[Document tiré de l’article intitulé Création en France d’un véritable parti révolutionnaire du prolétariat, paru en 1974 et retraçant l’histoire du PCMLF. Le titre complet est « L’Union des Jeunesses Communistes (ML), mouvement de contenu petit-bourgeois, attaque la ligne prolétarienne du MCF (ML) ».]
A la même époque, alors même que les Marxistes-Léninistes organisés l’ignoraient encore, était apparu au sein du Parti communiste français et plus particulièrement dans les rangs de son organisation étudiante, l’Union des Etudiants communistes, un double courant limitant son activité justement à la lutte interne.
D’une part, sous la direction de KRIVINE et de quelques éléments appartenant à l’organisation trotskiste connue sous le nom fallacieux de » Quatrième Internationale » se développait une activité fractionnelle tendant à conquérir l’organisme dirigeant de l’association dans laquelle les dirigeants révisionnistes tentaient de regrouper les étudiants. D’autre part, sous l’influence du philosophe Louis ALTHUSSER qui professait à l’Ecole normale supérieure installée rue d’Ulm à Paris, s’était constitué un groupe se proclamant hostile au révisionnisme moderne et défenseur du marxisme-léninisme comme des thèses du Parti communiste chinois.
Les trotskistes ont depuis toujours pratiqué ce qu’ils appellent » l’entrisme « , parce que sur le plan tactique ils n’accordent en pratique aucune confiance aux masses et préfèrent tramer complots et intrigues à l’aide de minorités actives au sein d’autres organisations.
Ils ne parviennent pas à se lier à la classe ouvrière et aux larges couches prolétariennes, leur influence se limitant aux milieux de la petite et moyenne bourgeoisie ; leur idéologie et leur ligne politique sont le reflet du contenu social des couches dont ils sont issus et auxquelles ils continuent d’appartenir. Ils n’intéressent donc pas notre présent propos.
Par contre, le courant » oppositionnel » qui était né autour du Cercle de l’U.E.C. de l’Ecole normale supérieure allait jouer un rôle nullement négligeable en milieu étudiant et intellectuel au cours des années suivantes, puisque dès le mois de décembre 1966 il allait devoir se constituer en organisation distincte de l’Union des Etudiants communistes, prenant le nom d’Union des Jeunesses communistes (marxistes-léninistes).
En d’autres occasions, nous avons déjà exposé ce que nous pensions de cette organisation, nous avons caractérisé son contenu de classe, son idéologie, sa ligne, il est plus sérieux de dire » ses » lignes politiques qui la conduisirent à l’effondrement et à la dislocation à travers et après les événements de Mai-Juin 1968.
Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est de montrer que ce courant constituait l’une des manifestations de la ligne non prolétarienne sur la question de la RUPTURE ORGANISATIONNELLE avec le Parti révisionniste et de la création du nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE.
Naissant dans les rangs mêmes du Parti communiste français trois années après qu’eut été engagée la première grande bataille contre le révisionnisme moderne, ce courant, au moment où il se structurait lui-même en se soumettant de façon délibérée à la LUTTE INTERNE, s’opposa de l’extérieur avec entêtement et mauvaise foi à la ligne qui avait justement triomphé dans les rangs des marxistes-léninistes.
Quand, contraints d’abandonner la lutte interne parce qu’ils venaient d’être exclus de l’Union des Etudiants révisionnistes, ils n’eurent d’autre issue que de se constituer en organisation indépendante du Parti communiste français, les principaux animateurs de cette nouvelle Union baptisée » marxiste-léniniste » lancèrent de violentes et perfides attaques contre le Mouvement communiste français (marxiste-léniniste).
La correspondance échangée entre eux et le M.C.F. (ml), comme les publications qu’ils éditèrent, notamment leur presse, témoigne à l’évidence de leurs positions étrangères à l’idéologie prolétarienne dans la question et de la RUPTURE ORGANISATIONNELLE et de la création du PARTI MARXISTE-LENINISTE.
Ils firent grief aux étudiants et lycéens issus de l’U.E.C., qui avaient appelé à rejoindre le M.C.F. (ml) peu après le Congrès de Lancry, de les avoir placés dans une position inconfortable au sein de l’Union des Etudiants révisionnistes, et d’avoir ainsi précipité leur rupture d’avec cette organisation du P.C.F. dans laquelle ils aspiraient à poursuivre encore la fameuse LUTTE INTERNE.
Sur ce point ils allèrent jusqu’à exiger du M.C.F. (ml) une autocritique (!), tandis que pour leur part, ils considéraient ne pas avoir à remettre en question leur attitude au sein de l’U.E.C. révisionniste à l’époque ou le P.C.F. avait soutenu la candidature de MITTERRAND à la Présidence de la République !
Cette attitude avait consisté à critiquer » sous le manteau » la ligne de la direction du P.C.F. tout en appelant à participer à la campagne en faveur de MITTERRAND sous prétexte de ne pas rompre la discipline!
Naturellement aucun accord ne put s’établir avec ces curieux marxistes-léninistes, et le M.C.F. (ml) poursuivit ses activités et son développement, non sans que ses efforts soient souvent gênés, dans ses rangs comme à l’extérieur de ses rangs, par l’activisme déployé en tous sens par l’U.J.C. (ml).
Mais la lutte entre les deux lignes allait de nouveau s’appliquer au deuxième enjeu découlant directement du premier, Après avoir porté sur la question de la Rupture organisationnelle avec le Parti révisionniste, la lutte entre deux lignes allait porter essentiellement sur la question de la création du PARTI MARXISTE-LENINISTE.
Comme nous l’avons vu, le Congrès de Lancry avait créé le M.C.F. (ml) en le considérant comme un organisme transitoire entre la » Fédération des Cercles marxistes-léninistes » et le PARTI proprement dit. Aussi, l’HUMANITÉ-NOUVELLE publia-t-elle le 11 mai 1967 un éditorial de François MARTY, sous le titre » En avant vers la constitution prochaine du Parti communiste de France » et qui commençait par cette phrase explicite :
» Conformément à l’article 19 des Statuts du Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), notre Comité central a décidé à l’unanimité, au cours de sa session des 22 et 23 avril à Paris, de convoquer avant la fin de l’année le Congrès constitutif du Parti communiste authentiquement révolutionnaire pour remplacer le P.C.F. qui n’a plus de communiste que le nom. «
Aussitôt commença une nouvelle lutte acharnée POUR OU CONTRE LA CRÉATION DU NOUVEAU PARTI MARXISTE-LÉNINISTE tant à l’intérieur des rangs du Mouvement communiste français qu’à l’extérieur de ses rangs.
A l’intérieur du M.C.F. (ml) la ligne hostile à la création du Parti se manifeste sous plusieurs formes. Dans le Comité central, un seul militant s’y oppose sans être vraiment capable de donner à son attitude un contenu explicite. Il engagea bientôt une intense activité fractionnelle sur le plan de la région qu’il suivait, celle de LYON, et, non sans que des efforts prolongés ne soient accomplis pour le rattraper par la persuasion et la conviction, il fut finalement purement et simplement exclu.
Mais en dehors du Comité central, la ligne petite-bourgeoise commença à se développer activement parmi les anciens militants du groupe » Drapeau rouge « , à PARIS exclusivement. Ce groupe, composé d’éléments étudiants, était celui qui, dans l’U.E.C. révisionniste, avait engagé la lutte ouverte puis appelé à rompre organisationnellement pour rejoindre le M.C.F. (ml). La plupart de ses militants étaient issus des Jeunesses du P.S.U., avant de passer par l’organisation étudiante révisionniste.
Son leader, qui avait mené une activité efficace à la fois contre le groupe de Krivine, contre la ligne erronée du cercle d’Ulm et contre les dirigeants révisionnistes, était aussi membre du Comité central du M.C.F. (ml) depuis le Congrès de Lancry.
Il s’écarta du Mouvement sans donner d’explications vraiment précises et, de suite après l’été 1967, la plupart des militants qu’il avait amenés avec lui abandonnèrent le M.C.F. (ml) soit d’eux-mêmes, soit qu’ils aient été exclus par suite d’une activité fractionnelle ouverte qui ne pouvait être admise et violait délibérément les Statuts.
II s’agissait exclusivement d’étudiante et d’enseignants, que l’activisme de l’U.J.C. (ml) impressionnait et qui, de ce fait, adoptaient des positions hésitantes sur la question de la création du Parti. Les violences physiques des révisionnistes n’étaient pas non plus sans influence sur leur comportement.
Enfin une autre tentative, décidée fractionnellement, prit pour appui la cellule d’AIX en Provence, un membre du Bureau politique, vieux militant du Parti révisionniste rallié dès l’époque de la Fédération, y jouant un rôle particulièrement fourbe.
Agissant avec duplicité, ce dirigeant cacha sa position devant les organismes dirigeants et prépara une tentative de putsch à réaliser pendant la tenue du Congrès constitutif du Parti. Mais, comme il ne put mener à bien son projet visant essentiellement à arracher la direction du jeune Parti aux militants qui devaient l’assumer, il fut ensuite violemment pris à partie par les jeunes adhérents de la cellule d’AIX en Provence, tous étudiants dont la moitié démissionnèrent non sans l’avoir démasqué !
Le cahier où se trouvaient enregistrées les discussions et décisions de cette cellule permit de découvrir le double jeu qu’avait joué ce faux marxiste-léniniste, qui fut écarté peu après l’interdiction du P.C.M.L.F., en juin 1968, sans que puisse être établi de manière certaine s’il s’agissait d’un flic, d’un agent révisionniste ou simplement d’un aventurier.
Alors que les marxistes-léninistes lançaient le juste mot d’ordre (sur l’affiche ci-dessus), le C.M.L.F. propageait l’idée que les marxistes-léninistes appelaient à voter de Gaulle, ce que les révisionnistes ne manquèrent pas d’utiliser.
De l’extérieur du Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), les attaques ne manquèrent pas contre le projet de création du nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE. Nous ne relaterons pas celles lancées par le groupe du fameux C.M.L.F. (Centre Marxiste-léniniste de FRANCE) dirigé par un agent provocateur.
Il s’agissait d’une activité d’officine organisée par l’ennemi depuis 1963. Lorsqu’il s’agit de la ligne cynique de l’ennemi, les choses peuvent être plus faciles à discerner que lorsqu’il s’agit d’une lutte de lignes au sein du mouvement ou même du simple courant se réclamant du marxisme-léninisme. Lorsque l’agent Jacques GRIPPA fut démasqué sur le plan international, son homologue et subordonné en France se trouva du même coup lui-même démasqué. La lutte contre les dirigeants de ce prétendu » C.M.L.F. » dura cinq années.
La lutte contre la création du Parti MARXISTE-LÉNINISTE fut essentiellement soutenue par l’Union des Jeunesses communistes (marxistes-léninistes), dont nous venons de relater la première attitude sur la question de la LUTTE INTERNE et de la RUPTURE ORGANISATIONNELLE avec le Parti révisionniste.
En apparence, les dirigeants de cette organisation se prononcèrent en faveur de la création du PARTI, mais en réalité ils étaient rigoureusement contre. Certes il importe de noter que l’hétérogénéité de leurs rangs était telle que la ligne qu’ils imposèrent ne refléta pas le point de vue d’au moins une infime minorité de leurs militants. Après la désintégration de l’U.J.C. (ml), certains de ses militants sont devenus des marxistes-léninistes conséquents, sur une base autocritique sincère et approfondie.
Certains même, peu nombreux, adoptaient déjà la ligne juste au moment où leur organisation se déchaînait contre l’intention de créer le Parti proclamée par le Comité central du M.C.F. (ml).
La correspondance entre l’U.J.C. (ml) et le M.C.F. (ml) atteste de la lutte engagée sur cette question. Le contenu des articles publiés tant par » GARDE ROUGE » que par » SERVIR LE PEUPLE » aboutit à la même démonstration.
Avant d’examiner sommairement les arguments de l’U.J.C. (ml) qui contestaient la décision du M.C.F. (ml) de convoquer le Congrès constitutif du PARTI MARXISTE-LENINISTE en France, soulignons une différence importante entre les deux organisations.
Si les militants marxistes-léninistes du M.C.F. (ml) se référaient fondamentalement au MARXISME-LÉNINISME et particulièrement à la portée historique universelle des » Propositions en 25 Points du Comité central du parti communiste chinois « , les dirigeants de l’U.J.C. (ml) se réclamaient avant tout de la » Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine « . Dans leur organe bi-mensuel » Servir le peuple » n° 4 du 15 août 1967, ils avouèrent sans ambages la filiation à laquelle ils entendaient se rattacher.
Dans une longue étude (dont l’objet visait à se justifier du fait qu’ils n’étaient apparus que prés de trois ans après les marxistes-léninistes de la Fédération des cercles, puis du M.C.F.-ml) publiée sous le titre » Comment est née l’Union des Jeunesses communistes (marxiste-léniniste) « , ils révélèrent alors une conception qu’avec le recul du temps il convient aujourd’hui de replacer dans le cadre de l’influence des idées mystificatrices (pour ne pas dire plus !) de Lin Piao. Qu’on en juge donc sur un simple échantillon :
» La scission à grande échelle dans l’Union des Etudiants communistes s’est faite principalement sur la question de la Grande Révolution culturelle prolétarienne, ainsi, bien entendu, que sur l’ensemble des problèmes de la ligne du mouvement communiste international, et du mouvement communiste en France.
C’est principalement sur la question de la Grande Révolution culturelle prolétarienne que les traîtres révisionnistes qui dirigeaient l’U.E.C. ont été démasqués et abattus par la masse des militants communistes de cette organisation. Nous pensons que cela a été une bonne chose, que cela a aidé notre organisation à fonder son activité sur des bases justes, et à acquérir un style de travail correct.
Plus généralement, nous pensons, sur la base de notre expérience et de l’étude des faits, que la lettre en 25 Points ne permettait de tracer une ligne de démarcation solide qu’à condition d’être étroitement liée à l’assimilation du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsetoung comme cela devait apparaître dans la Grande Révolution culturelle prolétarienne.
En définitive, c’est la G.R.C.P. qui donne les bases d’une ligne de démarcation profonde, irréductible et définitive entre le marxisme-léninisme révolutionnaire de notre époque et toutes les variantes du révisionnisme.
Nous pensons que l’assimilation de la pensée de Mao Tsé-toung à la lumière de la G.R.C.P. est la pierre de touche d’une position révolutionnaire correcte, d’une position marxiste-léniniste.
C’est pourquoi nous nous efforçons de mettre en œuvre d’une façon conséquente la juste thèse selon laquelle la G.R.C.P. ouvre une époque toute nouvelle dans le Mouvement communiste international. «
Ainsi donc, d’après l’U.J.C. (ml), il avait fallu attendre la Grande Révolution culturelle prolétarienne pour pouvoir assimiler les justes positions contenues dans les » 25 Points » et tracer une ligne de démarcation » solide » avec » toutes les variantes du révisionnisme » !
On comprend dès lors pourquoi ces » gardes rouges » français n’avaient que mépris pour ce qu’ils appelaient » la pauvreté idéologique et théorique des communistes albanais « : ces derniers combattaient depuis toujours le révisionnisme moderne, mais ils n’avaient pas transposé chez eux l’expérience de la G.R.C.P. sous sa forme chinoise !
Les communistes marxistes-léninistes du M.C.F. (ml), quant à eux, appréciaient hautement les apports de la Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine, mais ils avaient fondé leur rupture avec le révisionnisme moderne sur les principes du marxisme et du léninisme, principes respectés et rappelés par le Comité central du Parti communiste chinois dans ses » Propositions en 25 Points « , dés le 14 juin 1963.
Notons qu’au demeurant, l’attitude des fougueux » marxistes-léninistes » de l’U.J.C. (ml) était condamnée sans équivoque par un passage du Point 24 de ces Propositions, qui identifiait » un Parti qui répète invariablement les paroles des autres, qui reprend, sans analyse préalable, les expériences d’un pays étranger… » avec » un Parti qui est panaché à la fois de révisionnisme et de dogmatisme, comme une sorte de macédoine, où il y a un peu de tout, sauf les principes du marxisme-léninisme… «
En fait, toutes les âneries sentencieusement proclamées par les dirigeants de l’U.J.C. (ml) à travers une phraséologie plus qu’abondante, visaient à empêcher la création d’un authentique PARTI MARXISTE-LÉNINISTE.
Les plus caractéristiques furent publiées dans le numéro 6 de » GARDE ROUGE « , mensuel de l’Union des Jeunesses Communistes (Marxiste-Léniniste) : dans un éditorial portant pour titre » Édifions en FRANCE un Parti communiste de l’époque de la Révolution culturelle « , et, dans les pages centrales, dans un long développement que précédait une paraphrase d’un texte de MAO Tsétoung, qui suffit largement à comprendre à quelle gymnastique dogmatique se livraient les » penseurs » et rédacteurs de l’organisation en cause.
Une lettre de Jean BABY, qui était sorti depuis des années du P.C.F. par sa porte de droite, mais s’était acquis une certaine notoriété dans les milieux intellectuels en adoptant occasionnellement de justes positions sur certaines questions, suivait ces articles dans le cadre d’une » Tribune de discussion « , ouverte sur » les questions fondamentales du mouvement marxiste-léniniste en France : analyse de classe de la société française, problèmes de l’édification du Parti, état actuel des luttes sur les différents fronts de la lutte des classes (en particulier luttes ouvrières et front anti-américain) « .
Après avoir établi que le Parti communiste français, devenu révisionniste, n’avait » qu’une existence effective en tant que Parti petit-bourgeois réactionnaire « , les dirigeants de l’U.1.C. (ml) S’étaient livré à un lancinant travail » théorique » au sujet des » lois générales de l’édification du Parti communiste « . Il est assez difficile de résumer leur développement sur ce point, tant son » originalité créatrice » le situait en dehors des principes léninistes du PARTI de type nouveau. Toutefois, malgré la confusion vertigineuse de leur exposé, on peut y relever les quelques idées essentielles suivantes :
– la création » Officielle » (sic) d’un PARTI MARXISTE-LENINISTE ne peut intervenir qu’à l’issue d’une » LUTTE INTERNE PROLONGEE « , participant d’un » PROCESSUS DE SCISSION PROLONGEE » et d’une » LUTTE INTERNE DE MASSE » ;
– ainsi existe-t-il une » étape » avant la naissance » officielle » du PARTI. La » création » du PARTI a en fait précédé sa naissance effective. La preuve historique : » le Parti bolchevik est né bien avant sa proclamation par LENINE » (!) ;
– au cours de » l’étape » précédant la création » officielle » du PARTI, les Marxistes-léninistes 1°) doivent développer leur activité en s’appuyant principalement sur l’hétérogénéité de toutes les » forces populaires « , pour être présents » dans toutes les classes et couches du peuple » et 2°) pour organiser » toutes les formes de lutte des classes (politique, économique, théorique, idéologique, armée…) » ;
– » à ce moment-là, qui correspond à l’étape de la naissance et de la première implantation du mouvement marxiste-léniniste, étape préalable à la naissance du PARTI proprement dit, l’exigence de décentralisation et d’hétérogénéité l’emporte de loin sur l’exigence de centralisation (décentralisation doit être pris ici en son sens le plus fort : l’absence de centre unique dans cette étape ; si le processus d’édification respecte cette exigence, le PARTI pourra ensuite appliquer la » décentralisation » au sens courant). L’impératif fondamental de cette étape est que les militants marxistes-léninistes se dispersent dans les masses, non qu’ils s’assemblent centralement en un point de fixation.
L’essentiel est que les militants marxistes-léninistes acquièrent l’expérience de la lutte dans les milieux divers les formes d’organisation les plus diversifiées, qu’ils accumulent des forces dans tous les détachements du peuple, qu’ils apprennent à être présents sur tous les fronts de la lutte des classes, même si la rançon de ce travail préliminaire est une apparente incohérence, la constitution de pans d’organisation ayant leurs caractéristiques spécifiques, l’absence de direction centralisée du mouvement dans son ensemble et parfois même d’inévitables malentendus subjectifs entre des militants qui auront connu des expériences diverses ; ces malentendus seront sans gravité si la volonté d’unité l’emporte et permet de passer correctement à l’étape suivante – d’édification du PARTI – lorsque les tâches préliminaires d’implantation du mouvement dans les masses sont remplies et que la diversité des expériences, des connaissances et des formes d’organisation fournit un contenu adéquat à l’élaboration de la ligne commune, et assure que la ligne centralement élaborée correspondra aux besoins de tout le peuple et sera effectivement appliquée à la base dans les différents détachements du peuple, par des organisations spécifiques, proches des masses et liées à elles… «
– Ce galimatias spontanéiste (car il s’agit bien d’une théorie favorable au spontanéisme des cercles se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée maotsétoung, théorie tournant le dos aux enseignements dégagés par LENINE dans » Que faire ? « ) débouchait, après quatre pleines pages de développements du même tonneau opportuniste petit-bourgeois sur le fameux mot d’ordre » Edifions en France un PARTI communiste de l’époque de la Révolution culturelle « .
II n’est pas douteux que dans l’esprit, comme dans la lettre, les dirigeants de l’U.J.C. (ml) ne concernaient nullement par ce mot d’ordre un PARTI de la classe ouvrière, mais songeaient davantage à un PARTI » du peuple tout entier « .
De fait ils visaient surtout à reporter aux calendes grecques la création de ce PARTI, et s’ils s’y trouvaient contraints ils ne l’envisageaient que dirigé par leur groupe d’intellectuels de vocation supérieure, » au service du peuple « . II fallait apporter aux travailleurs ce qui leur manquait : des dirigeants !
Nous épargnerons au lecteur le pensum que constituerait la relation détaillée des autres innovations » théoriques » que comportait cette ligne directement élaborée dans le moule de l’idéologie bourgeoise. II nous fallut beaucoup de persévérance pour lire jusqu’à leur point final ces élucubrations qui nous auraient amusés si leurs effets n’eussent été néfastes pour nombre de jeunes militants sincères et abusés parce qu’encore inexpérimentés.
– Toutefois notons qu’en invoquant comme seul objectif fondamental de ce, PARTI le » service du peuple « , l’U.J.C. (ml) manifestait son incompréhension totale de la riche allocution de MAO Tsétoung prononcée le 8 septembre 1944 pour honorer la mémoire du Camarade TCHANG Se-teh.
Dans cette intervention, MAO Tsétoung soulignait que TCHANG Se-teh, comme ses camarades, étaient venus » de tous les coins du pays « … » en vue d’un objectif révolutionnaire commun « .
Ainsi son juste mot d’ordre » servir le peuple » n’était-il pas une abstraction ni même une attitude permettant le développement de quelque charité ayant un contenu de classe non-prolétarien. » Servir le peuple » était et reste un mot d’ordre indissociable de l’objectif stratégique, fondamental du PARTI MARXISTE-LÉNINISTE : » Faire la révolution, édifier le socialisme, marcher vers le communisme « . L’absence de ces précisions imputable aux dirigeants de l’U.J.C. (ml) favorisa souvent une interprétation activiste petite-bourgeoise d’un précepte idéologique fondamental du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung.
Le Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), une fois encore, réfuta catégoriquement la ligne » de lutte interne prolongée » et de création ultérieure d’un PARTI après la réalisation de cette fameuse étape de » décentralisation dans les masses « .
Dès le 29 juin 1967, » l’Humanité Nouvelle » publia à ce sujet un éditorial du Secrétaire politique. Se référant à la période de préparation du Mouvement à l’époque des Cercles, Il écrivait notamment :
» L’expérience avait en effet amplement prouvé que toute lutte interne active et conséquente était vouée aux contre-attaques brutales et anti-statutaires des dirigeants révisionnistes. Par contre, tout militant attaché aux principes marxistes-léninistes qui se contentait dans sa cellule d’une opposition timide en acceptant de passer sans cesse des compromis sur la ligne politique pour éviter l’affrontement idéologique nécessaire était rapidement isolé, déchargé de toutes ses responsabilités et ainsi complètement neutralisé : son efficacité se réduisait de la sorte à zéro… «
Il poursuivait un peu plus loin sous le titre : » Une question de principe : savoir établir une ligne de démarcation entre marxisme-léninisme et révisionnisme moderne » :
» Avec le recul du temps et les enseignements dégagés depuis lors à de multiples occasions, il apparaît clairement que cette controverse entre LUTTE INTERNE et LUTTE EXTERNE, sous ses aspects tactiques, comportait un aspect théorique fondamental.
Elle revenait en effet à déterminer une position juste sur la question de la nécessité d’établir une nette ligne de démarcation entre marxisme-léninisme et révisionnisme moderne.
Les arguments avancés en faveur de la poursuite de la lutte à l’intérieur du Parti ancien comportaient inévitablement pour fondement l’espoir d’un redressement ultérieur, la nécessité de ne pas se » couper » de bons camarades trompés, l’intention d’entraîner à terme plus ou moins rapproché d’autres militants en fonction de la certitude de leur honnêteté et de la sincérité de leur attachement aux objectifs finaux du communisme.
Mais tous ceux qui avaient » osé » engager l’action étaient en mesure d’expliquer par quel processus violant les Statuts, ils s’étaient rapidement retrouvés dans l’impossibilité de faire prévaloir leur juste attachement aux principes de MARX, ENGELS, LENINE et STALINE repris par MAO Tsétoung, contre le révisionnisme de Waldeck Rochet et de son groupe.
Même s’ils étaient approuvés et soutenus jusqu’au bout par leurs cellules, le Comité central ordonnait leur exclusion par dessus la tête de leurs camarades, allant au besoin jusqu’à ordonner la dissolution de la cellule. D’où la nécessité théorique, clairement élaborée à partir de la pratique, de tracer cette nette ligne de démarcation d’avec les opportunistes, tout comme à l’époque où LÉNINE organisait la différenciation organique irréversible entre Bolchéviks et Menchéviks. «
Quelques jours avant la publication de cet article, le Comité central du MCF (m.-l.) adopta, le 25 juin 1967, à l’unanimité quoiqu’après une discussion approfondie, un document présenté sous le titre » Arborer le drapeau rouge pour lutter contre le drapeau rouge – Qu’est-ce l’Union des Jeunesses communistes ? «
Ce document que nous reproduisons dans notre partie justement réservée aux » Documents » démasquait tout particulièrement la ligne idéologique, politique et tactique des dirigeants de l’U.J.C. (ml) (le lecteur pourra s’y reporter utilement) :
1° il mettait en évidence le » livrisme » des rédacteurs de l’article publié par Garde rouge sur » l’édification d’un Parti de l’époque de la Grande Révolution culturelle prolétarienne » ;
2° il étalait le caractère dogmatique des transpositions dont se rendaient coupables les dirigeants de l’U.J.C. (ml) en appliquant à une réalité en France tout à fait différente de celle de la Chine ce qu’ils avaient cru comprendre de la pensée-maotsétoung (il est intéressant de noter à cet égard que ces militants subissaient souvent l’influence d’excès commis par certaines fractions d’étudiants chinois sous l’influence de Lin Piao et de ses partisans : pour eux par exemple il n’était plus question de s’adonner sérieusement, comme ils avaient essayé de le faire par le passé, à l’étude des textes classiques de MARX, ENGELS et LENINE, et encore moins de STALINE qu’il répudiait au moins entre eux ; mais ils ordonnaient de grandes séances de lectures collectives, à haute voix, des citations du Petit Livre rouge, certains d’entre eux passant de longues heures à les apprendre par cœur et ils organisaient aussi des séances de grande critique, exactement comme s’ils se trouvaient en Chine et non en France).
3° il établissait leur méconnaissance de la relation dialectique entre la pratique et la théorie, caractérisant leur méthode comme relevant » d’un dogmatisme théorique associé à l’empirisme politique » ;
4° il condamnait leur idéalisme déformant le contenu des enquêtes préconisées par MAO Tsé-toung ;
5° il démontrait leur visée de substituer à un PARTI prolétarien une » avant-garde petite-bourgeoise » ;
6° il établissait le fait qu’ils proposaient en fin de compte une troisième voie entre révisionnisme moderne et marxisme-léninisme, cette troisième voie ne pouvant être que bourgeoise et nullement prolétarienne.
Mais les dirigeants de l’U.J.C. (ml) n’accordèrent aucune attention aux critiques du M.C.F. (ml). Au contraire, contre l’organisation qui poursuivait activement la préparation du Congrès constitutif du PARTI MARXISTE-LÉNINISTE, ils se déchaînèrent, lancèrent une campagne de calomnies et de dénigrement, propageant en direction de leurs militants de base les plus stupides ragots et mettant en cause tout Particulièrement les dirigeants connus.
Aussi, le 15 juillet 1967, le Comité central du M.C.F. (ml) mit-il fin aux relations établies entre lui et le Bureau politique de l’U.J.C. (ml) par l’envoi d’une lettre signée, en son nom, du Secrétaire politique. Voici quelques extraits explicites de ce document qui attestent de l’exacerbation de plus en plus aiguë de la lutte entre deux lignes sur la question de la création du PARTI :
» Nous avons accordé à votre organisation, dès sa naissance publique, la plus grande attention, et aussi, pour suivre les enseignements de LENINE, la plus grande vigilance.
L’agressivité dont vous faites preuve aujourd’hui vis-à-vis du MOUVEMENT COMMUNISTE FRANÇAIS (marxiste-léniniste) prouve que nous avons eu raison. Vous comprendrez aisément puisque vous vous présentez comme ayant une riche expérience de la pratique marxiste-léniniste, que nous ne répondions pas aux innombrables accusations sans fondement que vous lancez contre nous, et dont nous devinons que vous êtes impatients de les rendre publiques.
Nous ne nous situerons pas sur ce terrain choisi par vous, nous ne nous laisserons pas accaparer par une vaine et stérile polémique, mais nous développerons nous aussi notre point de vue en ayant soin de n’en pas faire étalage aux yeux de l’ennemi.
Nous vous laisserons la responsabilité d’Initiatives que vous avez prises et qui sont contraires à l’intérêt du développement et de l’unification des forces marxistes-léninistes réelles qui existent en France.
Nous avons le désir de voir jusqu’où vous irez dans ce domaine, car c’est seulement ainsi que nous pourrons savoir de façon sérieuse et décisive qui vous êtes, quelle cause vous servez, quels objectifs vous poursuivez. Nous sommes beaucoup plus attentifs à vos actes qu’à vos proclamations écrites ou verbales.
Votre ligne traduit votre refus de tracer une nette ligne de démarcation entre marxisme-léninisme et révisionnisme moderne. Or nous pensons, quant à nous, qu’il s’agit là de la pierre de touche de la fidélité au camp socialiste à l’époque actuelle. Cela provient peut-être de votre manque de confiance dans les masses, de votre incapacité à les aborder, en dehors des milieux traditionnels où fleurit l’intelligentsia incapable dans son ensemble de fonder son action sur une doctrine débarrassée des tares de classe de la bourgeoisie.
D’ailleurs cette attitude ressort avec clarté de votre refus de tout mettre en œuvre rapidement pour répondre concrètement à l’attente et au besoin de la classe ouvrière française en créant un PARTI MARXISTE-LÉNINISTE. Qu’est-ce qui l’emporte chez vous du défaitisme ou du mépris des masses ?
Vous acclamez la Révolution culturelle prolétarienne en CHINE ?
C’est bien, mais cela est insuffisant. Il faut faire davantage et ne pas transposer dogmatiquement certaines mesures arrêtées dans le cadre de la dictature du prolétariat par un glorieux PARTI qui a des décades d’expérience et a su conduire son peuple à la victoire révolutionnaire de 1949 avec pour grand dirigeant le LENINE de notre époque, le camarade MAO Tsé-toung.
La situation actuelle chez nous est différente : il est urgent et indispensable de forger l’outil de la Révolution, qui seul permettra d’instaurer la dictature du prolétariat, à savoir le PARTI MARXISTE-LÉNINISTE dont l’absence en ce moment comporte tant de conséquences négatives. Ce qui n’exclue nullement de savoir dégager à notre avantage militant tout le bénéfice capital de l’action impétueuse des gardes rouges qui s’inspirent de la pensée du Président MAO. Par exemple, ne serait-ce que pour faire de grands et sincères efforts de modestie et ne pas se croire d’infaillibles théoriciens !. «
Un peu plus loin, la lettre indiquait : » Nous allons continuer à développer nos efforts en direction de la classe ouvrière, mais nous accueillerons avec joie tous les étudiants désireux de poursuivre à nos côtés une lutte concrète pour la reconstruction du Parti marxiste-léniniste en France, qui est la tâche la plus importante à l’étape actuelle.
Si vous êtes désireux de contribuer à cette entreprise historique, nous ne vous rejetterons pas, mais vous devez bien comprendre que nous ne pouvons pas attendre votre bon vouloir de la même façon que nous ne vous avons pas attendus en 1963 (et bien avant pour certains d’entre nous) pour engager une lutte résolue et conséquente contre le révisionnisme moderne.
Si demain un nouveau clivage s’effectue dans les rangs du Parti révisionniste, ce qui n’est pas exclu, devrons-nous remettre en question toute notre ligne stratégique et tactique et attendre que ces nouveaux militants soient prêts à admettre la nécessité du nouveau PARTI ?
Vous savez bien qu’UN se divise en DEUX et qu’aujourd’hui comme du temps de LENINE le processus de différenciation entre marxisme-léninisme et révisionnisme est irréversible. »
Ici il est important de rétablir un point de vérité historique, qui souvent donne lieu à interprétation erronée de la part de militants qui n’ont pas connu les premières années où commença la lutte des marxistes-léninistes. Certaines formules, essentiellement tactiques, ont pu laisser croire qu’il y avait hésitation, en 1963 et 1964, dans la pensée des premiers communistes ayant engagé l’action contre les dirigeants révisionnistes au sujet de la nécessité d’un nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE.
On a pu croire également que ces camarades comptaient, au début, sur une scission très large du Parti révisionniste. En fait ces interprétations de l’histoire sont erronées.
Si l’on excepte naturellement les éléments opportunistes et autres aventuriers infiltrés dans les rangs des marxistes-léninistes dès leurs premiers pas, il est certain que des hommes comme François MARTY et quelques autres savaient dès le début où ils allaient, quel était l’indispensable objectif à atteindre : la création d’un nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE).
Au demeurant, s’ils n’avaient pas pris conscience de cette nécessité historique par eux-mêmes, il n’est pas douteux que les entretiens qu’ils poursuivaient alors avec des camarades albanais ou chinois leur auraient vite ouvert les yeux.
Une telle attitude n’excluait pas, et n’exclue toujours pas, que des contingenta d’adhérents, militants ou sympathisants du Parti communiste français accèdent à leur tour à la révolte contre le révisionnisme et s’engagent dans la lutte sur la base des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme.
Comment envisagerait-on la réalisation du processus concerné parle mot d’ordre » Arracher la classe ouvrière au révisionnisme moderne « , si l’on excluait l’éventualité de nouveaux clivages dans les rangs du Parti communiste français, sur la base de la lutte entre ligne prolétarienne et ligne bourgeoise ?
Seuls dogmatiques et sectaires peuvent fournir à cette question une réponse négative, bloquée et définitive ne tenant aucun compte du caractère dialectique du développement de l’histoire. La lettre du M.C.F. (ml) s’achevait ainsi :
» Si vous êtes des marxistes-léninistes conséquents, sachez donc tirer les enseignements de l’œuvre du Président MAO Tsé-toung « De la juste solution des contradictions au sein du peuple » et agissez en conséquence en commençant par stopper avec sérieux des attaques qui détruisent au lieu de construire l’unité susceptible d’intervenir entre nous. Ce qui ne signifie nullement la suspension de nos critiques réciproques à l’intérieur de nos rencontres comme à l’intérieur de nos organisations respectives.
Si vous n’êtes pas des marxistes-léninistes conséquents, nous ne tarderons pas à le savoir et alors nous déciderons des mesures convenables à prendre à votre égard. En tout état de cause le marxisme-léninisme triomphera inéluctablement ! Soyez assurés de notre indéfectible fidélité aux principes de MARX, ENGELS, LENINE, STALINE et MAO TSETOUNG. »
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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe