Le PCUS et l’explication officielle de «l’affaire Beria»

Le coup de force contre la tête de l’appareil de sécurité d’État empêchait une initiative de l’État socialiste dans son rapport au Parti. Il est évident que de hauts responsables militaires ont joué un rôle, puisque des forces armées sont intervenues au Kremlin et que la clique de Nikita Khrouchtchev a été clairement appuyée par l’armée durant cette période.

De fait, l’armée qui joua un rôle toujours subordonné à l’appareil de sécurité d’État en URSS s’est vue confier un rôle prééminent par la suite, avec un immense appareil militaro-industriel engloutissant une partie faramineuse des richesses du pays. Dans les années 1980, le complexe militaro-industriel représentait 25 % du PIB et les 3/4 des recherches et développement.

Cette décapitation de l’appareil de sécurité d’État est donc à considérer comme la grande opération contre le principal verrou barrant la route à la prise du contrôle du pays par le Présidium du PCUS.

Staline, sa fille Svetlana, Lavrenti Beria

Il faudra par ailleurs plus de dix jours avant qu’une explication de l’affaire soit produite par le PCUS. Une fois cette explication faite, Lavrenti Beria servit de bouc-émissaire, avec toutefois une extrême prudence pour le procès.

On apprit ainsi seulement le 16 décembre que l’enquête à son sujet était terminée et le 24 décembre, il fut annoncé que Lavrenti Beria avait été jugé et exécuté la veille. Là encore, la presse soviétique n’aborda la question que très brièvement.

On a ainsi tous les ingrédients d’un coup d’État et cela se lit jusqu’à la résolution de la session du Comité Central du PCUS intitulé « À propos des actions criminelles anti-Parti et anti-État de Beria », adoptée à l’unanimité le 7 juillet 1953.

La résolution ne traite qu’en partie de « l’affaire Beria », posant concrètement une véritable base idéologique nouvelle. La restructuration continua par ailleurs par la suite. Le personnel dirigeant de républiques d’Arménie et d’Azerbaïdjan connut une purge dans l’année qui suivit, pour « manquement » au « caractère collégial » dans la gestion de la direction.

Serge Krouglov, nommé ministre des affaires intérieures après la liquidation de Lavrenti Beria, fut lui-même mis de côté à la veille du XXe congrès.

Pour également bien asseoir son coup, le Comité Central du PCUS produisit un document particulièrement long, réservé aux cadres, devant être étudié toujours sous supervision. Il consistait en une sorte de biographie détaillée accusant Lavrenti Beria de crimes aux différentes époques de sa vie.

=>Retour au dossier sur le XXe congrès du PCUS