Les tâches national-démocratiques menant aux démocraties populaires

L’objectif des Fronts nationaux-démocratiques a une double nature : national et démocratique. On peut considérer les tâches principales comme les suivantes :

– expropriation de la haute bourgeoisie ;

– nationalisation des principales entreprises du pays et du secteur bancaire ;

– condamnation des dirigeants et responsables militaires ;

– réforme agraire ;

– mise en place d’un nouvel appareil d’État ;

– génération de structures démocratiques populaires à tous les niveaux ;

– unifier les socialistes et les communistes en un seul Parti, unifier toutes les organisations ouvrières en général.

Ce dernier point est essentiel. Il est considéré comme l’élément déclencheur permettant tout le reste. Cela se reflète dans la position du Parti Communiste Français lors de son Xe congrès au milieu de l’année 1945 :

« Le Xe Congrès, au nom des 900 000 MEMBRES DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS, appelle solennellement les camarades socialistes à réaliser, avec les communistes, leur UNITÉ au sein d’un GRAND PARTI OUVRIER FRANÇAIS ; cette UNITÉ donnera à la classe ouvrière de notre pays une force, un rayonnement, une capacité d’action et de rassemblement incomparable.

Et l’UNITÉ politique de la classe ouvrière, loin d’être un obstacle à la réalisation d’une large UNITÉ NATIONALE, en sera, au contraire, le plus sûr garant, car un GRAND PARTI OUVRIER FRANÇAIS, réalisant en son sein l’UNITÉ politique de la classe ouvrière, pourra jouer un rôle décisif dans le rassemblement de toutes les forces progressives démocratiques du pays.

EN AVANT, donc, sous le drapeau de l’UNITÉ de la classe ouvrière et de l’Union de la Nation française !

EN AVANT, avec courage, audace et confiance pour la RENAISSANCE DE L’ÉCONOMIE et de la DÉMOCRATIE dans notre PAYS, pour une FRANCE LIBRE, GRANDE, FORTE ET DÉMOCRATIQUE.

EN AVANT POUR LA RÉALISATION DU GRAND PARTI OUVRIER FRANÇAIS !

VIVE LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS, auquel par milliers et par milliers, hommes et femmes de FRANCE, vous donnerez votre adhésion pour travailler à la grandeur de la France et à la puissance de la République.

VIVE LA FRANCE !

VIVE LA RÉPUBLIQUE ! »

Si le positionnement français correspondait toutefois en apparence à celui de tous les autres Partis Communistes dans leur ligne national-démocratique, le cadre politique réel avait sa particularité.

Il y a en effet quatre cas de figures concernant la situation, modifiant de fait la réalisation possible des tâches.

Dans la majeure partie de l’Europe de l’Est, l’armée rouge avait été l’élément central pour vaincre le régime et ses troupes étaient sur place. C’était le cas pour la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie, la partie orientale de l’Allemagne.

La milice populaire en Pologne

Dans deux pays, le mouvement armé de résistance dirigé par le Parti Communiste avait joué le rôle principal et l’armée rouge n’était pas présente : l’Albanie et la Yougoslavie.

Dans un pays, la guerre anti-nazie s’était transformé en guerre contre un régime passé sous la coupe de l’impérialisme britannique, puis de l’impérialisme américain. C’est la Grèce où la guerre civile va durer plusieurs années.

Enfin, dans deux pays, en France et en Italie, la Résistance dirigée par les Communistes a intégré le Front mis en place par la bourgeoisie réinstaurant un appareil d’État à son service.

Les tâches national-démocratiques sont ainsi :

– réalisables dans la majeure partie de l’Europe de l’Est en raison de l’hégémonie militaire de l’armée rouge, à condition d’avoir un Front suffisamment puissant pour donner un élan ;

– réalisables en Albanie et en Yougoslavie de par l’hégémonie de la Résistance dirigée par les communistes :

– non réalisables en Grèce en raison de la guerre civile en cours ;

– non réalisables en France et en Italie en raison de l’existence d’un État dirigé par la bourgeoisie.

Ces différences de situation sont essentielles et vont décider de tout le développement à suivre.

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