URC (MLM) – DAVID BENQUIS, « Camarada Velásquez », Brève ébauche et évaluation de sa vie révolutionnaire

La principale contribution de David Benquis à la lutte pour la libération de la classe ouvrière et du peuple chilien fut d’avoir été l’un des fondateurs et le principal dirigeant d’un parti authentiquement marxiste-léniniste, pleinement basé sur la pensée de Mao Zedong : le Parti Communiste Révolutionnaire (PCR).

Le PCR a été la tentative la plus sérieuse (de 1966 à 1980) pour développer un parti politique qui représente pleinement les intérêts objectifs du prolétariat chilien sur le plan idéologique, politique et organisationnel.

En signalant que le PCR fut la tentative communiste la plus avancée du Chili, nous ne nions pas les efforts et les expériences d’autres communistes, qui depuis longtemps ressentaient l’absence d’un parti révolutionnaire appliquant une ligne politique conséquente.

Au contraire, notre obligation en tant que communistes est de rechercher quelles ont été les faiblesses et les limitations qui ont empêché le succès de ces tentatives, y compris l’expérience du PCR.

David Benquis ne s’est jamais lassé de propager cette vérité : la seule façon de résoudre la contradiction entre le peuple chilien opprimé et l’impérialisme et ses alliés oppresseurs, c’est la Guerre Populaire.

Bien que le PCR dont il était à la tête ne réussit pas à déclencher la lutte armée, cette expérience échouée nous a laissé en héritage : un Programme communiste révolutionnaire (qui pourrait être considéré comme le premier programme authentiquement communiste au Chili), une stratégie consistant en la révolution démocratique populaire, quelques éléments pour la ligne militaire au Chili, en plus d’une abondante documentation dans laquelle on peut déjà percevoir la perspective maoïste.

Dans ces documents, on trouve synthétisées les expériences de centaines de militants anonymes, courageux et persévérants qui ont donné une partie importante de leur vie dans le travail interne du Parti, dans le travail de masses parmi les ouvriers, les paysans et les Mapuches, dans la lutte contre le révisionnisme, dans le travail international, etc.

Dans l’histoire du mouvement ouvrier et communiste mondial, on peut trouver des cas innombrables d’échec. 

Au milieu de tous ces échecs, seuls quelques uns ont une signification historique particulière et très spéciale, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas des échecs ordinaires, mais revêtent, de par leurs circonstances, leurs implications, et tous leurs enjeux, un caractère extraordinaire.

Ils sont des annonces du nouveau, de quelque chose qui n’a pu réussir à se déployer ou à culminer pleinement, mais qui marque d’une empreinte indélébile la direction dans laquelle doit marcher et marche la révolution prolétarienne.

Ils signifient, tout à la fois, le glas qui sonne la mort des classes réactionnaires.

Quelques exemples de cela sont la Commune de Paris en 1871, la révolution russe de 1905, la Révolution allemande de 1918-19, l’Insurrection de Canton en Chine en 1927.

Tous ces exemples sont des échecs qui ont servi et qui serviront certainement de base à des succès révolutionnaires futurs.

A notre avis, l’expérience du PCR a une telle importance au Chili.

Elle a tracé la voie pour la fondation d’un nouveau Parti Communiste du Chili, cette fois clairement marxiste-léniniste- maoïste.

Dans cette circonstance, la situation nationale et internationale est, pour les maoïstes chiliens, très différente de celle qui existait il y a 50 ans.

A cette époque, les communistes révolutionnaires ne s’étaient pas complètement défaits des tares révisionnistes ni des idées métaphysiques contaminant ceux qui prétendaient arborer le marxisme- léninisme en tant que pensée-guide.

N’existait pas non plus l’expérience sur la question de savoir comment résoudre le problème du déclenchement de la lutte armée sans tomber dans la tentation du foyer de guérilla, isolé des masses.

Aujourd’hui, la situation est tout autre. Le maoïsme est engagé dans l’offensive révolutionnaire mondiale, malgré quelques revers et de l’apparition en son sein de courants révisionnistes et capitulards.

Les expériences des guerres populaires au Pérou, Népal, Turquie, Philippines et Inde en attestent.

Elles sont un appel clair, un signal d’encouragement au prolétariat, aux peuples du monde pour qu’ils se rebellent, se soulèvent les armes à la main, pour qu’ils mettent à terre l’impérialisme et ses alliés, pour qu’ils s’emparent du pouvoir pour eux-mêmes.

David Benquis, « camarade Velásquez » dans la période de démocratie bourgeoise, « camarade Ernesto » pendant la dictature militaire fasciste, ou « le pelé » comme ses camarades l’appelaient familièrement, n’a pas vécu la liquidation du PCR.

Le cancer, maladie cruelle et douloureuse, lui arracha la vie, des années avant la disparition de son cher Parti.

A celui-ci, il consacra ses plus grands efforts, cherchant à le développer pour en faire un instrument efficace pour la révolution, le protégeant de l’action corrosive des idées économistes qui le subordonnaient à l’activité purement syndicale, le protégeant aussi du sectarisme qui l’isolaient des masses.

Avec ses camarades, dans la direction du Parti, il dut affronter l’activité fractionnelle de quelques dirigeants du Comité Central et de quelques comités régionaux, qui surgissait de temps en temps pour s’opposer à la ligne politique générale tracée lors du Congrès Constitutif.

David Benquis était un camarade au caractère ferme. Energique pour faire passer à la pratique les accords conclus, inflexible quand il fallait défendre les principes, dur avec les ennemis déclarés, enthousiaste et emphatique quand il exposait ses idées.

Rien qu’au vu de sa personnalité, il est impensable d’imaginer qu’il aurait pu le moment venu accepter l’idée de dissoudre ou de liquider le Parti, auquel il considérait que sa propre vie était liée.

L’incompréhension du marxisme-léninisme et de son étape maoïste, en tant que science de la révolution prolétarienne, l’abandon du point de vue des intérêts objectifs du prolétariat, la démoralisation provoquée par les défaites successives dans le mouvement communiste international alors en formation, etc., pourraient être dans l’ensemble ce qui explique le désastre.

Un fait est indéniable : tout cela reflète un affaiblissement profond, idéologique et politique. Il appartient aux maoïstes chiliens d’aujourd’hui d’élucider ce fait historique et d’en tirer les leçons qui s’imposent.

La contribution idéologique et politique de David Benquis à la cause de la révolution communiste au Chili semble minuscule, aussi insignifiante qu’un pignon d’araucaria [pin du Chili].

Cette semence communiste révolutionnaire, qui fut semée au Chili de ses propres mains, germera dans une terre fertile, arrosée du sang et de la sueur de la classe ouvrière et du peuple révolutionnaire.

Cette semence rouge, sans aucun doute, croîtra et se fortifiera dans la lutte révolutionnaire tel un pin puissant défiant les tempêtes.

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Février 2008

=>Retour aux documents de la bataille anti-révisionniste
au Chili (1960-1980)