Fraction Armée Rouge : Action contre Zimmermann (1985)

[1er février 1985]

Nous avons, avec le commando Patsy O’Hara, exécuté Ernst Zimmermann, président de la BDLI (Union Nationale de l’Industrie de l’aéronautique, de l’espace et de l’armement) et patron de la MTU (Union des Moteurs et Turbines).

Le capital multinational ne peut en arriver à une nouvelle spirale dans le cycle crise – reconstruction – crise et assurer au niveau international ses conditions de valorisation qu’en planifiant, préparant et menant en une fois une agression militaire sur tous les fronts et en agglomérant en une stratégie commune contre la crise économique le bloc trilatéral USA, Europe de l’ouest, Japon.

La stratégie militaire US comme expression la plus avancée de la politique de la chaîne des Etats impérialiste est l’expression de la crise générale militaire, économique et idéologique du système et de la tentative d’une reconstruction stratégique du capital.

La « nouvelle doctrine de l’OTAN » est précisément la manifestation de la planification du capital: la guerre menée par l’électronique, les « systèmes d’armements intelligents », les armes dans l’espace et l’élargissement de l’armement conventionnel des armées de l’OTAN doit en même temps ouvrir au capital multinational des « marchés de milliards » comme le dit le BDW, et garantir la supériorité militaire.

Pour le capital opérant en RFA cela signifie, partant du constat de la domination complète du capital US et de son propre intérêt à assurer le potentiel économique de la RFA – de diriger maintenant sa planification dans cette stratégie et d’organiser son saut à la tête du marché mondial par le complexe militaro-industriel.

Dans cet élan avec la France, ils poussent à de nouvelles échelles ne donnant aux autres que l’alternative de se soumettre ou de se démettre.

Une signification décisive incombe au complexe militaro-industriel dans la reconstruction capitaliste des entreprises centrales: recherche et production de nouvelles technologies, électronique, armes – l’économie de guerre.

Pour cette agglomération / ce formatage, qui devient immédiatement un facteur de pouvoir politique, ce qui est plus que clair dans la situation actuelle, l’organisation politico-économique de cette fraction du capital – la BDLI (Union Nationale de l’Industrie de l’aéronautique, de l’espace et de l’armement) – a comme fonction d’imposer les intérêts du complexe militaro-industriel ici dans l’État, au niveau ouest-européen et ainsi dans la politique internationale.

L’axe principal de poussée est bien entendu la formation européenne et la condition pour cela: l’abolition des limitations d’armements imposées à la RFA dans l’Union de l’Europe Occidentale [union militaire européenne], la coopération dans l’armement avec d’autres États européens de l’OTAN et avant tout la France, la mise en place de 29% de plus niveau argent pour la recherche pour la défense.

Dans l’attaque contre les piliers du pouvoir impérialiste en RFA / Europe de l’ouest, nous intervenons dans la crise s’aggravant et définissons son déroulement et sa résolution pour l’offensive de la guerre de libération.

Le terrain sur lequel se reconstruit le prolétariat européen en tant que classe et arrive par la lutte au renversement complet des rapports de production, est la lutte pour l’unité du front révolutionnaire, l’organisation de la guerre de classe en Europe.

La guérilla ouest-européenne ébranle le centre impérialiste!              

Fraction Armée Rouge

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Communiqué commun RAF – Action Directe (1985)

Nous déclarons : il est aujourd’hui nécessaire et possible d’ouvrir dans tes centres impérialistes une nouvelle phase du développement de la stratégie révolutionnaire authentique, et l’une des conditions à ce saut qualitatif est de créer l’organisation internationale du combat prolétarien
dans les métropoles, son noyau politico-militaire : la guérilla ouest-européenne.

Nous déterminons cette décision :

à partir de la situation globale objective, la centralité de l’Europe de l’Ouest pour le redéploiement impérialiste, conséquence de l’ouverture d’une brèche dans le rapport de force international par les luttes de libération des peuples des pays de la périphérie, résultant du heurt entre l’accroissement des forces productives et les limites du marché mondial, amène une globalisation politique et militaire de la crise à l’ensemble des pays impérialistes.

à partir de notre réalité:

l’expérience de ces dernières années qui ont vu. dans les métropoles, l’implantation et le développement de la politique révolutionnaire armée, ainsi que l’apparition en différents points de nouveaux foyers de lutte de libération.

A partir de ces expériences, des débats ont été mené au sein du mouvement révolutionnaire pour la construction d’une stratégie et d’une tactique révolutionnaire dans les métropoles, dont l’affirmation – pour la perspective communiste en Europe de l’Ouest – se présente aujourd’hui comme inéluctable.

En partant du fait de l’unification de la stratégie impérialiste. les tâches essentielles de la guérilla communiste en Europe de l’Ouest, pour le développement de son projet historique dans la lutte contre l’impérialisme, sont :

Mener le débat pour une ligne politique révolutionnaire, initiant la construction de l’unité dans l’offensive contre la machine impérialiste. Développer un processus politique de classe dont la dialectique rassemble les pratiques antagonistes dans un mouvement contre l’anéantissement vécu chaque jour.

Construire le front politico-militaire en Europe de l’Ouest en tant que partie de l’affrontement mondial entre prolétariat international et bourgeoisie impérialiste.

Ce projet, comme processus ouvert, orienté vers une attaque commune, doit briser, dans les centres, la stratégie impérialiste parce que c’est ici qu’ils doivent se construire militairement et économiquement afin de maintenir leur domination globale.

Le projet central dans la phase actuelle de la stratégie impérialiste est la tentative de souder les États européens en une structure homogène, en un bloc dur, qui soit complètement intégré dans le noyau du pouvoir impérialiste: l’OTAN en tant que la structure de domination la plus avancée ici.

Son redéploiement structurel articulé politiquement, économiquement, militairement est en tant que remise en cause de la phase antérieure de repli face à la poussée des mouvements de Libération, projet déterminant ici.

Pouvoir absolu que la bourgeoisie veut reconstituer en recouvrant toutes les contradictions déterminées par des aspects nationaux ou économiques, de cette structure, qui pénètre et détermine tous les domaines de la société, et donc la solution de leur crise globale est la généralisation de la guerre:

militairement:

– le « Roll back » contre les peuples victorieux en Asie, Afrique, Amérique centrale, à travers la création d’unités de « blitzkrieg », les interventions contre les mouvements de libération des pays de la périphérie et la préparation concrète à une guerre contre les « pays socialistes » de l’Est.

L’impérialisme combat et se prépare à combattre partout.

Pour cela il doit resserrer et développer ses forces.

De plus en plus d’aspects dans ce combat et sa préparation sont gérés, à travers une nouvelle répartition des rotes sous le contrôle US comme « nouvelle politique de l’OTAN », par les États européens.

– l’implantation des missiles, bien qu’essentielle, ne fut qu’un moment.

La revitalisation de l’U.E.O. (Union de l’Europe Occidentale), la création en France des FAR (forces d’action rapide), la coopération en matière d’armement des partenaires de l’OTAN, l’intention clairement exprimée d’intervenir contre les mouvements de libération en tant qu’OTAN, etc…, sont les aspects tes plus concrets de leur capacité de réalisations militaires.

– Par ailleurs la contre-révolution (« counter-insurgency ») comme politique commune traversant l’ensemble des pays de la chaîne impérialiste en tant que réaction à un antagonisme et prévention à un front révolutionnaire pouvant, par une rupture, remettre en cause leur stratégie, détermine la réalité objective qui doit rentrer en compte dans le combat des révolutionnaires.

économiquement:

– structurer l’économie européenne sous la domination des USA en la concentrant dans les domaines stratégiques de la recherche de la production de nouvelles technologies, de l’électronique, de l’armement, etc…. afin d’assurer mondialement la position du bloc impérialiste – USA. Japon, E.O. (Europe Occidentale) – et les conditions de valorisation du capital des multinationales.

C’est-à-dire: économie de guerre comme un des moyens de résoudre la crise.

Les traits de domination du capital et de son idéologie du « bien-être », de la « garantie sociale », du « droit au travail » sont brisés par la brutalité des mesures de restructuration: exclusion de millions d’hommes et de femmes du processus de production par la robotisation et le redéploiement industriel au niveau mondial.

Cela signifie clairement pour l’homme et la femme ici de plus en plus d’exploitation, de manipulation de masse par le contrôle social et à travers l’idéologie dominante.

Les États impérialistes à partir de leur instabilité substantielle et d’une perte progressive de leur légitimité ne peuvent que vouloir démontrer leur volonté à dominer. Ils sont aujourd’hui confrontés au fait de ne plus bénéficier d’aucun consensus passif pour imposer leurs mesures.

Agonie politique. C’est l’autre face de leur pouvoir.

Cette agonie – résultat de l’antagonisme développé au niveau mondial par le prolétariat et les masses opprimés dans leur combat contre l’impérialisme – est le terrain sur lequel l’offensive du pouvoir prolétaire en Europe de l’Ouest doit être le facteur essentiel à l’aggravation en étendue et en profondeur de la crise du système.

Les attaques contre les structures multinationales de l’OTAN, contre ses bases et ses stratèges, contre ses plans et sa propagande, ont constitué la première grande mobilisation en vue de la constitution de la stratégie poétique prolétarienne en Europe de l’Ouest dans des conditions politiques modifiées.

Une mobilisation qui se renforce en tant que combat contre le système d’exploitation et de guerre, comme elle l’a démontré par ses attaques au Portugal, en Grèce, en Belgique, en Espagne, en R.F.A. et en France…

Contre tous les débats idéologiques et les programmes abstraites « sur l’internationalisme ».

nous affirmons:

La stratégie de la guérilla est

par sa détermination,

partie et fonction de la guerre de classe internationale,

par sa pratique,

unité politique des communistes en Europe de l’Ouest, construction de l’attaque contre la totalité du système impérialiste, la transformation matérielle de l’internationalisme que la situation actuelle nécessite.

La stratégie révolutionnaire authentique en Europe de l’Ouest se déploiera dans l’attaque contre tes projets centraux impérialistes : collectivité et cohérence des combattants, à partir de leur situation particulière:

unité qui, dans la destruction des structures impérialistes, conquiert le terrain sur lequel se développe la conscience et le pouvoir prolétarien.

La guérilla ouest-européenne ébranle le centre Impérialiste.

Action Directe
Fraction Armée Rouge

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Fraction Armée Rouge : Guérilla, résistance et front anti-impérialiste (1982)

Nous allons parler de ce que nous avons appris ces dernières années, et de ce que nous voulons faire à partir de là. Cela restera forcément limité à des considérations générales.
Nous disons qu’il est maintenant possible et nécessaire de développer une nouvelle phase de la stratégie révolutionnaire dans le centre impérialiste.

Comme préalable à ceci, nous allons délimiter ici un bout de terrain sur lequel cela peut marcher. Nous partons pour cela des discussions, tentatives et pas réels qui se sont ajoutés les uns aux autres pendant les deux, trois dernières années.
L’idée, la conception, a fait son chemin: on peut partir de ce principe.

Les débuts concrets montrent la possibilité et la portée réelle de ceci:
Guérilla et Résistance. Un seul front.

Maintenant il s’agit de ceci: amener tout ce qui vit à l’état de virtualité sur la scène politique des différentes régions, souvent de façon diffuse et selon une conception imprécise, à un autre niveau de la lutte, c’est-à-dire l’amener à l’efficacité et à la stratégie.

M a i n t e n a n t, sinon tout ce qui s’est développé de nouveau, de productif et d’ouvert, fer de lance de tout cela, la possibilité de tels développements inconnus jusqu’à présent, risque de se diluer et de se désagréger.

Nous avons déterminé 1977 comme la transition de la première étape de la guérilla à la suivante. Le choc entre la guérilla et l’Etat en 1977 a été le catalyseur du renversement de la situation politique ici. Les conditions de lutte se sont transformées dans la dialectique de l’attaque et de la réaction.

Car avec des conditions différentes, les formes de lutte peuvent et doivent changer. Après 1977 rien n’a été plus comme avant. Ni l’État, ni la gauche, ni le rôle de la RFA dans la politique internationale, ni la position de la lutte armée dans le centre, dans le cadre de la lutte internationale des classes.

Nous avons commis des erreurs en 1977, et l’offensive s’est transformée en notre échec le plus cuisant. Nous y reviendrons après en détail.

La situation aujourd’hui – le fait que par l’effet de la confrontation nous en ressortons plus forts qu’avant – montre que les erreurs et l’échec n’ont pas eu une portée décisive.

Au fond, l’offensive de 1977 a résumé notre lutte depuis 1970 et l’a introduite dans une phase de décision.

Toute la période des luttes pour la naissance et le développement de la raf s’est concentrée sur l’unique question du pouvoir: ces prisonniers seront-ils libérés, eux qui symbolisaient la raf et auxquels l’État liait sa raison d’état.

De la même façon, la lutte pour imposer le concept de guérilla urbaine posait la première question du pouvoir fondamentale: une politique armée pouvait-elle réellement s’implanter en RFA et ouvrir ainsi des perspectives révolutionnaires, question qui était le noyau de toutes les actions et batailles, de toutes les recherches policières et campagnes des médias pendant toutes ces années.

Voilà pourquoi cent fois le gouvernement a fait annoncer notre « échec ».

Voilà pourquoi mille fois la majeure partie de la gauche a proclamé haut et fort « l’absence de perspective » de la lutte armée. L’isolement, les quartiers de haute sécurité, le procès spectacle de Stammheim, visaient à éteindre ce qui s’était fait jour. Et finalement il y a eu 1977.

Aujourd’hui il ne fait pas de doute qu’ils s’étaient prononcé pour la mort de Schleyer, pour l’éventualité de faire sauter une centaine de personnes à Mogadiscio, et qu’ils avaient décidé de liquider les prisonniers de Stammheim, parce qu’ils croyaient et espéraient vraiment en finir une fois pour toutes, ou au moins pour les prochaines années.

La dialectique du développement qui fait que tout est différent à présent, montre exactement ce qu’est la guérilla et ce qu’est l’état, et comment la lutte se déroule.

Ils y seraient presque arrivés – mais l’ironie c’est qu’en agissant de la sorte ils ont justement crée une situation dans laquelle nous pouvions poursuivre la lutte dans des conditions modifiées, donc meilleures.

Dans cet effort extrême et sans frein pour en finir avec nous, par l’écrasement de l’offensive de 1977 qui les tenait à la gorge comme aucune action auparavant, ils ont été contraint à devenir un état fort, d’aller jusqu’à écraser toute velléité de critique, et de s’opposer à la société jusque dans ses plus fines ramifications, comme appareil auquel on ne peut pas échapper.

Ce faisant ils on apporté en automne 1977 à toute opposition fondamentale une nouvelle situation et des conditions de vie existentielles – sous forme d’expérience actuelle et de perspective de luttes futures – qui ont obligé chacun à redéfinir fondamentalement ses rapports avec le pouvoir, ou alors de renoncer à son identité.

A ce propos, la situation objective qui se réduit simplement à la question de la survie de la guérilla, est devenue subjectivement pour tous ceux qui n’ont plus de perspective ici, le moment de l’expérience existentielle: à savoir que la disparition de la guérilla entraînerait celle de leurs espoirs et conceptions d’une autre vie.

Que l’espoir n’existe que tant que dure la lutte.

Qu’ils veulent la guérilla et en ont besoin, que notre échec est le leur.

Cette nouvelle expérience de la nécessité de la guérilla facilite le saut vers une nouvelle conscience: lorsque la lutte de la guérilla est conçue par chacun comme sa propre lutte, la réaliser ne peut signifier que se placer – peu importe à quel niveau – politiquement et pratiquement dans le contexte de la stratégie de la guérilla.

Le saut qualitatif est le moment intérieur, vivant, incarné dans des personnes concrètes, de la modification des conditions de la lutte ici: pour le développement du front révolutionnaire dans la métropole.

Il s’est agi pendant sept années d’apporter dans ce désert politique où tout n’est que façade, marchandise, conditionnement, mensonge et tromperie, l’esprit et la morale, la pratique et l’orientation politique de la rupture sans retour et de la destruction du système.

La guérilla. Il s’est agi, à partir du lien avec les luttes en Asie du sud-est, Afrique et Amérique latine et de notre identité avec elles, de faire irruption ici violemment et de s’implanter.

Ce que le Che a appelé la phase de survie et de l’implantation, a été ici la phase pendant laquelle il s’agissait d’imposer le concept de guérilla urbaine, qui fait son chemin et est repris, même si à un moment donné les groupes armés existant étaient laminés.

Concept qui s’est imposé par la force, cependant. A tout point de vue et en étant isolés. Pas seulement contre un appareil répressif sans équivalent dans notre histoire, mais aussi contre les conceptions des gens que nous aurions préféré rencontré autrement.

Dans ce paysage aplani et nivelé depuis des générations, l’idée de la libération avait du mal à atteindre les cœurs et les cerveaux à travers les couches de plusieurs mètres d’épaisseur de corruption, d’aliénation, de déformation.

A présent, la question de savoir si l’on doit lutter et si on luttera avec les armes en RFA et en Europe de l’ouest est résolue. C’est évident.

Cela ne signifie pas que la guérilla ait un avenir assuré, cela n’est jamais le cas, mais l’existence de la politique de la guérilla constitue maintenant la base sur laquelle la lutte se développe.

Dans la guerre internationale des classes, le développement de la stratégie révolutionnaire authentique dans le centre est d’actualité.

Du fait du contexte international, la lutte pour la libération, partie du projet isolé de guérilla, est devenue réalité concrète et a fait irruption dans les discussions quotidiennes. Il s’agit donc maintenant de sauter à pieds joints sur le terrain de la situation ici pour, partant d’ici et dans un mouvement inverse, amener la résistance des métropoles au front de la guerre internationale des classes.

C’est donc une stratégie qui a ses racines ici. Dans la soif existentielle d’une autre vie, dans l’expérience de la totalité du centre impérialiste, dans la nécessité de la résistance ici.
Stratégie qui, à partir de là, conquiert le front révolutionnaire dans le centre, comme secteur de plus à côté des luttes en Asie, Afrique, Amérique latine.

Cela signifie, là où il y a un point de rencontre avec la guérilla et la lutte pour la libération, se faire radicalement point de départ du développement de la lutte anti-impérialiste.

Cela signifie lutter à l’intérieur d’une conception stratégique ouverte, où chacun, de par le sérieux de sa propre situation, de par son histoire et du processus subjectif, et du fait du but commun de la destruction du système impérialiste et du bouleversement révolutionnaire de la société, entre dans la lutte concrète, se met dans le contexte de la politique de la guérilla et devient partie du front révolutionnaire ici.

Cela signifie que dès le premier instant leur objectif comme le nôtre est de faire que le front se développe, et de déterminer sa direction.

Voilà ce que nous entendons par: Lutter ensemble. Un seul front.

Si l’on veut, notre ligne d’action jusqu’en 1977 se distingue de celle que nous adoptons actuellement par le fait que jusqu’en 1977, ce qui importait c’était tout ce qui aboutissait directement à la lutte armée ou qui préparait ce pas, alors que maintenant, ce qui importe c’est de faire se joindre la guérilla, les luttes militantes et politiques, comme parties intégrantes d’un ensemble, dans le point de perspective d’une stratégie à développer dans les métropoles.

Nous disons: même si l’organisation armée illégale est le noyau de cette stratégie, elle ne reçoit toute sa force nécessaire qu’au moment où la politique armée, les attaques militantes, les luttes qui résultent de l’ensemble du champ de l’oppression et de l’aliénation et la lutte politique se rejoignent, pour déterminer ensemble leur processus et l’amener à une seule attaque consciente, dirigée contre les points névralgiques du centre impérialiste.

Pour nous, le côté subjectif du développement, à partir de la dialectique de 1977 – la possibilité du front dans le centre – est essentiel. iI l’est toujours ici. il est décisif pour la lutte dans les centres impérialistes, qui ne produisent naturellement – à partir des seules contradictions objectives et des conditions existant sous cette forme de domination qui consiste à gérer la crise et à transformer tout développement social en moyen de domination – aucune condition révolutionnaire, mais seulement destruction et pourriture.

Mais évidemment, personne ne se hisse tout seul à un échelon supérieur. La situation qualitativement différente maintenant est née du développement objectif de la lutte internationale des classes et ne se comprend que par elle.

La longue histoire des guerres de libération dans les continents colonisés s’est comme cristallisée dans la lutte du front de libération au Vietnam, et sa victoire a déterminé toute la phase historique de la libération nationale anticoloniale des peuples soumis à l’impérialisme.

Les effets de cette percée historique:
la force nouvelle des jeunes états nationaux sur le plan de la politique internationale-
la crise économique, politique et sociale globale des pays du centre impérialiste-
et la montée, parallèle aux luttes de libération, de l’union soviétique comme grande puissance égale aux usa-
ont amené le rapport de forces global entre les lignes nord-sud, est-ouest et état-société à l’intérieur des centres impérialistes à un équilibre exacerbé, instable entre impérialisme et libération.

En d’autres termes: l’instabilité du système impérialiste a produit depuis, partout dans le monde, une situation dans laquelle l’impérialisme, à partir du moment où il subirait une défaite en n’importe quel point du système mondial, et perdrait une quelconque position de force en quelque domaine que ce soit – qu’il s’agisse d’une composante économique (telle que le pétrole, les matières premières stratégiques, son avance technologique) ou de la domination politique sur un région géographique (comme l’Amérique centrale ou le golfe) – peut basculer dans la crise finale du système.

L’affrontement, après le Vietnam, s’est déplacé d’une position de confrontation: centre de la guerre de libération, front et arrière-pays, vers une ligne qui, à travers le monde entier, traverse chaque secteur, chaque continent, chaque pays. Parce que tout secteur, du fait de son imbrication et de son importance dans le système global, peut devenir le détonateur de l’effondrement du rapport de forces – et peut ainsi devenir tendanciellement un front de la guerre de libération.

La réaction impérialiste était obligée – pour dire de manière imagée – de se réduire en un concentré de sa puissance: l’état, les appareils unifiés de la chaîne des états dépendants des usa, la reconstruction de sa capacité d’action militaire, économique et politique et de ses instruments de domination. en essayant de reprendre le contrôle de l’évolution globale, ils veulent attaquer partout: dans les luttes actuelles en Asie, Afrique, Amérique latine, dans les jeunes états nationaux, dans l’opposition est-ouest, en Europe occidentale, avec comme objectif de retrouver par cette offensive générale sa position hégémonique.

Pour la lutte anti-impérialiste cela signifie qu’il est nécessaire actuellement, face à cette unité de la réaction impérialiste, de mener les luttes parallèlement sur toutes les lignes.

Ce sont des secteurs différent d’un front unique.

Et en tant que luttes qui sont menées côte à côte, tout secteur – donc également le secteur européen – ne deviendra un front capable d’ébranler l’impérialisme qu’à partir de sa propre force, de son développement spécifique, et de ses conditions actuelles et historiques spécifiques.

Ainsi le saut qualitatif de la dialectique de la confrontation de 1977 à des conditions de luttes subjectives qualitativement nouvelles ici, et notre rapprochement de la base du processus de la contradiction à l’intérieur de ce centre, sont complètement intégrés dans les nécessités et les possibilités de la guerre internationale des classes.

Ils venaient pour ainsi dire juste à temps.

Il est vrai qu’en 1977 l’état a agi dans ce contexte. vers la fin de la première phase de formation de la chaîne des états dépendant des usa, notre défaite lui a permis de se poser en superpuissance apparemment sans limites, non pas en tant qu’état national, mais dans la dimension du projet contre-révolutionnaire global.

En tant que première puissance européenne qui, conformément à sa fonction pour le système des états dépendants des usa, veut imposer contre toute forme de résistance la force politique à l’intérieur et sur le plan européen, pour pouvoir mener l’attaque sur le plan international.

Mais en agissant de la sorte, ils ont fait progresser l’affrontement dans deux sens, et c’est effectivement à ces niveaux qu’auront lieu les luttes décisives: dans le sens de la largeur pour lutter contre la guérilla dans une politique unifiée des états d’Europe de l’ouest – et contre laquelle la perspective du front ouest-européen de la guérilla est devenue une réalité – et dans le sens de la profondeur, dans la société, ce qui a provoqué la polarisation la plus accentuée et le rejet le plus large de l’intégration à l’état, sa logique et ses lois de l’histoire de la RFA- et ce qui offre la possibilité d’un front révolutionnaire ici.

Il est sans intérêt à présent d’analyser en détail les changements internes ici.

Car le comportement et le mode de vie de ceux qui luttent depuis lors, montrent qu’ils ont déjà intériorisé la situation nouvelle et la prennent tout simplement comme point de départ.
Nous constatons simplement: l’opposition fondamentale, comme jamais auparavant, a rompu fondamentalement avec ce système.

Froide, sans illusions, désormais inaccessible pour l’état. Il ne s’agit plus de « changer le système », de « modèles alternatifs « à l’intérieur de l’État. Tout cela est devenu complètement grotesque. C’en est fini, définitivement fini – et ce n’est qu’après la fin du système qu’une perspective de vie est concevable.

L’impérialisme ne dispose plus d’aucune perspective productive, positive; il n’est plus que destruction. C’est là l’essentiel de l’expérience où s’enracine la nouvelle militance dans tous les domaines de la vie.

Cette expérience est vécue de façon matérielle dans la base économique de la vie, dans l’armement et la préparation de la guerre nucléaire, dans celle des conditions de vie naturelles et sociales, et à l’intérieur de l’individu lui-même, où l’aliénation et l’oppression s’expriment par une déformation massive et la destruction de toute la richesse individuelle de la pensée, de la sensibilité, de la structure de la personnalité.
La plupart en perdent tout espoir.

L’impérialisme dans les centres a perfectionné et systématisé sa domination au point qu’ils ne trouvent plus la force de résister.

Taux de suicides en forte augmentation, fuite dans la maladie, l’alcool, les tranquillisants, les drogues, voilà la réaction à la réalité d’une longue histoire d’échecs, d’épreuves et de souffrances, de dépolitisation, alors que la violence extérieure n’est plus perçue comme la cause de tout cela.

Mais de cette dimension de la misère vient aussi la profondeur existentielles des luttes et la haine. Ce n’est plus l’explosion de colère, brève, spontanée.

Celle-ci s’est consumée au cours de ces années. Voilà le terrain sur lequel se développe maintenant le front révolutionnaire dans le centre. Car si le développement du système est vécu en dernière analyse comme aboutissant à la destruction et à l’extermination, la résistance, elle, porte en elle-même – consciemment ou non – l’élément qui fait qu’elle joue maintenant le tout pour le tout, et contre tout. à l’intérieur de luttes concrètes isolées, mais en les dépassant.

L’unité de la lutte révolutionnaire devient possible et nécessaire.

Voilà pour tous ceux qui veulent mener cette lutte, une ligne d’action sur laquelle la rupture avec l’état, la révolte et les combats militants peuvent converger partout en une politique – une stratégie de l’attaque contre le centre impérialiste. Ligne d’action qui, du fait de sa pratique, aboutira forcément à cette convergence.

front anti-impérialiste

Pendant ces deux dernières années, il y a eu une foule de tracts et d’actions ayant comme mot d’ordre « un seul front avec la raf » et nous savons que le besoin et la volonté de le réaliser traverse tous les domaines politisés.

Mais entre ce qui existe potentiellement du front dans ce besoin, cette volonté, ces débuts, et sa réalisation dans un processus de développement, une organisation, un mouvement, il y a une énorme distance.

Le front ne naît pas automatiquement par la juxtaposition de luttes et par sa proclamation. Il dépérit dans la proclamation, et la mobilisation pour son existence retombera si ce concept n’est pas, davantage que maintenant, abordé comme une question pratique, celle de savoir comment cela peut se faire et si effectivement cela marche.

Et pas seulement pour nous.

Le front ne sera réalité que si chacun, peu importe où, fait sienne la recherche pratique des éléments et des formes de l’unité de la lutte armée à partir du terrain de l’illégalité, et de la résistance politique militante à partir du terrain légal, c’est-à-dire des moyens, des tactiques et de la structure, donc de son champ d’action et de développement qui lui est illégal, et s’attache à le faire progresser consciemment dans le processus stratégique.

Le front est développement du lien pratique et politique dans l’attaque contre le pouvoir impérialiste – ou bien il n’est rien.

Au cours de ces deux dernières années pendant lesquelles nous avons réalisé un premier noyau de cette nouvelle structure de guérilla, nous avons expérimenté à quel point ce lien se réalise spontanément, à quel point il est fort – subjectivement et objectivement, matériellement comme possibilité de l’attaque – à quel point il est d’autre part difficile de mettre en route un processus stratégique continu dépassant les initiatives et actions politiques isolées et les contextes pratiques limités.

Voilà le nœud qu’il faut trancher à présent.

Il ne s’agit pas de morale, de zèle, de performance. Il s’agit, à partir de la décision de mener cette lutte, de concevoir en toute connaissance de cause comment briser effectivement le système ici, et de se déterminer soi-même en fonction cela.

Nous en avons fait l’expérience nous-mêmes et nous le constatons maintenant pour ceux que nous connaissons directement:

le moment décisif pour la percée dont dépend maintenant quel chemin pourra être fait, est la lutte de ceux qui ont commencé de lutter dans ce concept ou qui veulent le faire, afin de se concevoir comme des sujets du front anti-impérialiste.

Qui ont commencé à l’anticiper en eux-mêmes et par eux-mêmes et à déterminer toute initiative politique, toute action à partir de lui et pour lui: de se penser dans tout ce qu’on entreprend, dans la perspective du front de l’attaque.

Depuis les premières discussions en 1979 sur l’unité de la lutte anti-impérialiste, ce sont toujours les mêmes blocages dans et entre les groupes anti-impérialistes qui empêchent ce qui pourrait exister depuis longtemps: le front dans l’action.

Nous n’avons que faire des batailles fictives autour du mythe « action militante » ou autour de l’invocation du « lien avec les masses ».

De même tous les efforts faits pour que l’on se réclame de nous ou au contraire pour dépister dans les discussions le moindre lien avec nous, sont superflus.
On constate que le résultat en est que rien n’est fait pour que les prochains pas nécessaires se fassent.

F r o n t signifie plus que des actions.

Le front, donc des luttes, qui de par leurs objectifs communs deviendront un seul combat et qui peuvent à partir de là se réunir pratiquement et politiquement, vivra dans le centre européen sous des formes multiples. actuellement, le front anti-impérialiste en rfa – ce sont des attaques militaires, des projets militants coordonnés de façon unifiée, qui visent à contrecarrer la stratégie impérialiste, des initiatives politiques pour faire comprendre la politique, qui interviennent dans la résistance actuelle, c’est une lutte structurelle et organisationnelle pour être capable d’agir, c’est à chaque instant de son développement une lutte pour la possibilité et le but pratique de la discussion et de la communication autour de ce processus de la stratégie.

F r o n t signifie autre chose que d’entourer la guérilla d’une structure venant du terrain de la légalité. nous avons dit qu’il n’y a pas de « bras légal de la raf » et qu’il ne peut pas y en avoir. bien sûr, nous avons des contacts avec des gens un peu partout, et c’est aussi cela la politique concrète de la guérilla – mais ce n’est qu’en tant que développement autonome et spécifique sur ce terrain et en vue de l’objectif commun, que la résistance anti-impérialiste pourra devenir une partie du front anti-impérialiste. et ce n’est que par là que la séparation sera dépassée.

Ce n’est que comme cela que la lutte sur ce terrain peut s’embraser politiquement, atteindre continuité et force – et de façon générale, autodétermination et responsabilité pleine et entière en chaque lieu du combat de la politique révolutionnaire dans le centre ouest-européen, en sont des éléments essentiels.

Les discussions qui piétinent, dans lesquelles des points de vue isolés s’opposent aux professions de foi, l’étroitesse d’esprit des groupes isolés, l’incapacité à prendre des initiatives, tout cela disparaît à partir du moment où l’on a compris et intériorisé le concept de la situation:

que le front anti-impérialiste est aussi urgent et nécessaire que faiblement développé, et pourtant potentiellement fort du fait de sa position dans le centre de l’europe de l’ouest, et du fait de sa possibilité énorme au sein de la guerre de la libération internationale.

Le front combattant significatif contre la stratégie impérialiste doit être le but prochain i m m é d i a t.

Sans une quantité de choses sur l’impérialisme et ses plans comme en témoignent les innombrables papiers à ce sujet, et la détermination et le feu des actions militantes sont vains, si de ces deux éléments ne résultent pas la décision d’établir le lien qui permettra de parcourir ensemble toute une évolution dans la lutte.

Et, à partir de ce qui existe maintenant:

à partir de ce qui est contenu dans la résistance actuelle, et à partir des conditions de lutte dans la métropole, d’extraire les éléments pratiques, structurels, politiques, et les lignes de l’attaque contre le noyau du pouvoir impérialiste ici: l’état RFA et l’OTAN, pour continuer à les développer de façon offensive.

La situation, c’est que –
la lutte anti-impérialiste est en retrait par rapport à l’offensive de la machinerie impérialiste, certes contradictoire, mais unifiée.

Les débuts de la nouvelle mobilisation anti-impérialiste ne se sont pas constitués contre la reconstruction impérialiste après le Vietnam et le début de la crise, contre la préparation et la mise en marche de son offensive – dans cette phase la résistance était paralysée par la faillite et finalement l’effondrement de la gauche issue de 68 – mais ne se sont formés que maintenant, alors que les attaques réactionnaires se déroulent à tous les niveaux depuis longtemps.

Leur offensive se développe, spontanément la résistance est grande, mais la politique anti-impérialiste n’en constitue pas l’orientation décisive.
Pour le devenir, elle doit être présente comme facteur significatif et producteur d’initiatives dans les discussions autour et contre les projets impérialistes, qui déterminent maintenant le cours de l’histoire réelle.

La stratégie américaine de guerre en Europe –
l’offensive réactionnaire de l’état à l’intérieur –
la stratégie réactionnaire de l’état à l’intérieur –
la stratégie réactionnaire de roll-back de la chaîne des états impérialistes contre les mouvements de libération et les jeunes états nationaux et contre les états socialistes.

La situation, c’est que –
la façon dont l’histoire va maintenant se dérouler n’est absolument pas déterminée.

L’impérialisme américain, dans sa crise historique – où pour la première fois depuis 40 ans il y va de son existence – peut avoir recours aux moyens les plus extrêmes, et il le fera si le système glisse dans la crise incontrôlable, et si personne ne l’en empêche.

Vu son potentiel de destruction nucléaire, cela prend certes une perspective catastrophique – mais que nous qui sommes dans le monde entier les opprimés et exploités n’avons aucune raison de craindre.

Car elle signifie dans tous les cas la fin de l’impérialisme, celui-ci signifie dans tous les cas notre propre fin. notre attitude face à la perspective de destruction nucléaire est donc premièrement que nous ne la craignons pas et deuxièmement que nous ne pourrons l’empêcher et ne l’empêcherons que par la guerre révolutionnaire.

L’acuité de la situation réside moins dans la vraisemblance d’une guerre nucléaire que dans le fait que l’impérialisme américain se trouve engagée dans une offensive généralisée qui comprend toutes les dimensions et dont le but est la restauration de son hégémonie, ce qui ne sera possible qu’à une échelle plus large de l’ensemble de sa domination.

Mais il est possible d’intervenir dans cette offensive, et il dépend, de façon décisive, de la lutte anti-impérialiste en Europe occidentale, que leur tentative se termine en leur faveur, ou qu’elle aboutisse à un saut qualitatif sur le plan mondial de la lutte pour la libération, et contre eux.

Une échelle plus large de sa domination, cela signifie – sans forcément impliquer la grande guerre – production de destruction dans la vie quotidienne, dans les conditions de vie, dans la manipulation et la répression – la mort et la destruction de la substance humaine pour des millions de gens et pour longtemps.

Pour nous, du fait de notre relative faiblesse face à un pouvoir qui dispose de presque tout ici, la situation, c’est aussi – qu’ils sont certes en mesure – et cela pour un certain temps encore – d’empêcher la constitution d’un front menaçant ici leur pouvoir, mais que, pour résoudre la crise généralisée aux niveaux social, socio-politique et politico-militaire, ils sont obligés de s’approprier du pouvoir de façon agressive et de dépasser ainsi les limites politiques dans la métropole, les « limites tolérables » – démocratie, bien-être, paix intérieure – et qu’ils ne pourront le faire éternellement s’ils sont confrontés constamment à la lutte anti-impérialiste et constamment démasqués dans la confrontation ouverte, et si se trouve ainsi rompu le mince fil idéologique entre l’état et la société.

Ces limites politiques sont devenues historiquement constitutives pour le centre impérialiste d’Europe de l’ouest. elles ont été érigées en piliers du système contre le mouvement ouvrier et les guerres de libération, et elles ne pourront plus être abattues sans que s’effondre l’ensemble de la société.

C’est ici que la faiblesse relative de la lutte anti-impérialiste dans le centre de l’Europe de l’ouest peut être transformée en force dans la lutte internationale.

Car à l’échelle de l’ensemble du système impérialiste leur projet global de restructuration ne fonctionne que si la mise au pas à l’intérieur des centres impérialistes se déroule de façon relativement facile et rapide, sans frictions sérieuses et profondes.

Ce projet ne pourra résister à la rupture causée par la lutte anti-impérialiste ici, vu les contradictions internationales – ou alors ils imposeront des solutions à l’intérieur comme à l’extérieur par leur surpuissance, au risque d’une guerre internationale des classes unifiée à une échelle plus élevée, plus intense et plus large, c’est-à-dire au risque d’actualiser la lutte visant à démanteler le système impérialiste.

C’est à partir d’ici que nous combattons.

Et c’est seulement cela, la conscience de notre possibilité, de notre propre force, de la chance que nous avons tout spécialement ici – et donc aussi celle de notre responsabilité – qui peut être l’élément mobilisateur qui fera se lever et se développer ici le front anti-impérialiste.
L’évolution en europe de l’ouest est devenue la pierre angulaire de l’affrontement mondial.

Du fait du mouvement de la guerre internationale des classes, l’offensive à l’intérieur et à partir de l’europe de l’ouest, s’appuyant sur l’état central qu’est la rfa, est essentielle pour la stratégie impérialiste, pour s’assurer, dans un nouveau round, sa domination en tant que système fonctionnant au niveau mondial, et la reproduction du capital.

De notre côté et face à cette offensive, le développement du front dans le centre s’impose comme simple nécessité vitale, comme condition nécessaire pour briser la tendance actuelle du processus global de libération à stagner dans l’opposition est-ouest et, pour les pays où a eu lieu une libération nationale, du fait des obligations de leur développement étatique.

Les centres eux-mêmes et l’Europe de l’ouest, point d’intersection des lignes est-ouest, nord-sud et plus particulièrement état-société, sont le point de départ et le noyau de leur projet de restructuration.

C’est d’i c i qu’ils doivent essayer de tirer le pouvoir militaire dont ils ont besoin pour faire pression sur les états socialistes et pour contrer les luttes de libération nationale, c’est d’ici qu’ils doivent tenter de maîtriser le potentiel économique, la crise intérieure sociale et économique incontrôlable, de dominer et d’intégrer dans leur système les jeunes états en voie de développement, et – comme condition de tout cela – d’imposer par la force une homogénéité politique intérieure, sinon en tant que consensus, du moins comme une sorte de paix intérieure.

C’est dans ce sens qu’ils sont ramenés vers les centres.

Ils essaieront obligatoirement d’imposer, de façon offensive, et agressive, le concept global réactionnaire dans le centre, à tous les niveaux et de toutes leurs forces.

Missiles à moyenne portée, bombe à neutrons, surarmement conventionnel, concentration et centralisation du capital, rationalisation, chômage massif planifié, instrumentalisation de l’homme comme simple appendice de la machine –
développement à outrance de la politique énergétique indispensable pour eux à cause de son importance comme moyen de guerre sur le marché mondial.

Destruction des structures sociales selon l’intérêt des flics et du fric –
exploitation dans la course pour les moyens d’existence, formation professionnelle conçue comme une usine –
flics, justice, taule – etc.

Voilà les points avancés de cette offensive conçue de façon militaire, l’étau de fer enserrant tous les domaines partiels de la société dans les métropoles, qui depuis longtemps ne nous laisse plus de choix de savoir si nous voulons ou non le front dans le centre – la guerre a déjà commencé. la question n’est plus que de savoir s’il y aura ou non contre l’offensive réactionnaire le front révolutionnaire.

C’est contre cet horizon que naît le front anti-impérialiste dans les centres.

Son effet ne se mesure pas seulement ici à la question de savoir s’il est capable ou non d’empêcher tel ou tel projet impérialiste actuel, ce qu’il atteint, il l’atteindra toujours en tant que secteur de combat du front international au profit de celui-ci, et ce n’est qu’à partir de cette totalité de la confrontation impérialisme-libération qu’un rapport de forces peut être crée qui rendra possible ici la révolution sociale.

R é s i s t a n c e contre la machine impérialiste qui s’apprête à frapper ici – telle est d’ailleurs notre définition de l’action de la guérilla et du développement du front anti-impérialiste – signifie attaque et développement du front révolutionnaire dans le centre, dans le cadre de la lutte mondiale.

Une attaque que toute la situation réclame maintenant – et qui doit partir d’ici.

Sur le plan international, les deux blocs se dressent face à face, pétrifiés dans leur potentiel de destruction et figés dans leurs armements. des mouvements de libération sont devenus des états, et ceux qui n’en sont pas encore, agissent, dans leur lutte pour le devenir, quasiment comme tels.

Le terrain principal, même pour les mouvements de libération et les jeunes états, est celui de la politique internationale, des relations internationales – il se situe entre l’opposition est-ouest qui se reproduit dans ces pays, le marché mondial à l’intérieur duquel et à l’encontre duquel ils sont contraints de se développer, et la nouvelle force politique des états libérés dans les instances internationales qui leur confère une certaine marge de manoeuvre. c’est le développement logique.

Expression de la force que la lutte pour la libération nationale a atteint, et expression de leur faiblesse qui les oblige encore à se référer au système des états tel que l’impérialisme l’a déterminé.

Le développement du pays dans cette situation conduit la direction politique des jeunes états à une double contradiction: d’une part, la misère de plus en plus profonde, la pauvreté de la population, le sous-développement et à partir de là, le recours à des solutions radicales – d’autre part le caractère inévitable de la lutte pour en obtenir les moyens dont disposent presque exclusivement les états impérialistes, l’obligation donc de s’arranger avec eux, ce qui les conduit tendanciellement à accepter des obligations de plus en plus divergentes d’où le risque de déchirements catastrophiques dans les guerres civiles, la famine, le désespoir, la répression et l’intervention.

Mais ces contradictions, ils ne les ont pas choisies. celles-ci sont avant tout le résultat d l’histoire coloniale qui profite encore à l’impérialisme qui exploite les destructions qu’il laisse derrière lui, après qu’il ait déjà été chassé du pays.
La guérilla dans les métropoles et les luttes militantes aujourd’hui résultent d’une dynamique déclenchée par les mouvements de libération – et si aujourd’hui, au bout de 30 ans, un mouvement a pu se développer ici grâce à leur lutte, la situation là-bas est actuellement et de façon essentielle tributaire du faible développement des luttes ici.

Il ne peut y avoir de perspective de destruction du système impérialiste tant que la perspective de destruction n’a pas été ouverte dans ses centres du pouvoir, de commandement et de production.

C’est-à-dire tant que la politique n’a pas pris une forme matérielle qui, en tant que force significative dans la lutte internationale, dans son mouvement réel, ses buts et sa continuité, montre la volonté et la possibilité d’en finir avec le système. ce n’est qu’à partir de ce moment-là qu’un saut révolutionnaire est concevable. L’impérialisme ne s’effondre pas de lui-même.

Il ne s’effondre pas non plus par un encerclement et étranglement venant de l’extérieur.

Sans le développement du front ici, il se produira au niveau mondial ce qui a été mortel dans l’histoire des luttes de classes en Europe, et sur le plan politique dans le conflit est-ouest: une guerre de tranchées amère et figée. un appareil impérialiste, agressif sur le plan politique et militaire, surdéveloppé sur le plan technologique et des techniques de production et d’organisation.

-qui dans son but de redevenir la seule puissance mondiale, que ce soit sur le plan militaire contre la volonté de l’union soviétique et des états socialistes de rester une puissance égale, ou sur le plan politique contre la conscience des peuples d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie de leur propre force, échouera certes.
-mais qui est assez puissant, grâce à ses moyens de guerre politiques économiques et militaires, pour bloquer les pays qui viennent de réaliser leur libération nationale, en leur dictant les conditions de leur développement, et assez puissant peut-être aussi, en imposant une course aux armements et en agissant sur le marché mondial, pour ébranler l’économie des pays socialistes.
-et qui dans la métropole, où l’état ne cessera jamais de tenter de porter le pouvoir impérialiste à l’hégémonie, par l’exploitation, l’état policier et la gestion de la crise, écrasera une société pourrissante.

Lutte pour la libération

Si la résistance et l’attaque révolutionnaire constituent, du fait de notre propre situation ici, une nécessité, c’est aussi pour nous et pour nous seulement la possibilité d’ouvrir la perspective vers la fin du système. une perspective qui dans sa fonction de destruction de la puissance impérialiste dépasse cette fonction :

· dans la maturité de la métropole où le développement social productif a commencé à se transformer en destruction, la lutte révolutionnaire ici, dans ses buts et la structure du front combattant, fait apparaître un avenir social au-delà des limites historiques du système d’états existant ;
· dans la phase historique de l’impérialisme mis en déroute sur ses lignes extérieures et se désagrégeant à l’intérieur dans la crise généralisée, la maturité de la métropole pour un bouleversement est aussi la maturité de la lutte orientée radicalement vers le renversement des conditions sociales dans le sens des objectifs communistes.

Où l’on ne conçoit pas la vie comme une étape de transition de plus, ni la victoire comme la prise du pouvoir d’état, mais comme étant un processus homogène de résistance qui est contre-pouvoir et transformation pour la libération.

La politique révolutionnaire ici est la stratégie qui conçoit l’ensemble de la résistance dans le cadre de la réalité quotidienne ici, comme processus de lutte de libération, et la comprend comme partie, secteur, et fonction des luttes mondiales dont seule l’action combinée permet d’atteindre le but.

Cette politique n’a rien à voir avec une conception du monde. elle n’échafaude pas un de ces modèles idéologiques qui se succèdent et dont on prétend qu’ils se réaliseront plus tard. elle ne peut être qu’un processus réel. signal de l’utopie, c’est une stratégie à long terme et directe – on peut dire aussi un mode de vie – dans laquelle le but stratégique de destruction du pouvoir impérialiste est lié à une réelle transformation maintenant –

le processus qui, au fur et à mesure du développement du front, détruit l’occupation du terrain politique et de l’individu par l’Etat – qui crée, par la production d’un contre-pouvoir, les conditions nécessaires à l’offensive politico-militaire, et qui en tant que production, développement matériel, comprend en lui le rétablissement de la pleine dimension de l’homme dans les relations des combattants.

Transformation immédiate, territoire libéré et révolution sont pleinement intégrés dans le processus de la résistance – et ce n’est qu’ainsi qu’ils trouvent leur vérité.

La stratégie révolutionnaire ici, c’est la stratégie contre leur stratégie.

Qui attaque leur plan stratégique dans leurs projets concrets et qui, par l’attaque matérielle, brise politiquement l’offensive impérialiste vers l’intérieur et l’extérieur, créant ainsi la conscience qui devient nouvelle résistance et processus du front sur le plan national et international, qui bloque leurs plans avant même qu’ils puissent les exécuter.

Qui, en tant que front combattant significatif, transforme en force matérielle la rupture du consensus dans le centre impérialiste et qui, en propageant sur le plan international cette rupture intérieure, leur ôte la légitimation ou encore leur caractère attractif dont ils ont besoin pour reproduire leur système d’argent, de manipulation et de destruction, dans une nouvelle phase, à savoir dans le monde entier.

Et qui, en tant que virage radical de la situation dans les métropoles, montre la possibilité de la fin du pouvoir impérialiste et de son existence parmi les hommes, et donc la maturité pour une société libérée.

Fraction Armée Rouge

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Déclaration de la grève de la faim des prisonniers de la RAF (1978)

Nous avons commencé une grève de la faim,

Après l’exécution d’Andreas, de Gudrun, de Jan et d’Ingrid,

Après la mort de huit prisonniers de la RAF ces trois dernières années,

Après que le commissaire d’enquête parlementaire à Stuttgart a non seulement entériné la version officielle masquant ainsi la vérité, c’est-à-dire le meurtre des otages – que sont les prisonniers – ce qui a constitué la dernière étape de cette opération des services secrets, mais aussi élaboré et lancé un projet d’après lequel, après la liquidation de la direction de la RAF en prison, le reste des prisonniers doit être exterminé;

Après toutes les grèves de la faim et de la soif et toutes les tortures qui les ont accompagnées,

Nous commençons cette grève de la faim avec la conscience – et la colère – que nous ne disposons que de ce moyen misérable, face à cette violence, face à cette volonté sans limite d’extermination des stratèges impérialistes contre nous prisonniers de leur guerre contre la résistance armée.

Notre isolement les uns des autres et notre isolement du monde extérieur n’a pas cessé malgré la décision du gouvernement fédéral il y a un an et malgré la décision interne « d’améliorer nos conditions de détention » affirmée ces derniers mois. Nous continuons à être exclus par une machine qui englobe tout et intervient à différents niveaux.

L’exécution d’Andreas, de Gudrun, de Jan et d’Ingrid doit constituer le moment où tout ce que nous avons obtenu comme conditions minimales de vie par notre résistance des années durant doit être supprimé.

Si le gouvernement fédéral, la sûreté de l’État et les appareils de justice et pénitentiaire – dans l’espoir d’étouffer le processus révolutionnaire dans les métropoles – veulent faire de l’extermination des prisonniers guerilleros la démonstration de ce qu’ils sont prêts à tous les crimes, nous, de notre côté, nous dénoncerons notre détention où nous nous ne sommes que des otages comme l’exemple de la politique impérialiste.

Nous exigeons:

– Le respect des droits de l’Homme en RFA et l’application des garanties minimales pour les prisonniers de guerre, telles qu’elles sont prévues dans la convention de Genève. C’est-à-dire maintenant: Que les prisonniers de la RAF et d’autres groupes anti-impérialistes soient réunis en groupe où une interaction est possible. En réclamant cela, nous ne demandons que ce que des spécialistes médicaux exigent depuis des années, ce que cherche à obtenir Amnesty et ce que nous avions déjà obtenu de cet État en avril 77.

– Nous demandons de plus: Que soient rendus tous les textes saisis d’Andreas, de Gudrin, de Jan et d’Ingrid – et surtout les lettres adressées aux prêtres de la prison par Gudrun. Que tous les faits et matériaux concernant le 18 octobre 1977 soient mis à la disposition d’UNE COMMISSION D’ENQUÊTE INTERNATIONALE.

Nous ne cesserons pas notre grève cette fois avant que ne soient garanties nos conditions de vie par des organisations internationales.

Hambourg, le 9 mars 1978, pour les prisonniers de la RAF.            

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Fraction Armée Rouge : Communiqué du 13 avril 1977

Pour les « acteurs du système » eux-mêmes, comme Buback, l’histoire trouve toujours une voie.

Le 7 avril 1977, le commando Ulrike Meinhof a exécuté le procureur fédéral Siegfried Buback.

Buback a été directement responsable du meurtre d’Holger Meins, de Siegfried Hausner et d’Ulrike Meinhof.

Dans ses fonctions de procureur général — comme point central de décision et de coordination entre la justice et les services secrets ouest-allemands, en coopération étroite avec la C.I.A. et le Conseil de sécurité de l’O.T.A.N. –, il a mis en scène et dirigé leur assassinat.

Sous la direction de Buback, Holger fut assassiné avec préméditation le 9 novembre 1974 par une sous-alimentation systématique et une manipulation consciente au moment du transfert de Wittlich à Stamm-heim.

En exécutant un cadre, le procureur fédéral comptait casser la grève de la faim collective des prisonniers contre la détention/extermination, et après que la tentative de supprimer Andreas en ordonnant son alimentation forcée, ait échoué grâce à la mobilisation de l’opinion publique.

Sous la direction de Buback, Siegfried, qui avait dirigé le commando Holger Meins et qui pouvait prouver que l’explosion à l’ambassade d’Allemagne à Stockholm était l’oeuvre des unités ouest-allemandes du M.E.K., a été assassiné le 4 avril 1977.

Alors qu’il se trouvait à la disposition exclusive des autorités de l’Accusation fédérale et du B.K.A., on effectua au péril de sa vie son extradition en Allemagne fédérale et son transfert dans la prison de Stuttgart-Stammheim : c’était signer son arrêt de mort.

Sous la direction de Buback, Ulrike a été exécutée le 9 mai 1976, lors d’une action de la Sûreté de l’Etat.

Sa mort fut camouflée en suicide pour bien montrer « l’échec de sa politique ».

Ce meurtre fut le terme d’une escalade qui avait déjà vu la tentative de l’Accusation fédérale de crétiniser Ulrike par une intervention neuro-chirurgicale de force, afin de la présenter détruite au pro-. ces de Stammheim et de pouvoir ainsi dénoncer la résistance armée comme une maladie mentale. La réalisation de ce projet fut empêchée grâce aux protestations internationales.

Le moment de l’assassinat d’Ulrike a été de plus calculé de façon très précise :

— avant l’initiative décisive de dire au procès, à l’occasion des requêtes de la défense, que les attaques de la « R.A.F. » contre les quartiers généraux américains à Francfort et à Heidelberg en 1972 devaient être interprétées comme une réponse au concours apporté par la R.F.A. à l’agression U.S. au Vietnam, en violation de la charte des Droits de l’Homme ;

— avant l’audition d’Ulrike comme témoin au procès du commando Holger Meins à Düsseldorf, où elle aurait pu faire des déclarations irréfutables sur la forme extrême de torture qui lui a été infligée pendant huit mois dans les sections silencieuses ;

— avant son passage en jugement, alors que l’opinion publique internationale commençait à se développer et i émettre des critiques face à la parodie de procès qu’offrait Stammheim et à sa cynique exhibition de toute la violence impérialiste ; le gouvernement fédéral avait compris qu’elle était prête à lui tomber dessus.

L’histoire d’Ulrike, c’est l’histoire de la continuité de la résistance.

Elle avait, pour le mouvement révolutionnaire une fonction idéologique d’avant-garde. Ce que visait Buback en moi tant un suicide déguisé : récupérer sa mort pour la propagande de l’Accusation fédérale comme « l’aveu de l’échec de la politique armée » ; et anéantir moralement le groupe, son combat, et toute trace de son action.

La conception de l’Accusation fédérale qui a centralisé, depuis 1971, toutes les poursuites et les procédures contre la « R.A.F. », suit la ligne de la stratégie antisubversive conçue par le Conseil de sécurité de l’O.T.A.N. : réduction de la résistance révolutionnaire à un problème de criminalité — avec comme étapes tactiques : l’élimination des leaders, l’infiltration, la désolidarisation et l’isolement des guérilleros.

Dans le cadre de la contre-stratégie de l’impérialisme germano-américain contre la guérilla, la justice est l’instrument [ui mène la guerre — en poursuivant les guérilleros qui opè-ent dans l’illégalité et en procédant à l’extermination des prisionniers de guerre.

Buback, — comme dit Schmidt, « un combattant énergique » pour cet Etat –, a compris et a mené cet affrontement comme une guerre : « J’ai fait la guerre. Ici, c’est une guerre avec d’autres moyens ».

Nous empêcherons que nos combattants soient assassinés dans les prisons ouest-allemandes, parce que l’Accusation fédérale ne peut résoudre le problème du refus des prisonniers d’arrêter le combat, autrement que par leur liquidation.

Nous empêcherons que l’Accusation fédérale et les organes de la Sûreté de l’Etat se vengent sur les combattants prisonniers pour les actions de guérilla qui se poursuivent à l’extérieur.

Nous empêcherons que l’Accusation fédérale utilise la quatrième grève de la faim collective des prisonniers pour la reconnaissance des droits minimaux de l’être humain, pour assassiner Andreas, Gudrun et Jan, comme le propage déjà ouvertement la guerre psychologique depuis la mort d’Ulrike.

ORGANISER LA RÉSISTANCE ARMÉE ET LE FRONT ANTI-IMPÉRIALISTE EN EUROPE DE L’OUEST.

MENER LA GUERRE DANS LES MÉTROPOLES DANS LE CADRE DES LUTTES DE LIBÉRATION A TRAVERS LE MONDE.

Commando Ulrike Meinhof
Fraction Armée Rouge   

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Interview au Spiegel des prisonniers de la RAF (1975)

Interview au Spiegel des prisonniers de la RAF, 20 janvier 1975

SPIEGEL : « Le collectif R.A.F. a-t-il adopté une nouvelle tactique ? Les campagnes préparées et dirigées depuis les prisons ont éveillé dans la population le même intérêt à votre sujet que les bombes et les grenades en 1972 ? »

R.A.F. : « II ne s’agit pas de bavardages sur la tactique.

Nous sommes prisonniers et nous luttons actuellement avec la seule arme qui nous reste en prison et dans l’isolement : la grève de la faim collective, afin de sortir du processus d’extermination dans lequel nous nous trouvons ; de longues années d’isolement social.

C’est une lutte à la vie, à la mort ; nous n’avons pas le choix sinon de gagner par cette grève de la faim ou alors de mourir ou être détruits psychiquement et moralement par le lavage de cerveaux, l’isolement et les traitements spéciaux. »

SPIEGEL : « Peut-on parler de  » torture par isolement » ou même de « détention-extermination » ? Vous lisez un paquet de journaux, si nécessaire vous écoutez la radio et regardez la télévision de temps en temps. M. Baader, par exemple, a eu à sa disposition à un certain moment une bibliothèque de 400 volumes. Vous avez des contacts avec d’autres membres de la R.A.F., échangez des messages clandestins, vous recevez des visiteurs et vos avocats vont et viennent dans vos cellules. »

R.A.F. : « Si l’on ne possède que le Spiegel et les informations diffusées par les services de sécurité de l’Etat, on peut se poser la question.

Après deux, trois, quatre années d’isolement social, on ne sait plus que l’on se trouve dans un processus d’extermination.

Cela, on le supporte peut-être pendant quelques mois, mais pas pendant des années.

Empêcher l’institutionnalisation des lavages de cerveau par l’isolement est pour nous la condition de notre survie, c’est en fonction de cela que les procès se dérouleront avec ou sans nous.

Affirmer qu’il s’agit pour nous, par cette grève de la faim, de nous rendre nous-mêmes inaptes à la détention et inaptes à comparaître devant le tribunal – alors que chacun sait que des prisonniers politiques inaptes à la détention, sont des prisonniers morts – cette affirmation-là fait partie de la tactique de l’adversaire, c’est de la contre-propagande.

Les services du procureur fédéral ont reculé ces procès pendant trois ans et demi, pour briser les prisonniers par l’isolement, la torture, le lavage de cerveaux, les sections silencieuses, la psychiatrisation.

Les services du procureur fédéral ne veulent plus de ces procès.

Ou, s’ils les veulent, alors c’est sans les accusés et sans leurs défenseurs, parce qu’il est devenu évident que ces procès à grand spectacle contre la politique révolutionnaire – auto-représentation du pouvoir d’Etat impérialiste – (ce que veut Büback) ne peuvent être mis en scène qu’en notre absence. « 

SPIEGEL : « Malgré leur répétition constante, des mensonges ne deviennent pas crédibles ; et l’opinion publique a compris depuis longtemps que ces mensonges sont lancés – de mauvaise foi – pour jeter le doute sur la justice, ce que vous avez incontestablement réussi. »

R.A.F. : « C’est parce qu’il s’agit de faits dont vous ne pouvez pas faire disparaître l’importance politique en les contestant. »

SPIEGEL : « Vous êtes en détention préventive, étant inculpés pour des délits graves tels que meurtre et tentative de meurtre. Ne subissez-vous pas les mêmes conditions de détention que les autres prisonniers en détention préventive ? »

R.A.F. :  » Nous réclamons la suppression des traitements spéciaux et il ne s’agit pas seulement de prévenus. Pour les prisonniers politiques, la justice ne fait pas de différences ; et à ce propos, nous disons :

« TOUT PROLÉTAIRE PRISONNIER, QUI COMPREND POLITIQUEMENT SA SITUATION, ET QUI ORGANISE LA SOLIDARITÉ, LA LUTTE DES PRISONNIERS, EST UN PRISONNIER POLITIQUE, QUEL QUE SOIT LE MOTIF QUI L’A CONDUIT EN PRISON.

« La justice isole également des prisonniers qui sont déjà condamnés, pour certains depuis quatre années, comme : Werner Hoppe, Hellmut Pohl, Rolf Heissler, Ulrich Luther, Siegfried Knutz.

Plusieurs milliers ici sont maltraités par le système pénitentiaire et à partir du moment où ils commencent à résister, sont brisés par l’isolement.

« C’est contre cela que nous luttons, par cette grève, en tant qu’action collective contre l’institutionnalisation de l’isolement.

Dans les prisons anciennes, là où il manque les « machines à isoler » (sections pour les « fauteurs de trouble », ce qui signifie : ceux qui troublent l’inhumanité dont ils sont victimes) ces machines sont mises en place, comme à Tegel, Bruchsal, Strübing, Hanover, Zweibrücken, etc.

Les nouvelles prisons incluent dans les principes de leur construction leur architecture, l’isolement comme système de détention.

Ces principes s’orientent, en R.F.A., non pas vers les modèles suédois, mais au contraire vers les méthodes et expériences américaines et les méthodes fascistes de  » programmes de réhabilitation. »

SPIEGEL :  » Concrètement, dites-nous en quoi consiste ce que vous appelez « traitements spéciaux ». Nous avons fait des recherches sur les conditions actuelles de détention du collectif R.A.F. ; nous n’avons pu trouver la trace de traitements spéciaux, mais plutôt une série de privilèges. »

R.A.F. : « Vous n’avez fait aucune recherche.

Vous vous êtes laissés informer par la Sûreté de l’État et par les services du procureur fédéral.

Traitements spéciaux, cela signifie :

– Huit mois de section silencieuse pour Ulrike,
pour Astrid.

– Des années d’isolement social pour tous les
prisonniers de la R.A.F.

– Des anesthésies de force, ordonnées par un
tribunal,  » aux fins d’enquête « .

– Pendant plusieurs années, la promenade
mains liées.

– Sur ordre permanent des tribunaux,  » utilisation immédiate de la force « , ce qui signifie : les vexations dans les cellules de tranquillisation, au cours des transports, des interrogatoires, des confrontations et lors des visites.

– La censure des journaux.

– Des lois d’exception.

– Des bâtiments spéciaux pour les procès contre les prisonniers de la R.A.F. : à Kaiserslautern et, à Stammheim le procès – sur le budget de la Sûreté de l’Etat –  » évalué  » à 150 millions de marks, dans une forteresse de béton gardée par des unités de police de trois Länders, alors qu’il semble qu’au cours de ce procès les accusés et leurs défenseurs ne seront pas admis à l’audience – au cas toutefois où la justice laisserait des accusés en vie.

– Entraves faites aux défenseurs : publication
de matériaux de la défense, de parties de dossiers et de dossiers de la sécurité de l’Etat, dans le cadre des campagnes du gouvernement visant à conditionner les verdicts et évincer les défenseurs.

Manipulations des dossiers.

– La presse de Springer peut disposer de dossiers avant la défense alors que les services du procureur fédéral refusent d’en donner communication à la défense.

– Les défenseurs sont surveillés jour et nuit ; leur courrier contrôlé, leur téléphone sur table d’écoute, et leurs bureaux sont perquisitionnés.

Les avocats ont des sanctions disciplinaires de la part de leur Ordre et d’inculpations pour leur travail d’information auprès de l’opinion publique.

– Les parents et visiteurs sont l’objet de pressions de la part des services de sécurité de l’État, et ce jusque sur leur lieu de travail. Ils sont terrorisés par une surveillance non dissimulée.

– Ceux qui désirent nous écrire ou nous visiter sont espionnés et fichés par les services de sécurité de l’État.

Ils sont obligés, sous la pression de la grève de la faim, de maquiller la réalité et les ministères envoient des équipes filmer.

« En principe, rien n’est changé.

Mais la réalité, à l’heure actuelle, c’est l’isolement organisé de l’intérieur des prisons avec une précision meurtrière : tout en restant isolés, les détenus peuvent se rencontrer, par deux, et seulement deux heures par jour.

Cela n’empêche pas le processus de destruction, et ça reste un système coupé de l’extérieur. Cela signifie que le lavage de cerveau doit continuer et que l’interaction sociale doit être rendue impossible.

« Par rapport à l’extérieur, l’isolement est perfectionné par l’exclusion des défenseurs, ou en l’occurrence la limitation au nombre de trois de ceux-ci.

Si l’on s’en réfère à la norme de Posser, six années d’isolement par exemple pour nous et à la responsabilité des services du procureur fédéral quant au recul de la date des procès, on comprend ce que signifie « détention-extermination ». Prouvez-nous donc qu’un seul de ces « privilèges » n’existe pas! »

SPIEGEL : « Au début, vous avez décrit la nutrition forcée comme une machination fasciste ; après la mort de Holger Meins, vous avez, parlé de « meurtre ». N’y a-t-il pas là une contradiction ? »

R.A.F. :  » Cela ne vient pas de nous, mais la nutrition forcée est un moyen pour enlever à la grève de la faim son impact vers l’extérieur ; c’est ainsi que des stations médicales de réanimation ont été installées dans les prisons, afin de pouvoir dire que « tout a été fait ».

Alors que le plus simple n’a pas été fait : supprimer l’isolement et les traitements spéciaux !

Holger Meins a été exécuté sciemment par une sous-nutrition systématique, la nutrition artificielle était, dès le début, à la prison de Wittlich une méthode pour assassiner.

Au début, brutale, directe, violente, pratiquée pour briser la volonté, et par la suite pratiquée seulement en apparence. 400 calories par jour : il s’agit seulement d’une question de temps, de jours, jusqu’à ce que l’on meurt.

« Le procureur fédéral Biiback et les services de sécurité ont manigancé cela en s’arrangeant pour que Holger Meins reste à la prison de Wittlich, jusqu’à qu’il soit mort.

Le 21 octobre, le tribunal (O.L.G.) de Stuttgart avait ordonné le transfert de Holger Meins à Stuttgart au plus tard le 2 novembre.

Dès le 24 octobre, Büback, procureur fédéral, faisait savoir au tribunal de Stuttgart que la date du transfert ne pouvait pas être respectée par les services de sûreté de l’Etat : cette information n’a toutefois été rendue publique qu’après la mort de Holger Meins.

« Pour terminer, le médecin de la prison Hutter, a cessé complètement la nutrition artificielle et est parti en voyage. Il faut également préciser que l’Office fédéral de police criminelle était informé sur l’état des prisonniers, pendant toute la durée de la grève de la faim, par les directions des prisons.

« II faut souligner que Hutter, avant qu’il se retire, parce que Holger était mourant, a demandé à Degenhardt de lui assurer qu’il ne ferait l’objet d’aucune plainte – de la même manière, toutes les plaintes portées contre Degenhardt ont été annulées.

« Degenhardt est le médecin qui, durant l’été 1973, pendant la seconde grève de la faim à Schwalmstadt, a supprimé l’eau « pour raisons médicales  » pendant neuf jours, jusqu’au coma. C’est ce médecin que Büback qualifiait de « sommité médicale » en parlant à Frey, qui « soignait » alors les prisonniers de Zweibrücken.

« Holger Meins a été assassiné d’après un plan portant sur la manipulation de la date du transfert ; c’est la faille qui permet au procureur fédéral et à la police de sûreté de l’Etat de viser directement les prisonniers.

« Le fait qu’aucun journaliste n’ait encore fait de recherches là-dessus, ni ne les ait publiées ne signifie rien quant aux faits eux-mêmes ; mais au contraire, souligne la collaboration et la complicité, l’amalgame entre les trusts de l’information, les services de sécurité de l’État, le procureur fédéral, les services fédéraux de la police criminelle et les services secrets. « 

SPIEGEL : « Nous n’acceptons en aucune manière votre version du soi-disant  » meurtre à tempérament » de Meins. Vous nous donnez, l’impression d’une psychose de la persécution, ce qui serait très compréhensible après des années de clandestinité et de détention. Au « Spiegel », nous avons critiqué le comportement du médecin de la prison Hutter ; le procureur a ouvert une instruction contre Hutter. »

R.A.F. : « II ne s’agit pas de Hutter, il n’est qu’un des médecins des prisons, ils n’ont rien à décider.

La médecine pénitentiaire est organisée hiérarchiquement, et Hutter est tout au plus l’un des personnages qui est saisissable.

Un PORC, mais un petit ; il sera tout au plus rendu responsable bien que là aussi, aucune des personnes qui connaissent l’application des peines et la fonction réelle de la médecine pénitentiaire n’y croient.

Ce que vous appelez « critiquer » c’est un vieux truc qui consiste à parler d’ « inconvénients », « d’accidents clé parcours » afin de les rendre incompréhensibles, alors qu’en fait il ne s’agit pas d’accidents de parcours, mais de la société de classes, de sa justice, de ses camps de prisonniers.

« Compte tenu de la situation dans les prisons, de la démagogie fasciste autour de cette grève dans les médias, des concerts des politiciens professionnels, des réactions incontrôlées par rapport à l’action non-violente d’un petit groupe aux limites de la défensive – prisonnier et isolé – comme s’il s’agissait d’une attaque militaire (Strauss a parlé de droit de guerre), tout tend à montrer à quel point la couverture de légitimité du système est bouffée par ses crises politiques et économiques.

« C’est là que vous devriez chercher une maladie, en considérant l’intérêt réel qu’a l’État dans l’extermination des prisonniers de la R.A.F., plutôt que de bavarder sur les psychoses de persécution. »

SPIEGEL : « Les Britanniques ont supprimé récemment la nutrition forcée, par exemple pour les terroristes de l’I.R.A. Les grèves de la faim étaient terminées aussitôt. Comment vous comporteriez-vous, dans ce cas ? « 

R.A.F. :  » Ce n’est pas là notre problème.

La C.D.U. exige l’arrêt de la nutrition forcée, de la même manière qu’elle met le cap ouvertement vers l’état d’exception, le fascisme alors que le S.P.D. oriente son potentiel électoral et son histoire vers le même but, fascisation.

Pénétration de l’Etat dans tous les domaines de la vie, militarisation totale de la politique, manipulation, endoctrinement du peuple par les médias, dans le sens des buts de la politique intérieure et extérieure de l’impérialisme ouest-allemand, c’est-à-dire camoufler et faire passer, « vendre  » celle-ci comme politique pour le peuple, les  » socialement faibles « , sous l’aspect de réformes.

C’est ainsi que la C.D.U. propage ouvertement le meurtre, alors que la S.P.D ». louvoie, essaie de camoufler les meurtres en suicide, et ne peut prendre position ouvertement pour la ligne dure de la sûreté de l’Etat, qui décide en dernier ressort de nos conditions de détention. « 

SPIEGEL : « Ne voyez-vous pas de nouveau des fantômes ? Toutes les déclarations connues jusqu’à présent de la R.A.F. ne se basent-elles pas sur les analyses insoutenables sur cet Etat, cet S.P.D., cette C.D.U., cette justice ? Nous voyons ici le défaut qui vous a fait perdre, jusqu’à présent, l’influence politique sur la population. Pour cette raison vous n’êtes pas en mesure de combattre cet état, si toutefois il le méritait de manière efficace, et pour cette raison vous ne trouvez pas de soutien à la base! »

R.A.F. :  » Ce sont un peu des inepties que vous essayez ici de tourner.

Ce que vous déclarez  » insoutenable  » n’est avant tout pas marchandage et notre position, le contre-pouvoir prolétarien, est par rapport à la vôtre, le pouvoir impérialiste antagoniste analytique et pratique.

« Vous discutez des lacunes, des bases et des effets de la politique révolutionnaire, alors que votre boulot consiste à la remettre en question grâce à un journalisme qui, depuis longtemps, s’est ouvertement déclaré comme ayant un rôle positif dans le fonctionnement intérieur de l’État – cet État dont la politique prolétarienne est la négation.

« Nous poser cette question à nous, en tant que question venant du Spiegel, cela n’a pas de sens.

« La théorie et la pratique ne deviennent unité que dans la lutte.

C’est leur dialectique.

Nous développons notre analyse comme une arme, ainsi elle est concrète ; et elle a été rendue publique là seulement où nous sommes en mesure de contrôler sa publication. »

SPIEGEL :  » Vous ne voulez cesser votre grève de la faim que lorsque vos revendications auront été satisfaites; avez-vous des perspectives de succès? Dans le cas contraire, procéderez-vous à une escalade, et par exemple, commencerez-vous une grève de la soif si les revendications ne sont pas satisfaites ? Quelles actions préparez-vous à l’intérieur et à l’extérieur de la prison ? « 

R.A.F. :  » Büback croit encore pouvoir briser la grève de la faim et l’utiliser afin de nous exterminer, au moyen du meurtre, de la psychiatrisation forcée.

C’est pourquoi des stations de réanimation ont été installées dans les prisons.

Stations où nous devons être ligotés vingt-quatre heures par jour, mis en état de somnolence par des psychodrogues, nourris de force, dans un immobilisme total, tant physique qu’intellectuel.

C’est aussi le pourquoi de l’utilisation de la contre-propagande et de la conduite psychologique de la guerre. « 

SPIEGEL : « Psychiatrisation forcée »,  » onduite psychologique de la guerre », tout cela n’existe que dans l’imagination de la R.A.F… « 

R.A.F. : « Cela existe dans la réalité que vous propagez, qui est celle de l’impérialisme.

Il y a eu l’anesthésie forcée contre Carmen, afin de prendre ses empreintes digitales, et contre Ulrike la décision de l’anesthésier pour une scintigrafie et en 1974, celle contre six prisonniers à Hambourg, afin d’enquêter.

La nutrition forcée n’est possible que si le prisonnier est sous anesthésie.

Des prisonniers politiques, par exemple, à Hambourg et Essen: Beer, Pohl, Allnach, Blenck, Hoppe, Kröcher, ont été enfermés dans la cloche (cellule d’isolement) à plusieurs reprises pour quarante-huit heures et davantage, parce qu’ils appelaient un autre prisonnier pendant la promenade dans la cour, ou ne s’arrêtaient pas de courir pendant celle-ci, ou pour rien : isolés de tout bruit, ne pouvant pas même se lever pour chier, étant attachés par les mains et les pieds sur une planche, cela signifie une privation acoustique, privation des fonctions motrices, visuelles. L’effet est comme celui d’un narcotique.

Vous pouvez affirmer que vous trouvez cela bien, mais vous ne pouvez pas dire que nous l’avons inventé, car tous ces faits sont attestés par des centaines de décisions de tribunaux.

« Le soutien par les publications qui lui était nécessaire, Büback l’a eu, entre autres par l’initiative de Heineman, mais également par l’essai de Ditfurth, paru dans le Spiegel, précis quant au fascisme par les mots, pour qui meurtre et psychiatrisation forcés ne sont que des moyens lui permettant de véhiculer ses trucs cyniques, pour brutaliser le climat politique autour de la grève de la faim.

« Lorsque Carstens, à la mi-novembre, commença de diriger ouvertement le meurtre contre nos personnes, il y avait encore dans l’opinion publique comme un choc, une contradiction, de l’horreur.

La fonction de Heineman était d’écarter les doutes, là où ils subsistaient encore, par rapport à la ligne dure de Büback : auprès des intellectuels, des écrivains, des églises.

Le rôle de ce personnage a toujours été de revêtir d’un langage le contenu agressif de la politique de l’impérialisme ouest-allemand ; un aspect qui donne l’apparence de ce que Heineman croit être un contenu humaniste – en fonction des associations qu’il manipule.

« Les lettres de Heineman étaient en réalité des appels nous demandant de nous soumettre au lavage de cerveau ou au meurtre. De la même manière, en tant que président fédéral, il a gracié Ruhland ; et par ses lettres, il a dirigé les condamnations à mort contre nous du procureur fédéral, avec le geste humaniste, qui libère la conscience de ses partisans.

Ce qu’il voulait – comme à Pâques, en 1968, où, pendant sa législature, il a voulu intégrer les étudiants, les antifascistes traditionnels et la nouvelle gauche dans le nouveau fascisme – c’est préparer le terrain pour les meurtres.

« NOUS ALLONS ENTAMER UNE ESCALADE DE CETTE LUTTE ET COMMENCER LA GRÈVE DE LA SOIF.

« Nous ne préparons pas d’actions, ni dedans, ni dehors, parce que nous sommes prisonniers et isolés. »

SPIEGEL :  » La mort de Holger Meins a-t-elle été une opportunité pour le collectif R.A.F. ? « 

R.A.F. :  » Cela, c’est de la projection fasciste ; la réflexion de quelqu’un qui ne peut plus penser autrement qu’en termes de marché : le système qui réduit toute vie humaine à de l’argent, de l’égoïsme, du pouvoir, de la réussite.

Comme le Che, nous disons :

« LE GUÉRILLERO NE DOIT RISQUER SA VIE QUE SI CELA EST ABSOLUMENT NÉCESSAIRE, MAIS DANS CE CAS SANS HÉSITER UN SEUL INSTANT.

« Et cela est tout à fait vrai pour la mort de Holger Meins : « la résonance de l’histoire », celle qui s’est éveillée par la lutte armée anti-impérialiste, est entrée dans l’histoire des peuples du monde.

« Elle a « été une opportunité », cela veut dire qu’elle a brisé le boycott de l’information.

Car, si beaucoup de gens ne s’éveillent seulement que lorsque quelqu’un est assassiné et à partir de ce moment commencent seulement à comprendre de quoi il s’agit, c’est que vous en êtes également responsable.

C’est ainsi que le Spiegel a passé sous silence pendant huit semaines la grève de la faim de quarante prisonniers politiques afin d’empêcher solidarité et protection. « 

SPIEGEL : « … nous avons fait des comptes rendus de la grève de la faim de la R.A.F. plus d’une fois et de manière critique. »

R.A.F. : « Votre premier compte rendu a paru le cinquante-troisième jour de la grève de la faim, soit cinq jours avant la mort de Holger Meins. »

SPIEGEL : « Êtes-vous préparés à voir d’autres cas mortels? »

R.A.F. : « BÜBACK ATTEND ÇA DANS SON BUREAU. »

SPIEGEL : « Vous pensez bien que nous trouvons un tel soupçon monstrueux. »

R.A.F. : « Oestereicher, le président de Amnesty-Angleterre, en tant que défenseur professionnel des droits de l’homme – qui, dans ses tentatives de conciliation, était entièrement du côté de l’État – après son entretien avec Büback, était : « épouvanté de voir que Büback, froid comme la glace, jouait au poker avec la vie des prisonniers » (textuellement). »

SPIEGEL : « Quel est le point de départ de votre analyse de la situation en République fédérale allemande ? »

R.A.F. : « Centre impérialiste.

Colonie américaine.

Base militaire américaine.

Puissance dirigeante impérialiste en Europe et dans le Marché commun.

Deuxième puissance militaire de l’OTAN.

Représentant patenté des intérêts de l’impérialisme américain en Europe de l’Ouest.

« La fusion de l’impérialisme ouest-allemand (politiquement, économiquement, militairement, idéologiquement fondé sur les mêmes intérêts d’exploitation du Tiers-Monde, ainsi que sur l’homogénéité des structures sociales au moyen de la concentration des capitaux et de la culture de consommation) avec l’impérialisme américain caractérise la position de la République fédérale vis-à-vis des pays du Tiers-Monde : en tant que parti dans les guerres conduites contre eux par l’impérialisme américain, en tant que « ville » dans le processus révolutionnaire mondial d’encerclement des villes par les villages.

« Dans cette mesure, la guérilla dans les métropoles est une guérilla urbaine aux deux sens du terme : géographiquement, elle surgit, opère et se développe dans les grandes villes, et au sens stratégique et politico-militaire elle est une guérilla urbaine car elle s’attaque de l’intérieur à la machine répressive de l’impérialisme dans les métropoles, elle combat comme unité de partisans sur les arrières de l’ennemi.

« C’est ce que nous entendons aujourd’hui par internationalisme prolétarien.

En un mot : la République fédérale faisant partie du système étatique de l’impérialisme américain, n’est pas une Nation opprimée mais une Nation qui opprime.

« Dans un tel État, le développement du contre-pouvoir prolétarien et de sa lutte de libération, le démantèlement complet des structures dominantes, de pouvoir, ne peuvent être, dès leurs débuts, qu’internationalistes, ne sont possibles qu’en relation tactique et stratégique avec les luttes de libération des Nations opprimées.

« Historiquement : depuis 1918-1919, la bourgeoisie impérialiste – son État – possède l’initiative dans le déroulement des luttes de classe en Allemagne et est à l’offensive contre le peuple ;

et cela jusqu’à ce que les organisations du prolétariat se soient trouvées totalement défaites dans le fascisme jusqu’à la défaite de l’ancien fascisme, défaite due non pas à la lutte armée, mais aux alliés occidentaux et à l’armée soviétique.

Dans les années 20, il y a eu la trahison de la Troisième Internationale : alignement total des partis communistes sur l’Union soviétique, qui se trouve à l’origine de l’incapacité du K.P.D. (parti communiste d’Allemagne) d’en venir à une politique orientée vers la révolution par la lutte armée et la conquête prolétarienne du pouvoir politique.

 » Après 1945, il y a eu l’offensive lavage de cerveau de l’impérialisme américain contre le peuple au moyen de l’anticommunisme, de la culture de consommation, de la restauration-refascisation politique, idéologique, et finalement militaire sous la forme de guerre froide et d’une R.D.A. (République démocratique allemande) qui n’a pas développé la politique communiste comme guerre de libération.

Il n’y a pas eu ici de résistance antifasciste, de masses armées comme en France, Italie, Yougoslavie, Grèce, Espagne, même Hollande.

Les conditions pour cela ont été immédiatement brisées par les alliés occidentaux après 1945.

« Tout cela signifie pour nous et pour la gauche légale, ici : il n’y a rien à quoi nous rattacher, sur quoi nous appuyer historiquement, il n’y a rien que nous pussions présupposer d’une manière ou d’une autre en termes organisationnels ou de conscience prolétarienne, pas même des traditions démocratiques pu républicaines.

Au plan de la politique intérieure, il s’agit là d’un des motifs qui rend possible sans retenue le processus de fascisation, la surcroissance et l’excroissance de l’appareil policier, de la machine de sûreté de l’État comme police de l’État dans l’État, la suppression factice de la division des pouvoirs, la promulgation de lois d’exception fascistes dans le cadre du programme de « sécurité interne »

– depuis les lois d’urgence jusqu’aux lois d’exception actuelles qui permettent le déroulement de procès sans accusés ni défenseurs, comme pure entreprise de spectacle, mais également l’exclusion de « radicaux  » des services publics, l’élargissement des compétences de l’Office de police criminelle.

« Une démocratie qui n’a pas été conquise, qui n’est pour le peuple qu’un bourrage de crâne et n’a pas de base de masse, ne peut pas être défendue et ne l’est pas non plus. Tout cela, ce sont des conditions spécifiques au territoire politique de la République fédérale. »

SPIEGEL : « Jusqu’à présent, avec des bombes et des slogans vous n’avez pu obtenir l’adhésion que de très petits groupes d’intellectuels et sympathisants anarchistes. Croyez-vous encore pouvoir changer cela ? »

R.A.F. : « Les guerres de libération des peuples du Tiers-Monde ont des répercussions économiques, politiques, militaires et idéologiques sur la société métropolitaine, que Lin Piao appelait « couper les pieds à l’impérialisme ».

Elles accentuent les contradictions dans les métropoles.

Les moyens et les méthodes que le système emploie pour nier ces contradictions deviennent dépassés.

Les réformes se transforment en répressions, l’appareil militaire et policier est développé démesurément et ce d’autant plus que les moyens manquent dans le secteur.

« L’appauvrissement de la population, la militarisation de la politique, la répression intensifiée, tel est le développement forcé de la crise du système.

Sortir d’une position politique et historique défensive et intervenir dans ce processus de désintégration est la condition de base de la politique révolutionnaire ici. »

SPIEGEL : « On vous reproche souvent un manque absolu d’influence sur les masses ainsi que dé liaison avec la base. Imputez-vous cela au fait que le collectif R.A.F. est éloigné de la réalité? Avez-vous, entre-temps, affûté votre optique ? Beaucoup ont l’impression que vous n’attirez encore l’attention que là où vous suscitez de la pitié, en conséquence de quoi vous n’avez même pas l’approbation de l’extrême gauche. Où situez-vous vos partisans ? »

R.A.F. : « II y a la trace laissée par la politique de la R.A.F. Pas de partisans, pas de suivistes et pas d’organisations de successeurs.

Mais la R.A.F. et l’effet de notre politique se situent :

1° au niveau où beaucoup, modifiant leur opinion sur cet État étant donné les mesures prises par le gouvernement contre nous, commencent à le reconnaître pour ce qu’il est : la machine répressive de la bourgeoisie impérialiste ;

2° au niveau où nombreux sont ceux qui, s’identifiant avec notre lutte, devenant conscients et relativisants dans leur pensée, leur sensibilité et finalement dans leur action, l’absolutisme de pouvoir du système, reconnaissent ce qu’il est possible de faire, que le sentiment d’impuissance ne reflète pas la réalité objective ;

3° au niveau de l’internationalisme prolétarien, de la conscience de la relation entre des luttes de libération dans le Tiers-Monde et ici, de la possibilité et de la nécessité de collaborer légalement et illégalement.

Au niveau de la praxis : qu’il ne suffit pas seulement de parler, mais qu’il est possible et nécessaire, nécessaire et possible d’agir. « 

SPIEGEL : « Voulez-vous être des cadres et le rester et provoquer seuls la chute du régime ou bien croyez-vous toujours pouvoir mobiliser les masses prolétariennes ? »

R.A.F. : « Aucun révolutionnaire ne pense à renverser seul le système, c’est absurde.

Il n’y a pas de révolution sans le peuple.

De telles affirmations contre Blanqui, Lénine, Che Guevara, contre nous maintenant n’ont jamais été autre chose que la dénonciation de toute initiative révolutionnaire, la référence aux masses ayant pour fonction de justifier, de vendre la politique réformiste.

Il ne s’agit pas de lutter seul, mais de créer à partir des luttes quotidiennes, des mobilisations et des processus d’organisation de la gauche légale, une avant-garde, un noyau politico-militaire qui devra mettre en place une structure illégale – condition préalable, nécessaire à la possibilité d’agir et qui, étant donné les poursuites et l’illégalité, et la praxis peut donner aux luttes légales dans les usines, les quartiers, la rue et les universités, orientation, force et but pour atteindre ce dont il s’agira dans les développements de la crise économique et politique de l’impérialisme : la prise du pouvoir politique.

« La perspective de notre politique – le développement pour lequel nous nous battons : un fort mouvement de guérilla dans les métropoles – est, au cours de ce processus de chute définitive et d’écroulement de l’impérialisme américain, un moyen nécessaire, une étape, dans la mesure où les luttes légales et les luttes qui se développeraient spontanément à partir des contradictions du système pourraient être brisées par la répression dès qu’elles se manifestent.

Ce que le parti de cadres bolchevique représentait pour Lénine, correspond à l’époque de l’organisation multinationale du capital, des structures transnationales de la répression impérialiste à l’intérieur et à l’extérieur, où nous nous trouvons aujourd’hui, à l’organisation du contre-pouvoir prolétarien issu de la guérilla.

Au cours de ce processus – national et international – elle se développe en parti révolutionnaire.

Il est stupide, en l’état actuel des luttes antiimpérialistes en Asie, en Amérique Latine, au Vietnam, Chili, Uruguay, Argentine, Palestine, de dire que nous sommes seuls.

En Europe occidentale il n’y a pas seulement la R.A.F., il y a l’I.R.A., l’E.T.A., des groupes armés combattants en Italie, au Portugal, en Angleterre.

Depuis 1968 il existe des groupes de guérilla urbaine aux U.S.A. »

SPIEGEL : « Votre base, se sont paraît-il, à l’heure actuelle, quarante camarades de la R.A.F. en prison, approximativement trois cents anarchistes dans la clandestinité en R.F.A. Qu’en est-il des sympathisants ? »

R.A.F. : « Ces chiffres sont l’un de ceux changeant souvent et émanant des services de l’Office fédéral de police criminelle.
Ils sont faux, les processus de prise de conscience ne se laissent pas quantifier si facilement.

A l’heure actuelle, la solidarité est en train de devenir internationale.

Parallèlement à une sensibilisation de l’opinion publique internationale qui agit de plus en plus ouvertement par rapport à l’impérialisme ouest-allemand, on assiste également au développement d’une sensibilité quant à sa répression intérieure.

Parmi les organisations de la gauche, légale, depuis que la R.A.F. existe, se développe un processus de discussions et de polarisation par rapport au problème de la politique armée.

Un nouvel anti-fascisme est en train de se former, non plus basé sur la pitié apolitique avec les victimes et les persécutés mais identification avec la lutte anti-impérialiste, dirigé contre la police, les services de sûreté de l’État, les trusts multinationaux, contre l’impérialisme américain.

Helmut Schmidt n’aurait pas compté la R.A.F., à l’occasion de son discours de Nouvel An, parmi les cinq réalités ou développement menaçants principalement l’impérialisme en 1974 : l’inflation mondiale, la crise du pétrole, l’affaire Guillaume, le chômage, la R.A.F. ; si nous étions des poissons sans eau, si la politique révolutionnaire ici avait une base si étroite, comme ils le prétendent, dans la conduite psychologique de la guerre. »

SPIEGEL : « L’une de vos troupes d’appui principale, du moins le prétend-on, serait la douzaine d’avocats qui ont charge de coordination tant en dehors qu’à l’intérieur de la prison. Quels rôles jouent vos avocats ? »

R.A.F. : « Les avocats engagés, les défenseurs qui connaissent nos dossiers se politisent inévitablement, parce qu’à chaque instant, ils font l’expérience, littéralement dès leur première visite à un prisonnier de la R.A.F., que rien de ce qu’il considérait comme allant de soi en tant qu’instance judiciaire ne fonctionne plus.

Les fouilles corporelles, le contrôle du courrier, les perquisitions dans les cellules, les persécutions, suspicions, les sanctions du Conseil de l’ordre des avocats, la conduite psychologique de la guerre, les poursuites pénales, les lois décrétées « sur mesure » pour leur exclusion, de la défense, ce à quoi s’ajoute la connaissance des traitements spéciaux que nous subissons, leur impuissance totale à changer quoi que ce soit, par la procédure normale, c’est-à-dire en utilisant des arguments juridiques devant les tribunaux et l’expérience qu’ils font à tout moment, que ce ne sont pas les juges mais le Sicherungsgruppe Bonn (services de sûreté de l’État) et les services du procureur fédéral qui prennent toutes les décisions nous concernant, ce qui est une contradiction entre texte et réalité constitutionnelle, entre la façade de l’état constitutionnel et la réalité de l’état policier, a fait des défenseurs de l’état constitutionnel des anti-fascistes.

La volonté d’assimiler ces avocats à nous, d’en faire des troupes auxiliaires, ce qu’ils ne sont pas, fait partie de la stratégie du B.K.A. (Office fédéral de police criminelle) et des services du procureur fédéral.

Dans la mesure où la justice est annexée dans ce procès par la sûreté de l’Etat pour servir les buts de la contre-insurrection, où elle est utilisée comme instrument dans la stratégie d’extermination menée contre nous, par les services du procureur général, les défenseurs qui se basent sur le principe de la séparation des pouvoirs sont considérés comme des obstacles à la fascisation et doivent donc être combattus.

SPIEGEL : « Avez-vous des problèmes de démarcation politique, vis-à-vis des autres groupes anarchistes opérant dans la clandestinité ? »

R.A.F. : « Pas vis-à-vis du Spiegel. »

SPIEGEL : « Qu’en est-il du mouvement du 2 juin qui approuve le meurtre à Berlin-Ouest du juge Drenkmann ? »

R.A.F. : « Demandez-le au mouvement du 2 juin. »

SPIEGEL : « Que pensez-vous de ceci : le meurtre de Drenkmann a-t-il servi à quelque chose ? »

R.A.F. :  » Drenkmann n’est pas devenu la plus haute autorité judiciaire d’une ville de trois millions d’habitants sans avoir détruit la vie de milliers de personnes, sans leur avoir enlevé le droit de vivre, sans les avoir étranglés en s’appuyant sur des paragraphes, enfermés dans des cellules de prison, sans avoir brisé leur avenir.

Il y a aussi le fait que malgré l’invitation des plus hautes autorités ouest-allemandes : le président de la République et le président de la Cour constitutionnelle, 15 000 Berlinois seulement se sont rendus à l’enterrement, et cela dans une ville qui, autrefois, mobilisait de 500 à 600 000 personnes pour des manifestations anticommunistes.

Vous savez vous-même que l’indignation suscitée par cet attentat contre la justice berlinoise n’est que de la propagande et de l’hypocrisie, que personne ne porte le deuil pour un masque, que cet exercice imposé n’était qu’un moyen de communication bourgeois et impérialiste.

L’indignation exprimait un réflexe d’adaptation à un certain climat politique.

Celui qui, sans être lui-même élite dirigeante, s’identifie spontanément à une telle mascarade de justice, dit seulement de lui que là où l’exploitation règne il ne peut se pencher que du côté de l’exploiteur.

En termes d’analyse de classes, les protestations en faveur de Drenkmann, là où elles émanaient de la gauche et des libéraux, opéraient seulement de façon à les démasquer. »

SPIEGEL :  » Ce que nous en savons est quelque chose de tout à fait différent. Nous savons que Drenkmann a été abattu et nous tenons pour une impudence l’apologie de ce meurtre par la R.A.F. Celui-ci se réduit à une justice de lynch pour un délit apparemment commis de façon collective par une justice que vous qualifiez, de fasciste. Même lorsqu’on accepte la maxime : la fin justifie les moyens (ce que vous faites ouvertement), le meurtre de Drenkmann, eu égard à l’effet qu’il a produit sur le public, constitue une défaite pour le collectif R.A.F. »

R.A.F. : « Nous ne justifions rien.

La contre-violence révolutionnaire n’est pas seulement légitime, elle est notre seule possibilité et nous savons, nous, qu’au cours de son développement, elle donnera à la classe pour laquelle vous écrivez, d’autres occasions d’auto- représentations bigotes, que la tentative de faire prisonnier un juge.

« Votre indignation doit être mise en relation avec votre silence sur l’attentat de Brème, lorsqu’une bombe a explosé dans une consigne automatique peu après l’annulation d’un match de football.

Au contraire de l’action contre Drenkmann cette bombe n’était pas dirigée contre un membre de la classe dirigeante mais contre le peuple, il s’agissait d’une action fasciste sur le modèle de la C.I.A.

Comment expliquez-vous, dans ce cas, que la police de la gare de Brème était déjà en état d’alerte le matin du 7 décembre – jour où la bombe explosa à 16 h 15 de l’après-midi – car elle avait été prévenue par le bureau criminel du Land de Hesse, que l’on s’attendait à cet attentat dans les gares et dans les trains ?

Comment expliquez-vous que la protection civile de Brème-Nord avait déjà reçu à 15 h 30 l’ordre d’intervenir et d’envoyer cinq ambulances à la gare principale parce qu’une bombe allait y exploser, que la police était déjà là immédiatement après l’explosion avec l’information toute prête, selon quoi elle n’avait pas été mise au courant d’une attaque à la bombe à 15 h 56 et cela concernant avec un grand magasin du centre de la ville ?

Ainsi les autorités de Brème n’étaient pas seulement prévenues du temps et du lieu exacts mais elles disposaient aussitôt après l’explosion d’une information qui taisait, manipulait et détournait d’eux le scénario réel de leurs propres mesures ?

Qu’en est-il alors de votre indignation ? »

SPIEGEL : « Nous vérifierons les faits que vous dépeignez. Vous seuls, dans la clandestinité, avez, mis l’accent sur la violence. Lorsque les bombes ont explosé à Munich, à Heidelberg et à Hambourg, la R.A.F. a tenu cela pour un fait politique et l’a revendiqué comme tel. Considérez-vous la violence comme les choses et les personnes comme un concept inefficace – qui n’entraîne pas la solidarité mais repousse – ou avez-vous plutôt l’intention de continuer dans cette voie ? »

R.A.F. : « La question, c’est : qui repousse qui ?

Des photos de nous étaient accrochées aux palissades dans les rues d’Hanoï car l’attaque d’Heidelberg revendiquée par la R.A.F. a détruit l’ordinateur au moyen duquel étaient programmés et dirigés les bombardements américains sur le Nord-Vietnam.

Les officiers, les soldats et les politiciens américains se sont sentis repoussés car, à Francfort ou à Heidelberg, ils ont soudain senti que le Vietnam leur était remis en mémoire, ils ne se sentaient plus en sécurité sur leurs arrières.

La politique révolutionnaire doit être aujourd’hui en même temps politique ET militaire.

C’est ce qui ressort de la structure de l’impérialisme : le fait que sa domination doit être assurée, à l’intérieur et à l’extérieur, dans les métropoles et dans le Tiers-Monde, d’abord militairement au moyen de pactes et d’interventions militaires, de programmes de contre-guérilla et de  » sécurité interne « , c’est-à-dire l’élaboration à partir de l’intérieur de son appareil de violence.

Etant donné le potentiel de violence de l’impérialisme, il » n’y a pas de politique révolutionnaire sans résoudre la question de la violence à chaque étape de l’organisation révolutionnaire. »

SPIEGEL : « Quelle image avez-vous de vous-mêmes ? Vous rangez-vous au nombre des anarchistes ou des marxistes? »

R.A.F. : « Marxistes.

Mais la conception de l’anarchisme par les services de sécurité de l’État n’est rien d’autre qu’un brandon anticommuniste, qui ne tient à rien qu’à l’usage d’explosifs.

Il est destiné en tant que rhétorique de la contre-révolution, étant donne la précarité des conditions de vie dans la sphère capitaliste, à manipuler les angoisses latentes, et toujours à portée de la main, du chômage, de la crise et de la guerre, afin de vendre, par le biais des mesures de  » sécurité interne », le peuple à l’appareil d’État : police, services secrets armée en tant qu’instrument du maintien de l’ordre et de la sécurité.

Il vise à la mobilisation réactionnaire et fasciste du peuple, cela afin d’entraîner de façon manipulatoire une identification avec l’appareil de violence d’État.

Il s’agit aussi d’une tentative pour pratiquement usurper au profit de l’État impérialiste la vieille querelle entre révolutionnaires marxistes et révolutionnaires anarchistes, de jouer contre nous l’affadissement opportuniste du marxiste contemporain qui dit que les marxistes ne doivent pas s’attaquer à l’Etat mais au capital, que seulement les usines et non les rues peuvent être aujourd’hui le centre des luttes de classe, etc.

Selon cette fausse compréhension du marxisme, Lénine était anarchiste et son livre : « L’État et la Révolution » est un écrit anarchiste.

Il est cependant le livre stratégique par excellence du marxisme révolutionnaire.

L’expérience de tous les mouvements de guérilla est simple : l’instrument du marxisme-léninisme, ce que Lénine, Mao, Giap, Fanon, Che, ont emprunté à la théorie de Marx, et développé, ce qui pour eux était utile, est une arme dans la lutte anti-impérialiste. »

SPIEGEL : « La « guerre populaire » conçue par la R.A.F. est devenue dans la conscience du peuple – semble-t-il – une guerre contre le peuple. Bôll a parlé une fois des 6 contre 60 millions. »

R.A.F. : « II s’agit là d’un vœu impérialiste. C’est de cette façon qu’en 1972 le journal « Bild » a retourné la notion de guerre populaire en « guerre contre le peuple ».

Si vous considérez le journal « Bild » comme la voix du peuple…

Nous autres, ne partageons pas le mépris de Böll pour les masses, car l’OTAN, les holdings multinationaux, la sûreté de l’Etat, les 127 bases militaires américaines en République fédérale, Down Chemical, I.B.M., General Motors, la justice, la police, le B.G.S. ne constituent pas le peuple et, le fait que la politique du cartel pétrolier, de la C.I.A., du B.N.D. [services secrets], de la Cour constitutionnelle puisse être une politique pour le peuple, puisse incarner le bien-être de l’Etat impérialiste – en même temps qu’il obscurcit la conscience du peuple, est l’affaire du journal « Bild », du Spiegel, de la conduite psychologique de la guerre menée par la sûreté de l’État contre le peuple, contre nous. »

SPIEGEL : « Vox populi, vox R.A.F. ? Ne remarquez-vous pas que plus personne ne descend dans la rue pour vous ? Lorsqu’il y a un procès contre la R.A,F,, vous ne rassemblez plus dans les tribunaux que de petits groupes ; ne remarquez-vous pas qu’à partir du moment où vous avez lancé des bombes autour de vous, plus personne ne tient de lit à votre disposition? Tout cela éclaire cependant en grande partie le succès des recherches entreprises contre la R.A.F. depuis 1972. C’est vous et non Böll qui méprisez les masses. »

R.A.F. : « II est bien que vous répercutiez les platitudes de Hakker – la situation se trouve ainsi caractérisée : une gauche légale encore tactiquement faible et éparse ne peut pas transformer la mobilisation réactionnaire en mobilisation révolutionnaire contre la force de répression dans le. cadre national.

Cette question vous ne vous la posez même pas.

Nous disons : c’est précisément dans cette contradiction que la politique prolétarienne peut devenir en tant que politique armée seulement : la politique du prolétariat, c’est par cette médiation que l’intelligence, en tant que problème de la révolution, de la stratégie et de l’analyse de classes se trouve certainement soustraite à votre plate polémique.

La R.A.F. n’est pas le peuple, mais un petit groupe qui a commencé la lutte comme partie du peuple, qui ne surgira comme force de l’histoire que dans la lutte contre l’impérialisme, au cours du long processus de la guerre de libération.

LA R.A.F., SA POLITIQUE, SA LIGNE, SES ACTIONS SONT PROLÉTARIENNES, SONT UN DÉBUT DE CONTRE-POUVOIR PROLÉTARIEN.

LA LUTTE COMMENCE.

VOUS PARLEZ DU FAIT QUE CERTAINS D’ENTRE NOUS SONT PRISONNIERS – CELA CONSTITUE SEULEMENT UNE DÉFAITE.

VOUS NE PARLEZ PAS DU PRIX POLITIQUE PAYE PAR L’ÉTAT IMPÉRIALISTE CONTRE UNE PETITE UNITÉ SEULEMENT DE LA R.A.F.

Parce qu’un des buts de l’action révolutionnaire, sa tactique dans cette phase de construction, est de contraindre l’État à agir ouvertement, de le contraindre à une réaction, qui révèle les structures de la répression, de l’appareil de répression, qui les rend perceptibles, et ainsi se propose comme condition de lutte de l’initiative révolutionnaire.

« Marx dit : « Le progrès révolutionnaire se fait par la création d’une contre-révolution puissante et unifiée, par la création d’un ennemi qui amènera le parti de l’insurrection à atteindre par la lutte la maturité qui fera de lui le véritable parti révolutionnaire. »

L’étonnant n’est pas que nous ayons subi une défaite, mais que depuis cinq ans elle se perpétue : la R.A.F. – les faits dont parle le gouvernement ont changé.

« EN 1972, APRÈS UN SONDAGE, 20 % DES ADULTES ONT DÉCLARÉ QU’ILS ACCEPTERAIENT DES POURSUITES JUDICIAIRES POUR POUVOIR CACHER CHEZ EUX L’UN D’ENTRE NOUS.

EN 1973, UNE ENQUÊTE PARMI LES LYCÉENS RELEVAIT QUE 15 % D’ENTRE EUX S’IDENTIFIAIENT AUX ACTIONS DE LA R.A.F.

Il est sûr que le bien-fondé de la politique révolutionnaire n’est pas à vérifier au moyen d’enquêtes démographiques, car le processus de prise de conscience, de connaissance et de politisation n’est pas quantifiable.

Mais cela signifie que le développement de la théorie de l’insurrection armée en guerre populaire prolongée – cela signifie que dans le combat contre la structure de pouvoir de l’impérialisme le peuple trouvera à long terme son avantage, se délivrera de l’emprise des lavages de cerveaux par les médias – car notre combat est une Realpolitik, c’est un combat contre les ennemis réels du peuple, tandis que la contre-révolution est réduite à placer les faits la tête en bas.

Il y a cependant le problème du chauvinisme de métropole dans la conscience du peuple, lequel, au moyen du concept d’aristocratie ouvrière, est seulement mal défini en termes de catégorie économique…

Il y a le problème que l’identité nationale dans les métropoles ne peut être que réactionnaire, comme identification avec l’impérialisme.

Cela signifie dès le début que la conscience révolutionnaire dans le peuple n’est possible que dans le cadre de l’internationalisme prolétarien, dans l’identification avec les luttes de libération anti-impérialiste des peuples du Tiers-Monde, ne peut pas seulement se développer à travers les luttes de classes ici.

Être cette articulation, réaliser l’internationalisme prolétarien comme condition de base de la politique révolutionnaire, être de cette façon la liaison entre les luttes de classe ici et les luttes de libération du Tiers-Monde, est l’affaire de la guérilla dans les métropoles. »

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Fraction Armée Rouge: Communiqué aux prisonniers en grève de la faim (1975)

[2 février 1975]

Nous vous prions de mettre fin à la grève maintenant, bien que les revendications ne sont pas satisfaites : la suppression de l’isolement.

Les luttes des classes ne sont pas assez développées, du fait de la corruption des organisations de classe du prolétariat et d’une gauche révolutionnaire faible.

Comprenez, ceci est un ordre.

En réalité, les possibilités de la gauche légale pour organiser ‘la solidarité comme arme de manière à sortir de la défensive et du désarroi face au nouveau fascisme en liaison avec la constitution de la guérilla – la politique de la R.A.F. – n’ont pas été assez développées.

La grève a souligné leur réalité : l’impuissance de stratégies politiques, repoussant les problèmes de l’action et de l’initiative depuis l’illégalité de même manière que ces organisations repoussent la nécessité d’une politique armée en tant que pratique concrète de l’internationalisme prolétarien.

Du développement de notre grande mobilisation de 68 à sa défaite – les sectes, la corruption, l’éparpillement – se laisser coincer dans la défensive.

Nous déclarons que la grève a atteint tout ce qui était possible de faire ici pour expliquer, mobiliser et organiser la politique anti-impérialiste, son escalade n’a pas été perçue comme une lutte d’une nouvelle qualité.

Permettre que vous la prolongiez contre le calcul le la propagande étatique et l’exécution exemplaire le guérilleros emprisonnés, parce qu’ils luttent, luttent toujours et malgré tout continuent à lutter, signifierait donner à cette lutte l’apparence d’un acte désespéré et vous sacrifier.

Parce que la lutte pour les camarades emprisonnés est maintenant notre cause du fait du rapport de forces ne peut être que notre cause et celle de nos armes qui en décideront.

Nous vaincrons.

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Déclaration de grève de la faim des prisonniers de la RAF (1974)

[La grève durera du 13 septembre 1974 au 2 février 1975]

Celui qui a reconnu sa situation, comment pourrait-il être empêcher d’agir ?

Ceci est notre troisième grève de la faim, contre les traitements spéciaux, contre la détention-liquidation des prisonniers politiques détenus en République Fédérale d’Allemagne et à Berlin-Ouest.

L’isolement est le vieux truc de l’impérialisme, naguère la « solution finale », par un traitement spécial contre des minorités décrétées « indignes de vivre ».

Aujourd’hui  » traitement spécial  » des prisonniers politiques décrétés  » hors la loi  » par les flics.

Résister à la détention-destruction, aux traitements spéciaux suivants :

– déshumanisation par l’isolement social, des années durant ;

– lavages de cerveaux par la privation sensorielle dans des sections silencieuses : depuis début mai Ronald Augustin est détenu à la section silencieuse de la prison de Hanovre ;

– nouvelles cellules d’isolement, à température constamment trop élevée, insonorisées, et surveillées par la T.V., selon le modèle expérimenté au secteur de recherche de la « Deutsche Forschungsgemeinschaft » de Hambourg, à : Berlin-Tegel, Berlin Lehr-terstrabe, Bruchsal, Essen, Cologne, Straubing ;

– transferts après chaque tentative de rompre l’isolement en appelant d’autres prisonniers :

– au mitard de Berlin-Moabit,
– au mitard de Bruchsal,
– au mitard de Essen,
– au mitard de Straubing,
– au mitard de Preungesheim,
– au mitard de Fuhlbiittel ;

– dans la cellule d’isolement (la cloche) surveillée par la T.V., accoustiquement neutre, et attaché des journées entières, à la prison de Hambourg ;

– tentative de meurtre par la privation d’eau au cours de la grève de la faim à Schwalmstadt, Munich, Hambourg, Cologne ;

– sections de concentration pour les prisonniers politiques à la prison de Lubeck ;

– promenade quotidienne, les mains enchaînées à Hambourg et Lubeck ;

– depuis deux ans et demi, détention dans des cellules spéciales à Cologne Ossendorf, voisinant directement les portes de passages principales de la prison d’où impossibilité de repos, la même chose à la prison de Berlin-Moabit ;

– tentative de psychiatrisation, menaces et prescription d’anesthésie forcée dans des buts servant l’enquête ;

– cellule parloir avec vitre de séparation pour les visites d’avocats, rendant impossible la communication humaine, c’est-à-dire politique à Hanovre, Stuttgart, Straubing ;

– confiscation régulière de tout le matériel de préparation à la défense : notes personnelles par le Sicherungsgruppe Bonn Abteilung Staatschutz ;

– diffamation et criminalisation des avocats des prisonniers politiques ;

– manipulation et refus de communiquer les dossiers par la B.K.A. Bundeskriminalamt ;

– assouplissement ponctuel des mesures d’isolement afin de se servir de prisonniers contrôlés par la police, comme témoins et espions pour les procès, c’est ainsi qu’à Cologne-Ossendorf ou Jan Cari Raspe refuse de faire la promenade quotidienne, du fait que la cour où il fait sa promenade est utilisée par des prisonniers en transit d’une prison à l’autre, c’est-à-dire tous les jours d’autres codétenus, c’est une fluctuation dans laquelle il n’est possible ni de communiquer, ni de s’orienter.

Jusqu’à ce jour il s’est avéré que tous les contacts autorisés exceptionnellement étaient organisés et contrôlés par les flics (Sicherungsgruppe) ;

– terreur envers les parents par perquisition, observations, injures et filatures avant et après les visites afin de faire pression sur eux pour qu’ils agissent sur les prisonniers comme les flics l’entendent

La grève de la faim est notre seul moyen de résistance collective au système de détention des cochons, contre la « contre-stratégie  » de l’impérialisme qui veut détruire psychiquement et physiquement, c’est-à-dire politiquement des révolutionnaires emprisonnés ou des prisonniers qui en détention ont commencé à résister de manière organisée.

C’est notre unique possibilité, étant désarmés, emprisonnés, isolés, d’utiliser notre force travail, nos forces physiques et intellectuelles, notre identité en tant qu’êtres humains, afin de faire tomber la pierre que l’Etat de la classe dominante a dressé contre nous sur ses propres pieds.

La lutte, c’est transformer la faiblesse en force.

L’isolement est l’arme du système de détention contre tous les prisonniers, qui sont décidés à ne pas se laisser détruire en prison, et qui sont décidés à combattre l’expérimentation sur des êtres humains, le lavage de cerveau, le programme du système de détention impérialiste.

Ils sont isolés afin de liquider toute politisation et résistance en prison de façon à rouler, à tromper tous les autres prisonniers de droit commun qui n’ont pas encore compris, bien qu’ils souffrent et ne possèdent rien, comme nous, et n’ont rien d’autre à perdre que leurs chaînes.

Nous appelons tous les prisonniers isolés à lutter avec nous contre l’isolement.

La suppression de l’isolement est la condition de base à réaliser par notre lutte afin que l’organisation autonome des prisonniers, la politique révolutionnaire, la lutte de libération en prison puisse devenir une possibilité réelle de contre-violence prolétarienne dans le cadre de la lutte des classes ici même, dans le cadre des luttes de libération des peuples des Tiers et Quart Mondes, dans le cadre de l’internationalisme prolétarien, dans le cadre d’un front unique de libération anti-impérialiste dans les prisons et camps de prisonniers des parties du monde dominées par l’impérialisme.

TOUT LE POUVOIR AU PEUPLE PAR LA CONQUÊTE DE LA VIOLENCE !

LIBERTÉ PAR LA LUTTE ARMÉE ANTI-IMPÉRIALISTE !

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Fraction Armée Rouge: A propos de l’attaque du Q.G. de l’armée américaine en Europe à Heidelberg (1972)

QUE TOUTES LES FORMES DE MONSTRUOSITÉ SOIENT VAINCUES !

Mercredi 24 mai 1972, deux bombes d’une charge de 200 kg de T.N.T. ont explosé au Quartier général des Forces armées américaines en Europe, situé à Heidelberg.

Cette attaque a été exécutée après que le général Daniel James, responsable d’un département du Pentagone, ait déclaré, ce même mercredi, à Washington : « Depuis les derniers bombardements au Vietnam, il ne reste plus à l’armée de l’air américaine un seul objectif au Nord et au Sud du 17e parallèle. »

Lundi, le ministre des Affaires étrangères de Hanoï avait une nouvelle fois accusé les États-Unis d’avoir bombardé des zones de population très dense au Nord-Vietnam.

L’armée de l’air américaine a déversé dans les sept dernières semaines plus de bombes au Vietnam qu’il n’en a été lancé sur le Japon et sur l’Allemagne réunis pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est en plusieurs millions de tonnes d’explosifs que se compte le discours que veut imposer le Pentagone pour stopper l’offensive du Nord-Vietnam.

C’est un pur et simple génocide, l’extermination de tout un peuple, — la « solution définitive » pour le peuple vietnamien.

Si les citoyens allemands ne veulent pas soutenir les poursuites engagées par les forces de sécurité contre les commandos, c’est parce qu’ils ne veulent rien avoir à faire avec les crimes de l’impérialisme américain et l’assentiment que leur donne la classe dominante ; c’est parce qu’ils n’ont pas oublié Auschwitz, Dresde, Hambourg ; c’est parce qu’ils savent qu’il y aura une justice contre ces exterminateurs au Vietnam ; et parce qu’ils ont fait l’expérience que les manif es talions et les protestations contre le crime innommable de l’impérialisme n’ont servi de rien.

Nous exigeons que cessent les bombardements sur le Vietnam.

Nous exigeons l’arrêt du minage systématique du Nord-Vietnam.

Nous exigeons le retrait des troupes américaines de l’Indochine.

Nous sommes décidés à poursuivre nos attaques contre les exterminateurs du Vietnam jusqu’à la victoire finale du Vietcong.

Nous exhortons tous les militants allemands à faire de toutes les installations américaines le but de leurs attaques dans leur combat politique contre l’impérialisme américain.

SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE VIETNAMIEN !

QUE VOLENT EN ÉCLATS ET SOIENT ANÉANTIES LES FORCES DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN !

VICTOIRE A LA GUERRE DU PEUPLE !

Commando du 15 juillet
Fraction Armée Rouge  

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Fraction Armée Rouge : Actions à Augsburg et Munich (1972)

Le vendredi 12 mai 1972, le commando Thomas Weisbecker a fait exploser trois bombes à la présidence de la police d’Augsburg et dans les bureaux de la police criminelle de Munich.

Thomas Weisbecker a été assassiné le 2 mars sans même avoir eu le temps de réagir dans le cadre d’une action par surprise de la police criminelle munichoise et de la police d’Augsburg prévue depuis longtemps.

La police n’a sciemment pas fait prisonnier Thomas Weisbecker, mais l’a tué.

Les responsables de notre poursuite doivent désormais prendre en considération qu’ils ne peuvent pas en liquider un d’entre nous sans devoir compter que nous rendrons les coups.

La police, la gendarmerie mobile, la police criminelle, la police des frontières et leurs donneurs d’ordre administratifs et politiques doivent prendre en considération que leurs efforts pour « résoudre » de manière fasciste les problèmes sociaux de ce pays – par l’escalade d’armement de la police, par la militarisation des luttes de classes, par l’utilisation inconsidérée et sournoise des armes – rencontrera une résistance.

Cela est valable pour les interventions de police comme lors de l’attaque de la banque de Munich, celle de Cologne, comme contre le professeur Epple de Tübingen, contre des travailleurs étrangers.

La tactique et les moyens que nous employons sont la tactique et les moyens de la lutte de guérilla. Le ministre de l’intérieur et le parquet évaluent mal la situation s’ils pensent pouvoir dominer avec leurs commandos d’exécuteurs.

C’est l’essence de la guérilla qu’elle ne peut pas être effacée par des actions militaires, parce qu’elle lutte pour les intérêts du peuple et peut reconquérir autant de fois sa liberté d’agir qu’elle peut le perdre temporairement.

A la brutale confiance en soi de l’administration responsable de notre poursuite, au « procès rapide » des fascistes, nous opposons la construction pas à pas de la guérilla révolutionnaire, le processus long et prolongé de la lutte de libération du fascisme, de l’exploitation capitaliste et de l’oppression du peuple.

Pour la lutte contre les commandos de tueurs de la police!

Pour la lutte contre la pratique de SS de la police!

Pour la lutte contre tous les exploiteurs et ennemis du peuple!

commando Thomas Weisbecker

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Fraction Armée Rouge : A propos de l’attaque du Q.G. de l’armée américaine à Francfort (1972)

Jeudi 11 mai 1972 — le jour même du début du bombardement systématique du Nord-Vietnam par les impérialistes américains, le Commando Petra Schelm a fait sauter, avec une charge de 80 kg de T.N.T., le quartier général du 5e corps d’armée des Forces d’occupation américaine en Allemagne de l’Ouest, basé à Francfort.

L’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest ne doivent plus servir de pays de repli assuré pour les stratèges de l’extermination.

Ils doivent désormais savoir que leurs crimes contre le peuple vietnamien leur ont créé de nouveaux ennemis qui s’acharneront à les combattre, qu’il n’y a plus de place pour eux dans le monde où ils puissent être en sécurité devant les attaques des unités de guérilla révolutionnaires.

Nous exigeons l’arrêt immédiat du pilonnage systématique au Nord-Vietnam.

Nous exigeons la cessation immédiate des bombardements au Nord-Vietnam.

Nous exigeons le retrait immédiat de toutes les troupes américaines d’Indochine. Victoire pour le Vietcong !

Pour l’organisation de la guérilla révolutionnaire

Aie le courage de combattre et la force de vaincre

Crée deux, trois, de nombreux Vietnam !

Commando Petra Schelm
Fraction Armée Rouge  

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Fraction Armée Rouge : Sur la conception de la guérilla urbaine (1972)

« Entre l’ennemi et nous, il nous faut tracer une ligne de démarcation bien nette. » (Mao Zedong)

« Être attaqué par l’ennemi est une bonne chose et non une mauvaise chose ; en ce qui nous concerne, qu’il s’agisse d’un individu, d’une armée, d’un parti ou d’une école, j’estime que l’absence d’attaque de l’ennemi contre nous est une mauvaise chose, car elle signifie nécessairement que nous faisons cause commune avec l’ennemi.

Si nous sommes attaqués par l’ennemi, c’est une bonne chose car cela prouve que nous avons établi une ligne de démarcation bien nette entre lui et nous.

Et si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c’est encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi une ligne de démarcation nette entre l’ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté des succès remarquables dans notre travail. » (Mao Zedong, 26 mai 1939)

Soutenir la lutte armée!

1. RÉPONSES CONCRÈTES A DES QUESTIONS CONCRÈTES

« Je persiste à soutenir qu’à moins d’avoir enquêté, on ne peut prétendre au droit à la parole. » (Mao)

Quelques camarades ont déjà des idées toutes faites à notre sujet. Pour eux, rattacher ce « groupe anarchiste » au mouvement socialiste n’est que « démagogie de la part de la presse bourgeoise ».

Dans la mesure où ils l’utilisent de manière fausse et dénonciatrice, leur conception de l’anarchisme ne va plus loin que celle de la presse Springer . Nous ne discuterons avec personne à un niveau aussi débile.

Pourtant, de nombreux camarades désirent savoir ce que nous en pensons. Notre lettre à 883 (journal underground berlinois) était trop générale. La bande magnétique d’une certaine Michèle Ray dont le Spiegel a publié des extraits n’était pas authentique et provenait simplement de conversations privées.

Cette femme voulait écrire un article en se servant de la bande comme aide-mémoire. Elle nous a roulés ou nous l’avons surestimée. Si notre pratique était aussi à l’emporte-pièce que certaines de ses formules, on nous aurait arrêté depuis longtemps. Le Spiegel a payé Michèle Ray 1000 dollars pour cela.

Que presque tout ce que les journaux publient sur nous – et comment ils l’écrivent – n’est que mensonge, cela est clair. Les projets d’enlèvement de Willy Brandt qu’ils nous attribuent ont pour but de nous faire passer pour des débiles politiques; le rapprochement qu’ils établissent entre nous et ceux qui ont enlevé un enfant tend à nous assimiler à des criminels sans scrupule quant au choix de leurs moyens.

Cela va jusqu’à des « détails de source sûre » dans « Konkret » (N°5, mai 1971) , détails sans importance bâclés ensemble pour la forme.Il y aurait parmi nous des « officiers et des soldats » ; certains d’entre nous seraient dépendants, certains d’entre nous auraient été liquidé; ceux qui nous ont quitté auraient à craindre de nous; nous entrerions dans les appartements ou aurions accès aux passeports le flingue à la main; nous exercerions un « terrorisme de groupe » – tout cela n’est que du vent.

Qui se représente une organisation illégale de résistance d’après le modèle d’organisation des Corps-Francs et de la Sainte-Vehme , veut lui-même le pogrom. Horkheimer et Adorno, dans La personnalité autoritaire, et Wilhelm Reich, dans Psychologie de masse du fascisme, ont montré le rapport entre le fascisme et les mécanismes psychiques qui produisent de telles projections.

Le caractère révolutionnaire forcé est une contradiction en soi – une contradiction improductive. Une pratique politique révolutionnaire, dans les rapports dominants que nous connaissons – ou même dans tous les cas -, suppose la concordance permanente du caractère individuel et de la motivation politique, c’est-à-dire l’identité politique. Critique et auto-critique marxistes n’ont pas grand chose à voir avec « l’autolibération », mais bien plutôt avec la discipline révolutionnaire.

Qui veut « uniquement faire les premières pages », ce n’est même pas une quelconque « organisation de gauche », qui le ferait anonymement, mais « konkret » lui-même, dont le rédacteur en chef soigne son image de bras gauche d’Edouard Zimmermann (rédacteur en chef de l’émission « XYZ » sur [la chaîne nationale] ZDF où la population est appelée à devenir les assistants de la police criminelle), afin de permettre à cette présentation d’étudiants membres de corporations de remplir une part de marché.

Il y aussi beaucoup de camarades qui répandent des mensonges. Ils se font mousser en racontant que nous aurions habité chez eux, qu’ils auraient organisé nos voyages en Palestine, qu’ils seraient informé de nos contacts, qu’ils auraient fait des choses pour nous alors qu’ils n’ont rien fait.

Certains veulent juste montrer qu’ils sont « in ». Cela a rattrapé Günther Voigt, qui s’était vanté devant Dürrenmatt d’être un des libérateurs de Baader, ce qu’il aura regretté quand les flics sont arrivés.

Le démenti, même s’il exprime la vérité, n’est après pas si simple. Certains veulent par là prouver que nous sommes idiots, irresponsables, imprudents, dingues. Ainsi ils en amènent d’autres contre nous.

Ils consomment. Nous n’avons rien à faire avec ces beaux-parleurs, pour qui la lutte anti-impérialiste se déroule au café. Ils sont beaucoup ceux qui ne racontent pas n’importe quoi, qui ont une conception de la résistance, ceux qui en ont suffisamment marre pour nous souhaiter bonne chance, parce qu’ils savent que leur intégration et leur adaptation à la vie ne vaut rien.

Le logement de la Knesebeckstrasse, où Malher a été arrêté, n’a pas été découvert à cause d’une négligence de notre part, mais à la suite d’une trahison.

L’indicateur était l’un d’entre nous. A l’inverse, pour ceux qui font ce que nous faisons il n’y pas de moyen de se défendre; contre le fait que les camarades se font briser par les flics, qu’un autre craque car ne supportant plus la terreur que le système développe contre ceux qui la combattent. Ils n’auraient pas le pouvoir, les porcs, s’ils n’avaient pas les moyens.

Certains, à cause de nous, sont contraints à de pénibles justifications. Pour éviter toute discussion politique et la mise en cause de leur propre pratique par la nôtre, ils n’hésitent pas à falsifier de simples faits.

Ainsi il est toujours affirmé que Baader n’avait plus que trois, neuf ou douze mois de prison à purger, avant que nous ne le libérions, bien qu’il soit facile de rétablir la vérité: trois ans pour incendie, six mois d’un précèdent sursis, six mois pour falsification de documents, etc., et le procès devait encore avoir lieu.

Andreas Baader avait déjà purgé quatorze de ces quarante-huit mois dans dix prisons différentes de la Hesse, et avait déjà été neuf fois transféré de l’une dans l’autre pour mauvaise conduite : organisation de mutinerie, résistance. Le calcul, où 34 mois deviennent trois, neuf ou douze, avait pour but d’ôter tout impact à sa libération le 14 mai.

C’est ainsi que rationalisent certains camarades leur peur devant les conséquences personnelles qu’aurait une discussion avec nous.

La question de savoir si nous aurions libéré Baader sachant qu’une personne de gauche (employé de l’institut berlinois des questions sociales, où Andreas Baader a été libéré) allait être blessé dans l’opération – elle nous a suffisamment été posé – ne peut être répondu que par la négative.

La question du type, que ce serait-il passé si, est pourtant ambiguë – pacifique, platonique, moraliste, sans parti pris. Qui réfléchit sérieusement à une libération de prisonniers ne pose la question – il trouve la réponse lui-même.

Avec de telles questions les gens veulent savoir si nous sommes aussi brutaux que nous présentent la presse Springer; on devrait nous faire réciter le catéchisme.

C’est une tentative de bricoler la question de la violence révolutionnaire, de placer à un dénominateur commun la violence révolutionnaire et la morale bourgeoise, ce qui ne marche pas. Il n’y avait dans la prise en considération et des modalités aucune raison de penser qu’un civil pourrait, et c’est ce qui s’est passé, se jeter au milieu.

Que les flics s’en moqueraient, c’était clair pour nous. La pensée voulant qu’une libération de prisonniers soit mené sans armes, est suicidaire.

Le 14 mai, comme à Francfort où deux d’entre nous se sont barrés parce qu’ils devaient être arrêté, parce que nous ne laissons pas arrêter facilement, – les flics ont tiré en premier. Les flics ont à chaque fois visé leurs tirs. Nous n’avons en partie pas du tout tiré – et si nous avons tiré c’est sans viser: à Berlin, Nuremberg, Francfort.

C’est prouvable, parce que c’est vrai. Nous ne faisons pas « utilisation de nos armes sans ménagements ». Le flic, qui se trouve dans la contradiction entre son statut de « petit homme » et celui d’esclave du capitaliste, entre le fait de recevoir un petit salaire et celui de fonctionnaire du capitalisme monopoliste, ne se trouve pas en situation de détresse. Nous tirons si l’on tire sur nous. Les flics qui nous laissent courir, nous les laissons aussi courir.

Il est juste d’affirmer qu’avec l’immense dispositif de recherche contre nous c’est toute la gauche socialiste de R.F.A. et de Berlin-Ouest qui est visée.

Ni le peu d’argent que nous aurions pris, ni le vol de voitures ou de documents pour lesquels on nous recherche, ni la tentative de meurtre qu’on cherche à nous mettre sur le dos, justifient toute cela.

La peur a traversé les os des dominants, qui pensaient déjà avoir totalement en main cet État et tous ses habitants et classes et contradictions, réduit les intellectuels à leurs revues, enfermé les gauchistes dans leurs cercles, désarmé le marxisme-léninisme. La structure de pouvoir qu’ils représentent n’est pourtant pas aussi vulnérable que leur effarouchement peut nous le laisse penser.

Leurs vociférations ne doivent pas permettre de nous surestimer.

Nous affirmons que l’organisation de groupes armés de résistance est actuellement juste, possible et justifiée en République fédérale et à Berlin-Ouest.

Qu’il est juste, possible et justifiée de mener ici et maintenant la guérilla urbaine. Que la lutte armée comme « plus haute forme du marxisme-léninisme » (Mao) peut et doit commencer maintenant, que sans cela il n’y a pas de lutte anti-impérialiste dans la métropole.

Nous ne disons pas que l’organisation de groupes armés illégaux de résistance peut remplacer les organisations prolétaires légales, ni que les actions individuelles remplacent les luttes de classe, ni que la lutte armée peut remplacer le travail politique dans l’usine ou dans le quartier. Nous affirmons seulement que le développement et le succès de l’un suppose l’autre.

Nous ne sommes ni des blanquistes ni des anarchistes, bien que nous tenions Blanqui pour un grand révolutionnaire et que nous ne méprisions nullement l’héroïsme de beaucoup d’anarchistes.

Notre pratique n’a pas une année. C’est trop peu pour pouvoir déjà parler de résultats. La grande publicité que nous a faite les messieurs Genscher, Zimmermann & Co nous permet d’apparaître opportunément de manière propagandiste, de faire déjà quelques remarques.

« Si vous voulez savoir ce que pensent les communistes, regardez leurs mains et non leur bouche » a dit Lénine.

2. LA MÉTROPOLE RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE

« La crise ne naît pas tant de l’arrêt des mécanismes de développement que du développement lui-même. Ayant pour but le pur accroissement du profit, ce développement favorise de plus en plus le parasitisme et le gaspillage, relègue des couches entières de travailleurs en marge de la société, produit des besoins croissants qu’il ne parvient pas à satisfaire et accélère la désagrégation de la vie sociale.

Seul un monstrueux appareil de manipulation de l’opinion et de répression ouverte peut contrôler les tensions et les révoltes ainsi alimentées! La rébellion des étudiants et du mouvement noir en Amérique, la crise de l’unité politique de la société américaine, l’extension des luttes étudiantes en Europe, la reprise vigoureuse et les nouveaux contenus de la lutte ouvrière et de la lutte de masse, jusqu’à l’explosion du Mai français, jusqu’à la tumultueuse crise sociale de l’Italie et la reprise de l’insatisfaction en Allemagne, telles sont les grandes lignes de ce tableau. »

(Il Manifesto, Pour le Communisme, thèse 33)

Les camarades du Manifesto mentionnent la république fédérale en dernière position et caractérisent sa situation par le terme vague d’insatisfaction. L’Allemagne, dont Barzel disait, il y a six ans, qu’elle était un géant politique mais un nain politique – sa force économique ne s’est pas amoindrie, contrairement à sa force politique, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Avec la formation de la grande coalition de 1966 on devance le danger politique qui aurait pu naître alors spontanément de l’imminente récession. Avec les lois d’urgence on s’est donné l’instrument qui assure l’action unifiée des dominants pour les crises futures – l’unité entre la réaction politique et tous ceux qui sont encore attachés à la légalité.

La coalition social-libéral a réussi à notablement absorber « l’insatisfaction » qui s’est fait remarquer par le mouvement étudiant et le mouvement extra-parlementaire, dans la mesure où le réformisme du parti social-démocrate n’a pas perdu de sa valeur dans la conscience de ses partisans, où est repoussé, grâce à ses promesses de réforme, l’actualité d’une alternative communiste pour la majeure partie de l’intelligentsia, où est enlevé aux protestations anti-capitalistes sa pointe.

Leur ostpolitik amène au capital de nouveaux marchés, permet la contribution allemande à l’équilibre et l’alliance entre l’impérialisme US et l’Union Soviétique dont les USA ont besoin pour avoir les mains libres dans leurs guerres d’agression dans le tiers-monde.

Ce gouvernement semble également arriver à séparer la nouvelle gauche des vieux anti-fascistes et ainsi à isoler une fois de plus la nouvelle gauche de son histoire, celle du mouvement ouvrier. Le DKP, qui doit sa permission d’exister à la nouvelle complicité de l’impérialisme US et du révisionnisme soviétique, organise des manifestations en faveur de l’ostpolitik de ce gouvernement; Niemöller – figure symbolique antifasciste – concoure pour le SPD dans les prochaines luttes électorales…

Sous le couvert de « l’intérêt général » le dirigisme étatique tient en bride les bureaucraties syndicales par le biais des contrats de progrès des salaires et la concertation Les grèves de septembre ’69 ont montré qu’on avait passé la mesure en faveur du profit, ont montré dans leur déroulement comme grève seulement économique comment on les tenait bien en mai.

Le fait que malgré ses presque deux millions de travailleurs étrangers la république fédérale peut utiliser dans la récession se dessinant un chômage approchant les 10%, toute la terreur, tous les mécanismes de discipline, sans avoir à faire face à une armée de chômeurs, sans avoir au cou la radicalisation politique de ces masses, permet une conception de la force du système.

Participant avec l’aide militaire et économique aux guerres d’agression des USA, la république fédérale profite de l’exploitation du tiers-monde, sans avoir la responsabilité de ces guerres, sans avoir à se disputer avec une opposition à l’intérieur. Pas moins agressive que l’impérialisme US, mais moins attaquable.

Les possibilités politiques de l’impérialisme ne sont épuisées ni dans leur variante réformiste ni dans leur variante fasciste, ses capacités d’intégrer ou opprimer les contradictions qu’il produit lui-même ne sont pas terminées.
Le concept de guérilla urbaine de la fraction de l’armée rouge ne se base pas sur une estimation positive de la situation en république fédérale et à Berlin-Ouest.

3. LES RÉVOLTES ÉTUDIANTES

« De la connaissance du caractère unitaire du système de domination capitaliste résulte l’impossibilité de séparer la révolution dans les points « culminants » de celle des « régions arriérées ». Sans une relance de la révolution en occident, on ne peut empêcher avec certitude l’impérialisme, entraîné par sa logique de violence, de chercher un débouché dans une guerre catastrophique, ou les super-puissances d’imposer au monde un joug écrasant ».

(Il Manifesto, thèse 52)

Rabaisser le mouvement étudiant au niveau d’une révolte petite-bourgeoise, c’est: le réduire à ses propres surestimations qui l’ont accompagné; c’est: nier son origine qu’est la contradiction concrète entre l’idéologie bourgeoise et la société bourgeoisie; c’est: nier le niveau théorique, avec la connaissance de ses limites forcées, que sa protestation anticapitaliste a déjà atteint.

Bien sûr le pathos avec lequel s’identifiaient les étudiants, qui prenaient conscience de leur misère psychique dans les usines du savoir, avec les peuples exploités d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, était exagéré ; la comparaison entre l’impression massive du journal Bild ici et les bombardements de masse sur le Viet-Nam était une grande simplification; la comparaison entre la critique du système idéologique ici et la lutte armée là-bas était orgueilleux; la considération d’être le sujet révolutionnaire – tant que c’était au nom de Marcuse – était ignorante de la figure réelle de la société bourgeoise et des rapports de production la fondant.

En république fédérale et à Berlin-Ouest, il revient au mouvement étudiant – ses combats de rue, ses incendies, son utilisation de la violence, son pathos, donc aussi ses exagérations et ses ignorances, bref: sa praxis, d’avoir reconstruit le marxisme-léninisme comme théorie politique, dans la conscience au moins de l’intelligentsia, sans laquelle les faits politiques, économiques et idéologiques et leurs modes d’apparition ne peuvent pas être saisis, et sans laquelle leurs connexions intérieures et extérieures ne peuvent pas être décrites.

C’est justement parce que le mouvement étudiant part de l’expérience concrète de la contradiction entre l’idéologie de la liberté du savoir et la réalité de la mainmise du capital monopoliste sur l’Université, parce qu’il n’a pas été que initié idéologiquement, il n’a pas rendu son dernier souffle jusqu’à ce que le lien entre crise de l’Université et crise du capitalisme soit examiné de fond en comble, au moins théoriquement.

Jusqu’à ce que pour eux et pour leur « public » il soit clair que ce ne sont pas la « liberté, égalité, fraternité », pas les droits de l’homme, pas la charte de l’ONU qui forment le contenu de cette démocratie ; qu’ici est valable ce qui l’a toujours été pour l’exploitation colonialiste et impérialiste de l’Amérique latine, de l’Afrique et de l’Asie: la discipline, la soumission et la brutalité à l’encontre des opprimés, pour ceux qui se mettent de leur côté, pour ceux qui soulèvent des protestations, qui résistent, qui mènent la lutte anti-impérialiste.

De manière idéologique critique, le mouvement étudiant a quasiment saisi tous les domaines de la répression étatique comme expression de l’exploitation impérialiste: dans la campagne de presse de Springer, dans les manifestations contre l’agression américaine au Viet-Nam, dans la lutte contre la justice de classe, dans la campagne contre l’armée, contre les lois de l’état d’urgence, dans le mouvement lycéen. Expropriez Springer!, Brisez l’OTAN!, luttez contre le terrorisme de la société de consommation!, luttez contre la terrorisme de l’éducation!, luttez contre le terrorisme des loyers! ont été des slogans politiques justes.

Ils visaient l’actualisation des contradictions produites par le capitalisme mûr lui-même dans la conscience de tous les opprimés, entre les nouveaux besoins et les nouvelles possibilités de satisfaction des besoins par le développement des forces productives d’un côté et la pression à la soumission irrationnelle dans la société de classes.

Ce qu’il y avait dans leur propre conscience, ce n’était pas des luttes de classe élargis ici, mais la conscience d’être une partie du mouvement international, d’avoir affaire au même ennemi de classe ici que les Vietcongs là-bas, avec les mêmes tigres de papier, avec les mêmes porcs.

Le deuxième mérite du mouvement étudiant est d’avoir brisé la coupure provincialiste des vieilles gauches: la stratégie de front populaire comme marche de Pâques, Union allemande pour la paix, journal populaire allemand, comme espoir irrationnel en un « grand tremblement de terre » à n’importe quelle élection, sa fixation parlementaire sur Strauss ici, sur Heinemann là, sa fixation pro- et anti-communiste sur la R.D.A., leur isolement, leur résignation, leur déchirement moral: prêt à tout sacrifice, capable d’aucune praxis.

La partie socialiste du mouvement étudiant a pris conscience d’elle-même – malgré des imprécisions théoriques – de la reconnaissance juste du fait que « l’initiative révolutionnaire occidental peut aujourd’hui compter sur la crise de l’équilibre global du monde et sur la maturation de forces nouvelles dans tous les pays. » (Il Manifesto, thèse 55).

Ils ont donné comme contenu de leur agitation et propagande cela de quoi ils pouvaient se revendiquer eu égard des rapports allemands: que contre la stratégie globale de l’impérialisme la perspective de luttes nationales doit être internationaliste, que seulement la liaison des contenus nationaux avec les contenus internationaux peut stabiliser des formes traditionnelles de luttes avec les initiatives révolutionnaires internationalistes.

Ils ont fait de leur faiblesse leur force car ils ont reconnu qu’il n’y a qu’ainsi qu’une résignation renouvelée, un découpage provincial, le réformisme, la stratégie de front populaire, l’intégration, pouvaient être évités – les culs-de-sac de la politique socialiste dans les conditions post- et pré-fascistes, comme elles sont en république fédérale et à Berlin-Ouest.

Les gauches savaient alors qu’il aurait été juste de relier la propagande socialiste dans les usines avec l’empêchement pratique de la distribution du journal Bild.

Qu’il aurait été juste de relier la propagande pour les GI’s, pour qu’ils ne se laissent pas envoyer au Viet-Nam, avec les attaques pratiques contre des avions militaires pour le Viet-Nam, la campagne de l’armée avec les attaques pratiques contre les bases aériennes de l’OTAN.

Qu’il aurait été juste de relier la critique de la justice de classe avec les explosions des murs de prison, la critique du conglomérat de Springer avec le désarmement de ses milices patronales, juste de mettre en marche une propre radio, de démoraliser la police, d’avoir des logements illégaux pour les déserteurs de l’armée, de pouvoir falsifier des papiers d’identité pour l’agitation chez les travailleurs étrangers, d’empêcher par des sabotages dans les usines la production de Napalm.

Et il est faux de rendre sa propagande dépendante de l’offre et de la demande : pas de journal parce que les travailleurs ne peuvent pas encore les financer, pas de voiture, parce que le « mouvement » ne peut pas encore l’acheter, pas d’émetteur, parce qu’il n’y a pas de licence, pas de sabotage, parce que le capitalisme ne s’écroule pas pour autant tout de suite.

Le mouvement étudiant s’écroula lorsque sa forme d’organisation spécifiquement étudiante / petite-bourgeoise, le « camp anti-autoritaire », se révéla inapte à développer une pratique appropriée quant à ses objectifs, parce qu’il ne pouvait pas y avoir d’élargissement de sa spontanéité aux entreprises ni dans une guérilla urbaine capable, ni dans une organisation socialiste de masse. Il s’écroula, lorsque l’étincelle du mouvement étudiant – différemment d’en Italie ou d’en France – n’est pas devenu le brasier des prairies de luttes de classe élargie . Il pouvait nommer les buts et contenus de la lutte anti-impérialiste – mais n’était pas lui-même le sujet révolutionnaire, ne pouvait pas se permettre la médiation organisationnelle.

A la différence des « organisations prolétaires » de la nouvelle gauche, la fraction de l’armée rouge ne nie pas sa préhistoire comme histoire du mouvement étudiant, qui a reconstruit le marxisme-léninisme comme arme dans la lutte de classe et a posé le contexte international pour le combat révolutionnaire dans les métropoles.

4. PRIMAT DE LA PRATIQUE

« Pour connaître directement tel phénomène ou tel ensemble de phénomènes, il faut participer personnellement à la lutte pratique qui vise à transformer la réalité, à transformer ce phénomène ou cet ensemble de phénomènes, car c’est le seul moyen d’entrer en contact avec eux en tant qu’apparences; de même, c’est là le seul moyen de découvrir l’essence de ce phénomène ou de cet ensemble de phénomènes, et de les comprendre.

Mais le marxisme accorde une grande importance à la théorie justement et uniquement parce qu’elle peut être un guide pour l’action. Si, étant arrivé à une théorie juste, on se contente d’en faire un sujet de conversation, pour la laisser ensuite de côté, sans la mettre en pratique, cette théorie, si belle qu’elle puisse être, reste sans intérêt. » (Mao Zedong, De la pratique)

Le retour des gauchistes, de socialistes, qui étaient en même temps les autorités du mouvement étudiant, à l’étude du socialisme scientifique, l’actualisation de la critique de l’économie politique comme leur autocritique vis-à-vis du mouvement étudiant, a été en même temps un retournement à des travaux livresques.

A juger par la production de papier, leurs modèles d’organisation, du mal qu’ils se donnent pour et dans leurs explications, on pourrait penser que les révolutionnaires revendiquent la direction de luttes de classe violentes, comme si l’année 67/68 était le 1905 du socialisme en Allemagne.

Lorsque Lénine, en 1903 dans « Que faire? », soulignait le besoin théorique des travailleurs russes et donnait comme postulat, contre les anarchistes et les socialistes révolutionnaires, la nécessité d’une analyse de classe, de l’organisation, d’une propagande démystifiante, c’est parce que des luttes de classe massives se déroulaient.

« C’est justement à travers les infamies de la vie russe que les masses ouvrières vont se réveiller avec force et nous ne savons même pas réunir, concentrer, si l’on peut parler ainsi, toutes les gouttes et les rigoles des passions populaires qui sourdent de la vie russe en foule innombrable, plus grande que nous ne l’imaginions ou ne le croyons, et qui doivent être unies en un fleuve impétueux » (Lénine, Que faire?)

Nous doutons qu’il soit déjà possible de développer dans les conditions présentes en république fédérale et à Berlin-Ouest une stratégie unifiant la classe ouvrière, d’en arriver à une organisation qui soit à la fois expression et initiatrice d’un processus d’unification nécessaire. Nous doutons que l’alliance entre les intellectuels socialistes et le prolétariat puisse être soudée par des déclarations de programmes ou être obtenue par la prétention de créer des organisations prolétariennes. Les gouttes et les rigoles des infamies de la vie allemande sont rassemblées jusque là par le conglomérat Springer, qui les conduit à de nouvelles infamies.

Nous affirmons que sans initiative révolutionnaire, sans l’intervention pratique de l’avant-garde, des travailleurs et intellectuels socialistes, sans la lutte anti-impérialiste concrète il n’y a pas de processus d’unification, que l’union ne peut être posé que par les luttes communes ou pas du tout, dans lesquelles la fraction consciente des travailleurs et intellectuels ne dirige pas la « mise en scène », mais montre l’exemple.

Dans la production de papier des organisations nous reconnaissons leur pratique à leur lutte concurrentielle d’intellectuels, qui luttent pour la meilleure interprétation de Marx devant un jury imaginaire, qui ne peut pas être la classe ouvrière parce que son langage exclut déjà leur participation. Ils sont davantage gênés d’être attrapé à s’être trompé dans une citation de Marx que de mentir quant à leur pratique.

La page qu’il donne toujours avec la remarque correspond presque toujours, le nombre d’adhérents à leur organisation ne correspond presque jamais. Ils ont plus peur du reproche d’impatience révolutionnaire que celui de corruption dans les professions bourgeoises; prévoir le long terme avec Lukacs est important pour eux, comme est suspect de se laisser agiter à court terme par Blanqui.

Leur internationalisme s’exprime dans la censure vis-à-vis de telle organisation commando palestinienne par rapport à une autre – des messieurs blancs qui jouent aux mandataires du marxisme; ils l’expriment dans les faits sous la forme du mécénat, dans la mesure où ils mendient auprès de leurs riches amis au nom du Black Panther; ils portent à leur crédit, en vue du jugement dernier, ce qu’on leur donne par mauvaise conscience alors que leur premier souci, plutôt que la victoire de la guerre populaire, est de jouir de leur bonne conscience.

Ce n’est pas cela, une méthode révolutionnaire d’intervention.

Mao, dans son Analyse des classes de la société chinoise (1926) oppose la lutte de la révolution à celle de la contre-révolution lorsque la « bannière rouge de la révolution, levé par la IIIe Internationale, afin de rallier autour d’elle toutes les classes opprimées du monde; l’autre est le drapeau blanc de la contre-révolution, et c’est la Société des Nations qui l’a levé afin de rallier autour d’elle toutes les forces contre-révolutionaires du monde ».

Mao distingue les classes de la société chinoise en fonction de comment elles se décideraient, pour l’avancée de la révolution, entre la bannière rouge et la bannière blanche. Cela ne lui suffisait pas d’analyser la situation économique des différentes classes de la société chinoise. Faisait partie de son analyse également la prise de position des différentes classes par rapport à la révolution.

Il n’y aura pas de rôle dirigeant des marxistes-léninistes dans les futurs luttes de classes si l’avant-garde ne tient pas elle-même la bannière rouge de l’internationalisme prolétarien et si l’avant-garde ne répond pas elle-même à la question de savoir comment sera érigé la dictature du prolétariat, comment le pouvoir politique du prolétariat doit être exigé, comment le pouvoir de la bourgeoisie doit être brisé, si elle n’est pas prête avec une pratique à y répondre.

L’analyse de classe dont nous avons besoin n’est pas à faire sans pratique révolutionnaire, sans initiative révolutionnaire.

Les « revendications révolutionnaires de transition » que les organisations prolétaires ont posé ici et là, comme la lutte contre l’intensification de l’exploitation, la réduction du temps de travail, contre le gaspillage de la richesse sociale, pour le même salaire entre hommes, femmes et travailleurs immigrés, contre les cadences infernales, etc. – ces revendications de transition ne sont rien que de l’économisme syndicaliste, tant que n’est pas répondu en même temps à la question de savoir comment briser la pression politique, militaire et propagandiste qui se mettront de manière agressive au travers de la route de ces revendications si elles soulèvent des luttes de classe massives.

Mais après – si on en reste à elles – ce n’est plus que de merde économiste, parce que pour elles cela ne vaut pas le coup de prendre en charge le combat révolutionnaire et de mener à la victoire, parce que « vaincre suppose que l’on accepte le principe selon lequel la vie n’est pas le bien suprême pour les révolutionnaires » (Debray). On peut intervenir de manière syndicaliste avec ces revendications – mais « la politique trade-unioniste de la classe ouvrière est la politique bourgeoise de la classe ouvrière » (Lénine). Ce n’est pas une méthode d’intervention révolutionnaire.

Les soi-disantes organisations prolétaires ne se différencient du DKP , quand elles ne posent pas la question de l’armement comme réponse aux lois d’urgence, à l’armée, aux gardes-frontières, à la police, à la presse Springer, quand elles passent cela sous silence de manière opportuniste, que parce qu’elles sont encore moins ancrées dans les masses, parce qu’elles sont plus radicales en parole, parce qu’elles en savent plus au niveau théorique.

En pratique elles s’agitent au niveau des spécialistes du droit, qui pour la popularité à tout prix soutiennent les mensonges de la bourgeoisie qu’il y aurait encore dans cet Etat quelque chose à obtenir avec les moyens de la démocratie parlementaire, encouragent le prolétariat à des luttes qui vu le potentiel de violence de cet Etat ne peuvent être que perdues – de manière barbare.

« Ces fractions ou partis marxistes-léninistes » écrit Debray à propos des communistes en Amérique latine – « agissent à l’intérieur des mêmes questionnements politiques que ceux contrôlés par la bourgeoisie. Au lieu de les modifier, ils ont contribué à les ancrer encore plus fortement… »

Aux milliers d’apprentis et de jeunes qui ont tiré comme conclusion de leur politisation pendant le mouvement étudiant de se retirer de la pression de l’exploitation dans l’entreprise, ces organisations ne proposent aucune perspective politique, avec la proposition de s’accommoder encore une fois de la pression capitaliste de l’exploitation. Elles prennent vis-à-vis de la criminalité de la jeunesse le même point de vue que les directeurs de prison, vis-à-vis des camarades en tôle le point de vue de leurs juges, vis-à-vis de l’Underground le point de vue des travailleurs sociaux.

Sans pratique, la lecture du « capital » n’est rien qu’une étude bourgeoise.

Sans pratique, les déclarations politiques ne sont que du baratin. Sans pratique, l’internationalisme prolétarien n’est qu’un mot ronflant. Prendre théoriquement le point de vue du prolétariat, c’est le prendre pratiquement.

La fraction armée rouge parle de primat de la pratique. S’il est juste d’organiser maintenant la résistance armée dépend de sa possibilité; si cela est possible ne peut être compris qu’en pratique.

5. GUÉRILLA URBAINE

« Ainsi, considérés dans leur essence, du point de vue de l’avenir et sous l’angle stratégique, l’impérialisme et tous les réactionnaires doivent être tenus pour ce qu’ils sont: des tigres en papier. C’est là-dessus que se fonde notre pensée stratégique. D’autre part, ils sont aussi des tiges vivants, des tigres de fer, de vrais tigres; ils mangent des hommes. C’est là-dessus que se fonde notre pensée tactique. » Mao Zedong, 1.12.1958

S’il est juste que l’impérialisme américain soit un tigre de papier, c’est-à-dire qu’en dernier recours il peut être vaincu; et si la thèse des communistes chinois est juste, que la victoire sur l’impérialisme américain est devenu possible par le fait que dans tous les coins et bouts du monde la lutte soit menée contre lui, et qu’ainsi les forces de l’impérialisme soient éparpillées et que par cet éparpillement il soit possible de l’abattre – si cela est juste, alors il n’y a aucune raison d’exclure un pays quel qu’il soit ou une région qu’elle quelle soit parce que les forces de la révolution sont particulièrement faibles, les forces de la réaction particulièrement fortes.

Comme il est faux de décourager les forces de la révolution dans la mesure où on les sous-estime, il est faux de leur proposer des conflits où elles ne peuvent que s’affaiblir et être détruites. La contradiction entre les camarades sincères au sein des organisations – laissons les baratineurs de côté – et la fraction armée rouge réside en ce que nous leur reprochons de décourager les forces de la révolution, et qu’ils nous soupçonnent d’affaiblir les forces de la révolution.

Qu’ainsi soit donné la direction où peuvent « traverser le fleuve » la fraction des camarades travaillant dans les usines et les quartiers et la fraction armée rouge; cela correspond à la réalité. Le dogmatisme et l’aventurisme sont depuis longtemps les déviations caractéristiques dans les périodes de faiblesse de la révolution dans un pays.

Que depuis longtemps les anarchistes aient été les plus sévères critiques de l’opportunisme, a amené le fait que celui qui critique l’opportunisme se voit opposé le reproche d’anarchisme. C’est d’une certaine manière un classique.

Le concept de guérilla urbaine provient d’Amérique latine. C’est là-bas la même chose que ce qui peut seulement être ici: la méthode d’intervention révolutionnaire de forces révolutionnaires faibles en général.

La guérilla urbaine part du principe qu’il n’existe pas d’ordre de marche prussien où beaucoup de soi-disant révolutionnaires voudraient guider le peuple dans la lutte révolutionnaire. Part du principe que lorsque la situation sera mûre pour la lutte armée il sera trop tard de la préparer.

Que sans initiative révolutionnaire dans un pays dont le potentiel de violence est si grand, dont la tradition révolutionnaire est si cassée et si faible comme en république fédérale, il n’y aura aucune orientation révolutionnaire quand les conditions pour la lutte révolutionnaire seront plus favorables qu’elles ne le sont maintenant – à cause du développement politique et économique du capitalisme tardif lui-même.

La guérilla urbaine est dans cette mesure la conséquence de la négation accomplie depuis longtemps de la démocratie parlementaire par ses propres représentations, la réponse inévitable aux lois d’urgence et aux lois des grenades à main , la disposition à lutter avec les moyens que le système s’est déjà mis à la disposition afin d’éliminer ses opposants. La guérilla urbaine se base sur la reconnaissance de faits, au lieu de l’apologie de faits.

Ce que la guérilla peut faire, le mouvement étudiant l’a en partie déjà su. Elle peut rendre concrète l’agitation et la propagande où le travail de la gauche est encore réduit.

On peut se présenter cela pour la campagne de la presse Springer d’alors, et pour la campagne Cabora Bassa des étudiants d’Heidelberg, pour les occupations de maisons de Francfort, en relation avec les aides militaires que la république fédérale donne aux régimes compradors d’Afrique, en relation avec la critique du régime de semi-liberté, de la justice de classe, des milices patronales et de la justice dans l’entreprise.

Elle peut concrétiser l’internationalisme verbal comme la fourniture d’armes et d’argent. Elle peut émousser l’arme du système, l’illégalisation des communistes, dans la mesure où elle organise la clandestinité, qui reste enlevée à l’intervention policière. La guérilla urbaine est une arme dans la lutte de classe.

La guérilla urbaine est lutte armée, dans la mesure où c’est la police qui fait utilisation sans restriction des armes de tirs, et c’est la justice de classe qui acquitte les policiers responsables de bavures, et enterre vivant les camarades, si on ne l’en empêche pas. La guérilla urbaine signifie ne pas se laisser démoraliser par la violence du système.

La guérilla urbaine vise à détruire l’appareil de domination étatique en certains points, à le mettre à certains moments hors d’état de nuire, à anéantir le mythe de l’omniprésence du système et de son invulnérabilité.

La guérilla urbaine a comme présupposé l’organisation d’appareil illégal, ce sont des appartements, des armes, des munitions, des voitures, des papiers. Ce qui est à considérer en particulier a été décrit par Marighella dans son « petit manuel du guérillero urbain ». Ce qui à quoi il faut encore faire attention, nous sommes prêts à tout moment de le dire à celui qui veut la faire, si il s’est décidé. Nous ne connaissons pas encore grand chose, mais savons déjà certaines choses.


Il est important qu’avant de se décider à lutter par les armes on ait déjà fait des expériences politiques légales. Là où la liaison avec la gauche révolutionnaire ne représente qu’un besoin de mode, on ne se décide vraiment que là où on l’on peut retourner.

La fraction armée rouge et la guérilla urbaine sont respectivement la fraction et la pratique qui, dans la mesure où elles tracent un trait clair entre elles et l’ennemi, sont le plus terriblement combattues. Cela présuppose qu’un processus d’apprentissage se soit déjà déroulé.

Notre concept originel d’organisation impliquait la liaison de la guérilla urbaine et le travail à la base. Nous voulions que chacun d’entre nous participe en même temps dans les quartiers ou dans les usines dans les groupes socialistes existant là-bas, influence le processus de discussion, fasse des expériences, apprenne. Il s’est montré que cela ne marche pas.

Que les contrôles que la police politique fait sur ces groupes, leurs rendez-vous, leurs réunions, leurs contenus de discussion, portent déjà si loin qu’on ne peut pas être là-bas si l’on ne veut pas être contrôlé. Que le seul travail légal ne peut pas être relié avec le travail illégal.

La guérilla urbaine présuppose être clair quant à ses motivations, être sûr que les méthodes à la Bild-Zeitung ne fasse pas d’effet sur quelqu’un, que le syndrome antisémites – criminels – sous-hommes et incendiaires qui est plaqué sur les révolutionnaires, toute ces merdes, qui ne sont qu’en mesure d’isoler et d’articuler, et qui influencent encore beaucoup de camarades dans leur jugement sur nous, que cela ne touche personne.

Car naturellement le système ne nous laisse pas le terrain et il n’y a aucun moyen – même pas avec la calomnie -, qu’ils ne seraient pas prêt d’utiliser contre nous.

Et il n’y a pas d’opinion publique qui aurait un autre but que de mettre à profit d’une manière ou d’une autre les intérêts du capital, et il n’y a pas d’opinion publique socialiste, qui se dépasserait elle-même, son cercle, sa diffusion manuelle, ses abonnés, qui ne se déroulerait pas majoritairement dans des formes hasardeuses, privées, personnelles, bourgeoises.

Il n’y pas de moyen de publication qui ne seraient pas contrôlés par le capital, par le marché de la pub, par l’ambition des auteurs de rentrer dans le grand establishment, par les avis des médias, par la concentration sur le marché de la presse. L’opinion publique dominante est l’opinion publique des dominants, divisés en parts de marché, se développant en idéologies spécifiques aux couches sociales, ce qu’elle diffuse sert à sa propre affirmation sur le marché. La catégorie journalistique signifie: vente.

L’information comme marchandise, la nouvelle comme consommation. Ce qui n’est pas consommable doit les emmerder. La liaison des journaux avec les moyens de publication, les taux d’écoute à la télévision – cela ne peut permettre aucune contradiction entre soi et le public, pas d’antagonismes, pas de suites.

La liaison avec les plus puissants faiseurs d’opinion sur le marché est nécessaire à celui qui veut rester sur le marché; c’est-à-dire que la dépendance vis-à-vis du trust Springer grandit dans la mesure où le trust grandit, trust qui a également commencé à acheter les journaux locaux. La guérilla urbaine n’a rien d’autre à attendre de cette opinion publique que l’inimité amère. Elle doit s’orienter avec la critique marxiste et l’autocritique, sinon rien.

« Qui n’a pas peur d’être écartelé ose renverser l’empereur de son cheval » dit Mao à propos de cela.

Le long terme et le travail à petite échelle sont les postulats qui sont vraiment valables pour la guérilla dans la mesure où l’on ne fait pas qu’en parler, mais qu’on agit aussi par la suite. Sans laisser ouvert le retour à un emploi bourgeois, sans pouvoir ou vouloir mettre la révolution au clou, c’est-à-dire avec la conviction que Blanqui a exprimé: « le devoir d’un révolutionnaire est de toujours lutter, de lutter malgré tout, de lutter jusqu’à la mort ».

– il n’y a pas de lutte révolutionnaire et il n’y en a pas eu dont la morale n’était pas celle-là: Russie, Chine, Cuba, Algérie, Palestine, Vietnam.

Certains disent que les possibilités politiques de l’organisation, de l’agitation, de la propagande sont loin d’être épuisées, mais que seulement après on pourrait poser la question de l’armement. Nous disons: les possibilités politiques ne seront pas vraiment utilisées tant que le but, la lutte armée, n’est pas reconnaissable comme but de la politisation, tant que la définition stratégique, que tous les réactionnaires ne sont que des tigres de papier, n’est pas reconnaissable derrière la définition tactique, qu’ils sont des criminels, des meurtriers, des exploiteurs.


Nous ne parlerons pas de « propagande armée », mais nous la ferons. La libération de prisonniers ne se déroule pas pour des raisons de propagande, mais pour sortir le type. Les cambriolages de banques, comme on les cherche à nous attribuer, nous ne les ferions que pour nous procurer de l’argent. Les « succès brillants » dont Mao dit que nous devrions les avoir visé, « quand l’ennemi nous dépeint des couleurs les plus noires », ne sont que la rançon de nos propres succès.

Les grandes clameurs qui ont été faites à notre propos nous en remercions plus les camarades latino-américains – en raison du trait clair entre soi-même et l’ennemi qu’ils ont déjà tracés -, qui fait que les dominants ici nous  » rentrent énergiquement dedans  » à cause du soupçon de quelques braquages de banques comme s’il y avait déjà ce que nous avons commencé de construire: la guérilla urbaine de la fraction armée rouge.

6 LÉGALITE ET ILLEGALITÉ

« Le développement de la révolution en occident, la contestation du pouvoir capitaliste à l’intérieur de ses places-fortes sont à l’ordre du jour et ont une signification décisive.

Il n’existe dans le monde ni l’endroit, ni les forces capables de garantir une évolution pacifique et une stabilisation démocratique; la crise tend à s’aggraver. S’enfermer dans des horizons bornés ou repousser la lutte à plus tard, c’est se laisser emporter par la dégénérescence totale ambiante. »

(Il Manifesto, thèse 55).

Le slogan des anarchistes « détruis ce qui te détruit » vise la mobilisation directe de la base, des jeunes dans les tôles et les foyers, dans les écoles et dans l’apprentissage, se dirige vers ceux qui sont le plus dans la merde, vise à une compréhension spontanée, est l’appel à la résistance directe. Le slogan black power de Stokely Carmichael: « fais confiance à ta propre expérience ! » voulait dire exactement cela.

Le slogan part de l’examen que dans le capitalisme rien, mais qu’il n’y a également rien, qui oppresse, fait souffrir, gêne, qui n’aurait pas son origine dans les rapports de productions capitalistes, que chaque oppresseur, quel que soit la forme avec laquelle il apparaît, est un représentant du capital, c’est-à-dire: un ennemi de classe.

Dans cette mesure le slogan des anarchistes est juste, prolétaire, combattant de classe. Il est faux tant qu’il amène la fausse conscience qu’il suffirait simplement de frapper, de taper dans la gueule, que l’organisation serait de seconde importance, la discipline bourgeoise, l’analyse de classe superflue.

Sans défense face à la répression renforcée qui suit leurs actions, bloqué, sans avoir fait attention organisationnellement à la dialectique de la légalité et de l’illégalité, ils sont légalement arrêtés.

La phrase de beaucoup d’organisations « les communistes ne sont pas assez simplistes pour s’illégaliser eux-mêmes » fait écho à la justice de classe, et à personne d’autre. Tant qu’elle signifie que les possibilités légales d’agitation et de propagande communiste, de lutte politique et économique, doivent être à tout prix utilisées et ne doivent pas être mis en jeu avec légèreté, c’est juste – mais ce n’est pas du tout cela qui est dit.

Elle veut dire que les frontières que l’État de classe et sa justice posent au travail socialiste suffisent pour utiliser tous les moyens, que l’on doit s’en tenir à ces (dé)limitations, que face aux attaques illégales de cet État, qui sont à chaque fois légalisées, on doit à tout prix reculer – la légalité à tout prix. Arrestations illégales, jugements de terreur, attaques de la police, chantage et pression par la magistrature – marche ou crève, les communistes ne sont pas si simplistes…

Cette phrase est opportuniste. Elle est non solidaire. Elle abandonne les camarades en tôle, elle exclu l’organisation et la politisation de tous ceux du mouvement socialiste qui à cause de leurs origines sociales et de leurs situations ne peuvent pas faire autre chose que survivre comme criminel: l’underground, le sous-proletariat, les innombrables jeunes prolétaires, les travailleurs immigrés.

Elle sert la criminalisation théorique de tous ceux qui ne se raccordent pas aux organisations. Elle est leur union avec la justice de classe. Elle est bête.

La légalité est une question de pouvoir. Le rapport entre légalité et illégalité est à définir par la contradiction entre l’exercice réformiste et fasciste du pouvoir, dont les représentants à Bonn est à présent la coalition social/libéral ici, Barzel/Strauss là-bas, dont les représentants publicistes sont par exemple le journal « Süddeutsche Zeitung », la revue « Stern », le troisième programme de radio-Cologne et de radio Berlin libre , le journal « Frankfurter Rundschau », du trust Springer, de la deuxième chaîne de télévision (ZDF), du courrier bavarois, de la police et de sa ligne munichoise ou du modèle berlinois, avec la justice du tribunal constitutionnel ici, la cour fédérale de justice là-bas.

La ligne réformiste vise à éviter les conflits par des promesses de réformes (dans le régime de semi-liberté par exemple), dans la mesure où elles évitent les provocations (la ligne souple de la police berlinoise et du tribunal constitutionnel de Berlin par exemple), par des reconnaissances verbales de malentendus (dans l’éducation publique dans la région de Hesse et à Berlin par exemple).

Cela appartient à la tactique du réformisme évitant les conflits que de se mouvoir à l’intérieur et un peu moins à l’extérieur de la légalité, cela lui donne l’apparence de la légitimité, l’apparence d’avoir les lois constitutionnelles sous le bras, cela vise l’intégration des contradictions, cela laisse tourner à vide la critique de gauche, disparaître, car cela les jeunes socialistes et le parti socialistes veulent le garder.

Que la ligne réformiste au sens d’une stabilisation à long terme de la domination capitaliste est la ligne la plus effective, on ne peut pas en douter, mais cela est lié à des présuppositions précises.

Elle présuppose la prospérité économique, car la ligne souple de la police munichoise est par exemple beaucoup plus coûteuse que le tour dur de la police berlinoise – comme le président de la police de Munich l’a présenté de manière évidente: « deux fonctionnaires avec des mitrailleuses tiennent 1000 personnes en échec, 100 fonctionnaires avec des matraques peuvent tenir 1000 personnes en échec. Sans de tels instruments on aurait besoin de 300 à 400 policiers ».

La ligne réformiste présuppose une opposition anticapitaliste peu ou pas du tout organisée – comme on le sait depuis l’exemple de Munich.

De surcroît la monopolisation du pouvoir étatique et économique grandit sous le manteau du réformisme politique, ce qu’entreprend Schiller avec sa politique économique et Strauss a imposé avec sa réforme financière – l’aggravation de l’exploitation par l’intensification du travail et la division du travail dans le domaine de la production, par des mesures à long terme de rationalisation dans le domaine de la gestion et des performances des services.

Que l’accumulation de violence dans les mains fonctionne avec un peu moins d’absence de résistance, quand on la mène silencieusement, quand on évite pour cela des provocations inutiles qui pourraient avoir pour suite des processus de solidarisation incontrôlables – on l’a appris du mouvement étudiant et de mai à Paris.

C’est pourquoi les cellules rouges ne sont pas encore interdites, c’est pourquoi le PC d’Allemagne est – sans levée de l’interdiction du PC d’Allemagne – autorisée comme PC allemand, c’est pourquoi il y a encore des émissions de télévision libérales et c’est pourquoi certaines organisations peuvent encore se permettre de ne pas se considérer comme aussi simplistes qu’elles le sont.

Le champ de la légalité que le réformisme propose est la réponse du capital aux attaques du mouvement étudiant et de l’opposition extra-parlementaire (APO) – tant qu’on peut se permettre la réponse réformiste, c’est la plus effective.

Miser sur cette légalité, compter sur elle, l’allonger métaphysiquement, l’estimer statiquement, ne vouloir que la défendre, c’est répéter la stratégie de zones d’auto-défense en Amérique latine, c’est ne rien avoir appris, laisser du temps à la réaction pour se former, se réorganiser, jusqu’à ce qu’elle, non pas illégalise la gauche, mais l’anéantit.

Willy Weyer ne joue même pas sur la tolérance, mais manoeuvre et rétorque à la presse libérale qui le critique de transformer par ses alcootests chaque automobiliste en criminel: « nous continuerons! » – montrant à l’opinion publique libérale son absence de signification.

Edouard Zimmerman fait de tout un peuple des policiers, le trust Springer a fait la direction de la police berlinoise, le journaliste du journal de Berlin (la BZ) écrit les ordres d’arrestations pour les juges berlinois. La mobilisation de masse au sens du fascisme, d’attaque, de peine de mort, de force de frappe, d’intervention – avec comme façade le new look que l’administration de Brandt, Heinemann et Scheel ont donné à la politique de Bonn.

Les camarades qui traitent si superficiellement la question de légalité et d’illégalité ont apparemment mal saisi le sens de l’amnistie par laquelle on a rendu inoffensif le mouvement étudiant . Dans la mesure où l’on supprime la criminalisation de centaines d’étudiants, ceux-ci reviennent de leur peur, on prévient à une radicalisation continue, on leur rappelle énergiquement à quel point les privilèges estudiantins ont de la valeur, malgré une université usine du savoir, l’ascension sociale.

Ainsi les barrières de classes entre eux et le prolétariat sont à nouveau formées, entre leur quotidien privilégié comme étude et le quotidien du travailleur et de la travailleuse dépendant/e des accords sur le salaire, qui n’ont pas été amnistié par le même ennemi de classe. Ainsi encore une fois la théorie a été coupé de la pratique. La compte – amnistie égale pacification – était bon.

L’initiative social-démocrate des électeurs, faite par certains écrivains honorables – pas seulement cet enfoiré de Grass – comme tentative d’une mobilisation positive, démocratique comprise comme défense contre le fascisme et ainsi à considérer, confond la réalité de certaines éditions et rédactions des médias, qui ne sont pas encore soumises à la rationalité des monopoles qui boîte derrière, avec le tout de la réalité politique.

Les domaines où la répression s’est aggravée ne sont pas ceux avec lesquels un écrivain a à faire en premier: prisons, justice de classe, guerre des tarifs salariaux, accidents du travail, consommation choisie, école, journal Bild et BZ (de Berlin), les casernes-appartements des banlieux, les ghettos pour étrangers – tout cela les écrivains le reçoivent au mieux de manière esthétique, pas politiquement.

La légalité est l’idéologie du parlementarisme, du partenariat social, de la société pluraliste. Elle devient un fétiche quand ceux qui s’en targuent ignorent que les téléphones peuvent être légalement écoutés, le courrier légalement contrôlé, les voisins interrogés légalement, les indics payés légalement, que l’on peut légalement surveiller – que l’organisation du travail politique, si elle ne veut pas être mise hors-circuit de manière permanente par l’attaque de la police politique, doit être en même temps légal et illégal.

Nous ne misons pas sur la mobilisation antifasciste spontanée par la terreur même, et le fascisme, et ne considérons pas la légalité comme une corruption et savons que notre travail fournit des prétextes, comme l’alcool de Willy Meyer et la criminalité en hausse pour Strauss, l’ostpolitik pour Barzel et le feu rouge que le yougoslave grille pour les taxis de Francfort, la main dans le sac pour le meurtrier du voleur de voiture à Berlin.

Et pour encore plus de prétextes, parce que nous sommes communistes, et qu’il dépend des communistes si la terreur et la répression n’amènent que peur et résignation, ou provoquent résistance et haine de classe et solidarité, si tout ici est net au sens de l’impérialisme est balancé par dessus bord ou pas. Parce que cela dépend si les communistes sont si naïfs pour tout se laisser faire ou utilisent la légalité entre autres pour organiser l’illégalité, au lieu d’en fétichiser l’un par rapport à l’autre.

Le sort du Black Panther Party et le sort de la Gauche Prolétarienne devaient découler d’une fausse appréciation, qui n’a pas réalisé la contradiction de fait entre constitution et réalité de la constitution, et de l’aggravation de celle-ci quand la résistance organisée fait son entrée.

Qui n’a pas réalisé que les conditions de la légalité, avec la résistance active, se modifient nécessairement et qu’il est pour cela nécessaire d’utiliser la légalité pour la lutte politique et en même temps pour l’organisation de l’illégalité, et qu’il est faux d’attendre l’illégalisation comme coup du sort imposé par le système, parce que l’illégalisation signifie l’écrasement immédiat, et que la question est alors réglée.

La fraction armée rouge organise l’illégalité comme position offensive pour l’intervention révolutionnaire.
Mener la guérilla urbaine, c’est mener la lutte anti-impérialiste de manière offensive. La fraction armée rouge pose le lien entre lutte légale et illégale, entre lutte nationale, entre lutte politique et lutte armée, entre la définition tactique et stratégique du mouvement communiste international.

La guérilla urbaine c’est, malgré la faiblesse des forces révolutionnaires en république fédérale et Berlin-Ouest, intervenir ici et maintenant de manière révolutionnaire!

Vous êtes partie prenante de l’aggravation ou de la solution du problème. Entre les deux il n’y a rien. Depuis des décennies et des générations on a contemplé et analysé la merde de tous les côtés. Je suis personnellement d’avis que la plupart des choses qui se passent dans ce pays n’ont pas besoin d’être analysées plus longtemps – dit Cleaver.

SOUTENIR LA LUTTE ARMÉE!
VICTOIRE DANS LA GUERRE POPULAIRE!

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Fraction Armée Rouge : Construire l’armée rouge! (1970)

Camarades du 883 [revue qui a été de 1968 à 1973 le principal organe de la scène « underground »], cela n’a aucun sens que d’expliquer ce qui est correct aux gens qui ne le sont pas.

Cela, nous l’avons suffisamment longtemps. L’action de libération de Baader, nous ne devons pas l’expliquer aux radoteurs intellectuels, à ceux qui flippent, à ceux qui savent tout sur tout, mais aux couches populaires potentiellement révolutionnaires.

C’est-à-dire, ceux qui peuvent immédiatement comprendre cet acte, parce qu’ils sont eux-mêmes prisonniers.

Ceux qui ne peuvent rien commencer avec le blabla des « gauches », parce que c’est sans conséquences et sans actions. Ceux qui en ont marre!

L’action de libération de Baader, vous devez l’expliquer aux jeunes du quartier de Märkisch, aux filles d’Eichenhof, à Ollenhauer, Heiligensee, aux jeunes du foyer pour jeunes, du centre d’aide à la jeunesse, à la maison verte [un foyer pour la jeunesse], au Kieferngrund [idem].

Aux familles nombreuses, aux jeunes travailleurs et aux apprentis, aux lycéens, aux familles des quartiers en rénovation, aux travailleurs de Siemens et d’AEG-Telefunken, de SEL et d’Osram, aux travailleuses mariées qui en plus du ménage et des enfants doivent travailler à la pièce – quelle merde !

C’est à eux qu’il faut diffuser l’action, parce qu’ils n’ont pas de dédommagements pour leur exploitation par le niveau de vie, la consommation, les Plans d’Epargne Logement, les petits crédits, la voiture moyenne. Eux qui ne peuvent pas se permettre tout ce bric-à-brac, qui ne pendent pas à tout ça.

Ceux qui ont découvert tout le caractère mensonger des promesses de futur de leurs éducateurs et professeurs et gérants d’immeuble et travailleurs sociaux et contremaîtres et responsables syndicaux et maires de quartiers, et qui n’ont peur encore que de la police. C’est à eux – et non pas aux intellectuels petits-bourgeois -, qu’il faut expliquer que c’est fini maintenant, que ça commence, que la libération de Baader n’est que le début!

Qu’une fin de la domination des flics est en vue!

C’est à eux qu’il faut dire que nous construisons l’armée rouge, que c’est leur armée.

C’est à eux qu’il faut dire que tout commence. Ils ne vous demanderont pas stupidement : pourquoi maintenant précisément? Ils ont derrière eux mille chemins vers les autorités et les administrations, la valse des procès, les salles d’attente, et toujours la date où cela a réussi et celle où ça n’a pas réussi.

Et la discussion avec la prof sympa, qui n’a pas pour autant empêché le transfert en lycée professionnel, et la responsable du jardin d’enfant qui elle non plus n’y pouvait rien qu’il n’y ait pas de place.

Eux ne vous demanderont carrément pas pourquoi maintenant!

Ils ne vous croiront certainement pas si vous n’êtes pas capables de diffuser le journal avant qu’il soit confisqué.

Parce que vous ne devez pas agiter les mange-merdes de gauche, mais les gauches objectives, vous devez construire un réseau de distribution inatteignable par les porcs.

Ne bavardez pas comme quoi c’est trop dur. L’action de libération de Baader n’était pas non plus une sinécure. Si vous avez compris ce qui se passe (et vos commentaires montrent que vous avez compris, mais c’était de la merde opportuniste de trous de culs que de dire que vous auriez vous aussi une balle dans le ventre), si vous avez compris quelque chose, vous devez organiser de manière meilleure la diffusion. Et nous ne vous dirons pas plus sur les méthodes que sur les plans d’actions – bandes d’emprisonnés dans les tourbières! Tant que vous vous laissez choppés, vous ne pouvez pas donner de conseils aux gens pour qu’ils ne se fassent pas chopper. Qu’est-ce que l’aventurisme? S’introduire soi-même des indics. Alors.

Qu’est-ce que cela signifie, porter les conflits à leur pointe? Cela signifie : ne pas se laisser massacrer.

C’est pourquoi nous construisons l’armée rouge. Derrière les parents il y a les professeurs, le juge pour enfants, la police.

Derrière le contremaître il y a le chef, le bureau du personnel, la protection du travail, le travailleur social, la police.

Derrière le concierge il y a le gérant, le propriétaire, l’huissier, la menace d’expulsion, la police.

Ils arrivent par cela ce que les porcs font avec les censures, les licenciements, les renvois, avec les scellés et les matraques. Évidemment qu’ils saisissent leurs armes de service, au gaz lacrymogène, aux grenades et aux mitraillettes, évidemment qu’ils font l’escalade des moyens, s’ils n’y arrivent pas autrement.

Évidemment que les Gis au Vietnam sont formés de manière nouvelle à la tactique de la guérilla, que les bérets verts ont des cours sur la torture. Et alors?

Il est clair que les peines seront alourdies pour les politiques. Vous devez rendre clairs le fait que c’est de la merde social-démocrate que de prétendre que l’impérialisme, avec tous ses Neubauer [sénateur de Berlin] et Westmoreland [commandant des forces US au Vietnam de 1964 à 1968 puis chef d’état-major], Bonn [capitale administrative], le sénat, le tribunal pour jeunes et les administrations d’arrondissements, tout le bordel des porcs, se laisserait noyauter, balader, prendre au dépourvu, intimider, dissoudre sans combat.

Rendez clair le fait que la révolution ne sera pas une balade printanière. Que les porcs feront l’escalade des moyens aussi loin qu’ils le pourront, mais également pas plus loin.

Afin que les conflits puissent en arriver à être accentués jusqu’à leur résolution, nous construisons l’armée rouge.

Sans construire en même temps l’armée rouge, tout conflit se gâte, devient réformisme tout travail politique dans l’entreprise et à Wedding [quartier de Berlin-Ouest] et dans le Märkischen Viertel [cité-dortoir de Berlin-Ouest] et à la Plötze [prisons pour femmes de Berlin-Ouest / Plötzensee] et dans la salle du procès, c’est-à-dire: vous n’en arrivez qu’à de meilleurs moyens disciplinaires, de meilleures d’intimidation, de meilleures méthodes d’exploitation. Cela casse le peuple et ne casse pas ce qui casse le peuple! Sans construire l’armée rouge, les porcs peuvent tout faire, les porcs peuvent continuer: enfermer, licencier, hypothéquer, voler les enfants, intimider, tirer, dominer.

Faire que les conflits puissent en arriver à être accentués jusqu’à leur résolution, cela signifie: qu’ils ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent, mais qu’ils doivent faire ce que nous nous voulons.

C’est à eux à qui vous devez le rendre clair, ceux qui n’ont rien de l’exploitation du tiers-monde, du pétrole perse, des bananes de Bolivie, de l’or sud africain, qui n’ont aucune raison de s’identifier aux exploiteurs. Eux peuvent capter cela, que ce qui se commence ici a déjà commencé, au Vietnam, en Palestine, au Guatemala, à Okland et Watts, à Cuba et en Chine, en Angola et à New York.

Eux captent cela, si vous leur expliquez, que l’action de libération de Baader n’est pas une action unique et isolée, qu’elle ne l’a jamais été, mais la première de ce type en RFA. Nom de dieu.

Ne restez pas assis sur le sofa de ton appartement perquisitionné en comptant les amours et les petits esprits mesquins. Construisez l’appareil de diffusion correct, laissez tomber les flippés, les mangeurs de choux, les travailleurs sociaux, ceux qui ne cherchent qu’à gagner des faveurs, le pack de Lumpen.

Débrouillez-vous pour savoir où sont les foyers et les familles nombreuses et le sous-prolétariat et les femmes prolétaires, qui ne font qu’attendre de pouvoir frapper dans la gueule ceux qui le méritent.

Eux prendront la direction. Et ne vous faites pas attraper, et apprenez d’eux comment on fait pour ne pas se faire attraper, ils en savent plus que vous.

Élargir les luttes de classes
Organiser le prolétariat
Commencer avec la lutte armée
à construire l’armée rouge !

RAF, 5.6.1970

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Ernst Aust sur la section RDA du KPD/ML (1976)

Bien que dans l’illégalité profonde, le PCA / ML a été mis en place en Allemagne de l’Est!

Mesdames et Messieurs,

en dépit de la profonde terreur fasciste, dans l’année 1975-1976, la section de notre parti, le PCA / ML, a été fondée en RDA. 20 ans après que le socialisme en Allemagne de l’Est a été trahis par la clique Ulbricht-Honecker et une nouvelle classe exploiteuse vassal de Moscou a pris le pouvoir à Berlin-Est, la classe ouvrière en Allemagne de l’Est a de nouveau une direction révolutionnaire, un parti communiste vraiment révolutionnaire!

Lorsque notre parti ici dans l’Ouest, a été fondé en 1968, nous avons écrit dans la déclaration de fondation:

« Tant la bourgeoisie monopoliste de l’Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est a trahi les intérêts sociaux et nationaux du peuple allemand, qui ont sacrifié les intérêts de l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique de dominer le monde. Ni le gouvernement de Bonn ou le Berlin-Est ont le droit de parler pour le peuple allemand. Par conséquent, la révolution prolétarienne en Allemagne est un besoin objectif. »

L’Allemagne appartient au peuple Allemand! Sous la direction du PCA / ML, la classe ouvrière à la fois dans la République fédérale, comme en Allemagne de l’Est va mener la révolution socialiste et établir la dictature du prolétariat – dans la ligne au front mondial contre les deux superpuissances: les Etats-Unis et les Russes impérialistes – et les combats par l’Allemagne et l’Europe unies, indépendantes et socialistes.

« Oui, mais …? »

Souvent, nos camarades de parti quand ils vendent notre journal et à d’autres occasions, ils entendent, « Merci mais non! » Et ce ne sont pas toujours une manifestation de camarades ignorants ou réactionnaires. Pour beaucoup, cela était tout simplement la façon dont ils définissent leur colère et leur indignation contre le système de suppression sociale-fasciste à Berlin-Est. Seulement, nous ne devons pas nous livrer à la propagande bourgeoise d’Orient et d’Occident, qui dispose également que ce régime est communiste ou socialiste.

Un Etat qui ne peut contrôler leur population qu’à travers les murs et de barbelés, miradors et sentinelle de vol et de l’émigration, est tout sauf un « Etat ouvrier et paysan». A cette époque, peu de temps après la guerre, il était différent. A cette époque, après la défaite du nazisme et de la destruction de ses fondamentaux économiques, nos frères de classe en Allemagne de l’Est ont vraiment commencé à construire le socialisme. A propos de la jeune socialiste RDA reposait l’espoir de tout le prolétariat Allemand.

A cette époque, avec un grand risque, des milliers ont essayé d’aller à la RDA, ce qui a été rejetée par les forces de police de l’Allemagne de l’Ouest par la force. Et pourtant, ils allaient et ils retournent des grands événements des masses révolutionnaires, comme le Festival mondial de la Jeunesse en 1952.

La RDA – un vassal sociale-fasciste de Moscou!

Mais de façon similaire à la prise du pouvoir par les révisionnistes Khrouchtchéviens dans l’Union Soviétique, aussi dans la RDA il y avait un processus de dégénérescence similaire dans les années 50 avec le PSUA. Nos camarades de la RDA décrivent dans sa déclaration fondation:

« Au lieu de renforcer l’ordre socialiste, le PSUA poursuivait un économisme d’incitations matérielles. Au lieu de la révolution idéologique des masses, il y avait les formalités administratives et la promotion de la pensée bourgeoise. Les révisionnistes ont transformé le PSUA dans un parti bourgeois, social-fasciste. »

Puis vint la construction du mur, l’ordre de tirer. Le socialisme a été trahi par le PSUA, qu’a complètement abandonné la lutte pour l’unité nationale Allemande. La RDA a été transformée en un Etat capitaliste, seulement au lieu de capitalistes individuels identifiés il y a le capitalisme d’Etat qui exploite les travailleurs.

Les révisionnistes ont saisi l’appareil d’Etat et ont transformé les organes de la dictature du prolétariat dans les organes de son gouvernement bourgeois. Ils mettent en place un régime social-fasciste, qui est «socialiste» seulement en paroles mais fasciste en actes.

Aujourd’hui, la classe ouvrière est de plus en plus exploitée et opprimée, puisque la RDA est devenue un état vassal des nouveaux tsars du Kremlin, qui détiennent et pillaient la RDA à travers son occupation militaire.

Pour mener à bien la révolution socialiste, la restauration du parti communiste révolutionnaire était absolument nécessaire dans la RDA. Sous sa direction, nos camarades d’Allemagne de l’Est iront expulser les occupants Russes et vont faire tomber le régime Honecker.

Alors, quand la classe ouvrière tenant à nouveau le pouvoir et la dictature du prolétariat victorieux est établi, puis tous les esclavagistes accords, lois et la Constitution de la RDA qui entravent « pour toujours et irrévocablement » notre peuple avec les voleurs Russes sont déchirés! Il est également la façon dont nous avons à traiter avec «nos» capitalistes et les occupants Américains ici. Ensuite, rien ne nous empêchera d’avoir une Allemagne et une Europe unies, indépendantes et socialistes.

Le communisme ne peut pas être interdit – nulle part!

« Eh bien, » ont dit certains camarades quand ils ont appris de la fondation de notre parti dans la RDA, « mais qu’est-ce que vous allez faire? » Il est vrai. Les conditions sont difficiles. La STASI (la Sécurité d’État, la Gestapo de l’Allemagne de l’Est) est la. Nous savons ce qui se passe avec les vrais Marxistes-Léninistes qui y sont pris. Prison, les camps de travail ou « hôpital psychiatrique », disparaissant souvent pour ne jamais revenir.

Un mot seulement contre les occupants Russie, écrit au crayon sur le mur d’une maison, peut donner au moins deux ans de prison. Mais même malgré l’horreur inimaginable (en URSS, le nombre de prisonniers politiques est maintenant dans les millions!), vous ne pouvez pas faire revenir en arrière la roue de l’histoire. Le communisme ne peut pas être interdire en nulle part.

En raison de la conscience de classe de la classe ouvrière, sa haine révolutionnaire contre la classe dirigeante et contre sa dictature recevez chaque jour de nouveaux aliments. Avec chaque peine de mort prononcée contre les prisonniers politiques qui disparaissent dans les camps de travail, le système génère des dizaines de nouveaux ennemis.

La meilleure preuve de ce sont nos compagnons Polonais. Le Parti Communiste illégal de la Pologne, qui doit aussi lutter dans la clandestinité, a récemment célébré son 10º (!) anniversaire, plus fort et mieux ancré dans les masses que jamais.

Il est un tel succès que même les agences de renseignement et de terreur Polonais et Russes n’ont pas réussi à le détenir. Le parti a mené le soulèvement des travailleurs dans les ports et chantiers navals en 1970 à Gdansk, Szczecin et d’autres villes. Sûrement notre Section de RDA va par cette voie victorieuse.

Bien sûr, les camarades ont besoin de notre aide avec leur lutte. Nous devons les soutenir en achetant le journal «Demain Rouge» et des dons à notre compte. Ainsi, chaque centime donné par ses camarades et frères de classe de l’Allemagne de l’Ouest seront convertis dans une claque dans le visage de la clique révisionniste de Honecker et de ses patrons Russes!

Battons-nous avec le PCA / ML en Orient et en Occident!

Vers une Europe et une Allemagne unies, indépendantes et socialistes!

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