De toutes les pays, c’est la Tchécoslovaquie qui voit le Parti Communiste le plus triompher. Il progresse tellement qu’il est rejoint par 2,5 millions de personnes, soit pratiquement 23 % de la population totale, ou encore un adulte sur trois, et pratiquement 50 % de la population active.
Le Front est opérationnel. C’est un socialiste de gauche, Zdeněk Fierlinger, qui fut le premier chef du gouvernement du nouveau régime.
Et lorsque, en novembre 1947, c’est la droite qui l’emporta dans le Parti Socialiste, avec Zdeněk Fierlinger remplacé à la direction par Bohumil Lausman lors du congrès de Brno, la réponse fut de dimension populaire.
En février 1948, le Parti Communiste quitta le gouvernement, pour mieux revenir cependant avec un nouveau gouvernement qui comprenait une majorité progressiste (12 communistes et 3 sociaux-démocrates pour 24 ministres en tout), avec l’appui d’une immense mobilisation de masse.
C’est que la presse bourgeoise internationale appela le « coup de Prague », étant en fait en panique générale devant un succès communiste, qui s’était fait surtout sans aucun appui de l’armée rouge.
Et, par la suite, à l’été 1948 le parti social-démocrate fusionna avec le Parti Communiste, qui lança des mouvements populaires, capables de briser la tentative conservatrice de bloquer la progression.
La Tchécoslovaquie devint alors une république populaire en juin 1948, à l’instar de la Bulgarie qui avait pu la précéder en décembre 1947 grâce à l’armée rouge et le prestige de Georgi Dimitrov.
Ce dernier, dans son rapport politique au Comité central du Parti ouvrier (communiste) bulgare en décembre 1948, souligna ainsi les traits de l’État populaire-démocratique :
« Le caractère de l’État démocratique-populaire est déterminé par ces quatre traits fondamentaux :
a) L’État démocratique-populaire représente le pouvoir des travailleurs, de la grande majorité du peuple, sous le rôle dirigeant de la classe ouvrière.
Ce fait signifie premièrement, que le pouvoir des capitalistes et des gros propriétaires est renversé et que celui des travailleurs des villes et des campagnes est établi, sous la direction de la classe ouvrière ; cette classe, la plus progressiste de la société contemporaine, joue dans l’État et dans la vie sociale, un rôle dirigeant.
Deuxièmement, que l’État sert d’instrument aux travailleurs dans leur lutte contre les éléments exploiteurs, contre toutes tentatives et tendances, en vue de rétablir le régime capitaliste et la domination de la bourgeoisie.
b) L’État démocratique-populaire apparaît comme un état de la période transitoire, appelé à assurer le développement du pays, dans la voie du socialisme.
Ceci signifie : bien que le pouvoir des capitalistes et dés grands propriétaires fonciers soit renversé et que la fortune de cette classe soit devenue la propriété du peuple, les racines économiques du capitalisme ne sont pas encore extirpées : certains éléments subsistent encore et se développent, s’efforçant de rétablir l’esclavage.
C’est pour cela que l’évolution vers l’avant, vers le socialisme, n’est possible qu’en menant une lutte de classe intransigeante contre eux, pour leur liquidation complète.
Ce n’est qu’en marchant sans détours vers le socialisme que l’État démocratique-populaire pourra se fortifier et accomplir sa mission historique. Si la démocratie populaire cesse de lutter contre les classes d’exploiteurs, si elle cesse d’étouffer et de refouler les éléments capitalistes, ceux-ci l’emporteraient inévitablement, et non seulement saperaient les bases de la démocratie populaire, mais amèneraient sa perte.
c) L’État démocratique-populaire s’édifie dans la collaboration et l’amitié avec l’Union soviétique.
De même que l’affranchissement de notre pays des chaînes de l’impérialisme et la création de l’État démocratique-populaire ne devinrent possibles que grâce à l’appui et à la mission libératrice de l’U.R.S.S. dans la lutte contre l’Allemagne fasciste et ses alliés, le développement ultérieur de notre démocratie populaire suppose la conservation et le renforcement des relations étroites de collaboration sincère, d’assistance mutuelle et d’amitié, entre nos pays et le grand Etat soviétique.
Toute tendance à affaiblir la collaboration avec l’U.R.S.S. est dirigée contre l’existence même de la démocratie populaire dans notre pays.
d) L’Etat démocratique-populaire appartient au camp démocratique anti-impérialiste (…).
Incarnant la domination des travailleurs sous la direction de la classe ouvrière, le régime de démocratie populaire peut et doit, ainsi que l’expérience l’a déjà prouvé, exercer avec succès les fonctions de la dictature du prolétariat, pour la liquidation du capitalisme et l’organisation de l’économie socialiste.
Il peut briser la résistance des capitalistes et des propriétaires fonciers, étouffer et liquider leurs tentatives, en vue de restaurer le pouvoir du Capital.
Il peut organiser la construction d’une industrie sur la base de la propriété publique et de l’économie planifiée.
Le régime de démocratie populaire sera également en état de surmonter l’instabilité de la petite bourgeoisie des villes et de la paysannerie moyenne, de maîtriser les éléments capitalistes dans les campagnes et d’unir les masses fondamentales des travailleurs autour de la classe ouvrière, dans la lutte décisive pour le passage au socialisme. »
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