[19 décembre 1970.]
Le peuple basque s’est levé avant l’aube, alors que depuis trente ans la nuit était sur l’Espagne.
Aucune torture, aucune souffrance, n’a pu arracher de son cerveau le désir de l’indépendance et de la liberté.
Les brutes aux uniformes gris et aux casques allemands n’ont pas non plus découvert les fusils et la dynamite enterrés.
Et voilà cinq ans, aux mains de quelques patriotes dont l’organisation E.T.A. se nomme L I B E R T É , les armes ont commencé leur oeuvre de vengeance.
La haine d’un peuple était un guide sûr, et elle a mené les partisans jusqu’au führer SS Meliton Manzanas – chef de la police du Guipuzcoa – abattu de plusieurs coups de revolver le 2 août 1968, car c’est ce que voulait la justice.
Le sang des bourreaux doit payer le sang des martyrs, tel est le prix de l’indépendance; c’est l’idée que les peuples aujourd’hui reconnaissent comme leur.
Dans l’appel de la Résistance venue des maquis du Pays basque, les mineurs catalans, les ouvriers madrilènes, toute l’Espagne de la liberté a reconnu sa propre voix.
Depuis, les rues de Burgos, de Barcelone, de Madrid ont retrouvé les rumeurs de leurs émeutes.
AMNISTIE! LIBERTÉ ! même durant la guerre contre les généraux félons, jamais l’Espagne ne s’était vue si unie : sur les barricades, dans les usines occupées que cerne la guardia civil, ils se reconnaissent : l’ouvrier et l’intellectuel, le mineur des Asturies et le métallo de Guipuzcoa – eux que durant trente ans Franco avait parfois pu dresser l’un contre l’autre…
Ecoutez ce que disent à Burgos nos camarades IZKO, URIARTE, ONAINDIA, GOROSTIDI, LARENA, DORRONSORO: « Je ne suis pas séparatiste, je suis nationaliste, et révolutionnaire internationaliste. »
« Je suis prisonnier de guerre, et je profite de cette occasion pour clamer l’oppression dont souffre le peuple basque! »
« Nous sommes les guérilleros basques! Pour libérer Euzkadi, notre sang est prêt! »
Vive la classe ouvrière espagnole.
Vive le Pays basque libre.
Ecoutez : le cri est le même, qui monte des barricades de Belfast avec la clameur des fusils irlandais. A Milan, à Berne, à Paris, les peuples de l’Europe ont compris l’appel de Burgos, ils ont répondu dans la rue.