Cela fait désormais une année que la Russie intervient militairement en Ukraine. Une année de conflit armé, où chaque jour il y a eu des soldats qui meurent, des bombes qui tombent, où la destruction est devenue reine, dans un processus assassin qui ne semble pas vouloir s’arrêter.
Et il n’y aura effectivement pas d’arrêt, car le conflit militaire en Ukraine est un aspect d’une troisième guerre mondiale qui a déjà commencé, avec en toile de fond l’affrontement entre la superpuissance impérialiste américaine hégémonique et son challenger, la superpuissance chinoise.
Cette effroyable compétition entre les deux puissances majeures qui forment le premier monde entraîne dans son sillage toutes les puissances secondaires formant le second monde.
Le troisième monde, le tiers-monde, forme quant à lui le butin.
L’Ukraine est un pays du tiers-monde, c’est une part du butin.
C’est cela la réelle raison du conflit militaire en Ukraine.
Les superpuissances et les puissances se placent pour disposer de la meilleure position mondiale possible. La Russie a pris l’initiative pour replacer l’Ukraine dans son orbite historique, la superpuissance américaine voit la possibilité de démanteler la Russie, la France entrevoit le moyen de reprendre pied en Roumanie, le Royaume-Uni aimerait se placer en Mer Noire notamment à Odessa…
Il faut se confronter à cette bataille pour le repartage du monde !
Prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous !
Un conflit militaire inéluctable dans le cadre de la crise générale du capitalisme
Nous avons averti du caractère inévitable du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine plus de six mois avant son commencement. Qui maîtrise le matérialisme dialectique est en effet capable de comprendre les tendances historiques.
Le mode de production capitaliste est en crise depuis 2020. La machinerie capitaliste d’accumulation de capital s’est enrayée avec la pandémie. Tout le système de production et de consommation continue à tourner, mais de manière perturbée, voire détraquée.
Cette crise générale a clairement modifié les mentalités, les points de vue, la situation économique, le rapport à la politique, la question militaire… Plus rien n’est pareil, et rien n’en finit plus de ne plus être pareil.
Cela précipite la bataille pour le repartage du monde. Et que voit-on du côté occidental ? Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?
Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».
Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !
Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme !
La guerre contre la Russie sert à renforcer la légitimité des régimes occidentaux
L’espoir de se « sauver » de la crise générale en utilisant l’Ukraine, puis la Russie, est immense du côté occidental.
C’est pourquoi nous avons pu voir, pendant cette première année de conflit militaire en Ukraine, que l’ensemble des forces politiques occidentales, à quelques très rares exceptions, a entièrement avalisé le discours comme quoi la Russie serait la seule menace et l’OTAN, à l’inverse, une force de paix et de concorde.
Il serait dans l’ordre des choses que l’OTAN fournisse absolument tout le soutien matériel possible au régime ukrainien, et il en irait de même pour les gouvernements des États-Unis et de l’Union européenne. Des milliards de dollars et d’euros sont ainsi donnés ou prêtés, ainsi que des armements, des informations stratégiques et tactiques, des conseillers spéciaux.
Les médias, dans leur totalité, déversent depuis une année, dans l’ensemble des pays impérialistes occidentaux, un tel bourrage de crâne que pour trouver un parallèle, il faut se tourner vers la guerre de 1914-1918.
La convergence des sociétés occidentales avec les projets impérialistes est complète. C’est tellement vrai que du côté de la gauche politique, et de la gauche de la gauche, on chercherait pratiquement en vain la thématique de la guerre en Ukraine, de l’escalade militaire de l’OTAN, des objectifs impérialistes de repartage du monde.
C’est véritablement l’Union sacrée, comme en 1914.
Contre la métropole impérialiste et le 24 heures sur 24 du capitalisme
Nous nous posons contre l’Union sacrée ; nous nous opposons à l’initiative de la superpuissance américaine de mise en place d’une structure militaire européenne homogène afin de participer à la guerre contre la Russie.
Nous sommes en mesure d’avoir ce positionnement, car nous savons faire la part des choses et voir comment la « vie politique et sociale » dans les pays impérialistes ne sort pas du cadre du capitalisme.
Les « événements » politiques ou sociaux qui se déroulent dans les pays impérialistes occidentaux n’entrent, absolument jamais, en conflit ou en rupture avec les bases fondamentales du régime.
L’exemple du mouvement actuel en France contre la réforme des retraites est révélateur : malgré la mobilisation de millions de personnes, il n’y aucune dénonciation ni du capitalisme, ni de la guerre impérialiste.
C’est inévitable, car le 24 heures du capitalisme exerce sa domination systématique sur la vie quotidienne des gens dans les pays impérialistes occidentaux.
L’aliénation au travail est massive, l’exploitation encore plus approfondie que par le passé au niveau des nerfs, de l’intellect. La dépolitisation est massive, les syndicats sont totalement imbriqués dans les institutions, le niveau de vie est élevé et la corruption par la propriété est massive.
Nous affirmons que, dans un tel cadre, celui des métropoles impérialistes, rien n’est possible sans rupture idéologique et culturelle, avec un poids accru de la subjectivité. Qui ne veut pas rompre sciemment avec le système resté lié à lui d’une manière ou d’une autre.
Cela souligne deux aspects nécessaires à toute politique révolutionnaire : l’autonomie prolétarienne vis-à-vis des institutions capitalistes, l’anti-impérialisme avec les intérêts du tiers-monde comme aspect fondamental de toute orientation politique.
C’est pourquoi il faut bien comprendre le sens de l’Histoire.
Si le régime ukrainien s’effondre, alors seulement tout est possible
Une victoire des pays occidentaux par l’intermédiaire du régime ukrainien, le démantèlement de la Russie, la fonctionnalisation de l’Ukraine et de la Russie dans le dispositif capitaliste occidental… relanceraient le capitalisme pour une période d’une, deux, plusieurs décennies.
Un triomphe fournirait aux peuples du monde l’enseignement, temporaire mais effectif, de la supériorité militaire, technologique, stratégique des pays occidentaux. Ce serait un équivalent de la victoire occidentale sur l’Irak en 1990-1991.
L’ordre mondial témoignerait alors de sa stabilité dans les faits, de sa possibilité de toujours se rattraper. Ce serait, après la neutralisation des effets économiques apparents de la pandémie, une preuve, formelle mais puissamment subjective, du caractère « invincible » du capitalisme occidental, de son mode de vie.
Inversement, l’effondrement du régime ukrainien montrerait que les pays occidentaux ne sont pas tout-puissants. Cela indiquerait qu’un pays peut bien choisir de passer entièrement dans la subordination à la superpuissance américaine, mais que cela ne le sauverait pas pour autant.
Si le régime ukrainien sauve sa tête, il servira d’exemple aux autres pays : la seule possibilité de « développement » serait l’intégration des initiatives impérialistes. Si le régime ukrainien tombe, cela exprimera l’impuissance occidentale et le fait que ce n’est pas une voie réalisable que de se vendre à la superpuissance américaine.
La chute du régime ukrainien correspond ainsi à une exigence historique, à l’époque de la chute de la suprématie du bloc capitaliste occidental ! Et du point de vue communiste, cela correspond à une vague montante, nouvelle : celle de la révolution mondiale parallèlement à la décomposition de l’ordre mondial défini par l’impérialisme.
Indépendance stratégique et lutte contre son propre impérialisme
Les communistes doivent toujours se fonder sur l’indépendance stratégique. Des pays comme la Russie et la Chine ont leur propre agenda, qui correspond à leurs intérêts en tant que grandes puissances. La Chine veut être la superpuissance dominante, la Russie réussir à tenir son rang en forçant à une nouvelle configuration « géopolitique ».
Cela peut sembler aller de soi, mais il est des forces politiques, qu’on dénomme souvent « campiste », qui ne maîtrisent en rien la dialectique et qui considèrent de manière unilatérale que tout ce qui s’oppose à la superpuissance américaine serait positif par essence. Ce sont souvent des gens qui en arrivent au raisonnement absurde que les attentats du 11 septembre 2001 auraient possédé une dimension « anti-impérialiste ».
Ni la Russie, ni la Chine ne sont en réalité des acteurs directs ou indirects de la révolution mondiale. Leurs activités jouent simplement un rôle dissolvant dans le cadre de la dégénérescence historique du mode de production capitaliste et de l’ordre impérialiste.
Il est significatif à ce niveau que face à la Russie, de nombreux pays ne s’alignent plus sur la superpuissance américaine, à l’instar du Brésil, de la Turquie, du Mexique, de l’Arabie Saoudite.
Les initiatives politiques et militaires russe, chinoise, comme sud-africaine, brésilienne, turque, mexicaine, iranienne ou encore des pays du Golfe… correspondent à l’élévation particulière des forces productives à l’échelle mondiale depuis 30 ans et de toute une série de contradictions nouvelles qui apparaissent.
C’est là une des expressions d’une situation mondiale où tout se dérègle en quantité : réchauffement climatique, développement exponentiel de la consommation de viande, expansion à marche forcée de l’urbanisation, destruction massive des écosystèmes, effondrement de la vie sauvage, accroissement de la pollution industrielle et chimique.
Plus rien ne tient dans la situation mondiale. C’est l’effondrement du capitalisme comme « civilisation ».
Et dans ce cadre, la fin du mode de vie occidental, de l’hégémonie occidentale, est un premier pas vers la grande remise en cause historique du capitalisme à l’échelle mondiale.
L’isolement anti-guerre comme Rosa Luxembourg
Il n’y a aucun mouvement de masse de dénonciation de l’OTAN dans aucun pays occidental ; tout au mieux y a-t-il des embryons de revendications pacifistes, qui assument toutefois de ne surtout pas se confronter à la question de fond, qui est celle de la situation mondiale, de la bataille pour le repartage du monde.
C’est une situation catastrophique, mais cela ne change en rien la nécessité révolutionnaire, qui est de suivre l’exemple de Rosa Luxembourg pendant la première guerre mondiale.
Isolée politiquement dans une Allemagne militarisée et militariste, trahie par une social-démocratie passée dans le camp de la guerre impérialiste, accusée de collaboration avec l’ennemi, frappée par la répression, elle n’en a pas moins levé le drapeau rouge et affirmé que l’ennemi était dans son propre pays.
Nous devons suivre son exemple, se rappeler l’adversité qu’elle a connu. C’est à ce prix que peut être maintenue la ligne rouge pour la prochaine séquence historique.
Il faut maintenir les fondamentaux. L’aspect politique principal dans les pays occidentaux est la lutte contre son propre impérialisme.
Il ne s’agit pas, comme le font les opportunistes, de critiquer la guerre de temps en temps, comme un arrière-plan militariste qui serait somme toute secondaire. Il ne s’agit pas non plus de dénoncer la guerre en général, en évitant soigneusement de se focaliser essentiellement sur son propre impérialisme.
Il ne s’agit certainement pas de faire le portrait neutre d’une situation où l’on met les forces dos à dos. Il s’agit d’oeuvrer à l’effondrement du régime en place, à sa défaite militaire.
Arborer, défendre et appliquer, principalement appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme !
L’adversité politique complète que connaît le camp révolutionnaire depuis le tout début des années 1990 tient au développement général des forces productives dans le cadre du capitalisme.
L’intégration des pays de l’Est de l’Europe dans le capitalisme occidental à la suite de l’effondrement du social-impérialisme soviétique a joué un rôle essentiel. Le rôle majeur est bien sûr l’intégration de la Chine au marché mondial, dans le prolongement de la prise du pouvoir par le révisionnisme à la suite de la mort de Mao Zedong en 1976.
Un autre aspect tient bien entendu au développement technologique, avec l’informatique, le numérique en général.
Le 24 heures sur 24 du capitalisme s’est terriblement développé, approfondi, systématisé, enserrant encore plus les prolétaires dans le mode de production capitaliste. C’est également vrai, de manière plus relative toutefois, dans les pays du tiers-monde.
Mais les choses se transforment en leur contraire. La situation mondiale actuelle est un chaos en développement, prix à payer pour ce développement du capitalisme depuis trente ans.
C’est pourquoi nous affirmons que notre ligne est juste : ce qui compte, c’est le maintien de la proposition stratégique communiste, avec ses fondamentaux que sont le matérialisme dialectique comme science et le marxisme-léninisme-maoïsme comme idéologie.
Un immense espace s’ouvre, appelant à un saut qualitatif d’envergure historique, une rupture révolutionnaire exigeant la formation d’une nouvelle Humanité, d’une nouvelle Culture assumant le meilleur de l’héritage des siècles passés, en harmonie avec la Biosphère, les yeux tournés vers le Cosmos.
Le 21e siècle appartient aux masses mondiales, qui vont mettre à bas le mode de production capitaliste à l’échelle de la planète.
L’ennemi est dans notre propre pays : contre l’intervention politico-militaire intégrée du camp occidental contre la Russie !
Contre les projets d’asservissement de l’Ukraine et de la Russie par la superpuissance américaine pour résorber la crise générale du capitalisme !
Face à la troisième guerre mondiale, la guerre populaire mondiale !
Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)
Février 2023