Le pacte du Parti communiste (SFIC) et du Parti socialiste (SFIO) en 1934

Il faut bien avoir à l’esprit le climat mondial qui existe au moment du rapprochement des socialistes et communistes de la région parisienne ; c’est en effet cela qui oblige dans les faits les rapprochements à se solidifier.

Ainsi, le Japon commence à s’affirmer comme puissance militaire et n’hésite pas à présenter l’URSS comme une cible ; en Autriche, le chancelier fasciste Engelbert Dollfuss est assassiné le 25 juillet 1934 lors d’une tentative de coup d’État nazi. On parle ici du pays où se trouvait la social-démocratie la plus puissante et la plus à gauche, qui s’est fracassée sur la répression.

Le 27 juillet 1934, le Parti communiste (SFIC) et le Parti socialiste (SFIO) signent un document commun, qui forme un « pacte ».

« LE PACTE

Se sont rencontrés, hier, à la Maison des Coopérateurs, les délégués du Parti socialiste et du Parti communiste,

Savoir : THOREZ, GITTON, Jacques DUCLOS, SOUPE et MARTEL pour le Parti communiste,

Et SEVERAC, LEBAS, LAGORGETTE, DESCOURTIEUX, JUST, BLUMEL, ZYROMSKI pour le Parti socialiste.

Ils se sont mis d’accord sur le pacte dont voici le texte :

Le Comité central du Parti communiste et la Commission administrative permanente du Parti socialiste sont animés de la volonté de battre le fascisme.

Il est clair que ce but ne peut être atteint que par l’action commune des masses laborieuses pour des objectifs précis de lutte. L’intérêt de la classe ouvrière exige donc que le Parti socialiste et le Parti communiste organisent cette action commune contre le fascisme.

En présence du danger que représente le fascisme pour la population laborieuse, des attentats organisés par les bandes armées centre le prolétariat, le Parti communiste et le Parti socialiste reconnaissent la nécessité de mener d’un commun accord l’action déterminée et en précisent ainsi les modalités et les conditions :

I. Le Parti socialiste et le Parti communiste signent un pacte d’unité d’action par lequel ils s’engagent à organiser en commun et à participer avec tous leurs moyens (organisations, presse, militants, élus, etc…) à une campagne dans tout le pays, ayant pour but :

a) Mobiliser toute la population laborieuse contre les organisations fascistes, pour leur désarmement et leur dissolution ;

b) Pour la défense des libertés démocratiques, pour la R. P. [représentation proportionnelle] et la dissolution de la Chambre ;

c) Contre les préparatifs de guerre ;

d) Contre les décrets-lois ;

e) Contre la terreur fasciste en Allemagne et en Autriche, pour la libération de [l’Allemand et dirigeant du KPD] Thaelmann et de [l’Autrichien, maire de Vienne et SDAP] Karl Seitz, et de tous les antifascistes emprisonnés.

II. Cette campagne sera menée au moyen de meetings communs dans le plus grand nombre possible de localités et d’entreprises au moyen de manifestations et contre-manifestations de masses dans la rue, en assurant l’auto-défense des réunions ouvrières, des manifestations, des organisations et de leurs militants ; et en veillant toujours à ce que les conditions psychologiques, matérielles et morales, pour leur donner le maximum d’ampleur et de puissance soient réunies.

La campagne contre les décrets-lois sera menée par les mêmes moyens (meetings et manifestations), mais aussi en mettant en œuvre les méthodes d’agitation et d’organisation propres à aboutir à la réalisation d’une large action de lutte contre les décrets-lois.

Si, au cours de cette action commune, des membres de l’un ou de l’autre parti se trouvent aux prises avec des adversaires fascistes, les adhérents de l’autre parti leur prêteront aide et assistance.

III. Au cours de cette action commune, les deux partis s’abstiendront réciproquement d’attaques et critiques contre les organismes et militants participant loyalement, à l’action.

Toutefois, chaque parti, en dehors de l’action commune, gardera son entière indépendance pour développer sa propagande, sans injures ni outrages à l’égard de l’autre parti, et pour assurer son propre recrutement.

Quant aux manifestations d’action commune, elles doivent être exclusivement consacrées à l’objet commun et ne pas se transformer en débats contradictoires touchant à la doctrine et à la tactique des deux partis.

IV. Chaque Parti s’engage à réprimer les défaillances et les manquements qui pourraient se produire dans le sein de ses propres organisations en ce qui concerne l’action commune engagée.

Un comité de coordination composé de sept délégués de chacun des deux partis est constitué pour fixer le plan d’ensemble et le caractère des manifestations communes. Ce comité sera saisi des litiges et conflits qui pourraient surgir. Les décisions de ce comité seront consignées dans un procès-verbal, rédigé en commun, et portées à la connaissance des travailleurs. »

Le 29 juillet, 50 000 travailleurs vont au Panthéon à Paris en l’honneur de Jean Jaurès ; le 24 août un meeting commun est réalisé contre la menace impérialiste japonaise à l’égard de l’URSS à la salle Bullier avec 10 000 personnes. Le 2 septembre à Garches en banlieue parisienne la fête de L’Humanité est un grand succès.

Voici le programme, où on peut voir que la fête ouvre… avec les trompes de chasse d’une chasse à cour! C’est tout simplement lamentable et le fait que cela soit mis en place en dit long sur le niveau idéologique et culturel dans le PCF.

Le 21 septembre a lieu un meeting en soutien aux socialistes et communistes italiens, encore à la salle Bullier.

C’est le début d’une unité d’action socialiste-communiste qui ne s’arrêtera plus et constitue déjà le noyau dur du Front populaire en formation.

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et la construction du Front populaire en 1934-1935