C’est Clara Zetkine, représentante du Parti Communiste d’Allemagne, qui ouvrit le quatrième congrès de l’Internationale Communiste, le 5 novembre 1922.
Comme c’était la règle, la marche funèbre fut jouée après une présentation des innombrables martyrs tombés pour la Cause. Cependant, cinq ans s’étaient écoulés depuis la révolution russe, 15 mois depuis le 3e congrès, et Zinoviev fut obligé de parler non plus de la révolution mondiale comme aspect principal, mais de la réussite de la mise en place de l’Internationale Communiste :
« C’est justement au cours de ces quinze derniers mois qu’est devenu assuré, en un certain sens, la prochaine destinée de l’Internationale Communiste. Il va de soi que l’Internationale Communiste, au sens historique du mot, voit sa victoire assurée.
Même si notre organisation de combattants disparaissait de la surface de la terre sous le feu de la réaction, comme cela est arrivé aux communards de Paris [en 1871] et à la première Internationale, l’Internationale Communiste renaîtrait et amènerait le prolétariat à la victoire.
Mais il en va de la question de savoir si l’Internationale Communiste, telle qu’elle existe présentement, si notre génération de combattants va parvenir à remplir la mission historique qu’a assumée l’Internationale Communiste. »
Zinoviev dit alors : puisque toutefois l’Internationale Communiste existe encore malgré quinze mois de coups de boutoir de la réaction armée et de la seconde Internationale, ainsi que de la seconde Internationale « et demie », alors l’avenir lui est assuré.
Il s’agit de présenter comme temporaire le fait que la répression a été brutale en Yougoslavie, en Roumanie, en Grèce, en Italie bien entendu avec le fascisme, mais également en Pologne, en Finlande, en Lituanie, en Estonie,aux États-Unis, alors qu’en Allemagne le président de la république est un social-démocrate.
C’est là un aspect essentiel du quatrième congrès. En effet, il apparaît clairement qu’aucune victoire à court terme n’est espérée, au sens il y aurait un prolongement direct de la vague révolutionnaire partie de Russie qui pourrait encore se dérouler. Rien que le reflux syndical le reflète – le nombre de syndiqués passant de 25 millions en 1920 à au grand maximum 18 millions en 1922.
Il s’agit désormais de construire des Partis, sur le modèle russe, afin de réaliser le second moment de la révolution mondiale, qui est considéré comme devant se produire à court terme.
Zinoviev formule cela ainsi, faisant glisser délicatement l’aspect principal de la question :
« Toutes les conditions objectives mûrissent pour la victoire de la révolution prolétarienne dans tous les pays décisifs. Toutes les préconditions économiques sont visibles.
La seule chose qui manque à la classe ouvrière du monde entier est ce qui est connu comme le facteur subjectif – l’organisation de classe qui soit suffisante, la conscience de classe qui soit suffisante. En ce sens, le rôle de la social-démocratie est très grand au moment présent (…).
La seconde Internationale est le principal pilier de la bourgeoisie. Sans l’aide de la seconde Internationale et de l’Internationale [syndicale] d’Amsterdam, la bourgeoisie ne peut pas se maintenir. »
On a ici une clef essentielle de la vie de l’Internationale Communiste. On passe de la diffusion du message (avec le premier congrès), puis des grands principes (les second et troisième congrès), au mélange de deux, c’est-à-dire à l’association de la subjectivité révolutionnaire et de l’organisation bolchevique. Le poids de la social-démocratie est présentée comme le frein essentiel au processus.
La thèse du déclin du capitalisme, avec des cycles, formulée par Eugen Varga à l’occasion du troisième congrès, est ainsi maintenue, mais ajustée dans un sens organisationnel toujours plus marqué.
C’est également un congrès de transition dans la mesure où le fascisme est un thème abordé, mais pas de manière formelle, pas comme un thème d’importance capitale. Au congrès suivant, cela ne sera déjà plus le cas, le fascisme commençant à devenir l’un des sujets majeurs, avant de devenir le thème du septième congrès en lui-même avec le principe de Front populaire.
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de l’Internationale Communiste