Les revendications immédiates du PCF en 1931-1932

Un écueil consistait naturellement en les revendications immédiates, puisque les formuler est toujours délicat même si l’orientation stratégique est correcte. Le Parti Communiste Français parvient ici à les mettre en phase avec celle-là, les positionnements s’alignant de manière essentiellement juste sur la question de la restructuration et de la guerre, les deux aspects impliquant un engagement politique et une répression à affronter.

D’où les points suivants :

– « pour le pain » : contre les réductions des salaires et des traitements, mais aussi pour leur augmentation, pour la semaine de 40 heures sans baisse des salaires ;

– « pour la paix » : pour l’annulation des dettes de guerre et contre la guerre contre l’URSS ;

– « pour l’amnistie » : pour la libération de tous les prisonniers politiques et ceux aux armées.

A côté de cela, comme argumentation directement thématique, le Parti Communiste Français exige des impôts sur la bourgeoisie, la satisfaction des revendications paysannes, les droits civils pour les femmes et il mène une activité systématique de combat à travers la CGT Unitaire qui lui est lié.

Cela se traduit comme suit en 1932, avec le VIIe congrès, de manière plus approfondie, plus systématisée :

CONTRE LA MISÈRE, CONTRE LA RÉACTION, CONTRE LA GUERRE

Notre programme de revendications immédiates

1 Contre toute réduction des salaires et des traitements, pour leur augmentation. Pour la journée de sept heures et la semaine de quarante heures avec le même salaire qu’en quarante-huit heures.

2. Pour de véritables assurances sociales comprenant l’assurance-chômage aux seuls frais de l’Etat et du patronat. L’assurance-chômage doit être égale au salaire perdu pour tous les chômeurs, complets et partiels, français et étrangers, femmes et jeunes.

3. A travail égal, salaire égal. Droits civils et politiques complets pour les ouvriers étrangers et coloniaux, pour les femmes, les jeunes, les soldats et marins.

4. Suppression des impôts indirects sur les articles de consommation courante et leur remplacement par un prélèvement sur le revenu des banquiers, industriels, gros propriétaires fonciers. Suppression de l’impôt sur les salaires. Exonération des impôts directs pour les paysans pauvres, petits artisans et commerçants touchés par la crise et octroi à ceux-ci d’une subvention immédiate de l’État. Exonération totale pour les chômeurs.

5. Pour des loyers en rapport avec les salaires et les charges de famille. Pour la suppression du « retour au droit commun » et la réduction immédiate des loyers. Pour l’exonération totale des loyers aux chômeurs.

6. Lutte contre la cherté de la vie par la réduction des taxes douanières et la suppression du régime des contingentements, par la suppression du budget dé la guerre et de la police, par la réduction des tarifs de l’eau, du gaz, de l’électricité, des transports. Nourriture gratuite des enfants des chômeurs complets et partiels dans les cantines scolaires.

7. Rappel immédiat des troupes et des navires de guerre de Chine et de l’Indochine. Contre les transports d’armes et de munitions. Pour l’abolition du système de Versailles et du plan Young, pour la suppression des réparations. Pour l’annulation de toutes les dettes de guerre. Contre la guerre impérialiste. Pour la défense de l’U.R.S.S. Pour la paix.

8.– Abolition des périodes de réserve. Prêt à deux francs pour les soldats, soixante jours de permission avec voyage gratuit. Droit de vote, d’organisation, de lecture de la presse ouvrière et de fréquentation des réunions publiques par les soldats et les marins. Augmentation des pensions des victimes de guerre.

9. Pour l’amnistie pleine et entière pour tout fait réputé crime et délit politique et militaire et faits connexes. Pour l’abolition des lois scélérates. Contre toute limitation du droit de réunion, de manifestation et de presse pour les travailleurs.

10. Pour l’indépendance des colonies, pour l’abolition immédiate du code de l’indigénat. Pour le droit de libre disposition du peuple alsacien-lorrain jusques et y compris la séparation d’avec la France.

Toutes les dépenses sociales entraînées par ces revendications doivent être prélevées sur les budgets de guerre et de police.

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