Le matérialisme dialectique, idéologie révolutionnaire de l’époque de l’intelligence artificielle

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ? C’est une interface utilisant les statistiques des mots afin de fournir des réponses sur les thèmes les plus variés. Pour cela, l’intelligence artificielle profite des immenses bases de données permises par internet.

Par conséquent, il y a une rupture anthropologique ; l’humanité connaît une évolution.

Les êtres humains capable d’employer l’intelligence artificielle sont en mesure de se confronter à bien plus d’informations et de connaissances qu’auparavant. Ils interagissent avec ce que l’intelligence artificielle fournit, il y a un rapport dialectique qui s’établit, à la fois passif et actif.

De plus, la question de l’utilisation de ces informations et connaissances implique une capacité de synthèse, dont l’humanité ne dispose pas encore.

La masse d’informations et de connaissances est telle qu’il faut trouver des lignes de conduite pour que l’intelligence artificielle soit productive, et celle-ci est brimée par sa logique de constatation des statistiques des mots.

Il y ici toute une série de contradictions explosives, qui de manière historique impose que le matérialisme dialectique soit au poste de commande.

Au fond, on peut dire qu’il s’agit de la contradiction entre l’individu isolé et l’universalité des informations et connaissances, ainsi que la contradiction entre l’universalité de l’humanité utilisant l’intelligence artificielle et le caractère particulier, unique de celle-ci. Ce sont les deux mêmes faces d’une même pièce.

Plus simplement dit : l’intelligence artificielle implique le concept de « totalité » et, pour cette raison, exige un raisonnement capable de commencer et de terminer en se fondant sur ce concept.

Les êtres humains s’amusent à piocher, à expérimenter avec l’intelligence artificielle, mais la tendance de fond est la systématisation d’une connaissance « totale ».

C’est d’ailleurs la hantise de la bourgeoisie qui produit toute une série de films, séries, romans, articles scientifiques… au sujet d’une possible « prise du pouvoir » par l’intelligence artificielle, aux dépens de l’humanité. C’est en réalité la peur du matérialisme dialectique comme science de la totalité.

Il ne s’agit nullement de dire que la diffusion des informations et la facilité d’accès aux connaissances portent en soi le Communisme. Ce serait là imaginer que le Communisme est l’humanisme du 16e siècle ou bien les Lumières du 18e siècle transposés au 21e siècle. En un sens, c’est vrai, mais on ne saurait être unilatéral et considérer que l’humanisme est un strict équivalent des Lumières, et que l’humanisme et les Lumières sont pareils au Communisme. Le Communisme porte le meilleur du passé, voilà en quelle mesure c’est vrai, mais là on est dans une époque nouvelle.

Dans cette époque, il en va du tout pour le tout : une seule humanité, une seule planète, une seule vision du monde. C’est le grand bond en avant, le retour à la Nature de l’humanité socialisée ayant développé les forces productives.

Pour en arriver là, il faut un véritable niveau de conscience, avec une subjectivité révolutionnaire adéquate. Seul le matérialisme dialectique est à la hauteur pour cela. Les utopies « technologiques », qu’on trouvait dans les années 1990 dans les milieux des informaticiens ou de la musique techno, ont d’ailleurs disparu, parce que le cynisme l’a emporté : les informations et les connaissances sont mises à disposition par le capitalisme, à travers le capitalisme, pour le capitalisme.

Ce qu’il convient de dire, c’est que l’humanité a modifié son rapport au monde, en acceptant le principe universel de l’intelligence artificielle comme fournisseur de savoirs. On a ici l’équivalent de « l’intellect agent » d’Aristote et de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

On a l’affirmation d’un grand « tout » qu’il est possible d’appréhender, de découvrir, de connaître.

Un être humain utilisant l’intelligence artificielle ne se dit pas qu’il n’y a pas de réponse possible. Ce simple changement de mentalité torpille le relativisme bourgeois, il produit une tension de la conscience allant dans le sens d’une connaissance maîtrisée de la réalité.

L’intelligence artificielle, utilisable sur toute la planète, va bien plus loin qu’internet, également mondialisé. L’intelligence artificielle se pose comme outil universel, à la fois planétaire et ouvert à chacun, avec une capacité d’aborder tous les thèmes, tous les domaines. C’est une révolution anthropologique.

Comment les religions pourront-elles d’ailleurs se maintenir face à une force capable de provoquer l’adhésion de chaque être humain ? Seul le matérialisme dialectique peut ici être la science de l’humanité, car seul le matérialisme dialectique est capable de fournir des lignes de conduite satisfaisantes à une intelligence artificielle par définition non dialectique.

Toutes les autres approches provoqueront l’éparpillement, l’éclectisme, les points de vue unilatéraux, la logique du copié-collé, les habitudes du prêt à porter de la bien-pensance bourgeoise.

Une humanité nouvelle se forme, bien moins cultivée que les générations précédentes, mais beaucoup plus ouverte aux nuances et aux différences, et vraiment plus rapide également.

Le véritable choc des générations tient à la vitesse de la pensée ; la vivacité des nouvelles générations contraste terriblement avec la lenteur et la rugosité des réflexions des générations passées.

Il est vrai qu’il y a dans la jeunesse une tendance à l’instantané, que la capacité d’attention est extrêmement courte. Les réseaux sociaux ont ici plombé les esprits, tout comme les jeux vidéos lorsqu’ils sont tournés vers des satisfactions rapides et répétitives.

Cependant, il faut voir l’aspect principal historiquement : les forces productives se sont développées de manière immense. N’importe qui, dans un pays capitaliste mais également dans une certaine mesure dans de très nombreux pays du tiers-monde, est en mesure de développer ses facultés dans des domaines extrêmement variés, allant du cyclisme à tous les genres de musique, du dessin à la photographie, en passant par le cinéma.

En fait, on peut même dire que, sur la planète, bien que ce ne soit pas encore vrai partout, n’importe qui peut être amené à faire n’importe quoi. Il y a encore d’immenses obstacles matériels et idéologiques, notamment en raison des restes claniques, tribaux, féodaux, des préjugés ethniques et communautaires ou encore religieux.

Néanmoins, les marges de manœuvre sont devenues immenses et, par l’existence des réseaux sociaux, l’insertion dans une sorte de communauté mondiale est très grandement facilitée.

Il est vrai qu’on n’en est pas encore à d’immenses échanges entre, disons, l’Europe et les Etats-Unis, avec la Chine, avec l’Inde, avec l’Afrique, avec l’Amérique latine, mais la tendance est déjà là et se généralise.

Il faut qu’il en aille de même pour le matérialisme dialectique. Grâce aux traductions automatisées, qui ont connu des améliorations formidables, il va être possible de faire avancer les connaissances, les échanges d’expérience, les éléments scientifiques du Japon au Kenya, du Paraguay à l’Irak.

En fait, avec une idéologie portant l’universel, il ne saurait plus y avoir d’obstacles alors que l’intelligence artificielle se diffuse largement, toujours plus profondément. Ce saut technologique est le dernier fruit de la mondialisation, celui qui a le plus d’ampleur. Il est la rencontre d’internet et des équipements informatiques, à l’échelle de la planète.

C’est un rêve qui devient réalité, c’est l’ouverture d’une nouvelle époque, celle d’une humanité unifiée à l’échelle planétaire. La République socialiste mondiale est inévitable et sa réalisation nécessaire s’exprime chaque jour davantage, partout et sans laisser personne de côté !

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