L’immense qualité d’Abraham Bosse tient, bien entendu, dans sa capacité à refléter de manière typique le peuple travailleur. Le sens du détail, la fidélité à l’esprit de l’action, la complexité synthétique de la représentation, tout cela fait qu’Abraham Bosse est une immense figure de notre peuple.
Il n’est guère surprenant que le triomphe de la monarchie absolue l’ait fait disparaître, et que la course au capitalisme tendanciellement présente dans les Lumières ait fait qu’on ait pas pu le retrouver, mais comme avec les frères Le Nain, il y a ici un monument de la culture nationale réelle.
Rien, par exemple, que la manière de se tenir du barbier montre le titanesque savoir-faire d’Abraham Bosse, sa capacité à cerner les multiples aspects de la réalité.
Ici, nous avons affaire au cordonnier, et les difficultés de ce travail, eu égard à une clientèle exigeante et autoritaire, saute aux yeux.
Voici deux représentations que l’on doit appeler fameuses : nous avons un maître d’école et une maîtresse d’école, dans le cadre de leurs activités. Toute une époque est ici montrée, et comment ne pas voir une représentation dialectique de par l’opposition du rythme de chaque scène, issue de la non-mixité des cours et de leur différence de contenus?
Voici d’autres représentations absolument typiques, d’un réalisme éclatant, montrant à la fois le mouvement et la réalité sociale des activités.
A l’opposé des oeuvres précédentes, Abraham Bosse nous montre ici encore des métiers, mais avec le protagoniste comme pris en photographie alors qu’il est en déplacement. La dimension errante des emplois qui sont présentés ici est parfaitement soulignée.
Abraham Bosse a apporté un témoignage réaliste d’une qualité extrême: il fait partie des meilleures figures de notre peuple.
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