Le cadre général de l’agriculture chinoise et les communes populaires

Les communes populaires furent largement dénoncées à travers le monde par tous les courants anti-populaires qui soient et, quelques décennies après, il y eut l’accusation d’avoir provoqué une famine conduisant à la mort entre 18 et 36 millions de personnes.

En réalité, au-delà des difficultés, les années 1959, 1960 et 1961 furent marquées par de terribles sécheresses, dans un contexte historique propre à la Chine depuis des siècles, voire des millénaires.

La Chine vue du ciel

Voici une sommaire présentation de cet arrière-plan par Pierre Trolliet, dans son article de 1962, « Les communes populaires rurales chinoises » :

« Dans l’appréciation de la politique économique de la Chine, on ne tiendra jamais assez compte de l’ensemble des caractères géographiques bien particuliers du territoire chinois.

Il serait évidemment trop long d’entrer dans le détail, et nous essayerons d’en tracer un bref tableau :

— 86 % du territoire sont situés à plus de 500 m d’altitude — dont plus de 18,5 % dépassant 5 000 m ;

— un climat aussi varié que complexe (vents cycloniques d’une grande violence, vents de mousson, pluies extrêmement irrégulières, tombant dans la plupart des cas sous forme d’averses violentes, périodes de gelée très longues au nord, occasionnelles mais catastrophiques au sud), des sols de pentes (pour la grande majorité), entièrement dépourvus d’arbres depuis des générations, faits dans la plupart des cas d’éléments extrêmement meubles

— tandis que les meilleurs sols, excellents d’ailleurs (Grande Plaine du Nord ou Bassin du Yangzi par exemple), supportent avec toutes les conséquences que cela entraîne une exploitation de la plus haute intensité depuis des siècles et des siècles et sont la proie d’inondations dont la fréquence n’a d’égale que l’ampleur.

En un mot, tout concourt à faire de la Chine le pays par excellence des sécheresses, des inondations et de l’érosion. Hydraulique agricole, protection et fertilisation des sols sont des tâches vitales pour la Chine, tâches qui doivent être accomplies à une échelle continentale (9 600 000 km2) (Europe 10 000 000). »

L’agriculture en Chine avec le pourcentage du territoire cultivé (0-10-30)

Le Centre de Création Industrielle du Centre Georges Pompidou à Paris organisa en 1982 une exposition intitulée « Environnement quotidien en Chine ».

On y trouve une présentation de la Chine et de la question agricole, notamment de l’organisation rurale avec une présentation des communes populaires encore largement fondée sur le modèle du Grand bond en avant, pourtant déjà largement remis en cause.

Cela reflète le fait que le passage des coopératives aux communes populaires a été essentiel pour asseoir une agriculture chinoise sortant de l’arriération totale, à travers mille difficultés. Même la remise en cause des communes populaires ne peut pas masquer, en 1982, que celles-ci ont établi la base de la société chinoise moderne :

« 10 % du territoire seulement sont en culture.

Une surface cultivée difficile à accroître et inégalement répartie : les gains de terre arable par défrichements ont tendance à être compensés par un développement urbain et industriel au détriment de terres agricoles périurbaines ; la population agricole reste concentrée dans la partie orientale du territoire, et notamment dans les vallées des grands fleuves.

LA NATURE DOIT ÊTRE AMÉNAGÉE AVANT QU’ON PUISSE Y VIVRE .

Trop ou trop peu d’eau

Le cours capricieux des grands fleuves -surtout le fleuve Jaune (Huang He et le fleuve Bleu (Yangzi)- a toujours imposé la construction de digues, de barrages régulateurs : le Huang He est par endroits littéralement suspendu au-dessus des campagnes.

L’irrigation, travail ancestral, s’appuie sur tout un système de canaux, de norias [Machine hydraulique à godets, qui sert à élever l’eau, à irriguer], etc.., aujourd’hui assisté par la motopompe.

Menace d’érosion

Dans les secteurs les plus menacés, 10 000 t par km2/année de terre fertile emportée ; 1 000 000 000 t de terre charriées chaque année par le fleuve Jaune. Les milliers de terrasses à banquettes ont remodelé, depuis des siècles, le paysage chinois.

Le reboisement -« rendre la Chine verdoyante »- est un moyen de prévention de l’érosion largement utilisé sous forme de grandes plantations, de rideaux forestiers le long des voies de communication et des canaux d’irrigation ; il permet la stabilisation des sables et du loess dans les régions désertiques ; il reconstitue la réserve forestière.

LA DÉMOGRAPHIE.

Dans le monde, 1 habitant sur 4 est Chinois
1949 : environ 540 000 000 hab.
1980 : environ 1 000 000 000 hab.

L’ORGANISATION RURALE – LA COMMUNE POPULAIRE

Provinces (30) dont 5 régions autonomes et 3 municipalités
Préfectures (209)
Districts (2 137)
Communes populaires (environ 50 000)
Brigades (environ 700 000)
Équipes (environ 4 millions)

Équipe de production.
Regroupe la population d’un village ou le quartier d’un bourg.
Possède ses moyens de production :
– quelques engins de culture
– les animaux de trait
– les outils
– des élevages de petits animaux.

Est responsable de l’organisation de sa production. Doit garantir à l’État un certain quota à prix fixé et peut ensuite vendre librement son excédent.

La propriété privée de chaque membre de l’équipe est représentée par :
– sa maison
– ses biens domestiques
– quelques animaux
– la récolte de son lopin de terre

Brigade de production.
Regroupe la population d’un gros village ou de plusieurs hameaux.
Regroupe un certain nombre d’équipes.
Possède des moyens de production plus importants :
– tracteurs, motoculteurs, pompes, etc …
– ateliers de réparation, d’entretien, de transformation de produits agricoles (moulins à riz, à huile, etc . . .).

Gère certains services publics :
– dispensaire
– école primaire Commune populaire.

Regroupe plusieurs brigades de production. Est dirigée par une Assemblée Populaire réunissant des délégués des équipes et brigades, des cadres administratifs.
Possède et administre des moyens de production à un échelon plus élevé :
– gros matériel
– système d’irrigation
– usines et ateliers divers (engrais, motoculteurs, transformation de produits agricoles, etc…).

Exerce les fonctions administratives de :
– sécurité publique
– culture
– hygiène
– commerce.

Gère divers services publics :
– petit hôpital
– école secondaire de premier cycle. »

Dévouer son énergie à la modernisation de l’agriculture

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