Le démarrage fulgurant bulgare et tchécoslovaque vers la démocratie populaire

La Bulgarie et la Tchécoslovaquie furent les deux pays modèles pour l’établissement du Front national-démocratique. Il y a plusieurs raisons très expressives pour cela. La première, c’est que ces deux pays sont historiquement proches de la Russie, pays considéré comme un grand frère slave capable de venir à la rescousse.

La seconde, c’est l’importance massive des Partis Communistes, celui de Bulgarie étant d’ailleurs dirigé par Georgi Dimitrov, le théoricien du Front populaire, du Front national démocratique et du principe de Démocratie populaire.

Un aspect essentiel était qui plus est que la Tchécoslovaquie était le seul pays de l’Est européen à être authentiquement capitaliste avant 1938, du moins dans sa partie tchèque (la Bohême-Moravie-Silésie) qui avait été marqué au XVe siècle par la tempête révolutionnaire protestante hussite, avec toute sa tradition démocratique.

Le Parti Communiste de Tchécoslovaquie avait mené la résistance pendant l’Occupation allemande du « protectorat de Bohême-Moravie » et le compte-rendu de son dirigeant Julius Fucik sur son emprisonnement deviendra le livre de langue tchèque le plus publié dans le monde.

Meeting en l’honneur de Julius Fucik

La partie slovaque, agraire et arriéré, avait quant à elle connu une grande résistance au nazisme, alors qu’un État fasciste slovaque fantoche avait été mis en place, sous la forme du « soulèvement national slovaque » commencé au milieu de l’année 1944.

Cette vague démocratique et populaire tchécoslovaque fit que les troupes soviétiques quittèrent le pays dès novembre 1945, alors que se forma un gouvernement de Front National.

Panneau du Front populaire avec les symboles des partis membres

Aux élections de 1946, le Parti Communiste de Tchécoslovaquie obtint un score de 38 %. Si on lui additionne le score du parti social-démocrate, le chiffre montre à 55,75 % ; si on y ajoute le score du parti socialiste national, plus au centre, on a alors un résultat de 79,41 % pour l’ensemble de la gauche et du Front national-démocratique.

Le dirigeant du Parti Communiste, Klement Gottwald, est premier ministre, le communiste Václav Nosek ministre de l’Intérieur, Ludvík Svoboda celui de la Défense.

Un événement significatif fut dans ce cadre l’établissement d’un décret par le chef du président de la République réinstaurée, le démocrate bourgeois Edvard Beneš, de l’expulsion des Allemands des Sudètes et des Hongrois de Slovaquie à moins de preuves d’actes antifascistes (aboutissant à l’expulsion de respectivement 2,6 millions et 400 000 personnes).

Affiche du Parti Communiste de Tchécoslovaquie

On notera par ailleurs que, en tant que pays membre des pays alliés, la Tchécoslovaquie, fait partie des vainqueurs officiels de la seconde guerre mondiale. Tel n’est pas le cas de la Bulgarie, pays allié des nazis avant que le Front patriotique ne renverse le régime le 9 septembre 1944 avec 30 000 partisans appuyés par un réseau par 200 000 personnes.

Le renversement fait directement suite à la déclaration de guerre de l’URSS à la Bulgarie. Le républicain bourgeois Kimon Georgiev devint alors président du Conseil et déclara l’armistice avec l’URSS.

L’ensemble de l’appareil d’État fut alors organisé par le Front patriotique ; l’épuration lors des six premiers mois de 1945 amena l’exécution de 2050 personnes et 6208 condamnations à de longues peines.

Georgi Dimitrov en 1945

Les élections de novembre 1945 marquèrent la victoire du Front avec 88 % et en juillet 1946 un référendum marqua l’abolition de la monarchie et l’instauration de la République. Cependant l’opposition s’était majoritairement abstenue et de nouvelles élections eurent lieu en octobre 1946, le Front obtenant 78 % des voix, la monarchie étant abolie lors d’un référendum en septembre 1947 (par 4 500 000 voix contre 175 000).

Georgi Dimitrov devint président du conseil, alors que Kimon Georgiev devint vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, puis ministre du Développement et des Travaux publics et enfin ministre du Développement.

En décembre 1947, toutes les entreprises non artisanales étaient nationalisées ; en août 1948, les communistes et les socialistes fusionnèrent en une seule organisation. Entre 1950 et 1953, la partie collectivisée des terres passe de 12 % à 61 %.

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