La victoire sur les néos-socialistes au sein de la SFIO en 1933

Le 5 septembre, c’est la double attaque anti-néo-socialiste en première page, comme tous les articles de ce type depuis juillet 1933. Paul Faure publie Notre choix est fait, alors que Léon Blum annonce avec Malentendu dissipé reprendre sa critique commencée au lendemain du congrès.

Même opération le 6 septembre, avec Doctrine mort-née de Paul Faure, et La preuve la plus typique de Léon Blum, ainsi que le 7 septembre, avec Le programme fantôme de Paul Faure et Ce qui nous a empêché d’agir de Paul Faure.

Paul Faure

Léon Blum y accuse les néos-socialistes d’avoir géré de manière inconséquente leur approche parlementaire et Paul Faure les présente comme sortis de la doctrine socialiste.

Et le 6 septembre, la Commission Administrative Permanente constate que la manifestation d’Angoulême constituait une violation des décisions du congrès de Paris de juillet 1933.

Comprendre le réel, de Paul Faure et paru le 8 septembre dans le Populaire, ouvre la voie à l’exclusion, qui en même temps porte l’affirmation d’une « nouvelle » SFIO :

« Nous étions en ce temps un parti de réformes et de révolution, ce qui était parfaitement conciliable.

Jaurès traduisait que nous devions comprendre le réel en allant vers l’idéal.

Mais un fait nouveau s’est produit : la guerre mondiale, la crise économique universelle et leurs conséquences.

Au moment où le capitalisme démontre son impuissance et sa malfaisance, j’ai peine à imaginer que quelqu’un nous propose de cesser d’être un Parti de révolution, c’est-à-dire de ne plus croire au socialisme quand rien d’autre ne se présente à l’esprit.

Parti de réformes aussi ? Je le veux bien. Mais avec qui, pour quelles réformes, par quels moyens et pour quels résultats ? »

L’action dans le vide, le 9 septembre, par Paul Faure, prolonge la critique, pour une nouvelle combinaison Léon Blum / Paul Faure le 10, avec respectivement Les deux faces de la participation et Partenaires défaillants et caisses vides.

Le 11 septembre, c’est une combinaison d’articles de Jean-Baptiste Lebas, Face au danger !, et de Paul Faure, Il ne manquait plus que cela, et le 12 septembre de Léon Blum, avec Prompt repentir, et de Paul Faure, avec Question préalable ?.

Le 12 septembre est ici un tournant car Léon Blum se moque des néos-socialistes qui comptent échapper à l’étude de la manifestation d’Angoulême par la Commission administrative permanente de la SFIO en portant l’affaire devant l’Internationale Ouvrière Socialiste, alors que Paul Faure présente les sanctions comme inévitables si les néos-socialistes ne capitulent pas.

Léon Blum continue son offensive sur la vantardise néo-socialiste avec le 13 septembre avec La jeunesse et l’action, et le 14 septembre avec Ce que veut la jeunesse alors que Paul Faure dénonce dans Assaut général le fait que les grands journaux parisiens ne cessent de donner la parole aux néo-socialistes, accusation reprise le 15 septembre dans Avec les armes de l’ennemi et le 16 septembre dans La réplique socialiste.

L’article de Léon Blum du 17 septembre, Leçon de choses, n’aborde qu’en filigrane les néos-socialistes, mais le 18 septembre un très long article de Bracke occupant pratiquement la moitié de la première page, L’appel à l’Internationale, attaque comme vain l’appel des néos-socialistes à l’Internationale Ouvrière Socialiste.

Cette dernière récusa en effet les néos-socialistes et le 19 septembre, Paul Faure considère dans Terrain déblayé que les néos-socialistes sont vaincus.

Le sujet est alors clos du côté du Populaire. La question se régla ensuite en raison de la chute du gouvernement d’Édouard Daladier, le 24 octobre 1933, par 329 voix contre 241 dont 28 parlementaires socialistes qui avaient soutenu le « redressement financier ».

Le communiqué de Paul Faure fut le suivant :

« Aux ordres du Parti

Personne ne sera surpris, dans le Parti socialiste, de l’attitude prise par un certain nombre de membres de notre Groupe parlementaire, dans la nuit de lundi à mardi.

La volonté et les actes de scission de quelques-uns ont abouti à leur terme et conséquences logiques.

Il était parfaitement prévu qu’on devait en arriver là.

Nos fédérations, nos sections, nos militants conserveront leur sang-froid.

L’unité et la force du Parti ne courent ABSOLUMENT AUCUN DANGER.

La C. A. P. est convoquée pour lundi soir. »

C’était exact : la SFIO ne fut pas bouleversé lorsque le 5 novembre, le Conseil National à l’appel de la Commission Administrative Permanente procéda, par 3046 mandats contre 863, à l’exclusion des dirigeants néo-socialistes, qui furent suivis de leurs partisans, soit 27 000 membres de la SFIO, 28 députés, 9 sénateurs, notamment les fédérations de l’Aveyron, de la Charente, de la Gironde, des Hautes-Alpes et du Var, pour former en décembre le Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès.

Et Léon Blum réussit son coup : le même conseil national appela à une mobilisation antifasciste commune de la SFIO et de la CGT, tout en réprimant par l’exclusion les membres les plus impliqués dans les activités anti-guerre et antifascistes aux côtés des communistes, ce qui provoqua le départ de la SFIO de la tendance de « l’action socialiste ».

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