Dans le prolongement de l’interprétation « historique » de Staline, le document du Comité Central intitulé sur « Le dépassement du culte de la personnalité et ses conséquences » a une interprétation « psychologique » de Staline, qui s’associe inévitablement à la remise en cause de l’appareil de sécurité d’État.
La voici :
« Occupant pendant une longue période de temps le poste de secrétaire général du C.C. du Parti, J.V. Staline a lutté activement, avec d’autres dirigeants, pour appliquer les préceptes léninistes. Il était dévoué au marxisme-léninisme en tant que théoricien et grand organisateur.
Il a dirigé la lutte du parti contre les trotskistes, les opportunistes de droite, les nationalistes bourgeois, contre les manœuvres de l’encerclement capitaliste. Staline a acquis une grande autorité et une popularité dans cette lutte politique et idéologique.
Cependant, on commença à lier à son nom toutes nos grandes victoires, ce qui était une erreur. Les succès remportés par le Parti communiste et le pays des Soviets, la glorification de son nom lui tournèrent la tête. C’est dans cette situation que le culte de Staline commença à se former progressivement.
Le développement de ce culte fut favorisé, dans une mesure considérable, par certains traits individuels de J.V. Staline, dont le caractère négatif avait déjà été indiqué par V.I. Lénine.
À la fin de 1922, V. Lénine adressait au congrès du parti une lettre qui disait : « Le camarade Staline devenu secrétaire général a concentré dans ses mains un pouvoir illimité, et je ne suis pas sûr qu’il saura toujours s’en servir avec assez de prudence. (…) Staline est trop brutal, et ce défaut tout à fait tolérable entre nous, communistes, devient intolérable au poste de secrétaire général. C’est pourquoi je propose aux camarades d’examiner le moyen de déplacer Staline de ce poste et de nommer quelqu’un d’autre, qui aurait sur le camarade Staline cette seule supériorité d’être plus tolérant, plus loyal, plus poli (…), moins capricieux, etc. » (…)
Maintenu au poste de secrétaire général du Comité central, Staline tint compte des remarques critiques de Vladimir Illitch dans la première période après la mort de celui-ci. Cependant, par la suite, Staline qui avait surestimé immensément ses mérites, crut en sa propre infaillibilité.
Certaines restrictions de la démocratie du parti et de la démocratie soviétique, inévitables dans les conditions de la lutte acharnée contre l’ennemi de classe et ses agents, puis plus tard dans les conditions de la guerre contre les envahisseurs fascistes allemands, Staline commença à les introduire comme règle dans la vie du parti et de l’État, violant grossièrement les principes léninistes de direction (…).
Staline se trouvait, en fait, hors de la critique. La formule erronée de Staline, selon laquelle à mesure que l’Union Soviétique progresse vers le socialisme la lutte de classe s’aggravera davantage, a causé un grand préjudice à la cause de la construction socialiste, au développement de la démocratie à l’intérieur du parti et de l’État (…) .
Cette formule théorique erronée servit, en pratique, pour justifier les violations les plus grossières de la légalité socialiste et la répression de masse. C’est justement dans ces conditions qu’était créée notamment une situation particulière pour les organismes de la sécurité d’État (…), au contrôle de ces organismes par le parti et le gouvernement se substitua progressivement le contrôle personnel de Staline, et l’administration habituelle de la justice fut souvent remplacée par ses décisions personnelles.
La situation se compliqua encore davantage lorsque la bande criminelle de Beria, agent de l’impérialisme international, se trouva placée à la tête des organismes de la sécurité d’État.
La légalité soviétique fut gravement violée et des répressions en masse furent déchaînées. Nombre de communistes et de Soviétiques sans-parti honnêtes ont été calomniés et ont souffert, sans l’avoir mérité, par suite des manœuvres des ennemis. »
La dénonciation révisionniste de Staline va toujours avec la condamnation :
– de l’appareil de sécurité d’État ;
– de la théorie de l’aggravation de la lutte des classes dans la construction du socialisme ;
– de « l’arbitraire » dominant dans le cadre des deux éléments précédents.