Edmund Husserl et le monde comme horizon des possibles

Qu’est-ce que le monde selon la phénoménologie d’Edmund Husserl ?

Ce sont des objets saisis par la pensée et rien d’autre.

Le monde existe bien sûr, mais ce qu’il est pour nous, c’est ce qu’on saisit par la conscience. Le reste, c’est autre chose, quelque chose qui ne nous concerne de toutes façons pas.

Le monde, c’est le monde que la conscience saisit ou qu’elle peut saisir, rien d’autre. Il dit dans ses Méditations cartésiennes :

« Les objets n’existent pour nous et ne sont ce qu’ils sont que comme objets d’une conscience réelle ou possible. »

Le monde est alors à l’image du mode de production capitaliste avec ses marchandises qu’on peut produire et acheter, c’est-à-dire qu’il consiste purement et simplement en un horizon des possibles pour l’ego. Le subjectivisme absolu n’est pas replié sur lui-même : il engloutit sa part du monde.

La phénoménologie est le discours au sujet de ce subjectivisme absolu de l’ego absolu, l’étude de toutes les expériences faites selon la perspective anti-matérialiste de la saisie subjectiviste (et non pas subjective) de quelque chose :

« Il faudra élaborer une théorie constitutive de la nature physique, toujours « donnée » et — l’un impliquant l’autre — toujours présupposée existante; — une théorie de l’homme, de la société humaine, de la culture,… etc.

Chacune de ces notions désigne un vaste ensemble de recherches différentes, correspondant aux concepts de l’ontologie naïve, tels que : espace réel, temps réel, causalité réelle, objet réel, qualité réelle,… etc.

Il s’agit chaque fois de dévoiler l’intentionnalité impliquée dans l’expérience elle-même (en tant qu’elle est un état vécu transcendantal) ; il s’agit d’une explicitation systématique des « horizons » de l’expérience, c’est-à-dire d’une explicitation des évidences possibles qui pourraient en « remplir » les intentions, et qui, à leur tour, conformément à une loi de structure essentielle, feraient renaître autour d’elles des « horizons « toujours nouveaux ; et cela en étudiant continuellement les corrélations intentionnelles. »

Seulement, le mode de production capitaliste exige également une accumulation, pas seulement un subjectivisme qui se réalise. Il a besoin d’un subjectivisme qui va se réaliser également.

Il faut donc une idéologie faisant de l’ego une action tournée vers la réalisation de la consommation. Il faut que l’ego ne soit pas quelque chose de fixe, établi par la consommation, il doit être défini comme existant par les différents cycles de réalisation capitaliste.

Il faut à la fois une consommation faite, établissant l’ego – en réalité l’être humain aliéné – et une consommation à faire. Voilà pourquoi Edmund Husserl dit que :

« Il appartient donc à l’essence de l’ego de vivre toujours en des systèmes d’intentionnalités et des systèmes de leurs concordances, tantôt s’écoulant dans l’ego, tantôt formant de potentialités stables, pouvant toujours être réalisées. »

Toute l’existence est ici définie comme allant dans un sens et dans un autre ; la vie consiste en suivre sa « conscience » en satisfaisant une saisie de choses et une saisie possible de choses. Le monde est là à notre disposition comme horizon des possibles.

C’est le marché capitaliste de l’époque du mode de production capitaliste développé qui se réalise ici comme définition même de la « conscience ».

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comme subjectivisme absolu