§1. Le fascisme est une des formes classiques de la contre-révolution à l’époque de la décadence de l’ordre capitaliste, à l’époque de la révolution prolétarienne, surtout là où le prolétariat a engagé la lutte pour le pouvoir mais où, faute d’expérience révolutionnaire et d’un Parti de classe dirigeant, il n’a pas su organiser la lutte révolutionnaire et pousser le soulèvement des masses jusqu’à l’établissement de la dictature prolétarienne.
Le fascisme est l’instrument de combat de la grande bourgeoisie contre le prolétariat, que les instruments légaux de l’État ont été insuffisants à terrasser ; il est l’arme extra-légale de la grande bourgeoisie pour établir et consolider sa dictature.
Mais, par sa structure le fascisme est un mouvement petit-bourgeois. Il a ses racines dans les classes moyennes vouées à la disparition par la crise du capitalisme, ainsi que dans les éléments déclassés par l’après- guerre (anciens officiers, etc.) et en partie même dans les éléments déçus dans leurs espoirs révolutionnaires et aigris du prolétariat.
Plus la société bourgeoise se décompose, et plus tous les Partis bourgeois, surtout la social-démocratie, prennent un caractère plus ou moins fasciste, se servant des méthodes violentes contre le prolétariat, et dissolvant ainsi eux-mêmes l’ordre social pour le maintien du quel ils s’étaient formés.
Le fascisme et la social-démocratie sont les deux côtés d’un seul et même instrument de la dictature du grand capitalisme. Voilà pourquoi la social-démocratie ne pourra jamais être une alliée sûre du prolétariat dans la lutte contre le fascisme.
Par ses contradictions intérieures d’intérêts entre la grande bourgeoisie d’un côté et les éléments petits-bourgeois et prolétariens de l’autre), le fascisme sombre après sa victoire dans une banqueroute politique qui a conduit à sa décomposition intérieure (Italie).
Il tombe dans une crise semblable aussi là où, sans avoir remporté la victoire formelle, il est obligé de soutenir et de défendre ouvertement le régime grand-bourgeois (Allemagne).
§2. Vu le rôle historique, le caractère et la structure sociale du fascisme, la lutte des communistes contre le fascisme doit être menée avec des méthodes et des moyens qui permettent à la fois d’en triompher politiquement et de repousser directement son agression armée contre le prolétariat révolutionnaire.
Ces moyens sont entre autres :
a) Sur le terrain politique
1) Une stratégie et une politique vraiment révolutionnaires inspirant au prolétariat, aux éléments petit-bourgeois et aux petits paysans de la confiance dans le mouvement communiste, faisant naître et affermissant chez eux l’idée que les problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels seront résolus par la dictature du prolétariat.
2) Une éducation systématique de la classe ouvrière sur caractère contre-révolutionnaire et anti-ouvrier du fascisme.
3) Une éducation systématique des masses petites-bourgeoises et petites paysannes prolétarisées et opprimées par la crise capitaliste, sur leur situation et sur les fonctions purement grandes capitalistes du fascisme.
4) Une politique étrangère active contre les traités impérialistes, les réparations, la duperie de la Société des Nations, etc.; le démasquement de la nature de la politique impérialiste et de ses conséquences désastreuses pour les masses laborieuses.
5) La lutte pour l’alliance révolutionnaire avec l’Union des Républiques Soviétistes ; une politique léniniste dans la question nationale ; la lutte pour le droit d’auto-détermination et de sécession de toutes les nations opprimées.
6) La campagne pour le front unique de toutes les classes laborieuses contre le fascisme ; pour le front unique international du prolétariat sous la direction de l’IC
7) La subordination de la propagande antifasciste aux Centrales des Partis ; large propagande antifasciste par affiches et tracts et par la presse.
b) Sur le terrain militaire et de l’organisation
1) Organisation de la défense armée contre le fascisme armé (centuries prolétariennes, etc.)
2) Désarmement des fascistes, confiscation de leurs stocks d’armes et de munitions.
3) Contre les démonstrations fascistes, contre-manifestations de la classe ouvrière sous protection armée.
4) Contre les actes terroristes des fascistes (destruction des maisons syndicales, des imprimeries, etc., attentats contre les ouvriers et les leaders ouvriers, etc.), organisation de la grève générale, terreur ouvrière, représailles contre les fascistes, leurs chefs, leurs imprimeries et leurs entreprises.
5) Sabotage des transports lors des mobilisations, expéditions, concentrations et démonstrations fascistes.
6) Expulsion des fascistes des usines ; sabotage, résistance passive, grèves dans les entreprises où des fascistes sont employés et jouent le rôle de mouchards ou d’agents provocateurs…
=>Retour au dossier sur le cinquième congrès
de l’Internationale Communiste