L’orientation concrète de l’architecture soviétique

Il faut bien saisir comment, au début des années 1930, les architectes soviétiques ont su dépasser la dimension expérimentale – utopiste pour aborder de manière concrète la question du style socialiste.

Les architectes soviétiques ont ainsi participé à des discussions artistiques les 9, 10 et 13 juillet 1933, ce qui fut un moment important, car à ce moment-là, l’ensemble des architectes avait été réunie en 1932 dans une Association unique, l’Association des architectes soviétiques tient son premier congrès en juin 1937.

Son dirigeant fut l’ancien constructiviste Victor Vesnine ; ce dernier devint le principal architecte pour tout ce qui concernait l’industrialisation, ainsi que le président de l’Académie d’architecture de l’URSS.

Victor Vesnine

Il avait été ainsi mis fin aux regroupements divers et variés, dont les plus marquants au sens des plus bruyants furent les constructivistes de l’OSA (Organisation d’Architectes Contemporains), les « rationalistes » – en fait des formalistes – de l’ASNOVA (association de nouveaux architectes), les fétichistes de l’ARU (Association des architectes urbains) faisant du métier d’architecte le vrai planificateur de la société socialiste, les tenants gauchistes du proletkult de la VOPRA (Association panrusse des architectes prolétariens), etc.

Lors des discussions de 1933, des documents avaient été mis à la disposition, comme illustrations, avec des mots d’ordre. On a ici des orientations fondamentales pour l’architecture soviétique.

On a ainsi « Une planification complexe enrichit l’architecture avec de nouveaux moyens artistiques », accompagné par le Forum de Rome, l’Acropole et Versailles.

On a « L’expérience artistique du passé nous arme dans la lutte pour la nouvelle architecture socialiste », accompagné de deux œuvres de la Renaissance italienne : la chapelle des Pazzi de Filippo Brunelleschi à Florence et le palais Contucci d’Antonio da Sangallo le Vieux à Montepulciano.

La chapelle des Pazzi (source wikipédia)
Le palais Contucci (source wikipédia)

On a « Le problème de l’appropriation critique du meilleur que la culture mondiale a produit ne doit pas être feint par l’imitation passive d’anciennes formes architecturales et de systèmes stylistiques ». Le mot d’ordre est accompagné du Panthéon de Rome et de la cathédrale de Cologne.

On a « Traitons l’expérience architecturale des époques antérieures dans le laboratoire créatif de l’architecture soviétique », accompagné du palais de la Chancellerie et de la cathédrale de Cologne.

Le Panthéon de Rome
Le palais de la Chancellerie à Rome

On a « L’époque du socialisme doit rendre à l’architecture la plénitude du langage », accompagné du palais Chiericati d’Andrea Palladio à Vicence.

Le palais Chiericati (source wikipédia)
Le palais Chiericati

On a « Que soit un mis un terme aux maisons-boîtes recopiées sur le modèle des casernes », avec l’illustration d’une ligne d’habitations à Leningrad.

On a « Que soit mis un terme à l’abstraction sur papier du formalisme architectural », avec des exemples de projets fantasmagoriques des avant-gardes.

On a également des citations de Lénine sur la culture, accompagnées du palais des doges à Venise et du Parthénon.

Le palais des doges
Le palais des doges

On a ici des éléments essentiels de ce qui est la base de l’architecture soviétique de l’époque socialiste : la recherche d’une oeuvre concrète et non pas fantasmée, avec un travail s’orientant par rapport à l’idéologie socialiste tournée vers la vie réelle des masses, sur la base du meilleur de la culture humaine historiquement.

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