Le moyen terme, clef du syllogisme et de l’entéléchie chez Aristote

Le moyen terme est le déclencheur du syllogisme ; il est l’équivalent du moteur dans le processus où quelque chose en puissance devient quelque chose en acte. Le mouvement est déclenché par un moteur extérieur, tout comme les termes majeur et mineur du syllogisme sont mis en branle par le moyen terme.

Tel est le matérialisme empiriste d’Aristote se présentant comme une dynamique.

Ainsi, tout passe par le moyen terme ; dans les seconds analytiques, qui suivent les premiers analytiques où est présenté le principe du syllogisme, Aristote nous dit :

« Les questions que l’on se pose sont précisément en nombre égal aux choses que nous connaissons. Or nous nous posons quatre sortes de questions : le fait, le pourquoi, si la chose existe, et enfin ce qu’elle est (…).

Quand nous cherchons le fait ou quand nous cherchons si une chose est au sens absolu, nous cherchons en réalité s’il y a de cela un moyen terme ou s’il n’y en a pas ; et une fois que nous savons le fait ou que la chose est (autrement dit, quand nous savons qu’elle est soit en partie, soit absolument), et qu’en outre nous recherchons le pourquoi, ou la nature de la chose, alors nous recherchons quel est le moyen terme (…).

Connaître ce qu’est une chose revient à connaître pourquoi elle est ; et cela est également vrai des choses en tant qu’elles sont au sens absolu et non pas seulement comme qualifiées par quelque attribut, et aussi en tant qu’elles sont dites posséder quelque attribut, tel que égal à deux droits, ou plus grand ou plus petit. »

Cela est d’une grande importance, car le pourquoi étant dans le réel, cela montre bien que les concepts, même s’ils parlent en général, sont une clef du réel qu’il existe.

Donnons un exemple de l’utilisation du moyen terme ; Aristote propose par exemple cela pour la glace :

« Qu’est-ce que la glace ? Admettons que ce soit de l’eau congelée, et figurons eau par Γ, congelée par A, et le moyen, qui est cause, par B, savoir le défaut total de chaleur. Donc B appartient à Γ, et A, la congélation, à B : la glace se forme quand B se produit, elle est formée quand B s’est produit, elle se formera quand B se produira. »

De fait, il y a un souci. Aristote ne conçoit la réalité qu’en action. On est donc coincé à un instant T. On ne peut pas avoir un aperçu ni du passé, ni du futur, car on est à un autre moment. On ne peut pas se placer à un autre moment sur le plan théorique, car le « temps intermédiaire » existant entre nous et ce moment est indéterminé.

Pour le déterminer, il faudrait en effet une action qui met en branle quelque chose permettant d’avoir accès à cette information… C’est la conséquence logique de tout le système et c’est pour cela que Spinoza est le dernier grand aristotélicien, son système étant pareillement statique.

Bien entendu, on peut constater que des événements se succèdent, qu’une vie se prolonge. Mais à moins de déplacer le problème en termes biologiques (qu’on pense à l’œuf et la poule) – ce que fait Aristote dans toute une série de traités, d’importance historique car affirmant cette science – il n’y a pas, au sens strict, d’Histoire.

C’est là une conséquence du développement inégal de la philosophie d’Aristote, propre à tout parcours dialectique. Et c’est ce qui a fait de lui une figure majeure de la biologie, avec l’analyse des espèces.

>Retour au dossier sur Aristote et l’Organon