L’agriculture des communes populaires en Chine populaire

L’universitaire français Mathieu Courgeau, dans une étude de 2009, Analyse-diagnostic agraire du canton de Danian, présente de la manière suivante les modifications au sein de l’agriculture chinoise au niveau local.

« En 1955, sous l’impulsion de cadres du Parti communiste, les paysans de chaque village sont organisés en équipes de travail de 25 à 50 personnes, soit cinq à dix familles par équipe.

Il y a une coopérative par village, soit trois à cinq équipes par coopératives. Les rizières et les terres sèches deviennent propriété collective de l’équipe de travail.

Les familles de chaque équipe travaillent désormais les terres (rizières et terres sèches) en commun.

En revanche, les paysans conservent en usufruit familial leurs animaux, leur jardin et leurs outils. En contrepartie de leur travail, chaque personne se voit attribuer des points par le comptable de l’équipe.

Les paysans ont effectué quelques aménagements hydrauliques : ils ont creusé des canaux pour étendre l’alimentation en eau à des parcelles qui n’en bénéficiaient pas jusqu’alors, souvent situées sur des versants éloignés d’une source.

Avant la réforme agraire, le partage de l’eau était inégalitaire, rendant ces aménagements inefficaces. Les paysans peuvent ainsi cultiver des variétés de riz glutineux à cycle plus long et à plus fort rendement sur les quelques dizaines de mu aménagé [1 mu équivaut à = 1/15e ha] (…).

La Commune populaire de Danian est mise en place dès 1958 : elle comprend sept brigades et une vingtaine de villages, soit environ 5000 personnes. Notre zone d’étude forme une brigade (la brigade de Gao Liao) et compte 900 personnes.

Les terres (rizières, bois, terres sèches et jardins) et les animaux (zébus, buffles, porcs, volaille…) deviennent propriétés de la Commune populaire. Les paysans perdent donc à la fois la propriété de leurs moyens de production et leur usufruit (qui est confié à la Commune).

Une organisation du travail très hiérarchisé et « à chacun selon ses besoins » Les anciennes équipes ont été redéfinies pour former des groupes de travail d’environ 100 à 150 personnes. Il y avait entre deux et trois groupes de travail par village.

La brigade est l’unité de compte de base, c’est-à-dire que toute la comptabilité (récolte, achat…) est menée à ce niveau.

Chacune est dirigée par un bureau composé de paysans théoriquement choisis par la population et validés par les cadres du Parti. Chaque groupe de travail avait aussi un chef, qui répartissait les tâches au sein du groupe.

Le bureau a en charge toute l’organisation communautaire au sein de la brigade, aussi bien au niveau de l’éducation que des travaux agricoles.

En ce qui concerne la production agricole, la répartition du travail et tous les actes techniques sont dirigés par le bureau. Il n’y a aucune place pour l’initiative individuelle ou familiale.

Le système de points travail est abandonné, le travail n’est plus rémunéré. On applique la théorie communiste « à chacun selon ses besoins », en distribuant gratuitement les repas dans une cantine collective. »

Femmes, soldates de la révolution, pionnières de la production

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