Voici les principaux extraits du début de la résolution de la session du Comité Central du PCUS intitulé « À propos des actions criminelles anti-Parti et anti-État de Beria », adoptée à l’unanimité le 7 juillet 1953.
C’est un document d’autant plus important qu’il ne parle que dans une partie de « l’affaire Beria », cherchant en même temps à donner une certaine définition de l’URSS, avec déjà un pas largement fait en direction du XXe congrès.
Le début de la résolution ne parle ainsi pas du tout de Lavrenti Beria, mais se concentre sur une « évaluation » de la situation de l’URSS.
Les points 1 et 2 relèvent du même esprit que le XIXe congrès et ne disent pas des choses différentes sur le fond. Il y a deux systèmes, l’un se renforce, l’autre s’effondre, etc.
« Après avoir entendu et discuté du rapport du camarade G.M. Malenkov sur les actions criminelles anti-Parti et anti-État de Béria, l’assemblée plénière du Comité central du parti communiste de l’Union soviétique établit :
1. A la suite de la mort de J.V. Staline, l’ensemble du monde bourgeois tablait sur l’affaiblissement de l’État soviétique, sur la division et la confusion qui régneraient dans la direction de notre Parti et de notre État, sur l’affaiblissement des liens du Parti avec le peuple. Mais ces calculs des ennemis ont été renversés.
Le Comité central du Parti au cours des quatre mois qui ont suivi la mort de J.V. Staline a assuré la direction ininterrompue et appropriée de toute la vie du pays, a très bien réuni le Parti et le peuple autour des tâches de construction du communisme, de renforcement du pouvoir économique et de défense de notre pays et d’amélioration continue des kolkhoziens, de l’intelligentsia, de tous les peuples soviétiques.
En appliquant les décisions du 19e Congrès du PCUS, le Parti assura une puissante poussée dans tous les secteurs de l’économie nationale.
La nouvelle initiative de paix lancée par le gouvernement soviétique a permis de renforcer davantage la position internationale de l’URSS, de renforcer l’autorité de notre pays et de renforcer considérablement le mouvement mondial pour la préservation et la consolidation de la paix.
2. Les succès de l’Union soviétique dans la construction du communisme, la progression constante sur la voie du socialisme dans les pays de démocratie populaire en Europe, ainsi que la puissante reprise de l’économie et de la culture de la grande République populaire de Chine, le développement du mouvement ouvrier dans un certain nombre de pays capitalistes et la lutte de libération nationale dans de nombreux pays – tout cela signifie une augmentation considérable de la force et du pouvoir du camp démocratique et du mouvement de libération mondiale.
Dans le même temps, dans le camp impérialiste, la crise générale du capitalisme et l’affaiblissement de l’ensemble du système capitaliste se sont aggravés, de même que les difficultés économiques, le chômage, les coûts élevés et l’appauvrissement des travailleurs.
En raison de l’expansion effrénée de l’impérialisme américain et de la dictature impudente de son côté vis-à-vis de ses partenaires plus faibles et de ses satellites, les contradictions au sein du camp capitaliste s’aggravent.
Ainsi, tout le cours du développement mondial témoigne de la croissance constante des forces de la démocratie et du socialisme, d’une part, de l’affaiblissement général des forces du camp impérialiste, de l’autre, qui suscite une profonde inquiétude parmi les impérialistes et provoque une vive activation des forces impérialistes réactionnaires, leur désir fébrile de saper la puissance croissante des forces internationale du camp de la paix et due socialisme, et surtout sa force dirigeante – l’Union soviétique.
Cela se traduit par la course effrénée aux armements des pays capitalistes, par des aventures militaires, par des tentatives de pression accrue sur l’URSS, par l’organisation de toutes sortes de provocations et de sabotages dans les pays du camp démocratique, pour lesquels des centaines de millions de dollars sont alloués.
Les impérialistes cherchent un soutien dans les pays de démocratie et de socialisme sous la forme de divers renégats et d’éléments en décomposition, et intensifient les activités subversives de leurs agents.
Les points 3 et 4 sont très révélateurs de parce qu’ils expriment le point de vue de deux factions différentes.
Ils correspondent à des critiques de la situation, et ce :
– pour le point 3 dans l’esprit de Georgi Malenkov (comme quoi il faut renforcer la production de biens de consommation),
– pour le point 4 dans l’esprit de Nikita Khrouchtchev (comme quoi il faut « rétablir » la direction collective).
Le point 4 contient déjà les fondements de la dénonciation du « culte de la personnalité ».
3. Le pays soviétique, doté d’un pouvoir indestructible et de forces créatrices, avance avec succès sur la voie de la construction du communisme. Nous avons une industrie socialiste puissante, une industrie lourde complètement développée, qui est à la base des fondements d’une économie socialiste. Notre secteur de l’ingénierie est en forte progression, fournissant à tous les secteurs de l’industrie, des transports et de l’agriculture une technologie moderne (…).
Tous ces succès dans le développement de l’économie socialiste et dans la construction culturelle sont devenus possibles grâce à la forte alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie collective, à l’amitié croissante des peuples de l’URSS, à la consolidation constante de l’unité morale et politique du peuple soviétique et à la mise en œuvre cohérente des politiques élaborées par le Parti communiste.
Avec tout cela, comme avant, le Parti ne doit pas sous-estimer les difficultés et les faiblesses existantes dans notre construction économique et culturelle.
Nous ne devons pas oublier que notre pays a traversé les plus grandes épreuves causées par la guerre, qui a dévasté la plus grande partie du pays et fait de nombreuses victimes.
Au fil des ans, il a fallu déployer des efforts considérables pour guérir les blessures graves et éliminer les effets de la guerre.
Il faut admettre que nous avons de nombreuses entreprises industrielles en retard et même des industries individuelles. De nombreuses fermes collectives et des zones agricoles entières sont en mauvais état. Les rendements des cultures et la productivité du bétail sont faibles et ne correspondent pas à l’augmentation des équipements techniques de l’agriculture et aux opportunités inhérentes au système de la ferme collective. De ce fait, nous ne répondons toujours pas suffisamment aux besoins matériels croissants et aux besoins culturels de notre population.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer le fait qu’avec l’abolition des classes exploiteuses dans notre pays, les vestiges du capitalisme dans l’esprit des gens sont loin d’avoir disparus et qu’il existe de graves lacunes en matière d’éducation communiste du peuple soviétique.
Ce serait oublier les fondements du marxisme-léninisme si nous cessions de compter sur le fait qu’il existe un environnement capitaliste qui envoie ses agents parmi nous, à la recherche de personnes prêtes à trahir les intérêts de la Patrie et à remplir les tâches incombant aux impérialistes pour saper la société soviétique.
4. Notre parti est la force organisatrice et inspirante de la société soviétique. Grâce à la bonne direction du Parti, le peuple soviétique a remporté des victoires historiques dans le monde en faveur de la construction d’une société communiste.
Cependant, les activités de notre parti présentent des lacunes importantes, à la fois dans un certain nombre de secteurs de la construction économique et dans le domaine de l’éducation communiste des travailleurs.
Il faut bien admettre que nous avons de graves lacunes dans le respect des normes établies par le grand Lénine, des principes bolcheviques de la direction du Parti.
Au fil des ans, nous avons accumulé d’importantes anomalies dans ce domaine. Il n’est pas justifié que sept ans seulement après la fin de la guerre et 13 ans après le 18ème Congrès, le 19ème Congrès du parti ait été convoqué. Pendant plusieurs années, les assemblées plénières du Comité central du parti ne se sont pas réunies.
Pendant longtemps, le Bureau Politique n’a pas fonctionné normalement. Les décisions sur les questions les plus importantes du travail d’État et de la construction économique étaient souvent prises sans une étude préalable appropriée et sans discussion collective au sein des principaux organes du parti, comme le prévoyait la Charte du parti.
En raison de telles anomalies dans l’organisation des activités du Comité central, le travail collectif n’a pas été assuré, de même que la critique et l’autocritique. La présence de telles anomalies conduisait en fait parfois à des décisions insuffisamment étayées et à une diminution du rôle du Comité central en tant qu’organe de direction collective du parti.
À cet égard, il convient également de reconnaître qu’il est anormal que la propagande de notre parti au cours des dernières années s’écarte de la conception marxiste-léniniste de la question du rôle de l’individu dans l’histoire.
Cela s’est traduit par le fait que, au lieu d’expliquer correctement le rôle du Parti communiste en tant que véritable moteur de l’édification du communisme dans notre pays, la propagande du parti s’est souvent perdue dans le culte de la personnalité, ce qui a entraîné une diminution du rôle du parti et de son centre, des activités créatrices des masses du parti et des larges masses du peuple soviétique.
Cette orientation du travail de propagande est en contradiction avec les dispositions bien connues de Marx sur le culte de la personnalité. »