L’entrée dans la période historique par le mode de production esclavagiste

L’entrée dans la période historique à proprement parler, avec une humanité transformant la réalité naturelle, par la mise en forme du mode de production esclavagiste, voit le développement de trois types de situations instituant la nouvelle organisation générale de la production.

Au vu cependant des moyens disponibles, et de la perspective même du mode de production esclavagiste, cette institutionnalisation reste élémentaire et limitée.

Il faut ainsi constater qu’une partie de l’Humanité continue de s’organiser en marge de la transformation permise par l’agriculture et l’élevage, en maintenant un mode de production fondé encore largement sur le prélèvement (par la chasse, la pêche extensive et la cueillette), dans lequel l’agriculture ou le petit élevage restent des activités secondaires demandant somme toute peu de moyens.

Cela va surtout concerner les espaces tropicaux de la planète, et dans une moindre mesure l’Arctique, où l’abondance des ressources alimentaires permises par le cadre local de la Biosphère ne pousse pas l’Humanité en avant vers la rupture agro-pastorale et le patriarcat de manière franche.

Une famille inuit en 1917

On observe aussi ce type de stagnation ou d’arriération relative dans les zones montagneuses d’Asie, notamment le long d’un vaste ensemble s’étendant des contreforts Indochinois jusqu’au Caucase, en passant par l’Himalaya et ses prolongements de l’Hindu-Kush et de l’Altaï, et se prolongeant même jusqu’aux Balkans.

Dans les Alpes, les Pyrénées, les montagnes du nord de l’Europe, en Écosse ou en Scandinavie, et vers la Méditerranée, dans l’Atlas, la situation est identique : des populations sédentaires maintiennent ici un mode de production enserré au niveau d’une tribu, dans un cadre agro-pastoral borné, ultra-communautaire et volontairement isolé.

Dans ce dernier cas toutefois, la proximité des grandes zones de nomadisation et d’agriculture imposent à ces sociétés des liens et des évolutions qui relativisent la différenciation, apportant de significatives nuances.

Durant des siècles et quasiment jusqu’à nos jours dans certains cas, ces territoires restent des « montages-refuges » ou des zones rebelles, voire les deux.

Il apparaît alors que de tels territoires soient prétextes à une puissante source de romantisme anti-moderne, de par le contraste apparent qu’elles offrent avec le capitalisme, sa modernité historique et ses contradictions.

Ce sont les fantasmes primitivistes sur les Achouars d’Amazonie, les Maasaïs du Kenya, les Karens de Birmanie, etc.

Des guerriers maasaïs en 1930

Ce qu’il faut bien saisir ici, c’est que le mouvement historique, en se complexifiant, a nécessairement vu se multiplier les contrastes et les différenciations. Le matérialisme dialectique met précisément au cœur de sa réflexion, sur le plan historique notamment, l’existence de ces contrastes et les effets de la différenciation qui en découle.

Mao Zedong a souligné que :

« Sans contraste, pas de différenciation. Sans différenciation et sans lutte, pas de développement. »

Pour comprendre correctement le mode de production esclavagiste, il va donc falloir ici s’en tenir à brosser les grandes lignes significatives, qui permettent d’en comprendre le périmètre comme cadre, son organisation contradictoire et de rendre intelligible le mouvement historique qui l’anime, avec ses impasses et son cheminement.

Toute une histoire des contrastes et des différences demande par là même, à partir de cette période, encore plus qu’auparavant, à être actualisée, précisée, approfondie voire parfois simplement même écrite.

Il faut donc analyser les deux principaux types d’organisations politiques du mode de production esclavagiste : les Cités-États et les Empires.

L’un et l’autre sont ici à considérer comme des antagonismes relatifs, qui participent en réalité du même cadre, exprimant une culture relativement identique.

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