Maïmonide (1135-1204) est l’une des figures les plus importantes du judaïsme. Il a formulé treize principes de foi qui sont largement reconnus dans le judaïsme, pourtant totalement fragmenté.
Ce qu’on lit est absolument frappant et tout à fait conforme à l’idée de bricolage d’un dieu tutélaire mixé avec le dieu-univers. Il n’y a aucune dimension métaphysique, aucune focalisation sur Dieu pourtant être absolu.
On apprend seulement que Dieu est loin (dieu-univers) et qu’il a fourni des messages par Moïse (dieu tutélaire). C’est un simple appareil pour justifier la « loi orale » des rabbins, qui est ici tout simplement « oublié » !
« 1- Que le Créateur, béni soit Son nom, est le seul créateur et le seul guide du monde.
2- Que le Créateur, béni soit Son nom, est unique.
3- Que le Créateur, béni soit Son nom, ne possède aucun corps, ni aucune forme corporelle.
4- Que le Créateur, béni soit Son nom, est le Premier et le Dernier.
5- Que le Créateur, béni soit Son nom, est l’unique objet de nos prières, et nul autre.
6- Que les propos des Prophètes sont vérité.
7- Que la prophétie de Moïse, notre maître, sur lui la paix, est vraie, qu’il est et reste le père de tous les prophètes.
8- Que la Torah que nous possédons est celle transmise à de Moïse, notre maître, sur lui la paix.
9- Que cette Torah ne sera pas changée contre une autre loi ou doctrine.
10- Que le Créateur, béni soit Son nom, connaît l’œuvre de l’Homme et ses pensées secrètes.
11- Que le Créateur, béni soit Son nom, récompense le juste et punit le méchant.
12- Que le Messie (Machiah) viendra, et bien qu’il tarde à venir, je crois en sa venue.
13- Que les morts ressusciteront, selon la volonté du Créateur, béni soit Son nom. »
On notera la question du Messie. Ce thème est inévitable pour des Juifs ayant combiné le dieu tutélaire au dieu-univers afin d’espérer un renversement de situation historique. La construction étant artificielle, il faut un mythe pour permettre un équilibre : c’est l’arrivée hypothétique d’un messie.
De manière notable ici, le messie est un thème systématique du judaïsme, mais il n’est absolument jamais approfondi ni pris en considération. C’est un objet virtuel pour faire tenir l’édifice, cela est absolument clair.
C’est même tellement clair que le messie sera un simple humain, qui rétablira le royaume et le Temple. Le Dieu juif est tellement « bloqué » dans sa définition qu’une intervention divine dans la réalité n’est même pas concevable.
Maïmonide dit ainsi que :
« Le Roi oint (Melekh HaMashia’h) est destiné à se lever et restaurer le royaume Davidique dans son antique et première souveraineté. Il construira le Temple de Jérusalem et rassemblera les égarés d’Israël.
Toutes les lois reprendront vigueur en ses jours comme avant : les offrandes sacrificielles seront offertes et les années sabbatiques ainsi que les Jubilés seront tenus, en accord avec tous les préceptes mentionnés dans la Torah. »
La seule autre option, c’est la reconnaissance de Jésus-Christ. Et ce qui caractérise le judaïsme, c’est précisément le refus de voir en Jésus le « Fils de Dieu », « Dieu » lui-même.
Si c’est absolument inconcevable pour les Juifs, c’est qu’ils en restent à la conception de l’animisme cosmique d’un Dieu inéluctablement transcendant, avec qui aucun « lien » ne peut être tissé. Et cela, même si paradoxalement leur dieu tutélaire a pris les traits de ce dieu-univers !
Même le messie ne peut donc rien porter de divin. Le Dieu des Juifs relève encore et toujours de l’animisme cosmique, il consiste en l’univers, le mouvement de l’univers ou plus exactement l’énergie de l’univers. Il reste le Manitou amérindien, le Brahman du brahmanisme, le Teotl aztèque, etc.
Cela se voit, à ce niveau, avec l’absence de fin historique. C’est un aspect particulièrement frappant.
L’animisme cosmique considère toujours que le monde matériel accompagne l’existence d’un Dieu-univers absolu et « énergétique ». Il peut donc y avoir des catastrophes d’ampleur mondiale, mais le flux est continu et il ne saurait pour cette raison y avoir de fin du monde.
Le christianisme, comme monothéisme accompli, souligne forcément, à l’inverse la fin du monde.
Le judaïsme, comme monothéisme primitif, reste lié sur ce plan à l’animisme cosmique. La fin de temps ne change strictement rien à la nature du monde. Le messie arrive, Israël est rétabli sur son territoire historique et se voit accorder une reconnaissance mondiale, et les choses continuent comme avant, même si désormais dans la « paix » divine marquée par l’harmonie et la prospérité.
C’est là qu’on voit que le monothéisme juif n’est pas complet. Il y a bien un début, mais il n’y a pas de fin. Il y a bien un début comme le monothéisme, mais il n’y a pas de fin tout comme dans l’animisme cosmique.
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