Il est de fait obscur de chercher à déterminer un date définitive à laquelle l’Humanité se serait constituée de manière évidente. Le processus a été progressif et s’est étalé sur des centaines, voire des milliers d’années. Un certain nombre de points se dégagent, cependant, permettant déterminer les contours de cette émergence vers son origine.
Avec les énormes distances, ainsi que la faiblesse parfois considérable des échanges, le développement inégal des premiers groupes humains a pris des formes extrêmement variables et a suivi des rythmes différents, mais qui obéissent néanmoins à une direction commune dans les grandes lignes.
Ainsi, le langage et les langues diverses par exemple ont pris forme très anciennement, avec toutefois des modalités comparables, autorisant toutes les symbioses et les combinaisons possibles. Les linguistes ont ainsi abandonné l’idée d’une « langue originelle », tant les formes ont été fluides et mouvantes d’aussi loin que l’on puisse remonter. Même encore aujourd’hui, on compte ainsi plus de 6000 langues au sein de l’Humanité, bien que ce chiffre aille dans le sens de se réduire du fait de la fusion continue.
Et avant d’en arriver là, il a fallu des centaines de milliers d’années pour que l’espèce humaine se dégage des espèces de primates auxquelles elle a été apparentée à l’origine. On ne dispose que d’une documentation lacunaire pour bien cerner cette vaste période : quelques centaines de squelettes incomplets, des traces matérielles plus ou moins significatives.
Mais on peut être certain que le mouvement d’évolution fut riche, buissonnant et dynamique. Ainsi, il est manifeste que de nombreuses espèces d’Hominidés se développèrent, certaines aboutissant apparemment à des impasses, comme l’espèce australopithèque afarensis rendue célèbre par le squelette que les archéologues ont appelé « Lucy ». Mais la synthèse a fini par faire émerger une espèce fusionnant les autres, s’étant mieux adaptée dans la durée : Homo sapiens.
La dernière de ces fusions, la moins mal connue aussi, ayant été celle de sapiens avec neanderthalis en une espèce commune, mais largement dominée par sapiens : Homo sapiens sapiens. Le moteur de ces évolutions et de ces fusions successives fut le rôle déterminant joué par la relation et le développement du système nerveux central organisé autour du cerveau et des fonctions cognitives qu’il commande, avec les membres du corps humain.
Ce fut-là la différenciation qualitative la plus décisive qui aboutit à séparer les hominidés du reste des primates. Les membres inférieurs se développant toujours plus, les hominidés primitifs acquirent une mobilité leur permettant très vite de se diffuser loin de leurs écosystèmes originels, ce qui a entraîné toute une série d’évolutions pour adapter les organismes à de nouvelles conditions.
L’usage de la main, comme premier outil, fut ici une autre étape décisive, entraînée dans le même mouvement que la première. L’usage toujours plus complexe de la main entraîna de profondes mutations dans le cerveau, pour mémoriser les gestes, en accomplir de nouveaux, pour les transmettre.
Les groupes d’hominidés, dispersés sur toute la surface de la planète pratiquement, ont ainsi approfondi leur collaboration, maintenant une circulation intense en raison de leur faible nombre et de la nécessité de trouver des ressources, puis même de les produire. Cela a poussé nécessairement à la fusion, au point que malgré toute sa diversité morphologique, l’Humanité est parvenue très tôt à une profonde unité génétique. Depuis près de 200 000 ans maintenant, il n’existe ainsi plus que l’espèce sapiens sapiens.
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