18 février 1930
Ouvriers, paysans, soldats, jeunes gens, élèves des écoles, compatriotes opprimés et exploités, Amis, camarades,
Les contradictions de l’impérialisme ont provoqué la guerre mondiale de 1914-1918.
Après cet horrible carnage le monde s’est divisé en deux fronts : d’un côté, le front révolutionnaire englobant les peuples coloniaux opprimés et le prolétariat mondial exploité et dont l’Union soviétique est l’avant-garde.
De l’autre, le front contre-révolutionnaire du capitalisme international et de l’impérialisme dont l’état-major général est la Société des Nations.
Cette guerre a causé aux peuples des pertes incalculables en hommes et en biens.
C’est l’impérialisme français qui en a le plus souffert.
C’est pourquoi, afin de restaurer les forces du capitalisme en France, les impérialistes français ont eu recours aux moyens les plus perfides pour intensifier l’exploitation capitaliste en Indochine.
Ils créent de nouvelles usines pour exploiter les ouvriers en leur payant un salaire de famine.
Ils volent les terres de nos paysans pour créer des plantations, acculant ainsi la paysannerie à une misère affreuse.
Ils nous écrasent sous une fiscalité exorbitante, et nous obligent à acheter des bons d’emprunt.
Bref, ils acculent notre peuple à la misère.
Ils accroissent leurs forces militaires. D’abord pour étouffer la révolution vietnamienne.
Ensuite pour préparer une nouvelle guerre impérialiste dans le Pacifique en vue de conquérir de nouvelles colonies, troisièmement, en vue de réprimer la révolution chinoise.
Enfin, quatrièmement, pour attaquer l’Union soviétique, parce qu’elle aide les peuples opprimés et le prolétariat exploité à faire la révolution.
La deuxième guerre mondiale éclatera.
Il est certain que les impérialistes français conduiront alors notre peuple à une tuerie sans précédent.
Si nous leur laissons les mains libres pour préparer cette guerre, si nous les laissons combattre la révolution chinoise, et attaquer l’Union soviétique, juguler la révolution vietnamienne, ne serait-ce pas les laisser balayer notre race de la surface de la terre et noyer notre nation dans l’océan Pacifique ?
Toutefois, l’oppression barbare et l’exploitation féroce des colonialistes français ont réveillé la conscience de nos compatriotes.
Tous ont réalisé que seule la révolution nous permettra de vivre et que sans la révolution, nous sommes condamnés à une mort lente et misérable.
C’est précisément pour cette raison que le mouvement révolutionnaire grandit et se renforce chaque jour : les ouvriers font grève, les paysans réclament la terre, les élèves font la grève des cours, les commerçants la grève du marché.
Partout, les masses se dressent contre les impérialistes français qui tremblent devant la révolution montante.
De leur côté, ils utilisent, d’une part, les féodaux et les bourgeois compradores pour opprimer et exploiter nos compatriotes, d’autre part, ils terrorisent, jettent en prison et massacrent en masse les révolutionnaires vietnamiens.
Mais s’ils croient pouvoir juguler la révolution vietnamienne par la terreur, ils commettent une erreur grossière.
Premièrement, la révolution vietnamienne n’est pas isolée, elle bénéficie du soutien du prolétariat international et tout particulièrement de la classe ouvrière française.
En second lieu, c’est précisément au moment où les colonialistes redoublent leurs menées terroristes que les communistes vietnamiens, auparavant divisés, s’unissent tous dans un seul parti, le Parti communiste indochinois, pour diriger la lutte révolutionnaire de notre peuple tout entier.
Ouvriers, paysans, soldats, jeunes gens, écoliers !
Compatriotes opprimés et exploités !
Le Parti communiste indochinois est fondé.
C’est le parti de la classe ouvrière.
Sous sa conduite, le prolétariat dirigera la révolution dans l’intérêt de tous les opprimés et exploités.
Dès maintenant, notre devoir est d’adhérer au Parti, de l’aider et de le suivre pour réaliser les mots d’ordre suivants :
1. Renverser l’impérialisme français, la féodalité et la bourgeoisie réactionnaire du Viêt-nam.
2. Conquérir l’indépendance complète de l’Indochine.
3. Former le gouvernement des ouvriers, des paysans et des soldats.
4. Confisquer les banques et autres entre prises impérialistes et les placer sous le contrôle du gouvernement des ouvriers, des paysans, et des soldats.
5. Confisquer toutes les plantations et autres propriétés des impérialistes et des bourgeois réactionnaires vietnamiens pour les distribuer aux paysans pauvres.
6. Appliquer la journée de travail de huit heures.
7. Abolir les emprunts forcés, la capitation et les taxes iniques qui frappent les pauvres.
8. Réaliser les libertés démocratiques pour les masses.
9. Dispenser l’instruction à tous.
10. Réaliser l’égalité entre l’homme et la femme.