La mise en place de la CGT-Force Ouvrière

Dès la conférence nationale des 18-19 décembre 1947, la CGT-Force Ouvrière reçut des soutiens massifs.

La fondation de la CGT-Force Ouvrière

Il y eut déjà celui de la SFIO, évidemment, par la voix de Léon Blum dans son organe Le Populaire :

« Le devoir du Parti socialiste est d’appuyer de toutes ses forces le mouvement Force Ouvrière. Il faut détacher les travailleurs de la tyrannie absurde et intolérable du communisme. »

Une du Populaire et éditorial de Léon Blum en faveur de la scission dans la CGT
au nom d’un syndicalisme libre et autonome (sic)

Le 19 décembre, Léon Jouhaux, Robert Bothereau, Albert Bouzanquet, Georges Delamarre, Pierre Neumeyer, membres du Bureau confédéral de la CGT, donnèrent de fait leur démission. Pierre Le Brun et Louis Saillant, initialement sur la même ligne, refusèrent de faire de même.

Le 22 décembre, une circulaire fut envoyée aux responsables départementaux de la CGT pour annoncer que le Groupe central a tenu une seconde Conférence nationale les 18 et 19 décembre afin de prendre la direction du mouvement, sous le nom de CGT-Force Ouvrière.

Le 24 décembre, Albert Bouzanquet au nom de la CGT-Force Ouvrière envoie une autre circulaire aux responsables syndicaux pour « reconstituer une CGT débarrassée de toute influence ». Parmi les signataires de la circulaire, on a Robert Bothereau, Pierre Neumeyer et Georges Delamarre.

Le syndicat américain AFL fit immédiatement de nombreux et importants prêts à la CGT-FO, qui ne furent évidemment jamais remboursés. A cela s’ajoute une aide matérielle, comme des voitures, des machines à écrire, etc. Il est connu qu’il s’agissait là d’un intermédiaire de la CIA pour appuyer les forces anticommunistes.

Le ministre du travail Daniel Mayer fournit à la nouvelle entité une grande subvention en deux fois, à hauteur de 50 millions de francs de l’époque.

Des pans entiers de la CGT quittèrent celle-ci. A la Fédération des travaux publics par exemple, 38 des 44 syndicats votèrent pour la CGT-FO, 3 seulement refusèrent d’obtempérer.

Du côté des autonomes, la CGT-FO eut une résonnance évidente. A la RATP se forma par exemple un Syndicat général autonome du métro, qui une fois ayant rassemblé les différentes structures rejoignit la CGT-FO.

La CGT-FO ne parvient pas à s’établir de manière autre que minoritaire chez les ouvriers ; chez les fonctionnaires par contre, elle avait le dessus.

Concrètement, la CGT-FO fut non seulement capable de se structurer, mais même d’organiser autour de 500 000 personnes, avec comme base le rejet de la CGT, désormais dénommé CGTK, le « K » désignant le Kominform, le Bureau d’information des partis communistes et ouvriers regroupant les principaux Partis Communistes d’Europe.

La CGT ayant quant à elle 3,2 millions de membres en 1948, contre plus de 5 millions avant la scission. Plus d’un million de travailleurs quittèrent les syndicats au cours de ce processus.

Il faudra cependant plusieurs mois d’attente avant que la rupture ne donne naissance au nouveau syndicat de manière formelle, donnant à la convergence la forme d’un saut structurel syndical dans les institutions elles-mêmes, par la formation d’un syndicat de masse anticommuniste et non pas, comme avec la CFTC liée à l’Église catholique, simplement non communiste.

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