tercera nueva y superior etapa
es el maoísmo nuestra concepción
la inmarcesible que se impone
brillando en la tierra con furor

Aplicación creadora y luminosa
pensamiento Gonzalo en el Perú
conquistando el poder en nuestra patria
sirviendo a la revolución mundial

conquistando el poder en nuestra patria
sirviendo a la revolución mundial

Inagotable fuente es nuestro pueblo
donde surgen legiones de hierro
soldados de Gonzalo henchidos de combate
desarrollando Guerra Popular
soldados de Gonzalo henchidos de combate
desarrollando Guerra Popular

Masas ardientes
barren tres montañas
vanguardia obrera militarizada
desarrollando bases resueltos avanzamos
el Comunismo en la Tierra brillará
desarrollando bases con reto a la muerte
el Comunismo en la Tierra brillará

La classe insurgée
rompt le silence de l’histoire a fait irruption
grandes épopées travail de titans
la puissante idéologie s’insurge

grandes épopées travail de titans
la puissante idéologie s’insurge

Troisième nouvelle et plus élevée étape
C’est le maoïsme notre conception
celle immarcescible qui s’impose
brillant sur la terre avec fureur

Application créative et lumineuse
la pensée Gonzalo au Pérou
conquérant le pouvoir dans notre patrie
servant la révolution mondiale

conquérant le pouvoir dans notre patrie
servant la révolution mondiale

Inépuisable source est notre peuple
où surgissent des légions de fer
les soldats de Gonzalo riches de combat
développant la guerre du peuple
les soldats de Gonzalo riches de combat
développant la guerre du peuple

Des masses ardentes
balaient trois montagnes
l’avant-garde ouvrière militarisée
développant des bases résolus nous avançons
Le communisme sur terre briller
développant des bases avec défi face à la mort
Le communisme sur terre brillera


Torrente Rojo / Torrent rouge

El latido inagotable de la historia
hacedora de luminoso amanecer
enarbolando banderas rojas en rebelión
florece de los Andes hasta el mar

Con el maoísmo marcha la clase al Comunismo
y con Partido de nuevo tipo su dirección
se abre paso en la tormenta con el fusil
desarrollando Guerra Popular.

Con la luz universal de Gonzalo se forjó
y ya construye la conquista del poder en el Perú
construyendo en el fragor de la Guerra Popular
el ejército rojo se plasmó
para la acción

Marchan milladas de legiones de hierro
cumplen tareas que asigna el Partido
escribiendo en páginas de acero
la nueva historia con heroicidad

Somos forjados con reto a la muerte
marchando firmes en llama esparciente
transformaremos la guerra de guerrillas
en poderosa guerra de movimientos

Con el maoísmo marcha la clase al Comunismo
y con Partido de nuevo tipo su dirección
se abre paso en las tormentas con el fusil
desarrollando Guerra Popular

desarrollando Guerra Popular

Con los fusiles entramos a triunfar

¡¡¡Viva el Ejército Guerrillero Popular!!!

L’inépuisable battement de cœur de l’histoire
faiseuse d’une lumineuse aube
arborant les drapeaux rouges de la rébellion
leurit des Andes à la mer

Avec le maoïsme la classe marche au Communisme
et avec un Parti d’un nouveau type sa direction
se fraie un chemin à travers la tempête avec le fusil
développant la Guerre Populaire

Avec la lumière universelle de Gonzalo se forge
et se construit la conquête du pouvoir au Pérou
construisant dans le fracas de la Guerre Populaire
l’armée rouge s’est incarnée
pour l’action

Marchent des milliers de légions de fer
qui accomplissent les tâches confiées par le Parti
écrivant en des pages d’acier
la nouvelle histoire avec héroïsme

Nous sommes forgés au mépris de la mort
nous marchons fermement en propageant la flamme
nous transformerons la guerre de guérilla
en une puissante guerre de mouvements

Avec le maoïsme la classe marche au Communisme
et avec un Parti d’un nouveau type sa direction
se fraie un chemin à travers la tempête avec le fusil
développant la Guerre Populaire

développant la Guerre Populaire

Avec les fusils nous entrons dans le triomphe

Longue vie à l’Armée de guérilla populaire !!!!


Sembrando El Fuego / Semant le feu

El pueblo manantial inagotable
donde brotan heroicos combatientes
recio temple, pasión ardiente
nos forjamos en la revolución

Poderosa ideología nos alumbra
como un faro que encamina nuestra acción
levantando la tormenta
arrasamos con toda la opresión

Es Gonzalo quien demanda a dar la vida
por el Partido y la revolución
incontenibles avanzamos
arrinconando a la hiena en su cubil.

Es Gonzalo que demanda a dar la vida
por el Partido y la revolución
asumimos el compromiso
potenciando la Guerra Popular

Mar de masas, mar embravecido
que a su paso va sembrando el fuego
con vanguardia heroico combatiente
va conquistando el Poder

Desarrollando las bases de apoyo
la perspectiva brillante abierta está
la garantía de todos los triunfos
el Presidente Gonzalo

Desarrollando las bases de apoyo
la perspectiva brillante abierta está
la garantía de todos los triunfos
el Presidente Gonzalo

el Presidente Gonzalo

Le peuple une source inépuisable
d’où jaillissent d’héroïques combattants
robuste trempe passion ardente
nous sommes forgés dans la révolution

Une idéologie puissante nous éclaire
comme un phare qui oriente notre action
en soulevant la tempête
nous balayons toute l’oppression

C’est Gonzalo qui exige de donner sa vie
pour le Parti et la révolution
irrépressibles nous avançons
acculant la hyène dans sa tanière

C’est Gonzalo qui exige de donner sa vie
pour le Parti et la révolution
nous assumons l’engagement
renforçant la Guerre Populaire

Mer des masses mer déchaînée
qui sur son passage sème le feu
avec l’avant-garde héroïque des combattants
va conquérant le Pouvoir

Développant les bases d’appui
la perspective lumineuse est ouverte
la garantie de tous les triomphes
le Président Gonzalo

Développant les bases d’appui
la perspective lumineuse est ouverte
la garantie de tous les triomphes
le Président Gonzalo

le Président Gonzalo


Rumbo Al Comunismo / Cap sur le Communisme

Militantes del glorioso Partido Comunista
que forjados en la fragua de la revolución
con mente clara y voluntad resuelta
pasión inextinguible al Comunismo va

Enarbolar, enarbolar, defender, defender
y aplicar el maoísmo universal
enarbolar, enarbolar, defender y aplicar
pensamiento gonzalo en el Perú

Militantes de la heroica vanguardia proletaria
van rompiendo las cadenas de oprobio y opresión
con entrega total a nuestra causa
ofrendan hoy sus vidas con heroicidad

Enarbolar enarbolar defender defender
y aplicar el maoísmo universal
enarbolar enarbolar defender y aplicar
pensamiento Gonzalo en el Perú

Militantes

¡¡¡Marchamos rumbo al Comunismo!!!

Militants du glorieux Parti communiste
qui ont forgé dans le fracas de la révolution
avec un esprit clair et une volonté résolue
la passion inextinguible pour le Communisme

Arborer, arborer, défendre, défendre, défendre
et appliquer le maoïsme universel
arborer, arborer, défendre, défendre, et appliquer
la pensée Gonzalo au Pérou

Les militants de l’héroïque avant-garde prolétarienne
brisent les chaînes de l’opprobre et de l’oppression
avec un dévouement total à notre cause
offrant aujourd’hui leur vie avec héroïsme

Arborer arborer défendre défendre défendre
et appliquer le maoïsme universel
arbore arborer défendre défendre et appliquer
la pensée de Gonzalo au Pérou

Militants

Nous marchons vers le communisme !


Científica Luz / Lumière scientifique

Grandiosa ideología poderosa
punto vital de inmensa trascendencia
grandiosa ideología poderosa
punto vital de inmensa trascendencia

Científica luz de la clase
que nos arma hasta el Comunismo
científica luz de la clase
garantía hasta el Comunismo

garantía hasta el Comunismo

Viva el pensamiento Gonzalo
aplicación creadora de la verdad universal

Viva el pensamiento Gonzalo
aplicación creadora de la verdad universal

Las grandes cumbres del proletariado
al marxismo han desarrollado
deviniendo en marxismo-leninismo
hoy en día maoísmo lo más alto

enarbolando, defendiendo y aplicando
el maoísmo como mando y guía

el maoísmo como mando y guía

Viva el pensamiento Gonzalo
aplicación creadora de la verdad universal

Viva el pensamiento Gonzalo
aplicación creadora de la verdad universal

Nuestra revolución
con Partido Comunista
invencible Guerra Popular

Viva el pensamiento Gonzalo
aplicación creadora de la verdad universal

Viva el pensamiento Gonzalo
aplicación creadora de la verdad universal

Nuestra revolución
con Partido Comunista
invencible Guerra Popular

invencible Guerra Popular

Grande idéologie puissante
point vital d’une immense transcendance
grandiose idéologie puissante
point vital d’une immense transcendance

Scientifique lumière de la classe
qui nous arme jusqu’au Communisme
Scientifique lumière de la classe
garantie jusqu’au communisme

garantie jusqu’au communisme

Vive la pensée Gonzalo
application créative de la vérité universelle

Vive la pensée Gonzalo
application créative de la vérité universelle

Les grands sommets du prolétariat
le marxisme s’est développé
en devenant le marxisme-léninisme
aujourd’hui le maoïsme au plus haut niveau

arborer, défendre et appliquer
le maoïsme comme commandement et guide

le maoïsme comme commandement et guide

Vive la pensée Gonzalo
application créative de la vérité universelle

Vive la pensée Gonzalo
application créative de la vérité universelle

Notre révolution
avec le Parti communiste
invincible Guerre Populaire

Vive la pensée Gonzalo
application créative de la vérité universelle

Vive la pensée Gonzalo
application créative de la vérité universelle

Notre révolution
avec le Parti communiste
invincible Guerre Populaire
invincible Guerre Populaire


Gloria A Los Héroes / Gloire aux héros

Tiempos de guerra viva Gonzalo
y la progenie de los hombres nuevos
que va sembrando que va alumbrando
en nuestra patria un grito de guerra
el 19 junio estalló

en nuestra patria un grito de guerra
el 19 junio estalló

Los prisioneros soldados rojos
en luminosas trincheras combaten
el genocidio de la reacción
el Frontón Lurigancho el Callao
al mundo entero estremeció

el Frontón Lurigancho el Callao
al mundo entero estremeció

Gloriosa muerte
héroes del pueblo
grito de guerra
luminoso ejemplo

como estandartes que anuncian victorias

hoy nuevas cumbres remontando estamos
que en nuestro pecho se agita ardiente

hoy nuevas cumbres remontando estamos
viva Gonzalo gloria a los héroes
viva Gonzalo viva el Comunismo

viva Gonzalo viva el Comunismo

(Luminosa Trinchera de Combate
Cantogrande)

Les temps de la guerre vive Gonzalo
et la progéniture des hommes nouveaux
qui va semant qui va éclairant
dans notre patrie un cri de guerre
le 19 juin a éclaté

dans notre patrie un cri de guerre
le 19 juin a éclaté

Les prisonniers les soldats rouges
dans de lumineuses tranchées combattent
le génocide de la réaction
el Frontón Lurigancho el Callao
le monde entier a été ébranlé

el Frontón Lurigancho el Callao
le monde entier a été ébranlé

Glorieuse mort
héros du peuple
cri de guerre
lumineux exemple

comme des bannières annonçant des victoires

aujourd’hui de nouveaux sommets nous gravissons
qui dans nos poitrines cela s’agite avec ardeur

aujourd’hui de nouveaux sommets nous gravissons
vive Gonzalo gloire aux héros
vive Gonzalo vive le Communisme

vive Gonzalo vive le Communisme

(Lumineuse Tranchée de Combat Cantogrande)


Por El Este Nace El Sol / Le soleil se lève à l’Est

Por las mañanas miro en el este
nace el sol nace el sol
es un sol rojo
el maoísmo
en mi corazón en mi corazón

Por las mañanas miro en el este
nace el sol nace el sol
es un sol rojo
el maoísmo
en mi corazón en mi corazón

Les matins je regarde vers l’est
se lève le soleil se lève le soleil
c’est un soleil rouge
le maoïsme
dans mon cœur dans mon cœur

Les matins je regarde vers l’est
se lève le soleil se lève le soleil
c’est un soleil rouge
le maoïsme
dans mon cœur dans mon cœur

La Parabole des aveugles et les deux singes

Pour conclure, voici deux peintures de nature extrêmement complexe. Elles sont complexes, car de par leur nature, elles exigent qu’on saisisse tout le contexte historique de l’humanité alors.

On a ainsi Deux singes, une peinture de 23 cm sur 20 cm. Il existe une grande quantité d’interprétations de cette œuvre.

Mais absolument jamais il n’y a la considération que c’est une représentation réaliste de la situation absolument terrifiante de deux singes mangabeys à collier.

Il est simplement constaté que derrière eux on voit le port d’Anvers, et que là arrivaient des animaux exotiques pour les collectionneurs.

Alors que le contraste avec leur environnement africain est saisissant bien sûr ! On a ici une œuvre terrible, absolument terrible dans ce qu’elle montre.

C’est une honte historique de ne pas le souligner, surtout quand on voit par exemple que les commentateurs bourgeois en arrivent tout de même à dire que la longueur de la queue symbolise la durée de l’affrontement des Pays-Bas avec l’Espagne !

C’est toute la réalité du capitalisme qui se développe et de la contradiction entre villes et campagnes que ces commentateurs ne veulent pas voir. La peinture des deux singes est une expression historique dramatique !

Il en va de même pour La Parabole des aveugles, un tableau à l’inverse d’un très haut niveau technique, et de grande taille (86 cm sur 154 cm). Le titre fait référence à une parabole utilisé par Jésus, ici conté par Luc :

37 Ne jugez point, et vous ne serez point jugés; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés; absolvez, et vous serez absous. 

38 Donnez, et il vous sera donné: on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis.

39 Il leur dit aussi cette parabole: Un aveugle peut-il conduire un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse? 

40 Le disciple n’est pas plus que le maître; mais tout disciple accompli sera comme son maître. 

41 Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil?

Les aveugles, guidés par un aveugle, tombent dans le fossé. Les critiques d’art en général considèrent que c’est une œuvre majeure, le mouvement est présenté il est vrai de manière magistrale.

Cette œuvre avait particulièrement marqué Baudelaire, qui s’en est inspiré pour un poème, intitulé Les aveugles. Comme c’est la norme, ce poème est ridicule, comme toujours chez Baudelaire ; ses remarques artistiques sont toujours plein de pertinence et de fulgurance, par contre.

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules ;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité.
Ce frère du silence éternel. Ô cité !
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Éprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
Vois ! je me traîne aussi! mais, plus qu’eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

Il faut remarquer que dans la peinture de Bruegel, les infirmités sont détaillées de manière précise. On ne voit pas les yeux du premier personnage tout à droite. Le second a vu ses yeux être enlevés.

Le troisième souffre d’un leucome, la quatrième d’une atrophie des globes oculaires. La lumière n’atteint pas les yeux du cinquième ou bien il souffre de photophobie ; quant au sixième, il souffre d’une pemphigoïde des muqueuses oculaires.

C’est là une démarche scientifique de haut niveau, reflétant une connaissance approfondie, et une étude réelle, comme on peut le voir à l’attitude des aveugles.

Une copie du tableau présente au Louvre ajoute des oies, une vache et un homme les surveillant à l’arrière-plan, entre eux et l’église. Cette dernière a été identifiée comme l’église Sainte-Anne de Pede-Sainte-Anne. C’est la même qui est représenté dans Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux.

Certains critiques d’art l’opposent aux aveugles et pensent que cela montre l’indifférence de l’Église ; d’autres associent les deux et pensent que l’œuvre dénonce l’Église comme guidée par un aveugle.

C’est en réalité secondaire. Il en va du réalisme, voilà l’essentiel. Bruegel a peint le peuple et il a porté un regard démocratiques ; il s’est fait le portrait d’une réalité où la ville et la campagne commençait une confrontation majeure.

Cette peinture est pleine d’empathie, elle souligne que bien entendu les choses ne doivent pas en rester ainsi. C’est un tableau porteur d’une charge révolutionnaire démocratique, dans l’esprit de la peinture de Bruegel, porté par le protestantisme, le peuple des villes.

Et les paysans, par le protestantisme, sont eux-mêmes emportés dans ces villes, le capitalisme révolutionnant les campagnes, démolissant les vieux cadres pour unifier à un niveau supérieur.

Bruegel est le témoin d’un moment-clef de l’Histoire du monde.

=>retour au dossier sur Bruegel et la peinture du peuple des villes

Les douze mois de l’année chez Bruegel

Le très riche percepteur Niclaes Jonghelinck avait acheté La Tour de Babel de Bruegel, ainsi par ailleurs que Le Portement de Croix.

Il était très proche du peintre et on sait également qu’il s’était procuré les « douze mois de l’année ». Si on n’est pas certain de ce à quoi cela fait référence, il a été conjecturé qu’il s’agissait de six tableaux, représentant chacun deux mois.

Cela est d’autant plus logique qu’alors aux Pays-Bas, on ne parlait pas de quatre saisons, mais de six : le pré-printemps, le printemps, le début de l’été, l’été avancé, l’automne et l’hiver.

Pour les œuvres concernées, on pense à La Journée sombre pour février et mars, La Fenaison pour juin et juillet, La Moisson pour août et septembre, La Rentrée des troupeaux pour octobre et novembre, Chasseurs dans la neige pour décembre et janvier.

Une œuvre est perdue ; La moisson et Chasseurs dans la neige sont des chefs-d’œuvre ici déjà valorisés.

La Journée sombre mérite bien son nom ; dans le coin droit, on voit deux enfants, avec une couronne (pour les rois mages) et une gaufre (comme au moment du carnaval).

On retrouve les éléments habituels chez Bruegel, avec une mise en perspective, un paysage montagneux inquiétant (et non présent aux Pays-Bas de toutes façons), etc.

Ce qui est par contre différent et indéniablement réussi, c’est le ciel : toute la surface concernée est grise et en mouvement, complètement en contraste avec le partie brune-ocre de la partie basse du tableau.

C’est à en regretter que le ciel n’ait pas mérité une peinture en lui-même, mais pour cela il aurait fallu une approche romantique qui ne peut être que post-protestante.

La fenaison, si on regarde bien, obéit au même découpage compositionnel.

Et il en allait pareillement pour La moisson et Chasseurs dans la neige !

Voici La Rentrée des troupeaux.

Si on regarde bien, la construction est celle de la moisson, mais inversée.

Il y a une pente descendante, qui aboutit à un prolongement dont le bout est qualitativement plus prononcé. Il y a un espace central aspirant.

Et on retrouve ce principe d’une ligne qui vient d’en haut pour s’étaler en contre-bas dans Le Suicide de Saül (33,5 cm sur 55 cm) et La Conversion de saint Paul (108 cm sur 156 cm).

Saül, roi d’Israël, se suicide après sa défaite face aux Philistins ; Paul (ou Saül) était un juif romain persécutant les chrétiens, mais ayant une vision et devenant littéralement le fondateur du catholicisme.

La Fuite en Égypte fonctionne pareillement selon le même principe. Joseph emmène Marie et le petit Jésus pour se réfugier en Égypte, le roi Hérode ayant décidé de tuer tous les enfants de moins de deux ans par peur du « roi des Juifs ».

Il en va de même pourLe Dénombrement de Bethléem, de 1556, de format 116 cm sur 164,5 cm. Bruegel joue sur un arc de cercle, et pour le combler il place souvent un cours d’eau, qu’il ajuste pour équilibrer l’ensemble.

On notera que les gens, dont Marie et Joseph, viennent se faire recenser à un endroit dont l’enseigne visible sur la droite représente en quelque sorte l’aigle double des Habsbourg,la couronne impériale et la chaîne de l’Ordre de la Toison d’Or !

=>retour au dossier sur Bruegel et la peinture du peuple des villes

La Tour de Babel de Bruegel

Il existe deux versions de la Tour de Babel chez Bruegel, toutes deux de 1563. Dans la Bible, elle est très marquante comme exemple de la démesure humaine que Dieu rabaisse. Voici le passage concerné.

1 Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. 

2 Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. 

3 Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. 

4 Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. 

5 L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. 

6 Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. 

7 Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. 

8 Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. 

9 C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre.

La première version de Bruegel est moins élaborée et de plus petite taille (94 cm sur 74 cm) que la seconde.

La Tour est construite sur un polder, c’est-à-dire sur un terrain gagné sur la mer de manière artificielle. Est-ce là une référence à l’orgueil humain, ou bien à l’époque ?

En effet, les techniques employées sont également du 16e siècle.

On voit que la tour semble déjà déséquilibrée à la base.

Il y a également beaucoup d’agitation, montrée par les bateaux sur le côté droit, alors qu’une foule immense est en action sur la tour elle-même.

Il y a également une procession religieuse, ce qui est très étrange puisque le récit de la Tour de Babel est censé dater littéralement des débuts de l’humanité ! Il s’agit sans doute de montrer que l’Église elle-même peut tomber dans l’orgueil.

Tout cela donne une étrange impression et si la tour est massive, il n’y a pas de complexité réelle dans la composition. C’est en cela qu’il va être très intéressant de voir comment Bruegel a mis en place sa seconde version, qui est bien plus grande (114 cm sur 155 cm).

Il a réduit le nombre d’étages, il a ajouté une ville, il a ajouté des personnages au premier plan. Le côté droit de la Tour est également ouvert, aux dépens de l’activité des bateaux sur le même côté.

Il est indubitable que la Tour de Babel de Bruegel a une ressemblance avec le Colisée de Rome.

Les commentateurs bourgeois n’y ont vu qu’une dénonciation de la Rome païenne, mais il peut tout à fait y avoir une allusion à la Rome catholique avec le pape.

Il semble en tout cas y avoir un souci dans cette construction où les arches semblent surtout posées les unes sur les autres, sans que le socle porteur ne soit réellement utilisé. La précarité de la situation est assez patente.

Pour les gens à l’époque, l’effort d’une telle présentation d’une construction architecturale en cours devait nécessairement être marquante. Non pas au sens d’une surprise, car on n’est plus au moyen-âge, mais comme reflet de l’évolution technique.

Avec ses aspects techniques, la peinture de Bruegel est le témoin et le drapeau d’une révolution technique en cours, qui accompagne le développement du capitalisme et des villes.

On a quitté le moyen-âge et l’artisanat, on a quitté le travail individuel, isolé, séparé. On est dans les efforts collectifs immenses, avec une division du travail, des techniques éprouvées, des calculs physiques et mathématiques.

Ce n’est donc pas, au sens strict, une peinture avec une image d’un épisode de la Genèse, mais une peinture qui exprime toute une époque historique à travers un mythe religieux.

C’est un manifeste moderne, avec la technique et les masses.

Voici, enfin, le roi Nemrod qui vient rendre visite au chantier avec une délégation. L’ambiance n’est pas très claire : certains expriment une grande servilité, d’autres continuent de travailler.

On notera que la signature du peintre est en bas à droite, inscrite sur une pierre taillée.

Cette scène, aussi peu complexe qu’elle soit, souligne la puissance de calcul du peintre, qui jongle avec une multitude d’éléments et parvient à les assembler dans une composition. C’est une gigantesque partie d’échecs en peinture.

=>retour au dossier sur Bruegel et la peinture du peuple des villes

La Danse et le mariage chez Bruegel

La Danse des paysans et La Danse de la mariée en plein air ont en commun, on l’aura compris, la danse. La première peinture date de 1568 et a comme dimension 119,4 cm sur 157,5 cm ; la seconde date de 1566 et a le même format.

Ces œuvres ont beaucoup marqué les esprits et souvent on associe Bruegel à ce type de peinture, pour ne pas dire qu’on le réduit à cela.

Il faut dire que dans La Danse des paysans, on se croirait assister à la scène.

Les personnages ont des traits relativement grossiers, mais leur bonhomie triomphe, et le rythme est omniprésent.

C’est une véritable photographie.

La Danse de la mariée en plein air est également assez efficace dans le typique.

Par contre, l’attention n’est pas porté sur quelques personnages précisément. Au lieu de la qualité, on a la quantité, avec 125 personnes présentes au mariage, et toutes impliquées dans quelque chose.

C’est la vie du peuple qui est montré, dans un moment clef de son existence sur le plan de la vie quotidienne.

C’est la joie qui ressort, l’effervescence.

Le Repas de noce forme le dernier tableau de cette sorte de trilogie. C’est une peinture extrêmement connue ; elle date de 1568 et mesure 114 cm sur 164 cm.

Comme pour Chasseurs dans la neige, c’est le calme qui amène une telle fascination pour ce tableau, même si La Danse des paysans est davantage typique, davantage complexe.

Il y a ici quelque chose de posé, non plus comme une photographie, mais comme une sorte de film au ralenti. On arrive à cerner tous les aspects, sans être débordé.

On retrouve l’opposition rond / carré, sensible / rationnel de l’opposition entre Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux et Chasseurs dans la neige.

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Chasseurs dans la neige

Chasseurs dans la neige est une œuvre extrêmement célèbre. Faisant 117 cm  sur 162 cm, elle est donc bien plus grande que Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux, qui date également de 1565.

On la retrouve également dans les films Solaris (1972) et Le Miroir (1975) de l’immense réalisateur, le maître Andreï Tarkovski.

Pourquoi cette œuvre est-elle si célèbre, surtout comparé à Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux ? C’est peut-être qu’on retrouve tous les éléments de ce tableau – avec les patineurs, les joueurs du golfe sur glace et ceux de la variante du curling, etc. – avec cependant cette fois un contraste très marqué.

En effet, les chasseurs baissent la tête, les chiens ont l’air épuisé également. La chasse été mauvaise, on ne voit qu’un renard maigre sur le dos d’un chasseur. Le peintre a même mis des pas d’un lièvre dans la neige devant les chasseurs, pour souligner qu’ils l’ont manqué.

Et au loin on voit des montages pittoresques, inaccessibles, impraticables pour la chasse. Les perspectives semblent bouchées. Naturellement, de telles montagnes ne sont pas présentes aux Pays-Bas.

Les chasseurs passent d’ailleurs devant une auberge, dont le nom est « Dit is inden Hert ». Cela signifie « Au cerf » et on voit d’ailleurs Eustache comme saint sur le panneau.

Ce dernier penche, en correspondance avec l’échec de la chasse : Eustache est le saint des chasseurs. Il devint chrétien de la manière suivante : il poursuivait un cerf et au moment de le tuer, un crucifix apparut entre les cors de celui-ci.

Un peu plus tard, la légende fut racontée de nouveau pour Hubert de Liège, qui prit la place de saint des chasseurs.

Et devant l’auberge, c’est un cochon qui a été tué et qui va être cuit. C’est encore un contraste avec la situation des chasseurs, dont l’échec apparaît comme encore plus grand, la situation d’autant plus précaire.

On remarquera qu’on retrouve la trappe aux oiseaux des Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux.

On a, de fait, pareillement la contradiction entre la ville et la campagne qui s’expose. L’humanité s’en sort mieux, par la ville, mais cela se fait aux dépens des animaux.

Et finalement, la ville implique une guerre contre eux. Ici, on n’a plus seulement la trappe aux oiseaux, mais la chasse, et l’élevage avec le cochon tué.

Tout comme Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux, on a également une ville un peu plus loin, mais la différence notable, c’est que la glace se situe dans un endroit fermé, alors que c’était sur un cours d’eau dans l’autre tableau.

C’est là que tout se joue. Dans Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseau, tout est tranquille, mais il n’y a pas de côté défini, en cadré, borné qu’on trouve dans Chasseurs dans la neige.

Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux présente une atmosphère, un état d’âme. Le caractère national-démocratique est tout à fait net. Chasseurs dans la neige est un tableau qui dresse une situation ; on ne s’y perd pas, on s’y oriente de manière facile.

Il n’est pas étonnant que le premier eut un succès retentissant à son époque, alors que c’est le second qui est désormais bien plus connu. Il y a une dimension rationnelle qui l’emporte sur l’aspect sensible.

On pourrait dire pour caricaturer que le premier tableau est rond, le second carré ; on ne les aborde pas de la même manière. C’est très révélateur de l’évolution de l’humanité, de sa transformation historique.

Et ces deux tableaux vont forcément continuer de vivre dans l’avenir, avec un regard toujours plus complexe, plus riche posé sur eux.

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Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux

Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux est une œuvre très connue de Bruegel, une œuvre remarquable. Datant de 1565, elle exprime avec profondeur la contradiction entre les villes et les campagnes qui naît avec le capitalisme.

Étonnamment petite (37 cm sur 55,5 cm) alors qu’il aurait pu s’agir d’un grand panneau, cette peinture nous amène dans une situation où c’est tout un nouveau rapport avec la Nature qui se présente. Le jeu des patineurs sur la glace est ainsi une ode populaire, à la croisée de la Nature et de la culture. Les masses ont les moyens de s’amuser, de s’épanouir.

On n’est plus dans un moyen-âge arriéré, il y a des patins, il y a une maîtrise des phénomènes naturels, une appréciation de ceux-ci.

Le fait d’avoir bien souligné la présence des maisons – et à côté des maisons, de l’église – en fait un chef-d’œuvre des villes naissantes. Il y a d’ailleurs une ville plus grande au loin. Il s’agit a priori d’Anvers, si le village représenté est bien celui de Pède-Sainte-Anne, comme des chercheurs le pensent.

Ce tableau est une ode au peuple naissant, à la société organisée se développant ; sa charge démocratique est indubitable. Et les arbres, dans leur présentation, sont typiques de l’esprit flamand, si proche du futur romantisme allemand.

La profondeur nationale-démocratique de cette œuvre est si réelle qu’il n’y a pas de personnages qui prend le dessus, on a le peuple. Et, dans le même temps, les activités sur la glace sont nombreuses, différentes.

Outre le patinage, on a une variante du curling, ainsi qu’une sorte de golf sur la glace. Le mouvement que l’on voit avec chaque personnage est d’une rare éloquence. C’est un portrait vivant, avec une capacité magistrale au typique.

Certains regretteront le ton du tableau, son teint ocré, peu engageant peut-être. Mais telle est la réalité des Pays-Bas alors et, à l’inverse, on y gagne une tranquillité d’une remarquable expression.

La peinture a d’ailleurs eu un succès remarquable dès l’époque et a été maintes fois reproduites ensuite, par la famille de Bruegel, puis par la suite par différents peintres, ce qui fait qu’il est très difficile de les attribuer.

Il existe de ce fait encore un doute même quant à l’auteur de ce tableau précisément. Si la composition est celle de Bruegel, il est possible que cela soit une version postérieure réalisée par son fils Pieter Brueghel le Jeune.

Voici trois variantes. La première, dont l’auteur est inconnu, appartenait au roi du Danemark et de Norvège Christian IV, et faisait partie de la décoration du château de Rosenborg à Copenhague.

Les deux version suivantes sont attribués à Pieter Brueghel le Jeune. La première œuvre est aujourd’hui en Pologne, au musée national de Wrocław. La seconde œuvre a appartenu à la reine d’Espagne Élisabeth Farnèse et est aujourd’hui au musée du Prado, à Madrid.

Il y a maintenant la question de la trappe visant à capturer les oiseaux. Si les corvidés, très malins, restent plutôt à l’écart, tel n’est pas des bouvreuils pivoines.

L’interprétation traditionnelle est la suivante. Les gens pensent à s’amuser à la première occasion. Or, cela peut s’avérer un piège, et leur âme peut être capturée par le diable aussi simplement que les oiseaux représentés, attirés par la nourriture disposée à leur attention.

C’est tout à fait conforme avec le protestantisme. Reste qu’il faut ajouter une dimension toujours oubliée : celle du rapport aux animaux. Et on a vu que Bruegel n’oublie jamais cette question. Cela provient d’une exigence, celle du réalisme, cependant également d’un véritable regard.

La naissance des villes s’associe immanquablement avec un rapport davantage conflictuel avec le monde animal. Il y a une contradiction flagrante : les gens s’amusent, alors qu’un peu plus loin, on cherche à tuer.

Le positif affronte le négatif, et cela au cœur même d’une peinture qui fait ressortir la tranquillité, la bonhomie.

L’humanité parvient à s’en sortir en hiver – et l’hiver 1564-1565 avait été particulièrement dur -, et pourtant, en parallèle, il y a une guerre contre des oiseaux qui eux aussi doivent affronter l’hiver. On a déjà la ville qui se referme sur elle-même.

Il y a là quelque chose qui est très lourd de sens, si l’on pense à ce que sont devenus les villes ensuite, avec leurs lumières permanentes, leurs pics anti-oiseaux, leurs grands immeubles et leurs grandes vitres qui sont autant de dangers meurtriers pour les oiseaux. On a dans le tableau l’annonciation d’une terrible guerre qui commence.

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Le point de vue de Baudelaire

Si Baudelaire est un poète ridicule et niais, et opportuniste, il écrit admirablement bien quant il s’agit de prose. Toujours enclin à la fulgurance, il a été un critique d’art attentif.

S’il n’a rien compris à Bruegel – par méconnaissance de la question protestante, du rapport entre les villes et les campagnes qu’il a pourtant lui-même exprimé avec brio dans les poèmes en prose du Spleen de Paris – son analyse est très intéressante.

Sans comprendre le sens de la contradiction qu’il expose, il affirme qu’il y a deux types de peinture chez Bruegel.

Il y a d’un côté une peinture joviale, amusante, pleine d’esprit et d’entrain… avec une dimension sociale, engagée. Et il y a de l’autre côté une hallucination infernale dont on chercherait vainement le sens.

« Les Flamands et les Hollandais ont, dès le principe, fait de très-belles choses, d’un caractère vraiment spécial et indigène.

Tout le monde connaît les anciennes et singulières productions de Brueghel le Drôle, qu’il ne faut pas confondre, ainsi que l’ont fait plusieurs écrivains, avec Brueghel d’Enfer.

Qu’il y ait là dedans une certaine systématisation, un parti pris d’excentricité, une méthode dans le bizarre, cela n’est pas douteux.

Mais il est bien certain aussi que cet étrange talent a une origine plus haute qu’une espèce de gageure artistique. Dans les tableaux fantastiques de Brueghel le Drôle se montre toute la puissance de l’hallucination.

Quel artiste pourrait composer des œuvres aussi monstrueusement paradoxales, s’il n’y était poussé dès le principe par quelque force inconnue ?

En art, c’est une chose qui n’est pas assez remarquée, la part laissée à la volonté de l’homme est bien moins grande qu’on ne le croit.

Il y a dans l’idéal baroque que Brueghel paraît avoir poursuivi, beaucoup de rapports avec celui de Grand-ville, surtout si l’on veut bien examiner les tendances que l’artiste français a manifestées dans les dernières années de sa vie : visions d’un cerveau malade, hallucinations de la fièvre, changements à vue du rêve, associations bizarres d’idées, combinaisons de formes fortuites et hétéroclites.

Les œuvres de Brueghel le Drôle peuvent se diviser en deux classes : l’une contient des allégories politiques presque indéchiffrables aujourd’hui ; c’est dans cette série qu’on trouve des maisons dont les fenêtres sont des yeux, des moulins dont les ailes sont des bras, et mille compositions effrayantes où la nature est incessamment transformée en logogriphe.

Encore, bien souvent, est-il impossible de démêler si ce genre de composition appartient à la classe des dessins politiques et allégoriques, ou à la seconde classe, qui est évidemment la plus curieuse.

Celle-ci, que notre siècle, pour qui rien n’est difficile à expliquer, grâce à son double caractère d’incrédulité et d’ignorance, qualifierait simplement de fantaisies et de caprices, contient, ce me semble, une espèce de mystère.

Les derniers travaux de quelques médecins, qui ont enfin entrevu la nécessité d’expliquer une foule de faits historiques et miraculeux autrement que par les moyens commodes de l’école voltairienne, laquelle ne voyait partout que l’habileté dans l’imposture, n’ont pas encore débrouillé tous les arcanes psychiques.

Or, je défie qu’on explique le capharnaüm diabolique et drôlatique de Brueghel le Drôle autrement que par une espèce de grâce spéciale et satanique.

Au mot grâce spéciale substituez, si vous voulez, le mot folie, ou hallucination ; mais le mystère restera presque aussi noir. La collection de toutes ces pièces répand une contagion ; les cocasseries de Brueghel le Drôle donnent le vertige. Comment une intelligence humaine a-t-elle pu contenir tant de diableries et de merveilles, engendrer et décrire tant d’effrayantes absurdités ?

Je ne puis le comprendre ni en déterminer positivement la raison ; mais souvent nous trouvons dans l’histoire, et même dans plus d’une partie moderne de l’histoire, la preuve de l’immense puissance des contagions, de l’empoisonnement par l’atmosphère morale, et je ne puis m’empêcher de remarquer (mais sans affectation, sans pédantisme, sans visée positive comme de prouver que Brueghel a pu voir le diable en personne) que cette prodigieuse floraison de monstruosités coïncide de la manière la plus singulière avec la fameuse et historique épidémie des sorciers. »

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La Chute des anges rebelles et Le Triomphe de la Mort 

Si avec Margot la folle on a de la violence, elle reste bizarre, alors que La Chute des anges rebelles et Le Triomphe de la Mort possèdent une vraie brutalité. Les deux œuvres le font toutefois avec une grande différence.

La Chute des anges rebelles se situe, en effet, dans la tradition flamande, il y a une certaine démarche médiévale de représentation des anges, même si l’ensemble est déjà dans une démarche complexe, foisonnante, surchargée.

Ce qui est surtout angoissant, et en cela c’est très différent de Margot la folle où là, il y a un décor, c’est qu’il n’y a dans la partie basse aucun endroit de libre. Tout est occupé par quelque chose.

Le ciel, lui, a beaucoup d’espace. Les anges et l’archange viennent de là. L’expression de leur venue du ciel est très bien faite, et ajoute à l’impression de mouvement massif, de lancée depuis le Ciel pour affronter les forces du Mal.

Impossible d’appréhender d’ailleurs rationnellement ces dernières, seuls les anges se présentent sous des formes réellement reconnaissables et rassurantes, notamment l’archange Michel qui s’en va frapper Satan.

Paradoxalement, ce tableau est encore trop moderne pour nous. Il présente une telle surcharge, de manière réussie, que c’est très difficile à regarder pour nos esprits passés par le capitalisme et cherchant à diviser, séparer, ordonner. Ce tableau du passé appartient à l’avenir.

On notera que ce tableau de 117 cm sur 162 cm est peint à l’huile sur un panneau de chêne. Exposé à Bruxelles, il est très fragile et ne saurait donc être transporté ailleurs pour des expositions. Cela nuit beaucoup à sa reconnaissance dans une situation capitaliste où l’héritage historique n’est pas assumé scientifiquement et culturellement.

On n’a également compris son auteur uniquement à la fin du 19e siècle, lors d’une opération de restauration. Le cadre masquait en fait la signature !

Le Triomphe de la Mort expose quant à lui la violence en soi, celle qui abouti à l’anéantissement. C’est 160 cm sur 120 cm de terreur infernale, impitoyable.

Rien n’est épargné, même pas le paysage. Ici, on n’est plus seulement dans la danse macabre, telle que l’a connue le moyen-âge. On est déjà dans une logique baroque espagnole.

La vie perd devant la mort : on n’est plus du tout dans la démarche protestante. Cela en fait une œuvre très à part, exprimant une agressivité qu’on ne trouve pas normalement. Ce qui est d’ailleurs flagrant, c’est que la ville a disparu.

On n’est simplement dans un cauchemar, qui semble sans fin.

On notera le couple, dans un coin, qui se détourne totalement des événements. Un squelette vient jouer de la musique, indiquant qu’eux aussi n’y échapperont pas.

On peut alors inverser et penser que c’est une dénonciation de la guerre. Et c’est vrai qu’une telle représentation peut être très utile pour cela.

La dimension unilatérale du tableau nuit cependant à en faire une véritable œuvre d’art qui soit réussi.

Ce qui est porté est trop entaché d’un systématisme qui est précisément celui du baroque catholique, espagnol, ultra-réactionnaire, anti-réaliste.

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Margot la folle et la reconnaissance de la femme

Un exemple significatif de l’état d’esprit qui va avec la ville comme nouvelle forme sociale, c’est la peinture de Margot la folle, ou Dulle Griet, Griet est le diminutif flamand du prénom Marguerite en français. C’est une personnage du folklore de la ville de Gand, et le tableau représente le proverbe disant : « elle pourrait piller l’enfer et en revenir indemne ». On a ici Margot pillant l’enfer.

Il y a également un dicton d’Anvers de l’époque disant que :

« Une femme seule fait du boucan, deux femmes causent beaucoup de difficultés, trois femmes se rassemblent uniquement pour faire du commerce pour un marché annuel, quatre femmes mènent à la dispute, cinq femmes forment une armée et pour lutter contre six femmes Satan n’a pas lui-même une arme pour les combattre. »

C’est intéressant, car c’est une reconnaissance ouverte, contradictoire, de la richesse de la psyché féminine, de sa profondeur immense, de sa très grande violence également.

L’œuvre est clairement à rapprocher de l’œuvre de Jérôme Bosch. On peut alors dire que Bruegel fait ici pratiquement un exercice de style. Mais dialectiquement, on peut l’interpréter comme une reconnaissance de la femme et de sa réalité, de sa situation provoquée par des siècles de patriarcat.

C’est une reconnaissance inégale, puissamment contradictoire.

Ce qui est intéressant, c’est que par Margot la folle, on vise surtout à dénoncer l’avarice. Mais là, on a une expression de la puissance féminine, avec même une armée de femmes.

Margot la folle, de taille géante, entraîne dans son sillage des femmes combatives, complètement à rebours de ce qui est attendu de la part des femmes au moyen-âge. C’est là qu’on voit qu’avec les villes, les femmes ont pu gagner en affirmation de leur existence.

Le moyen-âge et la féodalité n’ont été qu’un sas entre le patriarcat et l’esclavage qui ont précédés et le capitalisme et ses villes « citoyennes » qui ont suivi.

Le tableau est souvent présenté comme inquiétant et volcanique. Volcanique, il l’est, mais on ne peut pas vraiment parler de dimension inquiétante, dans la mesure où il est trop délirant pour ça.

Pour le coup, on en revient à la question de l’influence du baroque et de l’Espagne. Un tel foisonnement dépasse la simple logique compositionnelle complexe urbaine, on est vraiment dans une sorte de délire maîtrisée.

Il est vrai que c’était là s’appuyer sur de puissants ressorts pour pouvoir présenter la complexité féminine. Loin de ramener la question démocratique à une simple question d’égalité, Bruegel expose la puissance féminine latente, masquée.

En ce sens, ce tableau est un manifeste des femmes, produit de manière indirecte et contradictoire, de manière inégale et à travers un jeu de miroir puisque vu, ressenti par un homme.

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Le monogrammiste de Brunswick

Voici une peinture flamande datant du milieu des années 1530, avec en-dessous Le Portement de Croix de Bruegel. Le parallèle est évident dans la composition.

Ce tableau dont a pu s’inspirer Bruegel est attribué parfois à Jan van Amstel, plus souvent à un anonyme qu’on a appelé le monogrammiste de Brunswick, car on ne connaît à la base qu’un monogramme comme signature (« J.v.A.M.S.L »). Une telle signature peut également être de Jan van Amstel, de manière assez flagrante.

Et les peintures de ce monogrammiste rappellent clairement des dispositifs de Bruegel. Voici par exemple Ecce homo, voici l’homme, lorsque Ponce Pilate présente à la foule un Jésus qui a été flagellé.

On a le peuple qui est représenté, on a un jeu sur toute une multitude de personnages œuvrant à la composition. Surtout, la scène censée être centrale et la plus visible se voit placée de manière déterminée dans un secteur seulement du tableau, non pas à l’écart, mais sans être flagrante pour autant.

Autrement dit, il est fait appel à un effort de l’esprit pour saisir les combinaisons présentées dans l’œuvre.

On trouve également un esprit de facétie, comme ici dans cette scène avec un acrobate et un joueur de cornemuse, sans doute dans un lieu de prostitution.

Au-delà du rapport entre les deux peintres, il faut bien voir que les Pays-Bas permettant d’un côté d’avoir le peuple, de l’autre d’avoir la ville.

C’est là la clef pour saisir la nature historique de Bruegel.

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Bruegel et Jésus

Regardons maintenant la figure du Christ en tant que tel chez Bruegel. On a déjà une peinture en mode grisaille – autrement dit en noir, blanc et gris. Elle fait 24 cm sur 34 cm.

C’est Le Christ et la Femme adultère, où comme on le sait, Jésus la sauve de la lapidation en disant « Que celui d’entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ».

Jésus écrit d’ailleurs par terre « DIE SONDER SONDE IS DIE », soit « Que celui d’entre vous qui est sans péché ».

L’œuvre ne fut pas vendue et fut la seule dont hérita le second fils de Bruegel, Jan Brueghel l’Ancien. On remarquera que la femme est ici très valorisée, ce qui est notable, surtout quand on voit comment il a pu peindre Marie.

Voici une autre grisaille, justement avec Marie : La dormition de la Vierge. On chercherait en vain une célébration à la mode italienne ou espagnole, un quelconque lien avec l’exigence catholique de transcendance.

Un premier tableau avec le Christ, peu connu, est Le Christ et les Apôtres au lac de Tibériade. Il est pareillement très distant dans son rapport avec jésus.

Jésus s’apprête en fait à embarquer sur une barque, après avoir réalisé de nombreuses guérisons. C’est un épisode raconté par Matthieu :

23 Il monta dans la barque, et ses disciples le suivirent.

24 Et voici, il s’éleva sur la mer une si grande tempête que la barque était couverte par les flots. Et lui, il dormait. 

25 Les disciples s’étant approchés le réveillèrent, et dirent: Seigneur, sauve-nous, nous périssons! 

26 Il leur dit: Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? Alors il se leva, menaça les vents et la mer, et il y eut un grand calme. 

27 Ces hommes furent saisis d’étonnement: Quel est celui-ci, disaient-ils, à qui obéissent même les vents et la mer ?

On voit mal cependant quel rapport la peinture peut avoir avec une quelconque tempête. Déjà, Jésus apparaît seul, avec de nombreux animaux.

Cela donne une impression de grand calme, de tranquillité générale.

Les animaux sont à l’aise, ils ne semblent pas qu’ils soient dérangés depuis au moins quelques temps. Il y a même un tronc qui est sur la route et la bloque en partie.

Ces animaux représentent bien entendu le troupeau guidé par Jésus. Mais il n’y a donc pas la tension qu’on trouve dans le texte de la Bible.

Et l’horizon premier du lac exprime plus la tranquillité flamande, avec ses maisons, que le tumulte d’un lac en Orient.

L’œuvre n’est en soi pas directement marquante. Tout autre est Le Portement de Croix (en fait La procession au Calvaire), de 124 cm sur 170 cm. C’est une œuvre qui a extrêmement attirée l’attention.

Il faut dire qu’il y a plus de 500 personnages représentés, et que de manière notable, le Christ portant la croix apparaît seulement comme un élément parmi bien d’autres.

Le Christ est cependant bien au milieu de la scène. Il est à terre, affaibli… humain. Ce qui se passe, c’est qu’il n’est pas au centre de l’attention. C’est un appel, typiquement protestant, à s’arracher personnellement à sa propre démarche pour se tourner vers le message du Christ.

L’un des pivots de l’étrangeté de la scène est le moulin à vent, placé de manière hallucinée sur un rocher avec une forme très particulière. Pour le vent, l’intérêt est pertinent, mais pour le transport du blé et de la farine, ce n’est pas du tout le cas.

La ville qu’on voit à gauche du moulin est censée être Jérusalem. La transformation flamande du paysage est flagrante.

Un autre aspect totalement flamand, c’est la représentation de Marie, entourée de Madeleine et de Marie (femme de Cléophas), avec Jean à côté. Tous les observateurs ont été frappés de comment cela fait écho à la peinture flamande précédant Bruegel.

On trouve également les fameux deux larrons. Ils sont soutenus par… deux religieux catholiques, un franciscain et un dominicain, en habits du 16e siècle.

Cet anachronisme est surprenant, et peut-être s’explique-t-il par Luc. En effet, chez cet évangéliste, il n’y a pas seulement deux larrons comme chez Marc et Matthieu, mais un bon larron et un mauvais larron.

L’un des deux se repent, alors que l’autre insulte le Christ. Il y a ici place pour une interprétation, somme toute secondaire : ce qui compte, c’est le contraste.

Voici ce qu’on lit chez Luc, ce qui a son importance surtout pour la première phrase :

35 Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »

36 Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,

37 en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

39 L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »

40 Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !

41 Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »

42 Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »

43 Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

En effet, le peuple est observateur dans la peinture, et même il est à côté de l’événement, il est agité en tous les sens, sans que cela fasse cohérence. Regardons d’ailleurs la ligne derrière le Christ et son parcours fait jusque-là : elle est composée d’enfants.

Cette ligne d’enfants est strictement parallèle à la ligne des soldats, qui sont en tenue rouge, espagnole. C’est un parallèle très net qui est tracé entre les soldats et les enfants, pour montrer qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, comme il est indiqué dans la Bible.

La composition joue sur ce plan de manière marquée, mais pas seulement.

Que trouve-t-on en effet en-dessous de ces deux lignes ? On a des éléments populaires, avec le travail représenté (notamment le fait de porter). L’un deux, comme dit dans la Bible, est pris de force pour aller aider Jésus à porter la croix. Il y a parmi les éléments populaires par conséquent des soutiens aux soldats.

Le peuple n’est pas protagoniste de la mise à mort.

Mais le peuple est le peuple et, entraîné dans ses mauvais penchants, il se précipite pour aller assister à la crucifixion. C’est cela, le message du tableau, la charge démocratique qu’on y trouve.

Cette peinture préfigure le point de vue politique de Spinoza, il affirme l’existence du peuple, mais également la nécessité qu’il s’oriente selon des valeurs bien déterminées, pour ne pas se perdre.

On notera enfin ce trait particulier. On voit le mouvement de foule vers le lieu de l’exécution. Mais on a aussi tout à droite un arbre utilisé pour les supplices.

Et si on regarde bien, on a justement à droite de cet arbre un autre arbre qui commence à le dépasser. C’est un jeune chêne.

C’est bien entendu une affirmation de la vie qui triomphe de la mort. Il y a là l’affirmation non pas de l’espoir (catholique), mais de la foi (protestante), de la confiance en la victoire sur les forces de l’obscurité, de la souffrance.

Il n’y a pas, chez Bruegel, de nihilisme.

On est dans la culture, pas dans la décadence, et la peinture de Bruegel représente la charge historique des villes, du protestantisme, du jeune capitalisme qui s’élance et démolit l’ancien monde.

On notera à ce titre Le Massacre des innocents, de 1565, de format 109 cm sur 158 cm.

On y retrouve en effet des soldats pareillement habillés en rouge. C’est de nouveau une allusion aux soldats espagnols.

Ils massacrent les nouveaux-nés, conformément à l’épisode biblique de l’assassinat de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem.

Le fait de placer la scène dans les Pays-Bas d’alors est immanquablement en rapport avec la répression espagnole ayant lieu au même moment. On remarquera que beaucoup d’animaux sont massacrés aussi.

Ce qu’il y a eu une modification par les Habsbourg. Les enfants ont été remplacés par des animaux justement, mais également paquets de linge, des ustensiles de maison, etc. Une copie nous informe de ce qu’on voyait à l’origine.

La peinture de Bruegel n’est pas moraliste, elle est morale. Elle porte le nouveau, contre l’ancien.

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La Pie sur le gibet

Cette peinture à l’huile sur un panneau de 46 cm sur 51 est doublement intéressante déjà de par son rapport au peintre. En effet, à sa mort, Bruegel a voulu que ce soit sa femme qui le conserve. C’est donc une œuvre importante pour lui.

Il y a ensuite le contexte. L’œuvre est produite en 1568, alors que commence en 1567 la furieuse répression menée par le nouveau gouverneur du pays, Ferdinand Alvare de Tolède, à la tête d’un « Tribunal de los Tumultos » nouvellement institué, condamnant à mort sans relâche.

L’œuvre se moque ouvertement de la répression, de la peur de la mort, avec des personnages représentant cette absence de peur en faisant allusion aux expressions « chier sous le gibet », « danser sous le gibet ».

La composition présente-t-elle des allusions ? On a deux forteresses, chacune placé en hauteur. On a un petit village sur la droite, et au loin un village bien plus grand, donnant sur l’eau. On a également une ferme et deux maisons isolées.

Et loin du pouvoir, mais clairement lié aux villages, on a le peuple qui danse, de manière communautaire.

Cette œuvre a une dimension éminemment révolutionnaire, c’est un tableau qui présente un contenu démocratique et populaire, en opposition avec les classes dominantes et même plus directement le régime.

Cette œuvre est la preuve en soi, s’il en fallait une, de l’orientation de Bruegel dans le contexte de son époque. Représenter un tel mépris populaire des autorités, c’est prendre parti.

Ce tableau aligne Bruegel sur le protestantisme et son impact politique aux Pays-Bas.

Ce n’est pas tout cependant. Si on regarde le gibet… Il y a un problème au niveau des trois dimensions. C’est une figure dite impossible.

Soit Bruegel a raté le gibet, soit il l’a fait exprès. S’il l’avait raté, il aurait pu le refaire, et il a nécessairement vu qu’il y avait un souci dans la représentation, ou de toutes façons, cela lui aurait été fait remarquer.

C’est donc un choix. Et l’origine de choix tient à ce qu’il a voulu désacraliser le gibet, le montrer non pas comme une menace terrible, mais comme finalement une absurdité qui ne tiendrait pas longtemps.

On notera au passage que la pie sur le gibet fait allusion au fait de trop bavarder ou de trop rapporter les choses, ce qui amène des risques pour certains en raison de la répression à l’époque.

Bruegel avait dit à sa femme que c’était ces rapporteurs qui devaient terminer au gibet.

Le fait de montrer un personnage en train de déféquer dans un coin est de toutes façons déjà très agressif, alors que le contexte est terrible avec le gibet.

Cela étant, cela aboutit ici à un paradoxe, car cela confère une certaine dimension baroque à cette peinture. Il y a un côté décalé, délirant, surchargé qui par exemple ne se heurte pas du tout au Don Quichotte de Cervantès, une œuvre espagnole par excellence.

Comme on le sait, les Pays-Bas méridionaux – autrement dit ce qui sera la Belgique (et le Luxembourg, et le Nord-Pas-de-Calais) – restant soumise à l’Espagne, vont justement développer un baroque flamand, dont la grande figure est Rubens.

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L’Adoration des mages

De manière surprenante, on a de la neige dans cette représentation des rois mages. L’Adoration des mages dans un paysage d’hiver est un petit tableau de 35 cm sur 55 cm.

On remarquera encore une fois qu’il y a beaucoup de monde, alors que la figure de Marie n’est pas valorisée. Le fait de présenter la neige est une manière de s’approprier l’événement au niveau national également.

L’œuvre a été précédée, quelques années auparavant, par deux œuvres au même thème.

On a déjà L’Adoration des mages, une peinture au format portrait ce qui est rare chez Bruegel. Là encore, il y a une appropriation nationale de l’événement ; on n’est pas du tout à Bethléem.

On a d’ailleurs étonnamment des soldats, mais leur présence, le linge placé curieusement derrière Jésus, ainsi que le marteau de Lucerne (une sorte de hallebarde) pouvant représenter une croix (tout comme l’arbalète) font certainement référence à la crucifixion.

On n’est pas ici du tout dans l’esprit catholique, par ailleurs, d’autant plus exigeant à l’époque dans son combat contre le protestantisme. On a des figures humaines au sens strict, avec des visages marqués.

Joseph se penche, alors qu’on lui parle à l’oreille ; Marie a le visage en partie masqué ; rien ne les distingue des autres personnes présentes. S’ils sont habillés de manière luxueuse, ni Gaspard ni Melchior ne semblent emplis de grâce, seul Balthazar qui offre un encensoir en forme de bateau apparaît comme à la hauteur de la figure qu’il représente.

Il faut vraiment un contexte historique particulier pour qu’une œuvre aussi décalée par rapport aux normes catholiques soit acceptée. En fait, on peut même dire que les personnages sont tous plus ou moins inquiétants et un réel mal à l’aise se dégage de la scène.

La seule explication possible, c’est l’esprit protestant qui considère que l’humanité n’est pas au niveau du message envoyé, que depuis Adam elle ne cesse de se fourvoyer.

Notons une dernière œuvre avec les rois mages, utilisant la technique du tüchlein, c’est-à-dire à la détrempe sur une fine toile de lin non préparée, qui historiquement a été remplacée par la la peinture à l’huile sur toile préparée.

Ici, le paysage est oriental, et c’est le peuple qui est le protagoniste, par le nombre.

Ces trois tableaux des rois mages ne sont, au sens strict, pas exceptionnel. Ils témoignent toutefois de la substance de Bruegel, dans la mesure où les masses, comme quantité, l’emportent à chaque fois sur les figures religieuses saintes, donc malgré leur qualité, voire contre leur qualité.

Il y a une dimension inégale trop marquée dans ces tableaux, et c’est là qu’on devine qu’on est encore dans un processus en cours. On pourrait dire, à la vue de ces tableaux, que Bruegel est d’accord avec une religion de masse, avec un peuple reconnu.

Il est ici dans la lignée d’un Érasme plus que d’un Calvin, mais dans la pratique avec ses œuvres, ce qu’on a en germe porte inévitablement le protestantisme au sens strict.

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Bruegel : le temps et pas seulement l’espace

Les proverbes flamands et les jeux d’enfants ont inspiré Bruegel, cela a été le prétexte à deux peintures particulièrement « remplies ». C’est la même chose pour l’affrontement de Carnaval et de Carême. Et dans cette dernière peinture, les incohérences étaient frappantes quant au moment où les scènes se déroulent.

Les commentateurs bourgeois ont cherché un sens allégorique, avec le temps qui passe, etc.

En réalité, on peut se demander s’ils n’ont pas été obnubilés par la quantité. Pour eux, la qualité résidait dans la quantité. Ils en sont donc restés à l’espace. Ils n’ont pas remarqué la qualité – le temps.

Pour comprendre de quoi il s’agit, prenons un autre tableau, La moisson. Le principe est moins opérationnel, mais il semble fonctionner.

Il suffit ici d’imaginer que les trois personnages sur le côté gauche ne forment qu’un, à différents moments.

On le voit à trois moments différents, mais les trois moments sont présents dans la peinture.

Ce n’est pas là forcément flagrant du tout. Cependant, prenons les jeux d’enfants. Imaginons l’endroit vide.

Là, cela marche très bien. On s’imagine parfaitement un peintre camper à un endroit bien précis, et noter les différentes scènes, une par une.

Puis, dans une peinture, il a retranscrit ce qu’il a vu à tel et tel endroit. Ce qu’on voit ne s’est pas déroulé au même moment, mais par exemple sur une semaine ou un mois.

Ce n’est pas qu’un assemblage théorique des jeux, c’est une photographie sur le long terme !

C’est d’autant plus vrai pour Le combat de Carnaval et Carême. Pas seulement car il y a des incohérences temporelles, puisque ce qui est célébré ne peut pas l’être à la même date… Ce qui est en effet flagrant également, c’est que les scènes se déroulent indépendamment les unes des autres !

Si on regarde bien, chaque groupe ne semble pas remarquer l’existence des autres…

Le principe est-il reproductible pour les autres œuvres de Bruegel ? Cela peut avoir joué, reste à savoir dans quelle mesure. Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux peut par exemple avoir profité du principe, cela ne semble pas déterminant pour autant.

La question dépasse toutefois Bruegel. Ce qui importe ici, c’est la dialectique de l’espace et du temps dans une peinture.

Une peinture authentique est un portrait ; il se fonde sur la réalité, la représentant dans sa substance typique.

Dans quelle mesure cependant le temps exige-t-il d’être figé, comme dans une photographie ? La peinture n’a-t-elle pas été supérieure à celle-ci justement en réussissant à assembler de manière typique ce qui n’est pas forcément, dans l’absolu, toujours présent ?

Il y a ici une vraie question historique.

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