Discours de Victor Vesnine, président de l’Union des Architectes Soviétiques. Il s’agit de l’introduction de la 5e conférence de la direction de l’Union, qui s’est tenue à Moscou du 1er au 4 juillet 1939, avec comme thème central le Palais des Soviets : le rapport à la communauté des artistes, la conception et les matériaux, l’architecture intérieure, les sculptures, la peinture monumentale, la statue de Lénine.
Notre conférence de travailleurs des trois arts – architectes, sculpteurs et peintres – est consacré à la question la plus importante de la vie de l’art soviétique – la question de la construction du Palais des Soviets.
Le Palais des Soviets est un monument au chef de l’humanité, le grand Lénine, un monument à notre époque historique, lorsque le pays des Soviets, non pas dans les rêves, mais en réalité, a construit une société socialiste sans classes.
Ce monument doit refléter la hauteur de l’esprit humain, de la pensée, de la créativité dont est capable un peuple libéré de l’esclavage du capitalisme.
Les trois arts, unis ensemble, doivent capturer le chemin glorieux parcouru, le chemin de la lutte, le chemin des réalisations et des victoires, le chemin du progrès constant vers le communisme sous la direction avisée de l’ami de Lénine, le grand successeur de son œuvre, le camarade Staline .
Le Palais des Soviets est un événement marquant dans la construction de notre culture socialiste.
Dans une société socialiste sans classes, les questions d’art, les questions de beauté, les choses qui ornent la vie, la rendent plus pleine, plus joyeuse, sont mises à l’honneur.
La pensée créative d’un millier d’artistes, inspirés par l’idée de créer une œuvre digne de notre époque remarquable en grandeur, devrait apporter des résultats fructueux, de grandes victoires sur le front de l’art soviétique.
Si les réalisations de maîtres individuels dans le domaine de la créativité artistique font avancer l’art, alors quelle doit être l’impulsion pour un effort collectif et concentré de la volonté vers un objectif clairement défini.
Le Palais des Soviets est construit par tout le pays, par tout le peuple. Le Palais des Soviets sera vu et visité par des milliers, des millions de personnes. Le cœur de chaque participant à la grande construction socialiste de notre pays tend vers Moscou. Le cœur de tous ceux qui aiment le pays du socialisme, qui croient que c’est à Moscou que se trouve le bonheur futur de l’humanité, tend la main vers Moscou.
Tous ceux qui ont visité Moscou, qui ont visité le Palais des Soviets, emporteront avec eux, répandront dans le monde une nouvelle compréhension humaine de la vie, emporteront avec eux le souvenir de l’art du socialisme. Les graines de l’art socialiste se planteront solidement sur un sol fertile et porteront des fruits abondants.
Dans les pays du capitalisme, cet art va révolutionner, pousser sur la voie que suit le pays des soviets. Dans notre pays, il inspirera de manière créative, cultivera l’amour pour la patrie et stimulera le désir de travailler pour sa prospérité.
La construction du Palais des Soviets sera aussi une immense école par laquelle passeront des centaines et des milliers de maîtres de la technologie, de l’art et de la construction.
Cela aura un impact énorme sur la croissance de toute notre culture. En cultivant le goût et l’habileté des bâtisseurs-artistes qui travaillent directement sur le Palais des Soviets, cette construction créera de nouveaux cadres qui appliqueront leur savoir et leur art à d’autres édifices publics.
Et cela, à son tour, aura une forte influence éducative sur les vastes masses de millions, développant en eux un amour pour la beauté, développant leur goût artistique, élevant leur niveau culturel.
Une telle importance du Palais des Soviets impose une responsabilité colossale à tous les participants à sa construction.
Le Palais des Soviets, érigé dans la capitale de l’État soviétique, est le plus grand bâtiment de l’histoire de l’architecture mondiale. Mais ce palais diffère de toutes les autres structures monumentales non seulement par sa taille, mais aussi par la profondeur de l’idée qui y est investie.
Pour que cette idée soit incarnée de la manière la plus vivante et la plus expressive, les seuls efforts créatifs de l’architecture ne suffisent pas. Tous les types de création artistique et, en premier lieu, les beaux-arts, la peinture, la sculpture et l’industrie de l’art doivent participer à la création de cette structure.
Seule la coopération créative de tous ces arts avec l’architecture peut résoudre l’énorme problème de la création d’un palais du peuple, véritable monument de notre époque héroïque.
Déjà dans l’idée même du Palais des Soviets, en tant que monument à Lénine, il existe une solution synthétique des problèmes architecturaux. La sculpture de Lénine est à la base de toute l’image artistique du Palais.
La synthèse des arts se poursuit à la fois dans toute l’architecture extérieure et dans les intérieurs du Palais les images de la peinture sont particulièrement développées. Au moyen de la peinture, on peut révéler l’idée ancrée dans ce monument d’une manière particulièrement complète et diversifiée.
Mais pour que la coopération des arts produise des résultats à part entière, nous devons tous réfléchir ensemble aux questions les plus importantes de l’ordre créatif et aux questions organisationnelles non moins importantes.
Quelles doivent être les formes de notre travail en commun pour qu’un collectif, nombreux dans sa composition, soit uni par des méthodes de création communes ?
Toutes les tâches associées au Palais des Soviets sont si complexes et grandioses qu’elles nécessiteront un travail collectif pour chaque partie séparée, pour chaque intérieur individuel.
Parallèlement à l’organisation du travail au sein de chaque équipe, il sera nécessaire d’organiser l’interconnexion des équipes individuelles entre elles.
La conférence devra faire un certain nombre de propositions sur la manière d’établir cette connexion, sur la manière d’assurer la participation du sculpteur et du peintre au travail de conception de l’architecte et la participation de l’architecte à la création de compositions picturales et sculpturales.
Cette participation mutuelle ne doit en aucun cas signifier limiter les possibilités de chaque art au profit de l’autre. Au contraire, ce travail commun devrait enrichir mutuellement les maîtres des différents types d’art et amener leur créativité à une certaine unité.
L’expérience nous montre de manière assez convaincante que la désunion d’une œuvre conduit inévitablement à des altérations ultérieures, à la nécessité de lier artificiellement les éléments individuels de l’œuvre.Cela ne devrait absolument pas avoir lieu dans un objet tel que le Palais des Soviets.
La coopération des arts dans notre compréhension implique l’égalité et l’équivalence de chaque art. Chaque branche de la créativité artistique doit réaliser pleinement toutes ses possibilités. Toutes les conditions doivent être réunies pour que les caractéristiques individuelles de chaque branche de l’art et de chaque maître soient le plus clairement révélées. C’est un préalable indispensable à une véritable communion des arts.
Pour le succès créatif de cette communauté, un principe unificateur est nécessaire. Puisque nous parlons d’une structure, d’un bâtiment, ce principe unificateur est une architecture, un architecte.
Le chef d’orchestre est appelé à souder ensemble l’ensemble complexe des individualités.
Le soliste de l’orchestre, lorsqu’il interprète la mélodie principale, est individuel, se manifeste comme un tout, crée librement, mais cette liberté est encore limitée par l’intégrité de l’ensemble de l’œuvre. Et le chef doit pouvoir trouver cette subordination de l’individualité à la tâche collective de l’ensemble.
Dans la symphonie la plus complexe du Palais des Soviets, tout doit être en place, tout doit sonner plein, avec toute la puissance du talent. Mais en même temps, tout doit être calculé de manière à ce que l’essentiel soit vraiment l’essentiel, l’essentiel est au premier plan, pour que tout soit subordonné au motif principal.
Dans le travail collectif, le personnel est subordonné à l’idée générale, et plus chaque participant ressent le besoin de cette subordination, plus le travail du collectif se perfectionne.
Notre conférence est suivi par des maîtres de la culture soviétique de divers types de travail créatif. Il y a des gens de science ici, des gens de connaissance exacte. Leur participation aux travaux du plénum est très précieuse : leur expérience et leurs réflexions permettront de poser et de résoudre un certain nombre de problèmes importants.
Cela renforcera l’importance du Palais des Soviets en tant que monument culturel de notre époque, qui reflétera le haut niveau de nos connaissances et de notre science. Des artistes de la parole — écrivains, poètes — participent à notre conférence. Leur participation créative contribuera à saturer d’un riche contenu l’image du Palais des Soviets.
La participation à notre conférence de nombreux représentants de toutes les branches du travail créatif sera d’une grande aide dans la construction de cette structure grandiose, conçue pour capturer l’image lumineuse de notre pays pendant des siècles.
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