Programme de travail et d’action du PC Français au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

§1. La tâche la plus pressante du Parti est d’organiser la résistance du prolétariat à l’offensive du Capital, qui se déploie en France comme dans les autres grands État industriels.

La défense de la journée de huit heures, la conservation et l’augmentation des salaires acquis, la lutte pour toutes les revendications économiques journalières constituent la meilleure plate-forme pour rassembler le prolétariat dispersé, lui rendre la confiance en sa force et en son avenir.

Le Parti doit immédiatement prendre en mains l’initiative des mouvements d’ensemble susceptibles de faire échec à l’offensive du Capital et de rendre à la classe ouvrière la notion de son unité.

§2. Le Parti doit mener campagne pour mettre en évidence devant les travailleurs l’interdépendance du maintien de la journée de huit heures et de la sauvegarde des salaires, la répercussion inévitable de l’une de ces revendications sur l’autre.

Il doit saisir comme possibilités d’agitation, non seulement les menées du patronat, mais aussi les atteintes portées par l’État aux intérêts immédiats des ouvriers, comme par exemple l’impôt sur les salaires, et toutes les questions économiques intéressant la classe ouvrière, telle que l’augmentation des loyers, les impôts de consommation, les assurances sociales, etc.

Le Parti entreprendra une active campagne de propagande dans la classe ouvrière pour la création de Conseils d’usines englobant l’ensemble des travailleurs de chaque entreprise, qu’ils soient ou ne soient pas déjà organisés économiquement ou politiquement, et destinés notamment à exercer un contrôle ouvrier sur les conditions du travail et de la production.

§3. Les mots d’ordre de lutte pour les revendications matérielles pressantes du prolétariat doivent servir de moyens de réalisation du front unique contre la réaction économique et politique.

La tactique du front unique ouvrier sera la règle générale des actions de masse. Le Parti doit créer des conditions favorables à la réussite de cette tactique en entreprenant une préparation sérieuse de sa propre organisation et des éléments sympathisants, par tous les moyens de propagande et d’agitation dont il dispose.

La presse, les tracts, les brochures, les réunions de toute espèce, tout doit concourir à cette préparation que le Parti étendra à tous les groupements prolétariens comptant des communistes.

Le Parti doit faire appel aux organisations ouvrières rivales importantes, politiques et économiques, avec éclat et sans jamais cesser de commenter publiquement ses propositions ou celles des réformistes, les acceptations et les refus des uns ou des autres.

Il ne renoncera en aucun cas à son indépendance complète, à son droit de critique des participants à l’action. Il cherchera toujours à prendre et à conserver l’initiative et à influer sur toute autre initiative dans le sens de son programme.

§4. Pour se mettre en condition de participer à l’action ouvrière sous toutes ses formes, de contribuer à l’orienter ou de remplir dans certaines circonstances un rôle déterminant, le Parti doit constituer, sans perdre un jour, son organisation de travail syndical.

La formation de Commissions syndicales auprès des fédérations et Sections (décidée par le Congrès de Paris) et de groupes communistes dans les usines et grandes entreprises capitalistes ou étatiques, fera pénétrer dans les masses ouvrières les ramifications du Parti, grâce auxquelles celui-ci pourra diffuser ses mots d’ordre et accroître l’influence communiste sur le mouvement prolétarien.

Les Commissions syndicales, à tous les degrés de la structure du Parti et des syndicats, se tiendront en liaison avec les communistes restés, en accord avec le Parti, dans la CGT réformiste et les guideront dans leur opposition à la politique des dirigeants officiels ; elles enregistreront les membres du Parti syndiqués, contrôleront leur activité et leur transmettront les directives du Parti.

§5. Le travail communiste dans tous les syndicats sans exception consiste en premier lieu dans la lutte pour le rétablissement de l’unité syndicale indispensable à la victoire du prolétariat. Chaque occasion doit être utilisée par les communistes pour montrer les effets néfastes de la division actuelle et préconiser la fusion.

Le Parti combattra toute tendance à la dispersion de l’action, au morcellement de l’organisation, au particularisme professionnel ou local, à l’idéologie anarchiste.

Il soutiendra la nécessité de la centralisation du mouvement, la formation de vastes organisations par industries, la coordination des grèves pour substituer aux actions localisées et limitées, vouées d’avance à l’insuccès, les actions d’ensemble susceptibles d’entretenir la confiance des travailleurs dans leur force.

Dans la CGT Unitaire, les communistes combattront toute tendance contraire au ralliement des syndicats français à l’ISR. Dans la CGT réformiste, ils dénonceront l’Internationale d’Amsterdam et les pratiques de collaboration de classe des dirigeants. Dans les deux CGT, ils préconiseront les démonstrations et actions communes, les grèves en commun, le front unique, l’unité organique, le programme intégral de l’ISR.

§6. Le Parti doit tirer profit de chaque mouvement de masses spontané ou organisé, revêtant une certaine ampleur, pour mettre en lumière le caractère politique de toute lutte de classe, et utiliser les conditions favorables à la propagation de ses mots d’ordre de lutte politique, comme l’amnistie, l’annulation du traité de Versailles, l’évacuation de la rive gauche du Rhin par l’armée d’occupation, etc.

§7. La lutte contre le traité de Versailles et ses conséquences doit passer au premier plan des préoccupations du Parti. Il s’agit de rendre active la solidarité des prolétariats de France et d’Allemagne contre la bourgeoisie des deux pays, profiteuse du traité.

Pour cela, le devoir urgent du Parti français est de faire connaître aux ouvriers et aux soldats la situation tragique de leurs frères allemands, écrasés sous les difficultés matérielles de la vie, résultant essentiellement des conséquences du traité. L’État allemand ne satisfait aux exigences des Alliés qu’en chargeant davantage la classe ouvrière.

La bourgeoisie française épargne la bourgeoisie allemande, traite avec elle au détriment des ouvriers, favorise son entreprise de mainmise sur les services publics et lui garantit aide et protection contre le mouvement révolutionnaire. Les deux bourgeoisies se préparent à conclure l’alliance du fer français et du charbon allemand, à s’entendre pour l’occupation de la Ruhr qui signifiera la mise en esclavage des mineurs du bassin.

Le danger menace non seulement les exploités de la Ruhr, mais encore les travailleurs français, incapables de soutenir la concurrence de la main-d’œuvre allemande, réduite pour les capitalistes français à un bon marché exceptionnel grâce à la dépréciation du mark. Le Parti doit faire comprendre cette situation à la classe ouvrière française et la tenir en garde contre le péril imminent.

La presse doit constamment décrire les souffrances du prolétariat allemand, victime du traité de Versailles, et démontrer l’impossibilité de réaliser le traité. Une propagande spéciale doit être faite dans les régions occupées militairement et dans les régions dévastées, pour dénoncer les deux bourgeoisies comme responsables des maux qui affligent ces contrées et développer l’esprit de solidarité des ouvriers des deux pays.

Le mot d’ordre communiste doit être: fraternisation des soldats et des ouvriers français et allemands sur la rive gauche du Rhin. Le Parti se tiendra en liaison étroite avec le Parti frère d’Allemagne pour mener à bien cette lutte contre le traité de Versailles et ses conséquences.

Le Parti combattra l’impérialisme français, non seulement dans sa politique à l’égard de l’Allemagne, mais dans ses manifestations sur toute la surface du globe, en particulier les traités de paix de Saint-Germain, Neuilly, Trianon et Sèvres.

§8. Un travail systématique de pénétration communiste dans l’armée doit être entrepris par le Parti. La propagande antimilitariste doit se différencier nettement du pacifisme bourgeois hypocrite et s’inspirer du principe de l’armement du prolétariat et du désarmement de la bourgeoisie.

Dans leur presse, au Parlement, en toute occasion favorable, les communistes soutiendront les revendications des soldats, préconiseront la reconnaissance des droits politiques de ceux-ci, etc. Lors des appels de nouvelles classes, des menaces de guerre, l’agitation antimilitariste révolutionnaire doit être intensifiée. Elle se fera sous la direction d’un organe spécial du Parti, avec participation des JC.

§9. Le Parti doit prendre en mains la cause des populations coloniales exploitées et opprimées par l’impérialisme français, soutenir leurs revendications nationales constituant des étapes vers leur libération du joug capitaliste étranger, défendre sans réserve leur droit à l’autonomie ou à l’indépendance.

Lutter pour leurs libertés politiques et syndicales sans restrictions, contre la conscription des indigènes, pour les revendications des soldats indigènes, telle est la tâche immédiate du Parti.

Celui-ci doit combattre impitoyablement les tendances réactionnaires existant, même parmi certains éléments ouvriers, et consistants dans la limitation des droits des indigènes. Il créera auprès de son CD un organisme spécial consacré au travail communiste dans les colonies.

§10. La propagande dans la classe paysanne, tendant à gagner à la Révolution la majorité des ouvriers agricoles, métayers et fermiers, et à acquérir les sympathies des petits propriétaires, doit être accompagnée d’une action pour l’obtention de meilleures conditions de vie et de travail des paysans salariés ou dépendant de gros propriétaires.

Une telle action exige que les organisations régionales du Parti établissent et propagent des programmes de revendications immédiates appropriées aux conditions spéciales de chaque région.

Le Parti doit favoriser les associations agricoles, coopératives et syndicales qui vont à l’encontre de l’individualisme paysan. Il doit particulièrement s’attacher à la création et au développement des syndicats professionnels parmi les ouvriers agricoles.

§11. Le travail communiste parmi les ouvrières est d’un intérêt primordial et exige une organisation spéciale. Une commission centrale auprès du CD avec un secrétariat permanent, des commissions locales de plus en plus nombreuses, un organe consacré à la propagande féminine sont nécessaires.

Le Parti doit soutenir l’unification des revendications économiques des ouvrières et des ouvriers, l’égalisation des salaires pour un même travail sans distinction de sexe, la participation des femmes exploitées aux campagnes et aux luttes des ouvriers.

§12. Il faut consacrer au développement des JC des efforts plus méthodiques et plus soutenus que le Parti ne l’a fait dans le passé. Des rapports réciproques doivent être établis entre le Parti et les JC à tous les échelons de l’organisation.

En principe, la Jeunesse doit être représentée dans toutes les commissions formées auprès du CD. Les fédérations, Sections, propagandistes du Parti ont l’obligation de donner leur aide aux groupes de Jeunesses existants, d’en créer de nouveaux.

Le CD est tenu de veiller au développement de la presse des Jeunesses et d’assurer à celles-ci une tribune dans les organes centraux. Le Parti doit faire siennes dans les syndicats les revendications de la jeunesse ouvrière conformes à son programme.

§13. Dans les coopératives, les communistes défendront le principe de l’organisation nationale unique et créeront des groupes communistes reliés à la Section coopérative de l’IC par l’intermédiaire d’une commission rattachée au CD.

Dans chaque fédération, une commission spéciale doit se consacrer au travail communiste dans les coopératives. Les communistes s’efforceront d’utiliser la coopération comme auxiliaire du mouvement ouvrier.

§14. Les élus au Parlement, aux municipalités, etc., doivent mener la lutte la plus énergique liée étroitement aux luttes ouvrières et aux campagnes conduites par le Parti et les organisations syndicales hors du Parlement.

Les députés communistes, sous le contrôle et la direction du CC du Parti, les conseillers communistes municipaux, généraux et d’arrondissement, sous le contrôle et la direction des Sections et des fédérations, doivent être employés par le Parti comme agents d’agitation et de propagande, conformément aux thèses du 2e Congrès de l’IC.

§15. Le Parti, pour s’élever à la hauteur des tâches tracées par son programme et par les Congrès nationaux et internationaux et pour se rendre apte à les réaliser, doit perfectionner et renforcer son organisation, selon l’exemple des grands PC des autres pays et les règles de l’IC.

Il lui faut une centralisation sévère, une discipline inflexible, une subordination étroite de chaque membre du Parti, de chaque organisme à l’organisme placé au-dessus.

Il est indispensable aussi de développer l’éducation marxiste des militants en multipliant systématiquement les cours doctrinaux dans les Sections, en ouvrant des écoles du Parti, ces cours et ces écoles étant mis sous la direction d’une Commission Centrale du CD.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la question française au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

§1. La crise du Parti et le rôle des fractions. — Le 4e Congrès de l’IC constate que l’évolution de notre Parti français depuis le socialisme parlementaire jusqu’au communisme révolutionnaire s’opère avec une extrême lenteur qui est loin de s’expliquer par les conditions uniquement objectives, par les traditions, par la psychologie nationale de la classe ouvrière, etc., mais qui est due, avant tout, à une résistance directe et parfois exceptionnellement opiniâtre des éléments non communistes qui sont encore très forts dans les sommets du Parti et particulièrement dans la fraction du centre qui, depuis Tours, a eu, pour la plus grande part, la direction du Parti.

La cause fondamentale de la crise aiguë que traverse actuellement le Parti se trouve dans la politique d’attente, indécise et hésitante, des éléments dirigeants du centre qui, devant les exigences urgentes de l’organisation du Parti, essaient de gagner du temps, couvrant ainsi une politique de sabotage direct dans les questions syndicale, du front unique, de l’organisation du Parti et autres.

Le temps ainsi gagné par les éléments dirigeants du centre a été perdu pour le progrès révolutionnaire du prolétariat français.

Le Congrès fait au CEIC une obligation de suivre de toute son attention la vie intérieure du PC français afin de pouvoir, en s’appuyant sur la majorité incontestablement prolétarienne et révolutionnaire, le libérer de l’influence des éléments qui ont engendré la crise et qui ne cessent de l’aggraver.

Le Congrès rejette l’idée même d’une scission, qui n’est en rien suggérée par la situation du Parti. L’écrasante majorité de ses membres est sincèrement et profondément dévouée à la cause communiste.

Seul, un manque de clarté subsistant dans la doctrine et la conscience du Parti a permis à ses éléments conservateurs, centristes et semi-centristes, d’apporter un trouble aussi aigu et d’engendrer des fractions.

Un effort ferme et constant pour éclaircir l’essence des questions litigieuses devant le Parti groupera, sur le terrain des décisions du présent Congrès, l’écrasante majorité des membres du Parti et, avant tout, sa base prolétarienne.

Quant aux éléments qui adhèrent au Parti, mais en même temps sont liés par toute la nature de leur pensée et de leur vie aux mœurs et coutumes de la société bourgeoise et sont incapables de comprendre la véritable politique prolétarienne ou de se soumettre à la discipline révolutionnaire, leur rejet progressif du Parti est la condition indispensable de son assainissement, de sa cohésion et de sa faculté d’action.

L’avant-garde communiste de la classe ouvrière a besoin naturellement d’intellectuels qui apportent à son organisation leurs connaissances théoriques, leurs dons d’agitateurs ou d’écrivains, mais à condition que ces éléments rompent absolument et sans retour avec les mœurs et coutumes du milieu bourgeois, brûlent derrière eux tous les ponts les rattachant au camp dont ils sont sortis, ne demandent pour eux ni exception, ni privilèges et se soumettent à la discipline, à l’égal de simples militants.

Les intellectuels, si nombreux en France, qui entrent dans le Parti en amateurs ou en carriéristes, lui causent seulement un immense dommage ; ils le compromettent devant les masses prolétariennes et l’empêchent de conquérir la confiance de la classe ouvrière.

Il faut à tout prix épurer impitoyablement le Parti de pareils éléments et fermer les portes devant eux. Le meilleur moyen pour cela serait d’effectuer une révision générale des effectifs du Parti au moyen d’une commission spéciale composée d’ouvriers irréprochables sous le rapport de la morale communiste.

Le Congrès constate que la tentative faite par le CEIC pour atténuer les manifestations de la crise dans le domaine de l’organisation en constituant les organes dirigeants sur la base paritaire entre les deux principales fractions du centre et de la gauche a été rendue vaine par le centre sous l’influence indubitable de ses éléments les plus conservateurs, qui prennent dans cette fraction une prépondérance inévitable toutes les fois qu’elle s’oppose à la gauche.

Le Congrès estime nécessaire d’expliquer à tous les membres du PC français que les efforts du CEIC tendant à obtenir un accord préalable entre les principales fractions avaient pour but de faciliter les travaux du Congrès de Paris et ne constituaient, en aucun cas, une atteinte aux droits du Congrès comme organe souverain du Paris Communiste français.

Le Congrès estime nécessaire d’établir que, quelles qu’aient pu être les erreurs particulières de la gauche, elle s’est efforcée essentiellement, pendant comme avant le Congrès de Paris, de réaliser la politique de l’IC, et que dans les principaux problèmes du mouvement révolutionnaire, dans la question du front unique et dans la question syndicale, elle a occupé, en face du centre et du groupe Renoult, la position juste.

Le Congrès invite instamment tous les éléments véritablement révolutionnaires et prolétariens, qui sont indubitablement en majorité dans le centre, à mettre fin à l’opposition des éléments conservateurs et à s’unir avec la gauche dans un travail commun.

La même remarque se rapporte à la fraction qui par ses effectifs, arrive la troisième et qui mène la campagne la plus vive, et manifestement erronée, contre la politique du front unique.

§2. L’extrême-gauche. — En liquidant le caractère fédéraliste de son organisation, la Fédération de la Seine a repoussé par là même la position manifestement erronée de l’aile soi-disant d’extrême-gauche.

Cependant cette dernière, en la personne des camarades Heine et Lavergne, a cru pouvoir donner au citoyen Delplanque un mandat impératif en vertu duquel le citoyen Delplanque s’engageait à s’abstenir de voter sur toutes les questions et à ne prendre aucun engagement. Cette façon d’agir des représentants déjà nommés de l’extrême-gauche témoigne de leur parfaite incompréhension du sens et de l’essence de l’IC.

Les principes du centralisme démocratique qui sont à la base de nos organisations excluent radicalement la possibilité de mandats impératifs, qu’il s’agisse de Congrès fédéraux, nationaux ou internationaux. Les Congrès n’ont de sens que dans la mesure où les décisions collectives des organisations –locales, nationales ou internationales –sont élaborées par le libre examen et la décision de tous les délégués.

Il est tout à fait évident que les discussions, l’échange des expériences et des arguments de chacun dans un Congrès seraient dépourvus de sens, si les délégués étaient liés d’avance par des mandats impératifs.

La violation des principes fondamentaux de l’organisation de l’Internationale est aggravée dans le cas actuel par le refus de ce groupe de ne prendre aucun engagement à l’égard de l’Internationale, comme si le seul fait d’appartenir à l’Internationale n’imposait pas à tous ses membres des engagements absolus de discipline et de mise en pratique de toutes les décisions adoptées.

Le Congrès invite le CD de notre Section française à étudier, sur place, tous les éléments de cet incident et à en tirer toutes les conclusions politiques et d’organisation qui en découlent.

§3. La question syndicale. —Les décisions prises par le Congrès dans la question syndicale comportent certaines concessions de forme et d’organisation destinées à faciliter le rapprochement du Parti et des organisations syndicales ou masses syndiquées n’adoptant pas encore le point de vue communiste.

Mais ce serait dénaturer complètement le sens de ces décisions que de vouloir les interpréter comme une approbation de la politique d’abstention syndicale qui a été dominante dans le Parti et que prêchent encore aujourd’hui beaucoup de ses membres.

Les tendances représentées dans cette question par Ernest Lafont sont en contradiction complète et inconciliables avec les missions révolutionnaires de la classe ouvrière et avec toute la conception du communisme.

Le Parti ne peut ni ne veut attenter à l’autonomie des syndicats, mais il doit démasquer et châtier impitoyablement ceux de ses membres qui réclament l’autonomie en vue de leur action désorganisatrice et anarchiste au sein des syndicats.

Dans cette question essentielle, l’Internationale souffrira moins que dans n’importe quel autre domaine toute déviation ultérieure de la voie communiste, la seule juste du point de vue de la pratique internationale, comme de celui de la théorie.

§4. Les leçons de la grève du Havre. — La grève du Havre, malgré son caractère local, est un témoignage indubitable de la combativité croissante du prolétariat français.

Le gouvernement capitaliste a répondu à la grève par l’assassinat de quatre ouvriers, comme s’il se hâtait de rappeler aux ouvriers français qu’ils ne pourront conquérir le pouvoir et détruire l’esclavage capitaliste qu’au prix de la plus grande lutte, du maximum de dévouement et d’abnégation et de nombreux sacrifices.

Si la réponse du prolétariat français aux assassinats du Havre a été complètement insuffisante, la responsabilité en incombe non seulement à la trahison, devenue depuis longtemps de règle parmi les dissidents et les syndicalistes réformistes, mais aussi à la manière d’agir complètement erronée des organes dirigeants de la CGTU et du PC.

Le Congrès estime nécessaire de s’arrêter sur cette question parce qu’elle nous offre un exemple éclatant de la manière radicalement fausse d’aborder les problèmes d’action révolutionnaire.

En divisant d’une façon incorrecte en principe la lutte de classe du prolétariat en deux domaines soi-disant indépendants, l’économique et le politique, le Parti, cette fois encore, ne fit preuve d’aucune initiative indépendante, se bornant à appuyer la CGTU, comme si en réalité l’assassinat de quatre prolétaires par le gouvernement du capital était un acte économique et non un événement politique de première importance.

Quant à la CGTU, sous la pression du Syndicat parisien du Bâtiment, elle proclama le lendemain des assassinats du Havre, un dimanche, une grève générale de protestation pour le mardi. Les ouvriers de France n’eurent pas le temps, dans beaucoup d’endroits, d’apprendre non seulement l’appel à la grève générale, mais même le fait de l’assassinat. Dans ces conditions, la grève générale était d’avance vouée à l’échec.

Il n’y a pas de doute que, cette fois encore, la CGTU n’ait adapté sa politique aux éléments anarchistes, organiquement étrangers à la compréhension de l’action révolutionnaire et à sa préparation, et qui suppléent à la lutte révolutionnaire par des appels révolutionnaires de leurs coteries, sans se soucier de la réalisation de ces appels.

Le Parti, de son côté, capitula en silence devant la démarche évidemment erronée de la CGTU au lieu d’essayer, sous une forme amicale mais instante, d’obtenir de cette dernière l’ajournement de la manifestation gréviste dans le but de développer une vaste agitation de masse.

La première obligation, tant du Parti que de la CGTU devant le crime ignoble de la bourgeoisie française, était de mobiliser immédiatement un millier des meilleurs agitateurs du Parti et des syndicats à Paris et en province, pour expliquer aux éléments les plus arriérés de la classe ouvrière le sens des événements du Havre, et pour préparer les masses ouvrières à la protestation et à la défense.

Le Parti était tenu, en pareil cas, de lancer à plusieurs millions d’exemplaires un appel à la classe ouvrière et aux paysans, à l’occasion du crime du Havre.

L’organe central du Parti devait quotidiennement poser aux réformistes — socialistes et syndicalistes — la question : quelle est la forme de lutte que vous proposez en réponse aux assassinats du Havre ?

De son côté le Parti devait, de concert avec la CGTU, lancer l’idée d’une grève générale, sans en fixer d’avance la date et la durée, en se laissant guider par le développement de l’agitation et du mouvement dans le pays.

Il était indispensable de tenter de constituer dans chaque usine, ou dans chaque quartier, ville et région, des Comités provisoires de protestation dans la composition desquels les communistes et syndicalistes révolutionnaires comme initiateurs auraient fait entrer des membres ou des représentants des organisations réformistes.

Seule, une campagne de ce genre, systématique, concentrée, universelle par ses moyens, tendue et infatigable, pouvait, menée pendant toute une semaine et plus, être couronnée par un mouvement puissant et imposant, sous la forme d’une grande grève de protestation, de manifestation dans la rue, etc.

Le résultat sûr d’une telle campagne aurait été d’augmenter dans les masses les liaisons, l’autorité et l’influence du Parti et de la CGTU, de les rapprocher mutuellement dans le travail révolutionnaire et de rapprocher d’eux la partie de la classe ouvrière qui suit encore les réformistes.

La prétendue grève générale du 1emai 1921, que les éléments révolutionnaires ne surent pas préparer et que les réformistes firent criminellement échouer, constitua un tournant dans la vie intérieure de la France, en affaiblissant le prolétariat et en renforçant la bourgeoisie.

La «grève générale» de protestation du mois d’octobre 1922 fut, au fond, une trahison réitérée de la droite et une nouvelle erreur de la gauche.

L’Internationale invite, de la manière la plus énergique, les camarades français, dans quelque branche du mouvement prolétarien qu’ils travaillent, à accorder une attention extrême aux problèmes de l’action des masses, à en étudier minutieusement les conditions et les méthodes, à soumettre les erreurs de leurs organisations dans chaque cas concret à une analyse critique attentive, à préparer non moins minutieusement les éventualités mêmes d’action des masses au moyen d’une agitation vaste et tendue, à proportionner les mots d’ordre à la disposition et à l’aptitude des masses à l’action.

Les chefs réformistes s’appuient dans leurs actes de trahison sur les conseils, suggestions et indications de toute l’opinion publique bourgeoise, à laquelle ils sont indissolublement liés.

Les syndicalistes révolutionnaires, qui ne peuvent pas ne pas être en minorité dans les organisations syndicales commettront d’autant moins d’erreurs que le Parti comme tel, consacrera plus d’attention à toutes les questions du mouvement ouvrier, étudiant minutieusement les conditions et le milieu et présentant aux syndicats, par l’intermédiaire de ses membres, telles ou telles propositions en conformité avec toute la situation.

§5. La franc-maçonnerie, la Ligue des Droits de l’Homme et la presse bourgeoise. —L’incompatibilité de la franc-maçonnerie et du socialisme était considérée comme évidente dans la plupart des partis de la 2e Internationale.

Le Parti Socialiste italien a exclu les Francs-Maçons en 1914, et cette mesure a été, sans aucun doute, une des raisons qui ont permis à ce Parti de suivre, pendant la guerre, une politique d’opposition, puisque les Francs-Maçons, en qualité d’instruments de l’Entente, agissaient en faveur de l’intervention.

Si le 2e Congrès de l’IC n’a pas formulé, dans les conditions d’adhésion à l’Internationale, de point spécial sur l’incompatibilité du communisme et de la franc-maçonnerie, c’est parce que ce principe a trouvé sa place dans une résolution séparée votée à l’unanimité du Congrès.

Le fait, qui s’est révélé d’une façon inattendue au 4e Congrès de l’IC, de l’appartenance d’un nombre considérable de communistes français aux loges maçonniques est, aux yeux de l’IC, le témoignage le plus manifeste et en même temps le plus pitoyable que notre Parti français a conservé, non seulement l’héritage psychologique de l’époque du réformisme, du parlementarisme et du patriotisme, mais aussi des liaisons tout à fait concrètes, extrêmement compromettantes pour la tête du Parti, avec les institutions secrètes, politiques et carriéristes de la bourgeoisie radicale.

Tandis que l’avant-garde communiste du prolétariat recueille toutes ses forces pour une lutte sans merci contre tous les groupements et organisations de la société bourgeoise au nom de la dictature prolétarienne, de nombreux militants responsables du Parti, députés, journalistes, et jusqu’à des membres du CD, conservent une liaison étroite avec les organisations secrètes de l’ennemi.

Un fait particulièrement déplorable est celui que tout le Parti, dans toutes ses tendances, n’a pas soulevé cette question après Tours, malgré sa clarté évidente pour toute l’Internationale et qu’il ait fallu la lutte des fractions à l’intérieur du Parti pour la faire surgir devant l’Internationale dans toute son importance menaçante.

L’Internationale considère comme indispensable de mettre fin, une fois pour toutes, à ces liaisons compromettantes et démoralisatrices de la tête du PC avec les organisations politiques de la bourgeoisie.

L’honneur du prolétariat de France exige qu’il épure toutes ses organisations de classe des éléments qui veulent appartenir à la fois aux deux camps en lutte.

Le Congrès charge le CD du PC français de liquider avant le 1er janvier 1923 toutes les liaisons du Parti, en la personne de certains de ses membres et de ses groupes, avec la franc-maçonnerie.

Celui qui, avant le 1er janvier, n’aura pas déclaré ouvertement à son organisation et rendu publique par la presse du Parti sa rupture complète avec la franc-maçonnerie est, par là même, automatiquement exclu du PC sans droit d’y jamais adhérer à nouveau, à quelque moment que ce soit. La dissimulation par quiconque de son appartenance à la franc-maçonnerie sera considérée comme pénétration dans le Parti d’un agent de l’ennemi et flétrira l’individu en cause d’une tâche d’ignominie devant tout le prolétariat.

Considérant que le seul fait d’appartenir à la franc-maçonnerie, qu’on ait poursuivi ou non, ce faisant, un but matériel, carriériste ou tout autre but flétrissant, témoigne d’un développement extrêmement insuffisant de la conscience communiste et de la dignité de classe, le 4e Congrès reconnaît indispensable que les camarades qui ont appartenu jusqu’à présent à la franc-maçonnerie et qui rompront maintenait avec elle soient privés durant deux ans du droit d’occuper des postes importants dans le Parti.

Ce n’est que par un travail intense pour la cause de la révolution en qualité de simples militants, que ces camarades peuvent reconquérir la confiance complète et le droit d’occuper dans le Parti des postes importants.

Considérant que la Ligue pour la défense des Droits de l’Homme et du Citoyen est, dans son essence, une organisation du radicalisme bourgeois, qu’elle utilise ses actes isolés contre telle ou telle injustice pour semer les illusions et les préjugés de la démocratie bourgeoise et surtout que, dans les cas les plus décisifs et les plus graves, comme par exemple pendant la guerre, elle prête tout son appui au capital organisé sous forme d’État, le 4e Congrès de l’IC estime absolument incompatible avec le titre de communiste et contraire aux conceptions élémentaires du communisme le fait d’appartenir à la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen et invite tous les membres du Parti adhérant à cette Ligue à en sortir avant le 1ejanvier 1923, en le portant à la connaissance de leur organisation et en le publiant dans la presse.

Le Congrès invite le CD du PC français:

1) À publier immédiatement son appel à tout le Parti, éclaircissant le sens et la portée de la présente résolution.

2) À prendre toutes les mesures découlant de la résolution pour que l’épuration du Parti de la franc-maçonnerie et la rupture de toute relation avec la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen soit effectuée sans faiblesse et sans omission avant le 1erjanvier 1923. Le Congrès exprime son assurance que, dans son travail d’épuration et d’assainissement, le CD sera soutenu par l’immense majorité des membres du Parti, à quelque fraction qu’ils appartiennent.

Le CD doit dresser les listes de tous les camarades qui, à Paris et en province, tout en faisant partie du PC et en assumant des postes divers, même de confiance, collaborent en même temps à la presse bourgeoise et inviter ces éléments à faire, avant le 1ejanvier 1923, un choix complet et définitif entre les organes bourgeois de corruption des masses populaires et le Parti révolutionnaire de la dictature du prolétariat.

Les fonctionnaires du Parti qui ont violé la prescription établie et réitérée maintes fois dans des décisions visant le Parti français doivent être privés du droit d’occuper des postes de confiance pendant un an.

§6. Les candidats du Parti. — Afin de donner au Parti un caractère vraiment prolétarien et dans le but d’écarter de ses rangs les éléments qui n’y voient qu’une antichambre du Parlement, des conseils municipaux, des conseils généraux, etc., il est indispensable d’établir comme règle inviolable que les listes des candidats présentées par le Parti aux élections comprendront au moins neuf dixièmes d’ouvriers communistes travaillant encore à l’atelier, à l’usine ou aux champs, et de paysans ;

les représentants des professions libérales ne peuvent être admis que dans la limite strictement déterminée d’un dixième au plus du nombre total des sièges éligibles que le Parti occupe ou espère occuper par l’intermédiaire de ses membres ;

En outre, on fera preuve d’une rigueur particulière dans le choix des candidats appartenant aux professions libérales (vérification minutieuse de leurs antécédents politiques, de leurs relations sociales, de leur fidélité et de leur dévouement à la cause de la classe ouvrière), par des commissions essentiellement prolétariennes.

Sous ce régime seulement, les parlementaires, conseillers municipaux et généraux, et maires communistes, cesseront d’être une caste professionnelle n’ayant dans la plupart des cas que peu de rapports avec la classe ouvrière et deviendront l’un des instruments de la lutte révolutionnaire des masses.

§7. L’action communiste dans les colonies. — Le 4e Congrès attire encore une fois l’attention sur l’importance exceptionnelle d’une activité juste et systématique du PC dans les colonies.

Le Parti condamne catégoriquement la position de la Section communiste de Sidi Bel-Abbès, qui couvre d’une phraséologie pseudo-marxiste un point de vue purement esclavagiste, soutenant, au fond, la domination impérialiste du capitalisme français sur ses esclaves coloniaux. Le Congrès estime que notre activité dans les colonies doit s’appuyer, non pas sur des éléments aussi pénétrés de préjugés capitalistes et nationalistes, mais sur les meilleurs éléments des indigènes eux-mêmes et, en premier lieu, sur la jeunesse prolétarienne indigène.

Seules, une lutte intransigeante du PC dans la métropole contre l’esclavage colonial et une lutte systématique dans les colonies elles-mêmes peuvent affaiblir l’influence des éléments ultra-nationalistes des peuples coloniaux opprimés sur les masses travailleuses, attirer la sympathie de ces dernières à la cause du prolétariat français et ne point donner ainsi au capital français, à l’époque du soulèvement révolutionnaire du prolétariat, la possibilité d’employer les indigènes coloniaux comme la dernière réserve de la contre-révolution.

Le Congrès Mondial invite le Parti français et son CD à prêter infiniment plus d’attention, de force et de moyens que jusqu’à ce jour, à la question coloniale et à la propagande dans les colonies et, entre autres, à créer auprès du CD un bureau permanent d’action coloniale, en y faisant entrer des représentants des organisations communistes indigènes.

§8. Décisions. —

a) Comité Directeur. — Exceptionnellement, étant donné la crise aiguë provoquée par le Congrès de Paris, le CD sera constitué sur la base proportionnelle, d’après le vote du Congrès, relative aux organismes centraux.

Les propositions des diverses fractions seront les suivantes:

Centre: 10 titulaires et 3 suppléants;

Gauche: 9 titulaires et 2 suppléants;

Tendance Renoult: 4 titulaires et 1 suppléant;

Minorité Renaud Jean: 1 titulaire;

Jeunesses: 2 représentants avec voix délibérative.

Le bureau politique sera composé sur la même base, les fractions obtenant respectivement: Centre, 3 postes;

Gauche, 3;

tendance Renoult, 1.

Les membres du CD, comme ceux du bureau politique et des organismes centraux importants, seront désignés par les fractions à Moscou, pour éviter toute contestation d’ordre personnel qui risquerait d’aggraver la crise.

La liste ainsi élaborée est soumise au 4e Congrès Mondial par la délégation qui s’engage à la défendre devant le parti. Le 4e Congrès prend acte de cette déclaration en exprimant sa conviction que cette liste est la seule possibilité de résoudre la crise du Parti.

La liste du nouveau CD élaborée par les fractions est la suivante:

CENTRE Titulaires: Marcel Cachin, Frossard, Garchery, Gourdeaux, Jacob, Laguesse, Lucie Leiciague, Marrane, Paquereaux, Louis Sellier. Suppléants: Dupillet, Pierpont, Plais.

GAUCHE Titulaires: Bouchez, Cordier, Demusois, Amédée Dunois, Rosmer, Souvarine, Tommasi, Treint, Vaillant-Couturier. Suppléants: Marthe Bigot, Salles.

FRACTION RENOULT Titulaires: Bartieret, Dubus, Fromont, Werth. Suppléants: Lespagnol.

Un Conseil National avec pouvoir de Congrès ratifiera cette liste, au plus tard dans la deuxième quinzaine de janvier. Jusqu’à ce moment, le CD provisoire nommé par le Congrès de Paris reste en fonction.

b) La Presse. — Le Congrès confirme le régime de la presse déjà décidé:

1) Direction des journaux remise au bureau politique;

2) Editorial non signé apportant chaque jour aux lecteurs l’opinion du Parti;

3) Interdiction pour les journalistes du Parti de collaborer à la presse bourgeoise.

Directeur de l’Humanité: Marcel Cachin,

Secrétaire général: Amédée Dunois, tous deux ayant des pouvoirs égaux, c’est-à-dire que tout conflit surgissant entre eux sera porté devant le bureau politique et tranché par lui.

Secrétariat de rédaction: un au Centre et un à la Gauche.

La rédaction du Bulletin Communiste sera remise à un camarade de la Gauche.

Les rédacteurs démissionnaires rentreront à la rédaction. Pour préparer le Conseil National, la page du Parti sera rétablie avec liberté d’écrire pour chaque tendance.

c) Secrétariat général. — Il sera assuré sur la base paritaire par un camarade du Centre et un de la Gauche, tout conflit étant tranché par le bureau politique. Titulaires: Frossard et Treint. Suppléant de Frossard : Louis Sellier.

d) Délégués à le CEIC. —Le Congrès considère comme absolument nécessaire pour établir des liens tout à fait normaux et cordiaux entre le CEIC et le Parti Français que les deux tendances les plus importantes soient représentées à Moscou par 6 camarades, les plus qualifiés et autorisés de leurs tendances, c’est-à-dire par les camarades Frossard et Souvarine, au moins pour trois mois, jusqu’à la fin de la crise que traverse actuellement le Parti français.

La représentation du Parti français à Moscou par Frossard et Souvarine donnera la pleine certitude que chaque suggestion du CEIC, faite en accord avec ces deux camarades, aura l’adhésion du Parti tout entier.

e) Appointements des fonctionnaires du Parti.—En ce qui concerne les appointements des fonctionnaires du Parti, rédacteurs, etc., le Parti créera une commission spéciale composée de camarades ayant toute la confiance morale du Parti pour régler cette question à deux points de vue:

1) Éliminer toute possibilité de cumul des appointements qui provoque une légitime indignation dans la masse ouvrière du Parti;

2) Pour les camarades dont le travail est absolument nécessaire au Parti, créer une situation qui leur permette de consacrer toutes leurs forces au service du Parti.

f) Commissions.—

1) Conseil d’administration de l’Humanité: 6 Centre, 5 Gauche, 2 tendance Renoult.

La Commission accepte que la RP fonctionne aussi exceptionnellement pour les commissions importantes;

2) Secrétariat syndical: un secrétaire du Centre et un secrétaire de la Gauche – tout conflit entre eux étant examiné par le Bureau Politique.

g) Cas litigieux.— Les cas litigieux qui émaneraient des décisions d’organisation prises à Moscou, dans leur application, devront être réglés par une commission spéciale composée d’un représentant du Centre, un représentant de la Gauche et du délégué du CEIC comme Président.

h) Postes prohibés pour les anciens Francs-Maçons. —Par postes prohibés pour les anciens Francs-Maçons, on entend les postes dont les titulaires ont le mandat de représenter plus ou moins indépendamment, sous leur propre responsabilité, les idées du Parti, devant la masse ouvrière, par la parole et par la plume.

S’il y avait entre les deux fractions, une divergence dans la détermination de ces postes, elle serait soumise à la Commission indiquée plus haut. En cas de difficultés techniques pour la réintégration des rédacteurs démissionnaires, la commission envisagée précédemment réglera ces difficultés. Toutes les résolutions ne concernant pas la constitution du CD sont applicables immédiatement.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la réorganisation du CEIC et son activité future au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Le Congrès Mondial. — Comme par le passé, le Congrès Mondial a lieu une fois par an. Le CEIC élargi en fixe la date. Toutes les Sections adhérentes doivent y envoyer des délégués. Leur nombre est déterminé par le CEIC. Les frais sont supportés par les partis.

Le nombre des voix dont dispose chaque Section est déterminé par chaque Congrès, selon l’effectif des partis et la situation politique des pays correspondants. Les mandats impératifs ne sont pas admis et sont cassés d’avance, cette pratique étant contraire à l’esprit d’un Parti mondial prolétarien international et centralisé.

§2. CEIC. —Le CEIC est élu par le Congrès. Il se compose du président, de 24 membres et de 10 suppléants. Au moins 15 membres du CEIC doivent résider en permanence à Moscou.

§3. CEIC élargi. —En règle générale, tous les quatre mois se tient une sessionélargie du CEIC Cette session est composée comme suit:

1)Les 25 membres du CEIC;

2)Trois autres représentants des Partis suivants: Allemagne, France, Russie, Tchécoslovaquie, Italie, ICJ et ISR.

3)Deux autres représentants d’Angleterre, Pologne, Amérique, Bulgarie et Norvège.

4)En outre, un représentant pour chacune des autres Sections qui ont droit au vote.

Le Présidium est obligé de soumettre à une session du CEIC élargi toutes les grandes questions fondamentales admettant un délai. La première session du CEIC Elargi a lieu immédiatement après le Congrès Mondial.

§4. Présidium. —Le CEIC élargi élit, au cours de sa première session, un Présidium dont font partie un représentant des ICJ et un de l’ISR avec voix consultative, et constitue les Sections suivantes :

1) Une Section Orientale aux travaux de laquelle le CEIC devra accorder une attention particulière pour l’année prochaine. Son chef doit faire partie du Présidium. Dans son travail politique, elle est subordonnée au Présidium;ce dernier règle les rapports de la Section avec la Section d’Organisation.

2) Une Section d’Organisation à laquelle deux membres au moins du Présidium doivent appartenir. Elle est subordonnée au Présidium.

3) Une Section d’Agitation et de Propagande, dirigée par un membre du CEIC Elle est également directement subordonnée au Présidium.

4) Une Section de Statistique et d’Information, subordonnée à la Section d’Organisation. Le CEIC a le droit d’installer d’autres Sections.

§5. Division du travail du CEIC. — Une précise division du travail doit être faite entre les membres du CEIC ainsi qu’entre ceux du Présidium. Le travail de chaque Section est préparé par des rapporteurs responsables désignés par le Présidium, un pour chacun des pays les plus importants.

En règle générale, ce rapporteur doit être membre du CEIC ou même si possible du Présidium. Les rapporteurs qui ne font pas partie du CEIC ou du Présidium travaillent sous le contrôle d’un membre du Présidium.

Le Présidium organise un Secrétariat Général, dirigé par un secrétaire général ; le CEIC fournit deux suppléants.

Le Secrétariat n’a pas les fonctions d’un organe politique indépendant ; il n’est qu’un organe d’exécution du Présidium. Le CEIC est chargé d’agir dans tous les Partis pour qu’une division du travail analogue soit appliquée dans chaque pays, en tenant compte des situations diverses.

§6. Les délégués du CEIC. — Dans des cas spéciaux, le CEIC envoie dans tel ou tel pays des délégués recrutés parmi les camarades les plus qualifiés des diverses Sections. Ces représentants doivent être pourvus par le CEIC des plus larges pouvoirs. Des instructions spéciales doivent déterminer les fonctions de ces délégués, leurs droits et leurs obligations ainsi que leurs rapports avec les partis intéressés.

Le CEIC est chargé de faire avec la plus grande énergie une révision de l’application réelle des 21 conditions et des décisions des Congrès Mondiaux. Les délégués seront chargés d’effectuer cette révision avec la plus grande vigilance. Ils devront, au moins une fois par mois, rendre compte desrésultats de leurs travaux.

§7. Commission Internationale de Contrôle. — La CIC subsiste. Ses fonctions restent les mêmes qui ont été formulées par le 3e Congrès Mondial. Le Congrès Mondial désigne chaque année deux Sections voisines, dont les Comités Directeurs élisent dans leur sein chacun trois membres de la CIC, qui doivent être confirmés par le CEIC Pour cette année, le Congrès Mondial charge de ces fonctions les Sections allemande et française.

§8. Bureau d’Information Technique.— Les bureaux d’information technique subsistent. Ils ont pour fonctions de donner des informations techniques et sont subordonnés à le CEIC.

§9. «L’IC».— L’IC est l’organe du CEIC ; sa rédaction est élue par le CEIC et lui est subordonnée.

§10. Publications du CEIC. —Le Congrès rappelle que tous les organes communistes sont tenus, comme jusqu’à présent, d’imprimer tous les documents du CEIC (appels, lettres, résolutions, etc.) aussitôt que le CEIC l’exige.

§11. Procès-verbaux des Partis Nationaux. — Les Comités Directeurs de toutes les Sections sont obligés de faire parvenir régulièrement au CEIC les procès-verbaux de toutes leurs séances.

§12. Représentations réciproques. — Il est désirable que les Sections les plus importantes entretiennent entre voisins une représentation réciproque dans un but d’information mutuelle et de coordination de leurs travaux. Les rapports de ces représentations devront également être mis à la disposition du CEIC.

§13. Congrès Nationaux des Sections.— En règle générale, avant le Congrès Mondial, les partis doivent tenir des Conférences Nationales ou des sessions élargies de leur organe exécutif, pour préparer le Congrès Mondial et élire leurs délégués. Les Congrès Nationaux des Sections ont lieu après le Congrès Mondial. Les exceptions ne peuvent être admises qu’avec le consentement du CEIC.

De la sorte, les intérêts des différentes Sections seront sauvegardés le mieux possible et la possibilité subsistera de faire valoir «de bas en haut» toute l’expérience du mouvement international.

De cette manière, la possibilité est également donnée à l’IC, comme Parti mondial et centralisé, de répartir aux différents partis «de haut en bas», par la voie du centralisme démocratique. Les directives découlant de l’expérience globale de l’Internationale.

§14. Démissions. — Le Congrès condamne de la manière la plus catégorique les cas de démission qui se sont produits de la part de camarades de divers Comités Directeurs et de groupes entiers de leurs membres. Le Congrès considère ces démissions comme un acte de désorganisation extrême du mouvement communiste.

Tout poste dirigeant dans un PC n’appartient pas au détenteur du mandat, mais à l’Internationale dans son ensemble. Le Congrès décide: les membres élus d’institutions centrales des diverses Sections ne peuvent déposer leurs mandats qu’avec l’assentiment du CEIC.

Les démissions acceptées par un CD sans l’approbation du CEIC sont nulles et non avenues.

§15. Travail illégal.— En vertu de la résolution du Congrès indiquant qu’un certain nombre de partis très importants entrent selon toute apparence dans une période d’illégalité, le Présidium est chargé de se vouer dans la plus large mesure à la préparation de ces partis en vue du travail illégal. Immédiatement après la fin du Congrès, le Présidium devra commencer des négociations avec tous les partis en question.

§16. Secrétariat International des Femmes.—Le SIF subsiste comme par le passé. Le CEIC nomme la Secrétaire des Femmes et, d’accord avec elle, prend toutes les mesures d’organisation nécessaires.

§17. Représentation du CEICJ.— Le Congrès charge le CEIC d’établir une représentation régulière de l’IC à l’ICJ. Le Congrès estime que c’est une des tâches les plus importantes du CEIC de stimuler le travail du mouvement des jeunes.

§18. Liaison avec l’ISR. — Le Congrès charge le CEIC d’élaborer, d’accord avec la direction centrale de l’ISR, les formes de la liaison réciproque entre l’IC et l’ISR. Le Congrès déclare que dans la période actuelle, les luttes économiques sont plus étroitement liées que jamais aux luttes politiques, qu’elles exigent donc une collaboration particulièrement intime des forces de toutes les organisations révolutionnaires de la classe ouvrière.

§19. Révision des Statuts.—Le Congrès confirme les statuts adoptés par le 2e Congrès et charge le CEIC de rédiger à nouveau et de compléter ces statuts sur la base des nouvelles décisions. Ce travail devra être fait en temps opportun, être soumis au jugement de tous les partis et être définitivement confirmé par le 5e Congrès Mondial.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur l’aide aux victimes de la répression capitaliste au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

L’offensive du capitalisme dans tous les pays bourgeois a pour résultat d’augmenter le nombre des communistes et des ouvriers sans parti, luttant contre le capitalisme, et qui gémissent dans les cachots.

Le 4e Congrès demande à tous les PC de créer une organisation qui aura pour but d’aider matériellement et moralement tous les prisonniers du capitalisme, et salue l’initiative de l’association des vieux bolchéviks russes qui a commencé la création d’une association Internationale de ces organisations de secours.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur l’assistance prolétarienne à la Russie Soviétique au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Les ouvriers de tous les pays, sans distinction d’opinions politiques ou syndicales sont intéressés au maintien et à la consolidation de la Russie soviétique.

Outre le sentiment profondément enraciné de solidarité prolétarienne, la conscience de cet intérêt avant tout a déterminé tous les partis et organisations ouvrières à appuyer l’action de secours aux affamés de Russie et a décidé des millions de travailleurs de tous les pays à faire avec enthousiasme les plus grands sacrifices.

Grâce à l’appui fourni par l’action du secours prolétarien, action qui est devenue la plus puissante et la plus durable des actions de solidarité internationale depuis l’existence du mouvement ouvrier, la Russie Soviétique a pu traverser les plus sombres jours de la famine et triompher du fléau.

Mais déjà au cours de la campagne d’assistance aux affamés, les grandes organisations ouvrières qui ont pris part à cette œuvre ont reconnu que l’on ne pouvait se borner à fournir un secours alimentaire à la Russie soviétique.

La guerre économique des États et des groupes impérialistes contre la Russie soviétique continue sans relâche. Le blocus économique subsiste sous forme de refus de crédit, et chaque fois que des groupes capitalistes entrent en rapports d’affaires avec la Russie soviétique, c’est uniquement dans le but de s’assurer de monstrueux profits et d’exploiter la Russie.

Dans tous les conflits de la Russie soviétique avec les impérialistes, les travailleurs de tous les pays ont le devoir de soutenir la Russie ; de même, dans la guerre économique que mènent contre elle les impérialistes, ils doivent l’appuyer par tous les moyens pratiques et entre autres par des secours économiques.

§2. Le meilleur appui pour la Russie soviétique dans la guerre économique est la lutte politique révolutionnaire des ouvriers qui doivent exercer une forte pression sur leurs gouvernements respectifs pour les obliger à reconnaître le gouvernement soviétique et à procéder au rétablissement des rapports commerciaux avec la Russie.

Vu l’importance considérable de l’existence de la Russie soviétique pour les travailleurs, le prolétariat mondial doit, concurremment à l’action politique, mobiliser le maximum de ressources économiques pour soutenir la Russie soviétique.

Chaque usine, chaque atelier que la Russie des Soviets remet en marche sans crédit capitaliste, avec le seul appui des ouvriers, constitue un secours très efficace dans la lutte contre la politique impérialiste de brigandage,et tout renforcement de la Russie des Soviets, premier État ouvrier du monde, renforce le prolétariat international dans sa lutte contre son ennemi de classe, la bourgeoisie.

Le 4e Congrès de l’IC déclare donc qu’il est du devoir de tous les partis et organisations ouvrières, et en premier lieu des organisations communistes, d’appuyer immédiatement et énergiquement l’action de secours économique développée par les grandes masses pour la restauration économique de la Russie des Soviets.

§3. La tâche la plus importante de l’assistance économique prolétarienne consiste à fournir à la Russie des ressources pour l’achat de machines, matières premières, outils, etc.

Il faut envisager aussi la participation des groupes, partis, syndicats, coopératives et associations ouvrières à l’emprunt ouvrier en faveur de la Russie soviétique. Toutes les organisations ouvrières et les travailleurs du monde entier peuvent, en participant à l’emprunt, manifester leur solidarité avec la première République ouvrière et paysanne.

La propagande en faveur de l’emprunt offre l’occasion de développer la meilleure agitation pour la Russie soviétique; elle doit donc être menée en contact étroit avec les Sections des différents pays.

La question de l’appui économique à la Russie soviétique étant une question d’une importance générale pour tout le prolétariat, il est indispensable de créer, pour l’organisation et la direction de cette action, des comités analogues aux comités de secours ouvriers aux affamés de Russie, ou autres associations spéciales, et composés de délégués des différentes organisations ouvrières.

Ces comités ou associations qui auront pour tâche d’intéresser et d’attirer les grandes masses ouvrières à l’œuvre de secours économique seront sous le contrôle de l’IC.

§4. L’affectation des ressources procurées par les comités et associations sera déterminée en contact étroit avec les institutions économiques étatiques ou les organisations ouvrières russes.

§5. Dans la situation économique actuelle, l’immigration en masse d’ouvriers étrangers ne constituerait pas un appui, mais au contraire un obstacle à la restauration économique et ne doit avoir lieu en aucun cas.

La Russie se bornera à accepter les ouvriers spécialisés dans des professions absolument nécessaires et qui ne sauraient être remplacés par des ouvriers du pays. Mais, même dans ce cas, l’immigration ne doit avoir lieu qu’avec l’approbation et un accord des syndicats russes.

§6. L’assistance économique prolétarienne doit être un effort vers la concentration de la solidarité ouvrière internationale au profit du premier État prolétarien du monde, et donner des résultats économiques palpables.

§7. Conformément aux principes de la coopération et de l’économie socialiste, l’excédent éventuel des ressources sera exclusivement appliqué à l’extension du domaine d’action de l’assistance économique.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la question de l’éducation au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

1. — Le travail d’éducation des PC

L’organisation d’un travail d’éducation marxiste est une tâche indispensable de tous les PC Le but de ce travail d’éducation est l’élévation du niveau intellectuel et des capacités de lutte et d’organisation des membres et fonctionnaires des partis.

Parallèlement à l’éducation marxiste générale, les fonctionnaires du Parti devront recevoir l’éducation qui leur est nécessaire dans leur spécialité.

Le travail d’éducation communiste, qui doit faire partie intégrante de l’activité du parti, doit être soumis à sa direction. Dans les pays où l’éducation des ouvriers est entre les mains d’organisations spéciales en dehors du parti, ce but devra être atteint par un travail systématique des communistes au sein de ces organisations.

Il faudra créer auprès de tous les comités centraux des Sections d’éducation, chargées de diriger toute l’activité éducative du parti. Tous les membres du PC qui travaillent dans des organisations d’éducation prolétariennes non dirigées par le Parti (associations d’éducation ouvrière, universités ouvrières, «proletcult», écoles du travail, etc.), devront être soumis au contrôle du parti.

Afin de mener le travail d’éducation communiste, les partis devront, dans la mesure de leurs moyens, créer des écoles centrales et locales du parti, des cours et Conférences; ils mettront à la disposition des groupes des professeurs et des conférenciers, organiseront des bibliothèques, etc.

Les PC sont tenus de soutenir matériellement et moralement le travail d’éducation indépendant des JC. Ces dernières devront être attirées dans tous les établissements du parti. L’éducation des enfants prolétariens devra être menée en collaboration avec les JC. Les directives de ce travail devront être fournies par la Section qui sera créée au sein du CEIC.

Cette Section d’éducation aura pour tâche d’approfondir les problèmes de l’éducation communiste, de diriger tout le travail d’éducation des divers partis de l’IC et de coordonner le travail dans les établissements d’instruction prolétariens en dehors du parti.

Elle rassemblera et fera connaître les expériences internationales, enrichira les méthodes de travail dans les différents pays, rédigera et éditera des directives, des manuels et autre matériel nécessaire au travail d’éducation, et tranchera tous les problèmes spéciaux se rapportant au travail d’éducation dans les différents pays.

Elle devra également étudier et préparer les problèmes de la politique scolaire des différents partis et de l’IC.

En vue d’approfondir l’éducation marxiste et la formation communiste pratique des meilleurs camarades appartenant aux diverses Sections de l’IC, des cours internationaux seront organisés auprès de l’Académie Socialiste et autres institutions analogues de la Russie Soviétique.

2. —L’agitation

§1. Tous les membres de l’IC sont tenus de faire de l’agitation parmi les ouvriers en dehors du parti. Cette agitation devra être menée partout où il y a des ouvriers, dans les ateliers, dans les syndicats, dans les réunions populaires, dans les associations ouvrières, sportives, coopératives de locataires, dans les maisons du peuple et les restaurants ouvriers, dans les chemins de fer, dans les villages, etc., et aussi dans les logements ouvriers.

§2. L’agitation devra toujours s’appuyer sur les besoins concrets des ouvriers en vue de diriger ces derniers dans la voie de la lutte de classe révolutionnaire. Il ne faut pas poser des revendications que les ouvriers sont incapables de comprendre, mais les pousser à la lutte pour les revendications communes du prolétariat, contre le régime capitaliste dans tous les domaines.

§3. Les communistes devront participer à toutes les luttes des ouvriers contre le régime capitaliste en combattant au premier rang pour les intérêts généraux du prolétariat et en montrant partout l’exemple.

§4. Les organes centraux du Parti devront fournir à tous les groupes locaux des instructions pratiques sur le travail d’agitation régulier de tous les membres du Parti ainsi que sur le travail dans les diverses campagnes (campagnes électorales, campagnes contre la cherté de la vie et les impôts, mouvements des conseils d’usines et des chômeurs) et dans toutes les actions dirigées par le parti. (Copie de toutes ces instructions devra être envoyée au CEIC).

§5. Tous les membres du Parti devront réclamer à leur groupe des instructions concrètes sur le moyen de mener l’agitation. C’est surtout aux noyaux communistes, aux «groupes de dix», à donner de telles instructions et à en contrôler l’application. Là où ces groupes n’existent pas, il faudra nommer des préposés spéciaux à l’agitation.

§6. Toutes les organisations du Parti devront établir, au cours de l’hiver prochain, à propos de tous les membres du Parti:

1) S’ils font de l’agitation parmi les ouvriers en dehors du parti.

a) Régulièrement, ou b)occasionnellement seulement, ou c) pas du tout ;

2) S’ils accomplissent quelque autre travail pour le parti

a) régulièrement, ou b) occasionnellement seulement, ou c)pas du tout.

Les explications nécessaires à propos de ce questionnaire devront être données à toutes les organisations par le CC du parti, après entente préalable avec le CEIC. Les Comités régionaux et les groupes locaux sont responsables de la réalisation de cette enquête. Les résultats devront en être envoyés par la Centrale du Parti au CEIC.

3. —Connaissance des principales résolutions du Parti et de l’IC

§1. Tous les membres de l’IC doivent connaître les décisions importantes, non seulement de leur parti, mais aussi de l’IC.

§2. Toutes les organisations des divers partis doivent veiller à ce que tous les membres du Parti connaissent au moins le programme de leur propre Parti et les 21 conditions d’admission à l’IC, ainsi que les décisions de l’IC concernant leur parti. Il sera procédé à la vérification des connaissances des membres du parti.

§3. Les fonctionnaires responsables doivent connaître à fond toutes les décisions d’organisation et de tactique importantes des différents Congrès Mondiaux et être examinés sur ce point. Cet examen est également recommandé (mais non obligatoire) pour les autres membres du parti.

§4. Le CD de chaque Section est tenu de fournir à ses organisations les instructions pour l’application de ces décisions et d’en faire, au printemps prochain, un rapport sur les résultats au CEIC.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur l’action féminine au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

Le 4e Congrès Mondial de l’IC approuve l’activité du Secrétariat Féminin International de Berlin.

Le Secrétariat Féminin a fait en sorte que dans tous les pays ayant un mouvement révolutionnaire, les femmes communistes adhèrent aux Sections de l’IC, soient éduquées, et attirées par les travaux et les luttes du Parti.

En outre, le Secrétariat a répandu l’agitation et la propagande communiste dans les grandes masses féminines, et a mis ces dernières en mouvement pour les intérêts des masses laborieuses.

Le Secrétariat Communiste International des Femmes a réussi à relier dans les différents pays le travail des femmes communistes organisées au travail et à la lutte des PC et de l’IC.

Il a réussi, d’accord avec les PC des différents pays, à approfondir et à consolider les rapports internationaux entre les femmes communistes organisées dans ces partis.

Toute son action s’est déroulée en complet et en constant accord avec le CEIC, d’après les directives et les décisions du Congrès Mondial de l’Internationale des femmes communistes à Moscou.

Les organismes spéciaux fondés par suite de ces décisions (Secrétariat Féminin, Sections féminines, etc.), et les méthodes particulières utilisées dans le travail des PC parmi les femmes, se sont montrés non seulement utiles, mais aussi indispensables, pour faire pénétrer dans les couches profondes des travailleuses les mots d’ordre et les idées communistes.

Dans les pays à régime capitaliste, il fallait agir en premier lieu parmi les femmes prolétariennes, les déterminer à se défendre contre l’exploitation des capitalistes, à lutter pour abattre la bourgeoisie et instaurer la dictature du prolétariat.

Par contre, dans les États soviétiques, il fallait surtout attirer les ouvrières et les paysannes à tous les domaines de la production et de la vie sociale, à l’organisation de l’État prolétarien, et les éduquer pour leur permettre de remplir les devoirs qui s’imposent à elles.

La signification internationale de la Russie des Soviets, premier État ouvrier formé par la révolution mondiale, est d’une grande importance pour l’action communiste parmi les travailleuses dans toutes les Sections de l’IC où le prolétariat doit s’emparer du pouvoir politique, condition de la transformation communiste de la société.

L’activité du Secrétariat féminin pour l’Orient, qui a effectué sur un terrain nouveau et particulier un travail efficace, montre également que des organismes spéciaux sont indispensables pour le travail communiste parmi les femmes.

Malheureusement, le 4e Congrès de l’IC doit constater que certaines Sections n’ont pas rempli ou n’ont rempli que superficiellement leur devoir, qui est de soutenir d’une façon systématique le travail communiste parmi les femmes.

Jusqu’à présent, ils n’ont ni appliqué les règles de l’organisation des femmes communistes dans le parti, ni créé les organismes du Parti indispensables au travail parmi les femmes et à l’établissement de la liaison avec ces dernières.

Le 4e Congrès exige de ces Sections de faire au plus vite ce qu’elles ont négligé.

En même temps, il demande à toutes les Sections de l’IC d’accorder une attention particulière au travail communiste parmi les femmes. Le front unique prolétarien ne peut être réalisé que si les femmes en font partie.

Une liaison solide entre les PC et les travailleuses permettra à ces dernières, dans certaines circonstances, d’ouvrir la voie au front unique prolétarien dans les mouvements de masses révolutionnaires.

L’IC doit rassembler, sans distinction, toutes les forces du prolétariat et des masses laborieuses, leur donner la conscience révolutionnaire nécessaire à la lutte qui anéantira la domination de la bourgeoisie.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur l’ICJ au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Le 2e Congrès Mondial de l’ICJ a décidé, d’accord avec les résolutions du 3e Congrès de l’IC, de subordonner au point de vue politique les JC aux PC.

Il a décidé également de réorganiser les JC, qui n’étaient jusque-là que des organisations d’avant-garde renfermées en elles-mêmes et uniquement politiques, en grandes organisations de masses dela jeunesse ouvrière qui se donneront pour tâche de représenter les intérêts de la jeunesse ouvrière dans tous les domaines, dans les cadres du travail de la classe ouvrière et sous la direction politique des PC Toutefois, comme auparavant, les JC doivent rester des organisations politiques, et la participation à la lutte politique doit continuer à être à la base de leur action.

La lutte pour les revendications économiques quotidiennes de la classe ouvrière et contre le militarisme était considérée jusqu’ici comme le moyen direct le plus important d’éveiller et de conquérir les grandes masses de la jeunesse ouvrière.

Les nouvelles tâches exigent une réorganisation des formes de travail ainsi que de l’activité des organisations. L’accomplissement d’un travail méthodique de formation communiste au sein de l’organisation ainsi qu’un travail parmi les masses des adolescents non affiliés à l’organisation a été reconnu indispensable.

L’application des décisions du 2e Congrès Mondial, qui ne pourra être obtenue que par un travail long et persévérant, s’est heurtée à certaines difficultés du fait que la plupart des JC avaient pour la première fois à accomplir de pareilles tâches.

La crise économique (appauvrissement, chômage) et l’assaut de la réaction ont obligé plusieurs organisations à devenir illégales, ce qui a diminué le nombre de leurs membres.

L’esprit révolutionnaire a baissé dans toute la classe ouvrière à la suite de l’affaissement momentané de la vague révolutionnaire.

Cette situation a eu sa répercussion sur la jeunesse ouvrière, dont l’esprit s’est modifié pendant cette époque, et qui a manifesté moins d’intérêt pour la politique. En même temps, la bourgeoisie, ainsi que la social-démocratie, redoublaient d’efforts pour influencer et organiser la jeunesse ouvrière.

Depuis leur 2e Congrès, les Jeunesses ont partout appliqué le principe de la subordination aux PC ; pourtant les rapports entre ces derniers et les Jeunesses ne s’effectuent pas encore dans le sens de l’application intégrale des résolutions du Congrès International.

La raison en est surtout que souvent les partis n’accordent pas dans une mesure suffisante aux Jeunesses l’appui indispensable au développement de leur activité.

Au cours des quinze derniers mois, des mesures pratiques ont été prises dans la plupart des JC pour le remaniement des organisations dans le sens des résolutions du 2e Congrès Mondial, de sorte qu’existent déjà les conditions premières pour la transformation des JC en organisations de masses.

Par la propagande en faveur des revendications économiques de la jeunesse ouvrière, les JC ont, en outre, dans toute une série de pays, frayé une voie qu’elles devront suivre pour continuer à influencer les grandes masses et ont déjà entrepris toute une série de campagnes et même de luttes concrètes.

Les JC, jusqu’à maintenant, ne se sont pas encore entièrement transformées en organisations de masses, tant au point de vue numérique qu’au point de vue de la liaison organique avec les masses, liaison nécessaire pour pouvoir influencer et diriger constamment ces dernières ; aussi ont-elles encore des tâches importantes à accomplir sous ce rapport.

§2. L’offensive du Capital a fortement atteint la jeunesse ouvrière. La baisse des salaires, la prolongation de la journée de travail, le chômage, l’exploitation de la main-d’œuvre, atteignent la jeunesse non seulement au même degré que la classe ouvrière adulte, mais revêtent souvent pour elle des formes encore pires.

La jeunesse ouvrière est employée contre la classe ouvrière adulte;on se sert d’elle pour abaisser les salaires, pour briser les grèves, pour augmenter le chômage des ouvriers adultes.

Cette situation dangereuse pour toute la classe ouvrière est maintenue et intensifiée par l’attitude traîtresse de la bureaucratie syndicale réformiste, qui néglige les intérêts de la jeunesse ouvrière, les sacrifie même parfois, et éloigne les masses des ouvriers adolescents de la lutte de la classe ouvrière adulte.

Souvent même, cette bureaucratie refuse l’entrée des syndicats aux jeunes. La croissance ininterrompue du militarisme bourgeois augmente également les souffrances des jeunes ouvriers et des paysans, profondément opprimés pendant leur séjour à la caserne qui les prépare au rôle de chair à canon des guerres impérialistes futures.

La réaction sévit surtout contre la jeunesse européenne: en certains endroits elle interdit la formation d’organisations de JC, même là où il existe des PC. Les deux Internationales des Jeunesses social-démocrates sont restées inactives jusqu’à présent en présence de la misère de la jeunesse ouvrière; elles ont fait bloc et ont tenté d’étouffer la volonté des jeunes ouvriers de lutter avec les adultes contre la bourgeoisie.

La création de ce bloc ne tendait pas seulement à éloigner de la lutte et du front unique les masses opprimées de la jeunesse ouvrière; elle était spécialement dirigée contre l’IC; elle devait conduire à bref délai à la fusion des Internationales des Jeunesses social-démocrates.

L’IC proclame la nécessité absolue de l’établissement du front unique entre la Jeunesse ouvrière et la classe ouvrière adulte; elle exhorte les PC et tous les ouvriers du monde entier à appuyer énergiquement les revendications de la Jeunesse ouvrière en lutte contre l’offensive du Capital, contre le militarisme bourgeois et contre la réaction.

Elle salue avec joie la lutte que l’Internationale des JC mène pour des revendications vitales, pour l’unité du front de la Jeunesse ouvrière, pour le front unique entre les ouvriers adolescents et adultes, et lui donne son entier appui.

Les attaques du Capital qui menacent de plonger la Jeunesse ouvrière dans la misère la plus profonde et d’en faire une victime impuissante du militarisme et de la réaction doivent se briser à la résistance de fer de toute la classe ouvrière.

§3. Pour développer son activité et résoudre les problèmes qui surgissent dans la voie de la conquête et de l’éducation des masses, le mouvement des JC a besoin d’être compris et soutenu activement par les PC.

Les intérêts et la force politique du mouvement des JC doivent être soutenus d’une façon efficace par la collaboration intime du Parti et de la Jeunesse dans tous les domaines et la participation permanente des JC à la vie politique des partis.

Ce soutien, ce concours sont indispensables aux PC dans leur lutte et dans leur œuvre de réalisation des résolutions de l’IC. Ils sont également la base d’un mouvement véritable des JC Les PC doivent aider les JC au point de vue de l’organisation.

Ils doivent désigner un certain nombre de leurs membres, choisis parmi les plus jeunes, pour collaborer à l’œuvre des JC et créer des organisations des Jeunesses là où le Parti possède déjà les siennes.

Étant donné que les JC ont maintenant pour tâche de concentrer leur activité sur les masses de la Jeunesse ouvrière, les PC devront surtout intensifier la création et le travail des JC (noyaux et fractions) dans les entreprises et les syndicats.

Les Partis et la Jeunesse devront avoir une représentation réciproque dans tous leurs organes respectifs (noyaux, groupes locaux, directions régionales, comités centraux, Congrès, fractions, etc.).

Les JC devront prendre racine dans les masses de la jeunesse ouvrière en intensifiant leur propagande économique, en s’occupant continuellement, d’une manière concrète, de la vie et des questions intéressant les jeunes ouvriers, en représentant continuellement leurs intérêts et en dirigeant la jeunesse dans la lutte commune qu’elle doit soutenir avec la classe ouvrière adulte.

C’est pourquoi les PC doivent soutenir activement le travail économique des JC dans les noyaux et les fractions, dans les ateliers, dans les écoles et surtout dans les syndicats, où il est nécessaire de réaliser la collaboration la plus étroite entre membres des JC et des PC.

Dans ces organisations, la tâche des membres du Parti est de veiller surtout à ce que les ouvriers adolescents et les apprentis entrent dans les syndicats ouvriers et y jouissent des mêmes droits que les autres membres ; ils doivent insister pour que les cotisations des jeunes soient proportionnées à leurs salaires, et qu’il soit tenu compte de leurs revendications dans la lutte syndicale et lors de la conclusion des contrats collectifs, etc.

Les PC soutiendront en outre le travail économique syndical des JC en appuyant activement toutes les campagnes de ces dernières, en reprenant à leur compte leurs revendications, en en faisant l’objet de leur lutte quotidienne.

Vu la croissance du danger de guerre impérialiste et le renforcement de la réaction, les PC devront appuyer le plus possible et diriger pratiquement la lutte antimilitariste des JC.

Les JC doivent être les combattants les plus ardents du Parti pour défendre la classe ouvrière contre la réaction. L’œuvre d’éducation communiste acquiert une grande importance du fait de la réorganisation des JC en grandes organisations de masses. En effet, l’éducation et la formation communistes des JC deviennent particulièrement nécessaires pour la conquête des masses.

L’œuvre d’éducation des JC nécessite une organisation spéciale et autonome et doit être réalisée méthodiquement. Le Parti doit soutenir cette œuvre en fournissant abondamment aux JC les forces culturelles et les matériaux nécessaires, en aidant à l’organisation de leurs écoles et cours, en réservant aux jeunes des places dans les écoles du Parti, en publiant dans les écoles du Parti des écrits destinés à la jeunesse.

Le Congrès considère comme indispensable que, dans sa presse, le Parti soutienne plus qu’il ne l’a fait jusqu’à présent, la lutte des JC ; à cet effet, il fera paraître régulièrement des chroniques et des suppléments spécialement destinés à la jeunesse et, dans tous ses organes, ne perdra jamais de vue les conditions de vie et la lutte des jeunes ouvriers.

Le monde bourgeois qui, dans ses efforts, se heurte à la conscience de la classe ouvrière adulte et à la résistance de la jeunesse ouvrière révolutionnaire, s’efforce surtout d’empoisonner les enfants de la classe ouvrière et de les soustraire à l’influence prolétarienne. Aussi l’organisation et le développement des groupes d’enfants communistes ont-ils une grande importance.

Ces groupes seront, au point de vue de l’organisation, subordonnés à la jeunesse et dirigés par elle; le Parti appuiera cette œuvre en fournissant des forces et en participant à la direction des groupes d’enfants. La presse des enfants communistes, dont la création a déjà été entreprise par les JC de divers pays, devra être soutenue par le Parti.

Une collaboration particulièrement intime entre les JC et les partis est indispensable dans les pays où la réaction oblige le mouvement communiste à devenir illégal.

Montrant l’importance particulière de l’œuvre communiste tendant à la conquête des masses de la jeunesse ouvrière, le 4e Congrès souligne l’importance particulière qu’acquiert actuellement l’Internationale des JC, salue en cette dernière le combattant le plus ardent de la cause de l’IC et considère les JC comme la réserve de l’avenir.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la Coopération au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

Durant les dernières années qui précédèrent la guerre mondiale et encore plus durant cette guerre, la Coopération a pris dans presque tous les pays un essor puissant et a entraîné dans ses rangs de larges masses d’ouvriers et de paysans.

L’offensive presque universelle engagée par le capital oblige les ouvriers, et surtout les ouvrières, à apprécier encore davantage l’aide que peut leur apporter la coopération de consommation.

Les vieux chefs social-réformistes ont depuis longtemps fort bien compris l’importance de la coopération pour les buts qu’ils poursuivent.

Ils se sont installés dans les organisations coopératives et, de là, ils empoisonnent fortement la conscience des masses ouvrières, troublant la conscience et l’activité même des ouvriers ayant l’esprit révolutionnaire.

D’autre part, les partis social-démocrates, ayant entre leurs mains la direction du mouvement coopératif, puisent dans certains pays, dans les caisses des coopératives, les ressources matérielles nécessaires au soutien de leur parti. Sous le masque de la neutralité politique, ils soutiennent la bourgeoisie et sa politique impérialiste.

Maîtres de la direction du mouvement coopératif, les vieux chefs de la coopération ne peuvent ou ne veulent ni comprendre les conditions sociales nouvelles, les buts nouveaux de la coopération, ni élaborer de nouvelles méthodes de travail.

Ne voulant pas renoncer à leurs principes coopératifs, consacrés par l’âge, ils détruisent même le travail purement économique et en même temps toute coopération.

Enfin, ils ne font rien pour préparer le prolétariat à la réalisation des tâches immenses qui lui incomberont au moment où il prendra le pouvoir.

Toutes ces, circonstances obligent les communistes à s’appliquer sérieusement à arracher la coopération des mains des social-patriotes, pour la transformer d’un instrument au service des valets de la bourgeoisie en un instrument du prolétariat révolutionnaire.

Le 3e Congrès de l’IC avait adopté des thèses concernant l’action des communistes dans la coopération. L’expérience d’une année et demie a justifié ces thèses.

Le 4e Congrès les confirme encore une fois et invite avec insistance tous les PC, tous les groupes et organisations, à aborder leur action dans la coopération. De même, il demande aux organes de la presse d’accorder dans leurs colonnes une place suffisante aux questions coopératives. Pour compléter ces thèses, le 4e Congrès souligne:

§1. La nécessité urgente de faire mettre en pratique par tous les PC la résolution engageant tous les membres du Parti à être membres des coopératives et à y défendre la ligne de conduite communiste. Dans chaque organisation coopérative, les coopérateurs communistes doivent former un noyau, soit légal, soit clandestin.

Tous les noyaux doivent être groupés en fédérations départementales et nationales avec à leur tête la Section Coopérative du CEIC.

Ces noyaux ont pour but d’établir la liaison avec la masse des ouvriers coopérateurs, de critiquer dans leur milieu non seulement les principes, mais surtout l’action de la vieille coopération et d’organiser toutes les masses mécontentes en vue de créer dans la coopération un front unique de lutte contre le capital et l’État capitaliste.

Toutes les questions nationales des communistes coopérateurs doivent être soumises à l’IC par la Section coopérative de cette dernière.

Mais les coopérateurs communistes ne doivent pas chercher à isoler les coopérateurs révolutionnaires ou appartenant à l’opposition, car cette façon de procéder entraînerait non seulement l’effritement de leurs forces, mais aussi l’affaiblissement du contact des coopérateurs révolutionnaires avec les larges masses ouvrières.

Les mêmes causes obligent à s’abstenir de faire sortir les sociétés coopératives nationales de l’Alliance Internationale Coopérative. Par contre, les communistes doivent réclamer l’adhésion et l’acceptation par cette Alliance de toutes les coopératives nationales où les communistes ont la majorité, et qui n’y sont pas encore affiliées.

§2. Les coopérateurs communistes, de même que les comités centraux des PC, doivent mener une lutte énergique contre cette illusion que la coopération pourrait par ses forces seules aboutir au régime socialiste au moyen d’une incorporation lente dans le capitalisme, sans la prise du pouvoir par le prolétariat.

Une seconde illusion serait d’affirmer qu’elle est capable, en usant de ses vieilles méthodes, d’obtenir une amélioration importante dans la situation de la classe ouvrière.

Il faut combattre non moins énergiquement le principe de la soi-disant neutralité politique, qui cache un soutien ouvert ou masqué de la politique de la bourgeoisie et de ses valets.

Cette campagne ne doit pas seulement revêtir la forme de la propagande théorique; on doit la mener aussi en faisant participer la coopération à la lutte politique et économique menée actuellement par les partis politiques et les syndicats rouges en vue de la défense des intérêts des travailleurs.

À cela se rapporte, par exemple, la lutte contre l’augmentation des impôts, surtout contre les impôts indirects à la charge du consommateur, la lutte contre les impôts excessifs ou spéciaux sur les coopératives et sur le chiffre d’affaires, la lutte contre la cherté de la vie, la réclamation de cession aux coopératives ouvrières de consommation de la répartition des produits de première nécessité, la lutte contre le militarisme qui provoque l’augmentation des dépenses de l’État et, par conséquent, l’augmentation des impôts, la lutte contre la folle politique financière des États capitalistes aboutissant à la baisse du change, la lutte contre le traité de Versailles, la lutte contre le fascisme, qui, partout, met en ruines les organisations coopératives, la lutte contre les menaces de guerre, la lutte contre l’intervention armée en Russie, la lutte pour les traités de commerce avec la Russie, etc.

Les coopérateurs communistes doivent tendre à faire participer leur organisation à ces campagnes, à côté des PC et des syndicats rouges, et à réaliser de cette façon le front unique du prolétariat.

Les communistes coopérateurs doivent réclamer de leurs organisations qu’elles prêtent leur aide aux victimes de la terreur capitaliste, aux lock-outés, etc. Les communistes coopérateurs doivent demander énergiquement dans leurs sociétés l’organisation du travail de propagande et s’employer à ce travail.

§3. Parallèlement à cette participation énergique à la lutte politique et économique du prolétariat révolutionnaire, les coopérateurs communistes doivent mener dans leurs organisations une action purement coopérative, afin d’attribuer à cette action le caractère imposé par les nouvelles conditions et les nouvelles tâches du prolétariat: l’union des petites sociétés de consommation; le renoncement aux vieux principes de la répartition des ristournes, des bénéfices et l’emploi de ces derniers au renforcement de la puissance de la coopération; la création au moyen de ces bénéfices d’un fonds spécial de secours aux grévistes; la défense des intérêts des employés des coopératives; la lutte contre tel crédit des banques qui peut être dangereux pour la coopérative.

Lorsqu’il y a une augmentation des actions, les communistes doivent demander que les ouvriers qui n’ont pas le moyen de payer les actions ne soient pas exclus des sociétés et exiger des conditions plus faciles pour eux, etc.

Les noyaux de coopérateurs communistes doivent de même lier étroitement leur action à celle des organisations d’ouvrières et des JC en vue de mener, grâce aux forces unies des ouvrières et des jeunes, une propagande coopérative conforme aux principes communistes.

Il est nécessaire de commencer dans les coopératives une lutte énergique contre la bureaucratie qui, se déguisant sous des devises démocratiques, a changé le principe démocratique en une phrase vide, manœuvre à son gré sans être soumise à aucun contrôle, évite de convoquer des assemblées générales, ne compte pas avec les masses ouvrières organisées dans ces coopératives.

Il est indispensable enfin que les noyaux de coopérateurs communistes fassent passer leurs membres sans excepter les femmes dans les comités de direction et les organes de contrôle et qu’ils prennent des mesures pour armer les communistes des connaissances et des aptitudes indispensables à la direction des coopératives.

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Résolution sur le traité de Versailles au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

La guerre mondiale s’est terminée par l’écroulement de trois puissances impérialistes: l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Russie. Quatre grands rapaces sont sortis victorieux de la lutte: les États-Unis, l’Angleterre, la France et le Japon.

Les traités de paix, dont celui de Versailles constitue le noyau central, sont une tentative de stabiliser la domination mondiale de ces quatre puissances victorieuses: politiquement et économiquement, en réduisant tout le reste du monde en un domaine colonial d’exploitation ; socialement en consolidant la bourgeoisie vis-à-vis du prolétariat de chaque pays et de la Russie prolétarienne révolutionnaire victorieuse, grâce à une alliance de toutes les bourgeoisies.

Dans ce but on construisit et on arma une digue de petits États vassaux autour de la Russie pour étouffer cette dernière à la première occasion. Les États vaincus devaient en outre réparer complètement les dommages matériels subis par les États victorieux.

Aujourd’hui, il est clair pour tout le monde qu’aucune des présomptions sur lesquelles étaient bâtis tous ces traités de paix n’était fondée. La tentative de rétablir un nouvel équilibre sur des bases capitalistes a échoué.

L’histoire des quatre dernières années montre un chancellement continu, une insécurité permanente; les crises économiques, le chômage et la surproduction, les crises ministérielles, les crises de parti, les crises extérieures n’en finissent plus.

Au moyen d’une série infinie de Conférences, les puissances impérialistes essayent d’arrêter la ruine du système mondial édifié par ces traités et de dissimuler la banqueroute de Versailles.

Les tentatives pour renverser en Russie la dictature du prolétariat ont échoué. Le prolétariat de tous les pays capitalistes prend de plus en plus résolument position en faveur de la Russie des Soviets.

Même les chefs de l’Internationale d’Amsterdam sont obligés de déclarer ouvertement que la chute de la domination prolétarienne en Russie serait une victoire de la réaction mondiale sur tout le prolétariat.

La Turquie, précurseur de l’Orient en marche vers la révolution, a résisté les armes à la main à l’application du traité de paix;à la Conférence de Lausanne ont lieu les funérailles solennelles d’une partie importante des traités.

La crise économique mondiale persistante a donné la preuve que la conception économique du traité de Versailles n’est pas soutenable. La puissance européenne capitaliste dirigeante, l’Angleterre, qui dépend dans la plus grande mesure du commerce mondial ne peut consolider sa base économique sans la restauration de l’Allemagne et de la Russie.

Les États-Unis, la plus forte puissance impérialiste, se sont complètement détournés de l’œuvre de paix et cherchent à fonder leur impérialisme mondial sur leurs propres forces. Ils ont réussi à gagner l’appui de parties importantes de l’Empire mondial anglais, du Canada et de l’Australie.

Les colonies opprimées de l’Angleterre, base de son pouvoir mondial, se rebellent; tout le monde musulman est en révolte ouverte ou latente.Toutes les présomptions de l’œuvre de paix ont fait défaut, sauf une: que le prolétariat de tous les pays bourgeois doit payer les charges de la guerre et de la paix de Versailles.

§1. France. — En apparence, c’est la France qui, de tous les pays victorieux, s’est le plus accru en puissance. Outre la conquête de l’Alsace-Lorraine, l’occupation de la rive gauche du Rhin, les innombrables milliards de dommages de guerre qu’elle réclame à l’Allemagne, elle est devenue en fait la plus grande puissance militaire du continent européen. Avec ses États vassaux, dont les armées sont instruites et dirigées par des généraux français (Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie), avec sa propre grande armée, avec ses sous-marins et sa flotte aérienne, elle domine le continent européen, elle joue le rôle de gardien du traité de Versailles.

Mais la base économique de la France, sa petite population diminuant de plus en plus, son énorme dette intérieure et extérieure et sa dépendance économique à l’égard de l’Angleterre et de l’Amérique ne donnent pas un fondement suffisant à sa soif inextinguible d’expansion impérialiste. Sous le rapport de la puissance politique, elle est gênée par la maîtrise de l’Angleterre sur toutes les bases navales importantes, par le monopole du pétrole détenu par l’Angleterre et l’Amérique.

Sous le rapport économique, son enrichissement en minerai de fer procuré par le traité de Versailles perd sa valeur du fait que les mines correspondantes de charbon du bassin de la Ruhr sont restées à l’Allemagne.

L’espoir de remettre en ordre les finances ébranlées de la France avec l’aide des réparations payées par l’Allemagne est apparue illusoire. Tous les experts financiers sont unanimes à reconnaître que l’Allemagne ne saurait payer les sommes dont la France a besoin pour assainir ses finances. Il ne reste à la bourgeoisie française qu’un moyen: réduire le niveau d’existence du prolétariat français à celui du prolétariat allemand.

La famine du travailleur allemand est une image de la misère qui menace pour demain l’ouvrier français. La dépréciation du franc, provoquée consciemment par certains milieux de la grande industrie française, constituera un moyen de rejeter sur les épaules du prolétariat français les charges de la guerre après que l’œuvre de paix de Versailles sera apparue impraticable.

§2. Angleterre. — La guerre mondiale a donné à l’Angleterre l’unification de son empire colonial, du Cap de Bonne-Espérance, à travers l’Égypte et l’Arabie, jusqu’aux Indes. Elle a maintenu en sa possession tous les principaux accès sur la mer.

Par des concessions accordées à ses colonies d’émigration, elle a cherché à construire l’Empire mondial anglo-saxon. Mais malgré toute la souplesse de sa bourgeoisie, malgré son effort pour reconquérir le marché mondial, il est apparu qu’avec la situation mondiale créée par le traité de Versailles l’Angleterre ne peut plus progresser. L’État industriel anglais ne peut plus exporter si l’Allemagne et la Russie ne sont pas restaurées économiquement.

Sous ce rapport, l’antagonisme entre l’Angleterre et la France s’aggrave ; l’Angleterre veut vendre ses marchandises à l’Allemagne, ce que le traité de Versailles rend impossible ; la France veut arracher à l’Allemagne des sommes colossales sous forme de contributions de guerre, ce qui ruine la force d’achat de l’Allemagne.

C’est pourquoi l’Angleterre est pour la suppression des réparations, et la France mène dans le Proche-Orient une guerre dissimulée contre l’Angleterre pour la contraindre à céder dans la question des réparations. Tandis que le prolétariat anglais supporte les charges de la guerre sous la forme du chômage de millions d’ouvriers, la bourgeoisie d’Angleterre et de France s’accorde aux dépens de l’Allemagne.

§3. Europe Centrale. Allemagne. — L’objet le plus important du traité de Versailles, c’est l’Europe Centrale, la nouvelle colonie des brigands impérialistes. Divisée en d’innombrables petits États et en une série de régions économiquement non viables, l’Europe Centrale est incapable de vie politique indépendante. Elle est la colonie du capital anglais et français. Selon l’intérêt changeant de ces grandes puissances, ses divers tronçons sont excités les uns contre les autres.

La Tchécoslovaquie, sur un domaine économique de 60 millions d’individus, est constamment en proie à la crise économique. L’Autriche a été réduite à l’état de monstre non viable qui ne mène plus, en apparence, une existence politique indépendante que grâce aux rivalités des pays voisins.

La Pologne, à laquelle des vastes régions occupées par des populations de langues étrangères ont été attribuées, est un avant-poste de la France, une caricature de l’impérialisme français.

Dans tous ces pays, le prolétariat doit payer les frais de la guerre sous forme d’une réduction de son niveau d’existence ou d’un formidable chômage. Mais l’objet le plus important du traité de Versailles, c’est l’Allemagne désarmée, privée de toute possibilité de défense.

Elle est livrée à la merci des puissances impérialistes. La bourgeoisie allemande cherche à lier ses intérêts tantôt à ceux de la bourgeoisie anglaise, tantôt à ceux de la bourgeoisie française. Elle cherche à satisfaire une partie des prétentions de la France au moyen d’une exploitation aggravée du prolétariat allemand et à assurer en même temps sa propre domination sur ce prolétariat avec l’aide étrangère.

Mais la plus forte exploitation du prolétariat allemand, la transformation de l’ouvrier allemand en coolie européen, la misère effrayante où il est plongé par suite du traité de Versailles ne donnent pas la possibilité de payer les réparations.

L’Allemagne devient donc le ballon de jeu de l’Angleterre et de la France. La bourgeoisie française veut résoudre la question par la force en occupant le bassin de la Ruhr et la rive gauche du Rhin.

L’Angleterre s’y oppose. Seule, l’aide de la plus grande puissance économique, les États-Unis, eût pu concilier les intérêts contradictoires de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne.

§4. États-Unis d’Amérique. — Les États-Unis se sont retirés depuis longtemps de l’œuvre de paix de Versailles, en refusant de ratifier le traité. Les États-Unis qui sont sortis de la guerre mondiale comme la plus grande puissance économique et politique, et envers qui les puissances impérialistes européennes sont fortement endettées, ne se montrent pas disposés à guérir, au moyen de nouveaux grands crédits à l’Allemagne, la crise financière de la France.

Le capital des États-Unis se détourne de plus en plus du chaos européen et cherche avec beaucoup de succès à se créer dans l’Amérique Centrale et du Sud et en Extrême-Orient un empire colonial et à assurer à sa classe régnante l’exploitation du marché intérieur par un système douanier protectionniste.

En abandonnant de la sorte l’Europe continentale à son sort, les États-Unis, tout en appliquant leur suprématie économique à la construction de navires de guerre, ont contraint les autres puissances impérialistes à accepter l’accord de désarmement de Washington.

Ils ont ainsi ruiné une des bases les plus importantes de l’œuvre de Versailles, à savoir: la suprématie maritime de l’Angleterre, et de la sorte il n’y a plus de sens pour l’Angleterre à rester dans le groupement de puissances prévu à Washington.

§5. Japon. Colonies. — La plus jeune puissance mondiale impérialiste, le Japon, se tient à l’écart du chaos européen crée par le traité de Versailles. Mais, par le développement des États-Unis en puissance mondiale, ses intérêts ont été vivement touchés.

À Washington, il a été obligé de dissoudre son alliance avec l’Angleterre, ce qui a ruiné encore une des bases les plus importantes de la division du monde faite à Versailles.

En même temps, non seulement les peuples opprimés se révoltent contre la domination de l’Angleterre et du Japon, mais les colonies d’émigration de l’Angleterre cherchent à assurer leurs intérêts au moyen d’un rapprochement avec les États-Unis, dans la lutte imminente entre les États-Unis et le Japon. Le cadre de l’impérialisme anglais se relâche ainsi de plus en plus.

§6. Vers une nouvelle guerre mondiale. — Les tentatives des grandes puissances impérialistes pour créer une base permanente à leur domination mondiale ont échoué lamentablement devant leurs intérêts contradictoires. La grande œuvre de paix est ruinée.

Les grandes puissances arment leurs États vassaux en vue d’une nouvelle guerre. Le militarisme est plus fort que jamais. Et quoique la bourgeoisie redoute anxieusement une nouvelle révolution prolétarienne à la suite d’une guerre mondiale, les lois internes de l’ordre social capitaliste poussent irrésistiblement à un nouveau conflit mondial.

§7. Les objectifs des PC. — Les Internationales 2 et 2½ s’appliquent à soutenir l’aile radicale de la bourgeoisie, qui représente avant tout les intérêts du capital commercial et bancaire dans sa lutte impuissante pour la suppression des réparations.

Comme dans toutes les questions, dans celle-ci aussi, elles marchent avec la bourgeoisie. La tâche des PC, et en premier lieu de ceux des pays victorieux, est donc de rendre clair aux masses que l’œuvre de paix de Versailles rejette toutes les charges sur les épaules du prolétariat, aussi bien dans les pays victorieux que dans les pays vaincus, et que les prolétaires de tous les pays sont les véritables victimes.

Sur cette base, les PC, et avant tout ceux d’Allemagne et de France, doivent mener la lutte commune contre le traité de Versailles.

Le PC Français doit lutter de toutes ses forces contre les tendances impérialistes de sa propre bourgeoisie, contre sa tentative à s’enrichir au moyen de l’exploitation aggravée du prolétariat allemand, contre l’occupation du bassin de la Ruhr, contre le morcellement de l’Allemagne, contre l’impérialisme français.

Il ne suffit plus aujourd’hui de combattre en France la soi-disant défense de la patrie, il faut lutter pas à pas contre le traité de Versailles.

Le devoir des PC de Tchécoslovaquie, de Pologne et des autres pays vassaux de la France, est de lier la lutte contre leur propre bourgeoisie à la lutte contre l’impérialisme français.

Il faut, au moyen d’actions communes de masses, rendre clair au prolétariat français et allemand que la tentative de réaliser le traité de Versailles réduit à la plus profonde misère le prolétariat des deux pays et avec lui le prolétariat de toute l’Europe.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la Révolution russe au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

Le 4e Congrès Mondial de l’IC exprime au peuple travailleur de la Russie des Soviets ses remerciements les plus profonds et son admiration sans bornes pour avoir, non seulement conquis le pouvoir au moyen de la lutte révolutionnaire et établi la dictature du prolétariat, mais pour avoir su défendre victorieusement jusqu’à aujourd’hui contre tous les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur les conquêtes de la révolution. Il a ainsi rendu des services immortels à la libération des opprimés et des exploités de tous les pays.

Le 4e Congrès Mondial constate avec la plus grande satisfaction que le premier État ouvrier du monde, issu de la révolution prolétarienne, a complètement prouvé sa force de vie et de développement au cours des cinq années de son existence, malgré des difficultés et des dangers inouïs.

L’État soviétique est sorti renforcé des horreurs de la guerre civile. Grâce à l’héroïsme incomparable de l’armée rouge, il a abattu sur tous les fronts la contre-révolution militaire équipée et soutenue par la bourgeoisie mondiale.

Il a repoussé toutes les tentatives des États capitalistes pour lui imposer, au moyen de ruses diplomatiques et d’une pression économique, l’abandon du contenu prolétarien des buts communistes de la révolution, à savoir la reconnaissance du droit de propriété privée sur les moyens de production sociaux et la renonciation à la nationalisation de l’industrie. Inébranlablement, il a défendu contre l’assaut de la bourgeoisie mondiale ce qui constitue la condition fondamentale de la libération prolétarienne, à savoir la propriété collective des moyens de production.

En s’opposant à la reconnaissance d’une dette nationale immense, il s’est opposé à ce qu’on rabaisse les ouvriers et les paysans de la République des Soviets au niveau des serfs coloniaux des capitalistes.

Le 4e Congrès Mondial constate que l’État ouvrier, depuis qu’il n’est plus obligé de défendre son existence les armes à la main, s’efforce avec la plus grande énergie de rétablir et de développer la vie économique de la République et qu’il continue à se fixer comme but l’établissement du communisme.

Les étapes et les mesures diverses menant à ce but, la «Nouvelle politique économique», sont le résultat, d’une part, des conditions objectives et subjectives du pays, d’autre part, de la lenteur du développement de la révolution mondiale et de l’état d’isolement de la République des Soviets au milieu d’États capitalistes.

Malgré les difficultés inouïes qui sont ainsi créées, l’État ouvrier peut faire des progrès décisifs dans le domaine de la reconstruction économique.

De même que les ouvriers russes ont chèrement payé pour les ouvriers du monde entier les enseignements qui se dégagent de la conquête et de la défense du pouvoir politique et de l’établissement de la dictature prolétarienne, ce sont eux encore qui font les sacrifices les plus pénibles pour résoudre les problèmes de la période de transition du capitalisme au communisme.

La Russie des Soviets est et reste le foyer le plus riche d’expériences révolutionnaires pour le prolétariat mondial.

Le 4e Congrès Mondial constate avec satisfaction que la politique de la Russie des Soviets a assuréet renforcé la condition la plus importante pour l’instauration et le développement de la société communiste, le régime des Soviets, c’est-à-dire la dictature du prolétariat.

Car, seule, cette dictature est capable de surmonter toutes les résistances bourgeoises à l’émancipation totale des travailleurs et d’assurer ainsi la défaite complète du capitalisme et la voie libre vers la réalisation du communisme.

Le 4e Congrès Mondial constate la part décisive prise par le PC russe, en tant que Parti dirigeant du prolétariat soutenu par les paysans, à la conquête et à la défense du pouvoir politique.

L’unité idéologique et organique du Parti, sa discipline sévère, ont donné aux masses l’assurance révolutionnaire du but à atteindre et des méthodes à employer, ont élevé ses qualités de décision et de dévouement jusqu’à l’héroïsme et créé un lien organique indestructible entre les masses et les chefs.

Le 4e Congrès Mondial rappelle aux travailleurs de tous les pays que la révolution prolétarienne ne pourra jamais vaincre à l’intérieur d’un seul pays, mais dans le cadre international, en tant que révolution prolétarienne mondiale.

La lutte de la Russie des Soviets pour son existence et pour les conquêtes de la révolution est la lutte pour la libération des travailleurs, des opprimés et exploités du monde entier.

Les travailleurs russes ont fait surabondamment leur devoir en tant que champions révolutionnaires du prolétariat mondial. Le prolétariat mondial devra aussi remplir sa tâche. Dans tous les pays, les ouvriers, les déshérités et les opprimés devront manifester moralement, économiquement et politiquement leur complète solidarité avec la Russie des Soviets.

Ce n’est pas seulement la solidarité internationale, mais c’est leur intérêt le plus élémentaire qui doit les décider à engager un combat acharné contre la bourgeoisie et l’État capitaliste.

Dans tous les pays leurs mots d’ordre devront être les suivants: Ne touchez pas à la Russie des Soviets! Reconnaissance de la République des Soviets! Assistance vigoureuse de toute sorte pour la reconstruction économique de la Russie des Soviets!

Tout renforcement de la Russie des Soviets équivaut à un affaiblissement de la bourgeoisie mondiale Le maintien depuis cinq ans du régime des Soviet est le coup le plus dur que le capitalisme mondial ait reçu jusqu’à présent.

Le 4e Congrès Mondial demande aux travailleurs de tous les pays capitalistes de s’inspirer de l’exemple de la Russie des Soviets, et de porter au capitalisme le coup mortel, de tendre toutes leurs forces pour réaliser la révolution mondiale.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur le programme de l’Internationale Communiste au quatrième congrès

§1. Tous les projets de programme seront transmis au CEIC ou à une Commission désignée à cet effet, pour être étudiés et élaborés en détail. Le CEIC est tenu de publier dans le plus bref délai tous les projets de programme qui lui parviennent.

§2. Le Congrès confirme que les Sections nationales de l’IC qui n’ont pas encore de programme national sont tenues de commencer immédiatement à en élaborer un pour pouvoir le soumettre au CEIC, trois mois au plus tard avant le 5eCongrès, pour ratification.

§3. Dans le programme des Sections nationales, la nécessité de la lutte pour les revendications transitoires doit être motivée avec précision et netteté; les réserves sur les rapports de ces revendications avec les conditions concrètes de temps et de lieu doivent être mentionnées.

§4. Les fondements théoriques de toutes les revendications transitoires et partielles doivent absolument être formulés dans le programme général. Le 4e Congrès se prononce tout aussi résolument contre la tentative de représenter l’introduction de revendications transitoires dans le programme comme de l’opportunisme, que contre toute tentative d’atténuer ou de remplacer les objectifs révolutionnaires fondamentaux par des revendications partielles.

§5. Dans le programme général doivent être nettement énoncés les types historiques fondamentaux entre lesquels se divisent les revendications transitoires des Sections nationales, conformément aux différences essentielles de structure économique et politique des divers pays, comme par exemple, l’Angleterre d’une part, l’Inde de l’autre, etc.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la tactique de l’Internationale Communiste au quatrième congrès

§1. — Confirmation des résultats du 3e Congrès Mondial.

Le 4e Congrès constate avant tout que les résolutions du 3e Congrès Mondial :

1) sur la crise économique mondiale et les tâches de l’IC ;

2) sur la tactique de l’IC, ont été complètement confirmées par le cours des événements et le développement du mouvement ouvrier dans l’intervalle entre les 3eet 4e Congrès.

§2.— La période de décadence du capitalisme.

Après avoir analysé la situation économique mondiale, le 3e Congrès put constater avec la plus complète précision que le capitalisme, après avoir accompli sa mission de développement des forces productrices, est tombé dans la contradiction la plus irréductible avec les besoins, non seulement de l’évolution historique actuelle, mais aussi avec les conditions d’existence humaine les plus élémentaires.

Cette contradiction fondamentale se refléta particulièrement dans la dernière guerre impérialiste et fut encore aggravée par cette guerre qui ébranla, de la manière la plus profonde, le régime de la production et de la circulation.

Le capitalisme, qui se survit ainsi à lui-même, est entré dans la phase où l’action destructrice de ses forces déchaînées ruine et paralyse les conquêtes économiques créatrices déjà réalisées par le prolétariat dans les liens de l’esclavage capitaliste.

Le tableau général de la ruine de l’économie capitaliste n’est en rien atténué par les fluctuations inévitables qui sont propres au système capitaliste, dans son déclin comme dans son ascension.

Les tentatives faites par les économistes nationaux bourgeois et social-démocrates pour présenter l’amélioration constatée dans la seconde moitié de 1921 aux États-Unis et, dans une mesure bien moindre, au Japon et en Angleterre, en partie aussi en France et dans d’autres pays, comme un indice de rétablissement de l’équilibre capitaliste reposent en partie sur la volonté d’altérer les faits et en partie sur le manque de perspicacité des valets du capital.

Le 3e Congrès, même avant le commencement de la reprise industrielle actuelle, avait prévu cette reprise dans un avenir plus ou moins rapproché, et il l’avait définie dès lors de la façon la plus précise comme une vague superficielle sur le fond de la destruction croissante de l’économie capitaliste.

On peut prévoir nettement dès à présent que si la reprise actuelle de l’industrie n’est pas susceptible, même dans un avenir éloigné, de rétablir l’équilibre capitaliste ou même de guérir les plaies béantes laissées par la guerre, la prochaine crise cyclique, dont l’action coïncidera avec la ligne principale de la destruction capitaliste, ne fera qu’aggraver toutes les manifestations de cette dernière, et par conséquent aussi, dans une mesure extraordinaire, la situation révolutionnaire.

Jusqu’à sa mort, le capitalisme sera en proie à ces fluctuations cycliques. Seules, la prise du pouvoir par le prolétariat et la Révolution mondiale socialiste pourront sauver l’humanité de cette catastrophe permanente provoquée par la persistance du capitalisme moderne.

Ce que le capitalisme traverse aujourd’hui n’est autre que son agonie. L’écroulement du capitalisme est inévitable.

§3.— La situation politique internationale.

La situation politique internationale reflète aussi la ruine progressive du capitalisme. La question des réparations n’est toujours pas résolue. Tandis que les Conférences des États de l’Entente se succèdent, la ruine économique de l’Allemagne se poursuit toujours et menace l’existence du capitalisme dans toute l’Europe Centrale.

L’aggravation catastrophique de la situation économique de l’Allemagne contraindra l’Entente à renoncer aux réparations, ce qui accélérera la crise économique et politique de la France ou bien déterminera la formation d’un bloc industriel franco-allemand sur le continent ; et ce fait aggravera la situation économique de l’Angleterre et sa position sur le marché mondial ; il opposera politiquement l’Angleterre au Continent.

Dans le Proche-Orient, la politique de l’Entente a subi une faillite complète. Le traité de Sèvres a été déchiré par les baïonnettes turques. La guerre gréco-turque et les événements subséquents ont montré avec évidence l’instabilité de l’équilibre politique actuel.

Le fantôme d’une nouvelle guerre mondiale impérialiste est apparu clairement. Après avoir, pour des motifs de concurrence avec l’Angleterre, aidé à déterminer l’œuvre commune de l’Entente dans le Proche-Orient, la France impérialiste est de nouveau poussée par ses intérêts capitalistes dans le front commun du capitalisme contre les peuples de l’Orient.

Par-là, la France capitaliste prouve aux peuples du Proche-Orient qu’ils ne sauraient mener leur lutte de défense contre l’oppression qu’aux côtés de la Russie des Soviets et avec l’appui du prolétariat révolutionnaire du monde entier.

En Extrême-Orient, les États victorieux de l’Entente ont essayé de réviser, à Washington, la paix de Versailles, mais ils n’ont fait ainsi que se donner un répit en réduisant pour quelques années une catégorie seulement d’armements, à savoir le grand nombre des navires de guerre. Ils n’ont pas obtenu une solution de la question.

La lutte se poursuit toujours entre l’Amérique et le Japon, elle entretient la guerre civile en Chine. La côte du Pacifique reste, après comme avant Washington, un foyer de grands conflits. L’exemple des mouvements de libération nationale aux Indes, en Égypte, en Irlande et en Turquie, montre que les pays coloniaux et semi-coloniaux constituent les foyers d’un mouvement révolutionnaire grandissant contre les puissances impérialistes et des réservoirs inépuisables de forces révolutionnaires qui, dans la situation actuelle, se tournent objectivement contre toute l’existence de l’ordre bourgeois mondial.

La paix de Versailles est liquidée par les faits. Mais elle ne fait pas place à un accord général des États capitalistes, à une suppression de l’impérialisme ; elle crée au contraire de nouveaux antagonismes, de nouveaux armements. La reconstruction de l’Europe est impossible dans la situation donnée. L’Amérique donnée. L’Amérique capitaliste ne veut faire aucun sacrifice pour la restauration de l’économie capitaliste européenne.

L’Amérique capitaliste plane comme un vautour sur l’agonie du capitalisme européen dont elle sera l’héritier. L’Amérique réduira l’Europe capitaliste en esclavage si la classe ouvrière européenne ne s’empare pas du pouvoir politique et ne s’applique pas à réparer les ruines de la guerre mondiale et à commencer la construction d’une République Fédérative des Soviets d’Europe.

Les derniers événements qui se sont déroulés en Autriche sont éminemment caractéristiques de la situation politique de l’Europe. Sur l’ordre de l’impérialisme de l’Entente, salué avec joie par la bourgeoisie autrichienne, la fameuse démocratie – fierté des leaders de l’Internationale de Vienne, pour laquelle ces derniers ont constamment trahi les intérêts du prolétariat et qu’ils avaient confiée à la garde des monarchistes, des social-chrétiens et des nationalistes, qu’elle aidait à se rétablir au pouvoir –a été anéantie d’un trait de plume à Genève et remplacée par la dictature ouverte d’un simple plénipotentiaire de l’Entente.

Le Parlement bourgeois même est supprimé en fait et remplacé par un commis des banquiers de l’Entente.

Après un court semblant de résistance, les social-démocrates ont capitulé et aidé à l’exécution de ce honteux traité.

Ils se sont même déclarés prêts à entrer de nouveau dans la coalition sous une forme à peine masquée, pour empêcher une résistance du prolétariat. Ces événements en Autriche, ainsi que le dernier coup d’État fasciste en Italie, démontrent d’une manière frappante l’instabilité de toute la situation et prouvent surabondamment que la démocratie n’est qu’un simulacre, qu’elle n’est en réalité que la dictature masquée de la bourgeoisie, que cette dernière remplace, le moment venu, par la réaction ouverte la plus brutale.

En même temps, la situation politique internationale de la Russie des Soviets, le seul pays où le prolétariat ait vaincu la bourgeoisie et maintenu son pouvoir pendant cinq années contre les assauts de ses ennemis, est renforcée dans une mesure considérable.

À Gênes et à La Haye, les capitalistes de l’Entente ont tenté de contraindre la République des Soviets de Russie à renoncer à la nationalisation de l’industrie et de la charger d’un fardeau de dettes qui la transformerait, en fait, en une colonie de l’Entente.

L’État prolétarien de la Russie des Soviets fut cependant assez fort pour résister à ces prétentions. Dans le chaos du système capitaliste en cours de dissolution, la Russie des Soviets, de la Bérézina à Vladivostok, de la côte de Mourmansk aux montagnes d’Arménie, est un facteur croissant de puissance en Europe, dans le Proche et l’Extrême-Orient.

Malgré les tentatives du monde capitaliste, pour étouffer la Russie au moyen du blocus financier, celle-ci sera en état d’aborder sa restauration économique.

Dans ce but, elle utilisera aussi bien ses propres ressources économiques que la concurrence entre capitalistes, qui contraindra ceux-ci à mener des négociations séparées avec la Russie des Soviets. Un sixième du globe est au pouvoir des Soviets.

L’existence seule de la République des Soviets de Russie agit sur la société bourgeoise comme un élément de la Révolution mondiale. Plus la Russie Soviétique se relève et se consolide économiquement, et plus ce facteur révolutionnaire prédominant accroîtra son influence dans la politique internationale.

§4.— L’offensive du Capital.

Le prolétariat de tous les pays, excepté la Russie, n’ayant pas profité de l’état de faiblesse du capitalisme, déterminé par la guerre, pour lui porter des coups décisifs, la bourgeoisie put, grâce à l’aide des socialistes-réformistes, écraser les ouvriers révolutionnaires prêts au combat, consolider son pouvoir politique et économique et commencer une nouvelle offensive contre le prolétariat.

Toutes les tentatives de la bourgeoisie pour remettre en marche la production et la réparation industrielle après l’orage de la guerre mondiale furent faites aux dépens du prolétariat. L’offensive universelle et systématique organisée par le capital contre toutes les conquêtes de la classe ouvrière entraîna tous les pays dans son tourbillon.

Partout le capital réorganisé réduit impitoyablement le salaire réel des ouvriers, prolonge la journée de travail, rogne les modestes droits du prolétariat dans l’industrie, oblige dans les pays à bas cours les ouvriers, réduits à la mendicité, à payer les frais de la misère déterminée dans la vie économique par la dépréciation du change, etc.

L’offensive du capital, qui a pris au cours de ces dernières années des proportions gigantesques, oblige les ouvriers de tous les pays à mener des luttes défensives. Des milliers et des dizaines de milliers d’ouvriers ont accepté le combat, dans les branches les plus importantes de la production. Des groupes toujours nouveaux d’ouvriers entrent dans la lutte, venant des branches les plus déterminantes de la vie économique (cheminots, mineurs, métallurgistes, fonctionnaires de L’État et employés municipaux).

La plupart de ces grèves n’ont eu jusqu’à présent aucun succès immédiat ; mais cette lutte engendre dans des masses nouvelles et de plus en plus considérables d’ouvriers autrefois retardataires une haine infinie contre les capitalistes et le pouvoir d’État qui les protège. Cette lutte imposée au prolétariat ruine la politique de communauté de travail avec les entrepreneurs, menée par les social-réformistes et les bureaucrates syndicaux.

Cette lutte montre même aux couches les plus arriérées du prolétariat le rapport évident entre l’économie et la politique. Chaque grande grève devient aujourd’hui un grand événement politique.

À cette occasion, il est apparu que les partis de la 2e Internationale et les chefs syndicaux d’Amsterdam, non seulement n’apportent aucune aide aux masses ouvrières engagées dans de durs combats défensifs, mais même les abandonnent et les trahissent au profit des entrepreneurs, des patrons et des gouvernements bourgeois.

C’est une des tâches des PC de clouer au pilori cette trahison inouïe et continuelle et de l’illustrer dans les luttes quotidiennes des masses ouvrières.

C’est le devoir des PC de tous les pays d’étendre et d’approfondir les nombreuses grèves économiques qui éclatent partout et, si possible, de les transformer en grèves et en luttes politiques.

C’est de même le devoir naturel des PC de profiter des luttes défensives pour renforcer la conscience révolutionnaire et la volonté de combat des masses prolétariennes de façon que, lorsqu’elles seront assez fortes, elles puissent passer de la défensive à l’offensive.

L’aggravation systématique des antagonismes entre le prolétariat et la bourgeoisie par suite de l’existence de ces luttes est inévitable. La situation reste objectivement révolutionnaire et la moindre occasion peut aujourd’hui devenir le point de départ de grandes luttes révolutionnaires.

§5.— Le fascisme international.

La politique offensive de la bourgeoisie contre le prolétariat, telle qu’elle se manifeste de la manière la plus éclatante dans le fascisme international, est dans le plus étroit rapport avec l’offensive du capital sur le terrain économique.

Étant donné que la misère accélère l’évolution de l’esprit des masses dans un sens révolutionnaire, processus qui englobe les classes moyennes y compris les fonctionnaires, et ébranle la sécurité de la bourgeoisie qui n’a plus dans la bureaucratie un instrument docile, les méthodes de contraintes légales ne suffisant plus à la bourgeoisie.

C’est pourquoi elle s’applique partout à créer des gardes-blanches spécialement destinées à combattre tous les efforts révolutionnaires du prolétariat et qui servent en effet de plus en plus à écraser les tentatives du prolétariat pour améliorer sa situation.

Le trait caractéristique du fascisme italien, du fascisme «classique», qui a conquis pour un temps tout le pays, consiste en ce que les fascistes non seulement constituent des organisations de combat strictement contre-révolutionnaires et armées jusqu’aux dents, mais encore essaient par une démagogie sociale de se créer une base dans les masses, dans la classe paysanne, dans la petite bourgeoisie et même dans certaines parties du prolétariat, en utilisant adroitement pour leurs buts contre-révolutionnaires les déceptions provoquées par la soi-disant démocratie.

Le danger du fascisme existe maintenant dans beaucoup de pays en Tchécoslovaquie, en Hongrie, dans presque tous les pays balkaniques, en Pologne, en Allemagne (Bavière), en Autriche, en Amérique et même dans des pays comme la Norvège. Sous une forme ou sous une autre, le fascisme n’est pas impossible non plus dans des pays comme la France et l’Angleterre.

Une des tâches les plus importantes des PC est d’organiser la résistance au fascisme international, de se mettre à la tête de tout le prolétariat dans la lutte contre les bandes fascistes et d’appliquer énergiquement sur ce terrain aussi la tactique du front unique ; les méthodes illégales sont ici absolument indispensables.

Mais la folle équipée fasciste est le dernier atout de la bourgeoisie. La domination ouverte des gardes-blancs est dirigée d’une façon générale contre les bases mêmes de la démocratie bourgeoise. Les plus grandes masses du peuple travailleur se persuadent de plus en plus du fait que la domination de la bourgeoisie n’est possible que par une dictature non déguisée sur le prolétariat.

§6.— La possibilité de nouvelles illusions pacifistes.

Ce qui caractérise la situation politique internationale au moment actuel, c’est le fascisme, l’état de siège et la vague montante de la terreur blanche contre le prolétariat. Mais cela n’exclut pas la possibilité que, dans un temps assez rapproché, dans des pays très importants, la réaction bourgeoise ouverte soit remplacée par une ère «démocratique-pacifique».

En Angleterre (renforcement du Labour Party aux dernières élections), en France (prochaine période inévitable du «bloc des gauches»), cette phase de transition «démocratique pacifiste» est vraisemblable et elle peut ranimer les espoirs pacifistes dans l’Allemagne bourgeoise et social-démocrate.

Entre la période actuelle de la domination de la réaction bourgeoise ouverte et la victoire complète du prolétariat révolutionnaire sur la bourgeoisie, il y a diverses étapes, et différents épisodes passagers sont possibles. L’IC et ses Sections doivent envisager aussi ces éventualités, elles doivent savoir défendre les positions révolutionnaires dans toutes les situations.

§7.—La situation dans le mouvement ouvrier.

Pendant que, par suite de l’offensive du capital, la classe ouvrière se voit obligée de prendre une attitude défensive, le rapprochement et finalement la fusion des partis du Centre (Indépendants) avec les socialistes-traîtres déclarés (social-démocrates), s’accomplissent.

À l’époque de l’élan révolutionnaire, même les centristes, sous la pression de l’état d’esprit des masses, se déclarèrent pour la dictature du prolétariat et cherchèrent la voie menant à la 3e Internationale. Pendant la vague descendante de la révolution, qui n’est d’ailleurs que temporaire, ces centristes retombent dans le camp de la social-démocratie d’où au fond ils ne s’étaient jamais dégagés.

Alors qu’aux époques de lutte révolutionnaire de masse, ils avaient adopté une attitude sans cesse hésitante et vacillante, ils refusent de participer maintenant aux luttes défensives et retournent au camp de la 2e Internationale, qui a toujours été, consciemment ou non, contre-révolutionnaire. Les partis centristes et l’Internationale 2½ sont en cours de décomposition.

La meilleure partie des ouvriers révolutionnaires, qui se trouvait momentanément dans le camp du centrisme, passera avec le temps à l’IC Par-ci, par-là, ce passage est déjà commencé (Italie). L’écrasante majorité des chefs centristes liés actuellement à Noske, Mussolini, etc. deviendront au contraire des contre-révolutionnaires endurcis.

Objectivement, la fusion des partis de la 2e Internationale et de l’Internationale 2½ peut être utile au mouvement ouvrier révolutionnaire. La fiction d’un Parti révolutionnaire en dehors du camp communiste disparaît ainsi.

Dans la classe ouvrière, deux groupes seulement lutteront désormais pour la conquête de la majorité, la 2e Internationale, qui représente l’influence de la bourgeoisie au sein du prolétariat, et la 3eInternationale, qui a levé le drapeau de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat.

§8.—La division dans les syndicats.

La fusion des Internationales 2 et 2½ a indubitablement pour but de préparer une «atmosphère favorable» à une campagne systématique contre les communistes.

La scission méthodique des syndicats par les chefs de l’Internationale d’Amsterdam est une partie de cette campagne. Les hommes d’Amsterdam reculent devant toute lutte contre l’offensive du capital et continuent plutôt leur politique de collaboration avec les patrons. Pour n’être pas gênés par les communistes dans cette alliance avec les entrepreneurs, ils cherchent à supprimer complètement et systématiquement l’influence des communistes dans les syndicats.

Mais comme les communistes ont cependant, dans beaucoup de pays déjà, conquis la majorité dans les syndicats ou sont en train de la conquérir, les hommes d’Amsterdam ne reculent ni devant les exclusions en masse, ni devant la scission formelle des syndicats. Rien n’affaiblit autant les forces de la résistance prolétarienne contre l’offensive du capital que la division des syndicats. Les chefs réformistes des syndicats le savent bien.

Mais comme ils s’aperçoivent que le terrain se dérobe sous eux et que leur faillite est inévitable et proche, ils s’empressent de diviser les syndicats, ces instruments irremplaçables de la lutte de classe prolétarienne, pour que les communistes ne recueillent plus que les débris et les éclats des anciennes organisations syndicales. Depuis août 1914, la classe ouvrière n’a pas vu pire trahison.

§9.—La conquête de la majorité.

Dans ces conditions, l’indication fondamentale du 3e Congrès Mondial: «Conquérir une influence communiste dans la majorité de la classe ouvrière et mener au combat la partie décisive de cette classe», subsiste dans toute sa force.

La conception suivant laquelle, dans l’équilibre instable actuel de la société bourgeoise, la plus grave crise peut subitement éclater par suite d’une grande grève, d’un soulèvement colonial, d’une nouvelle guerre, ou même d’une crise parlementaire, garde toute sa force aujourd’hui encore plus qu’à l’époque du 3e Congrès.

Mais c’est précisément pour cela que le facteur «subjectif», c’est-à-dire le degré de conscience, de volonté, de combat et d’organisation de la classe ouvrière et de son avant-garde, acquiert une importance énorme. La majorité de la classe ouvrière d’Amérique et d’Europe doit être gagnée ; c’est la tâche essentielle de l’IC à présent comme auparavant.

§10.—Dans les pays coloniaux.

Dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, l’IC a deux tâches :

1) créer un noyau de PC qui défende les intérêts généraux du prolétariat;

2) appuyer de toutes ses forces le mouvement national-révolutionnaire dirigé contre l’impérialisme, devenir l’avant-garde de ce mouvement et mettre en relief et renforcer le mouvement social au sein du mouvement national.

§11.—Le gouvernement ouvrier.

Le gouvernement ouvrier (éventuellement le gouvernement paysan) devra partout être employé comme un mot d’ordre de propagande général.

Mais, comme mot d’ordre de politique actuelle, le gouvernement ouvrier présente la plus grande importance dans les pays où la situation de la société bourgeoise est particulièrement peu sûre, où le rapport des forces entre les partis ouvriers et la bourgeoisie met la solution de la question du gouvernement ouvrier à l’ordre du jour comme une nécessité politique. Dans ces pays, le mot d’ordre du «gouvernement ouvrier» est une conséquence inévitable de toute la tactique du front unique.

Les partis de la 2e Internationale cherchent, dans ces pays, à «sauver» la situation en prêchant et en réalisant la coalition des bourgeois et des social-démocrates.

Les plus récentes tentatives faites par certains partis de la 2e Internationale (par exemple en Allemagne), tout en refusant de participer ouvertement à un tel gouvernement de coalition, pour le réaliser en même temps sous une forme déguisée, ne sont rien moins qu’une manœuvre tendant à calmer les masses protestant contre de semblables coalitions et qu’une duperie raffinée des masses ouvrières.

À la coalition ouverte ou masquée bourgeoise et social-démocrate, les communistes opposent le front unique de tous les ouvriers et la coalition politique et économique de tous les partis ouvriers contre le pouvoir bourgeois pour le renversement définitif de ce dernier.

Dans la lutte commune de tous les ouvriers contre la bourgeoisie, tout l’appareil d’État devra tomber dans les mains du gouvernement ouvrier et les positions de la classe ouvrière en seront renforcées.

Le programme le plus élémentaire d’un gouvernement ouvrier doit consister à armer le prolétariat, à désarmer les organisations bourgeoises contre-révolutionnaires, à instaurer le contrôle de la production, à faire tomber sur les riches le principal fardeau des impôts et à briser la résistance de la bourgeoisie contre-révolutionnaire.

Un gouvernement de ce genre n’est possible que s’il naît dans la lutte des masses mêmes, s’il s’appuie sur des organes ouvriers aptes au combat et créés par les couches les plus vastes des masses ouvrières opprimées.

Un gouvernement ouvrier résultant d’une combinaison parlementaire, peut aussi fournir l’occasion de ranimer le mouvement ouvrier révolutionnaire.

Mais il va de soi que la naissance d’un gouvernement véritablement ouvrier et le maintien d’un gouvernement faisant une politique révolutionnaire doivent mener à la lutte la plus acharnée et, éventuellement, à la guerre civile contre la bourgeoisie.

La seule tentative du prolétariat de former un gouvernement ouvrier se heurtera dès le début à la résistance la plus violente de la bourgeoisie. Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier est donc susceptible de concentrer et de déchaîner des luttes révolutionnaires.

Dans certaines circonstances, les communistes doivent se déclarer disposés à former un gouvernement avec des partis et des organisations ouvrières non-communistes.

Mais ils ne peuvent agir ainsi que si des garanties sont données que ces gouvernements ouvriers mèneront vraiment la lutte contre la bourgeoise dans le sens indiqué plus haut. Dans ce cas, les conditions naturelles de la participation des communistes à un semblable gouvernement seraient les suivantes:

1) La participation au gouvernement ouvrier ne pourra avoir lieu qu’avec l’approbation de I’IC;

2) Les membres communistes du gouvernement ouvrier restent soumis au contrôle le plus strict de leur Parti;

3) Les membres communistes du gouvernement ouvrier restent en contact étroit avec les organisations révolutionnaires des masses;

4) Le PC maintient absolument sa physionomie et l’indépendance complète de son agitation.

Malgré ses grands avantages, le mot d’ordre de gouvernement ouvrier a aussi ses dangers, de même que toute la tactique du front unique. Pour parer à ces dangers, les PC ne doivent pas perdre de vue que, si tout gouvernement bourgeois est en même temps un gouvernement capitaliste, il n’est pas vrai que tout gouvernement ouvrier soit un gouvernement vraiment prolétarien, c’est-à-dire un instrument révolutionnaire de pouvoir du prolétariat. L’IC doit envisager les éventualités suivantes:

1) Un gouvernement ouvrier libéral. Il y a déjà un gouvernement de ce genre en Australie ; il est également possible dans un délai assez rapproché en Angleterre;

2) Un gouvernement ouvrier social-démocrate (Allemagne);

3) Un gouvernement des ouvriers et des paysans. Cette éventualité est à prévoir dans les Balkans, en Tchécoslovaquie, etc.;

4) Un gouvernement ouvrier avec la participation des communistes;

5) Un véritable gouvernement ouvrier prolétarien qui, dans sa forme la plus pure, ne peut être incarné que par un PC. Les deux premiers types de gouvernement ouvrier ne sont pas des gouvernements ouvriers révolutionnaires, mais des gouvernements camouflés de coalition entre la bourgeoisie et les leaders ouvriers contre-révolutionnaires.

Ces «gouvernements ouvriers» sont tolérés dans les périodes critiques de la bourgeoisie affaiblie pour tromper le prolétariat sur le véritable caractère de classe de l’État, ou même pour détourner l’attaque révolutionnaire du prolétariat et gagner du temps, avec l’aide des leaders ouvriers corrompus.

Les communistes ne devront pas participer à de pareils gouvernements. Au contraire, ils devront démasquer impitoyablement devant les masses le véritable caractère de ces faux «gouvernements ouvriers».

Dans la période de déclin du capitalisme, où la tâche principale consiste à gagner à la révolution la majorité du prolétariat, ces gouvernements, objectivement, peuvent contribuer à précipiter le processus de décomposition du régime bourgeois.

Les communistes sont prêts à marcher aussi avec les ouvriers, social-démocrates, chrétiens, sans parti, syndicalistes, etc., qui n’ont pas encore reconnu la nécessité de la dictature du prolétariat.

Les communistes sont également disposés, dans certaines conditions et sous certaines garanties, à appuyer un gouvernement ouvrier non communiste. Mais les communistes devront à tout prix expliquer à la classe ouvrière que sa libération ne pourra être assurée que par la dictature du prolétariat.

Les deux autres types de gouvernement ouvrier auxquels peuvent participer les communistes ne sont pas encore la dictature du prolétariat; ils ne constituent pas encore une forme de transition nécessaire vers la dictature, mais ils peuvent constituer un point de départ pour la conquête de cette dictature. La dictature complète du prolétariat ne peut être réalisée que par un gouvernement ouvrier composé de communistes.

§12.—Le mouvement des conseils de fabrique.

Aucun PC ne saurait être considéré comme un PC de masses véritable, sérieux et solide, s’il n’a pas de forts noyaux communistes dans les entreprises, les usines, les mines, les chemins de fer, etc.

Dans les circonstances actuelles, un mouvement ne saurait être considéré comme systématiquement organisé dans les masses prolétariennes s’il ne réussit pas à créer, pour la classe ouvrière et ses organisations, des comités d’usines comme base de ce mouvement.

La lutte contre l’offensive du capital et pour le contrôle de la production est sans espoir si les communistes ne disposent de points d’appui solides dans toutes les entreprises et si le prolétariat ne sait créer ses propres organes prolétariens de combat dans les entreprises (comités de fabriques, conseils ouvriers).

Le Congrès estime que c’est une des tâches essentielles de tous les PC de s’ancrer dans les industries bien plus qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent et d’appuyer le mouvement des conseils de fabriques ou de prendre l’initiative de ce mouvement.

§13.— L’IC : Parti mondial.

L’IC doit de plus en plus être organisée en un PC Mondial, chargé de la direction de la lutte dans tous les pays.

§14.—La discipline internationale.

Pour appliquer internationalement et dans les divers pays la tactique du front unique, la discipline internationale la plus stricte est plus nécessaire que jamais dans l’IC et dans ses différentes Sections.

Le 4e Congrès exige catégoriquement de toutes ses Sections et de tous ses membres la plus stricte discipline dans l’application de la tactique, qui ne saurait être fertile que si elle est appliquée dans tous les pays, non seulement en paroles, mais aussi en actes.

L’acceptation des 21 conditions implique l’application de toutes les décisions tactiques des Congrès Mondiaux et du CEIC comme organe de l’IC dans l’intervalle des Congrès mondiaux.

Le Congrès charge le CEIC de déterminer et de surveiller de la manière la plus stricte l’application des décisions tactiques par tous les partis. Seule, la tactique révolutionnaire nettement tracée par l’IC assurera la victoire la plus prompte possible de la révolution prolétarienne internationale.

***

Le Congrès décide d’ajouter comme supplément à cette résolution le texte des thèses adoptées par le CEIC, en décembre 1921, relativement au front unique, ces thèses exposant exactement et en détail la tactique du front unique.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur le rapport du CEIC au quatrième congrès de l’Internationale Communiste

Le 4e Congrès de l’IC approuve complètement le travail politique du CEIC et déclare qu’au cours des quinze derniers mois, il a bien appliqué les décisions du 3e Congrès Mondial, en tenant compte de la situation politique. En particulier, le 4e Congrès approuve complètement la tactique du front unique, telle qu’elle a été formulée par le CEIC dans ses thèses de décembre 1921 et ultérieurement.

Le 4e Congrès approuve le point de vue adopté par le CEIC en ce qui concerne la crise du PC français, le mouvement ouvrier italien et les PC norvégien et tchécoslovaque. Les questions pratiques concernant ces Partis seront traitées par des commissions spéciales dont les décisions seront soumises au vote du Congrès.

À propos des incidents qui se sont déroulés dans un certain nombre de Partis, le 4e Congrès rappelle et confirme à nouveau que le CEIC constitue l’organe suprême du mouvement communiste dans l’intervalle des Congrès mondiaux, et que les décisions de l’IC sont obligatoires pour tous les partis adhérents.

Il en résulte que la violation des décisions de l’IC, sous le prétexte d’un appel au prochain Congrès, constitue une rupture de la discipline.

Si l’IC permettait l’introduction de telles pratiques, cela équivaudrait à la négation complète de toute activité régulière de l’IC.

En ce qui concerne les doutes apparus dans le PC français touchant l’article 9 des statuts de l’IC, le 4e Congrès déclare que cet article 9 donne au CEIC le droit d’exclure de l’IC et, par conséquent, de ses Sections nationales, les personnes isolées et les groupes qui, à son avis, expriment des opinions étrangères au communisme.

Il est naturel que le CEIC soit obligé d’appliquer l’article 9 des statuts, quand un Parti est incapable de se débarrasser des éléments non communistes.

Le 4e Congrès confirme à nouveau les 21 conditions posées par le 2e Congrès et charge le prochain CEIC de veiller énergiquement à leur application.

À l’avenir, le CEIC doit plus que jamais rester une organisation internationale prolétarienne combattant énergiquement tout opportunisme, et constituée selon les principes du centralisme démocratique.

Les questions de détail pratiques découlant de cet article seront traitées par des commissions spéciales dont les décisions seront soumises au Congrès.

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de l’Internationale Communiste

Programme d’action agraire du quatrième congrès de l’Internationale Communiste

Indications pour l’application des thèses du 2e Congrès Mondial sur la question agraire

Les bases de nos rapports vis-à-vis des masses laborieuses de la campagne ont déjà été fixées dans les thèses agraires du 2e Congrès. Dans la phase actuelle de l’offensive du Capital, la question agraire acquiert une importance primordiale.

Le 4e Congrès demande à tous les partis de s’efforcer de gagner les masses laborieuses de la campagne et établit pour ce travail les règles suivantes:

§1. La grande masse du prolétariat agricole et des paysans pauvres qui ne possèdent pas assez de terre et sont obligés de travailler une partie de leur temps comme salariés, ou qui sont exploités d’une manière ou d’une autre par les propriétaires fonciers et les capitalistes, ne peut être libérée définitivement de son état actuel de servitude et de guerres inévitables dans le régime capitaliste que par une révolution mondiale, une révolution qui confisquera sans indemnité et mettra à la disposition des ouvriers la terre, avec tous les moyens de production, et qui instaurera à la place de l’État des propriétaires fonciers et des capitalistes l’État Soviétique des ouvriers et des paysans et préparera ainsi la voie au communisme.

§2. Dans la lutte contre l’État des capitalistes et des propriétaires fonciers, les petits paysans et les petits fermiers sont les camarades de combat naturels du prolétariat industriel et agricole. Pour relier leur mouvement révolutionnaire à la lutte du prolétariat de la ville et de la campagne, la chute de l’État bourgeois est nécessaire, ainsi que la prise du pouvoir politique par le prolétariat industriel, l’expropriation des moyens de production ainsi que de la terre, et la suppression de la domination des agrariens et de la bourgeoisie à la campagne.

§3. Afin de gagner à une neutralité bienveillante les paysans moyens et les ouvriers agricoles ainsi que les paysans pauvres à la révolution, les paysans moyens doivent être arrachés à l’influence des paysans riches liés aux grands propriétaires fonciers.

Ils doivent comprendre qu’ils doivent lutter avec le Parti révolutionnaire du prolétariat, le PC, étant donné que leurs intérêts s’accordent, non avec ceux des gros paysans riches, mais avec ceux du prolétariat.

Pour arracher ces paysans à la direction des grands propriétaires fonciers et des paysans riches, il ne suffit pas d’établir un programme ou de faire de la propagande: le PC doit prouver par une action continue qu’il est véritablement le Parti de tous les opprimés.

§4. C’est pourquoi le PC doit se mettre à la tête de toutes les luttes que les masses laborieuses de la campagne mènent contre les classes dominantes.

Défendant les intérêts quotidiens de ces masses, le PC réunit les forces dispersées des travailleurs à la campagne, élève leur volonté combative, soutient leur lutte en la faisant appuyer par le prolétariat industriel, et les mène dans la voie conduisant aux buts de la révolution. Cette lutte menée en commun avec les ouvriers industriels, le fait que les ouvriers industriels luttent sous la direction du PC pour les intérêts du prolétariat agricole et des paysans pauvres, convaincront ceux-ci que, premièrement, seul le PC les défend réellement, tandis que tous les autres partis, tant agraires que social-démocrates, malgré leurs phrases démagogiques, ne veulent que les tromper, et servent en réalité les intérêts des capitalistes et des propriétaires fonciers, et, deuxièmement, que sous le capitalisme une amélioration véritable de la situation des ouvriers et des paysans pauvres est impossible.

§5. Nos revendications concrètes doivent se conformer à l’état de dépendance et d’oppression dans lequel se trouvent les ouvriers, les petits et moyens paysans à l’égard des capitalistes et des grands propriétaires fonciers, comme aussi à leurs intérêts réels.

Dans les pays coloniaux ayant une population paysanne opprimée, la lutte de libération nationale sera ou bien conduite par toute la population, comme c’est le cas par exemple en Turquie – et dans ce cas la lutte des paysans opprimés contre les grands propriétaires fonciers commence inévitablement après la victoire de la lutte de libération nationale –ou bien les Seigneurs féodaux s’allient avec les impérialistes étrangers, comme c’est le cas par exemple dans l’Inde, et alors la lutte sociale des paysans opprimés concorde avec la lutte de libération nationale.

Dans les territoires où il reste encore de fortes survivances du féodalisme, où la révolution bourgeoise n’a pas été terminée et où des privilèges féodaux sont encore liés à la propriété foncière, ces privilèges doivent disparaître au cours de la lutte pour la possession de la terre, qui est ici d’une importance décisive.

§6. Dans tous les pays, où il existe un prolétariat agricole, cette couche sociale constitue le facteur le plus important du mouvement révolutionnaire à la campagne.

Le Parti Communiste soutient, organise, approfondit le prolétariat pour l’amélioration de sa situation politique, économique et sociale – contrairement aux social-démocrates qui poignardent dans le dos.

Pour hâter la maturité révolutionnaire du prolétariat rural et l’éduquer pour la lutte en vue de la dictature du prolétariat qui, seule, peut le libérer définitivement de l’exploitation dont il souffre, le PC soutient le prolétariat agricole dans sa lutte pour :

• L’élévation du salaire réel, l’amélioration des conditions de travail, de logement et de culture.

• La liberté de réunion, d’association, de grève, de la presse, etc. pour obtenir au moins les mêmes droits que les ouvriers industriels.

• Journée de huit heures, assurance contre les accidents, assurance contre la vieillesse, interdiction du travail des enfants, construction d’écoles techniques, etc., et, au moins, extension de la législation sociale dont jouit actuellement le prolétariat.

§7. Le PC luttera jusqu’au jour où les paysans seront définitivement libérés par la révolution sociale contre toutes les sortes d’exploitation des petits et moyens paysans par le capitalisme, contre l’exploitation par les usuriers, qui jettent les paysans pauvres dans la servitude de l’endettement, enfin contre l’exploitation par le capital commercial qui achète à bon marché les légers excédents de production des petits paysans et les revend à des prix élevés au prolétariat des villes.

Le PC lutte contre ce capital commercial parasitaire et pour la liaison immédiate des coopératives de consommation du prolétariat industriel contre l’exploitation par le capital industriel, qui utilise son monopole pour élever artificiellement les prix des produits industriels ; pour la fourniture aux petits paysans de moyens de production (engrais artificiels, machines, etc.) à bon marché. Les conseils d’entreprises industrielles devront contribuer à cette lutte en établissant le contrôle des prix.

• Contre l’exploitation du monopole privé des compagnies de chemins de fer, comme cela existe surtout dans les pays anglo-saxons.

• Contre l’exploitation de l’État capitaliste, dont le système fiscal surcharge les petits paysans en faveur des grands propriétaires fonciers ; le Parti réclame l’exonération d’impôt pour les petits paysans.

§8. Mais l’exploitation la plus grave dont souffrent les paysans pauvres dans les pays non coloniaux provient de la propriété privée du sol des grands propriétaires fonciers.

Pour pouvoir utiliser pleinement leurs forces de travail et surtout pour pouvoir vivre, les paysans pauvres sont obligés de travailler chez les grands propriétaires fonciers à des salaires de famine ou d’affermer ou d’acheter de la terre à des prix très élevés, par quoi une partie du salaire des petits paysans est accaparée par les grands propriétaires fonciers. L’absence de terres oblige les paysans pauvres à se soumettre à l’esclavage moyenâgeux sous des formes modernes.

C’est pourquoi le PC lutte pour la confiscation de la terre avec tout l’inventaire au profit de ceux qui la cultivent réellement. Jusqu’à ce que cela soit réalisé par la révolution prolétarienne, le PC soutient la lutte des paysans pauvres pour :

1) L’amélioration des conditions d’existence des métayers, par la réduction de la part qui revient aux propriétaires ;

2) La réduction des fermages pour les petits fermiers, la remise obligatoire d’une indemnité pour toutes les améliorations apportées à la terre par le fermier au cours du contrat de fermage, etc. Les syndicats des travailleurs agricoles, dirigés par les communistes, soutiendront les petits fermiers dans cette lutte et n’accepteront de faire aucun travail dans les champs qui auront été enlevés aux petits fermiers par les propriétaires fonciers à cause de litiges se rapportant au fermage;

3) La cession des terres, de bétail et de machines à tous les paysans pauvres, à des conditions permettant d’assurer leur gagne-pain ; et non pas des parcelles de terres qui lient leurs propriétaires à la glèbe et les obligent à chercher du travail pour des salaires de famine chez les propriétaires ou paysans voisins, mais des quantité de terres suffisantes pour pouvoir employer toute l’activité des paysans. Dans cette question, il faudra avant tout tenir compte des intérêts des ouvriers agricoles.

§9. Les classes dominantes essayent d’étouffer le caractère révolutionnaire du mouvement des paysans au moyen de réformes agraires bourgeoises, de répartitions de terres entre les éléments dirigeants de la classe paysanne. Elles ont réussi à provoquer un fléchissement temporaire du mouvement révolutionnaire à la campagne.

Mais toute réforme agraire bourgeoise se heurte aux limites du capitalisme. La terre n’est donnée que contre indemnité et à des personnes qui sont déjà en possession de moyens de production. Une réforme agraire bourgeoise n’a absolument rien à offrir aux éléments prolétariens ou semi-prolétariens.

Les conditions extrêmement sévères qui sont imposées aux paysans recevant de la terre lors d’une réforme agraire bourgeoise et qui, par suite, n’ont pas pour résultat d’améliorer véritablement leur situation, mais au contraire de les plonger dans l’esclavage de l’endettement, mènent inévitablement à une recrudescence du mouvement révolutionnaire et à une aggravation de l’antagonisme existant entre les petits et gros paysans, de même qu’entre les ouvriers agricoles qui ne reçoivent pas de terre et perdent des occasions de travail par suite de la division des grandes propriétés.

Seule, une révolution prolétarienne pourra apporter la libération définitive des classes laborieuses de la campagne, révolution qui confisquera sans indemnité aucune la terre des grands propriétaires fonciers ainsi que tout l’inventaire, mais laissera intactes les terres cultivées par les paysans, délivrera ceux-ci de toutes charges, fermages, hypothèques, restrictions féodales qui pèsent sur eux, et soutiendra de toutes les façons les couches inférieures de la classe paysanne. Les paysans qui cultivent la terre décideront eux-mêmes de la façon dont la terre enlevée aux grands propriétaires fonciers devra être exploitée.

À ce sujet les thèses du 2e Congrès déclarent ce qui suit: Pour les pays capitalistes les plus développés, l’IC croit qu’il est bon de maintenir le plus possible les grandes exploitations agraires et de les former sur le modèle des domaines soviétiques en Russie.

Il faudra également soutenir la création de l’exploitation collective (coopératives agraires, communautés agricoles). Le maintien des grandes exploitations agricoles sauvegarde les intérêts des couches révolutionnaires de la population paysanne, des ouvriers agricoles et des petits propriétaires semi-prolétariens qui sont obligés de gagner leur vie en travaillant une partie de leur temps dans les grandes exploitations agricoles.

D’autre part, la nationalisation des grandes exploitations agricoles rend la population des villes, au moins en partie dans la question du ravitaillement, indépendante des paysans. Là où existent encore des survivances du féodalisme, des servitudes, ou le système du métayage, il peut être nécessaire, dans certaines circonstances, de remettre aux paysans une partie de la terre des grandes propriétés.

Dans les pays où les grandes exploitations agricoles ne jouent qu’un rôle relativement petit, et où par contre il existe une grande quantité de petits propriétaires paysans qui veulent conserver la terre, la répartition de la terre des grandes propriétés est le meilleur moyen de gagner les paysans à la révolution, tandis que le maintien des grandes exploitations n’est pas d’une importance primordiale pour le ravitaillement des villes.

Là où se produit une répartition des grandes propriétés entre les paysans, il faudra tenir compte en premier lieu des intérêts du prolétariat agricole.

***

Tous les communistes qui travaillent dans l’agriculture ou dans les entreprises industrielles liées à l’agriculture, sont tenus d’entrer dans les organisations des ouvriers agricoles, d’y grouper et de conduire les éléments révolutionnaires, en vue de transformer ces organisations en organes révolutionnaires.

Là où il n’existe aucun syndicat, c’est le devoir des communistes de travailler à leur création. Dans les organisations jaunes, fascistes et contre-révolutionnaires, ils doivent mener un travail d’éducation intense en vue de détruire ces organisations contre-révolutionnaires.

Dans les grandes entreprises agricoles, ils doivent créer des conseils d’entreprise, en vue de la défense des intérêts ouvriers, du contrôle de la production, et pour empêcher l’introduction du système d’exploitation extensive. Ils doivent appeler le prolétariat industriel au secours du prolétariat agricole en lutte et incorporer celui-ci dans le mouvement des conseils d’entreprises industrielles.

Etant donné l’importance formidable des paysans pauvres pour le mouvement révolutionnaire, c’est le devoir des communistes d’entrer dans les organisations des petits paysans (coopératives de production, de consommation et de crédit) pour les transformer, pour faire disparaître les antagonismes apparents d’intérêt entre les ouvriers agricoles et les paysans pauvres, antagonismes grossis artificiellement par les propriétaires fonciers et les paysans riches, et relier étroitement l’action de ces organisations avec le mouvement du prolétariat rural et industriel.

Seule, la collaboration de toutes les forces révolutionnaires de la ville et de la campagne permettra d’opposer une résistance victorieuse à l’offensive du capitalisme et, passant de la défensive à l’offensive, d’obtenir la victoire finale.

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