La guerre d’Algérie a été une guerre comme nulle autre, opposant des forces avec une nature bien spécifique.
D’un côté, on a un État capitaliste devenu impérialiste et cherchant à agrandir son territoire dans la zone méditerranéenne, s’appuyant sur l’implantation historique d’une vaste population, avec aussi une conception du maintien de l’ordre extrêmement pragmatique et calculatrice.
De l’autre, on a une petite-bourgeoisie urbanisée prenant la tête de masses paysannes entièrement dominées par le féodalisme impulsé par la colonisation, afin de former un nouvel État pour pouvoir se transformer en bourgeoisie bureaucratique.
Les méthodes employées lors de la guerre d’Algérie furent, à ce titre, pratiquement uniques.
D’un côté, l’État français combina contre-insurrection précise (infiltration, ratissages, torture, diffusion de fausses informations) et répression policière, para-militaire et militaire des masses.
De l’autre, le Front de Libération Nationale (FLN) combina l’héroïsme des opérations de guérilla et le terrorisme le plus vil, visant de manière explicite des civils, allant jusqu’à mettre des bombes dans des lampadaires dans les rues.
La guerre d’Algérie n’a ainsi nullement été la simple opposition entre un État colonial et masses opprimées : ce n’est là qu’un aspect de la question.
Le second aspect, jouant encore un rôle historique jusqu’à soixante ans après la fin de cette guerre, est la présence d’un million de personnes françaises en Algérie, considérant que leur vie était liée à ce territoire, ainsi que le caractère petit-bourgeois terroriste – et allié au féodalisme – du FLN.
Les conséquences ont été double.
Elles tiennent d’un côté en une mobilisation de secteurs populaires en faveur de l’Algérie française – avec une acceptation par conséquent du cadre colonial.
La question algérienne a provoqué dans une partie des masses populaires françaises l’ancrage extrême d’un racisme déjà présent en raison de la base coloniale. L’idéologie des « pieds-noirs » – les Français ayant quitté l’Algérie au moment de l’indépendance en 1962 – consiste en le dévoiement nationaliste et raciste d’un questionnement démocratique.
Aujourd’hui encore, en ce début de 21e siècle, on paie le prix d’avoir abandonné à l’extrême-droite la population française en Algérie, sous des prétextes anti-matérialistes.
Elles tiennent d’un autre côté en la formation d’un État algérien sur une base anti-démocratique, aboutissant directement à la crise générale s’exprimant par la guerre civile algérienne durant toutes les années 1990.
L’idéologie de l’État algérien à l’indépendance a consisté également en un anti-capitalisme romantique, exprimé directement dès 1954 dans le premier appel du FLN qui appelle à :
« La restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. »
Or, l’État algérien souverain, démocratique et social n’a jamais existé, l’Algérie étant une nation en pleine naissance. Le FLN a dévoyé cette naissance, établissant une base « islamique » anti-démocratique, liée à la féodalité, manipulant les masses sur une base romantique et provoquant un violent racisme à l’encontre des minorités kabyle et juive.
La guerre civile entre l’État-FLN et les islamistes est la conséquence logique d’une libération nationale dévoyée dès le départ.