[Publié dans Front Rouge le 12 juillet 1973.]
Au cirque d’hiver…le chef de piste s ‘appelait marchais
(dans un encadré, au dessus de ce titre et sous la photo de Jacques Duclos s’adressant aux militants venus protester contre l’interdiction de la Ligue communiste, la légende suivante : » Ecouter Duclos faire acclamer » le P » C « F, le grand parti révolutionnaire de notre temps :, Detraz (CFDT) faire applaudir les flics démocrates, ou la claque du P » C « F scander » Union populaire pour les libertés. Les communistes n’avaient vraiment aucune raison d’appeler à ce meeting. » )
Le 5 juillet, la gauche réformiste P » C « F en tête, tenait un meeting contre la dissolution de la Ligue » communiste « , avec le soutien de nombreux groupes trotskistes et de quelques camarades se réclamant du marxisme-léninisme qui avaient eu la naïveté d’emboîter le pas.
La mobilisation au regard du nombre et de l’importance des organisations participantes a été faible (quelques milliers) malgré un effort certain du P » C « F qui avait distribué des tracts jusque dans les banlieues. Ce fait témoigne doublement de la coupure entre les trotskistes et la classe ouvrière : d’une part parce que la clientèle petit-bourgeois de ces diverses sectes était en vacances, d’autre part parce que les ouvriers que le P » C « F parvient encore à tromper ne se sont guère dérangés pour l’occasion.
Cependant, ce meeting éclaire bien le sens de la provocation policière du 21 juin, dans laquelle la Ligue avait donné à tête baissée. En effet, la dissolution de la Ligue qui a suivi, a donné l’occasion au P » C « F et au PS de se livrer à une nouvelle opération démagogique dans leur course à l’électorat petit-bourgeois.
Tandis que Mitterrand recevait Krivine, le P » C « F prenait l’initiative du meeting, et marquait un nouveau point dans sa tentative de se dédouaner de son passé communiste en se présentant pour ce qu’il est : un vulgaire parti bourgeois. Ainsi se prolongeait l’entreprise du 20 juin. Ainsi, P » C » et PS détournaient-ils l’attention de l’offensive de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, et soutenant par là cette offensive.
D’un autre côté, au moment même où elle était dissoute, la Ligue obtenait la réalisation de son rêve de toujours : l’unité – fragile, difficile, mais l’unité – avec le P » C « F. Le soutien qui lui a été accordé à cette occasion montre que les révisionnistes n’ont rien à craindre d’une organisation dont la fonction a consisté, au cours des années passées, à ramener dans le sillage des initiatives du P » C « F les jeunes qui se dégoûtait de lui, et à détourner par sa nature petite-bourgeoise la classe ouvrière de la Révolution.
En appelant au meeting du P » C « F qui leur refusait la parole les dirigeants de la Ligue ont confirmé une fois de plus cette orientation fondamentale. Le chahut de leurs militants n’y a rien changé : au cirque d’hiver, le chef de piste s’appelait Marchais.
En définitive, la dissolution de la Ligue et le meeting qui l’a suivi auront été un facteur de clarification politique, montrant comment la lutte contre la répression peut devenir le prétexte à une unité sans principes et sans perspectives des opportunistes de toute espèce.
[Publié dans Front-Rouge le26 juillet 1973.]
A propos de l’emprisonnement de krivine
Il est clair, à présent, que le ministre de l’intérieur a favorisé et, au besoin, provoqué la débandade de certains de ses flics, lors de la manifestation du 21 juin contre le meeting raciste d' » Ordre Nouveau « .
Cette opération policière visait d’abord à répandre largement, une fois de plus, une image complètement déformée des Révolutionnaires et de la violence révolutionnaire, pour inciter les masses à s’en détourner. Et cela au moment où la bourgeoisie lançait ses flics, ses nervis à St-Etienne, à Besançon, à Fos, à Grasse, contre les ouvriers en lutte, partout où elle ne pouvait pas compter sur la collaboration des révisionnistes.
Il s’agissait de faire croire que les révolutionnaires n’avaient pas d’autre idéal que la violence pour la violence, pas d’autre but que de » casser du flic « , de brûler des cars de police-secours… Il s’agit d’autre part, de justifier et de multiplier les actes de contrôle des travailleurs en faisant passer la violence de classe des ouvriers en lutte pour des » provocations gauchistes « .
Mais l’opération avait en même temps, un autre but : en décrétant, à la suite du 21 juin la dissolution de la Ligue trotskiste, la bourgeoisie visait à désigner publiquement cette organisation en perte de vitesse comme le parti révolutionnaire, à redorer son blason.
Toute une série de groupe petits bourgeois trotskistes et néotrotskistes en tête, y compris » l’Humanité Rouge « , ont emboîté le pas à cette opération et ont pris, en chœur la » défense » de la Ligue.
Ce faisant, au nom de la lutte » antifasciste « , il ont appelé à s’accoler encore plus étroitement au P » C « F (et au PS) et leur ont permis au cirque d’Hiver, de se poser en défenseurs des » libertés « , en protecteurs de » l’extrême-gauche « . Ce faisant, ils ont tenté de colmater la brèche ouverte entre les révisionnistes et les travailleurs, et de détourner la classe ouvrière de la bataille contre la répression de ses luttes.
Krivine et Rousset en prison ; c’est le clou de cette opération. Après avoir façonné l’image de marque » révolutionnaire » de Krivine (élections présidentielles de 69, face à face avec STASI à la télé, longues déclarations à la radio après le 21 juin), la bourgeoisie le met quelques temps derrière les barreaux. Cela lui permet d’en faire un martyr et de mieux préparer sa publicité pour un éventuel procès, à la rentrée par exemple.
A vrai dire, la campagne pour la libération de Krivine, n’a rencontré pratiquement aucun écho parmi les travailleurs. Par exemple sur les marchés, les ouvriers indifférents aux slogans » Marcellin démission » soutiennent activement nos interventions contre les agressions racistes, contre les bombardements US au Cambodge.
Toutefois, cette mise en scène, cette manœuvre ne peut que semer la confusion. Elle a assez duré.
Halte à la politique hypocrite de la bourgeoisie !
Krivine, Rousset hors de prison !
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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe