Résolution sur le Conseil Paysan International au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Le Congrès prend acte avec satisfaction de la 1e Conférence Paysanne Internationale tenue en octobre 1923 et de la fondation de l’Internationale Paysanne («Le Conseil Paysan International»).

Il constate qu’entre les thèses adoptées par cette Conférence et les résolutions des 2e et 4e Congrès de l’IC sur la question paysanne, il n’y a aucune opposition. Il invite toutes les Sections de l’IC à soutenir le CPI et les organisations lui appartenant dans les différents pays dans leurs efforts pour organiser les travailleurs contre le régime actuel qui exploite et opprimé également les paysans et les ouvriers.

Il exprime en même temps sa conviction que l’alliance entre les salariés et les paysans exploités possédant leurs propres instruments de travail, grâce à la crise agraire, aux charges militaristes, aux dangers de guerre menaçants, parties intégrantes de la crise générale du capitalisme, se resserrera rapidement et conduira bientôt, à travers de durs combats, au remplacement de la domination des grands propriétaires et de la bourgeoisie par le gouvernement des ouvriers et des paysans.

§2. Le Congrès partage sans réserves l’opinion exprimée dans les thèses de la 1e Conférence Paysanne Internationale, que la classe paysanne est incapable, sans le concours et la direction de la classe ouvrière, de conquérir le pouvoir et d’affirmer son indépendance en face des grands propriétaires et de la bourgeoisie, mais que d’autre part que la classe ouvrière a besoin du concours des paysans travailleurs pour triompher de la bourgeoisie et s’emparer de l’État.

§3. Les communistes doivent donc tous les mouvements de paysans travailleurs tendant à améliorer leur situation et à entraîner une lutte générale contre les classes dominantes. Il s’ensuivra bien souvent la constitution d’un bloc d’ouvriers et paysans pour une période de temps plus ou moins prolongée.

§4. Les combats engagés par les paysans travailleurs ne peuvent être couronnés de succès que si ces dernières soustraient à l’influence de grands propriétaires et des riches cultivateurs ainsi que de leurs agents, prêtres, politiciens, fonctionnaires, etc…

La plupart des organisations paysannes sont encore aujourd’hui moralement et matériellement dans la dépendance des agrariens et des paysans riches. Dans ces conditions, toute victoire est impossible.

Les communistes doivent prendre part aux campagnes des grandes organisations de la classe paysanne ; ils doivent, si possible, entrer dans ces organisations et aider leurs membres pauvres à se libérer de la direction de leurs ennemis et à donner à ces organisations un véritable caractère de classe.

§5. Il doit s’établir entre les organisations de la classe ouvrière et celles des paysans une étroite collaboration. Cette tâche incombe avant tout aux camarades travaillant dans les entreprises industrielles rurales ou dans les grandes exploitations agricoles.

Les ouvriers industriels et agricoles doivent coordonner les efforts de la classe paysanne contre les grands propriétaires et la bourgeoisie et servir les intérêts des paysans pauvres en combattant par les voies révolutionnaires l’influence des paysans riches. Les PC s’occuperont tout particulièrement d’organiser les ouvriers agricoles.

§6. Là où il existe des Partis paysans ou d’autres organisations politiques de la classe des paysans, les camarades doivent aider les paysans pauvres et à s’en emparer, à chasser de la direction les riches et les grands propriétaires, même si cela doit entraîner une scission, car les intérêts des paysans pauvres ne peuvent être que trahis par une organisation ayant à sa tête des riches et de gros propriétaires.

§7. Là où les paysans pauvres s’opposent aux grands propriétaires pour obtenir une nouvelle répartition du sol à l’intérieur du régime bourgeois, les communistes, au lieu d’assister indifférents à ce mouvement, doivent au contraire l’encourager par tous les moyens (réunions, manifestations, actions parlementaires…).

Ils doivent cependant souligner toujours qu’une réforme agraire bourgeoise ne saurait améliorer sérieusement le sort des travailleurs ; ils doivent préconiser l’expropriation sans indemnité de tous les grands domaines et leur distribution gratuite aux paysans pauvres et inciter par-là ces derniers au combat révolutionnaire.

De même ils encourageront les campagnes des paysans travailleurs pour la diminution des impôts, des fermages et des hypothèques, mais en même temps ils réclameront leur suppression révolutionnaire pour les travailleurs. Les communistes souligneront toujours que la complète satisfaction des exigences de la classe paysanne ne sera possible qu’après la confiscation des grands domaines et des capitaux et l’instauration du pouvoir des Soviets.

§8. Les PC doivent entretenir une liaison constante avec le CPI et les organisations qui lui sont affiliées. Les communistes doivent s’efforcer d’amener les organisations paysannes de leur pays à adhérer au CPI.

Ils doivent coordonner campagnes du prolétariat et des paysans travailleurs ; ils doivent, par un soutien mutuel et quotidien dans les grèves et conflits agricoles, par la constitution d’un bloc ouvrier et paysan, affermir dans les deux grandes classes exploitées la conviction de leurs intérêts communs.

Une fois le combat révolutionnaire engagé, il faut former des Soviets paysans agissant de concert avec les Soviets ouvriers des villes. Seule une action révolutionnaire commune peut affranchir les deux classes du joug de la bourgeoisie.

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