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  • Parti Communiste du Pérou : Nous sommes les déclencheurs [ILA 80] (1980)

    Première école militaire organisée par le PCP
    Première école militaire organisée par le PCP

    19 avril 1980

    Nous sommes les déclencheurs, ceci nous devons le graver profondément dans notre âme. Cette réunion est historique.

    Camarades, nous sommes les déclencheurs, c’est en cette qualité que nous passerons dans l’histoire que le Parti est en train d’écrire en des pages que personne ne pourra détruire…

    Nous sommes les déclencheurs.

    Cette Première Ecole Militaire du Parti, nous l’avons nommée une clôture et une ouverture, elle clot et elle ouvre.

    Elle clot les temps de paix, elle ouvre les temps de guerre.

    Camarades, s’est achevé notre travail les mains désarmées, s’ouvre aujourd’hui notre parole armée : soulever les masses, soulever les paysans sous les immarcescibles bannières du marxisme-léninisme-pensée maozedong.

    Une période s’est terminée, les préparatifs du nouveau ont été menés à bien.

    Nous posons notre sceau sur ce qui a été fait jusqu’ici, nous inaugurons le futur, la clef ce sont les actions, l’objectif c’est le pouvoir.

    Ceci nous le ferons nous-mêmes, l’histoire le réclame, la classe l’exige, le peuple l’a prévu et le désire ; nous devons l’accomplir et nous l’accomplirons, nous sommes les déclencheurs.

    Nous voudrions aborder certains problèmes, je parlerai avec vous le coeur ouvert, avec des paroles de volonté et avec la raison du sentiment ; car cela aussi possède une stricte logique.

    1. NOUS ENTRONS DANS L’OFFENSIVE DE LA REVOLUTION MONDIALE

    Des siècles de dure exploitation se sont déroulés, les masses ont ployé sous le joug, on les a exploitées, subjuguées, elles ont été opprimées implacablement, mais tout au long des temps les masses exploitées ont toujours combattu, puisqu’elles n’ont d’autre voie que la lutte des classes.

    Cependant, dans l’histoire ces masses étaient orphelines, elles n’avaient pas de direction, leurs paroles, leurs protestations, leurs actions, leurs rébellions s’achevaient sur l’échec et l’écrasement ; mais elles n’ont jamais perdu l’espoir, la classe ne le perd jamais.

    Les masses sont la lumière même du monde qui surgit, avec leurs mains elles le transforment, elles créent les instruments ; elles sont la fibre même, la palpitation inépuisable de l’histoire. Ainsi sont produits la pensée, la science, ce qui est le plus élevé.

    Mais les lois de l’histoire qui se produisent d’elles-mêmes à mesure du développement de la lutte des classes, ont créé une dernière classe, le prolétariat international.

    La classe a surgi au milieu d’un système sinistre qui est apparu suant le sang et la boue par tous ses pores, le capitalisme ; un système au sein duquel le prolétariat en combattant a produit des syndicats, des grèves, des résistances et des révolutions.

    Tout ceci s’est concrétisé dans le marxisme et la classe s’est dotée d’un Parti, elle est devenue une classe à l’âge adulte, avec ses intérêts propres, et de cette façon les masses du monde tiennent enfin leur libérateur ardemment désiré.

    Dans les temps anciens, les masses espéraient un libérateur, plaçant leur espoir dans les mains de rédempteurs supposés, jusqu’au jour où est apparu le prolétariat, puissant, invincible et capable de créer un véritable ordre nouveau.

    La classe s’est organisée politiquement et en perspective une autre histoire commence à se tisser, à se matérialiser dans la réalité.

    Le prolétariat en cent années de combat, de défaites et de victoires a appris à combattre et à prendre le pouvoir par les armes.

    Il l’a pris une première fois de façon éphémère, il fut écrasé par le feu et le sang ; cependant nous nous souvenons de la Commune de Paris et ceux qui furent vilipendés sont aujourd’hui des héros et leur exemple vivra, alors que de leurs bourreaux personne ne se souviendra.

    La classe avec Lénine prit le pouvoir en Russie et fit un puissant Etat, continua à combattre, et avec le président Mao Zedong elle nous donna un autre chemin, elle trouva les réponses aux problémes en suspens et la classe commença à combattre sous les bannières du marxisme-léninisme-pensée mao zedong.

    Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, la révolution entra dans l’équilibre stratégique, les saintes alliances réactionnaires, les bourreaux et les ennemis jadis impunis passèrent au second plan.

    Le puissant mouvement ouvrier international, les vagues turbulentes du mouvement de libération nationale, le développement des partis communistes, le marxisme élevé jusquà la haute cime de la pensée maozedong nous ont conduit à une nouvelle situation : nous sommes entrés dans l’offensive stratégique de la révolution mondiale, les prochaines 50 à 100 années seront celles du coup de grâce porté à la domination de l’impérialisme et de tous les exploiteurs.

    C’est l’histoire, qui ne peut être parcourue à l’envers.

    Par les mains de la classe ouvrière, par les directions des partis communistes, par la force de la paysannerie pauvre, qui est le soutien même de la guerre populaire qui grandira de plus en plus jusqu’à démolir le vieil ordre, le monde est entré dans une nouvelle situation : l’offensive stratégique de la révolution mondiale.

    C’est un fait d’une importance transcendante.

    Le Président Mao a dit : « lorsque la tempête approche, le vent gonfle le pavillon ».

    Ainsi, l’oeil du cyclone s’approche, le cyclone a commencé, les flammes invincibles de la révolution se tranforment en plomb, en acier, et du fracas des batailles avec son feu inextinguible sortira la lumière, des ténèbres sortira la luminosité et il y aura un nouveau monde.

    Le vieil ordre de la réaction craque, sa veille embarcation prend l’eau, elle coule désepérément ; mais camarades, rien ne doit nous laisser espérer qu’elle se retire avec bienveillance.

    Marx nous a averti ; en coulant, ils sont encore capables de donner des gifles de noyés, des coups de griffes pour tenter de nous faire couler avec eux.

    Cela est impossible.

    La réaction fait des rêves de sang, des rêves agités troublent leurs sombres nuits, leur coeur machine de sinistres hécatombes ; ils s’arment jusqu’au dents mais ils ne pourront l’emporter, leur destin est pesé et mesuré.

    L’heure est venue de leur régler leur compte.

    Les superpuissances impérialistes, les USA, l’URSS, et les autres puissances envahissent, pénètrent, sapent, détruisent, cherchent à tout faire sombrer dans l’effroi.

    Mais, comme dit le président Mao, en attaquant, en agressant, en lançant des offensives, il s’éparpillent et entrent dans les entrailles puissantes du peuple ; et le peuple se cabre, s’arme et se soulèvant en rébellion, il passe la corde autour du cou de l’impérialisme et des réactionnaires, il les prend à la gorge, les tient sous son étreinte ; et nécessairement il les étranglera, nécessairement.

    Les chairs réactionnaires il les effrangera, il en fera du fil, et ces noirs rebuts il les jettera dans la fange, et le restant il l’incinèrera, et ses cendres il les dispersera aux quatre vents de la terre pour que ne reste pas même le souvenir sinistre de ce qui ne doit jamais revenir parce qu’il ne peut ni ne doit revenir.

    Camarades, tel est le monde d’aujourd’hui.

    Il nous a été donné de vivre une époque extraordinaire.

    Jamais auparavant les hommes n’ont eu destin si héroïque, ainsi cela est écrit.

    Aux hommes d’aujourd’hui, à ces hommes qui respirent, qui luttent, qui combattent, il leur a été donné de rayer la réaction de la face de la Terre, c’est la mission la plus lumineuse et la plus grandiose qui puisse être accordée à une génération.

    Nous nous trouvons dans cette situation.

    La révolution mondiale entre dans l’offensive stratégique, rien ne peut l’emporter face à elle ; des légions de fer innombrables se lèvent et se lèveront de plus en plus, et en se multipliant inépuisablement elles encercleront et anéantiront la réaction.

    La réaction en déchirant les chairs du peuple, en étendant ses griffes sanglantes ne fait que s’emmêler et s’embrouiller ; elle cherche à étancher sa soif dans le sang du peuple, mais ce sang se lève comme des ailes furieuses et ces chairs frappées se transforment en de puissants fouets vengeurs et ses muscles et son action se tranforment en un bélier d’acier pour briser les oppresseurs, qu’il écrasera irrémédiablement.

    La réaction camarades ne pourra l’emporter de quelque façon que ce soit.

    La révolution triomphera, l’heure a sonné.

    La lutte sera dure, ardue, cruelle ; longue et difficile.

    Le triomphe nous appartient, la masse s’imposera, la paysannerie se soulèvera, la classe la dirigera ; les Partis Communistes commanderont et les drapeaux rouges seront hissés pour toujours.

    La réaction a ouvert son dernier chapitre, c’est dans ce monde que nous nous déployons.

    2. NOTRE PEUPLE ENTAME LA PRISE DU POUVOIR PAR LES ARMES

    Dans cette grande épopée de l’histoire mondiale, notre peuple joint aux frères de classe de l’Amérique Latine, joint aux masses latino-américaines a un rôle à jouer, il l’accomplit et l’accomplira plus encore.

    Notre peuple entame la prise du pouvoir par les armes.

    Il a des centaines d’années de lutte ; les mouvements paysans ont ébranlé les racines de l’exploitation, mais n’ont pas réussi à les démolir.

    Dans ce pays s’est forgé le parti Communiste, acier pur, qui a engendré la lumière en s’abreuvant au marxisme-léninisme-pensée maozedong.

    Camarades, au milieu de ce peuple, dorénavant nous entrons dans une troisième étape ; cette troisième étape est celle de l’affrontement armé.

    La révolution et la contre-révolution s’apprêtent à la violence.

    Eux s’apprêtent à répéter leur vieille et sanglante violence, leur paix des baïonnettes, leur guerre maudite qui liquide dans les prisons, dans les écoles, dans les usines, dans les champs, qui assassine jusque dans les ventres maternels.

    Cette sinistre violence trouve aujourdhui un adversaire à sa mesure.

    La violence de la révolution s’apprête à définir son affrontement armé.

    Notre peuple qui a une riche histoire s’achemine enfin à la phase finale, au sommet de l’étape démocratique de la révolution ; les masses s’ébranlent, l’essor grandit, la tempête se rapproche.

    La réaction de ce pays tout comme la réaction mondiale rêve de paysages de fer et de sang, elle cherche à inonder la révolution, à la noyer dans le sang, à l’écraser.

    Ce ne sont des rêves, vieux, noirs et violents.

    La situation n’est plus celle d’hier.

    De l’eau a coulé sous les ponts, le capitalisme bureaucratique a fait mûrir la révolution, les lois agraires les unes après les autres ne donnent que frustration et la paysannerie a compris la leçon : rien ne lui sera donné, rien ne peut être attendu d’une loi, la terre elle devra la conquérir de ses propres mains armées.

    La classe ouvrière est de plus en plus puissante, plus mûre, sa conscience est de plus en plus élevée, ses effectifs de plus en plus nombreux, elle est plus forte en politique, plus forte qu’hier.

    Les masses populaires grandissent dans notre pays. La petite-bourgeoise se prolétarise, elle n’a d’autre destin que de servir la révolution et se mettre à la disposition du prolétariat ; elle n’a pas d’autre destin, elle n’a d’autre route que celle de servir la révolution, suivant les ordres de la classe ouvrière, et lutter opiniâtrement pour suivre le chemin du Parti.

    Il est bon de rappeler cela, parce que dans cette classe nous devons gagner l’intelligentsia, ce qui exige d’agiter les masses comme l’a dèjà enseigné Mariategui ; c’est seulement ainsi qu’elle accomplira son rôle et pourra servir dans la plus grande bataille que l’histoire porte dans ses flancs.

    Camarades, nous avons conclu que nous entrions dans la troisième étape de la société péruvienne contemporaine.

    Mais comme hier, quand nous affirmions les deux moments de la société péruvienne contemporaine, en tant que parties du processus de développement du capitalisme bureaucratique dans le pays, certains nous condamnaient, rejetaient notre thèse, nos idées, jusqu’à les taxer avec une insolence ignorante et méprisante d’infantilisme ; ce que nous affirmons aujourd’hui avec une vision historique claire et précise: que notre pays entre dans une troisième étape, sera aussi l’objet de leur incompréhension mais il ne leur sera plus possible désormais de nous condamner sous l’étiquette puérile d’infantilisme, puisque les faits nous ont donné raison sur de multiples aspects, et eux aussi en tireront la leçon.

    Cependant il ne va pas leur être facile d’accepter, de comprendre, cela demandera des faits frappants, des actions concrètes qui martèleront leurs têtes de bois, qui feront voler en pièces leurs spéculations, pour que dans leurs âmes aussi habite la réalité de cette patrie qui est la nôtre.

    La compréhension de la troisième étape est capitale pour que notre peuple avance.

    Qu’est-ce qu’implique cette troisième étape ?

    Elle implique que la révolution, que le peuple à mains armées commence à prendre le pouvoir, et que la réaction, avec ses 400 ans d’exploitation, qui s’ajoute à l’exploitation antérieure, puisqu’elle a existé elle aussi (camarades, nous devons y penser attentivement, 400 ans d’oppression étrangère, un vil système d’esclavage qui existe encore, un Etat qui certes n’est pas solide, mais qui a de la force actuellement), elle implique que la réaction tentera de nous endiguer, elle tentera de s’opposer à l’avancée de la révolution.

    C’est que, comme nous les matérialistes le savons bien, ce qui existe refuse de mourir et la réaction existe et pour cela refuse de mourir, c’est un cadavre non-enseveli, mais il nie les faits, il résiste et attaque avec furie et désespoir, il ne veut pas qu’on le mette dans son cercueil, il ne veut pas qu’on l’enterre.

    Ainsi nous devons comprendre que la lutte révolutionnaire sera dure, violente, cruellement disputée par la réaction, et elle enverra ses troupes noires nous combattre, armées jusqu’aux dents, elles chargeront la classe ouvrière, la paysannerie, les masses populaires, elles étendront leurs griffes sinistres, sanglantes, il en sera ainsi : ils nous tendront des pièges, ils chercheront à nous encercler et nous isoler, nous écraser, nous effacer, mais nous sommes le futur, nous sommes la force, nous sommes l’histoire.

    Camarades, révolution et contre-révolution s’affrontent aussi dans notre pays, nous sommes les deux parties d’une unité liées et en lutte croissante.

    Les réactionnaires concentrés, armés, défendus dans les villes, dans les capitales ; nous, nous prendrons racine à la campagne, dans les petits villages, avec les masses, avec la paysannerie pauvre en général, avec la force, avec le pouvoir désorganisé pour l’organiser en une puissante armée.

    Mais cela ne sera pas facile : leurs troupes noires et sinistres iront au contact contre nous, ils monteront de puissantes agressions, de grandes offensives.

    Nous répondrons, nous les disloquerons, nous tranformerons leurs offensives en une multitude de petites offensives que nous lancerons contre eux, et les encercleurs seront encerclés et les soi-disant anéantisseurs seront anéantis et les soi-disant triomphateurs seront vaincus et la bête sera finalement désarçonnée, et comme on nous l’a appris, le tonnerre de nos voix armées les fera trembler d’épouvante et ils finiront morts de peur, devenant quelques petits tas de cendres noires.

    Il en sera ainsi, camarades, il en sera ainsi.

    Cependant la lutte sera dure, longue, difficile et cruelle ; il faut se faire une âme d’acier, être forts, vigoureux, ne pas avoir peur et être sûr de la victoire ; que la confiance en elle habite notre coeur, puisque nous servons le peuple et la classe.

    Avec détermination et fermeté, nous déclencherons la lutte armée, nous la déploierons et ses drapeaux peupleront notre terre, avec des actions franches que l’histoire enregistrera.

    Camarades, notre peuple entame la prise du pouvoir par les armes ; elle est en marche, la geste la plus grandiose que notre patrie ait jamais vue.

    Une chose pareille, elle ne la verra plus jamais, cela va être grandiose.

    Et c’est nous qui allons le faire ! C’est au service de cela que nous sommes et que nous serons, le peuple et la classe, le prolétariat le commandent.

    Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas faillir.

    3. LE PARTI COMMENCE A SE DEVELOPPER AU TRAVERS DE LA LUTTE ARMEE

    Quatre-vingt et quelques années d’existence de la classe ouvrière, cinquante deux ans pour le Parti, qu’un groupe mit à peu près dix ans à fonder, mené par Mariategui, dont le nom restera pour toujours gravé dans nos rangs, dans ceux de notre peuple et des peuples du monde, et dans la classe ouvrière internationale.

    Le temps a passé, nous avons été nombreux à lutter, nous continuons à lutter jusqu’à ce que l’exploitation soit balayée ; cela est notre destin.

    Nous sommes un torrent grandissant contre lequel on lance le feu, la pierre et la boue ; mais notre pouvoir est grand, tout cela nous le transformerons en notre feu, le feu noir nous le transformerons en feu rouge, et le rouge est lumière.

    C’est ce que nous sommes camarades, c’est la reconstitution. Camarades, nous sommes reconstitués.

    Le Parti est un parti de type nouveau.

    Ce Parti de type nouveau est fait pour prendre le pouvoir pour la classe ouvrière et pour le peuple dans cette patrie.

    Le Parti ne pourra plus se développer autrement qu’à travers les armes, au travers de la lutte armée.

    En 50 ans, nous avons appris de dures leçons, une grande leçon que nous n’oublierons jamais : nous n’avons pas le pouvoir parce que nous n’avons pas de fusils.

    Comme le Président Mao l’a écrit : qui a le plus de fusils a le plus de pouvoir et qui veut prendre le pouvoir, qu’il forge une armée, et qui veut le maintenir, qu’il compte sur une puissante armée.

    C’est ce que nous ferons.

    Le Parti commence à se développer au travers de la lutte armée, c’est historiquement le pas que nous avons franchi, nous ne pourrons plus revenir en arrière.

    Camarades, nous pouvons désormais dire : le développement a été victorieux, la destruction possible, comme ça devait arriver, n’a pas eu lieu ; le Parti n’est pas détruit, c’est une conclusion que nous pouvons tirer de notre IIè Session plénière du Comité Central et de cette Iè Ecole Militaire.

    Nous avons commencé un travail dont bientôt nous allons voir les dimensions

    Nous nous disions : comment développer le Parti ?

    A travers la lutte armée, simple et sobre réponse.

    Nous nous disions : aux époques critiques la situation entre dans un grave affrontement et d’après la loi de la contradiction, des circonstances déterminées peuvent mener au développement ou à la destruction, transitoire bien sûr, mais destruction quand même, qui aurait pu nous couvrir de boue ou nous nous obliger à marcher au travers d’un bourbier.

    Mais le Parti a vaincu comme ça devait arriver.

    La destruction ne peut pas se produire.

    Le Parti entre, ferme, décidé, volontaire et énergique dans son développement.

    Camarades, c’est ce qu’on peut conclure de ces réunions.

    Cependant, de quelles contradictions débattons-nous ?

    Le fait d’entamer la lutte armée nous pose une contradiction : l’ancien et le nouveau ; le developpement du Parti au travers de la lutte armée est le nouveau, l’ancien est ce qui a été fait jusqu’ici, y compris les bonnes choses, y compris les meilleures choses que nous ayons faites ont commencé à être l’ancien, et pour cette raison s’ajouteront à cette tradition, à cette grande poubelle qu’engendrent les partis et les classes au long des décennies, sur ce point nous devosn être très clairs.

    Il n’y a qu’une chose nouvelle : le développement du Parti au travers de la lutte armée.

    C’est notre contradiction d’aujourd’hui.

    De même qu’à l’échelle internationale c’est la contradiction entre l’offensive stratégique et la défense stratégique qu’entame la réaction, de même à l’échelle nationale la contradiction est entre le peuple armé et la réaction armée, contradiction à trancher au travers de la guerre populaire pour parvenir au triomphe inévitable de la classe par lequel doivent être balayés 400 années d’oppression, ainsi de la même manière camarades, il y a dans le Parti une contradiction, qui n’appelle aucun doute, qui appelle au contraire une réflexion sérieuse.

    Les communistes aujourd’hui doivent être on ne peut plus clairs au sujet de ce qui est l’ancien et ce qui est le nouveau.

    Je le répète, le nouveau c’est la lutte armée, ce sont les flammes ardentes et immarcescibles de la guerre populaire, c’est l’acier qui doit s’affiner, fine épée, lance piquante pour blesser les entrailles de la réaction, cela c’est le nouveau, le reste c’est l’ancien, c’est le passé et de lui il faut se garder car le passé veut toujours se rétablir de mille manière au sein du nouveau.

    Camarades, n’oublions pas que pour en garantir et consolider 100, il faut en faire avancer 200, avancer à 200 aujourd’hui, cela veut dire déclencher la lutte armée ; commencer les actions c’est la garantie de semer le nouveau profondément, avec du plomb, en faisant s’effondrer les vieux murs, cela c’est le nouveau, le reste c’est l’ancien camarades.

    Cela nous devons le comprendre et être absolument clairs.

    Le Parti est entré dans son développement à travers les armes, c’est une situation fondamentale.

    En disant cela, nous tenons trois choses.

    La première, c’est que nous entrons dans l’offensive stratégique de la révolution mondiale, c’est notre contexte. La marée puissante est de notre côté.

    La deuxième, c’est que le peuple entame la prise du pouvoir par les armes.

    Le futur se décidera avec la guerre populaire que nous mettons en marche.

    La troisième, c’est que le parti commence à se développer eu travers de la lutte armée.

    Ainsi le Parti deviendra le puissant Parti dont la révolution a besoin et comme c’est nécessaire il doit être forgé.

    Camarades, le processus mondial, le processus du pays et le processus du Parti sont reliés.

    Pour cette raison, le futur est garanti, il est en train de palpiter dans les actions de guerre que nous commencerons à mener, il est vert et tendre, il faut le couver avec le tumulte des armes, il faut le développer avec la guerre de guérillas, il faut le fortifier avec la guerre populaire ; il faut prendre soin de lui comme la pousse verte d’une armée naissante en détachements armés, il faut le déployer comme une armée de guerilla et le former pour qu’il devienne une puissante armée.

    Camarades, ces trois conditions déterminent le Parti à conduire la lutte de masses armées, et dans notre esprit, dans notre coeur, dans notre volonté vit déjà le pouvoir populaire, nous le portons avec nous.

    Ne rechignons pas au commencement, ou notre âme sera petite, faible, fragile et variable.

    Camarades, n’oublions pas le pouvoir populaire, l’Etat dela classe ouvrière ; l’Etat des ouvriers et paysans marche avec nous, nous l’emmenons au bout des canons de nos fusils, il habite dans notre esprit, il palpite dans nos mains et sera toujours brûlant dans notre coeur.

    Ne l’oublions jamais, c’est la premièr chose qui doit être dans notre esprit.

    Camarades, il naîtra fragile et faible parce qu’il sera nouveau mais son destin sera de se développer à travers le changement, la variation de la fragilité, comme une pousse verte.

    Les racines que nous planterons dès le départ seront le futur d’un Etat vigoureux.

    Tout ceci camarades, commence à naître à partir des actions les plus simples et modestes que demain nous devrons commencer.

    Ce sont trois choses reliées : l’histoire mondiale, l’histoire de notre patrie et l’histoire de notre Parti, ce sont trois convergences, trois réalités, trois conjonctions avec une seule conclusion finale, une seule vérité invariable, un seul futur.

    La révolution habitera dans notre pays, nous répondons de cela.

    4. NOUS COMMENCONS A DEVELOPPER LA MILITARISATION DU PARTI AU TRAVERS DES ACTIONS ET A APPLIQUER LE PLAN DU DECLENCHEMENT

    C’est une conclusion des trois questions antérieures.

    C’est une conclusion logique, nécessaire, irréfutable et irréversible, frappante.

    A partir des trois questions abordées, le Parti dans la IIè Session Plénière du Comité Central a défini «Développer la Militarisation du Parti au travers des actions» ; ceci sanctionne le fait qu’au travers d’actions de guerre le Parti deviendra l’avant-garde puissante et reconnue de la classe ouvrière du Pérou, le centre reconnu de la révolution péruvienne.

    La IIè Session Plénière a sanctionné un « plan de déclenchement de la lutte armée » qui résoud un problème en suspens jusqu’à aujourd’hui : le déclenchement de la lutte armée ; cela camarades, ce n’est pas pour en tirer vanité, c’est pour comprendre notre immense responsabilité, c’est seulement pour cela.

    La vanité ne doit jamais exister en aucune manière parmi nous ; la modestie et la simplicité doivent nous accompagner ; et plus nous agissons, plus nous devons être modestes et simples, parce que fidèles serviteurs de la classe et du peuple.

    C’est ainsi que nous devons apprendre à être. Beaucoup de choses changeront plus profondément, même en nous.

    Nous avons camarades, grâce à l’action de l’histoire universelle, du marxisme-léninisme-pensée mao zedong, grâce à l’action de notre peuple qui commence à définir son histoire avec les armes, grâce à l’action des cinquante années de lutte du Parti et de celle d’innombrables communistes, et comme conséquence de ce que notre propre fondateur mit en branle, nous avons résolu le problème du déclenchement de la lutte armée.

    Nous avons résolu le premier problème militaire fondamental, comment déclencher la lutte armée.

    Nous savons quoi faire, comment nous armer, et le principal, comment soulever la paysannerie pour réussir, dans une lutte ardue, à faire démarrer une guérilla de cette terre puissante qu’est la paysannerie; nous avons comment affronter les encerclements et aussi comment les briser.

    Camarades, le probléme du déclenchement de la lutte armée au Pérou est résolu, que personne n’en doute plus.

    Nous n’avons plus aucune raison de douter. Le probléme est résolu.

    Prenons le pour ce qu’il est, la conséquence du marxisme-léninisme-pensée mao zedong, prenons le pour ce qu’il est, la conséquence du fait que notre peuple entame la prise du pouvoir par les armes; prenons le pour ce qu’il est, la conséquence des cinquante années de notre Parti.

    Ainsi nous tiendrons sa signification historique, ainsi nous le comprendrons et ainsi nous saurons où nous devons aller et où nous devons débarquer à bon port.

    5. NOUS ARMER THEORIQUEMENT ET PRATIQUEMENT POUR DECLENCHER LA LUTTE ARMEE

    Nous nous armons théoriquement et pratiquement avec la Ligne Militaire et avec la mobilisation politique générale, en formant des détachements et en menant des actions nous déclenchons la lutte armée. C’est ce que nous devons enregistrer de façon indélébile.

    Cette Ière Ecole Militaire est historique.

    Nous nous demandions de qu’est cette Ecole ?

    Si la II è Session du Comité Central est une « Sonnerie de Gloire », qu’est donc cette école ?

    Nous allons le redire : « Clôture et Ouverture », puisqu’elle ferme et qu’elle ouvre.

    Elle clôt le chapitre de notre vie non armée et ouvre notre guerre populaire. Camarades, voilà ce qu’est cette Ecole.

    Ici nous avions à appliquer les accords de la IIè Session Plénière du Comité Central, nous l’avons accompli avec succès, et avons résolu les problèmes que le Comité Central doit sanctionner très bientôt, lorsque le remaniement du Parti sera accompli et les actions commencées.

    Ainsi, le Parti au travers de ses organisations centrales, de ses dirigeants et cadres s’arme de sa ligne militaire, en théorie et en pratique.

    La réunion finale elle-même, camarades, est une démonstration de distributions de forces : une démonstration d’encerclement et d’anéantissement du pessimisme et de l’opposition ; a été anéanti ce qui restait d’opposition parmi nous et en nous, a été arboré l’optimisme et a débordé l’enthousiasme, les victoires à venir se sont déployées.

    C’est ainsi qu’il faut le comprendre. Nous avons vu marcher les combattants : nous avons vu des combattants avancés, dirigeants la tête de l’assaut, ouvrant la brèche ; nous avons vu passer les files qui suivaient pour maintenir l’action et la soutenir ; nous avons vu au final l’action décisive, passionnée, ardente de foi, qui finit par prendre la colline.

    Ce que nous avons fait aujourd’hui est une démonstration de la façon d’agir militairement ; c’est pour cela que nous disons que nous sommes en train de nous armer théoriquement et pratiquement, et en armant ainsi les cadres et les dirigeants, les effectifs fondamentaux, nous engageons évidememment la mobilisation politique générale.

    Rappelons-nous les paroles du Président Mao : la clef, c’est de mettre en mouvement les cadres ; ceci est accompli.

    La mobilisation a donc commencé, et ce qui a été fait ici se répercutera demain sous forme d’échos plus puissants, parce qu les masses du Parti rêvent d’entendre que nous devons déclencher les actions et elles veulent savoir comment le faire.

    Camarades, nous allons aux bases comme porteurs de bonne nouvelle, il faut appliquer le plan de déclenchement et nous devons le faire pas plus tard que demain, c’est ce que les coeurs battants des militants et des masses qui travaillent avec nous brûlent d’entendre, rêvent de réaliser.

    Camarades, la mobilisation politique générale du Parti a été mise en branle, en formant des détachements armés et en menant des actions militaires nous déclencherons la lutte armée.

    Ceci est la conséquence de ce qui se passe ici, pour cette raison cette réunion est une clôture et une ouverture.

    6. NOUS SOMMES LES DECLENCHEURS

    Nous sommes les déclencheurs.

    Nous avons commencé en le disant, nous terminons en le disant, nous sommes les déclencheurs.

    Déclencheurs de quoi ?

    De la guerre populaire, de la lutte armée qui est entre nos mains, qui brille dans notre esprit, qui palpite dans notre coeur, qui s’agite irrésistible dans nos volontés.

    C’est ce que nous sommes.

    « Une poignée d’hommes, de communistes, observant le mandat du Parti, du prolétariat et du peuple, en ce 19 avril, dira l’histoire, ils se sont mis debout et ont fait leur profession de foi révolutionnaire, avec le coeur brûlant d’une passion inextinguible, d’une volonté ferme et résolue, avec un esprit clair et audacieux ont assumé leur obligation historique d’être LES DECLENCHEURS, et ce qu’ils décidèrent un 19 avril ils le matérialisèrent en automne au moment du boycott et de la moisson, ils le poursuivirent sous forme d’actions contre le pouvoir réactionnaire, visant le pouvoir local, ils le continuèrent avec des invasions de terres et avec les masses paysannes ils firent démarrer les guérillas, et les guérillas engendrèrent la puissante armée que nous sommes aujourd’hui et l’Etat qui s’appuie sur elle.

    Notre patrie est libre… »

    C’est ce qu’on dira camarades, c’est ce qu’on dira.

    Cela concrétise notre décision de Parti apparemment simple, mais de grande dimension historique.

    Camarades, est-ce que ces trois questions finales soulèvent des contradictions ? Oui, elles aussi soulèvent des contradictions.

    Ici, dans le Parti, se concentre notre accord de «Développer la Militarisation du Parti au travers des actions» et d’appliquer le Plan de Déclenchement, l’essence du nouveau, le nouveau en ce monde qui ne pourra être arrêté parce qu’il surgit aujourd’hui de mains armées, qui seront plus nombreuses demain ; se concentre le nouveau en ce pays, qui se décidera à main armée, et se concentre le passage du Parti à son développement à travers les armes, à travers la lutte armée.

    Ainsi, sur la question de développer et appliquer le plan du déclenchement, se concentre le nouveau qui s’affronte à l’ancien.

    L’ancien fera tous ses efforts sur la voie opposée, mais il est déjà défait, c’est une grande défaite du droitisme.

    La destruction [du Parti] est déjà conjurée, le développement a triomphé, matérialisons-le avec du tonnerre, écrivons-le avec du plomb, qu’il soit écrit pour toujours en pages d’acier sur le dos des montagnes, mais que jamais il ne puisse s’effacer ni s’écrire d’une autre façon.

    Là est la contradiction.

    Tout débouche à la dernière heure sur la quintessence du problème.

    La contradiction concerne le problème des armes, de la guerre, de la lutte armée, de son déclenchement.

    Si jusqu’à aujourd’hui nous avons agi comme des gens non armés, le probléme est que nous entrons dans une action à mains armées ; nous passons des temps de paix aux temps de guerre et les temps de guerre ont d’autres exigences, d’autres exigences péremptoires.

    Camarades, les contradictions s’entrechoquent mais nous savons les manier.

    Nous avons appris à nous y retrouver en histoire, à saisir ses lois, ses contradictions.

    Il dépend de nous de les résoudre toutes en les matérialisant par des faits d’armes ; rien ne nous arrêtera.

    Nous passerons aux temps de guerre irréversiblement, la contradiction se développera, le nouveau triomphera, il nous mènera jusqu’au bout.

    Nous sommes les déclencheurs, quelle contradiction se pose à nous ?

    Nous-mêmes et les autres communistes des bases qui sont nous aussi, présents ou non, eux qui battent en nous, nous tous attendons avec ardeur ce qui est décidé ici.

    Nous tous avons un problème, une contradiction : la grande rupture.

    Le temps est venu camarades, le temps est venu.

    Le temps de la grande rupture.

    Nous romprons tout ce qui nous attache à ce vieil ordre pourri pour le détruire de fond en comble, donc si en ce monde caduc nous avons un quelconque intérêt, nous pouvons le détruire.

    Pris individuellement, les hommes peuvent être faibles, chacun doit s’en convaincre, en tant que personne on peut être fragile et faible ; mais la révolution est toute-puissante et la révolution armée plus encore puisqu’elle est fondée sur les masses qui sont la force de la terre, puisqu’elle est dirigée par le Parti qui est la lumière de l’univers.

    Camarades, nous entamons la grande rupture.

    Nous avons dit de nombreuses fois que nous entamons la rupture et que nous avons à rompre de nombreux liens puisqu’ils nous attachent au vieil ordre pourri et que si nous ne le faisons pas nous ne pourrons pas le détruire.

    Camarades, l’heure est venue, il n’y a rien à discuter, le débat a été consommé.

    Il est temps d’agir, c’est le moment de la rupture, et nous ne l’accomplirons pas en une lente et tardive méditation, ni dans des couloirs ou des chambres silencieuses, mais nous le ferons dans le fracas des actions de guerre, telle sera la façon de le faire, la façon adéquate et correcte, la seule façon de le faire.

    Là dans les actions, comme nous l’avons étudié, la capacité consciente des hommes s’intensifie, la volonté est plus tendue, la volonté est plus tendue, la passion plus puissante, l’énergie endiablée.

    Camarades, là nous rencontrerons l’énergie, la force, la capacité suffisante pour la grande rupture.

    C’est là que nous sommes entrés.

    Les trompettes commencent à sonner, la rumeur des masses grandit et grandit encore, elle va nous ensorceler, elle va nous attirer dans l’oeil puissant du cyclone, avec une seule note : nous serons protagonistes de l’histoire, conscients, organisés, armés, et ainsi aura lieu la grande rupture, et nous serons les bâtisseurs de l’aurore définitive.

    C’est là que nous sommes entrés camarades.

    Je veux conclure : cette école, cette Iè Ecole Militaire du Parti est une clôture et une ouverture, elle clôt ce qui a été fait jusquà aujourd’hui, elle ouvre le lendemain.

    Ce que nous avons fait jusqu’ici est positif, a donné de bons fruits.

    Par leurs oeuvres tu les connaîtras comme on dit ; les oeuvres ont été faites, face à nous, il n’y a plus rien à prouver ; ce qui a été fait jusqu’ici a été bon.

    L’ouverture, ce que nous venons de faire, sera quelque chose d’encore plus grand, et en définitive, ce sera la seule grande chose que nous ayons faite.

    Elle sortira des armes, du canon des fusils, elle sortira de l’action directe du Parti sur les masses.

    Elle sortira de la guerre populaire.

    Camarades, cette réunion est simplement historique, la dimension qui est la sienne, on ne peut la comprendre, la soupeser comme il convient, sans lancer notre regard des décennies en avant.

    Voilà l’Ecole des Déclencheurs, c’est le nom que lui a donné le Comité Central, c’est en un mot ILA 80.

    Qu’est-ce que ça veut dire ?

    Initier la Lutte Armée en 1980, voilà ce que ça veut dire.

    C’est un engagement, c’est un défi ; nous sommes en place, nous le dépasserons ; je ne dis pas nous l’accomplirons, mais nous le dépasserons, parce que telle est l’exigence et la nécessité historique, et personne ne peut dire le contraire.

    Camarades, l’Ecole des Déclencheurs, ILA 80, c’est cela aujourd’hui : initier la lutte armée en 80.

    Des décennies plus tard, dans le futur, il en sera ainsi : ILA 80 on le traduira ainsi : on a déclenché la lutte armée en 80.

    C’est ce que nous avons fait aujourd’hui. Ce mot est très beau, elle a un double sens et si nous regardons bien elle en a encore une autre.

    C’est la concrétisation de tout ce qui a été fait jusqu’ici, elle matérialise tout le passé.

    Qu’est-ce qui nous guidait, camarades ?

    C’est le déclenchement de la lutte armée, n’est-ce pas ce que dit le IX Plénum ?

    Camarades, ce n’est pas seulement le passé qui se concrétise, dans le présent qui s’ouvre c’est l’avenir qui devra s’accomplir irrémédiablement.

    C’est tout cela ILA 80.

    Concrétisation de ce qui fut notre accord de départ, c’est cela ILA 80 ; la concrétisation de l’accord passé pour déclencher la lutte armée, dans le présent le déclenchement aujourd’hui de la lutte armée, et cette année comme à l’avenir, la lutte armée a commencé en 1980.

    Camarades, tout ce qui a été accompli par nous pendant ces journées complexes, ces moments difficles, mais qui ont été finalement des jours satisfaisants, fructueux, bons, sains, pleins de vitalité, tout se concrétise dans « l’Ecole des Déclencheurs, ILA 80. »

    Le Comité Central, le Bureau Politique du Comité Central félicite les présents, félicite tout le monde, parce que par votre action vous avez contribué à ce que se concrétise cette réalité ; il félicite le Parti parce que par son action il a concrétisé cette réalité.

    Il félicite la classe ouvrière du monde, le prolétariat international, les peuples du monde parce que leur action a porté ses fruits ici.

    Il s’incline, comme il aura toujours à le faire, les immarcescibles bannières du marxisme-léninisme-pensée mao zedong, parce que tout ces choses grandioses et qui vivront toujours se sont concrétisées ici.

    Habite parmi nous le marxisme-léninisme-pensée mao zedong, habite parmi nous la classe ouvrière internationale et les peuples du monde, habite ici le Parti, notre peuple, notre classe habite ici, et l’esprit de la révolution.

    Je suis arivé à la fin ! Toute notre lutte a été validée.

    Pour finir camarades c’est arrivé : Déclencher la lutte armée maintenant.

    Tout ce qui a été fait, y compris les erreurs qui ont servi d’expériences, sont validées en ce lieu, telle est l’essence de cette école.

    Le Comité Central, le Bureau Politique du Comité Central ressentent et expriment, au travers de celui qui s’exprime, une immense joie parce que nous avons accompli une tâche simple et grandiose : que la lutte armée, que le déclenchement de la lutte armée, ILA 80 habite ici, et définisse le passé en le concluant, et que s’ouvre le futur, que s’ouvre la promesse, l’espoir ; souvenons-nous de la parole d’un vieux sage: « Ce que la vie te promet, accomplis-le pour elle ».

    Le marxisme-léninisme-pensée mao zedong, le prolétariat international et les peuples du monde, la classe ouvrière et le peuple du pays, le Parti avec ses bases, cadres et dirigeants, toute cette grandiose action conjointe des siècles s’est concrétisée ici.

    La promesse éclot, le futur se déploie : ILA 80.

    Notre obligation est de la tenir. Ce qui nous a été donné comme futur, nous devons l’accomplir par égard pour la vie, pour le peuple, pour le prolétariat, pour le marxisme-léninisme-pensée mao zedong.

    Camarades, l’effort fourni trouve son couronnement, il se réjouit d el’oeuvre réalisée, il se plaît à ce qui a été réalisé, il ne recherche aucune récompense.

    Le futur est dans le canon des fusils ! La révolution armée a commencé !

    Gloire au marxisme-léninisme-pensée mao zedong !

    Vive le Parti Communiste du Pérou !

    Déclenchons la lutte armée !

    19 avril 1980

    ECOLE MILITAIRE

    PARTI COMMUNISTE DU PEROU

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  • Parti Communiste du Pérou : Commençons à démolir les murs et à déployer l’aurore (1980)

    Affiche du PCP pour les cinq ans de la guerre populaire
    Affiche du PCP pour les cinq ans de la guerre populaire

    IIde Session plénière du Comité Central, 28 mars 1980

    I. LES MASSES EXIGENT L’ORGANISATION DE LA RÉBELLION

    Depuis les temps anciens, la vie des masses est assujettie à l’exploitation et à l’oppression et toujours elles se sont révoltées, c’est une longue et inépuisable histoire. La lutte des classes est une constante, elle ne peut être supprimée.

    Depuis toujours, depuis qu’elles combattent, les masses ont exigé l’organisation de la rébellion, de leur armement, de leur soulèvement, et qu’on les dirige, qu’on les guide.

    Il en a toujours été ainsi, et cela continuera ainsi, et une fois qu’il y aura un autre monde, cela continuera, bien que de manière différente.

    Il existe la misère, jointe à une fabuleuse richesse, même les socialistes utopiques savaient qu’elles allaient ensemble : la richesse considérable et provocante, jointe à la pauvreté qui dénonce et demande des comptes. Il en est ainsi parce que l’exploitation existe.

    L’exploitation est accouplée à l’oppression et celle-ci existe aussi, elle assassine les masses, les fait se consumer de faim, elle les emprisonne, les égorge, mais les masses ne sont pas des brebis, elles sont formées d’hommes regoupés en classes qui s’organisent, génèrent leurs partis et ceux-là ses dirigeants.

    Les dirigeants doivent écouter la plus légère rumeur de la masse, écouter ses fluctuations, scruter le futur dans ses loitains, tout en posant au sol un pied ferme pour enregistrer le plus léger frémissement de la masse. Un dirigeant qui ne ferait pas cela n’en serait pas un.

    Nous sommes communistes, Marx nous apprenait que les révolutionnaires doivent par obligation professionnelle organiser la misère pour démolir le vieil ordre, et notre obligation est de le faire scientifiquement, nous qui savons la loi de la lutte des classes et qui savons le but vers lequel marche la classe et le peuple.

    Telle est notre obligation, c’est pour cela que nous sommes venus, pour organiser la clameur de la masse, pour la mobiliser, pour l’armer, c’est pour cela que nous sommes venus.

    Parce qu’ainsi le pouvoir désorganisé de la masse exprime sa force, son pouvoir invincible, et la masse devient créatrice d’ordres nouveaux, sape les murs les plus solides et les démolit avec fracas.

    Nous ne pouvons pas nous appeler des communistes sans agir ainsi, il ne peut y avoir parmi nous des dirigeants sourds à la clameur de la masse, aveugles devant sa force, durs et indifférents. C’est inacceptable.

    Cependant, qu’avons-nous vus : des dirigeants sourds, aveugles, durs et indifférents – en train de perdre leur condition de communistes?

    Les communistes doivent avoir une âme qui tremble comme tremble celle des masses, qui se réjouit de ce qui les réjouit, qui souffre de ce qui les fait souffrir, qui s’enflamme de ce qui les enflamme, qui se soulève de ce qui les soulève. Dans le cas contraire, la condition de militant devient un en-tête sur un papier, un label, un timbre, une étiquette.

    Il ne peut y avoir de communistes et encore moins de dirigeants qui osent manquer de confiance envers la masse, cela signifie manquer de confiance envers la seule force de l’histoire. Les « raisons » invoquées pour le faire peuvent être très élaborées mais elles ne seront que vide, néant inacceptable.

    Le Parti ne peut continuer à permettre que des militants nient la masse, et encore moins des dirigeants. Cela ne peut pas être.

    Nous ne pouvons pas permettre, au moment où les bourgeois voient la vague gréviste et la paysannerie qui recommence ses ruades, que des communistes nient ce que voient leurs yeux et ce que font leurs mains. Il est impossible que les communistes nient la masse, cela n’a pas de sens, nous ne pouvons pas le permettre.

    Nous devons de plus en plus être ceux qui avertissent, nous devons voir les lointains, avoir l’ouïe fine pour les entendre, une vue pénétrante, un talent aigü et pénétrant pour découvrir la transformation de la masse. Sans cela nous ne pouvons remplir notre mission.

    Prendrons-nous le chemin du vieil opportunisme? Aurons- nous le coeur dur de la réaction? De camarades qui agissent ainsi, que pouvons-nous attendre demain?

    Noirs et sinistres individus chevauchant sur les épaules des masses. Plus jamais nous ne permettrons que telles choses recommencent, et encore moins de la part de dirigeants.

    Il y a une réalité puissante dans ce pays qui est le nôtre, c’est la masse, elle a une grande histoire, qui est ignorée, mais à chaque fois qu’elle s’est mise debout, la terre a tremblé et chaque fois que la masse paysanne s’est soulevée, les fondements ont été secoués, la réaction a connu mille inquiétudes, c’est seulement par le sang et par le feu qu’ils l’ont calmée, avec leurs sacristains les opportunistes qui cherchent à la dévier et l’entraver; ils n’ont pu que la calmer, mais jamais l’arrêter. Les masses ne cesseront jamais d’être ce qu’elles sont, jusqu’à ce que la terre cesse de tourner.

    Engels nous a appris qu’il y a deux pouvoirs sur la terre, la force armée de la réaction et la masse inorganisée. Si nous organisons ce pouvoir, ce qui est en puissance devient en acte, le potentiel devient réel, ce qui est loi et nécessité devient un fait frappant, qui balaie tout ce qui se croyait ferme.

    Sans être soutenu par la masse rien n’est solide, tout n’est que château de cartes, et quand elle parle, tout frémit, l’ordre commence à trembler, les plus hautes cimes s’abaissent, les étoiles prennent une autre direction, parce que les masses font et peuvent tout.

    Si cette conviction commence à faillir en nous, l’âme des communistes commence à tomber en morceaux. Il faut être vigilant, que ce que nous avons vécu lors de cette séance plénière soit un immense avertissement : cela ne doit plus arriver.

    Malheur au Parti s’il a des commandants incapables d’entendre la masse! Si cela arrive, démolissons-les et détruisons le mastodonte bureaucratique, puisqu’il ne sera plus le Parti, mais un monstre.

    Que nous a dit le Président Mao? Que nous les athées nous n’avons qu’une seule divinité, les masses; ce sont ces dieux que nous invoquons pour qu’ils nous écoutent, et quand cela se produira, il n’y aura plus d’exploitation.

    Forgeons les militants selon ces critères, aujourd’hui plus que jamais et demain encore plus.

    Les masses exigent à cor et à cris l’organisation de la rébellion.

    C’est pourquoi le Parti, ses dirigeants, ses cadres et militants ont une obligation, aujourd’hui impérative, un destin : organiser le pouvoir désorganisé de la masse, et cela ne se fait que les armes à la main. Il faut armer la masse, pas à pas, secteur par secteur, jusqu’à l’armement général du peuple, et lorsque cela arrivera il n’y aura plus d’exploitation sur la terre.

    II. QUE LES ACTIONS PARLENT

    La IIe Session Plénière du Comité Central sonne déjà avec un timbre glorieux, un timbre qui lui est propre, qui est : Développer la militarisation du Parti à travers les actions.

    Il nous a fallu, à nous communistes, payer le prix d’une violente lutte pour établir un nouveau drapeau : Déclencher la lutte armée.

    Nous en sommes tous témoins, c’est au cours d’une fracassante bataille entre deux lignes qu’on arriva à concrétiser le développement de notre ligne : ILA [Iniciar la Lucha Armada – Déclencher la Lutte Armée].

    Nous avons marché d’un pas ferme mais sûr, parce que nous sommes sûrs de là où nous allons et de ce que nous voulons. Souvenons-nous de Lénine : Nous vaincrons parce que nous savons ce que nous voulons.

    Il est bon de s’arrêter quelque minutes et de nous demander : Comment sommes-nous arrivés à cette grande définition? À Développer le militarisation du Parti à travers les actions?

    Cela s’est produit dans une lutte intense, qui n’a peut être pas la même stridence que les autres, mais qui est plus profonde, plus dense, et qui a une très grande portée.

    Deux positions se sont clairement affrontées : il y a ceux qui ont suivi ce que nous inculquons depuis le VIè Plenum, à savoir transformer la parole en action, et aujourd’hui nous assumons de transformer la parole en actions armées. Concrétisation décisive, développement transcendant.

    Nous avons adopté la décision de développer des actions militaires, c’est de cela que nous parlons, c’est cela qui gît dans notre esprit, qui palpite dans notre coeur, qui bout dans notre cerveau et qui s’agite dans notre volonté, quand nous parlons des actions.

    Certains d’entre nous ont travaillé d’arrache-pied pour qu’on passe au langage des actions militaires, et d’autres avec obstination s’y sont opposés, avec des arguties, des manoeuvres et même des fourberies.

    Mais cette définition a fini par s’imposer, parce que notre patrie demande des définitions, parce que notre peuple demande une décision ; le peuple exige à cor et à cris et nous répondons à cette clameur, à cette exigence, nous sentons ce qu’ils sentent et nous voulons ce qu’ils veulent, ils veulent que leurs mains parlent le langage précis et frappant des faits d’armes.

    Oui! Mener des actions, c’est la façon de faire des masses, du peuple : quand on ouvre le sillon, c’est l’action qui parle; quand on forge sur l’enclume c’est l’action qui parle; quand les hommes enquêtent, dégagent des lois, c’est l’action qui parle; quand les mains armées se tendent, c’est le peuple qui combat.

    D’abord vient le fait et ensuite l’idée, et cette idée te mène à une action à chaque fois plus élevée. Nous sommes les reflets certains et véridiques de notre réalité. Nous avons prêché, appelé aux armes, à la lutte armée.

    Notre voix n’a pas résonné dans le désert, la semence est tombée dans le bon sillon, et commence à germer. Les éclats de voix que nous lançons sont des échos puissants, croissants, qui tonneront sur notre terre.

    Ceux à qui nous disons de se mettre debout, de se soulever en armes, dans la volonté de qui nous semons, nous répondent ainsi : nous sommes prêts, guidez-nous, organisez-nous, agissons! Et ils nous en demanderont toujours plus.

    Ou bien nous tenons ce que nous avons promis, ou bien nous serons la risée des masses, des êtres parjures, des traîtres. Or, c’est ce que nous ne sommes pas.

    Si nous avons semé, si nous avons prêché, si nous avons organisé et que tout commence à fructifier et à marcher, notre obligation est de nous placer en tête.

    Que les actions armées confirment notre prêche, que notre sang se joigne au sang de ceux qui doivent le verser; nous n’avons pas le droit de laisser ce sang refroidir seul, ou que ce froid ne rencontre que la tiédeur du nôtre. Ou alors nous ne sommes pas ce que nous sommes.

    Nous sommes devenus communistes de façon presqu’insensible, c’est comme un long chemin, c’est comme la marche, le fait de bouger un pied te commande de bouger l’autre et si tu te fatigues, ce n’est pas pour en rester là, mais pour prendre un repos doux et calme et reprendre l’ascension. Demain la matière nous reprendra dans sa paix belliqueuse, c’est là que nous pourrons nous reposer définitivement.

    C’est pour cela que nous avons été forgés en tant que communistes; c’est pour cela qu’ont vécu Marx, Lénine et Mao, pour apprendre aux autres, pour apprendre comment réussir, c’est pour les appeler, les organiser, les soulever; c’est pour cela que la classe les a enfantés.

    Et qu’est-ce que nous avons pu voir ici même? Des camarades dirigeants qui s’opposent à ce que le Parti fasse le pas décisif de son histoire. Au nom de quoi? Du supposé « manque de conditions »? Et dans leurs voix tremblantes, qui parlait? C’était les sombres trognes de l’oppression et de l’exploitation, ces sombres trognes pleines de bave et de sang.

    N’oublions pas que la réaction doit verser des flots de sang pour calmer le peuple, c’est son rêve de feu et de fer, mais ce rêve sinistre est la preuve la plus claire que tout son être est vermoulu.

    Et quand des camarades et dirigeants veulent nous voler l’âme, l’esprit, pouvons-nous le permettre? Non. Leurs « arguments » partent en fumée, leur « considérations » en lambeaux, leurs « fermes engagements » sont des parchemins qui pourrissent par terre. Jamais plus dans notre Parti nous ne devons entendre ces paroles sinistres dans la bouche de communistes et encore moins de dirigeants.

    Et ceux qui oseront élever la voix de la sorte, écrasons-les comme ils le méritent, détruisons-les.

    Aujourd’hui c’est ce qu’il y a de plus urgent; c’est d’autant moins tolérable aujourd’hui, cela mine, cela sape l’espoir de la masse, l’oeuvre de cinquante années, et à quel moment? Au moment-même où la masse commence à concrétiser cela dans la réalité. C’est à ce moment qu’ils arrivent, les pacifistes honteux.

    Les réunions nous donnent à tous beaucoup de leçons, pour certains, cela doit être un avertissement tonitruant, un rappel frappant. Plus jamais ça.

    Nous avons une orientation claire et définie : que les actions parlent. Des actions pour Développer la militarisation du Parti à travers les actions. Transformer cela en réalité est impératif, urgent, c’est un mot d’ordre, la classe l’exige, l’histoire et le peuple l’exigent. Nous ne pouvons pas oeuvrer autrement. C’est une nécessité. Ce que nous avons fait auparavant nous a mené jusqu’ici. Le chemin est tracé, le plan d’action établi : il faut l’accomplir. Nous n’avons pas d’autre droit.

    C’est notre mot d’odre : que les actions parlent.

    III. COMMENCONS A DEMOLIR LES MURS

    Nous avons décidé de Développer la militarisation du Parti à travers les actions, mais qu’est-ce qui découle de cela? Que nous commencions la démolition des murs. C’est pour maintenant, pour cette fois.

    Il y en a eu pour s’y opposer, qui ont résisté et ont fui lâchement, désertant pour la deuxième fois, et cette attitude a trouvé des défenseurs. Est-ce que la défense de la trahison et la lâcheté va commencer à avoir cours dans notre Parti? Pensez à ceux qui ont agi ainsi. Souvenez-vous de « Prométhée », des Océanides et d’Hermès : demandez-nous tout sauf la lâcheté et la trahison.

    Deux mille cinq cents ans après, des communistes du XXè siècle, dans un arti Communiste qui travaille à déclencher la lutte armée, débattant au sujet du Développement à travers les actions de guerre, nous entendons des dirigeants qui font la louange, qui arborent, qui soutiennent, allaitent et protègent la trahison.

    Est- ce que cela va commencer à entrer en vigueur chez nous? Non. Arrachons les herbes vénéneuses, c’est du pur venin, un cancer dans les os, qui nous corromprait; nous ne pouvons pas le tolérer, c’est de la pourriture et un sinistre pus, nous ne pouvons pas le tolérer, encore moins maintenant; et jusqu’à la fin ils ont soutenu cela. Déterrons ces sinistres vipères, ces vipères nuisibles, nous ne pouvons tolérer ni lâcheté ni trahison, ce sont des serpents venimeux.

    Nous ne pouvons pas allaiter cela, c’est impossible. Que cela s’exprime parmi nous et parmi les dirigeants, c’est inacceptable, condamnable, il faut marquer cela au feu. Commençons à brûler, à éradiquer ce pus, ce venin, il est urgent de le brûler. Cela existe et ce n’est pas bon, c’est dangereux, c’est une mort lente qui pourrait nous consumer.

    Nous devons nous forger dans un autre temple, dans un autre esprit. Ceux qui sont dans cette situation sont les premiers à devoir marquer au feu, à éradiquer, à crever les abscés. Autrement, l’empoisonnement serait général. Les venins, les purulences, il faut les détruire; le corps est sain, si on ne les détruit pas, sa vigueur disparaîtra.

    Il est urgent et impératif d’en finir avec cela. Nous ne devons pas en laisser une trace, c’est à cela que sert l’épuration, la démarcation dans les faits. Que ceux qui ont mis le pied là-dedans soient les premiers à le faire, ce sera la preuve de leur avancée.

    Pour démolir les murs, nous devons balayer les décombres et anéantir les venins. Pour que commence la démolition, nous devons nous renforcer, et nous renforcer c’est balayer la pourriture du droitisme en général.

    Nous le pouvons et donc nous le devons, c’est à prendre comme une obligation sérieuse et l’exigence de la vigilance la plus élevée. Il faut préserver la gauche, et ceux qui ont des difficultés avanceront, que cela soit la preuve de leur action, que cela signe leur promesse.

    Nous irons aux bases transmettre, arborer les actions. Avoir mené à bien une lutte contre une droite qu’on a décapitée est quelque chose de magnifique, c’est une grande avancée.

    Ainsi donc, nous- mêmes et ceux qui ont des problèmes doivent là-bas faire montre de leur correction, de leur détermination, de leur ralliement sincère à la gauche, de leur vigilance.

    C’est faisable, nécessaire, donc à faire. C’est indispensable, c’est ainsi que nous avançons, nous nous renforçons, et le fer prendra forme en nous.

    Avoir des problèmes ne signifie pas impuissance. La puissance viendra de l’action. L’action est la démolition des murs. Faisons des actions militaires. Prenons feu en elles. De novices que nous sommes, nous passerons à expérimentés.

    Ainsi, en appliquant le Développement de la militarisation du Parti à travers les actions, les murs seront profondément sapés et leur démolition sera enclenchée.

    La clef de ceci : les groupes armés, les groupes armés sans armes. Que tes mains désarmées arrachent leurs armes à ceux qui les portent, en appliquant l’astuce et guidées par des idées claires.

    Voilà. Nous allons généraliser les groupes, nous allons agir par le boycott [des élections], les moissons et les invasions [de terres], les sabotages, l’ anéantissement sélectif [des ennemis de classe] et principalement par des actions de guérilla.

    Tel est notre destin, notre nécessité. Nous avons tous signé : que fleurisse la violence concétisée dans ILA, portons-la en avant au moyen des groupes armés; commençons par des groupes sans armes, de ces semences ardentes pousseront d’ardents tournesols.

    Ils ont un soleil qui les éclaire : le marxisme-léninisme-pensée Mao zedong. Ils ont une terre fertile qui les fortifie : la lutte de classes des masses en croissance ascendante.

    Que manque-t-il? Que poussent et que fleurissent les groupes armés sans armes! De ces humbles pousses et graines doivent sortir les monuments de la classe, qui démoliront les murs. Ainsi l’aurore élira domicile dans notre patrie.

    Clef : les groupes; vitale : notre décision; base : la masse. Que fleurissent les groupes armés sans armes! Tel est l’ordre du jour.

    IV. ARBORER L’OPTIMISME ET DEBORDER D’ENTHOUSIASME

    Nous sommes communistes, grandis dans un temple à part, faits d’une roche à part; nous sommes des communistes prêts à tout et nous savons ce que nous avons à affronter. Nous l’avons déjà affronté, nous l’affronterons encore demain.

    Le futur, fils du présent, sera plus dur, mais le passé nous a déjà trempé et au présent nous nous forgeons.

    Trempons nos âmes dans la révolution, ce sont les seules flammes capables de nous forger. Nous avons besoin d’un optimisme élevé, qui a une raison d’être : nous sommes ceux qui conduisent ceux qui façonnent l’avenir, nous sommes des guides, l’état major du triomphe invincible de la classe, pour cette raison nous sommes optimistes.

    Nous possédons l’enthousiasme, parce que nous nourrit l’idéologie de la classe : la marxisme-léninisme-pensée Mao Zedong. Nous vivons la vie de la classe, nous participons de sa geste héroïque, le sang de notre peuple nous remplit d’ardeur et bout dans nos coeurs. Nous sommes ce sang puissant et palpitant, prenons ce fer et cet acier inflexible qu’est la classe et fusionnons-le avec la lumière immarscessible du marxisme-léninisme-pensée Mao Zedong.

    L’enthousiasme, c’est participer de la force des dieux, c’est pour cela que nous débordons d’enthousiasme, parce que nous participons des divinités du monde actuel : la masse, la classe, le marxisme, la révolution.

    Pour cette raison, notre enthousiasme est inépuisable, pour cette raison, nous sommes forts, optimistes, notre âme est vigoureuse et nous débordons d’enthousiasme.

    Et qu’avons-nous vu ici? Des dirigeants, des militants orphelins d’optimisme, ayant perdu l’ébullition enthousiaste, des âmes éteintes, des volontés déchues, des passions en fuite.

    Inacceptable. Nous en connaissons l’origine : ce qui les soutient, ce n’est pas le marxisme, la classe ni la masse, c’est l’individualisme corrosif; c’est la pourriture réactionnaire qui les fait s’effrayer, c’est d’avoir été moulé dans les cloaques du vieil ordre, c’est l’expression d’un monde qui se meurt, ce sont les gaz mortels qui s’échappent des barrages de la réaction; à cause de cela, leurs énergies s’affaiblissent, leur coeur tremble, la pensée les abandonne, leurs nerfs se détruisent, leur action se trouble.

    Cela, il faut l’éradiquer; cela ne peut plus habiter parmi nous. Inacceptable, inadmissible; à brûler, à faire exploser. Cela peut encore moins exister dans le Parti et moins encore chercher à dominer. Qu’avons-nous vu tout à l’heure? Des dirigeants avec ces positions et attitudes. Monstrueux.

    Cela ne doit plus jamais arriver. Et en plus aujourd’hui, aujourd’hui où justement nous devons arborer l’optimisme et déborder d’enthousiasme? Si cela est en soi inacceptable, c’est aujourd’hui de la corrosion, de la pure gangrène, aujourd’hui c’est encore plus inaccepatble.

    Si les camarades n’éradiquent pas ces maux, quel type de cadres vont-ils former? Quel type de militants vont-ils former? Appliquons ceci : la compagnie ressemble à son commandant. A commandant sans optimisme, compagnie sans optimisme; à commandant pusillanime, compagnie pusillanime, vaincue et ruinée avant même de livrer bataille.

    Nous devons arborer l’optimisme et déborder d’enthousiasme. Que notre idéologie puissante, notre ligne acérée et notre volonté de communiste s’expriment surtout chez les dirigeants.

    Mot d’ordre : Arborer l’optimisme et déborder d’enthousisasme! Qu’on transmette cela aux autres, aux cadres, aux bases. Que l’enthousiasme à l’idée d’entrer en action nous donne plus d’impulsion, nous retire les croûtes qui nous empêchent d’avancer et que cela serve à ceux qui doivent éradiquer leur maux.

    Que brille l’optimisme et que vive en nous un puissant enthousiasme. C’est faisable, c’est nécessaire. C’est faisable et nécessaire, pour cette raison nous le ferons.

    Il n’échappe à personne qu’il s’agit d’une guerre de positions; cela, nous l’avons enregistré et le résumé doit être l’expression de ce que nous avons vu. Mais qu’est-ce qui a primé, qui prime et qui primera? Le principal, le positif, la gauche.

    Qui pleure lentement sa défaite? La droite; qu’elle comprenne que cette lamentation est inutile, qu’il ne reste plus qu’à brûler les vieilles idoles, brûler ce qui est caduc et tremper nos âmes. Celle qui a l’âme bien trempée c’est la gauche, c’est elle qui est au diapason de ce que la patrie, le peuple et la révolution exigent; nous ne pouvons pas faillir.

    Si notre sang et notre vie sont exigés, ayons une seule attitude : portons-les dans notre main pour les donner, mettons-les au service de ce qui est la cause la plus juste et la plus grande.

    Notre mort pour la bonne cause sera le sceau de notre action révolutionnaire. Que l’action constante et ferme pour notre cause marque ineffaçablement notre bonne vie de combattants communistes. C’est cela que nous avons compris le mieux, pour cette raison le positif pèse immensément plus dans la balance.

    Nous avons avancé, mais certains croient que leurs maux sont derrière eux. C’est de la perte de vigilance, des « raisons » on peut en trouver des milliers, qui ne seront toujours que de l’eau d’égout. Elevez votre vigilance, balayez définitivement l’erreur, détruisez ce qui est mauvais et caduc à travers les actions armées, qui seront le sceau véritable et effectif.

    Peut-être certains pensent que nous n’aurions dû parler que du positif; ce qui existe c’est la lumière et l’ombre, la contradiction. Nous devons résumer, tirer une leçon; cette réunion est une très grande leçon, ne l’oublions pas.

    Nous avons un besoin de préserver la gauche pour que le Parti mène à bien son rôle. Avec les actions que nous sommes en train de mener et avec cette bonne réunion, nous commençons à démolir les murs et à déployer l’aurore. Nous pouvons résumer en quatre mots d’ordre:

    1.Les masses exigent l’organisation de la rébellion.

    2.Que les actions parlent

    3.Commençons à démolir les murs

    4.Arborer l’optimisme et déborder d’enthousiasme.

    Ce Comité Central est plus fort et il sera plus fort encore, si tous nous faisons ce qui s’impose à chacun dans l’accomplissement des actions, principalement «Développer la Militarisation du Parti à travers les actions.»

    Que les camarades en parlant expriment leur optimisme et enthousiasme, ce sera la preuve de leur détermination.

    Que mes paroles ne deviennent pas pour certains un prétexte pour perdre l’optimisme et replier leur enthousiasme.

    Je crois qu’est venu le moment de dépasser des vieilles tares qui sont là depuis 50 ans. Un autre monde s’ouvre pour nous, nous avons commencé à nous définir; cette réunion donne une définition.

    Que chacune de nos paroles, que chacune de nos pensées, que chacune de nos volontés authentifie celle-ci. C’est faisable, indispensable, c’est nécessaire. Nous le pouvons et nous le devons parce que nous le voulons et nous savons ce que nous voulons.

    La réunion est très bonne, elle nous a uni davantage, elle nous a donné de la cohésion.

    Nous avons décidé à l’unanimité de nous tenir à la ligne militaire et à sa concrétisation : «Développer la militarisation du Parti à travers les actions.» A partir de maintenant, que tout exprime notre volonté tendue d’accomplir ce qui a été décidé.

    « Dans l’histoire du monde, il n’y a pas eu de guerres qui ont commencé et se sont terminées par une offensive victorieuse continue, ou s’il y en eut, ce furent des exceptions.

    Et nous ne parlons ici que des guerres ordinaires, mais lorsque dans une guerre il s’agit du sort d’une classe, lorsque l’alternative est « capitalisme ou socialisme? », existe-t-il un fondement logique pour supposer qu’un peuple, qui affronte pour la première fois ce problème, puisse découvrir immédiatement la méthode correcte, libre d’erreurs? Y a-t-il des raisons de supposer cela?

    Non, il n’y en a pas. L’expérience nous enseigne le contraire. Aucun des problèmes que nous avons rencontré n’a pu être résolu d’un coup, mais seulement après des tentatives répétées.

    Subir une défaite, recommencer à nouveaux frais, tout reprendre à neuf, pour finir par trouver la façon de s’approcher de la solution – solution définitive ou au moins satisfaisante.

    C’est ainsi que nous avons travaillé et que nous devons continuer à travailler.

    Etant donné les périls que nous encourons, l’absence d’unanimité dans nos rangs serait le triste indice qu’un esprit d’abattement, dangereux au plus haut point, aurait pénétré le Parti.

    Au contraire, si nous n’avons pas peur de dire la vérité avec franchise, quelque dure et amère qu’elle soit, nous apprendrons.

    Et il est absolument certain que nous apprendrons à vaincre toute difficulté. » Lénine. 

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  • Georgi Dimitrov et la démocratie populaire

    Le Front de la Patrie mit en place comme régime la République Populaire de Bulgarie, dont les deux premiers articles de la constitution constatant que :

    « La Bulgarie est une République populaire à gouvernement représentatif, établie et affermie à la suite des luttes héroïques du peuple bulgare contre la dictature monarcho-fasciste et de l’insurrection populaire victorieuse du 9 septembre 1944.

    Dans la République populaire de Bulgarie, tout le pouvoir émane du peuple et appartient au peuple. Le peuple exerce ce pouvoir par des organes représentatifs librement élus et par référendum. Tous les organes représentatifs du pouvoir de l’État sont élus par les citoyens sur la base du droit électoral universel, égal et direct, au scrutin secret. »

    Georgi Dimitrov
    Georgi Dimitrov

    Les articles 6, 7, 8 et 9 précisent les choses suivantes :

    « Les moyens de production en République populaire de Bulgarie appartiennent soit à l’Etat (propriété commune du peuple), soit aux coopératives, soit aux particuliers — personnes physiques ou morales.

    Toutes les richesses naturelles, minerais et autres, du sous-sol, les forêts, les eaux, y compris les eaux minérales et thérapeutiques, les sources d’énergie hydraulique, les communications ferroviaires et aériennes, les postes, le télégraphe, le téléphone et la T.S.F., sont propriété de l’Etat, c’est-à-dire font partie de la propriété commune du peuple. Une loi spéciale réglera l’exploitation des forêts par la population.

    La propriété commune du peuple est le principal appui de l’État dans le développement de l’économie nationale et jouit d’une protection particulière. L’état peut gérer lui-même ou confier à d’autres la gestion des moyens de production qu’il détient.

    L’Etat subventionne et encourage les associations coopératives. »

    Manifestation de soutien à Georgi Dimitrov
    Manifestation de soutien à Georgi Dimitrov

    La République Populaire se garde également le droit de nationaliser certaines branches ou entreprises, et conserve le monopole du commerce extérieur et intérieur. C’est ainsi une Démocratie populaire.

    Dans son rapport politique du Comité central de décembre 1948, Georgi Dimitrov attribue la nature suivante au nouveau régime bulgare :

    « La clique des grands capitalistes, groupée autour de la monarchie et étroitement liée à l’impérialisme allemand, fut renversée. 

    Le pouvoir de l’Etat passa aux mains de l’union de combat des ouvriers, paysans, artisans et travailleurs intellectuels, unis au sein du Front de la Patrie, sur l’initiative et sous la direction de notre Parti. 

    Un changement radical fut apporté au caractère du pouvoir de l’Etat : l’institution servant à l’oppression et à l’exploitation des masses, au profit des classes capitalistes, s’écroula et un pouvoir populaire, instrument de la destruction du capitalisme, de l’affranchissement graduel des travailleurs de toute exploitation, se formait. 

    Il est vrai qu’au 9 septembre 1944, l’ancienne machine de l’Etat bourgeois ne fut pas entièrement détruite. Dans le gouvernement formé à ce moment, les communistes étaient en minorité. 

    De très importants postes dans l’Etat se trouvaient aux mains de gens, qui s’avérèrent par la suite peu sûrs, voire hostiles à l’égard du Front de la Patrie. Mais le Parti était l’âme et la force motrice du mouvement populaire antifasciste. 

    A la base, l’autorité se trouvait, en fait, aux mains des comités du Front de la Patrie. Notre Parti détenait le portefeuille de l’Intérieur, et contrôlait l’institution nouvellement créée des officiers politiques dans l’année. 

    Cela, dans l’intérêt général, étant donné que lui seul était à même d’organiser l’écrasement définitif de la clique monarcho- fasciste renversée, d’assurer l’ordre intérieur et la participation efficace de l’armée, en pleine réorganisation, à la guerre patriotique (…).

    Un nouvel Etat se constituait, un Etat populaire démocratique, appelé à se développer et à se perfectionner de plus en plus. 

    Bien que les tâches immédiates de l’insurrection du 9 septembre eussent été démocratiques, cette insurrection n’a pas pu ne pas ébranler à sa base même le système capitaliste et ne pas dépasser les cadres de la démocratie bourgeoise. 

    Cette particularité principale du soulèvement découle du fait que la suppression du fascisme, la garantie des droits démocratiques des travailleurs, leur consolidation et leur développement ne peuvent être établis, sans porter atteinte à la domination capitaliste. 

    Car, le fascisme n’est rien d’autre qu’une dictature terroriste, sans frein, du grand Capital. Il ne peut être radicalement supprimé, si l’on ne touche pas à la domination des capitalistes ; les droits démocratiques des travailleurs ne peuvent être garantis, si le grand Capital conserve sa toute-puissance politique et économique. 

    Voilà pourquoi l’Insurrection populaire du 9 septembre, portant au premier plan les tâches d’un caractère démocratique, ainsi que le grand devoir national : la participation de notre peuple à la guerre, pour la défaite définitive de l’hitlérisme, ne pouvait que diriger plus tard son glaive contre la domination du capitalisme, elle ne pouvait que lui porter d’autres coups sérieux et préparer les conditions de sa suppression, de l’abolition de ce système en général et le passage de la nation au socialisme. »

    Georgi Dimitrov donne donc à la démocratie populaire la nature suivante :

    Pour marcher avec assurance dans la voie du socialisme, il est indispensable d’éclaircir entièrement la question du caractère, du rôle et des perspectives de la démocratie populaire et de l’Etat populaire-démocratique. 

    A la lumière de notre expérience et des faits les plus récents, nous devons donc préciser et mettre au point certaines de nos conceptions actuelles, relatives à cette question nouvelle et complexe, importante pour notre pays et pour les autres pays de la démocratie populaire. 

    On sait que la démocratie populaire et l’Etat démocratique populaire devinrent possibles après la défaite des forces germano-fascistes, par suite de la victoire historique remportée par l’Union soviétique dans la seconde guerre mondiale et de la lutte des masses, sous la direction de la classe ouvrière, pour la liberté et l’indépendance nationales ; ce qui permit à une série de pays de l’Est et du Sud-Est européens de se débarrasser du système impérialiste. 

    Le caractère de l’Etat démocratique-populaire est déterminé par ces quatre traits fondamentaux : 

    a) L’Etat démocratique-populaire représente le pouvoir des travailleurs, de la grande majorité du peuple, sous le rôle dirigeant de la classe ouvrière. 

    Ce, fait signifie premièrement, que le pouvoir des capitalistes et des gros propriétaires est renversé et que celui des travailleurs des villes et des campagnes est établi, sous la direction de la classe ouvrière; cette classe, la plus progressiste de la société contemporaine, joue dans l’Etat et dans la vie sociale, un rôle dirigeant. Deuxièmement, que l’Etat sert d’instrument aux travailleurs dans leur lutte contre les éléments exploiteurs, contre toutes tentatives et tendances, en vue de rétablir le régime capitaliste et la domination de la bourgeoisie. 

    b) L’Etat démocratique-populaire apparaît comme un état de la période transitoire, appelé à assurer le développement du pays, dans la voie du socialisme. 

    Ceci signifie : bien que le pouvoir des capitalistes et dés grands propriétaires fonciers soit renversé et que la fortune de cette classe soit devenue la propriété du peuple, les racines économiques du capitalisme ne sont pas encore extirpées : certains éléments subsistent encore et se développent, s’efforçant de rétablir l’esclavage. 

    C’est pour cela que l’évolution vers l’avant, vers le socialisme, n’est possible qu’en menant une lutte de classe intransigeante contre eux, pour leur liquidation complète. 

    Ce n’est qu’en marchant sans détours vers le socialisme que l’Etat démocratique-populaire pourra se fortifier et accomplir sa mission historique. 

    Si la démocratie populaire cesse de lutter contre les classes d’exploiteurs, si elle cesse d’étouffer et de refouler les éléments capitalistes, ceux-ci l’emporteraient inévitablement, et non seulement saperaient les bases de la démocratie populaire, mais amèneraient sa perte. 

    c) L’Etat démocratique-populaire s’édifie dans la collaboration et l’amitié avec l’Union soviétique. 

    De même que l’affranchissement de notre pays des chaînes de l’impérialisme et la création de l’Etat démocratique-populaire ne devinrent possibles que grâce à l’appui et à la mission libératrice de l’U.R.S.S. dans la lutte contre l’Allemagne fasciste et ses alliés, le développement ultérieur de notre démocratie populaire suppose la conservation et le renforcement des relations étroites de collaboration sincère, d’assistance mutuelle et d’amitié, entre nos pays et le grand Etat soviétique. Toute tendance à affaiblir la collaboration avec l’U.R.S.S. est dirigée contre l’existence même de la démocratie populaire dans notre pays. 

    d) L’Etat démocratique-populaire appartient au camp démocratique anti-impérialiste. 

    Tout d’abord, ce n’est qu’en prenant rang dans le camp démocratique anti-impérialiste, qui a à sa tête le puissant Etat soviétique, qu’un pays de démocratie populaire peut garantir son indépendance, sa souveraineté et sa sécurité contre l’agression des forces impérialistes. 

    Deuxièmement : Dans les conditions de la défaite militaire des Etats fascistes agresseurs, de l’aggravation rapide de la crise générale du capitalisme, de l’énorme croissance de la puissance de l’Union soviétique et de notre collaboration étroite avec l’U.R.S.S., et les Etats populaires-démocratiques, notre pays, ainsi que les autres pays de démocratie populaire, voit s’ouvrir la possibilité de réaliser la transition du capitalisme au socialisme sans un régime soviétique, uniquement au moyen du régime de démocratie populaire, à la condition que celui-ci se renforce et se développe en s’appuyant sur l’aide de l’U.R.S.S., et des autres pays de démocratie populaire. 

    Troisièmement : Incarnant la domination des travailleurs sous la direction de la classe ouvrière, le régime de démocratie populaire peut et doit, ainsi que l’expérience l’a déjà prouvé, exercer avec succès les fonctions de la dictature du prolétariat, pour la liquidation du capitalisme et l’organisation de l’économie socialiste. 

    Il peut briser la résistance des capitalistes et des propriétaires fonciers, étouffer et liquider leurs tentatives, en vue de restaurer le pouvoir du Capital. 

    Il peut organiser la construction d’une industrie sur la base de la propriété publique et de l’économie planifiée. 

    Le régime de démocratie populaire sera également en état de surmonter l’instabilité de la petite bourgeoisie des villes et de la paysannerie moyenne, de maîtriser les éléments capitalistes dans les campagnes et d’unir les masses fondamentales des travailleurs autour de la classe ouvrière, dans la lutte décisive pour le passage au socialisme. 

    Dans l’application de cette ligne, qui a pour but d’éliminer les éléments capitalistes de l’économie nationale, le régime de démocratie populaire ne restera sans doute pas sans subir des transformations. 

    Il sera nécessaire de renforcer continuellement les positions-clés de la classe ouvrière dans tous les domaines de la vie publique et de l’Etat ; il sera nécessaire d’unir, dans les campagnes, tous ceux qui peuvent être des alliés sûrs de la classe ouvrière pendant la période de la lutte aiguë contre les koulaks et leurs aides. 

    Il sera nécessaire également de renforcer et d’améliorer le régime de démocratie populaire, comme le moyen de limitation et de liquidation des ennemis de classe. 

    Quatrièmement : Les pays de démocratie populaire, y compris le nôtre, se sont déjà engagés dans la voie du socialisme, sans interrompre la lutte conne les forces ennemies de l’intérieur et surtout de l’extérieur.

    Actuellement, dans ces pays, comme chez nous, on travaille à créer les conditions indispensables à l’édification du socialisme, à poser les fondements économiques et culturels de la future société socialiste. 

    C’est en cela, notamment, que réside, dans l’étape actuelle, la tâche fondamentale de la démocratie populaire, et par conséquent, celle de la classe ouvrière et de son guide, le Parti communiste. 

    Cette tâche générale en comporte une série d’autres, de grande importance, dont quelques-unes ont une portée décisive.

    Les voici : 

    1. Le renforcement ininterrompu des positions-clés de la classe ouvrière, avec le Parti communiste en tête, dans tous les domaines de l’Etat, de la vie économique, politico-sociale et culturelle. 

    2. La consolidation de l’union de la classe ouvrière et des paysans travailleurs sous la direction de cette classe. 

    3. Le développement accéléré du secteur public dans l’économie nationale et en particulier dans la grande industrie. 

    4. La préparation des conditions nécessaires à la liquidation des éléments capitalistes exploiteurs dans l’économie rurale, cela par une politique conséquente visant, d’abord, à les limiter, ensuite, à les écarter et à les liquider. 

    5. Le développement dans tout le pays de coopératives de production au sein des masses fondamentales de la paysannerie. L’aide à apporter aux paysans pauvres et moyens par les services des stations de tracteurs et machines agricoles, des crédits, des semences, etc. Augmenter l’intérêt que ces derniers portent à leur union avec la classe ouvrière, les persuader, par l’exemple des fermes coopératives, des avantages d’une gestion commune des exploitations rurales et les éduquer dans un esprit d’intransigeance vis-à-vis des éléments capitalistes. 

    Nous considérons que dans nos conditions et avec le développement des fermes coopératives, la question de la nationalisation de la terre n’a pas une importance pratique, c’est-à-dire que l’application de cette nationalisation n’apparaît pas comme une condition indispensable au développement et à la mécanisation de notre agriculture. 

    Cinquièmement : La démocratie populaire est en faveur de l’internationalisme, mais incompatible avec le nationalisme. Dans l’internationalisme, dans la collaboration internationale, avec le grand Staline en tête, notre Parti voit la garantie de l’existence indépendante, de la prospérité et de l’essor de notre pays vers le socialisme. 

    Nous pensons que le nationalisme, quel que soit le masque sous lequel il se cache, est l’ennemi du communisme. 

    Ceci est démontré, en effet, par la pratique anticommuniste du groupe nationaliste de Tito en Yougoslavie. C’est pour cette raison que la lutte contre le nationalisme devient un devoir primordial pour les communistes. 

    En combattant toutes ses manifestations, nous devons former les travailleurs dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien et de dévouement à leur patrie, c’est-à-dire dans l’esprit du véritable patriotisme.

    Ainsi, Georges Dimitrov prolongea son analyse du Front populaire jusqu’à établir les principes de la Démocratie populaire. Ce régime voit son existence permise par l’existence de l’Union Soviétique et sa victoire sur l’agresseur nazi, faisant que les forces démocratiques purent librement se développer.

    La Démocratie populaire est ainsi une application toujours plus large de la démocratie, par un État dont la classe ouvrière forme l’ossature, les oppositions réactionnaires étant mises de côté.

    Dans ce cadre, deux tentatives contre-révolutionnaires furent mises en échec : celle de l’agrarien Nicolas Petkov en 1947, celle du pro-titiste Traïcho Kostov en 1949.

    Georgi Dimitrov décéda lui-même le 2 juillet 1949 ; un mausolée fut construit pour lui à Sofia. 

    Le mausolée de Georgi Dimitrov
    Le mausolée de Georgi Dimitrov

    Valko Tchervenkov lui succéda, mais fut mis de côté en 1954 par le révisionnisme, qui réhabilita également immédiatement Traïcho Kostov, faisant de Georgi Dimitrov une icône sans contenu.

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  • Georgi Dimitrov et l’accomplissement en 1945 de la séquence de 1923

    Le Front de la Patrie tint son premier congrès du 9 au 12 mars 1945, alors que parallèlement l’Union Générale des Syndicats Ouvriers tint son premier congrès du 16 au 20 mars 1945.

    En août 1945, Georgi Dimitrov fut libéré de sa fonction de député du Soviet Suprême de l’URSS. Il put alors retourner en Bulgarie le 6 novembre 1945 en Bulgarie, après 22 années d’émigration.

    Georgi Dimitrov
    Georgi Dimitrov

    Il devint alors la figure majeure du Front de la Patrie, qui présenta une liste unifiée aux élections du 18 novembre 1945, réunissant les communistes, le Parti Agrarien, l’Union Populaire « zvéno », le Parti Ouvrier Social-démocrate et le Parti Radical, récoltant 88,18 % des voix, avec un taux de participation de 85,60 %.

    Georgi Dimitrov fut alors nommé président du conseil intérimaire le 22 novembre 1946, avant que la nouvelle assemblée nationale ne décide le 10 décembre 1947 de lui demander de former un nouveau gouvernement.

    Il devint alors président du Conseil des ministres, président du comité gouvernemental de la défense nationale et de la politique extérieure, appliquant la ligne de la démocratie populaire, c’est-à-dire de l’écrasement des forces réactionnaires par les forces démocratiques.

    Georgi Dimitrov
    Georgi Dimitrov

    Lors du Congrès national des comités du Front de la Patrie, Georgi Dimitrov prononça un discours intitulé « le Front de la Patrie est une alliance de combat durable de toutes les forces démocratiques progressistes », qui formula clairement cette ligne.

    Il y expliquait :

    « Il ne peut y avoir de vrai patriote bulgare qui n’adhère au Front de la Patrie, qui ne contribue, dans la mesure de ses forces et de ses capacités, à sa consolidation, ne garde sa cohésion comme la prunelle de ses yeux. Il n’y a pas de place en Bulgarie nouvelle, démocratique, pour le fascisme maudit, pour le chauvinisme grand-bulgare et le mépris des hommes, pour les traîtres du peuple et les agents de l’ennemi fasciste. »

    Dans La mission historique du Parti Ouvrier bulgare (communistes), discours prononcé à la conférence départementale du Parti à Sofia le 26 février 1946, Georgi Dimitrov émet le point de vue suivant :

    « L’existence de ce grand Etat socialiste qu’est l’Union soviétique et les transformations démocratiques historiques qui s’opèrent après la guerre posent devant un grand nombre de pays la question de la réalisation du socialisme comme une question de coopération entre la classe ouvrière, d’une part, et les paysans, les artisans, les intellectuels et les autres couches progressistes du peuple, de l’autre.

    Quand un jour chez nous aussi, en Bulgarie, il sera question de passer du régime social actuel vers le nouveau régime, le régime socialiste, alors les communistes, s’appuyant sur le peuple, bâtiront, côte à côte avec les paysans, les artisans et les intellectuels, la nouvelle société socialiste en tant qu’oeuvre historique de tout le peuple.

    Cette voie de développement social, camarades, peut paraître à certains plus lente. Mais elle est non seulement possible, réelle, mais encore et sans aucun doute beaucoup moins pénible pour les peuples.

    C’est pourquoi, nous, les communistes, déclarons nous déclarons ouvertement et sans nous gêner que, dans les conditions actuelles, nous préférons précisément cette voie, parce que c’est une voie réelle et moins pénible vers le socialisme.

    Quant à ce que les peuples, petits ou grands, finiront pas passer au socialisme, on ne saurait en douter, parce que le socialisme est une nécessité historique aussi bien pour les petits peuples que pour les grands.

    C’est que – et comme marxistes nous sommes censés le savoir – les peuples passeront au socialisme non pas en suivant une seule et même voie, non pas en empruntant précisément la voie soviétique, mais en s’engageant dans leur propre voie, conformément à leurs conditions historiques, nationales, sociales, culturelles et autres.

    Celui qui parle de contradiction entre la politique du Front de la Patrie et la lutte pour le rassemblement de toutes les forces progressistes, démocratiques, dans le Front de la Patrie, d’une part, et la lutte pour le socialisme, de l’autre, celui qui parle d’une telle contradiction n’est pas un marxiste, ou bien il est un provocateur. »

    Georgi Dimitrov
    Georgi Dimitrov

    Dans cette perspective, les communistes – qui avait pris comme nom d’organisation Parti Ouvrier bulgare (communiste) en 1938 – fusionnèrent en août 1948 avec les socialistes du Parti Ouvrier Social-démocrate, comme Parti Communiste bulgare.

    C’était l’accomplissement de la séquence qui avait échouée en 1923.

    Dans Le Front de la Patrie, son développement et ses tâches imminentes, le rapport présenté devant le deuxième congrès du Front de la Patrie le 2 février 1948, Georgi Dimitrov expliqua ainsi :

    « Les racines historiques du Front de la Patrie sont étroitement aux amers enseignements dégagés par notre peuple de la lutte contre le fascisme, à la grande école par laquelle il est passé avec ses plus grandes organisations démocratiques pendant deux décennies et en particulier, pendant les années de l’invasion nazie dans les Balkans.

    Devant notre peuple anxieux se posaient les questions suivantes:

    Comment était-il possible que dans un pays où le Parti Communiste était fort, où était au pouvoir un gouvernement agrarien avec en tête le grand guide du peuple Alexandre Stamboliiski, un gouvernement jouissant d’une grande influence parmi les paysans, où les partis bourgeois avaient été déjà compromis par les deux catastrophes nationales, comment était-il possible qu’une dictature fasciste triomphât, que les mêmes forces dirigées par la dynastie des Cobourg qui avaient entraîné auparavant la Bulgarie dans le camp de l’impérialisme allemand, fussent ramenées au pouvoir et qu’elles eussent la possibilité de préparer son retour dans le même camp?

    Pourquoi l’insurrection antifasciste de Septembre 1923 n’a-t-elle pas réussie, n’a-t-elle pas été couronnée de la victoire du peuple sur la réaction fasciste et de l’établissement d’un gouvernement démocratique populaire ?

    Aidés par les communistes et instruits par sa propre expérience, notre peuple trouva une juste réponse à ces questions angoissantes.

    Il comprit que l’échec était devenu possible uniquement parce qu’une alliance de combat n’avait pas été réalisée en pratique entre les ouvriers et les paysans et que, sur cette base-là, les forces démocratiques saines n’avaient pas été rassemblées en un vaste front anti-fasciste unique.

    Il comprit que les ennemis profitaient de la désunion des forces populaires pour imposer leur dictature. Au prix de grandes souffrances,de beaucoup de lourds sacrifices consentis pendant l’insurrection de Septembre 1923 et après cette insurrection, pendant les ténébreuses et sanglantes journées de la dictature fasciste, notre peuple tira la grande leçon de la nécessité d’une union de toutes les forces antifascistes, progressistes.

    L’insurrection de septembre 1923 a, pour le développement de la démocratie bulgare, le mérite irremplaçable d’avoir jeté les fondements de sa véritable union. »

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  • Georgi Dimitrov, la seconde guerre mondiale impérialiste et le Front de la Patrie

    En mars 1941, la Bulgarie rentra dans la Seconde Guerre mondiale impérialiste, en rejoignant le pacte tripartie (regroupant l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et l’Empire du Japon). Elle participe à l’offensive contre la Grèce et la Yougoslavie.

    Les communistes lancèrent alors comme appel :

    « Pas un grain de blé bulgare, pas un morceau de pain bulgare pour les fascistes allemands ! Pas un seul Bulgare à leurs service ! »

    Les unités partisanes furent formées dès 1941, alors que la production dans une part importante de l’industrie fonctionnant pour l’Allemagne nazie s’effondre de moitié.

    Georgi Dimitrov mit alors en place une stratégie de Front populaire antifasciste et le programme du Front de la Patrie fut alors rendu public le 17 juillet 1942.

    Sa base correspondait aux exigences antifascistes : libération du pays de son statut de pays satellite de l’Allemagne nazie, abolition de la dictature monarcho-fasciste, instauration d’une république populaire s’alliant à l’URSS face à l’Allemagne nazie.

    Voici le programme du Front de la Patrie. 

    La politique antipopulaire du gouvernement du roi Boris constitue un véritable danger national. Aujourd’hui, la Bulgarie devient pratiquement vassale d’Hitler, et le peuple bulgare — esclave des impérialistes allemands.

    Une débâcle inévitable sera le sort du projet maniacal d’Hitler de dominer le monde. Toute reconduction de la politique de trahison menée par les gouvernants bulgares signifie donc précipiter délibérément le peuple bulgare dans l’abîme et ruiner son indépendance nationale.

    Le devoir suprême du peuple bulgare, de son armée et de son intelligentsia patriotique, en ce moment historique, est de se rassembler dans un puissant Front de la Patrie pour sauver la Bulgarie.

    Le Front de la Patrie se pose les tâches immédiates suivantes:

    1. Ne pas permettre qu’on entraîne la Bulgarie dans une guerre fasciste, criminelle et pernicieuse pour le peuple bulgare.

    2. Retirer immédiatement les troupes bulgares envoyées pour étouffer la lutte du peuple serbe frère contre le joug allemand et italien.

    3. Rompre l’alliance de la Bulgarie avec l’Allemagne nazie et les autres États de l’axe, libérer la terre bulgare des troupes fascistes allemandes et des bandits de la Gestapo.

    4. Suspendre les exportations de vivres et de matières premières vers l’Allemagne et les autres États de l’axe. Assurer la nourriture du peuple et de l’armée et approvisionner la population en produits de première nécessité à des prix accessibles.

    5. Garantir, conformément à la Déclaration atlantique, les intérêts nationaux du peuple bulgare par un accord avec les autres peuples des Balkans, et par l’amitié et la coopération étroites de la Bulgarie avec l’Union soviétique, l’Angleterre, les États-Unis et les autres peuples épris de liberté.

    6. Libérer immédiatement toutes les personnes civiles et militaires persécutées pour leur lutte contre le fascisme et l’Allemagne nazie.

    7. Rétablir les droits politiques du peuple et, surtout, la liberté de la presse, des réunions et des associations ; abolir toutes les lois anticonstitutionnelles, antipopulaires et fascistes.

    8. Arracher l’armée des mains de la clique fasciste et monarchique et prendre des mesures décisives pour qu’elle ne soit pas utilisées à des fins antipopulaires. Garantir les droits des officiers, sous-officiers et soldats en tant que citoyens à part entière.

    9. Dissoudre les organisations fascistes du type de «Brannik», «Sayouz-na-ratnitsité ». « Léguion».

    Mettre hors d’état de nuire les bourreaux et les criminels fascistes et prendre des mesures pour leur châtiment exemplaire.

    10. Préserver la richesse et le travail du peuple de toute atteinte étrangère et créer des conditions nécessaires au développement économique de la Bulgarie en tant que pays libre et indépendant.

    11. Assurer les moyens de subsistance, le travail, les revenus et une existence humaine à la population laborieuse des villes et des campagnes.

    12. Déraciner l’obscurantisme fasciste, la haine raciale et l’humiliation de la dignité nationale de notre peuple.

    L’accomplissement de ces tâches d’importance vitale pour notre peuple nécessite de créer au plus tôt un véritable gouvernement national, capable de conduire fermement et avec esprit de suite la politique salutaire du Front de la Patrie. Aussi le Front de la Patrie pose-t-il comme objectif immédiat de sa lutte le renversement du gouvernement actuel, un gouvernement traître, antipopulaire et hitlérien, et la formation d’un gouvernement bulgare véritablement national.

    S’appuyant sur la volonté et le soutien de l’ensemble du peuple bulgare, ce gouvernement préparera les conditions à la convocation d’une Grande Assemblée nationale qui déterminera la future forme de gouvernement de la Bulgarie et créera les garanties constitutionnelles et matérielles nécessaires à la liberté, à l’indépendance et à l’épanouissement de notre pays.

    Durant l’hiver 1942-1943, les partisans de la Sredna Gora (une chaîne montagneuse du centre de la Bulgarie) tinrent tête à 20 000 policiers et soldats ; en mars-avril 1943, le pays fut divisé en 12 zones sous direction militaire unique, les partisans rassemblant au début de 1944 une force suffisamment grande pour que la monarchie lance pas moins de 100 000 soldats contre eux.

    Dans « Tout pour le front ! », écrit en septembre 1944 comme message au Comité Central du Parti Ouvrier bulgare (communistes), Georgi Dimitrov annonce de la manière suivante la stratégie à suivre.

    Le titre fait référence au mot d’ordre « Tout pour le front, tout la victoire rapide et définitive sur le fascisme, sur les malfaiteurs et esclavagistes allemands ».

    « Je partage les sentiments de joie profonde et de fierté que vous éprouvez, avec tous les patriotes bulgares et notre vaillante jeunesse, je me réjouis avec vous tous de voir enfin notre peuple, qui a tant souffert et tant lutté, secouer le joug infâme des Allemands et des fascistes bulgares et prendre sa place dans le camps des nations unies avec en tête l’Union soviétique, l’Angleterre et l’Amérique.

    Il l’a fait en se soulevant pour une insurrection antifasciste et en s’appuyant sur l’aide fraternelle de l’Armée rouge victorieuse.

    La victoire du Front de la Patrie revêt une importance historique pour notre pays. Le neuf septembre a ouvert une ère nouvelle dans l’histoire de notre peuple.

    La rupture avec l’Allemagne nazie, le renversement du pouvoir des agents allemands et fascistes perfides, des traîtres et des fossoyeurs de la Bulgarie, la création d’un gouvernement du Front de la Patrie et le rétablissement des droits et libertés populaires bafoués, la participation de l’armée bulgare rénovée à la guerre de libération contre les hordes de brigades allemands du côté des grandes puissances démocratiques – tout cela a permis d’asseoir sur une base solide l’édification d’une Bulgarie nouvelle, libre, indépendante et puissante.

    Or, ce n’est qu’une base, tout comme la victoire du Front de la Patrie n’est qu’un début. »

    Le 5 septembre 1944, l’armée rouge pénétra en Bulgarie, le 9 ce fut l’insurrection générale du Front de la Patrie.

    La nouvelle Armée bulgare participa alors avec l’Armée rouge et de l’Armée de libération nationale yougoslave, à chasser les nazis de la Croatie, de la Slovénie, de la Hongrie et de l’Autriche.

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  • Georgi Dimitrov et le Front populaire antifasciste

    De ce qu’expose Georgi Dimitrov, on comprend que la base du fascisme est extrêmement restreinte. Pourquoi a-t-il alors pu triompher? La raison de cela est expliquée ainsi :

    « Pourquoi et de quelle façon le fascisme a-t-il pu vaincre ?

    Le fascisme est le pire ennemi de la classe ouvrière et des travailleurs.

    Le fascisme est l’ennemi des neuf dixièmes du peuple allemand, des neuf dixièmes du peuple autrichien, des neuf dixièmes des autres peuples des pays fascistes.

    Comment, de quelle manière, ce pire ennemi a-t-il pu vaincre ?

    Le fascisme a pu accéder au pouvoir avant tout parce que la classe ouvrière, par suite de la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie que pratiquaient les chefs de la social-démocratie, s’est trouvée scindée, désarmée au point de vue politique et au point de vue de l’organisation, face à l’agression de la bourgeoisie.

    Quant aux Partis communistes, ils étaient insuffisamment forts pour soulever les masses, sans et contre la social-démocratie, et les conduire ainsi à la bataille décisive contre le fascisme. »

    Par conséquent, une politique de Front est nécessaire, pour unifier les forces démocratiques démasquant la démagogie du fascisme. Le Front populaire antifasciste unifie les forces de la classe ouvrière qui sont sinon divisées et affaiblies. Il regroupe les revendications allant dans le sens de l’opposition au capital financier qui fait la promotion du fascisme, permettant une vaste unité contrant le fascisme.

    Cela est d’autant plus important que la démagogie fasciste est une pièce maîtresse et détourne en quelque sorte les attentes de toute une époque, donnant naissance à une séquence tronquée, une pseudo-révolution.

    Georgi Dimitrov explique cela de la manière suivante :

    « Quelle est donc la source de l’influence du fascisme sur les masses ?

    Le fascisme réussit à attirer les masses parce qu’il en appelle, de façon démagogique, aux plus sensibles de leurs besoins et de leurs aspirations.

    Le fascisme ne se borne pas à attiser les préjugés profondément enracinés dans les masses; il joue aussi sur les meilleurs sentiments des masses, sur leur sentiment de justice et parfois même sur leurs traditions révolutionnaires.

    Pourquoi les fascistes allemands, ces laquais de la grande bourgeoisie et ces ennemis mortels du socialisme, se font-ils passer devant les masses pour des « socialistes » et représentent-ils leur avènement au pouvoir comme une « révolution » ?

    Parce qu’ils visent à exploiter la foi dans la révolution, l’élan vers le socialisme, qui vivent au cœur des grandes masses travailleuses d’Allemagne. »

    Le fascisme est ainsi un danger essentiel à la révolution elle-même, car il en prend le masque afin de semer la confusion, d’acquérir une façade de légitimité historique. Qui plus est, le fascisme marque une rupture dans la superstructure étatique, qu’il ne s’agit en aucun cas de sous-estimer.

    On comprend ici que Georgi Dimitrov tire la leçon de l’erreur terrible des communistes de Bulgarie en 1923 et qu’il a compris que le fascisme représentait un tournant, un saut qualitatif dans la crise capitaliste :

    « L’arrivée du fascisme au pouvoir, ce n’est pas la substitution ordinaire d’un gouvernement bourgeois à un autre, mais le remplacement d’une forme étatique de la domination de classe de la bourgeoisie – la démocratie bourgeoise – par une autre forme de cette domination, la dictature terroriste déclarée (…).

    Camarades, on ne saurait se faire de l’arrivée du fascisme au pouvoir l’idée simpliste et unie qu’un comité quelconque du capital financier déciderait d’instaurer à telle date la dictature fasciste.

    En réalité, le fascisme arrive ordinairement au pouvoir dans une lutte réciproque, parfois aiguë, avec les vieux partis bourgeois ou une portion déterminée d’entre eux, dans une lutte qui se mène même à l’intérieur du camp fasciste et qui en arrive parfois à des collisions armées, comme nous l’avons vu en Allemagne, en Autriche, et dans d’autres pays.

    Tout cela sans affaiblir cependant l’importance du fait qu’avant l’instauration de la dictature fasciste, les gouvernements bourgeois passent ordinairement par une série d’étapes préparatoires et prennent une série de mesures réactionnaires contribuant à l’avènement direct du fascisme.

    Quiconque ne lutte pas, au cours de ces étapes préparatoires, contre les mesures réactionnaires de la bourgeoisie et le fascisme grandissant, n’est pas en état d’entraver la victoire du fascisme, mais au contraire la facilite. »

    Ce dernier aspect est essentiel : il ne s’agit de ne jamais perdre de vue que le fascisme représente la putréfaction du capitalisme. Cette question de la décomposition est un facteur idéologique jouant un rôle clef :

    « La décomposition très avancée du capitalisme pénètre jusqu’au cœur même de son idéologie et de sa culture, et la situation désespérée des grandes masses populaires rend certaines de leurs couches sujettes à la contagion des déchets idéologiques de cette décomposition.

    Cette force de contagion idéologique que possède le fascisme nous ne devons en aucun cas la sous-estimer.

    Nous devons, au contraire pour notre part, déployer une ample lutte idéologique sur la base d’une argumentation claire, populaire et d’une attitude juste et bien réfléchie à l’égard de la psychologie nationale particulière des masses populaires.

    Les fascistes fouillent dans toute l’histoire de chaque peuple pour se présenter comme les héritiers et les continuateurs de tout ce qu`il y a eu de sublime et d’héroïque dans son passé, tout ce qu’il y a eu d’humiliant et d’injurieux pour les sentiments nationaux du peuple, ils s’en servent comme d’une arme contre les ennemis du fascisme. »

    Le fascisme pose la question de l’unité démocratique ; le Front populaire antifasciste est une réponse à celle-ci.

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  • Georgi Dimitrov : L’Union soviétique et la classe ouvrière des pays capitalistes (1937)

    (L’Union soviétique et la classe ouvrière des pays capitalistes – novembre 1937)

    Georgi Dimitrov

    I

    C’est avec une joie et un enthousiasme sans bornes que les millions de travailleurs du monde entier, tous ceux qui luttent contre le brigandage capitaliste, la barbarie fasciste et les guerres impérialistes, fêtent le XXe anniversaire de la grande Révolution socialiste d’Octobre.

    Dans tous les pays, les partisans honnêtes de la démocratie, du progrès et de la paix, l’élite de la science, de la culture et de l’art, saluent les vingt années d’existence du premier Etat socialiste du monde, comme un événement d’une portée historique universelle.

    Il n’est point d’autre événement dans l’histoire de l’humanité qui ait eu sur le cours du

    développement social, sur les destinées de tous les peuples du monde, une influence aussi énorme que celle exercée par la victoire de la grande Révolution socialiste d’Octobre.

    Il n’y a pas eu jusqu’à ce jour un Etat comme l’U.R.S.S., que des millions d’hommes sur tous les points du globe, sans distinction de nationalité ni de race, chérissent comme une patrie, sentant qu’eux-mêmes, leur vie, leur sort et leurs espoirs sont indissolublement liés à ce pays.

    A la suite de révolutions bourgeoises, le capitalisme a triomphé du régime féodal et conquis une situation dominante.

    Il a enveloppé de son système d’économie le monde entier ; il a vaincu le particularisme féodal et créé de grands Etats nationaux.

    Mais le capitalisme n’a fait que substituer une forme de l’exploitation à l’autre, certains antagonismes de classes à d’autres.

    Il a été incapable d’unir les peuples dans la paix, mais il a, au contraire, rendu plus profond l’abîme qui existait entre eux, créant de nouvelles contradictions internationales et de nouveaux motifs de guerre de conquête, de guerre destructrice.

    A la suite de la grande Révolution socialiste d’Octobre, le socialisme a triomphé du capitalisme sur un sixième du globe.

    Au centre du monde, sur un immense territoire englobant la moitié de l’Europe et de l’Asie, est apparu un puissant Etat socialiste basé sur la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme et sur l’union fraternelle des peuples ; cet Etat montre le chemin à suivre pour libérer l’humanité tout entière de la servitude capitaliste, pour grouper tous les peuples du monde dans la grande fraternité des travailleurs libres et heureux.

    Pendant vingt ans d’une âpre lutte, face à la résistance acharnée des classes exploiteuses battues à l’intérieur du pays, et à l’intervention contre-révolutionnaire du dehors, dans les conditions de l’encerclement capitaliste hostile, les travailleurs de l’U.R.S.S. dirigés par le glorieux Parti bolchevik avec, en tête, les chefs géniaux de l’humanité travailleuse, Lénine et Staline, ont fait d’un pays, autrefois arriéré et miséreux, un puissant Etat socialiste avancé.

    Si, en 1913, Lénine, caractérisant l’état incroyablement arriéré de la Russie tsariste, attirait l’attention sur le fait que son économie était outillée quatre fois plus mal que l’Angleterre, cinq fois plus mal que l’Allemagne, et dix fois plus mal que l’Amérique, en moyens de production modernes, l’Union soviétique occupe maintenant la première place en Europe et en tant que pays industriel la deuxième place dans le monde pour la production industrielle.

    Nul ne peut nier désormais les immenses réalisations de l’édification socialiste, le développement considérable de l’industrie et les récoltes records de l’agriculture collectivisée.

    Car c’est un fait que l’économie de l’U.R.S.S. marque un essor impétueux, comme n’en a jamais connu la société capitaliste.

    Si le développement de l’industrie des pays capitalistes pour la période allant de 1890 à 1913 a donné un accroissement annuel moyen de la production de 5,8 %et, pour la période allant de 1913 à 1936, de 1,5 % seulement, en Union soviétique, rien que pour 1936, l’accroissement de la production industrielle a été de 28 %.

    Si, en 1936, la production industrielle des pays capitalistes a dépassé d’un tiers le niveau de 1913, en Union soviétique elle a augmenté de plus de sept fois.

    Une énorme victoire historique a été remportée dans le domaine de l’agriculture.

    Au moment où l’agriculture des pays capitalistes ne sort pas d’une crise prolongée qui a pour résultat la réduction de la surface des emblavures la destruction d’une masse de produits, la baisse constante de tout le niveau de la production, en Union soviétique, à la place d’une économie arriérée et morcelée, on a créé la grosse agriculture socialiste la plus avancée, 99 % des emblavures ont été collectivisées. Grâce au régime kolkhozien, la misère a été liquidée au village, et il n’y a plus de paysans sans terre, sans cheval, sans matériel agricole.

    Plus de vingt millions de paysans pauvres, qui végétaient auparavant dans la misère, sont entrés aux kolkhoz où ils vivent une vie aisée et culturelle.

    L’agriculture socialiste donne des récoltes records, telles que l’histoire du pays n’en a encore jamais connues. En 1937, on a récolté presque sept milliards de pouds (1.120 millions de quintaux) de céréales, alors qu’avant la révolution on ne récoltait dans les meilleures années que quatre à cinq milliards de pouds (720 à 800 millions de quintaux).

    En régime capitaliste, partout où croît la richesse de quelques-uns, on voit grandir à l’autre bout la misère et la détresse des millions de travailleurs ; les périodes d’essor sont inévitablement suivies de crises cruelles qui détruisent les forces productives et engendrent le chômage, la misère, la famine.

    Le système socialiste, lui, ignore les crises, ignore le chômage et la misère.

    Des faits indéniables attestent nettement la supériorité du système socialiste sur le système capitaliste, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans celui des conditions d’existence et de la culture, de la science et de l’art, dans celui des rapports entre les peuples.

    Seuls les apologistes aux gages du capitalisme peuvent contester cette supériorité.

    Et seuls des crétins consommés, qui souvent se disent socialistes, de même que les charlatans politiques qui faussent le marxisme, osent encore démontrer que la classe ouvrière n’est pas en mesure de prendre la responsabilité historique de la direction des destinées de son peuple et de l’organisation de l’économie nationale, que le prolétariat « inexpert » dans les choses de l’Etat et de l’économie, ne peut se passer de la bourgeoisie « experte » en la matière.

    Les vingt années d’existence de l’Union soviétique confirment d’une façon éclatante les paroles de Staline, prononcées en 1927, à l’occasion du dixième anniversaire de la Révolution d’Octobre.

    Les succès incontestables du socialisme en U.R.S.S. sur le front de construction ont démontré nettement que le prolétariat peut gouverner avec succès le pays sans la bourgeoisie et contre la bourgeoisie ; qu’il peut édifier avec succès l’industrie sans la bourgeoisie et contre la bourgeoisie ; qu’il peut diriger avec succès toute l’économie nationale sans la bourgeoisie et contre la bourgeoisie ; qu’il peut édifier avec succès le socialisme malgré l’encerclement capitaliste. (J. Staline : les Questions du léninisme, t. I, p. 187-188, Editions sociales, 1950.)

    Là est une des plus importantes leçons de principe de la grande Révolution socialiste d’Octobre pour la classe ouvrière des pays capitalistes, leçon qu’il importe de souligner tout particulièrement en ce vingtième anniversaire.

    II

    Le prolétariat des pays capitalistes a beaucoup fait pour soutenir la Révolution prolétarienne, la première dans l’histoire de l’humanité.

    Sans ce soutien, les ouvriers et les paysans soviétiques auraient versé encore plus de leur sang et auraient compté encore plus de sacrifices pour sauvegarder les conquêtes de la Révolution socialiste. Il faut, néanmoins, dire tout net que la classe ouvrière des pays capitalistes n’a pas réussi à faire son devoir jusqu’au bout, ni envers la première Révolution socialiste, ni en ce qui concerne sa propre libération.

    Non seulement elle est restée elle-même sous le pouvoir du Capital et est tombée, en Italie et en Allemagne, sous la servitude barbare du fascisme, mais elle a contribué, malgré elle, à augmenter les difficultés, les privations, les souffrances et les sacrifices du détachement d’avant-garde du prolétariat international.

    Où en serait le monde si, après la Révolution socialiste d’Octobre, dans la période de 1918 à 1920, le prolétariat d’Allemagne, d’Autriche-Hongrie et d’Italie, ne s’était pas arrêté à mi-chemin dans son essor révolutionnaire ?

    Où en serait le monde si les révolutions allemande et autrichienne de 1918 avaient été menées jusqu’au bout et, si à la suite de la victoire de la révolution, la dictature du prolétariat avait été instaurée au centre de l’Europe, dans les pays industriels hautement évolués ?

    Le bloc révolutionnaire du prolétariat de l’Europe occidentale et de la classe ouvrière de l’Union soviétique n’aurait pas seulement rendu cent fois plus facile la liquidation de l’intervention contre-révolutionnaire et de la guerre civile ; il aurait hâté infiniment l’édification du socialisme au pays des Soviets.

    Il n’y aurait pas de dictature fasciste, ni en Italie, ni en Allemagne, ni en Autriche, ni dans les autres pays.

    Le fascisme ne mènerait pas l’offensive contre la classe ouvrière et les peuples démocratiques.

    Les peuples espagnol et chinois n’auraient pas à endurer les lourdes épreuves qui leur sont imposées aujourd’hui. L’humanité ne se trouverait pas, à l’heure présente, devant la sinistre menace d’une nouvelle boucherie mondiale.

    Lorsque les ouvriers et les paysans de Russie ont renversé le pouvoir des propriétaires fonciers et des capitalistes, toutes les conditions objectives nécessaires étaient réunies dans l’Europe centrale pour que le prolétariat européen, et au premier chef le prolétariat d’Allemagne, s’engageât dans la voie tracée par les ouvriers et les paysans soviétiques.

    Mais il n’en fut rien.

    Et principalement parce que, à la direction des organisations de masse du prolétariat, le dernier mot appartenait aux chefs des partis social-démocrates qui, dès le début de la guerre, avaient fait bloc avec leur bourgeoisie impérialiste.

    Désireux de sauvegarder coûte que coûte les assises ébranlées de la société bourgeoise, ils ont utilisé largement l’influence exercée par l’idéologie et la politique du social-démocratisme, du réformisme, pour tromper la majorité de la classe ouvrière, la convaincre que ce n’était pas le développement ultérieur de la révolution, mais sa prompte liquidation qui conduirait les ouvriers au socialisme.

    Par leur coalition avec la bourgeoisie :ils ont scindé le mouvement ouvrier, ils ont affaibli le prolétariat, ils l’ont isolé de la paysannerie et des petites gens de la ville ; et c’est ainsi qu’ils ont aidé la bourgeoisie à rassembler ses forces, à passer à l’offensive contre les ouvriers et les paysans révolutionnaires.

    Les pleutres et les mystificateurs politiques du prolétariat, qui se trouvaient à la tête des organisations ouvrières de masse, cherchaient à effrayer les ouvriers par la perspective des sacrifices, des privations, de la ruine économique.

    Ils les assuraient que ce n’était pas la voie du bolchévisme, ni l’application révolutionnaire effective de la doctrine de Marx et de Engels, ni la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat qui feraient aboutir au socialisme, mais que c’était la voie du social-démocratisme, la voie de la coalition avec la bourgeoisie et le maintien du régime bourgeois, qui assureraient le passage pacifique et indolore au socialisme.

    Aujourd’hui, les résultats de ces vingt années sont là.

    Qui ira nier que les sacrifices et les privations subis, par exemple, par la classe ouvrière et les masses travailleuses d’Allemagne durant toute la période d’après-guerre, et surtout dans les conditions du féroce régime de dictature fasciste, sont mille fois plus grands que tous les sacrifices et privations qu’aurait nécessités la victoire de la révolution prolétarienne en 1918 ?

    Au lieu du passage au socialisme, du passage pacifique et indolore qui avait été promis, le social-démocratisme, par toute sa politique de capitulation et de scission, a déblayé la route pour la victoire du fascisme.

    Sans le social-démocratisme de Turati et de d’Aragona, en Italie, la victoire du fascisme de Mussolini eût été impossible.

    Sans le social-démocratisme d’Ebert et de Noske, en Allemagne, la victoire du fascisme de Hitler eût été impossible.

    Sans le social-démocratisme de Renner et de Bauer, en Autriche, la victoire du fascisme de Schuschnigg eût été impossible. Cette vérité, rien maintenant ne saurait l’estomper.

    Elle est confirmée irréfutablement aussi par une multitude de documents connus déjà de l’histoire politique de l’Europe d’après-guerre.

    A la fin de la guerre impérialiste, dans les conditions d’une crise révolutionnaire encore jamais vue, les chefs réactionnaires de la social-démocratie ont scindé la classe ouvrière ; ils l’ont désarmée idéologiquement et politiquement ; ils ont empêché le développement des révolutions prolétariennes en marche ; ils ont sauvé la domination du capitalisme, exposant ainsi les travailleurs aux coups du fascisme.

    Pendant ce temps, le bolchévisme, le marxisme authentique, a groupé la classe ouvrière ; il a réalisé l’alliance indestructible des ouvriers et des paysans, anéanti le capitalisme, assuré la victoire de la Révolution socialiste et abouti à construire la société socialiste sur un sixième du globe.

    Staline avait mille fois raison, quand il écrivait, dix ans plus tôt :

    Il est impossible d’en finir avec le capitalisme sans en avoir fini avec le social-démocratisme dans le mouvement ouvrier. (J. Staline : les Questions du léninisme, t. I, p. 192, Editions sociales, 1950.)

    Là est la deuxième leçon de principe éminemment importante pour le prolétariat des pays capitalistes, en rapport avec le XXe anniversaire de la grande Révolution socialiste d’Octobre.

    III

    En ces vingt années, pendant la crise économique mondiale surtout, les masses travailleuses des pays capitalistes ont subi bien des souffrances, bien des épreuves ; leur douloureuse expérience leur a appris bien des choses.

    La victoire définitive et sans retour du socialisme en U.R.S.S., d’une part, et les enseignements des défaites momentanées que le fascisme a infligées à la classe ouvrière en Allemagne surtout, d’autre part, ont sapé l’influence du social-démocratisme non seulement dans la classe ouvrière, mais aussi au sein des partis socialistes eux-mêmes, ainsi que dans les syndicats qui se trouvent sous leur direction politique.

    Dans le camp social-démocrate, on a commencé à abandonner les positions du réformisme, la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie et à se placer sur les positions de la lutte commune avec les Partis communistes contre le fascisme, sur les positions de l’unité d’action de la classe ouvrière et du Front populaire antifasciste.

    Ce processus a déjà trouvé une expression éclatante dans l’établissement d’un front unique entre les communistes et les socialistes en France, en Espagne, en Italie et partiellement dans une série d’autres pays.

    Le développement de ce processus est facilité et accéléré par le cours des événements des dernières années, qui pose impérieusement devant la classe ouvrière la tâche la plus importante et la plus urgente :barrer à tout prix le chemin au fascisme dans les pays de démocratie bourgeoise ; renverser le fascisme là où il est au pouvoir; défendre la paix, universelle contre les fauteurs de guerre fascistes.

    L’application juste par les Partis communistes, des positions essentielles du VIIe congrès de l’Internationale communiste, accélère ce processus de l’abandon du social-démocratisme.

    Sous l’influence de la victoire du socialisme en U.R.S.S., du développement du mouvement de Front populaire et de la montée de l’influence du communisme au sein du mouvement ouvrier augmentera sans nul doute le nombre des Partis et des organisations socialistes qui répudient le social-démocratisme banqueroutier, qui mènent en commun avec les Partis communistes la lutte contre l’ennemi de classe commun et s’orientent vers l’union avec les communistes dans un seul parti de masse du prolétariat. 

    Une telle union est déjà intervenue entre les socialistes et les communistes de Catalogne.

    Elle se prépare par les efforts conjugués des Partis communiste et socialiste d’Espagne.

    Les conditions nécessaires à cette union mûrissent aussi en France, grâce à la lutte conjuguée des communistes et des socialistes dans les rangs du Front populaire antifasciste, grâce aussi à l’influence heureuse qu’exerce la création de la C.G.T. unique sur tout le processus de l’unification des forces du prolétariat français. Le nouveau pacte entre communistes et socialistes italiens affermit encore leurs rapports fraternels et les liens de leur lutte commune contre la dictature fasciste de Mussolini.

    On voit progresser la compréhension réciproque et le rapprochement entre communistes et socialistes en Allemagne, dans la lutte contre la dictature fasciste de Hitler, en dépit de toutes les menées et intrigues des chefs butés de la direction du Parti social-démocrate à l’étranger.

    On peut dire en toute certitude qu’au XXe anniversaire de la grande Révolution socialiste d’Octobre, la classe ouvrière des pays capitalistes aborde de près la liquidation de la scission provoquée, au sein du mouvement ouvrier mondial par le social-démocratisme.

    Sur le chemin de cette liquidation se dressent encore une quantité de difficultés et d’obstacles d’ordre idéologique, politique et d’organisation. Il est des difficultés liées à l’histoire même et aux traditions du mouvement ouvrier dans les différents pays, et qu’il n’est pas aisé d’aplanir.

    Mais l’essentiel, c’est que les classes dominantes des pays capitalistes, éminemment intéressées à voir dissociées les forces du mouvement ouvrier, font et feront tout leur possible pour l’empêcher de réaliser son unité.

    Afin de leur complaire, les chefs réactionnaires de l’Internationale socialiste déploient une énergie forcenée pour faire marcher à rebours la roue de l’histoire.

    Même devant la monstrueuse intervention germano-italienne en Espagne, devant l’agression sauvage de la clique militaire fasciste-japonaise en Chine et la menace infiniment accrue d’une nouvelle guerre impérialiste mondiale, ils sabotent par tous les moyens chaque tentative d’action commune entreprise par les organisations ouvrières internationales pour défendre les peuples espagnol et chinois, pour défendre la paix.

    Mais il n’est point de difficultés ni d’obstacles dans la voie de l’unité de la lutte contre le fascisme et la guerre, que la classe ouvrière ne puisse surmonter si elle est fermement résolue à grouper ses forces et à accomplir sa mission historique.

    L’existence du pays du socialisme, puissant rempart de la lutte du prolétariat international, rempart de la paix, de la liberté et du progrès, est le plus grand facteur susceptible de liquider la scission du mouvement ouvrier mondial. 

    Les travailleurs de l’Union soviétique, par leur exemple, par leur héroïsme au travail, par leur mouvement stakhanoviste, par leur dévouement à la patrie socialiste, par leur lutte implacable contre les ennemis du peuple, contre les espions trotskistes et boukharinistes et les agents de diversion, les agents du fascisme, exercent une énorme influence sur le rassemblement des forces scindées du mouvement ouvrier mondial.

    On voit monter infailliblement les sympathies et l’amour des travailleurs du monde capitaliste pour l’Union soviétique, pays du socialisme vainqueur.

    Et ce fait agit comme l’antidote le plus efficace contre l’œuvre de scission perpétrée, dans les rangs de la classe ouvrière par les agents déclarés ou masqués de l’ennemi de classe.

    Le pays du socialisme vainqueur, qui joue un rôle si éminent dans l’unité du prolétariat international, resserre encore plus étroitement autour de l’U.R.S.S. tous les partisans sincères de la cause ouvrière.

    Dans la situation internationale actuelle, il n’y a pas et il ne saurait y avoir de critérium plus sûr que l’attitude à l’égard de l’Union soviétique pour déterminer quels sont les amis et quels sont les ennemis de la cause de la classe ouvrière et du socialisme ; quels sont les partisans et quels sont les adversaires de la démocratie et de la paix. La pierre de touche permettant de vérifier la bonne foi et l’honnêteté de chaque militant du mouvement ouvrier, de chaque parti ouvrier et de chaque organisation des travailleurs, de chaque démocrate dans les pays capitalistes, c’est leur attitude à l’égard du grand pays du socialisme.

    On ne saurait combattre effectivement le fascisme si on ne contribue pas à fortifier par tous les moyens le rempart essentiel de cette lutte : l’Union soviétique.

    On ne saurait lutter sérieusement contre les fauteurs fascistes d’une nouvelle boucherie mondiale, sans soutenir totalement l’U.R.S.S., facteur essentiel du maintien de la paix mondiale, on ne saurait lutter effectivement pour le socialisme dans son pays, si l’on ne se dresse pas contre les ennemis de l’Etat soviétique où le socialisme est réalisé grâce aux efforts héroïques des travailleurs.

    On ne saurait passer pour un ami véritable de l’U.R.S.S. si on ne condamne pas ses ennemis – les agents trotskistes-boukhanniens du fascisme.

    Ce qui marque en fait la ligne de démarcation historique entre les forces du fascisme, de la guerre et du capitalisme, d’une part, et les forces de la paix, de la démocratie et du socialisme, de l’autre, c’est l’attitude observée à l’égard de l’Union soviétique, non point une attitude de pure forme envers le pouvoir des Soviets et le socialisme en général, mais l’attitude à l’égard de l’Union soviétique qui existe effectivement depuis vingt ans, avec sa lutte inlassable contre les ennemis, avec sa dictature de la classe ouvrière et sa Constitution staliniste, avec le rôle dirigeant du parti de Lénine et de Staline.

    Là est la troisième leçon de principe éminemment importante pour le prolétariat des pays capitalistes, en rapport avec le XXe anniversaire de la grande Révolution socialiste d’Octobre.

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  • Georgi Dimitrov : Le front unique pour la paix (1936)

    Staline et Georgi Dimitrov
    Staline et Georgi Dimitrov

    (Le front unique pour la paix – avril 1936)

    I

    Jamais encore depuis 1914, la menace d’une guerre mondiale n’a été aussi grande qu’aujourd’hui.

    Et jamais encore la nécessité n’a été aussi urgente de mobiliser toutes les forces pour détourner cette catastrophe, qui menace toute l’humanité. Mais, pour cela, il est nécessaire avant tout de comprendre clairement d’où vient le danger, quels en sont les agents, quels sont les pays qu’ils s’apprêtent à assaillir.

    Il serait faux de croire que la guerre qui vient, menace seulement l’Union soviétique, ou du moins la menace en premier lieu. N’est-ce pas un fait que l’occupation de la zone rhénane, par l’armée de Hitler crée une menace directe pour la France, la Belgique et d’autres pays européens ?

    C’est également un fait que les plans de conquête de Hitler pour le plus proche avenir visent à la conquête de territoires appartenant à des Etats voisins, où se trouve une population allemande.

    Si Hitler parle aujourd’hui de la « souveraineté de l’Allemagne », il parlera demain de la « souveraineté de tous les Allemands ».

    Sous ce mot d’ordre, il tentera de réaliser l’annexion de l’Autriche, la destruction de la Tchécoslovaquie comme Etat indépendant, l’occupation de l’Alsace-Lorraine, de Dantzig, de la partie méridionale du Danemark, de Memel, etc.

    Et c’est parfaitement compréhensible : il est beaucoup plus facile au fascisme allemand d’envoyer tout d’abord une armée conquérir des territoires appartenant à des Etats voisins, sous le mot d’ordre de l’ « union nationale de tous les Allemands », et de commencer seulement ensuite la guerre contre le puissant pays des Soviets.

    Le fascisme allemand, qui se fortifie maintenant sur le Rhin, constitue également, bien que les gouvernants actuels de la Pologne aient avec lui des rapports d’alliance, une menace pour l’indépendance du peuple polonais.

    En ce qui concerne l’Extrême-Orient, il n’y a pas de doute que le coup immédiat est dirigé contre le peuple chinois, bien que la camarilla militaire fasciste du Japon prépare la guerre contre l’Union soviétique et se soit entendue avec Berlin pour cette éventualité.

    Le Japon a déjà occupé la Mandchourie et s’empare maintenant, l’une après l’autre, des provinces de la Chine. L’impérialisme japonais cherche, par ailleurs, à soumettre tous les peuples de l’Asie, y compris l’Inde, à s’emparer des Philippines et de l’Australie.

    Il se prépare au règlement de comptes décisif avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

    Il est donc évident que les peuples de l’Occident commettraient une erreur fatale s’ils se laissaient bercer de l’illusion qu’ils ne sont pas menacés par les fauteurs fascistes de guerre en Europe et en Extrême-Orient.

    En particulier, les peuples des pays voisins de l’Allemagne sont fondés à réfléchir sérieusement sur la défense de leur indépendance et de leur liberté.

    La principale cause des guerres impérialistes, comme on le sait, réside dans le capitalisme lui-même, dans ses visées conquérantes.

    Mais, dans la conjoncture internationale concrète d’aujourd’hui, l’instigateur de la guerre qui vient, est le fascisme, le poing ganté de fer des forces les plus agressives et les plus belliqueuses de l’impérialisme.

    Si le danger de guerre est devenu si directement menaçant c’est qu’on n’a pas barré à temps le chemin du pouvoir au fascisme allemand.

    Après avoir instauré sa domination par la guerre intérieure contre les masses populaires de son propre pays, le fascisme s’est développé en une menace directe de guerre pour tous les peuples du monde. Après avoir asservi son peuple, il passe, la torche de la guerre à la main, à l’offensive contre les autres peuples.

    Le danger de guerre s’est encore extrêmement aggravé du fait qu’il s’est créé un état d’impunité pour l’agresseur fasciste. La préparation du fascisme allemand à la guerre (introduction du service militaire obligatoire, armements aériens et navals), s’est effectuée avec la complaisance systématique des puissances capitalistes et le concours direct des milieux dirigeants anglais.

    La passivité et les hésitations de la Société des nations à l’égard de l’offensive du Japon contre la Chine et de l’agression italienne en Abyssinie ont encouragé l’insolence de l’agresseur.

    Mais l’agressivité grandissante du fascisme allemand et de la camarilla militaire japonaise sont, avant tout et surtout, la conséquence du fait que le prolétariat international n’a pas réussi à réagir unanimement, en déployant toutes ses forces gigantesques, à rassembler autour de lui tous les travailleurs et tous les amis de la paix en un front puissant contre la guerre. 

    La résistance de la partie réactionnaire des chefs de l’Internationale ouvrière socialiste et de la Fédération syndicale internationale au front unique de lutte n’est pas encore brisée.

    Et le rejet des actions indépendantes et unies du prolétariat contre la guerre de la part de ces leaders réactionnaires qui soutiennent la politique impérialiste de leur bourgeoisie, l’engourdissement des masses par l’illusion que la Société des nations fera tout le nécessaire pour le maintien de la paix, ont été un frein pour la lutte du prolétariat contre la guerre et ont paralysé sa pression sur les gouvernements capitalistes.

    A côté des leaders ouvertement réactionnaires qui sabotent l’unité d’action du prolétariat international pour la défense de la paix, on voit aussi se dresser les phraseurs de « gauche » qui prêchent des idées fatalistes sur l’impossibilité d’éviter la guerre et l’impossibilité de conserver la paix.

    Du moment que la cause essentielle de la guerre est le capitalisme, disent-ils, on ne peut pas, tant qu’il existe, éviter la guerre, et il est stérile et absurde de lutter pour le maintien de la paix.

    De telles gens sont des doctrinaires encroûtés, sinon de purs et simples charlatans. Ils voient partout les forces déchaînées de la guerre, mais ne remarquent nullement les puissants facteurs de paix.

    L’Union soviétique – l’Etat du prolétariat victorieux – est, avec sa politique de paix résolue et conséquente, un de ces facteurs de paix.

    Un autre facteur de paix, c’est le prolétariat des pays capitalistes.

    Voilà les forces dirigeantes de la défense de la paix contre les fauteurs de guerre.

    Les masses de la paysannerie, tous les travailleurs, les plus vastes masses populaires dans tous les pays capitalistes, sont également pour le maintien de la paix.

    Un certain nombre d’Etats capitalistes sont, en ce moment, intéressés au maintien de la paix. Et dans les pays où règne le fascisme, comme dans ceux dont les gouvernants favorisent les instigateurs d’une nouvelle boucherie, les peuples ne veulent pas la guerre.

    Les doctrinaires phraseurs, par exemple ceux de l’Independent Labour Party d’Angleterre, présentent la situation comme si la question de la guerre et de la paix dépendait exclusivement des gouvernements capitalistes.

    Oui, il en serait ainsi si les masses populaires jouaient le rôle de simples pions entre les mains des gouvernements et ne luttaient pas pour le maintien de la paix en dépit de leurs gouvernements.

    Mais c’est précisément cette façon de considérer les masses populaires comme de simples marionnettes entre les mains du gouvernement qui est absolument fausse.

    Si ces masses, sans lesquelles il est impossible de faire la guerre, interviennent résolument et à temps contre les desseins militaires des gouvernements, elles pourront les contraindre à renoncer à la guerre et à l’indulgence envers ceux qui complotent la guerre.

    Toute la question est d’organiser à temps la lutte des peuples pour le maintien de la paix et de mener cette lutte tous les jours et en tout lieu contre les fauteurs fascistes de guerre et contre leurs auxiliaires.

    Ce qu’il faut, c’est un front unique de la paix qui groupe non seulement la classe ouvrière, la paysannerie, les intellectuels travailleurs et les autres travailleurs, mais aussi les nations opprimées et les peuples des pays dont l’indépendance est menacée par les fauteurs de guerre.

    Ce qu’il faut, c’est un front de la paix qui s’étende à toutes les parties du monde, de Tokyo à Londres, de New York à Berlin, un front de la paix qui agisse avec cohésion contre les fauteurs de guerre, contre le fascisme allemand en Europe, contre la clique militaire japonaise en Extrême-Orient.

    Et ce front de la paix deviendra puissant et invincible s’il déploie des actions pratiques de masse et ne se borne pas à des protestations, résolutions et déclarations.

    Il faut, à l’aide de mesures économiques et politiques, placer les fauteurs de guerre dans les conditions d’un véritable état de siège. 

    Il faut les acculer pour leur enlever les moyens de réaliser leurs desseins criminels.

    Il faut ceindre le globe d’un réseau d’organisations des amis de la paix tellement dense, d’un mouvement de solidarité internationale tellement puissant, de mesures relevant d’une politique internationale unique du prolétariat dans l’intérêt du maintien de la paix tellement efficaces, que les mains criminelles des fauteurs de guerre s’en trouvent enchaînées.

    Il faut faire sentir énergiquement à l’agresseur fasciste que des millions d’hommes suivent chacun de ses pas avec vigilance et que toute tentative de sa part d’attaquer d’autres peuples se heurtera à la résistance résolue du prolétariat et des travailleurs du monde entier.

    Seul le prolétariat, en réalisant l’unité dans ses rangs peut être l’organisateur d’un tel front de paix, en être la force motrice, l’ossature.

    Là réside maintenant la tâche centrale du prolétariat international tout entier.

    Du succès de sa réalisation dépend aussi le succès de la lutte contre le fascisme lui-même.

    II

    Il ne suffit pas de vouloir la paix.

    Il faut lutter pour la paix. Il est tout à fait insuffisant de mener une propagande générale contre la guerre.

    La propagande contre la guerre « en général » n’empêche nullement les conspirateurs siégeant à Berlin ou à Tokyo de tramer leur dessein infâme ; ils seraient très contents que la classe ouvrière n’allât pas au-delà d’une propagande générale de ce genre.

    Afin que la lutte pour le maintien de la paix soit couronnée de succès, il faut absolument que les actions communes du prolétariat et des masses populaires les plus considérables soient dirigées contre les fauteurs de guerre et contre les forces qui, à l’intérieur du pays, les favorisent directement et indirectement. De ce point de vue il est extrêmement important d’élaborer la lutte pour le maintien de la paix, en tenant compte de la situation du Parti et du mouvement ouvrier du pays en question, ainsi que de sa situation intérieure et internationale.

    Dans les pays où le fascisme est au pouvoir, la classe ouvrière, plaçant au centre de la lutte contre la dictature fasciste la dénonciation de la démagogie chauvine et des préparatifs de guerre, rassemble toutes les forces pour conjurer la catastrophe dans laquelle le fascisme veut précipiter le peuple.

    En luttant contre le pouvoir du fascisme et contre son agression militaire, le prolétariat et les grandes masses populaires d’Allemagne, d’Italie et des autres pays fascistes ne travaillent pas seulement à leur propre salut, mais aussi dans l’intérêt de la paix, dans l’intérêt de tous les peuples de l’humanité tout entière.

    A l’heure actuelle, l’attitude à prendre à l’égard de la politique extérieure du gouvernement et de la défense nationale est un point particulièrement important de la tactique de la classe ouvrière, surtout dans les pays qui sont directement sous la menace de l’agression.

    Il n’est pas du tout indifférent pour la classe ouvrière et pour tous les travailleurs de savoir quelle est la politique extérieure du gouvernement à l’égard des ennemis fascistes de la paix : cette politique contribue-t-elle à la consolidation de la sécurité collective ou lui fait-elle obstacle ?

    Le gouvernement favorise-t-il les agents de l’agresseur fasciste ou prend-il contre eux des mesures efficaces ?

    Comment traite-t-on les enfants du peuple qui se trouvent dans les rangs de l’armée ? Dans quel esprit les éduque-t-on ?

    De quels éléments se composent les cadres de commandement de l’armée ?

    Ces éléments sont-ils sûrs, en ce qui concerne la lutte contre l’ennemi fasciste, ou sont-ils des éléments réactionnaires fascistes ?

    Comment la population est-elle protégée contre les horreurs de la guerre ? etc.

    Se montrer indifférent aux questions de défense nationale, les laisser sans contrôle à la discrétion du gouvernement bourgeois, c’est là une position qui ne sert nullement l’œuvre de défense de la paix.

    Ce n’est pas par hasard que les sommets dirigeants de la bourgeoisie ont toujours considéré ce domaine comme leur monopole, comme une sorte de « sanctuaire ».Il faut, une fois pour toutes, mettre fin à ce monopole de la bourgeoisie.

    Le prolétariat ne saurait se passer, dans ces questions, d’une politique à lui, d’une politique indépendante.

    Sans glisser en aucun cas aux positions de la bourgeoisie, le parti du prolétariat doit intervenir activement avec sa plateforme, avec ses revendications, dans la politique extérieure et dans les questions de défense nationale.

    Partisan dévoué de la défense active de son peuple et de son pays contre l’asservissement fasciste, le prolétariat doit relier de la façon la plus étroite les questions de défense nationale aux revendications visant à étendre les droits démocratiques des ouvriers et des paysans, à défendre leurs intérêts vitaux, en partant du fait que seules la démocratisation du régime dans les pays, la démocratisation de l’armée, son épuration des éléments fascistes et des autres éléments réactionnaires et la satisfaction des revendications les plus urgentes des masses ouvrières et paysannes sont en mesure de renforcer la capacité de défense du peuple contre l’agression fasciste.

    Dans chaque situation concrète, les représentants de la classe ouvrière se prononcent pour des propositions de ce genre et cherchent à faire prendre des mesures qui permettent aux grandes masses du peuple d’exercer le maximum de pression sur la politique extérieure du gouvernement, ainsi qu’un contrôle effectif de ses actes dans les questions de défense nationale. Ils se prononcent également pour toutes les mesures qui rendent plus difficile la capitulation des gouvernements bourgeois devant l’agresseur fasciste et la trahison par ces gouvernements de l’indépendance et de la liberté du peuple.

    Tout en soulignant que seul le pouvoir du prolétariat est en mesure d’assurer une défense effective du pays et de son indépendance, comme le montre avec évidence l’exemple de l’Union soviétique, les communistes, dans les conditions d’une menace directe de guerre de la part d’un agresseur fasciste, travaillent à créer un gouvernement de Front populaire. 

    En prenant des mesures énergiques contre le fascisme et les éléments réactionnaires dans le pays, contre les agents et les auxiliaires des ennemis de la paix, en assurant le contrôle de la défense nationale par les masses organisées, un tel gouvernement contribuera au renforcement de la capacité de défense du peuple contre l’agresseur fasciste.

    Dans la mesure même où le pouvoir se trouve aujourd’hui entre les mains de gouvernements bourgeois qui n’offrent pas de garantie pour la défense véritable du pays et qui mettent en action les forces armées de l’Etat contre les travailleurs, le parti de la classe ouvrière ne peut assumer aucune responsabilité politique pour les mesures de défense de ces gouvernements : c’est la raison pour laquelle il se prononce contre la politique militaire du gouvernement et contre le budget de la guerre dans son ensemble.

    Cela n’exclut pas, dans des cas concrets, une abstention motivée lors du vote de différentes mesures de défense nationale qui sont nécessaires pour rendre plus difficile l’attaque de l’agresseur fasciste (par exemple, la fortification des frontières) de même que le vote et l’intervention pour des mesures dictées par les intérêts de la défense de la population contre les horreurs de la guerre (abris contre les gaz, masques à gaz, secours sanitaires, etc.).

    Les temps sont révolus où la classe ouvrière ne participait pas d’une manière indépendante et active au règlement de questions vitales comme la guerre et la paix. La différence entre les communistes et les réformistes, entre les hommes politiques révolutionnaires et réactionnaires du mouvement ouvrier, ne consiste nullement dans le fait que ces derniers participent au règlement de ces questions tandis que nous, les révolutionnaires, nous devrions rester à l’écart. Non.

    La différence réside dans le fait que les réformistes, dans ces questions comme dans les autres, défendent les intérêts des capitalistes, et les révolutionnaires, ceux des travailleurs, ceux du peuple.

    Cette souple tactique bolchevik qui est l’application à une question distincte des conceptions tactiques générales données par le VIIe congrès de l’I.C., résulte nécessairement de toute la situation internationale présente, et, en particulier, de l’existence d’agresseurs fascistes déterminés.

    Et il est vraiment comique de voir les phraseurs de « gauche » de tout acabit se dresser contre cette tactique en posant aux révolutionnaires intransigeants !

    A les en croire, tous les gouvernements sont des agresseurs.

    Ils se réfèrent même à Lénine qui, pendant la guerre impérialiste de 1914-1918, a rejeté à juste titre l’argument des social-chauvins : « On nous a attaqués, nous nous défendons. »Mais à cette époque, le monde était divisé en deux coalitions impérialistes belligérantes qui cherchaient dans une mesure égale à établir leur hégémonie mondiale et qui avaient préparé et provoqué dans une mesure égale la guerre impérialiste.

    Il n’y avait pas alors de pays où le prolétariat fût vainqueur, ni de pays à dictature fasciste.

    Mais, maintenant, la situation est autre. Maintenant, il y a : 1. Un Etat prolétarien qui est le plus grand rempart de la paix ; 2. Des agresseurs fascistes déterminés ; 3. Nombre de pays qui se trouvent sous la menace immédiate d’une attaque de la part d’agresseurs fascistes et de la perte de leur indépendance en tant qu’Etat et nation ; 4. D’autres Etats capitalistes qui, dans le moment donné, sont intéressés au maintien de la paix. Il est donc tout à fait faux de présenter maintenant tous les Etats comme des agresseurs.

    Seuls des hommes qui cherchent à couvrir les agresseurs véritables, peuvent défigurer ainsi les faits.

    III

    La paix existante est une mauvaise paix. Mais cette mauvaise paix est, en tout cas, meilleure que la guerre.

    Et à chaque partisan conséquent de la paix apparaît de soi-même la nécessité de soutenir toutes les mesures qui peuvent contribuer à son maintien, y compris les mesures de la Société des nations et notamment les sanctions.

    Les sanctions peuvent fournir un moyen d’action efficace contre l’agresseur.

    Si les sanctions adoptées par la Société des nations n’ont pas empêché l’Italie de poursuivre la guerre contre l’Abyssinie, cela ne milite nullement contre les sanctions, mais contre les puissances qui en ont saboté l’application.

    Et si le fascisme allemand lance aujourd’hui un défi aux peuples du monde entier, c’est précisément parce qu’il compte sur l’impunité, parce que les sanctions n’ont pas été appliquées à l’égard du Japon, parce que les sanctions contre l’Italie ont été mises en échec par les Etats capitalistes, parce qu’enfin Hitler, en dirigeant ses troupes vers les frontières de la France et de la Belgique, était convaincu d’avance que les sanctions décidées contre lui seraient sabotées par la bourgeoisie anglaise.

    On dit que l’application des sanctions accroît le danger de guerre et aboutira à la guerre. C’est faux.

    Bien au contraire, c’est l’impunité de l’agresseur qui accroît le danger de guerre. Plus les sanctions d’ordre financier et économique seront appliquées résolument contre l’agresseur fasciste (refus total de crédits, cessation du commerce et des fournitures de matières premières), et moins le fascisme allemand sera résolu à déclencher la guerre, car le risque, sera d’autant plus grand pour lui.

    Il faut critiquer impitoyablement la Société des nations pour ses hésitations, sa passivité, son inconséquence. La classe ouvrière doit mener une lutte intransigeante contre les gouvernements de ceux des Etats impérialistes membres de la Société des nations qui, mus par des intérêts cupides, aident l’agresseur, sabotent les mesures de maintien de la paix et sacrifient les intérêts des petits peuples à ceux des grandes puissances impérialistes.

    Mais il ne s’ensuit nullement qu’il faille, d’une manière générale, adopter une attitude négative à l’égard de la Société des nations.

    Quel intérêt le prolétariat a-t-il à faire le jeu des fauteurs de guerre qui, tous aujourd’hui, sont contre la Société des nations ?

    Ce sont précisément les principaux instigateurs de la guerre, l’Allemagne et le Japon, qui ont quitté la S.D.N.

    L’Union soviétique, qui, de tout son poids international, défend la cause de la paix et de la sécurité collective, se trouve dans la Société des nations.

    Font également partie de la Société des nations certains autres Etats qui ne veulent pas permettre aux agresseurs fascistes d’attaquer d’autres peuples.

    Quiconque ne sait pas faire la distinction entre la Société des nations de jadis et la Société des nations d’aujourd’hui, quiconque ne sait pas différencier son attitude à l’égard des divers membres de la Société des nations, quiconque renonce à faire jouer la pression des masses sur la Société des nations et les différents gouvernements capitalistes en faveur des mesures pour le maintien de la paix, est un bavard et pas un révolutionnaire, pas un homme politique du prolétariat.

    La classe ouvrière doit soutenir celles des mesures de la Société des nations et des différents Etats qui, de fait, tendent au maintien de la paix (pactes de non-agression, d’assistance mutuelle contre l’agresseur, pactes de sécurité collective, sanctions financières et économiques).

    Elle ne doit pas seulement les soutenir, mais, par un puissant mouvement anti-guerrier de masse, obliger la Société des nations aussi bien que les gouvernements des différents pays capitalistes à prendre des mesures sérieuses pour la défense de la paix.

    Il est faux de prétendre que la politique de concessions incessantes aux exigences des fauteurs de guerre fascistes, tant de la part de la Société des nations que de la part de différents Etats (Angleterre, France, Belgique, etc.), peut contribuer à maintenir la paix.

    Les ouvriers n’ont pas oublié qu’en son temps, dans la politique intérieure de l’Allemagne, ce fut précisément l’esprit de compromission et de capitulation devant l’offensive du fascisme qui fraya à celui-ci la voie du pouvoir.

    Sur l’arène internationale, une pareille politique de capitulation laisse au fascisme belliqueux le champ libre pour l’attaque.

    Il est également faux de prétendre que la cause de la paix gagnerait à ce que l’on essayât de poser aujourd’hui la question d’une nouvelle répartition des sources de matières premières, des colonies et des territoires sous mandat, comme le tentent les chefs social-démocrates réactionnaires. On n’agit ainsi, au fond, que pour détourner l’attention des masses de la lutte concrète contre les fauteurs de guerre.

    D’un autre côté, pareille proposition cache le désir d’accorder des colonies au fascisme allemand, ce qui ne ferait que renforcer davantage encore ses positions de guerre.

    Ce n’est pas au prolétariat à se prononcer pour telle ou telle répartition des colonies et des mandats coloniaux entre les impérialistes.

    Sa tâche est de soutenir la lutte des peuples coloniaux pour leurs intérêts et leurs droits, pour la libération définitive de ces peuples du joug impérialiste.

    IV

    En exigeant de la Société des nations et des gouvernements bourgeois des mesures efficaces contre l’agressivité des instigateurs fascistes de la guerre, le prolétariat ne doit pas perdre un seul instant de vue que le point principal quand il s’agit de la sécurité de la paix, que le point fondamental, décisif, ce sont les actions indépendantes des grandes masses pour la défense de la paix contre les fauteurs de guerre précis.

    Il n’y a pas le moindre doute que si le prolétariat international avec ses organisations de masse, en particulier avec ses syndicats, était intervenu d’une façon unanime et, par les grèves et autres mesures, avait empêché le départ de chaque navire, de chaque train soit d’Italie, soit à destination de l’Italie, le fascisme italien eût été contraint depuis longtemps de cesser sa guerre de rapines contre le peuple abyssin.

    Mais la création d’un Front populaire de paix vraiment large et suffisamment puissant pour mener une telle lutte contre le fascisme belliqueux, n’est possible qu’à la condition d’avoir l’unité d’action du prolétariat lui-même. 

    C’est précisément l’établissement de l’unité d’action de la classe ouvrière qui a permis aux prolétariats français et espagnol de former un puissant Front populaire antifasciste.

    La conférence de Londres de l’Internationale ouvrière socialiste et de la Fédération syndicale internationale, déchirée par les contradictions intérieures, a éludé, sous la pression de son aile réactionnaire, la question de la nécessité de réaliser immédiatement l’unité d’action du prolétariat à l’échelle nationale et internationale.

    Elle n’a pas appelé les masses ouvrières à des actions indépendantes, mais s’est bornée à les inviter à s’en remettre entièrement à la Société des nations.

    Elle n’est pas intervenue pour la défense du peuple chinois attaqué par le Japon.

    Elle n’a condamné d’aucune manière ceux des chefs travaillistes et social-démocrates qui se font les défenseurs de la politique agressive du fascisme allemand, sous le couvert des phrases sur le « maintien de la paix ».

    Mais, en même temps, dans les rangs de l’Internationale ouvrière socialiste et de la Fédération syndicale internationale, un mouvement se développe rapidement depuis quelque temps en faveur du front unique de la classe ouvrière.

    Les intérêts vitaux du prolétariat international tout entier exigent que ces forces prennent le dessus et qu’elles surmontent la résistance des adversaires du front unique.

    Le passage à l’offensive militaire du fascisme qui utilise la désunion dans les partis et les organisations de la classe ouvrière des différents pays demande, de toute nécessité, une politique internationale unique de la classe ouvrière dans l’intérêt du maintien de la paix.

    En bref, la réalisation de cette politique internationale unique du prolétariat est possible sur les bases suivantes :

    En premier lieu, rétablissement et consolidation de la véritable solidarité prolétarienne internationale pour la défense des intérêts des masses travailleuses les plus considérables ; rupture résolue des partis social-démocrates avec les intérêts impérialistes de leur bourgeoisie respective.

    En second lieu, appui le plus large à la politique de paix de l’Union soviétique, de l’Etat prolétarien qui, avec une constance inébranlable, monte la garde de la paix entre les peuples.

    Mais cela implique, avant tout, la lutte résolue des partis ouvriers contre les tentatives contre-révolutionnaires d’identifier la politique extérieure de l’Union soviétique avec la politique des Etats impérialistes, d’identifier l’Armée rouge, ce rempart de la paix, avec les armées des Etats impérialistes, tentatives qui font le jeu des instigateurs fascistes de la guerre.

    En troisième lieu, à chaque moment donné, diriger et concentrer les coups sur l’agression fasciste, prendre une attitude distincte à l’égard de l’agresseur, d’une part et des victimes de son agression, d’autre part.

    Dénoncer toute tentative d’estomper la différence entre les Etats fascistes et non-fascistes.

    En quatrième lieu, lutte autonome du prolétariat pour le maintien de la paix, ne dépendant ni des gouvernements capitalistes, ni de la Société des nations, ce qui exclut la subordination du mouvement ouvrier aux combinaisons de coulisses des gouvernements impérialistes affiliés à la Société des nations.

    La lutte pour le maintien de la paix est, dans les conditions actuelles, une lutte contre le fascisme ;elle est donc, au fond, une lutte révolutionnaire.

    Le maintien de la paix est un danger mortel pour le fascisme, car, en augmentant ses difficultés intérieures, il aboutit à saper la dictature fasciste de la bourgeoisie ; le maintien de la paix favorise l’accroissement des forces du prolétariat, des forces de la révolution ; il permet de surmonter la division dans les rangs du mouvement ouvrier ; il aide le prolétariat à devenir la classe dirigeante dans la lutte de tous les travailleurs contre le capitalisme ; il mine les fondements du régime capitaliste; il accélère la victoire du socialisme.

    La guerre peut éclater à l’improviste. De nos jours, les guerres ne se déclarent pas.

    Elles commencent tout simplement. (J. Staline : le Socialisme, c’est la paix ! Entretien avec M. Roy Howard (1er mars 1936), p. 5, B.E., 1936.)

    C’est cela qui exige, en premier lieu, de la part des communistes, une vue claire tant de l’envergure et du caractère du danger de guerre que des voies et moyens de le combattre.

    Le pas décisif pour établir l’unité d’action du prolétariat international contre les instigateurs de la guerre est aujourd’hui le déploiement par le Parti communiste, dans chaque pas, dans tous les domaines de la vie sociale et politique, de la campagne la plus active, la plus persévérante et la plus étendue pour le maintien de la paix.

    Les communistes mènent cette campagne sans attendre la conclusion de pactes d’unité d’action avec la direction du parti social-démocrate, mais ils la mènent absolument sous le signe de la lutte pour l’établissement de l’unité d’action du Parti communiste avec le parti social-démocrate.

    Les communistes font tous leurs efforts pour surmonter la résistance des chefs social-démocrates réactionnaires au front unique et pour consolider de toutes les façons les liens de lutte commune noués entre ouvriers communistes et social-démocrates contre l’ennemi commun.

    Une telle campagne, en favorisant le rapprochement des ouvriers communistes et social-démocrates, contribuera à activer et à souder toutes les forces du prolétariat non seulement à l’échelle nationale, mais aussi à l’échelle internationale.

    C’est là le moyen le plus puissant de contribuer à l’intégration dans le mouvement des autres couches de travailleurs des villes et des campagnes, des masses de la petite bourgeoisie, de la paysannerie et des intellectuels, de tous les partisans de la paix.

    Tout cela accélérera la formation d’un front invincible de lutte du prolétariat international, de tous les travailleurs, de tous les peuples pour le maintien de la paix.

    Lutter pour la paix, c’est lutter contre le fascisme, c’est lutter contre le capitalisme, c’est lutter pour la victoire du socialisme dans le monde entier.

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  • Georgi Dimitrov : Les gouvernements actuels des pays capitalistes sont des hommes provisoires, le véritable maître du monde est le prolétariat

    Staline et Georgi Dimitrov
    Staline et Georgi Dimitrov

    (Les gouvernements actuels des pays capitalistes sont des hommes provisoires, le véritable maître du monde est le prolétariat – 20 août 1935)

    Le VIIe congrès mondial de l’Internationale communiste, le congrès des communistes de tous les pays et de tous les continents du monde, termine ses travaux.

    Quel en est le bilan, qu’est-ce que le congrès représente pour notre mouvement, pour la classe ouvrière mondiale, pour les travailleurs de tous les pays ?

    Ce congrès a été le congrès du triomphe complet de l’unité entre le prolétariat de l’Union soviétique, – le pays où le socialisme a vaincu, – et le prolétariat du monde capitaliste en lutte pour son affranchissement. La victoire du socialisme dans l’Union soviétique, victoire qui intéresse l’histoire mondiale, provoque dans tous les pays capitalistes un puissant mouvement vers le socialisme.

    Cette victoire affermit l’oeuvre de paix entre les peuples, en augmentant l’importance internationale de l’Union soviétique et son rôle de puissant rempart des travailleurs dans leur lutte contre le Capital, contre la réaction et le fascisme.

    Elle fortifie l’Union soviétique en tant que base de la révolution prolétarienne mondiale.

    Elle met en mouvement dans le monde entier non seulement les ouvriers qui se tournent de plus en plus vers le communisme, mais aussi des millions de paysans, de petits travailleurs des villes, une partie considérable des intellectuels, les peuples asservis des colonies ; elle les remplit d’enthousiasme pour la lutte, elle augmente leur attachement à la grande patrie de tous les travailleurs, elle intensifie leur résolution de soutenir et de défendre l’Etat prolétarien contre tous ses ennemis.

    Cette victoire du socialisme accroît la confiance du prolétariat international dans ses propres forces et dans la possibilité réelle de remporter sa propre victoire, confiance qui devient elle-même une immense force en action contre la domination de la bourgeoisie.

    C’est dans l’union des forces du prolétariat de l’Union soviétique avec les forces de combat du prolétariat et des masses travailleuses des pays capitalistes que réside la formidable perspective d’un proche effondrement du capitalisme et la garantie de la victoire du socialisme dans le monde entier.

    Notre congrès a jeté les fondements d’une vaste mobilisation des forces de tous les travailleurs contre le capitalisme, comme il n’en fut encore jamais dans l’histoire de la lutte de la classe ouvrière.

    Le congrès place devant le prolétariat international, comme étant la tâche immédiate la plus importante, le rassemblement de ses forces dans le domaine politique et d’organisation, et la liquidation de l’isolement où l’a conduit la politique social-démocrate de collaboration de classe avec la bourgeoisie : le rassemblement des travailleurs autour de la classe ouvrière dans un vaste Front populaire de lutte contre l’offensive du Capital et de la réaction, contre le fascisme et la menace de guerre dans chaque pays et sur l’arène internationale.

    Cette tâche, nous ne l’avons pas inventée de toutes pièces.

    C’est l’expérience même du mouvement ouvrier mondial qui l’a mise en évidence, et surtout l’expérience du prolétariat de France. Le mérite du Parti communiste français, c’est d’avoir compris ce qu’il a à faire aujourd’hui, de ne pas avoir écouté les sectaires qui tiraillaient le Parti et gênaient la réalisation du front unique de lutte contre le fascisme, mais d’avoir, au contraire, préparé courageusement, à la manière bolchevik, par un pacte d’action commune avec le Parti socialiste, le front unique du prolétariat comme le fondement du Front populaire antifasciste en voie de formation.

    Par cet acte, qui répond aux intérêts vitaux de tous les travailleurs, les ouvriers français, communistes et socialistes, mettent à nouveau le mouvement ouvrier français à la première place, en tête dans l’Europe capitaliste ; ils montrent qu’ils sont les dignes descendants des communards et les héritiers des glorieux enseignements de la Commune de Paris. (Vifs applaudissements. Toute la salle se lève.

    Cris de « Hourra ! »
     Dimitrov se tourne vers le bureau du congrès et, avec toute la salle, applaudit Thorez et les autres délégués français siégeant au bureau.)

    C’est le mérite du Parti communiste et du prolétariat français d’avoir, par la pratique de leur lutte dans le front unique prolétarien contre le fascisme, aidé à préparer les décisions de notre congrès dont l’importance est si énorme pour les ouvriers de tous les pays.

    Mais ce qui a été fait en France, ce ne sont que les premiers pas. Notre congrès qui trace la ligne tactique pour les prochaines années, ne pouvait se borner à enregistrer simplement cette expérience ; il est allé plus loin.

    Nous, communistes, nous sommes un parti de classe, un parti prolétarien.

    Mais nous sommes prêts, en tant qu’avant-garde du prolétariat, à organiser des actions communes du prolétariat et des autres classes travailleuses intéressées à la lutte contre le fascisme.

    Nous, communistes, nous sommes un parti révolutionnaire.

    Mais nous sommes prêts aux actions communes avec les autres partis en lutte contre le fascisme.

    Notre but final à nous, communistes, est autre que celui de ces classes et de ces partis, mais tout en luttant pour nos buts, nous sommes prêts en même temps à lutter en commun pour les tâches immédiates dont la réalisation affaiblit les positions du fascisme et fortifie les positions du prolétariat.

    Nos méthodes de lutte à nous, communistes, diffèrent de celles des autres partis ; mais tout en luttant contre le’ fascisme par leurs propres méthodes, les communistes soutiendront aussi les méthodes de lutte des autres partis, si insuffisantes qu’elles puissent leur paraître, pourvu que ces méthodes soient réellement dirigées contre le fascisme.

    Si nous sommes prêts à faire tout cela, c’est que nous voulons, dans les pays de démocratie bourgeoise, barrer la route à la réaction et à l’offensive du Capital et du fascisme, empêcher la suppression des libertés démocratiques bourgeoises, prévenir l’écrasement terroriste par le fascisme du prolétariat de la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels, soustraire la jeune génération à la dégénérescence du corps et de l’esprit.

    Si nous sommes prêts à faire tout cela, c’est que nous voulons, dans les pays fascistes, préparer et précipiter le renversement de la dictature fasciste.

    Si nous sommes prêts à faire tout cela, c’est que nous voulons sauver le monde de la barbarie fasciste et des horreurs d’une guerre impérialiste.

    (A ce moment, le délégué du Parti communiste allemand Weber, monte à la tribune et, remettant un album à Dimitrov, il lui dit : « Dimitrov, au nom de la délégation du Parti communiste allemand, je te remets ce livre, le livre de la vie héroïque des combattants révolutionnaires d’Allemagne.

    C’est toi qui, par ton attitude au procès de Leipzig et par toute ton activité ultérieure a servi d’exemple au Parti communiste allemand, aux antifascistes allemands en lutte.

    Accepte ce livre, cette épopée des combattants prolétariens d’Allemagne, qui t’ont pris pour un modèle et qui sacrifient leur liberté, leur santé et leur vie pour la cause de la révolution ! » Dimitrov prend l’album et étreint chaleureusement Weber. Vifs applaudissements, cris « Hourra ! », salutations des délégués.)

    Notre congrès est le congrès de la lutte pour le maintien de la paix contre la menace de guerre impérialiste.

    Cette lutte, nous l’entendons aujourd’hui d’une manière nouvelle. Notre congrès repousse résolument l’attitude fataliste à l’égard des guerres impérialistes, inspirée par les vieilles conceptions social-démocrates.

    Il est vrai que les guerres impérialistes sont le produit du capitalisme, que, seul, le renversement du capitalisme mettra un terme à toutes les guerres; mais il est également vrai que les masses travailleuses, par leurs actions de lutte, peuvent empêcher la guerre impérialiste.

    Le monde aujourd’hui n’est plus ce qu’il était en 1914. Actuellement, sur un sixième du globe, est établi un puissant Etat prolétarien, qui s’appuie sur la force matérielle du socialisme victorieux.

    Grâce à sa sage politique staliniste de paix, l’Union soviétique a plus d’une fois fait échouer les plans agressifs des fauteurs de guerre.

    Actuellement, dans la lutte contre la guerre, le prolétariat mondial ne dispose pas seulement de l’arme que constitue son action de masse, comme en 1914.

    Aujourd’hui, la lutte de masse de la classe ouvrière internationale contre la guerre se conjugue avec l’ascendant de l’Etat soviétique et avec sa puissante Armée rouge, principal gardien de la paix.

    Aujourd’hui, la classe ouvrière internationale ne se trouve pas, comme en 1914, sous l’influence exclusive de la social-démocratie coalisée avec la bourgeoisie.

    Aujourd’hui, il existe un Parti communiste mondial : l’Internationale communiste.

    Aujourd’hui, les masses d’ouvriers social-démocrates se tournent vers l’Union soviétique et sa politique de paix, vers le front unique avec les communistes.

    Aujourd’hui, les peuples des pays coloniaux et semi-coloniaux ne considèrent pas la cause de leur affranchissement comme une cause désespérée. Au contraire, ils passent de plus en plus à la lutte résolue contre les oppresseurs impérialistes.

    La meilleure preuve en est fournie par la Révolution soviétique de Chine et les exploits héroïques de l’Armée rouge du peuple chinois.

    La haine des peuples contre la guerre devient de plus en plus profonde et intense. La bourgeoisie, qui pousse les travailleurs dans l’abîme des guerres impérialistes, y risque sa tête.

    Actuellement, on voit se dresser pour la cause du maintien de la paix non seulement la classe ouvrière, la paysannerie et les autres travailleurs, mais aussi les nations opprimées et les peuples, faibles, dont l’indépendance est menacée par de nouvelles guerres. Même certains grands Etats capitalistes, redoutant les pertes qu’ils pourraient subir à la suite d’un nouveau partage du monde, sont intéressés, à l’étape présente, à éviter la guerre.

    De là, la possibilité d’un très vaste front unique de la classe ouvrière, de tous les travailleurs et de peuples entiers contre la menace de guerre impérialiste.

    S’appuyant sur la politique de paix de l’Union soviétique et sur la volonté de paix de millions et de millions de travailleurs, notre congrès a montré la perspective du développement d’un vaste front anti-guerrier non seulement à l’avant-garde communiste, mais aussi à toute la classe ouvrière internationale et aux peuples de tous les pays.

    Du degré de réalisation et d’activité de ce front mondial dépendra la question de savoir si, dans l’avenir le plus proche, les fauteurs de guerre fascistes et impérialistes réussiront à allumer l’incendie d’une nouvelle guerre impérialiste, ou si leurs mains criminelles seront tranchées par la hache du puissant front de lutte contre la guerre.

    Notre congrès est le congrès de l’unité de la classe ouvrière, le congrès de la lutte pour le front unique prolétarien.

    Nous ne nous faisons pas d’illusions sur la possibilité de surmonter aisément les difficultés que la partie réactionnaire des leaders social-démocrates opposera à l’oeuvre de réalisation du front unique prolétarien. Mais nous n’avons pas peur de ces difficultés, parce que nous exprimons la volonté de millions d’ouvriers ; parce qu’en luttant pour le front unique, nous servons au mieux les intérêts du prolétariat ; parce que le front unique prolétarien est la voie sûre pour renverser le fascisme et le régime capitaliste, pour conjurer les guerres impérialistes.

    Nous avons levé bien haut, à ce congrès, le drapeau de l’unité syndicale. Les communistes ne tiennent pas à tout prix à l’existence indépendante des syndicats rouges. Mais les communistes veulent l’unité syndicale sur la base de la lutte de classe et de la suppression, une fois pour toutes, de l’état de choses où les partisans les plus conséquents et les plus résolus de l’unité syndicale et de la lutte de classe subissent des exclusions hors des syndicats de l’Internationale d’Amsterdam.

    Nous savons que les militants des syndicats faisant partie de l’Internationale syndicale rouge n’ont pas encore tous compris et ne se sont pas tous assimilé cette ligne du congrès.

    Il existe encore des survivances de présomption sectaire, qu’il nous faudra faire disparaître chez ces militants pour appliquer fermement la ligne du congrès.

    Mais cette ligne, nous la réaliserons coûte que coûte et nous trouverons une langue commune avec nos frères de classe, nos camarades de lutte, les ouvriers adhérant aujourd’hui à la Fédération syndicale d’Amsterdam.

    A ce congrès, nous avons adopté l’orientation vers la création du parti politique de masse unique de la classe ouvrière, vers l’abolition de la scission politique du prolétariat, causée par la politique de collaboration de classe de la social-démocratie.

    L’unité politique de la classe ouvrière n’est pas, pour nous, une manoeuvre, mais la question du sort futur du mouvement ouvrier tout entier.

    S’il se trouvait parmi nous des gens pour envisager la formation de l’unité politique de la classe ouvrière comme une manoeuvre, nous lutterions contre eux, comme on lutte contre des gens qui font du tort à la classe ouvrière.

    C’est précisément parce que nous envisageons cette question avec une gravité et une sincérité profondes, dictées par les intérêts du prolétariat que nous mettons des conditions de principe déterminées à la base d’une telle unité.

    Ces conditions de principe n’ont pas été inventées par nous ; elles sont le fruit des souffrances du prolétariat au cours de sa lutte ; elles répondent également à la volonté de millions d’ouvriers social-démocrates, volonté émanant de l’enseignement des défaites subies.

    Ces conditions de principe ont été vérifiées par l’expérience de l’ensemble du mouvement ouvrier révolutionnaire.

    Et du fait que notre congrès s’est déroulé sous le signe de l’unité prolétarienne, il n’a pas été seulement le congrès de l’avant-garde communiste ; il a été le congrès de la classe ouvrière internationale tout entière, qui aspire ardemment à l’unité de lutte syndicale et politique.

    Bien qu’à notre congrès n’aient pas assisté de délégués des ouvriers social-démocrates, bien qu’il n’y ait pas eu ici de délégués sans-parti, bien que les ouvriers embrigadés de force dans les organisations fascistes n’y aient pas été représentés, le congrès n’en a pas moins parlé non seulement pour les communistes, mais aussi pour ces millions d’ouvriers ; il a exprimé les pensées et les sentiments de l’immense majorité, de la classe ouvrière.

    Et si les organisations ouvrières des diverses tendances procédaient à l’examen vraiment libre de nos décisions devant les prolétaires du monde entier, les ouvriers soutiendraient, nous n’en doutons pas, les résolutions que vous avez votées avec une telle unanimité.

    Cette circonstance nous oblige d’autant plus, nous, communistes, à faire vraiment des décisions de notre congrès le bien de toute la classe ouvrière.

    Il ne suffit pas de voter pour ces résolutions.

    Il ne suffit pas de les populariser parmi les membres des Partis communistes. Nous voulons que les ouvriers des partis de la Deuxième Internationale et de la Fédération syndicale d’Amsterdam, aussi bien que les ouvriers adhérant aux organisations d’autres tendances politiques, étudient ces résolutions avec nous ; qu’ils apportent leurs propositions et amendements pratiques ; qu’ils méditent avec nous sur la meilleure façon de les appliquer dans la vie ; que, coude à coude, avec nous, ils les réalisent en fait.

    Notre congrès a été le congrès de la nouvelle orientation tactique de l’Internationale, communiste.

    En s’en tenant fermement à la position inébranlable du marxisme-léninisme confirmée par toute l’expérience du mouvement ouvrier international et, avant tout, par les victoires de la grande Révolution d’Octobre, notre congrès a révisé, dans l’esprit même et à l’aide de la méthode du marxisme-léninisme vivant, la position tactique de l’Internationale communiste en fonction de la situation mondiale modifiée.

    Le congrès a pris une ferme résolution sur la nécessité d’appliquer d’une manière nouvelle la tactique du front unique.

    Le congrès exige expressément que les communistes ne se contentent pas simplement de propager les mots d’ordre généraux de la dictature prolétarienne et du pouvoir soviétique, mais qu’ils fassent une politique bolchevik concrète et active sur toutes les questions de politique intérieure et extérieure de leurs pays, sur toutes les questions d’actualité touchant aux intérêts vitaux de la classe ouvrière, de tous les peuples et du mouvement ouvrier international.

    Le congrès insiste de la façon la plus décidée pour que toutes les démarches tactiques des Partis soient basées sur une saine analyse de la réalité concrète en tenant compte du rapport des forces de classe et du niveau politique des grandes masses.

    Le congrès exige que tous les vestiges de sectarisme soient entièrement extirpés de la pratique du mouvement communiste, sectarisme qui, au moment actuel, représente l’obstacle le plus grand à l’application de la vraie politique bolchevik de masse des Partis communistes.

    Inspiré par la résolution de faire appliquer cette ligne tactique et par l’assurance que cette voie mènera nos Partis à d’importants succès, notre congrès a tenu compte en même temps de la possibilité que l’application de cette ligne bolchevik ne se fasse pas toujours tout uniment sans fautes, sans certaines déviations à droite ou à « gauche », – déviations tantôt dans le sens du conformisme des suiveurs, tantôt dans le sens de l’isolement sectaire de soi-même. Lequel de ces dangers est, « en général », le plus important, c’est une question que seuls des scolastiques peuvent discuter.

    Le plus grand et le pire danger est celui qui, au moment donné, dans un pays donné, gêne le plus l’application de la ligne de notre congrès, le déploiement d’une juste politique de masse des Partis communistes.

    L’intérêt de la cause du communisme exige non pas une lutte abstraite, mais une lutte concrète contre les déviations, une riposte donnée à temps et de façon décisive aux tendances nuisibles qui se font jour, la correction à temps des fautes commises.

    Substituer à la lutte concrète nécessaire contre les déviations une sorte de sport, faire la chasse aux déviations ou aux déviationnistes imaginaires, c’est se livrer à une surenchère nuisible et inadmissible.

    Dans la vie pratique de nos Partis, il faut aider de toutes les façons au développement de l’initiative dans la position des problèmes nouveaux, favoriser l’examen approfondi des questions relatives à l’activité du Parti et ne pas qualifier hâtivement de déviation le moindre doute ou la moindre observation critique faite par un membre du Parti au sujet des tâches pratiques du mouvement.

    Il faut faire en sorte que le communiste qui a commis une erreur, puisse la corriger pratiquement et frapper sans merci ceux-là seulement qui persistent dans leurs erreurs et qui désorganisent le Parti.

    Luttant pour l’unité de la classe ouvrière, nous lutterons en même temps avec une énergie et une intransigeance d’autant plus grandes pour l’unité intérieure de nos Partis. Il ne peut y avoir de place, dans nos rangs, pour des fractions, pour des tentatives fractionnelles.

    Quiconque essaiera de violer l’unité de fer de nos rangs par une action fractionnelle quelconque, apprendra par lui-même ce que signifie la discipline bolchevik que nous ont toujours enseignée Lénine et Staline.

    Que cela serve d’avertissement aux quelques éléments qui, dans certains Partis, pensent pouvoir profiter des difficultés éprouvées par leur Parti, des blessures, des défaites et des coups de l’ennemi déchaîné, pour réaliser leurs plans fractionnels ou poursuivre leurs intérêts de groupe ! Le Parti par-dessus tout ! Garder l’unité bolchevik du Parti comme la prunelle de ses yeux, telle est la loi première, la loi suprême du bolchévisme !

    Notre congrès est le congrès de l’autocritique bolchevik et du renforcement de la direction de l’Internationale communiste et de ses sections.

    Nous n’avons pas peur de signaler ouvertement les erreurs, les faiblesses et les défauts qui se manifestent dans nos rangs, parce que nous sommes un parti révolutionnaire qui sait qu’il ne peut se développer, grandir et accomplir ses tâches qu’à la condition de se débarrasser de tout ce qui gêne son développement comme parti révolutionnaire.

    Et le travail qu’a accompli le congrès par sa critique implacable du sectarisme plein de suffisance, du schématisme, de la standardisation, de la paresse de pensée, de la substitution des méthodes de direction du Parti aux méthodes de direction des masses, tout ce travail il faut le poursuivre respectivement dans tous les Partis à la base, à tous les échelons de notre mouvement, car c’est là une des conditions les plus essentielles de la juste application des décisions du congrès.

    Dans sa résolution sur le rapport d’activité du Comité exécutif, le congrès a décidé de concentrer pour notre mouvement, la direction des opérations dans les sections elles-mêmes.

    D’où l’obligation de renforcer à tous égards le travail de formation et d’éducation des cadres, ainsi que le travail de raffermissement des Partis communistes à l’aide de véritables dirigeants bolcheviks, afin que les Partis, forts des décisions des congrès de l’Internationale communiste et des Assemblées plénières de son Comité exécutif, puissent, au moment des brusques tournants des événements, trouver avec rapidité et par eux-mêmes une solution juste aux tâches politiques et tactiques du mouvement communiste.

    En élisant les organismes dirigeants, le congrès s’est efforcé de créer une direction de l’Internationale communiste composée de gens qui ont fait leurs, non par un sentiment de discipline, mais par l’effet d’une profonde conviction, les directives et décisions nouvelles du congrès, de gens prêts et aptes à les transformer en actes fermement.

    Il faut également assurer dans chaque pays l’application juste des décisions adoptées par le congrès ; cela dépendra, en premier lieu, de la vérification, de la répartition et de l!orientation adéquates des cadres.

    Nous savons que cette tâche n’est pas facile. Il ne faut pas perdre de vue qu’une partie de nos cadres a été formée non pas par l’expérience de la politique de masse bolchevik, mais principalement sur la base d’une propagande générale.

    Nous devons tout faire pour aider nos cadres à se refaire, à se rééduquer dans l’esprit nouveau, dans l’esprit des décisions du congrès. Mais là où il apparaîtra que les vieilles outres ne valent rien pour le vin nouveau, il faudra en tirer les conclusions qui s’imposent : ne pas verser ou laisser se gâter le vin nouveau dans les vieilles outres, mais remplacer les vieilles outres par de nouvelles.

    Nous avons éliminé à dessein des rapports aussi bien que des résolutions du congrès les phrases sonores sur les perspectives révolutionnaires.

    Mais ce n’est pas parce que nous aurions des raisons d’apprécier d’une façon moins optimiste qu’auparavant l’allure du développement révolutionnaire, c’est parce que nous voulons débarrasser nos Partis de toute tendance à remplacer l’activité bolchevik par des phrases révolutionnaires ou des discussions stériles sur l’appréciation de la perspective.

    Tout en combattant toute orientation vers la spontanéité, nous voyons et nous faisons entrer en ligne de compte le processus de développement de la révolution, non pas en observateurs, mais en participants actifs de ce processus.

    Comme parti de l’action révolutionnaire, accomplissant dans l’intérêt de la révolution les tâches posées à chaque étape du mouvement, tâches correspondant aux conditions concrètes de l’étape donnée, tenant sainement compte du niveau politique des grandes masses travailleuses, nous accélérons de notre mieux la formation des conditions subjectives nécessaires à la victoire de la révolution prolétarienne.

    Prendre les choses telles qu’elles sont, disait Marx, c’est-à-dire faire prévaloir les intérêts de la révolution d’une manière conforme aux circonstances changées. (Karl Marx : Lettres à Kugelmann, p. 55, Editions sociales internationales, Paris, 1930.)

    C’est là l’essentiel ! Nous ne devons jamais l’oublier !

    Il est nécessaire de porter dans les masses les décisions du congrès mondial, de les expliquer aux masses, de les appliquer comme des directives pour l’action des masses, en un mot d’en faire la chair et le sang de millions et de millions de travailleurs !

    Il est nécessaire de renforcer partout, au maximum, l’initiative des ouvriers sur place, l’initiative des organisations de base des Partis communistes et du mouvement ouvrier dans l’application de ces décisions.

    En partant d’ici, les représentants du prolétariat révolutionnaire doivent emporter dans leur pays la ferme conviction que nous, communistes, nous portons la responsabilité du sort de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier, du sort de chaque peuple, du sort de l’humanité travailleuse tout entière.

    C’est à nous, ouvriers, et non aux parasites sociaux et aux oisifs, qu’appartient le monde, le monde construit par les mains ouvrières. Les gouvernants actuels du monde capitaliste, ce sont des hommes provisoires.

    Le prolétariat est le véritable maître du monde, le maître de demain.

    Et il doit entrer en possession de ses droits historiques, prendre en main les rênes du pouvoir dans chaque pays, dans le monde entier.

    Nous sommes les élèves de Marx et d’Engels, de Lénine et de Staline. Nous devons être dignes de nos grands maîtres.

    Avec Staline à sa tête, notre armée politique, forte de nombreux millions d’hommes, surmontant toutes les difficultés, passant courageusement à travers tous les barrages, doit et saura détruire la forteresse du capitalisme, et faire triompher le socialisme dans le monde entier !

    Vive l’unité de la classe ouvrière !

    Vive le VIIe congrès mondial de l’Internationale communiste !

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  • Georgi Dimitrov – Pour l’unité d’action du prolétariat dans la lutte contre le fascisme et la guerre (1935)

    Pour l’unité d’action du prolétariat dans la lutte contre le fascisme et la guerre – Sténogramme abrégé du discours prononcé à la Salle des colonnes, devant les délégations ouvrières venues en U.R.S.S. à l’occasion du Premier Mai 1935)

    Vous êtes venus des pays du Capital au pays, de la dictature du prolétariat, dans l’Union soviétique, qui est le premier, mais non pas le dernier Etat du prolétariat mondial.

    Vous avez et vous aurez encore la possibilité de constater de vos propres yeux la prodigieuse différence entre la situation de la classe ouvrière dans les pays où dominent le Capital et le fascisme, et la situation ici, dans un pays où la classe ouvrière, après avoir vaincu la bourgeoisie, édifie victorieusement le socialisme sous la direction du glorieux le rempart de la paix entre les peuples. L’Etat soviétique est la citadelle de la révolution prolétarienne mondiale.

    Et lorsque les chefs social-démocrates réactionnaires disent et écrivent : « Nous ne voulons pas de front unique avec les communistes, parce que nous ne voulons pas recevoir d’ordres de Moscou », ces chefs ne prouvent qu’une chose : c’est qu’ils sont contre l’Etat prolétarien.

    Ils démontrent par là qu’ils sont liés à la bourgeoisie, qu’ils soutiennent la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie et sont prêts à aider l’ennemi de classe du prolétariat.

    Pour tout ouvrier sincère, en France comme en Angleterre, en Amérique comme en Australie, en Allemagne comme en Espagne, en Chine comme au Japon, dans les pays balkaniques aussi bien qu’aux îles Canaries, pour tout ouvrier sincère, Moscou est son Moscou à lui, l’Union soviétique est son Etat à lui.

    Nos adversaires crient souvent aux prétendus « ordres » de Moscou : il va de soi que Moscou ne donne aucun ordre ; suivre l’exemple du grand Lénine et du grand Staline c’est là qu’est le salut pour le prolétariat mondial.

    Si vous vous trouvez ici, dans notre grande patrie, si vous examinez l’ensemble du mouvement ouvrier mondial, vous y discernerez deux courants ou tendances principaux : d’un côté, la partie révolutionnaire du prolétariat déjà constituée en Etat, l’Union soviétique, les communistes et les ouvriers révolutionnaires de tous les pays qui se sentent liés au prolétariat soviétique, à l’Etat soviétique, par les attaches du front unique de combat, dans le monde entier.

    De l’autre côté, il y a dans le mouvement ouvrier une autre tendance, un autre courant, le courant dit réformiste, tendance qui continue encore à dominer au sein de la IIe Internationale. Là, point d’Etat prolétarien, point de pouvoir soviétique, point d’Armée rouge, le prolétariat mondial n’a point de puissance de combat.

    Là, à côté des partis bourgeois, siègent au gouvernement, par exemple, des Vandervelde et autres chefs qui collaborent avec les capitalistes.

    Ils sont liés à leur propre bourgeoisie nationale et soutiennent la politique de « leur » bourgeoisie.

    Dans ce camp-là pas d’unité, pas de solidarité internationale.

    L’unité internationale d’action et de discipline règne dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial. L’oeuvre qu’accomplit le Parti bolchevik de l’Union soviétique correspond aux intérêts des travailleurs de France, d’Allemagne, d’Amérique et des autres pays, et les efforts des communistes français, anglais, américains, japonais ou chinois ne s’écartent en aucune façon des intérêts de l’Union soviétique.

    Ici, dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial, la direction est aux mains de l’Internationale communiste qui groupe dans le monde entier des millions de prolétaires, liés entre eux par une puissante idée unique, une volonté unique, une direction unique, une discipline unique.

    Là, c’est la confusion des langues, une véritable tour de Babel.

    Mais nous assistons dans les partis social-démocrates à un processus de différenciation, les masses ouvrières deviennent de plus en plus révolutionnaires.

    Les partisans du front uni avec les communistes sont de plus en plus nombreux.

    Actuellement, devant le danger du fascisme et de la guerre, la tâche fondamentale de tous les travailleurs consiste à établir le front unique prolétarien, l’unité d’action de la classe ouvrière contre l’ennemi de classe.

    Rappelez-vous comment, au procès de Leipzig, véritable provocation, la lutte s’est déroulée pendant trois mois entre le communisme et le fascisme.

    A l’occasion de ce procès, bien qu’il n’y ait pas eu de pacte officiellement conclu, un front unique mondial s’était établi pour la défense des communistes non coupables.

    Communistes, social-démocrates, anarchistes et sans-parti se sont tous dressés contre le fascisme allemand.

    Des millions et des millions d’ouvriers et d’ouvrières suivaient au jour le jour la lutte de Leipzig, des millions et des millions de petits bourgeois, de paysans, d’intellectuels, étaient pour le front unique antifasciste.

    Les journaux bourgeois, eux-mêmes, les journaux conservateurs qui nous sont hostiles, n’osaient pas écrire contre nous et contre nos déclarations dans ce procès. Le fascisme allemand était isolé à ce moment-là. Hitler, Goering et Goebbels ne trouvaient d’appui moral ni en Allemagne, ni ailleurs.

    Depuis le procès de Leipzig, le front unique a encore progressé.

    Nous sommes devant le fait d’un accord officiel entre le Parti communiste français et le parti socialiste français, pour l’unité d’action ; nous avons déjà un accord formel entre communistes italiens et socialistes italiens ; différents Partis communistes ont conclu des accords avec des organisations socialistes et une série d’organisations antifascistes.

    Le front unique prolétarien progresse, se consolide de plus en plus, mais se heurte en chemin à de formidables obstacles, à la résistance de ses ennemis. Les ennemis du front unique, ce sont tous ceux qui sont liés avec la bourgeoisie et ne veulent pas renoncer à ces liens.

    Lorsque la résistance des chefs social-démocrates réactionnaires aura été brisée, lorsque le front unique de la classe ouvrière aura été établi, l’offensive capitaliste, l’offensive de la réaction et du fascisme se trouveront devant une barrière infranchissable.

    La classe ouvrière ne peut mettre en oeuvre toutes ses forces qu’à condition de réaliser l’unité d’action.

    Les intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques des ouvriers des différentes tendances politiques : communistes, social-démocrates, anarchistes sont identiques.

    C’est sur cette base, qu’on peut et qu’on doit établir le front unique.

    Qui donc s’y oppose ?

    Ce sont les chefs réactionnaires de la social-démocratie, l’idéologie et la politique social-démocrates de collaboration de classe avec la bourgeoisie qui entravent la constitution du front unique prolétarien. Il faut éliminer cet obstacle.

    Nous communistes, nous savons que c’est une chose difficile, qu’il n’est pas aisé de supprimer ces obstacles, mais nous sommes convaincus que, par une lutte quotidienne et une action persévérante, le front unique prolétarien, les syndicats uniques de classe et le parti révolutionnaire unique du prolétariat seront enfin créés.

    Vous, délégations ouvrières des pays capitalistes, après avoir constaté de vos propres yeux la justesse de la voie de Lénine et de Staline, de la voie de l’Internationale communiste, vous aurez le devoir de dire à vos frères et à vos soeurs des pays capitalistes toute la vérité sur l’U.R.S.S. et de lutter opiniâtrement, sans relâche, pour la défense de la patrie prolétarienne, pour l’établissement définitif du front unique prolétarien.

    Transmettez aux travailleurs de vos pays notre ardent salut bolchevik révolutionnaire et dites à tous les ouvriers socialistes que celui qui, à l’heure actuelle, ne soutient pas le front unique, ne lutte pas pour l’unité d’action de la classe ouvrière, que celui qui tolère les campagnes contre l’Union soviétique, contre la patrie du prolétariat mondial, que celui qui soutient la politique de collaboration avec la bourgeoisie, est l’ennemi des intérêts de la classe ouvrière, le complice de la réaction et du fascisme, l’auxiliaire des fauteurs de guerre impérialistes.

    Tous solidairement, communistes et socialistes, et tous les autres travailleurs, luttons ensemble, la main dans la main, contre le fascisme, pour la libération des milliers et des milliers de prisonniers du Capital et du fascisme, pour la libération de Thaelmann, de Rakosi, de Tom Mooney, et de tous les révolutionnaires et antifascistes qui souffrent dans les prisons et dans les camps de concentration des pays capitalistes.

    Luttons tous ensemble contre les ennemis de l’unité d’action de la classe ouvrière.

    Luttons tous ensemble pour la victoire définitive du socialisme dans le monde entier.

    Vive l’unité d’action de la classe ouvrière dans chaque pays et sur le plan international !

    Vive le triomphe de la révolution prolétarienne mondiale !Parti bolchevik, avec à sa tête le grand chef du prolétariat mondial, Staline.

    Le drapeau Rouge de la révolution prolétarienne flotte victorieusement sur un sixième du globe.

    Sur un sixième du globe, le pouvoir est exercé par les ouvriers et les paysans, et non par les capitalistes et les propriétaires fonciers.

    Dans cette immense patrie soviétique, des millions d’ouvriers et d’ouvrières, de kolkhoziens et de kolkhoziennes transforment l’ancienne Russie ignorante et arriérée, la Russie des tsars et de la noblesse terrienne, en un pays doté d’une technique perfectionnée, en un pays de mécanisation et d’industrialisation, en un pays de socialisme.

    Vous voyez de vos propres yeux ce qu’a pu réaliser la classe ouvrière arrivée au pouvoir.

    Vous avez vu sur la place Rouge, le Premier Mai, la grande puissance militaire de l’Union soviétique, notre glorieuse Armée rouge, force de la classe ouvrière, force du pays des Soviets.

    Lorsque, sur la place Rouge, nous regardions ensemble les tanks qui passaient, les avions qui nous survolaient, nous ne voyions pas seulement la puissance militaire de la classe ouvrière de l’Union soviétique, mais en même temps, la force, la puissance du prolétariat révolutionnaire mondial.

    L’Etat soviétique est l’Etat du prolétariat, il défend les intérêts des ouvriers, des masses travailleuses, des opprimés du monde entier.

    Les intérêts de l’Etat soviétique sont ceux du prolétariat mondial.

    Lorsque nos frères et nos soeurs russes édifient le socialisme à l’aide de l’émulation socialiste et du travail de choc en poursuivant un opiniâtre effort de création, ils travaillent, ils créent non seulement pour leur pays, mais aussi pour le prolétariat mondial.

    Lorsqu’ils renforcent la puissance militaire de l’Armée rouge, ils ne renforcent pas seulement la puissance de l’Union soviétique, mais aussi la puissance du prolétariat mondial.

    L’Etat soviétique et son Armée rouge sont le rempart de la paix entre les peuples.

    L’Etat soviétique est la citadelle de la révolution prolétarienne mondiale.

    Et lorsque les chefs social-démocrates réactionnaires disent et écrivent : « Nous ne voulons pas de front unique avec les communistes, parce que nous ne voulons pas recevoir d’ordres de Moscou », ces chefs ne prouvent qu’une chose : c’est qu’ils sont contre l’Etat prolétarien.

    Ils démontrent par là qu’ils sont liés à la bourgeoisie, qu’ils soutiennent la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie et sont prêts à aider l’ennemi de classe du prolétariat.

    Pour tout ouvrier sincère, en France comme en Angleterre, en Amérique comme en Australie, en Allemagne comme en Espagne, en Chine comme au Japon, dans les pays balkaniques aussi bien qu’aux îles Canaries, pour tout ouvrier sincère, Moscou est son Moscou à lui, l’Union soviétique est son Etat à lui.

    Nos adversaires crient souvent aux prétendus « ordres » de Moscou : il va de soi que Moscou ne donne aucun ordre ; suivre l’exemple du grand Lénine et du grand Staline c’est là qu’est le salut pour le prolétariat mondial.

    Si vous vous trouvez ici, dans notre grande patrie, si vous examinez l’ensemble du mouvement ouvrier mondial, vous y discernerez deux courants ou tendances principaux : d’un côté, la partie révolutionnaire du prolétariat déjà constituée en Etat, l’Union soviétique, les communistes et les ouvriers révolutionnaires de tous les pays qui se sentent liés au prolétariat soviétique, à l’Etat soviétique, par les attaches du front unique de combat, dans le monde entier.

    De l’autre côté, il y a dans le mouvement ouvrier une autre tendance, un autre courant, le courant dit réformiste, tendance qui continue encore à dominer au sein de la IIe Internationale.

    Là, point d’Etat prolétarien, point de pouvoir soviétique, point d’Armée rouge, le prolétariat mondial n’a point de puissance de combat.

    Là, à côté des partis bourgeois, siègent au gouvernement, par exemple, des Vandervelde et autres chefs qui collaborent avec les capitalistes.

    Ils sont liés à leur propre bourgeoisie nationale et soutiennent la politique de « leur » bourgeoisie.

    Dans ce camp-là pas d’unité, pas de solidarité internationale.

    L’unité internationale d’action et de discipline règne dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial.

    L’oeuvre qu’accomplit le Parti bolchevik de l’Union soviétique correspond aux intérêts des travailleurs de France, d’Allemagne, d’Amérique et des autres pays, et les efforts des communistes français, anglais, américains, japonais ou chinois ne s’écartent en aucune façon des intérêts de l’Union soviétique.

    Ici, dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial, la direction est aux mains de l’Internationale communiste qui groupe dans le monde entier des millions de prolétaires, liés entre eux par une puissante idée unique, une volonté unique, une direction unique, une discipline unique.

    Là, c’est la confusion des langues, une véritable tour de Babel.

    Mais nous assistons dans les partis social-démocrates à un processus de différenciation, les masses ouvrières deviennent de plus en plus révolutionnaires.

    Les partisans du front uni avec les communistes sont de plus en plus nombreux.

    Actuellement, devant le danger du fascisme et de la guerre, la tâche fondamentale de tous les travailleurs consiste à établir le front unique prolétarien, l’unité d’action de la classe ouvrière contre l’ennemi de classe.

    Rappelez-vous comment, au procès de Leipzig, véritable provocation, la lutte s’est déroulée pendant trois mois entre le communisme et le fascisme.

    A l’occasion de ce procès, bien qu’il n’y ait pas eu de pacte officiellement conclu, un front unique mondial s’était établi pour la défense des communistes non coupables.

    Communistes, social-démocrates, anarchistes et sans-parti se sont tous dressés contre le fascisme allemand.

    Des millions et des millions d’ouvriers et d’ouvrières suivaient au jour le jour la lutte de Leipzig, des millions et des millions de petits bourgeois, de paysans, d’intellectuels, étaient pour le front unique antifasciste. Les journaux bourgeois, eux-mêmes, les journaux conservateurs qui nous sont hostiles, n’osaient pas écrire contre nous et contre nos déclarations dans ce procès. Le fascisme allemand était isolé à ce moment-là. Hitler, Goering et Goebbels ne trouvaient d’appui moral ni en Allemagne, ni ailleurs.

    Depuis le procès de Leipzig, le front unique a encore progressé.

    Nous sommes devant le fait d’un accord officiel entre le Parti communiste français et le parti socialiste français, pour l’unité d’action ; nous avons déjà un accord formel entre communistes italiens et socialistes italiens ; différents Partis communistes ont conclu des accords avec des organisations socialistes et une série d’organisations antifascistes.

    Le front unique prolétarien progresse, se consolide de plus en plus, mais se heurte en chemin à de formidables obstacles, à la résistance de ses ennemis. Les ennemis du front unique, ce sont tous ceux qui sont liés avec la bourgeoisie et ne veulent pas renoncer à ces liens.

    Lorsque la résistance des chefs social-démocrates réactionnaires aura été brisée, lorsque le front unique de la classe ouvrière aura été établi, l’offensive capitaliste, l’offensive de la réaction et du fascisme se trouveront devant une barrière infranchissable.

    La classe ouvrière ne peut mettre en oeuvre toutes ses forces qu’à condition de réaliser l’unité d’action.

    Les intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques des ouvriers des différentes tendances politiques : communistes, social-démocrates, anarchistes sont identiques. C’est sur cette base, qu’on peut et qu’on doit établir le front unique.

    Qui donc s’y oppose ?

    Ce sont les chefs réactionnaires de la social-démocratie, l’idéologie et la politique social-démocrates de collaboration de classe avec la bourgeoisie qui entravent la constitution du front unique prolétarien.

    Il faut éliminer cet obstacle.

    Nous communistes, nous savons que c’est une chose difficile, qu’il n’est pas aisé de supprimer ces obstacles, mais nous sommes convaincus que, par une lutte quotidienne et une action persévérante, le front unique prolétarien, les syndicats uniques de classe et le parti révolutionnaire unique du prolétariat seront enfin créés.

    Vous, délégations ouvrières des pays capitalistes, après avoir constaté de vos propres yeux la justesse de la voie de Lénine et de Staline, de la voie de l’Internationale communiste, vous aurez le devoir de dire à vos frères et à vos soeurs des pays capitalistes toute la vérité sur l’U.R.S.S. et de lutter opiniâtrement, sans relâche, pour la défense de la patrie prolétarienne, pour l’établissement définitif du front unique prolétarien.

    Transmettez aux travailleurs de vos pays notre ardent salut bolchevik révolutionnaire et dites à tous les ouvriers socialistes que celui qui, à l’heure actuelle, ne soutient pas le front unique, ne lutte pas pour l’unité d’action de la classe ouvrière, que celui qui tolère les campagnes contre l’Union soviétique, contre la patrie du prolétariat mondial, que celui qui soutient la politique de collaboration avec la bourgeoisie, est l’ennemi des intérêts de la classe ouvrière, le complice de la réaction et du fascisme, l’auxiliaire des fauteurs de guerre impérialistes.

    Tous solidairement, communistes et socialistes, et tous les autres travailleurs, luttons ensemble, la main dans la main, contre le fascisme, pour la libération des milliers et des milliers de prisonniers du Capital et du fascisme, pour la libération de Thaelmann, de Rakosi, de Tom Mooney, et de tous les révolutionnaires et antifascistes qui souffrent dans les prisons et dans les camps de concentration des pays capitalistes.

    Luttons tous ensemble contre les ennemis de l’unité d’action de la classe ouvrière.

    Luttons tous ensemble pour la victoire définitive du socialisme dans le monde entier.

    Vive l’unité d’action de la classe ouvrière dans chaque pays et sur le plan international !

    Vive le triomphe de la révolution prolétarienne mondiale !

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  • Georgi Dimitrov et la définition du fascisme

    Une fois en URSS, Georgi Dimitrov participa à de très nombreuses célébrations, devenant une figure importante du pays.

    Ce ne fut cependant pas tout : il participa aux travaux du VIIe congrès de l’Internationale Communiste, où il présenta dès le premier jour, le 2 août 1935, le rapport « L’offensive du fascisme et les tâches de l’Internationale Communiste dans la lutte pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme ».

    Le VIIe congrès de l'Internationale Communiste
    Le VIIe congrès de l’Internationale Communiste

    Il prononça également le discours de clôture du rapport au VIIe congrès, le 13 août, sous le titre « Pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme ».

    Le 20 août, il prononça également le discours de clôture du congrès, dont le titre était « Les dirigeants actuels des pays capitalistes sont des personnages passagers. Le véritable maître du monde est le prolétariat ».

    Il est alors également élu secrétaire général du comité exécutif de l’Internationale Communiste, poste qu’il conservera jusqu’en mai 1943, date de sa dissolution.

    Ce qui fait que Georgi Dimitrov est, historiquement, le théoricien de l’antifascisme. Son point de vue est construit de manière dialectique, en s’appuyant sur le principe d’une vaste séquence historique.

    Le premier point est que, du point de vue du communisme, le fascisme apparaît comme le produit inévitable du capitalisme en crise ; il s’élabore comme réaction et passe à l’offensive une fois les conditions réunies. Georgi Dimitrov formule cela de la manière suivante :

    « Dans les conditions de la crise économique extrêmement profonde, de l’aggravation marquée de la crise générale du capitalisme, du développement de l’esprit révolutionnaire dans les masses travailleuses, le fascisme est passé à une vaste offensive.

    La bourgeoisie dominante cherche de plus en plus le salut dans le fascisme, afin de prendre contre les travailleurs des mesures extraordinaires de spoliation, de préparer une guerre de brigandage impérialiste, une agression contre l’Union Soviétique, l’asservissement et le partage de la Chine et sur la base de tout cela de conjurer la révolution.

    Les milieux impérialistes tentent de faire retomber tout le poids de la crise sur les épaules des travailleurs. C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.

    Ils s’efforcent de résoudre le problème des marchés par l’asservissement des peuples faibles, par l’aggravation du joug colonial et par un nouveau partage du monde au moyen de la guerre.

    C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.

    Ils s’efforcent de devancer la montée des forces de la révolution en écrasant le mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans et en lançant une agression militaire contre l’Union Soviétique, rempart du prolétariat mondial.

    C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme. »

    Pour cette raison, le fascisme est un terrorisme dirigée par les couches les plus agressives de la bourgeoisie. C’est une tentative de maintenir la domination du capitalisme en s’appuyant sur une base toujours plus restreinte, exigeant par conséquent toujours plus de terrorisme. La définition du fascisme de Georgi Dimitrov est devenu un élément de base de l’idéologie communiste :

    « Le fascisme au pouvoir est, comme l’a caractérisé avec raison la XIIIe Séance Plénière du Comité exécutif de l’Internationale Communiste, la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier.

    La variété la plus réactionnaire du fascisme, c’est le fascisme du type allemand, il s’intitule impudemment national-socialisme sans avoir rien de commun avec le socialisme allemand.

    Le fascisme allemand ce n’est pas seulement un nationalisme bourgeois, c’est un chauvinisme bestial. C’est un système gouvernemental de banditisme politique, un système de provocation et de tortures à l’égard de la classe ouvrière et des éléments révolutionnaires de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et des intellectuels.

    C’est la barbarie médiévale et la sauvagerie.

    C’est une agression effrénée à l’égard des autres peuples et des autres pays. »

    Ce faisant, Georgi Dimitrov s’oppose formellement à l’interprétation trotskyste, anarchiste et social-démocrate du fascisme, qui serait l’expression d’une révolte de la petite-bourgeoisie. Si la petite-bourgeoisie en voie de déclassement peut effectivement être happé par le fascisme en raison de sa démagogie, ce n’est pas elle qui est toutefois aux commandes.

    Georgi Dimitrov souligne cela ainsi :

    « Le fascisme, ce n’est pas une forme du pouvoir d’Etat qui, prétendument, « se place au-dessus des deux classes, du prolétariat et de la bourgeoisie », ainsi que l’affirmait, par exemple, Otto Bauer.

    Ce n’est pas « la petite bourgeoisie en révolte qui s’est emparée de la machine d’Etat », comme le déclarait le socialiste anglais Brailsford.

    Non. Le fascisme, ce n’est pas un pouvoir au-dessus des classes, ni le pouvoir de la petite bourgeoisie ou des éléments déclassées du prolétariat sur le capital financier.

    Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. »

    Georgi Dimitrov posait là les bases théoriques qui allaient permettre de comprendre la nature du fascisme et de lui opposer le Front populaire antifasciste.

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  • Georgi Dimitrov : Les premiers enseignements (1934)

    (Extrait de l’entretien de Dimitrov avec les correspondants de la presse communiste non soviétique, fin avril 1934)

    – Une pareille campagne, née d’une cause internationale, est presque sans précèdent : quelle en est, selon vous, l’explication ?

    – Cette solidarité démontre, je le pense, qu’on ne s’est pas seulement intéressé à la personne des accusés.

    Cet intérêt considérable qu’ont manifesté les ouvriers, et aussi d’autres couches sociales, exprimait leur satisfaction devant notre combat contre le fascisme allemand et la volonté d’y prendre une part active.

    – Je crois que votre attitude héroïque y est pour beaucoup.

    – Il est vrai que, devant le tribunal, j’ai été jusqu’au bout ; dans ma lutte, mordant, conséquent et sans égards.

    Vous parlez de courage, d’attitude héroïque devant le tribunal.

    N’avoir pas peur de la mort, voyez-vous, ce n’est pas de l’héroïsme personnel : c’est, au fond, le propre du communisme, du prolétariat révolutionnaire, des bolcheviks. La classe bourgeoise n’est plus en état de susciter dans ses rangs un véritable courage, un véritable héroïsme.

    C’est une classe qui sombre et qui n’a plus aucune perspective.

    – Vous savez probablement que, dans tous les pays, un grand nombre de travailleurs social-démocrates ont été enthousiasmés par votre attitude ?

    – Oui, ils ont beaucoup contribué à notre libération.

    Ces ouvriers social-démocrates devraient maintenant se poser une question : pourquoi la social-démocratie n’a-t-elle pas de chefs héroïques ? Comment cela se fait-il ?

    Il n’y a qu’une explication : la social-démocratie est à la remorque de la bourgeoisie; par sa théorie et sa pratique, elle est un instrument de la dictature bourgeoise.

    C’est pourquoi, justement, comme la bourgeoisie même, elle ne peut compter aucun chef vraiment courageux et héroïque.

    – Quelles conclusions doit-on, à votre avis, en tirer ?

    – Une des plus importantes, c’est que les ouvriers social-démocrates ne peuvent mener avec succès le combat contre la bourgeoisie qu’en communauté d’action avec les ouvriers communistes.

    Jusqu’ici, beaucoup de travailleurs social-démocrates en sont restés à la sympathie à notre égard. Mais la sympathie n’est pas suffisante.

    Elle doit se transformer en une lutte active contre la bourgeoisie et le fascisme, une lutte résolue, unifiée, que les ouvriers socialistes, chrétiens et sans parti mèneront coude à coude avec les ouvriers communistes.

    Mais, dites une chose aux ouvriers de chez vous : combattre le fascisme, cela signifie, en même temps et avant tout, le combattre dans son propre pays.

    Il est indiscutable que chaque pays possède ses propres Hitler, Gœring ou Gœbbels en puissance.

    Il ne suffit pas de rassembler des forces et d’attendre qu’il soit trop tard pour engager l’attaque.

    Même en Hollande, on doit dès maintenant mener la lutte.

    Contre tous les aspects du fascisme, il faut batailler tous les jours, à chaque heure. Dans les entreprises, dans la rue, chez les chômeurs, dans les réunions, partout, il faut barrer la voie au fascisme.

    Tous les travailleurs doivent veiller à ce que ne soit donnée au fascisme aucune possibilité de croître ou d’acquérir une influence auprès des ouvriers et des paysans.

    Pas à pas, coup pour coup, il faut gagner sur le fascisme.

    – Vous êtes donc persuadé qu’on pourra éviter l’avènement de la dictature fasciste ?

    – Oui, tout à fait certain ! Si les ouvriers social-démocrates d’Allemagne étaient, pas à pas, allés de l’avant, en temps utile, avec les ouvriers communistes, contre le fascisme, s’ils n’avaient pas suivi aussi aveuglément leurs chefs, nous n’aurions certainement pas de dictature fasciste aujourd’hui.

    L’exemple allemand est riche d’enseignement pour les ouvriers de tous les pays.

    Cet enseignement, il faut, dès à présent, en tirer profit.

    – Nous le dirons. Mais que peut-on faire directement pour les antifascistes d’Allemagne ?

    – Des centaines et des milliers, parmi les meilleurs ouvriers, parmi les meilleurs combattants du prolétariat allemand sont, dans les prisons et les camps de concentration, en un danger de mort permanent.

    Il en est ainsi, avant tout, du chef de la classe ouvrière révolutionnaire d’Allemagne, Ernst Thaelmann.

    Je ne me fatiguerai pas de répéter qu’arracher Ernst Thaelmann, chef de la classe ouvrière allemande, des mains des bourreaux fascistes est une question d’honneur pour le prolétariat de tous les pays ; on doit s’y mettre, on doit y tendre de toutes ses forces.

    – Savez-vous quelque chose de précis sur l’état de Thaelmann ?

    – Je l’ai vu trois fois pendant ma détention ; deux fois, il ne put me voir ; mais, la troisième fois, en octobre, lors de l’épisode berlinois du procès, il m’a également aperçu. Du corridor, je l’ai vu dans sa cellule. Je l’ai salué et il m’a répondu.

    Il était très courageux, malgré la rigueur de sa détention.

    Les dernières nouvelles sur la façon dont il est traité, sont très inquiétantes.

    – Que lui arrivera-t-il, d’après vous ?

    – En tout cas, on va tenter de l’anéantir physiquement et moralement.

    Il ne faut pas perdre de vue que la libération de Thaelmann et des autres camarades allemands sera beaucoup plus difficile que la nôtre.            

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  • Georgi Dimitrov : Ce que nous devons dire avant tout (1934)

    (Extrait de l’interview donnée par Dimitrov à la presse sovié­tique et étrangère dès son arrivée à Moscou, le 27 février 1934)

    Ce que nous devons dire d’abord, c’est la reconnaissance sans bornes que nous éprouvons pour le prolétariat international, pour les couches les plus larges de travailleurs de tous les pays, pour les intellectuels loyaux qui ont lutté en faveur de notre libération.

    Et nos chaleureux remerciements, avant tout, aux ouvriers et aux kolkhoziens du pays soviétique, de notre pays.

    Je peux m’exprimer avec une entière conviction : sans cette admirable mobilisation de l’opinion publique pour notre défense, nous ne serions certainement pas ici, à vous parler.

    Et le fascisme allemand n’aurait pas renoncé à nous anéantir moralement et physiquement.

    La grande campagne qui fut menée dans le monde entier pour notre libération, mes camarades et moi, nous ne l’avons malheureusement connue que très tardivement.

    Ce n’est que maintenant, quelques heures après notre arrivée, en causant avec nos camarades, que nous appre­nons tout ce qui, pendant cette époque, s’est passé autour de nous.

    Je suis fermement convaincu que cette campagne n’a pas sauvé que nous, les trois Bulgares et Torgler, mais que nous lui sommes aussi redevables de ce que la provo­cation du fascisme allemand, qui visait à l’extermination de milliers de prolétaires, a été condamnée.

    Cette cam­pagne fait perdre au fascisme la possibilité de monter une nouvelle provocation qui aurait pour but de détruire les cadres dirigeants du prolétariat révolutionnaire d’Alle­magne.

    En bref, le procès fut une provocation, comme le fut aussi l’incendie du Reichstag.

    Le procès était destiné à couvrir les incendiaires.

    On voulait rejeter sur d’autres son propre crime.

    Cependant, conformément aux lois de la dialectique, aux lois de la lutte de classe du prolétariat, le procès a tourné en son propre contraire.

    Ce procès anticommuniste est devenu une grandiose démonstration antifasciste, un piteux fiasco du fascisme.

    L’incendie devait persuader le peuple allemand que les communistes sont des incendiaires ; le procès l’a persuadé que c’est là une légende.

    Entre-temps, une année a passé et, bien que l’Allemagne, qui n’est qu’une grande prison, soit isolée du reste du monde, il n’y a plus personne là-bas qui croie que l’incendie du Reichstag ait été allumé par les communistes.

    Même parmi les simples membres du Parti national-socialiste, il s’en trouve beaucoup qui sont convaincus que cet incendie est l’œuvre des chefs fascistes.

    Nous avons quitté l’Allemagne, le cœur plein de haine contre le fascisme allemand, mais aussi plein d’amour, de chaleureuse sympathie pour les travailleurs et les communistes allemands.

    Par suite de l’isolement rigoureux où nous étions tenus, nous ne pouvions savoir exactement ce qu’ils ont à souffrir et comment ils luttent.

    Mais jusqu’à la comparution devant le tribunal et devant le tribunal lui-même, nous sentions que le puissant Parti communiste allemand reste inébranlablement à son poste.

    L’attitude, devant le tribunal, des témoins ouvriers que l’on avait tirés des camps de concentration, exprimait la fidélité et le dévouement à leur Parti.

    Le combat qui a été mené pour notre libération doit être continué pour la délivrance des milliers de prolétaires emprisonnés dans les casemates du fascisme.

    Ce que je vais faire ici ? C’est tout à fait clair…

    Je suis un soldat de la révolution prolétarienne, un soldat de l’Internationale communiste.

    C’est dans cet esprit que j’ai comparu devant le tribunal.

    Je ferai ici mon devoir de soldat de la révolution prolétarienne et je l’accomplirai jusqu’à mon dernier souffle.                       

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  • Georgi Dimitrov et la signification du procès de Leipzig


    Après le procès, Georgi Dimitrov se retrouva en première ligne pour exposer la nature du fascisme, ce qu’il fit tout d’abord dans la presse soviétique (Les premiers enseignementsCe que nous devons dire avant tout).

    Un rassemblement en URSS en soutien à Georgi Dimitrov
    Un rassemblement en URSS en soutien à Georgi Dimitrov

    Voici l’extrait principal d’un article qu’il écrivit pour la Pravda, l’organe du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchévik). Paru dans ce quotidien le 4 mars 1934, l’articile s’intitule Une victoire de la solidarité prolétarienne :

    L’incendie du Reichstag devait marquer et marqua effectivement l’origine d’une campagne terroriste du fascisme allemand contre le mouvement révolutionnaire du prolétariat.

    La provocation du 27 février 1933 visait à être le signal de l’«anéantissement» du marxisme, en entendant par là le mouvement révolutionnaire du prolétariat allemand.

    Les arlequins fascistes voulaient mettre en ligne toutes les forces hostiles au mouvement révolutionnaire et à l’Union soviétique ; ils comptaient faire apparaître à l’Europe capitaliste le « rôle historique » du fascisme allemand, son rôle de gendarme en face de la révolution prolétarienne.

    En d’autres termes, « le fascisme allemand de sang purement aryen » a repris à son compte, à l’époque de la révolution prolétarienne, ce que l’absolutisme tsariste considérait comme sa « mission historique » au temps de la révolution bourgeoise-démocratique : être le bastion de la réaction européenne et le bourreau du mouvement révolutionnaire.

    L’incendie du Reichstag, provocation imaginée par les fascistes, – nous y reviendrons plus à fond – servit de prélude à d’innombrables actes de bestialité, aux jours sanglants de mars 1933, qui soulevèrent toute l’humanité travailleuse contre la dictature fasciste.

    Le procès de Leipzig – le plus grand procès de l’histoire politique contemporaine – a été monté intentionnellement comme une provocation, par les chefs fascistes, pour apporter au monde entier la preuve qu’à la fin du mois de février 1933, ces bourreaux avaient sauvé l’Europe du bolchévisme.

    A Leipzig, le fascisme allemand comptait établir universellement son rôle de sauveur.

    L’acte d’accusation, tenu sévèrement secret avant et pendant les débats, qui ont duré trois mois, montre clairement que le procès n’était pas seulement dirigé contre le communisme allemand, mais surtout contre l’Internationale communiste et l’Union soviétique.

    Au commencement du procès, la presse fasciste allemande ne jugea pas indispensable d’en faire mystère. L’acte d’accusation mentionne ouvertement que mes camarades et moi avons été coupables d’être « les plénipotentiaires du Parti communiste russe de Moscou » et d’avoir eu pour mission d’organiser en Allemagne, par l’incendie du Reichstag, un soulèvement armé ayant pour but la soviétisation de l’Europe entière.

    En plein accord avec le désir des fascistes, les faux témoins de l’instruction préparatoire, stylés par l’accusation, ont déclaré « qu’après ce geste, l’incendie du Reichstag, des actions analogues se produiraient à Varsovie, à Vienne et à Prague, afin d’étendre l’embrasement à l’Europe entière ».

    Quelles tâches concrètes le fascisme allemand se proposait-il en montant le procès de Leipzig ?

    En premier lieu : Réhabiliter, aux yeux de l’Allemagne et de l’étranger, les incendiaires et les bourreaux fascistes ; dissimuler l’identité des vrais coupables en rejetant la responsabilité sur les communistes.

    En second lieu : Justifier la terreur sauvage et les monstrueuses persécutions contre le prolétariat révolutionnaire; légitimer devant l’opinion publique la destruction barbare d’énormes valeurs culturelles, la croisade contre la science, l’anéantissement sans pitié du libéralisme bourgeois de gauche, les pogroms de masse, les meurtres, etc.

    En troisième lieu : Alimenter une nouvelle campagne anticommuniste.

    Le procès devait servir de fondement à un nouveau procès monstre contre le Parti communiste allemand.

    En quatrième lieu : Le procès devait apporter la preuve que le gouvernement fasciste combattait « victorieusement » le communisme mondial et avait sauvé à temps l’Europe capitaliste du danger communiste.

    Les têtes des quatre accusés devaient être la monnaie d’appoint que les fascistes emploieraient dans leurs prochains marchandages avec les pays capitalistes ; ceux-ci, en contrepartie des « mérites historiques » de Hitler, lui accorderaient des concessions sur la question de l’égalité des armements, etc.

    Les fascistes allemands attribuaient à ce procès une signification extraordinaire pour leur politique extérieure.

    La préparation du procès a été poussée d’une façon particulièrement étendue.

    Les fascistes y ont introduit tout ce qu’ils avaient sous la main.

    Ils ont mobilisé tout l’appareil de la police et de la justice, l’appareil dirigeant du parti nazi, l’appareil colossal du ministère de la Propagande, avec ses lointaines ramifications.

    Et tout cela devait servir, non seulement à fabriquer l’acte d’accusation, mais, avant tout, à susciter, coûte que coûte, des témoins « appropriés ».

    Six mois environ se passèrent à cette recherche de témoins, exaspérée, désespérée.

    Il importait considérablement aux fascistes de trouver les témoins nécessaires parmi les ouvriers, parmi les communistes et surtout parmi les dirigeants du mouvement communiste.

    Selon les plans des incendiaires fascistes, ces témoins auraient attesté que le Parti communiste et l’Association des anciens combattants rouges auraient préparé un mouvement armé pour février-mars 1933 ; que des directives avaient été données dans ce sens et que l’incendie devait être le signal de la révolte.

    Pour trouver de tels témoins, les fascistes ne reculèrent devant rien.

    Des milliers et des milliers de communistes et d’ouvriers révolutionnaires furent soumis, dans les prisons et les camps de concentration, à des tortures morales et physiques indescriptibles, afin qu’ils consentissent à être des témoins dociles, prêts à confirmer tout ce qu’exigeraient d’eux les thèses de l’acte d’accusation provocateur.

    Pourtant les fascistes subirent un complet échec.

    Malgré tous leurs efforts, seuls des députés nationaux-socialistes, des journalistes fascistes, des criminels de droit commun, des faux monnayeurs, des voleurs récidivistes, des psychopathes et des morphinomanes acceptèrent de déposer comme témoins à charge.

    Les fascistes ne réussirent même pas à trouver un seul des témoins souhaités dans les milieux ouvriers, parmi les membres actifs du mouvement prolétarien ou parmi les fonctionnaires responsables du Parti communiste.

    Et ce fut là le talon d’Achille de l’accusation.

    D’autre part, ce fait a démontré lumineusement au monde entier la fermeté, la fidélité et le dévouement illimité des ouvriers allemands à la cause de la révolution prolétarienne, à la cause du communisme et de son Internationale.

    Au procès de Leipzig, le fascisme allemand entra en scène pour la première fois en qualité de gendarme européen contre le communisme.

    Ce début s’est terminé en catastrophe pour les fascistes.

    En en transposant les termes, on peut citer le célèbre proverbe bulgare : le fascisme allemand fit son entrée à Leipzig tel un lion splendide, mais il dut filer sous les huées.

    Le procès fut une pierre de touche pour le Parti communiste et le prolétariat révolutionnaire, dont les fils les meilleurs languissent dans les camps de concentration ou d’autres cachots fascistes.

    Et ce fut une brillante démonstration de sa fidélité à son drapeau, de son dévouement sans réserve à la tâche révolutionnaire et à la discipline prolétarienne.

    Ainsi les fascistes ne sont pas parvenus à dénicher, parmi les ouvriers, un seul témoin selon leurs vœux; les ouvriers cités, malgré toutes les menaces et tous les supplices, firent preuve, devant les juges, d’un courage digne du prolétariat ; et cela suffit à montrer que, sur les perspectives de révolution prolétarienne postérieures à l’avènement du fascisme, les pessimistes pusillanimes, opportunistes d’Allemagne et d’ailleurs, se sont lamentablement trompés.

    La défaite du fascisme à Leipzig et notre délivrance constituent une puissante victoire de l’Internationale communiste.

    Cependant la lutte continue et il faut la porter à un niveau plus élevé. L’opinion publique antifasciste ne doit pas s’endormir après cette victoire.

    La lutte pour la libération de Thaelmann, chef des ouvriers révolutionnaires allemands, la lutte pour la libération de milliers d’autres prisonniers du fascisme, c’est là une question d’honneur pour le mouvement antifasciste international.

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