Si nous communistes pensions que le Mouvement Communiste International (MCI) et les organisations qu’il génère sont ou doivent être comme un bloc de granit, monolithique et sans aucune fissure, nous commettrions une erreur de subjectivisme, qui nous conduirait à nier le fait qu’en son sein se reflète inévitablement la lutte des classes qui se développe continuellement dans la société divisée en classes.
Même le granit le plus dur subit les effets des tempêtes.
Les eaux et les vents le fouettent et l’érodent, mais à la différence de la roche, nous communistes pouvons défendre notre cohésion idéologique et politique au moyen de la lutte de lignes, diminuant les effets négatifs des tentatives d’érosion révisionniste à l’intérieur des organisations communistes.
Aujourd’hui, les graves événements qui sont en train de se dérouler au Népal depuis 2006 et qui mènent à la liquidation totale de la Guerre Populaire dans ce pays, nous indique le surgissement d’un nouveau courant révisionniste, cette fois-ci à l’intérieur même du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI), organisation communiste internationale, fondée en 1984, qui a déclaré formellement son adhésion aux principes du maoïsme, le reconnaissant en 1993 comme l’étape actuelle du développement du marxisme-léninisme. De même, le MRI a reconnu formellement la Guerre Populaire (GP) comme la voie de la prise du pouvoir par le prolétariat, à la tête des classes révolutionnaires.
La face émergée de ce courant révisionniste du 21ème siècle apparaît aujourd’hui en la personne du président du Parti Communiste du Népal (maoïste), Prachanda, et de sa direction.
Ces nouveaux révisionnistes prétendent remplacer la révolution, développée au travers de la GP, par des élections gouvernementales et parlementaires, avant d’avoir détruit le vieil appareil d’Etat.
Or au Népal, la monarchie féodale, la grande bourgeoisie, les expansionnistes indiens et l’impérialisme continuent à maintenir le pouvoir.
L’abandon de la GP de la part des prachandistes a donné de la stabilité aux réactionnaires.
Et même si ces derniers sacrifiaient la monarchie, cela ne changerait rien. Car c’est seulement l’avancée de la GP qui garantit que le pouvoir change vraiment de main.
Devant le surgissement de ce courant révisionniste, nous communistes ne pouvons rester impassibles et nous croiser les bras en silence au bord de la route, spectateurs d’une trahison qui avance devant nos yeux.
Si cela était, nous serions de vils complices des néfastes révisionnistes népalais.
Et ce serait pire si nous leur donnions notre soutien.
Nous maoïstes authentiques, que nous fassions ou non partie du MRI, nous sommes obligés d’unir nos voix, nos efforts et nos forces pour démasquer ces nouveaux révisionnistes et tous ceux qui lèvent trompeusement la bannière rouge du maoïsme, mais qui au fond la combattent.
Les nouveaux révisionnistes suggèrent que la situation internationale a changé, que la révolution de nouvelle démocratie correspond à un autre moment historique, et que pour analyser correctement les événements actuels dans le monde, il faudrait une « rupture épistémologique » avec le déterminisme, pour ainsi comprendre qu’aujourd’hui nous sommes dominés par un « super- impérialisme ».
Ces maoïstes en parole exigent une autre vision, « plus actualisée », pour l’avancée de la révolution dans le monde.
A titre d’exemple de cette lutte qui se livre à l’intérieur du MCI, nous pouvons citer le commentaire rédigé par le service d’information d’Un Monde à Gagner, la revue non-officielle du MRI, à l’occasion du 12è anniversaire de la Guerre Populaire au Népal (déclenchée le 13 février 1996).
Ce commentaire, daté du 11 février 2008 et ayant pour titre « Le 12è anniversaire de la Guerre Populaire au Népal et son résultat en suspens », fut traduit et publié (sans aucun commentaire ou observation annexe) par le journal REVOLUTION, organe officiel du Parti Communiste Révolutionnaire des USA.
Ce fait est significatif, puisque cet organe avait gardé un silence complet depuis les négociations de Prachanda avec l’alliance des sept partis bourgeois il y a deux ans.
Le commentaire en question tente non seulement d’expliquer le processus électoraliste dans lequel s’est immergé le PCN(M) depuis la signature des « accords de paix » (qui ont entraîné le cessez-le- feu, la démobilisation, la fragmentation et l’internement dans des camps surveillés de la victorieuse Armée Populaire de Libération (APL) dirigée par le PCN(M), le démantèlement des zones libérées et des organes de nouveau pouvoir qui s’y construisaient, etc.).
Ce faisant, le commentaire justifie la voie empruntée par les révisionnistes prachandistes.
Le commentaire reconnaît les avancées grandioses et les changements impliqués par la GP dans la vie des masses exploitées du Népal.
Cependant, il intègre le processus électoral qui a été proposé de façon répétée) dans la continuité du processus révolutionnaire initial.
Il ne le considère pas comme un coup d’arrêt imposé à celui- ci. Il ne le considère pas comme la liquidation de la GP, mais comme une nouvelle étape de la lutte révolutionnaire.
Les révisionnistes prachandistes ont intégré le gouvernement provisoire en avril 2007, s’en sont retirés en septembre (pour faire pression sur les autres partis bourgeois et révisionnistes) et à la fin 2007, ils ont repris des charges gouvernementales de « rang mineur ».
La nouvelle date prévue pour élire le gouvernement et l’assemblée constituante (censée donner lieu à des changements révolutionnaires) a été fixée pour le 10 avril 2008.
Pour le service d’informations d’Un Monde à Gagner, cette situation appelle le commentaire suivant : « Ce qui doit se décider désormais, c’est quelle classe se consolidera au pouvoir et quel système économique prévaudra… »
Cela revient à accepter que l’avenir de la révolution népalaise sera décidé électoralement, par « volonté populaire », « pacifiquement », « sans coûts majeurs ».
Ils ne tiennent pas compte du fait que le pouvoir des classes dominantes reste intact.
De plus, avec leur renoncement à la lutte armée, les prachandistes ont contribué à renforcer ce pouvoir contre-révolutionnaire, créant ainsi une situation qui facilite la répression des masses et des cadres révolutionnaires qui luttent encore.
Les classes réactionnaires ne sont pas endormies, dans l’obscurité de la nuit, elles aiguisent leurs couteaux de bouchers.
Elles conspirent contre le peuple népalais parce qu’elles savent que c’est leur existence qui est en jeu.
Le service d’informations d’Un Monde à Gagner, embarqué dans la logique révisionniste de Prachanda et de sa clique, explique dans son commentaire que : « le problème fondamental au Népal est : quel genre d’Etat remplacera la monarchie haïe et déconsidérée? »
Pour ces révisionnistes, le problème fondamental, ce n’est plus le pouvoir, ce n’est plus de savoir qui a le pouvoir.
Pour eux, le pouvoir n’est plus au bout du fusil.
Il est désormais au bout des arrangements passés avec des secteurs de la grande bourgeoisie népalaise qui n’ont rien de révolutionnaires ou de nationalistes, mais qui sont au contraire de fidèles alliés de l’impérialisme anglo-yankee et des expansionnistes indiens.
Ces mêmes secteurs bourgeois ont pareillement été de très proches collaborateurs de la monarchie, gouvernant avec elle pour exploiter le peuple et réprimer dans le sang sa lutte révolutionnaire.
Parmi ces collaborateurs contre-révolutionnaires du roi, on trouve le Parti Communiste Népalais (marxiste-léniniste unifié), vieux parti révisionniste qui a combattu furieusement la guerre popualire alors qu’il était au gouvernement et qui désormais est un des alliés les plus proche des révisionnistes prachandistes dans leur tentative de transformer pacifiquement un système monarchique de gouvernement en un système républicain bourgeois au Népal, pays qui maintient sa structure de classe et sa condition semi-coloniale et semi-féodale.
Le révisionnisme prachandiste ne peut plus être considéré comme une simple déviation droitière au sein du MCI.
Il a cessé d’être un simple positionnement théorique opportuniste, pour passer dans les faits.
Ce passage fut concrétisé à partir de 2001, avec des cessez- le-feu successifs et des négociations avec la monarchie.
Suivirent les négociations avec les sept partis bourgeois et petit bourgeois, avec lesquels fut passé un accord qui culmina avec la signature des « accords de paix » sous les auspices des Nations Unies (organisme international sous les contrôle des impérialistes).
Pour finir, la direction prachandiste mit en pratique ces accords.
a) Il a démobilisé la victorieuse Armée Populaire de Libération, composante de base de l’Etat de Nouvelle Démocratie qui se construisait dans les zones libérées.
Il l’a morcelée et l’a confinée dans des camps parfaitement localisables et contrôlables par l’ennemi de classe.
Il l’a désarmée et a emmagasiné ses armes dans des conteneurs fermés (où la rouille les rend inutilisables).
Il l’a exposée à une situation précaire, sans vivres ni médicaments suffisants, et recevant de la part de l’Etat réactionnaire un salaire ridicule (moyens par lesquels la grande bourgeoisie et l’impérialisme cherchent à parachever la destruction du moral révolutionnaire des combattants).
b) Il a dissout les organes de pouvoir créés par le Parti et les masses révolutionnaires au cours de la croissance de la Guerre Populaire (comités populaires, tribunaux populaires, etc.).
Il a accepté la réinstallation dans les zones libérées par la GP des anciens postes de police de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien (contre la volonté et les intérêts des masses révolutionnaires).
Sans l’APL, le peuple népalais ne peut réaliser ses volontés et l’option offerte par les prachandistes ce sont les « élections démocratiques » qui ne garantissent aucunement la fin de l’oppression.
Avec cette manoeuvre, la contre-révolution tente de détruire la volonté révolutionnaire du peuple népalais.
c) Il a détruit le caractère révolutionnaire (bolchévik) du PCN(M) en l’adaptant au système électoral convenu avec les partis bourgeois et révisionnistes.
Ainsi, une grande partie de ses dirigeants participent en tant que parlementaires à l’Assemblée provisoire et comme ministres du Gouvernement Provisoire.
Se pose même la question de la candidature de Prachanda comme président d’un futur gouvernement élu par « suffrage universel ».
Pendant ce temps, ces révisionnistes reçoivent des salaires et des privilèges de la part du vieil Etat, dans le but des les soudoyer, de les corrompre et des les assimiler au système de domination qui s’exerce sur le peuple népalais.
Tout cela, ce sont des faits concrets, ce sont des motifs plus que suffisants pour placer Prachanda et sa clique dirigeante dans le camp de la contre-révolution, en tant qu’ennemi de la classe ouvrière et du peuple du Népal, en tant qu’ennemis du MCI.
Le sang versé sur les champs de bataille par les cadres et combattants héroïques du PCN(M), par les combattants de l’APL, par le prolétariat et le peuple révolutionnaire ne doit pas avoir coulé pour rien.
Il revient aux authentiques communistes (maoïstes) népalais de reconstituer le PCN(M) comme parti de la classe ouvrière et de reprendre le chemin de la Guerre Populaire pour prendre le pouvoir et établir l’Etat de Nouvelle Démocratie.
Il revient aux communistes (marxistes-léninistes-maoïstes) du monde d’unir leurs forces pour contrer le courant révisionniste du 21ème siècle surgi à l’intérieur du maoïsme, dont la tête visible est aujourd’hui Prachanda.
Il devient nécessaire pour cela de développer un grand débat international pour démasquer ces nouveaux révisionnistes, pour conjurer le péril que surgissent et se développent des lignes opportunistes de droite partisanes d’abjurer le chemin de la GP et de se regrouper autour du révisionnisme prachandiste.
Aujourd’hui dans le MCI (marxiste-léniniste-maoïste), des voix se sont élevées pour condamner fermement la trahison des prachandistes.
Il y en a d’autres qui la défendent par ignorance, ou bien parce qu’ils épousent complètement ses points de vue liquidateurs.
Il reste enfin ceux qui restent silencieux par opportunisme ou parce qu’ils sont vacillants.
Quoiqu’il en soit, le débat doit être mené.
Les effets de la trahison prachandiste ne sont pas irréversibles, c’est un détour sur le chemin comme le signalait le président Gonzalo au moment de son arrestation et sous les coups de la réaction péruvienne.
Dans les événements qui se déroulent au Népal, bien qu’ils soient fort négatifs, existent des aspects très positifs et encourageants : le Népal est devenu un foyer bouillonnant de luttes de masse de tout type, pourvues de divers objectifs.
Bien qu’elles manquent d’une direction révolutionnaire unifiée, ces luttes indiquent la présence d’une lutte de classe aiguë.
En outre, il y a eu des manifestations de rébellion au sein du PCN(M) face à la politique imposée par les prachandistes.
Il faut aussi considérer la position du Népal sur la carte du monde.
C’est justement en Asie du sud que se développe puissamment la Guerre Populaire dirigée par le Parti Communiste d’Inde (Maoïste), qui encouragera nécessairement la renaissance de la GP au Népal.
D’autre part, nous maoïstes d’Amérique Latine sommes témoins des succès obtenus par le Parti Communiste du Pérou dans le dépassement du détour et dans la tâche difficile de se doter d’une direction reconnue et éprouvée au coeur de la Guerre Populaire.
Tout cela servant la révolution mondiale.
Les véritables communistes (mlm) népalais se sont pas seuls, ils sont épaulés pleinement par le MCI (mlm) et avec son soutien combatif, ils renverseront leur situation.
Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)
Mars 2008
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au Chili (1960-1980)