La lecture faite par Paul Boccara

Paul Boccara a une approche qui, en cinquante ans, n’a pas connu de grandes variations, se tenant toujours dans un cadre bien déterminé. Au-delà des rapports variables avec l’idéologie marxiste-léniniste – selon les besoins opportunistes du moment – Paul Varga s’en tient à deux, trois principes, qu’il maintient invariablement.

L’idée de base, qui est évidemment celle qui lui a valu son importance, c’est qu’il faut participer aux institutions, à tous les niveaux, ainsi qu’aux entreprises. Le leitmotiv de Paul Boccara, c’est que les capitalistes ne savent pas gérer et qu’il faut les épauler, puis les remplacer.

Le capitalisme serait à son stade le plus élevé, l’État serait neutre. Sans l’État pour le moduler, le gérer, le capitalisme s’effondrerait ; par conséquent il faut faire pencher l’État du côté du peuple et non des monopoles.

Pendant plusieurs décennies, le PCF va donc avoir un discours sur l’économie nationale qu’il faudrait protéger, développer, alors que le capital financier compte agir en prédateur contre lui. Les idées de Paul Boccara ont servi ici à justifier le soutien unilatéral du PCF et de la CGT à la vie des entreprises.

La démarche de Paul Boccara – gérer à la place des mauvais gestionnaires – implique en général une participation la plus rigoureuse possible à tout ce qui existe : les comités d’entreprises, les syndicats, les associations, les mairies, les départements, les régions, le parlement, le sénat, les commissions les plus diverses existantes dans toutes ces institutions, les collectivités territoriales dans tous leurs aspects, les organismes sociaux, etc.

Il faut éplucher les comptes de tous les organismes étatiques ou para-étatiques, y participer, chercher à y disposer d’un poids toujours plus important, influer sur les décisions, faire régulièrement des propositions, etc.

Les comités d’entreprises doivent s’approprier des droits de décision sur la stratégie de l’entreprise. Par conséquent, le syndicat (ici donc la CGT) doit élaborer des stratégies et des contre-stratégies, concurrençant directement les choix des actionnaires et du capital financier.

Pour rendre cela possible, et là on a les deux autres principes qu’on retrouve systématiquement, il faut tout d’abord un mouvement populaire permettant de conquérir cet espace, ensuite, un pôle financier public jouant le rôle de banque prêtant avec suffisamment de largeur pour parvenir à mettre de côté le capital financier.

Dans les années 1970-1980, cette démarche fut appelée par le PCF la « démocratie avancée », puis après 1989 cela fut désigné sous le terme de « mixité ».

Toute la théorie particulière du capitalisme de Paul Boccara servit à justifier cette démarche institutionnelle.

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