Pour l’Internationale Communiste, Marcel Cachin et Ludovic-Oscar Frossard ne sont nullement des bolcheviks, mais elle pense qu’il y a une tendance de fond et que les socialistes français, s’ils se lancent, peuvent se dépasser.
Il s’agit de débloquer la situation avant tout et c’est pour cela que l’Internationale Communiste cherche des rapports cordiaux, sans être trop exigeante à part en ce qui concerne la rupture avec la droite et le centre. Elle considère que cette rupture faite, les choses avanceront d’elles-mêmes.
Aussi, l’Internationale Communiste décida de saluer le congrès de Tours, au moyen d’un télégramme du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste. Il mettait l’accent sur l’affrontement avec les centristes – on devine qu’il n’était pas fait confiance en ce domaine à Marcel Cachin et Ludovic-Oscar Frossard.
Voici le télégramme, reçu le troisième jour du congrès.
Riga, 24 décembre.
Chers camarades, c’est avec un plaisir extrême que le Comité exécutif de l’Internationale communiste suivra les travaux de votre Congrès, qui occupera sans aucun doute une place importante dans l’histoire du mouvement ouvrier français.
Nous avons lu un projet de résolution portant les signatures des camarades Loriot, Monatte, Souvarine, Cachin, Frossard et autres.
Sauf quelques points (la domination du Parti), nous pouvons nous solidariser avec cette résolution.
Nous avons lu ensuite un projet de résolution signé par Longuet, Paul Faure et autres. Cette résolution est pénétrée d’un esprit de réformisme et de diplomatie mesquine et chicanière.
Les thèses approuvées par le 2e Congrès de l’Internationale Communiste admettent certaines exceptions en faveur de réformistes qui se soumettront maintenant aux décisions de l’Internationale communiste et renonceront à leur opportunisme d’autrefois.
Le projet de résolution signé de Longuet et Paul Faure montre que Longuet et son groupe n’ont aucune envie de faire exception dans le camp des réformistes. Ils ont été et restent des agents déterminés de l’influence bourgeoise sur le prolétariat.
Ce qui est le plus remarquable dans leur résolution, c’est moins ce qu’ils disent que ce qu’ils taisent. De la révolution mondiale, de la dictature du prolétariat, du système soviétiste, Longuet et ses amis préfèrent, ou bien ne rien dire du tout, ou bien dire les plus banales ambiguïtés.
L’Internationale Communiste ne peut rien avoir de commun avec les auteurs de pareilles résolutions. Le plus mauvais service qu’on puisse rendre dans les circonstances actuelles au prolétariat français est d’imaginer je ne sais quel compromis embrouillé qui sera ensuite un véritable boulet pour votre Parti.
Nous sommes profondément convaincus, chers camarades, que la majorité des ouvriers conscients de France n’admettra pas un compromis aussi ruineux avec les réformistes et qu’elle créera enfin à Tours le vrai Parti communiste un et puissant, libéré des éléments réformistes et semi-réformistes.
C’est en ce sens que nous saluons votre Congrès et que nous lui souhaitons le succès.
Vive le Parti communiste de France ! Vive le prolétariat français !
Le Comité exécutif de l’Internationale communiste : Zinoviev, Lénine, Trotsky, Boukharine (Russie) ; Rosmer (France) ; Janson (Hollande) ; Chabline (Bulgarie) ; Sultan Zade (Perse) ; Comwitch (Amérique) ; Quelch (Angleterre) ; Milkić (Yougoslavie) ; Manner (Finlande); Stučka (Lettonie) ; Chtchakaïa (Géorgie); Roudianski, Varga (Hongrie); Steinhardt (Autriche). — ROSTA [Agence Russe des Télégraphes]
L’Internationale Communiste envoya également une de ses principales figures, en la personne de Clara Zetkine.