La question du Parti Socialiste Italien au troisième congrès de l’Internationale Communiste

A l’opposé d’une déviation gauchiste comme en Allemagne, le Comité Exécutif avait affaire en Italie à un positionnement centriste, avec Giacinto Menotti Serrati, dont les maximalistes n’ont pas voulu aller à la rupture au congrès de Livourne de janvier 1921 du Parti Socialiste italien, déjà membre de l’Internationale Communiste.

Les votes donnèrent alors 98 028 aux maximalistes se présentant comme unitaires, 58 783 aux communistes et 14 695 aux réformistes de Filippo Turati qui était la hantise du Comité Exécutif. Les communistes partirent du congrès pour fonder dans un théâtre le Parti Communiste d’Italie.

Il y avait là un énorme ratage, car le Parti Socialiste Italien était déjà membre de l’Internationale Communiste. Il avait un haut niveau, mais voulait procéder par étapes pour isoler son aile droite. Dans cette perspective, Giacinto Menotti Serrati désirait également que le Parti prenne le nom de Parti Socialiste-Communiste.

Une place très importante du congrès fut par conséquent accordée à cette situation, avec une dénonciation acerbe de Giacinto Menotti Serrati pour son refus d’assumer la rupture avec les réformistes.

Giacinto Menotti Serrati

Ce qui posait encore plus souci, c’est que celui-ci était en fait d’accord sur le principe, mais considérait que c’était trop tôt. Les « maximalistes » du PSI se voyaient d’accord sur tout avec l’Internationale Communiste ; ils considéraient simplement que les modalités du processus d’exclusion de l’aile droite devaient prendre une tournure plus complexe, plus lente.

Les délégués du PSI présents au troisième congrès cherchèrent à expliquer leur situation et leur souci d’aller dans le sens d’une large unification pour avancer, leur soumission aux 21 conditions, etc., tout en soulignant l’importance du mouvement d’isolement de l’aile droite.

Dans une lettre d’explication faite pendant le congrès, les délégués soulignèrent notamment le fait suivant :

« On ne doit pas oublier que dans les masses, qui n’ont pas de compréhension des discussions théoriques, les représentants de l’aile droite du PSI sont populaires.

Ils se sont opposés à la guerre [mondiale], ils étaient déjà représentés à [la conférence anti-guerre de] Zimmerwald, ils appartiennent à l’Internationale Communiste.

Ils ont défendu de manière enthousiaste la révolution russe, ils ont approuvé la remise des entreprises aux ouvriers [lors de la vague révolutionnaire italienne]. Il est vrai qu’ils n’ont pas approuvé l’élargissement de ce mouvement, mais c’était une position qu’on retrouvait chez beaucoup de socialistes.

Ils ont pris dans les syndicats des postes à responsabilité et jouissent de la totale confiance des électeurs. Ce n’est pas une petite chose que de les remplacer.

Les « communistes purs » qui se sont crus assez forts pour prendre l’entière direction du mouvement politique et syndical n’ont fait pour l’instant que des promesses, sur le terrain politique et économique ils ont été amenés soit à ne rien faire, soit à se précipiter dans des aventures désastreuses. »

Cette position resta incompréhensible pour le congrès, qui rejeta unanimement le PSI. Les trois délégués du PSI présents firent un communiqué regrettant cette décision, considérant qu’il y avait une incompréhension de la situation italienne, mais soulignant l’importance de rejoindre l’Internationale Communiste.

De fait, à son 19e congrès en janvier 1922, le PSI expulsa les réformistes et Filipo Turati, finissant par rejoindre l’Internationale Communiste.

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de l’Internationale Communiste