La non prise en considération de l’appel de l’Internationale Ouvrière Socialiste

L’appel de l’Internationale Ouvrière Socialiste contre le fascisme peu après la prise du pouvoir par les nazis ne pouvait pas passer inaperçu en France, malgré sa mise de côté à la fois par incompréhension et refus. Pour cette raison, le 23 février 1933, soit deux jours plus tard, Léon Blum publie un long commentaire à ce sujet en première page du Populaire.

Il ne se concentre que sur la première partie du document, expliquant qu’il faut « se porter au secours de la social-démocratie allemande », qu’il faut sauver la République allemande. C’est à peine s’il conclue en parlant des communistes, pour les dénoncer comme anti-socialistes, comme des fanatiques amenant à ce que l’Allemagne de Hitler attaque à terme l’URSS qui plus est.

C’est là une position n’ayant strictement rien à voir avec la position de l’Internationale Ouvrière Socialiste, qui ne parle pas de guerre possible mais inévitable dans le capitalisme, et appelle à une unification socialiste – communiste encore plus qu’une unité d’ailleurs.

Et pour bien enfoncer le clou vient immédiatement s’ajouter alors une déclaration commune de la SFIO et de la CGT, où l’on ne trouve bien entendu pas un seul mot quant à l’unité.

« Aux travailleurs de France !

La Commission administrative de la Confédération générale du travail et la Commission administrative permanente du Parti socialiste (S.F.I.O.) dénoncent la situation d’extrême danger pour les libertés ouvrières et démocratiques existant en Allemagne.

Suspension de toutes les libertés et armement des bandes hitlériennes en sont l’illustration la plus nette.

Les troupes d’assaut fascistes ont à leur disposition les armes les plus modernes. Il ne fait de doute pour personne que l’on prépare le « coup ».

Cette menace est un danger, non seulement pour les libertés allemandes, mais pour la Paix.

Contre cette situation atroce, nous avons la conviction que les forces unies de la classe ouvrière allemande se lèveront, certaines de trouver pour les encourager avec toute l’Internationale, la classe ouvrière et le socialisme français.

Dès maintenant, nous dénonçons la ruée de ces bandes armées qui seront aidées et protégées par la Schupo (police armée) et la Reichswehr (l’armée).

S’il est vrai que nous assistons à la préparation d’une Saint-Barthélémy de la démocratie allemande, une protestation doit monter du prolétariat international contre un tel crime.

Aujourd’hui, ce sont les libertés de parole et de presse qui sont cyniquement supprimées. Demain, ce seront les personnes qui seront assassinées : ce sera la République allemande détruite.

Travailleurs allemands, dans cette lutte, nous sommes avec vous ! Votre cause est la nôtre. La cause de la démocratie allemande et celle de la Paix sont liées.

La Commission administrative de la Confédération générale du travail,
La Commission administrative permanente du Parti socialiste (S.F.I.O.) »

On doit donc considérer le mois de février 1933 comme un tournant, car tant les communistes – par espoir de prendre le dessus dans la crise – que les socialistes dont les dirigeants sont anti-communistes – ferment la porte à l’unité antifasciste.

Les choses auraient été fondamentalement différentes si l’appel de l’Internationale Ouvrière Socialiste avait été valorisé, tant par les communistes que les socialistes.

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