Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • Manifeste – Programme du PCE(r)

    Parti Communiste d’Espagne (reconstitué)

    décembre 1998

    Introduction

    1. Les lois et les forces motrices du développement social
      1.1. La contradiction entre les forces productives et les relations de production
      1.2. Le processus de production capitaliste
      1.3. Les classes et la lutte de classes
      1.4. L’impérialisme, dernière étape du développement du capitalisme
    2. Particularités du capitalisme et de la lutte de classes en Espagne
      2.1. L’établissement des relations capitalistes de production
      2.2. Le soulèvement fasciste et la révolution populaire
      2.3. Un développement lié au terrorisme d’État
      2.4. La trahison carrilliste (du groupe de Carrillo)
    3. Le nouveau contexte de la lutte de classes
      3.1. La reconstruction du Parti
      3.2. La réforme politique du régime
      3.3. Conséquences économiques et sociales de la crise
      3.4. La nouvelle voie de l’impérialisme espagnol
    4. Programme
    5. Ligne Politique
      5.1. Le principal objectif de l’action politique du Parti
      5.2. Renforcer l’organisation indépendante de la classe ouvrière
      5.3. Organiser le mouvement de résistance populaire
      5.4. La lutte de résistance
      5.5. Assurer l’orientation politique du mouvement guérillero
      5.6. La lutte contre l’oppression nationale
      5.7. La lutte contre l’impérialisme et le péril de guerre
      5.8. Mener à bien la révolution dans notre pays et contribuer à son triomphe dans le monde entier
    6. Programme général du Parti pour la transition au communisme
      6.1. Nécessité historique de la dictature du prolétariat
      6.2. La politique économique dans la période de transition
      6.3. Transformation et développement intégral de l’homme

    Pour être effectif, le programme ne doit pas être seulement un instrument de cohésion idéologique de la partie la plus consciente du prolétariat, mais il doit aussi constituer une synthèse scientifique et cohérente de la voie à suivre pour atteindre les objectifs révolutionnaires dans chaque phase historique déterminée.

    Introduction

    Sans théorie révolutionnaire, il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire. Ces mots de Lénine soulignent la nécessité du programme du Parti comme instrument indispensable, sans lequel il n’est pas possible d’organiser le prolétariat ni l’orienter pour qu’il mène consciemment à bien sa révolution.

    Pour être efficace, le programme doit non seulement être un instrument de cohésion idéologique de la partie la plus consciente du prolétariat; mais il doit être aussi une synthèse scientifique et cohérente de la voie à suivre pour atteindre les objectifs révolutionnaires de chaque phase historique déterminée.

    La théorie marxiste ne se limite pas à expliquer la réalité sociale; elle vise, surtout, à la transformer. D’où le rôle actif et parfois décisif que la théorie joue. Les conditions historiques objectives (économiques, sociales, politiques, etc.) ne suffisent pas, seules, au triomphe de la révolution. Pour que la victoire révolutionnaire se produise, il faut, en plus, l’intervention des forces révolutionnaires, du facteur subjectif.

    Entre les facteurs objectifs et subjectifs d’une situation, il existe une relation constante: quand le subjectif s’accorde avec le monde objectif, la révolution avance; quand le subjectif ne s’accorde pas avec le monde objectif ou s’il se trouve en contradiction ouverte avec lui, alors la révolution stagne, et pire, recule. Cela fait apparaître une fois de plus l’importance du facteur subjectif, et principalement de la ligne marxiste-léniniste juste pour le triomphe de la révolution.

    Aujourd’hui, au moment où le mouvement ouvrier et communiste traverse une des plus graves crises de son histoire, la nécessité du programme apparaît plus pressante que jamais. La contre-révolution dans l’ex-Union Soviétique et les autres ex-pays socialistes, a clairement mis en évidence la trahison révisionniste et l’échec total de ses théories et pratiques. Ces deux facteurs auront une influence favorable sur le processus de réorganisation du mouvement communiste.

    Cependant, la réaction bourgeoise, dans sa campagne anticommuniste renouvelée, pressente la faillite du révisionnisme, c’est-à-dire, le complet échec de son idéologie et de sa politique pour la classe ouvrière, comme la déroute du communisme. Pour la classe exploiteuse il s’agit, avant tout, de discréditer le marxisme-léninisme, en niant sa valeur et sa capacité de transformation; mais aussi, de continuer à cacher le travail de ses agents, semant la confusion et la désorganisation parmi les ouvriers. Pour tout cela, la création de l’organisation, et l’élaboration du programme doivent être, maintenant, les principales préoccupations de tout vrai communiste, des ouvriers ayant une conscience de classe.

    En abordant cet important travail, il faut tenir compte que le programme ne se limite pas seulement à critiquer les idées et le monde caduc de la bourgeoisie; son principal objectif est de servir au mouvement ouvrier, en l’orientant dans ses combats quotidiens, et en permettant au Parti d’aller à sa rencontre.

    C’est pourquoi on peut affirmer que le communisme est l’union du socialisme avec le mouvement ouvrier; que son travail est d’introduire dans le mouvement spontané des ouvriers les idées communistes, de lier ce mouvement à la lutte politique de résistance organisée qui devra conduire au socialisme; en d’autres termes, il s’agit de fondre dans un tout unique le mouvement des grandes masses ouvrières et populaires avec l’activité du parti révolutionnaire.

    1. Les lois et les forces motrices du développement social

    1.1. La contradiction entre les forces productives et les relations de production

    Seuls les peuples font l’histoire. Mais qu’est-ce qui détermine leurs motifs ? Quelles sont les conditions objectives de production qui créent les bases de toute activité humaine et quelle est la loi de développement qui régit ces conditions ?

    Le matérialisme historique montre qu’il s’agit d’un processus historique naturel, régulier, objectif; il souligne en même temps les facteurs subjectifs de l’histoire de l’homme, la conscience et l’expérience de ses luttes, l’organisation, la volonté et la décision révolutionnaires; c’est-à-dire, tout ce qui joue un rôle important sur le cours et le dénouement des événements dans la société.

    Le matérialisme historique et l’économie marxiste étudient la contradiction fondamentale qui s’établit entre les forces productives (les moyens de production et les personnes qui les utilisent) et les relations de production (le moyen d’intégrer les hommes à la production, l’appropriation et l’échange des produits). Ceux-ci sont la base économique de la société, d’où émane une superstructure politique, juridique et idéologique particulières.

    Marx a découvert la contradiction qui s’établit entre les forces productives et les relations de production dans le processus de production de la vie matérielle et il a montré la manière dont, arrivé à un stade de leur développement, leur heurt fait exploser la superstructure qu’elles ont engendrée, ce qui généralement s’exprime par des crises et par des révolutions. Ainsi ont évolué les différentes sociétés et modes de production qui se sont succédé au cours de l’histoire.

    C’est en appliquant cette approche à la société bourgeoise que sont nés la théorie économique et le socialisme scientifique de Marx et Engels. L’étude approfondie et la critique de l’économie classique bourgeoise ont permis à Marx de découvrir la loi de la plus-value, qui est à la base de l’existence du capitalisme. Marx révéla la relation sociale d’exploitation qui se trouve cachée dans le capital et il démontra son caractère transitoire.

    Marx et Engels ont incorporé à cette analyse les expériences les plus importantes de la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie; ils ont purgé la conception du communisme des idées utopiques et petites-bourgeoises et ils ont formulé la théorie de la lutte de classes et de la dictature du prolétariat, établissant ainsi les bases scientifiques de la stratégie révolutionnaire de la classe ouvrière.

    1.2. Le processus de production capitaliste

    La circulation des marchandises est le point de départ de la transformation de l’argent en capital, lequel apparaît seulement quand la production mercantile atteint un certain développement. Le capitaliste fait un investissement seulement pour accroître son capital initial. Cet accroissement est appelé plus-value. Pour obtenir de la plus-value, le capitaliste doit trouver une marchandise dont l’utilité est celle de créer une valeur. Cette marchandise existe: c’est la force de travail de l’ouvrier.

    La force de travail est l’ensemble des facultés physiques et psychiques qu’une personne met en action quand elle produit des biens de consommation ou des produits de n’importe quel type. Dans le capitalisme, la force de travail prend pour l’ouvrier lui-même la forme d’une marchandise qui lui appartient, et son travail acquiert la forme de force de travail salariée.

    La valeur de la force de travail, et même la valeur de toute marchandise, est déterminée par le temps de travail socialement nécessaire pour sa production. Par conséquent, la valeur de la force de travail est la valeur des moyens de vie nécessaires pour entretenir l’individu travailleur (à son état normal de vie et travail) et pour entretenir sa famille; c’est-à-dire, pour assurer la reproduction de la marchandise force de travail.

    Quand l’ouvrier vend sa force de travail pour un temps déterminé, le capitaliste en est maître et il l’utilise sur le lieu du travail. Cette consommation de la valeur d’usage de la force de travail dans la production de marchandises est, en même temps, un processus de création de valeur; c’est un processus de mise en valeur ou d’extraction de plus-value.

    Dans la mesure où le capitaliste allonge la journée de travail au-delà du temps dont l’ouvrier a besoin pour reproduire dans la marchandise finale une valeur équivalant à ce qu’il a reçu, il en tire un travail qu’il ne paie pas; il en extrait une plus-value, il exploite donc l’ouvrier et il valorise son capital. C’est cela qu’on connaît comme le processus de production capitaliste.

    Ce processus d’exploitation est la base sur laquelle est construit tout l’édifice de la société bourgeoise et est à l’origine de la lutte de classes irréconciliable que se livrent les prolétaires, dépossédés de tout sauf de leur force de travail, et les capitalistes, maîtres des moyens de production et de vie.

    Sous le capitalisme, le prolétaire est juridiquement libre, car il n’est lié ni à la terre ni à aucune entreprise particulière; il est libre dans le sens où il peut aller travailler dans l’usine d’un ou de l’autre capitaliste, mais il n’est pas libre par rapport à la classe bourgeoise dans son ensemble. Privé de moyens de production, il est forcé de vendre sa force de travail et de supporter de ce fait le joug de l’exploitation.

    Avec la grande industrie mécanisée, il se produit une accélération du processus de socialisation du travail par le capital. L’interdépendance des différentes branches de la production et des divers marchés nationaux s’accentue. Le travail salarié devient le fondement de la production. Sous le capitalisme, l’armée de chômeurs devient permanente, et le progrès technique, au lieu de libérer l’homme de la partie la plus pénible du travail, se transforme en un monstre qui augmente l’exploitation et suce son sang.

    Historiquement, les relations capitalistes de production furent un stimulant au développement économique. La recherche du bénéfice maximum et la soif de profit poussèrent la bourgeoisie à augmenter la production, à perfectionner les machines et à améliorer la technique dans l’industrie et l’agriculture.

    Cependant, ces relations n’ont pas seulement permis d’atteindre un niveau de développement inconnu dans les sociétés antérieures, mais elles ont aussi permis de créer des forces productives si colossales qu’elles échappent au contrôle des capitalistes, en entraînant le système tout entier au bord de la tombe.

    C’est pour cela qu’éclatent des crises périodiques de surproduction qui durent de longues années et qui touchent des pays et des continents entiers, en faisant d’énormes ravages. Ces catastrophes augmentent et deviennent de plus en plus intenses à mesure que le système capitaliste de production progresse.

    La cause de la crise réside dans les relations de production, qui ont cessé de correspondre au développement atteint par les forces productives et qui se sont transformées en un frein pour leur développement. Ainsi se manifeste la contradiction la plus profonde du mode de production capitaliste: la contradiction entre le caractère social de la production et la forme privée d’appropriation capitaliste. Cette contradiction provoque la crise et le chômage, engendre la lutte de classes entre la bourgeoisie et le prolétariat, et constitue la base économique de la révolution socialiste.

    1.3. Les classes et la lutte de classes

    Les classes n’ont pas toujours existé et n’existeront pas éternellement. Dans la société primitive, il n’y avait pas de classes. L’apparition des classes est liée à une phase historique déterminée du développement de la production. La division du travail au sein de la société primitive a été à l’origine des classes.

    Cette division présuppose la séparation des producteurs occupés à de différents types de production et l’échange entre eux des fruits du travail. Avec la division sociale du travail et avec l’échange, se développe la propriété privée des moyens de production qui substitue à la propriété communale. Le résultat de tout cela est l’apparition des classes dans la société.

    Les classes sont liées entre elles par des relations économiques déterminées qui permettent que les unes s’approprient le travail des autres. L’ensemble de ces relations forme la structure de classes de la société et constitue la base matérielle, économique, de la lutte de classes.

    Personne ne peut rester en marge de l’une ou de l’autre classe, ni ne peut éviter de prendre position aussitôt qu’elle aurait compris la relation mutuelle qui existe entre elles. L’intérêt de classe n’est pas déterminé par la conscience de classe, mais par la situation et le rôle que cette classe joue dans le mode de production. Cette contradiction entre les classes est ce qui transforme leur lutte en force motrice du développement des sociétés divisées en classes antagoniques.

    La lutte de classes fait surgir l’État comme l’instrument que les classes dominantes emploient pour maintenir l’exploitation des classes opprimées. Lénine a démontré que l’État surgit à l’endroit, au moment et dans la mesure où les contradictions de classe ne peuvent objectivement se concilier (1). L’État devient l’instrument du pouvoir de la classe économiquement la plus puissante, et grâce auquel acquiert de nouveaux moyens pour soumettre et exploiter la classe opprimée.

    Les relations entre les classes et leurs luttes ne se limitent pas au cadre de la vie économique. La division en classes imprègne toute la vie de la société de classes, de haut en bas, et affecte tout le système des relations sociales, en se manifestant même sur le terrain de la superstructure, la politique, l’idéologie et toute la vie spirituelle.

    Dans la relation de force elle-même qu’établissent les maîtres des moyens de production pour soumettre à l’exploitation ceux qui en sont privés, se trouve la clef de la structure du pouvoir politique. C’est pourquoi la lutte contre l’exploitation revêt un caractère fondamentalement politique, c’est la lutte pour le pouvoir politique.

    À l’époque du capitalisme universel, toute la société va se diviser de plus en plus en deux grandes classes ennemies qui s’opposent entre eux: la bourgeoisie et le prolétariat. Au début, cette lutte adopte la forme de lutte économique, c’est-à-dire, elle n’est pas encore une lutte de toute la classe ouvrière contre la classe bourgeoise, mais d’une fraction ou groupe d’ouvriers contre un seul capitaliste dans une quelconque usine. Par conséquent, cette forme de lutte ne touche pas les bases du système d’exploitation.

    Son but n’est pas de supprimer l’exploitation, mais de l’atténuer, d’améliorer la situation matérielle et les conditions de travail. Cette première forme de lutte joue un rôle important dans l’organisation et l’éducation politique du prolétariat, mais en même temps met en évidence son caractère limité.

    Plus tard, seulement quand les représentants de l’avant-garde de la classe ouvrière prendront conscience de cette limitation et uniront leurs forces pour entreprendre la lutte non contre un patron isolé, mais contre toute la classe capitaliste et contre le gouvernement qui lui appuie, leur lutte va se faire de plus en plus résolue et organisée, jusqu’à prendre un caractère supérieur, la forme de lutte politique révolutionnaire.

    De toutes les classes qui s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat est l’unique classe vraiment révolutionnaire. Les autres vont dégénérer et disparaître avec le développement de la grande industrie; le prolétariat, en revanche, est son produit le plus particulier. Les couches moyennes -le petit industriel, le petit commerçant, l’artisan et le paysan- luttent toutes contre la bourgeoisie pour sauver de la ruine leur existence comme couches moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices (2).

    Le prolétariat est la classe la plus révolutionnaire parce qu’elle est porteuse d’un mode de production nouveau, supérieur, le mode de production communiste, tout en étant, parmi tous les secteurs populaires, la plus consciente et organisée. Le prolétariat peut seulement s’émanciper en abolissant la propriété privée des moyens de production, mettant fin ainsi à toutes les formes d’exploitation de l’homme par l’homme.

    L’émergence des classes a été le résultat du développement spontané de la société et est lié à l’apparition de la division du travail et de la propriété privée; au contraire, la disparition des classes peut seulement résulter de la lutte consciente du prolétariat, qui conduit à l’établissement de sa domination politique et au socialisme, étape de transition nécessaire à l’abolition des différences de classe.

    1.4. L’impérialisme, dernière étape du développement du capitalisme

    Au début du XIXe siècle, le capitalisme a atteint la dernière étape de son développement, l’étape monopoliste, et s’est transformé en impérialisme. L’impérialisme résulte de l’énorme développement de la production, ainsi que de la grande accumulation et concentration du capital, qui donne lieu à l’apparition des monopoles.

    Les autres traits caractéristiques de l’impérialisme sont: la prédominance du capital financier, résultat de la fusion du capital bancaire et du capital industriel; l’exportation de capitaux; la formation d’unions ou consortiums internationaux qui se partagent le marché mondial; la distribution territoriale du monde entre les grandes puissances capitalistes et le début de la lutte entre elles pour sa redistribution.

    La gestion des monopoles capitalistes consolide la domination de l’oligarchie financière sur l’immense majorité de la population et accentue les traits parasitaires, policiers et militaristes du régime bourgeois.

    Aux dernières décennies, les monopoles ont uni leur force au pouvoir de l’État bourgeois. On a surgi ainsi le capitalisme monopoliste d’État. L’État monopoliste assure les conditions matérielles de la production, sauvegarde le système légal qui contrôle les relations de production et d’échange et, en particulier, les conflits entre travailleurs et capitalistes.

    Comme instrument de la classe au pouvoir, l’État recourt à l’oppression politique ouverte contre les travailleurs et utilise pour cela, si nécessaire, les moyens terroristes et militaires. L’État monopoliste assure ainsi l’expansion extérieure du capital national et les intérêts des investisseurs étrangers sur son territoire. De cette façon, dans les pays impérialistes, l’État apparaît comme un des instruments les plus importants mis en place pour accroître les bénéfices capitalistes.

    Les impérialistes augmentent l’exploitation des ouvriers de leur pays et celle des peuples des colonies et des pays dépendants. C’est ainsi qu’éclatent les guerres coloniales et la lutte entre les États impérialistes eux-mêmes pour le partage du butin. Le monde a déjà été partagé, mais le développement inégal des différents pays impérialistes rend nécessaire un nouveau partage en rapport avec la force économique de chacun.

    L’exportation des capitaux vers les pays capitalistes développés et l’entrecroisement des relations financières internationales sont actuellement les traits les plus importants de l’impérialisme. Cet entrecroisement sert de base à la formation d’associations internationales monopolistes qui se partagent le monde. Une contradiction est ainsi née entre les grands monopoles, universels par l’envergure de leurs opérations et les États nationaux.

    Le colonialisme collectif s’est étendu. L’impérialisme soutient des guerres agressives contre des peuples entiers, tente d’imposer par la force le partage territorial et des régimes ou formes de gouvernement à son goût, avec la particularité que, fréquemment, participent à ces guerres d’agression plusieurs puissances impérialistes en même temps.

    Néanmoins, la lutte permanente par un nouveau partage du marché capitaliste et des sphères d’influence selon la forceselon le capital continue. Les intérêts des impérialistes des différents pays et leurs rivalités sont plus forts que l’aspiration à appliquer une stratégie commune; c’est pour cela que l’humanité se trouve face au dilemme de passer au socialisme ou souffrir pendant des années, même des décennies, l’affrontement armé entre les grandes puissances pour la conservation artificielle du capitalisme grâce aux colonies, aux monopoles, aux privilèges et à l’oppression de toute nature.

    Avec la domination des monopoles dans la production, celle-ci atteint un degré maximum de socialisation. Cependant, l’appropriation continue à être privée, puisque les moyens de production sont entre mains d’un réduit nombre de personnes.

    À cette étape, la contradiction fondamentale du système -celle qui oppose les forces productives à l’appropriation individuelle- devient beaucoup plus ouverte et aiguë et rend urgente la nécessité de détruire le système basé sur la propriété privée des moyens de production.

    Lénine a souligné que le capitalisme monopoliste d’État est la préparation matérielle la plus complète pour le socialisme et il a insisté plusieurs fois sur le fait que la préparation des prémisses matérielles du socialisme n’équivaut pas à la transition au socialisme, que la révolution socialiste est une ligne de partage obligatoire entre le capitalisme monopoliste et le socialisme: La proximité d’un tel capitalisme -disait Lénine- doive constituer, pour les vrais représentants du prolétariat, un argument en faveur de la proximité, de la facilité, de la viabilité et de l’urgence de la révolution socialiste, mais non, en aucune façon, un argument pour maintenir une attitude de tolérance envers ceux qui nient cette révolution et devant ceux qui embellissent le capitalisme, comme le font les réformistes (3).

    À l’étape impérialiste, toutes les contradictions du système s’aiguisent à l’extrême. La crise chronique, l’accroissement du chômage, de la misère et de toutes les plaies de la société, la fascisation des formes du pouvoir de la bourgeoisie, etc., déclenchent la lutte révolutionnaire du prolétariat pour la prise du pouvoir politique.

    En même temps, les contradictions qui opposent les différents États et groupes monopolistes pour le partage des marchés, des sources de matières premières et des zones d’influence deviennent plus aiguës. Cette rivalité a provoqué le 1914 la première Guerre impérialiste mondiale. La guerre a conduit à la première grande révolution socialiste de l’histoire, qui a eu lieu en Russie, l’octobre 1917.

    Avec elle, commence l’étape de transition d’un type de société à une autre au plan mondial. Après la révolution soviétique et la défaite du nazi-fascisme pendant la II Guerre mondiale, se sont déclenchées toute une série de révolutions démocratiques populaires, anti-impérialistes et antiféodales dirigées par le prolétariat et assises sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

    Récemment, à la suite de l’apogée de la contre-révolution à la plupart des pays du camp socialiste, et après une courte période où il semblait que le nouvel ordre mondial capitaliste allait s’éterniser, la lutte contre l’impérialisme a pris un nouvel élan avec l’incorporation active d’une grande partie de la classe ouvrière de ces pays, libérée de la passivité où le révisionnisme l’avait menée.

    De grandes masses prolétariennes s’ajoutent aujourd’hui à la lutte pour le rétablissement du socialisme, ce qui affaiblit plus encore le capitalisme et jette par terre la prétention de la bourgeoisie à présenter son système comme l’unique viable et impérissable.

    Tout le passé confirme la signification historique de la révolution d’Octobre et la véracité et la justesse de la conception marxiste-léniniste et de sa théorie de la révolution conçue comme un long et complexe processus historique mondial où tant les avancées que les reculs font partie d’une tendance générale ascendante, si bien que finiront pour s’imposer les nouvelles relations sociales et la classe qu’elles représentent. En réalité, comme Lénine l’a souligné peut-il se trouver dans l’histoire un seul exemple d’un mode de production nouveau qui soit surgi d’un seul coup sans une longue série de revers, d’erreurs et de rechutes? (4)

    2. Particularités du capitalisme et de la lutte de classes en Espagne

    2.1. L’établissement des relations capitalistes de production

    Le développement faible et tardif du capitalisme dans notre pays n’a pas permis à la bourgeoisie de mener à bien une rupture révolutionnaire avec l’ancien régime. L’alliance entre les secteurs bourgeois les plus influents et l’aristocratie propriétaire terrienne a imposé -déjà dès le XIXe siècle- une voie évolutive, de réforme progressive et d’adaptation des structures périmées héritées du passé aux transformations économiques, politiques et culturelles capitalistes.

    Cette circonstance explique que, au commencement du XXe siècle, Espagne était déjà, malgré les survivances féodales, un pays extraordinairement moderne en ce qui concerne à la domination et le contrôle du capital financier sur les branches le plus importantes de l’activité économique.

    L’expulsion des colonialistes espagnols de Cuba et des Philippines à la fin du XIXe siècle et le rapatriement de leurs capitaux vers la métropole, à côté des grandes affaires que – sous couvert de neutralité – la bourgeoisie de notre pays mena à bien pendant la I Guerre impérialiste mondial, ont entraîné une énorme concentration du capital. Cela explique qu’à la période de la Dictature de Primo de Rivera (1923-1929), se soit produite une accélération du développement économique, ainsi que du processus de fusion de la banque et l’industrie; cela donnera lieu à la formation du capitalisme financier et à l’apparition des premières formes du capitalisme monopoliste d’État. Cependant, la contradiction entre les exigences du développement capitaliste et les survivances féodales du régime politique et de la structure économique n’a pas disparu.

    Au contraire, ces contradictions comme celles dérivées de la crise économique mondiale du capitalisme (1929) sont devenues plus aiguës, jusqu’à entraîner, en 1931, le renversement de la monarchie et la proclamation de la II République, dans laquelle le peuple avait confiance pour améliorer ses conditions de vie, résoudre le problème de la terre, en finir avec l’oppression nationale et d’autres problèmes qui l’accablaient.

    Mais la bourgeoisie était déjà incapable de mener en avant toute seule ce programme démocratique. L’arrivée du capitalisme à la dernière phase de son développement (l’étape monopoliste et impérialiste) et le début de la révolution prolétarienne mondial rendaient déjà impossible la révolution bourgeoise de type ancien.

    La bourgeoisie devait nécessairement compter sur la classe ouvrière qui, par ailleurs, était trop forte pour accepter sa direction. Cela sera l’histoire de la République jusqu’au 16 février 1936: refus de l’oligarchie financière et propriétaire terrienne à toute transformation démocratique, hésitations de la bourgeoisie démocratique à l’heure de se lancer dans les transformations révolutionnaires, échec de la social-démocratie dans son acharnement à contrôler et étouffer les luttes populaires et la prise progressive de la direction du processus révolutionnaire par le Parti Communiste.

    De plus, un autre important problème était posé à la grande bourgeoisie: celui de surmonter le retard industriel et agraire de l’Espagne par rapport à d’autres pays. Cela seulement pouvait s’obtenir par l’accumulation intensive de capital, menée sur la base de la soumission et la surexploitation de la classe ouvrière et de la paysannerie.

    Mais le triomphe du Front Populaire, aux élections du 16 février et les mesures qu’il commença à prendre devant la poussée révolutionnaire des masses, étaient devenues un obstacle infranchissable pour la réalisation des projets de l’oligarchie, puisque, entre autres choses, cela mit fin à ses espoirs d’obtenir de nouveau le pouvoir par la voie électorale. Par conséquent, il était indispensable d’en finir avec la République, d’écraser le mouvement révolutionnaire et d’implanter un régime fasciste. Tel sera l’objectif qui poursuivra la réaction avec le soulèvement militaire du 18 juillet.

    2.2. Le soulèvement fasciste et la révolution populaire

    La lutte contre le soulèvement fasciste entraîna une véritable révolution populaire. Les piliers de l’État s’écroulèrent dans la zone républicaine, le peuple prit le pouvoir entre ses mains. La vie politique, économique et sociale du pays connut des transformations profondes: les Comités Populaires se substituèrent aux autorités civiles; les forces répressives furent dissoutes et les Tribunaux Populaires furent formés. L’Armée Populaire se forma à partir des milices. Les Comités Populaires s’emparèrent des entreprises abandonnées par leurs maîtres, des chemins de fer et des banques; la terre fut répartie entre les ouvriers agricoles et les paysans pauvres, etc.

    Dès le début, le Parti comprit qu’il n’était pas possible à ce moment-là se fixer, comme une tâche immédiate, la révolution socialiste. Le retard économique du pays, la division de la classe ouvrière et la situation internationale (caractérisée par un rapport de forces défavorables au mouvement révolutionnaire) rendaient nécessaire une étape de révolution démocratique populaire.

    Le plus important à ce moment-là consistait à gagner la guerre contre le fascisme et assurer l’hégémonie du prolétariat à la tête des forces populaires démocratiques.

    Nonobstant, sous l’influence de l’International Communiste, la direction du Parti a commis de nombreuses erreurs dans l’appréciation de la situation générale ainsi que dans l’application de la tactique du Front Populaire, en tendant à se soumettre au gouvernement républicain en lieu d’appuyer l’unité populaire par une position politique et militaire indépendante. Ces erreurs contribuèrent à la démoralisation des masses et ont rendu plus désastreuses et durables les conséquences de la défaite.

    Finalement, le PCE, la force politique qui avait le plus lutté pour le Front Populaire, s’est trouvé expulsé de ses organismes et impuissant à faire face au coup d’État casadiste; celui-ci va aussi l’empêcher de poursuivre la lutte dans les nouvelles conditions générées par le l’éboulement de la République et de diriger la Révolution quand, après la fin de la IIe Guerre mondiale, des conditions favorables à celle-ci apparurent.

    2.3. Un développement monopoliste lié au terrorisme d’État

    À la fin de la guerre, l’accumulation intensive de capital et l’industrialisation accélérée furent les buts fixés par l’oligarchie financière pour surmonter le retard qui la maintient en infériorité de conditions par rapport aux bourgeoisies d’autres pays, pour s’enrichir plus encore et conjurer le péril de révolution au futur. La réaction espagnole se servira de l’État fasciste comme le principal instrument pour la soumission et exploitation des masses travailleuses, mais elle va aussi employer l’État comme un moyen essentiel de sa politique économique.

    Sa première préoccupation consista à anéantir toute résistance: elle supprima les libertés et les droits politiques; imposa le joug de l’oppression aux nationalités; détruisit les syndicats ouvriers et les partis politiques démocratiques; interdit la grève et l’utilisation de quelques moyens de défense légaux et pacifiques des travailleurs contre les abus et l’oppression du capital. Une brutale répression s’abattit sur les masses après la fin de la guerre: entre le 1939 et 1944 ont été fusillés environ 200000 antifascistes, la plupart d’entre eux, ouvriers et paysans.

    Le 1945, après la IIe Guerre Mondiale, les forces nazies fascistes battues, l’État espagnol resta isolé du concert international, bien qu’il pouvait compter sur la compréhension et l’appui des capitalistes du monde entier, particulièrement de l’impérialisme yankee. Par ailleurs, l’économie espagnole demeurait sinistrée mais également restait à prédominance agricole.

    Pour cette raison, les plans économiques conçus par les monopolistes pouvaient seulement se réaliser sur la base de l’appauvrissement de la campagne et sur les formes les plus inhumaines de surexploitation du prolétariat, compte tenu de la faible technicité de l’industrie.

    Tels furent les principes qui régirent la soi-disant politique économique autarcique soutenue jusqu’à la fin des années 50. Cette politique a permis à l’oligarchie espagnole de réaliser une accumulation intensive du capital, en même temps qu’elle mettait sur pied une partie importante des industries de basse et transformait, avec les apports économiques de l’État, les grands latifundiums en exploitations modernes agraires de type capitaliste.

    Durant les années où les Plans de Développement furent réalisés (1964-1975), toute l’Espagne se transforma: la mécanisation des campagnes, les pôles industriels, l’émigration massive vers les villes et le surgissement des grands quartiers ouvriers, l’élévation générale du niveau de vie et de la consommation, etc. tracent un paysage, une forme de vie et une mentalité différentes de ceux de l’Espagne des années 30.

    L’émigration a eu une importante incidence: en 1968, l’Institut National d’Émigration chiffrait à 1.222.000 le nombre d’espagnols résidant en Europe; dont plus de la moitié étaient sortie avec un contrat de travail pendant les années du miracle économique espagnol.

    La libéralisation économique a ouvert les portes aux différentes formes de pénétration du capital étranger en Espagne. Cependant, grâce aux envois de divises fournies par l’émigration et le tourisme, l’oligarchie peut augmenter la production intérieure en important des moyens de production modernes sans tomber pour cela dans la dépendance du capital financier international.

    L’accumulation et la concentration économique avaient conduit à un étroit entrecroisement entre l’État, le capital financier et les entreprises; quatre groupes contrôlent le pouvoir économique: la banque, le secteur public, le capital étranger et les familles liées aux moyennes entreprises et aux exploitations agricoles.

    Parmi eux, c’est le capital financier qui a maintenu son caractère de groupe hégémonique dans l’économie espagnole.

    Le développement industriel a permis une rapide croissance du prolétariat des usines et sa concentration dans les grandes villes; en 1975, le prolétariat industriel représentait le 38 % de la population active devenant la classe la plus nombreuse de la population. Dans le cas de Catalogne et Euskal Herria, ce phénomène a eu une répercussion spéciale: le flux constant d’ouvriers immigrants vers ces territoires a donné lieu, dans les années 60-70, à l’apparition d’un prolétariat nouveau composé par des ouvriers des différentes nationalités de l’État.

    Pendant la même période a augmenté aussi le chiffre des travailleurs du secteur des services (33 % de la population active), où s’accroît le pourcentage de salariés dû au considérable développement de l’industrie touristique et la création de grands magasins, grandes entreprises de transport, etc.; par ailleurs, à cette étape du développement économique, prolifèrent d’innombrables petits commerces, ce qui a contribué à la constitution d’une nouvelle petite et moyenne bourgeoisie urbaine. C’est dans l’agriculture, l’élevage et la pêche qu’aura lieu une considérable réduction de la population active qui, en 1970, ne représente plus que 29 pour cent.

    2.4. La trahison carrilliste

    Le fascisme a réussi à écraser les organisations syndicales et les partis démocratiques, mais pas le Parti de la classe ouvrière. Toute la répression concentrée sur lui n’a pas réussi à le détruire.

    Le PCE a poursuivi la lutte dans les usines, les mines, les villes et les campagnes. La grande bourgeoisie sait par expérience que tant que le Parti Communiste, forgé dans la lutte la plus résolue pour la démocratie populaire et le socialisme, existe, la domination fasciste n’est jamais assurée, que les masses populaires peuvent arriver s’unir et en finir avec la tyrannie du capital.

    Le coup le plus dur, celui qui a détruit le Parti, n’est pas arrivé par la répression, mais par le travail de sape mené dans son sein par le révisionnisme carrilliste.

    Dès la fin de 1944, Carrillo et sa bande se sont mis à agir grâce aux ressorts fondamentaux de l’appareil d’organisation du Parti, au contrôle de ses moyens de propagande et de la direction de la guérilla. Pour réussir et poursuivre leur tâche, ils ont employé systématiquement la calomnie, l’intrigue, les expulsions, la délation et l’assassinat des militants qui, d’une ou d’autre manière, s’opposaient à leur ligne de capitulation.

    Étant obligés sous la pression de la majorité du Parti, des ouvriers avancés et d’autres lutteurs antifascistes de faire semblant d’appuyer la guérilla, les carrilllistes l’ont utilisée à de fins réformistes, comme plate-forme pour se hisser à la direction et comme alibi pour dissimuler leurs plans liquidateurs.

    D’où le fait que, au moment où il aurait été nécessaire de pousser la guérilla, ils ne lui ont jamais prêté l’appui matériel qu’elle exigeait et qu’il était possible de lui fournir. D’où aussi le fait que, quand il a été nécessaire de décider la suspendre, dans le but de la renouveler et de l’orienter sur de nouvelles bases, ils s’y sont mis fin en secret, sans aucune analyse politique, avec des tromperies, en suscitant la méfiance et les rivalités personnelles parmi les guérilleros, en les abandonnant à leur sort dans la plupart des cas sinon en assassinant ou dénonçant ceux qui refusaient d’abandonner les armes de cette façon.

    Cette activité contre-révolutionnaire a été possible à cause des mêmes faiblesses, insuffisances et erreurs traînées par le Parti depuis l’étape antérieure, ne jamais analysées à fond ni, en conséquence, corrigées. Donc, bien que la ligne générale du Parti ait été juste pour l’essentiel et que celui-ci ait été l’artisan principal de la résistance antifasciste, la persistance dans les graves erreurs commises pendant la guerre s’est accentuée jusqu’à qu’elles ont été érigées en ligne politique.

    Ceci explique qu’on adopta une version chaque fois plus déformée et droitière de la tactique de Front Populaire, c’est-à-dire, la politique dite d’Union Nationale ou de Front National Antifranquiste. L’objectif d’en finir avec le pouvoir de l’oligarchie financière terrienne et son système de domination fasciste se limitait à écarter Franco et instaurer une démocratie parlementaire bourgeoise.

    À tout cela, il faut ajouter d’autres facteurs comme la dispersion de la direction, l’attention nulle prêtée au développement de la théorie révolutionnaire et à la formulation d’une ligne politique adaptée aux nouvelles conditions de l’Espagne, ainsi que le progressif abandon des principes léninistes de fonctionnement et d’organisation.

    De cette façon, se sont créées les conditions qui ont permis à l’opportunisme de se développer dans les rangs du Parti et d’attendre l’occasion propice pour prendre la direction et faire triompher son œuvre destructive, sans que les vieux dirigeants, pétris par de dogmatisme et d’habitudes conciliatrices, fussent capables de l’empêcher.

    Cette occasion est arrivée en 1956 avec la célébration du XXe Congrès du PCUS, où les thèses révisionnistes de Kruschev et ses partisans se sont imposés. Sans ce soutien, il eut été vraiment difficile à Carrillo et ses partisans d’achever son œuvre. Dès ce moment-là, la politique de résistance du PCE s’est transformée ouvertement en collaboration avec les grands capitalistes financiers et les dignitaires de l’Église, en pacifisme et désorganisation des masses, en appui à la politique syndicale fasciste; en somme, en la politique dénommée de Réconciliation Nationale.

    3. Le nouveau contexte général de la lutte de classes

    3.1. La reconstruction du Parti

    Vers le milieu des années 60, dans les pays capitalistes de plus haut niveau de développement économique, surgit parmi la jeunesse un puissant mouvement de contenu clairement politique. Déjà, à l’intérieur de tous ces pays, apparaissaient tous les symptômes de la nouvelle phase de la crise générale du système, en gestation après la courte période d’essor économique de la post-guerre.

    Les théories au sujet d’une prétendue société post-industrielle – où disparaîtraient les crises économiques et la lutte de classes pour faire place à l’entente et au bien-être général, à une société de consommation et à un développement économique soutenu – s’écroulèrent comme un château de cartes, si bien que la critique du système capitaliste a réoccupé le premier plan de l’actualité. Le système d’exploitation capitaliste prouvait clairement qu’il avait épuisé ses possibilités d’expansion et commençait une nouvelle crise dont il ne réussira pas à se relever.

    Ce mouvement de critique du capitalisme sera stimulé par la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne Chinoise et par la critique marxiste-léniniste effectuée par le PCCH et les communistes d’autres pays contre les thèses révisionnistes: la transition pacifique et parlementaire au socialisme, l’État de tout le peuple, l’émulation économique entre le socialisme et le capitalisme, etc.

    À la fin de la décennie, deux nouveaux et importants événements, qui ébranlèrent la vie de tous les pays, sont venus s’ajouter aux précédents: l’héroïque lutte de résistance du peuple vietnamien contre l’agression nord-américaine et le mouvement de masses, de caractère révolutionnaire, déclanché au mois du mai 1968 à Paris et dans d’autres villes de France.

    La crise économique capitaliste mondiale a eu aussi une forte répercussion en Espagne dans un moment où les plans de développement industriel touchaient au but, le régime entrait en plein dans une crise politique et commençait, prudemment, la manœuvre d’ouverture par laquelle il cherchait une sortie.

    Le mouvement ouvrier et populaire s’était remis des effets de la défaite supportée en 1939 et des longues années de terreur fasciste ouverte et, étant donné que la politique de réconciliation carrilliste et ses consignes pour une grève nationale pacifique avaient échoué, il commençait à orienter ses pas sur la voie de la résistance et de la lutte armée.

    Ce contexte général donnera lieu à l’apparition du nouveau mouvement ouvrier organisé. L’Organisation de Marxistes-Léninistes d’Espagne (OMLE) fut une des premières organisations communistes nées à cette période-là (1968). À partir d’elle, on reconstruira le Parti révolutionnaire de la classe ouvrière, dont la nécessité se faisait sentir depuis déjà longtemps.

    Les événements qui se succédaient rapidement dans le pays et la discussion engagée à leur sujet dans l’Organisation rendirent nécessaire la convocation du Congrès Reconstitutif du Parti.

    Certes, pour qu’il puisse avoir lieu, d’autres conditions de type organique et idéologique étaient aussi nécessaires. Il était indispensable que l’Organisation soit préparée à assumer le rôle et la responsabilité du Parti. Ces autres conditions étant aussi remplies, en Juin 1975 le Congrès Reconstitutif put se tenir.

    Ce Congrès fut l’aboutissement du travail réalisé par l’OMLE pendant plus de sept années, au cours desquelles furent jetées les bases organiques, politiques et idéologiques nécessaires au nouveau Parti. Dans un moment d’aggravation maximale de la crise politique du régime, comme de toutes les contradictions et tensions sociales, le Congrès a constitué un tremplin qui a permis au PCE(r), à peine né, de jouer un important rôle dans la vie politique, particulièrement dans la dénonciation de la Réforme.

    3.2. La réforme politique du régime

    En 1975, quand Franco disparaît de la scène politique et, suivant les projets de succession établis par le dictateur, la monarchie bourbonienne est intronisée, les vieilles formes de domination fasciste étaient déjà en train d’être démolies par la lutte des masses des dernières années. Il était clair que le régime ne pouvait pas maintenant se maintenir en gardant son caractère ouvertement fasciste.

    D’autre part, la permanence de ces formes gênait de plus en plus la réalisation des plans de la classe dominante espagnole orientés vers la totale intégration économique et militaire dans le bloc impérialiste. C’est ainsi que se fraya un chemin la réforme politique, au milieu de la division des clans politiques et groupes financiers.

    L’apparent monolithisme politique du régime se vit obligé de céder devant l’avance irrésistible du mouvement populaire. En particulier, la classe ouvrière, qui toujours avait marché au premier rang, conquit une position après l’autre sur le régime: le droit de grève, les droits d’expression et de réunion, etc. ils ont été imposés par la lutte. La répression et le terrorisme ouvert de l’État ont été aussi combattus courageusement par la résistance et la guérilla.

    Le grand capital et son gouvernement se trouvaient devant une situation vraiment difficile, qui les empêchait de continuer à contrôler les masses. Ils devaient, donc, changer un peu les formes de domination pour pouvoir maintenir intacts leurs privilèges et renforcer leur pouvoir politique et économique.

    Nonobstant, ce changement devait tenir compte la nouvelle réalité créée par le mouvement démocratique. Si bien qu’ils n’eurent pas d’autre solution que légaliser ce qui avait été déjà conquis par les travailleurs dans le bout de le limiter et le contrôler.

    En même temps, l’oligarchie intégra dans son régime aux carrillistes et autres éléments de même acabit qui, depuis un certain temps, donnaient des preuves suffisantes de collaboration et servilité. Avec cette dernière mesure, l’État né du soulèvement militaire fasciste du 18 juillet prenait une teinture de légitimité.

    Le résultat final de cette manœuvre politique a été recueilli dans la soi-disant Constitution démocratique, qui consacre la monarchie, le système d’exploitation capitaliste et l’oppression sur les nationalités. Ainsi, la classe dominante a réussi à créer quelques illusions et à continuer de tromper les travailleurs, mais n’a guère réussi, comme elle y aspirait, à agrandir sa basse sociale.

    La continuelle diminution des libertés et droits sociaux des travailleurs, l’accroissement de l’exploitation, la négation des droits nationaux, le terrorisme d’État, les assassinats politiques, la pratique de la torture des détenus et incarcérés, la corruption généralisée entre les potentats et les chefs politiques, etc. ont fini par mettre à découvert la vraie nature fasciste et impérialiste que garde le régime et par discréditer devant les masses les partis social-fascistes qui le servent et appuient.

    Aujourd’hui, l’oligarchie financière se débat au milieu de grandes contradictions et luttes internes, et voit se réduire au minimum sa marge de manœuvre politique. Tout cela a mis en évidence la profondeur de la crise du système qui règne en Espagne et la nécessité de changements radicaux.

    On ne peut pas nier que l’oligarchie espagnole a introduit quelques changements dans son régime de domination politique, mais cela elle l’a fait pour renforcer le même État fasciste et exploiteur. La séparation des pouvoirs et d’autres changements du système politique introduits par la réforme n’ont pas pu dissimuler cependant le caractère monopoliste, centraliste et terroriste de l’État.

    Le fascisme est la superstructure politique, juridique, idéologique, etc. qui correspond au système d’exploitation monopoliste imposé en Espagne en 1939. Il s’est développé, en même temps que lui, et aujourd’hui encore il se maintient comme forme de pouvoir, car l’un sans l’autre ne pourraient pas exister.

    La réforme politique a démontré que dans la phase monopoliste du capitalisme il n’est pas possible de revenir au système politique des libertés et du parlementarisme bourgeois, propre au capitalisme de libre concurrence. La nécessité d’un système policier, qui correspond avec le contrôle économique des monopoles, fait que le système capitaliste tend dans cette étape au fascisme, au militarisme, à la réaction ouverte en général, qui accule la société bourgeoise à une profonde crise révolutionnaire.

    3.3. Conséquences économiques et sociales de la crise

    La réforme politique déjà commencée, avec l’incorporation au marché international qui exigeait le développement économique et industriel, la grande bourgeoisie espagnole fut obligée de mener à bien en même temps la restructuration et la reconversion industrielle, agraire et financière, ce que, d’un autre côté, ne pouvait pas attendre du fait de l’entrée du capitalisme mondial dans la nouvelle phase de sa crise générale et de l’accroissement de la concurrence économique internationale.

    Mais à peine commencée la restructuration, celle-ci devait se heurter à la résistance obstinée de la classe ouvrière et d’autres secteurs populaires craignant de perdre leur poste de travail, leurs petites affaires, etc. De plus, ces plans affectaient aussi quelques clans oligarchiques qui refusaient de perdre leurs positions dans la vie économique et sociale du pays en bénéfice d’autres mieux placés.

    Ceci sera la toile de fond des luttes acharnées entre les différents groupes financiers de notre pays et de l’enchevêtrement compliqué d’intérêts opposés, tant espagnols qu’étrangers, qui ont surgi au moment de l’incorporation d’Espagne à la CEE en 1986. Il est évident que l’unique moyen qu’a l’oligarchie pour continuer à accumuler du capital repose sur l’accroissement de l’exploitation et sur sa capacité de concurrence sur les marchés internationaux.

    Cependant, cette prétention de s’assurer une place dans la compétition capitaliste et une certaine indépendance par rapport aux multinationales est rendue difficile par l’abyssal (et toujours plus grand) déphasage technologique par rapport aux premières puissances impérialistes; ceci limite énormément la capacité de manœuvre de l’oligarchie dans sa politique économique, en l’obligeant à prendre des mesures radicales de reconversion et de concentration et à sacrifier pour cela de nombreuses entreprises et branches de l’industrie.

    À la suite de cela, de nombreux ouvriers et beaucoup d’autres travailleurs de la ville et de la campagne se sont vus jetés au ruisseau du chômage, à la précarisation et la misère, dans un processus accéléré de prolétarisation qui embrasse de larges secteurs. Nonobstant, la crise économique n’a supposé aucun changement qualitatif dans la composition et la structure des classes sociales en Espagne, bien que dans ces dernières années il y ait eu des changements importants qui doivent être soulignés.

    La population active de l’ensemble des territoires qui composent l’État, c’est-à-dire, les personnes en âge de travailler et qui ont un emploi ou qui le cherchent s’élève actuellement à 16 millions, dont onze millions sont salariés. Le gros de la population travailleuse est, en conséquence, le travailleur pour compte d’autrui, le travailleur dépendant.

    Le phénomène social le plus important qui vient à se produire dans les dernières années est l’accroissement du travail salarié, ce qui implique la concentration des moyens de production dans les mains d’une minorité et la spoliation d’une majorité croissante, qui se voit obligée à vendre sa force de travail à une autre, chaque fois plus réduite, qui accumule tous les moyens de production et de vie. Un des effets de l’accumulation capitaliste est justement la croissance absolue et constante du prolétariat, qui arrive à être excédentaire pour les besoins de la reproduction élargie du capital et passe au chômage, à la réserve.

    Pourtant, de toutes les classes sociales, celle qui a plus grandi a été la classe ouvrière, qui a doublé dans les 30 dernières années, tandis que la petite bourgeoisie s’est réduite du tiers.

    En réalité, la soi-disant classe moyenne est une maigre minorité; la plupart des non-salariés sont des autonomes: travailleurs indépendants, petits agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, commerçants, gens de professions libérales et marchands, lesquels, chaque fois en plus grand nombre, doivent se convertir en salariés des monopoles.

    La réduction de la population non salariée résulte, fondamentalement, de la ruine subie par des centaines de milliers de petits paysans qui se sont vus obligés d’abandonner la campagne. Quant à la masse de travailleurs et employés (la banque, l’hôtellerie, les fonctionnaires…) elle voit aujourd’hui sa situation se dégrader et va ressembler toujours plus à la classe ouvrière: des contrats précaires, licenciements, etc. Dans l’accroissement rapide du secteur des services a joué aussi l’augmentation du personnel au service de l’État.

    En même temps que les vieilles classes moyennes ont diminué, s’est formé, au sein de la masse de salariés, un secteur de privilégiés, qui, autant par leurs fonctions, par la délégation de pouvoirs que leur accorde la bourgeoisie, que par le caractère mixte de leurs ressources et par leur forme de vie, peuvent s’apparenter à la petite bourgeoisie.

    3.4. La nouvelle voie de l’impérialisme espagnol

    Une fois menée à bien la réforme politique et après le premier élan de restructuration de l’économie réalisé par les felipistes, la grande bourgeoisie a dirigé ses efforts vers l’extension de son influence politique et économique à l’extérieur, avec l’intention de participer toujours plus activement à la lutte impérialiste par le partage de marchés, sources de matières premières et sphères d’influence.

    À cette fin (pour faciliter l’exportation de capitaux), l’État espagnol, en accord avec sa taille moyenne, emploie des ressources importantes et croissantes, comme jamais il ne l’avait pas fait jusqu’à maintenant.

    La base de cette nouvelle expansion économique de l’impérialisme espagnol, accompagnée par l’accroissement de l’activité diplomatique, militaire, culturelle et de la propagande de l’État hors nos frontières, réside indubitablement dans le haut degré d’accumulation et de concentration monopoliste atteint, ce qui lui permet de mener à bien l’exportation de capitaux dans les pays les plus en retard où il obtient un plus haut niveau de bénéfice.

    Pour compenser sa faiblesse économique et aussi par des raisons politiques, le capital financier espagnol centre son activité dans les zones où il se trouve en meilleures conditions de concourir, comme c’est le cas des pays latino-américains, ses vieilles colonies; dans quelques-uns d’entre eux, il commence à occuper des positions importantes s’opposant aux capitalistes yankees et d’autres.

    Mais l’intérêt de l’impérialisme espagnol par le Maghreb n’est pas moindre, non seulement par de considérations économiques, mais aussi géostratégiques.

    Le rôle de l’État espagnol non seulement ne se limite pas au terrain de l’exportation de capitaux, mais en plus il poursuit l’objectif de soumettre ces pays-ci, parfois en partage avec d’autres États impérialistes. D’où le fait que le gouvernement espagnol tente de s’ériger en interlocuteur entre l’Union Européenne et l’Amérique Latine en faisant valoir ses liens historiques, ou que dernièrement il ait augmenté son activité politique dans le nord de l’Afrique.

    D’où aussi le fait que, profitant sa participation à l’OTAN ou à l’UE, l’État espagnol ne manque pas la moindre occasion d’être présent avec ses forces militaires là où ses associés impérialistes les plus forts mettent leur griffe, afin de faire du zèle, de prendre une part du gâteau et d’habituer, au passage, l’opinion publique à ce type d’opérations, préludes à des conflits plus dévastateurs et sanglants.

    Cependant, malgré ses prétentions de grandeur et de pillage, l’impérialisme espagnol ne peut faire mieux que jouer un rôle subordonné et très secondaire parmi les puissances impérialistes, ce qui, étant donné sa plus grande faiblesse, s’accentuera chaque fois plus à mesure que s’aggrave la crise mondiale du capitalisme.

    4. Programme

    Les principales caractéristiques et contradictions de notre société se déduisent du développement économique atteint, de la structure de classe et de la nature politique du régime qui règne en Espagne. À ce sujet et en résumé de l’exposé réalisé, on peut conclure que l’Espagne est un pays de capitalisme monopoliste d’État dans lequel, aux contradictions propres de ce système, s’ajoutent celles dérivées de l’instauration et la domination d’un régime de type fasciste.

    Le fascisme fut l’instrument principal que l’oligarchie propriétaire terrienne et financière utilisa pour soumettre les masses populaires et mener à bien le développement économique du pays par la voie monopoliste. Ce caractère double, monopoliste (impérialiste) et en même temps fasciste, est la caractéristique principale de l’État espagnol.

    En développant la grande industrie, l’agriculture capitaliste, le commerce à grande échelle, les transports, etc., et en menant à bien la fusion de tous les secteurs économiques avec la Banque et l’État mis à leur service, l’oligarchie a créé les conditions matérielles pour la réalisation du socialisme puisqu’elle a fait grandir le prolétariat et l’a élevé à l’école de la guerre civile quasi permanente.

    Du fait des considérations générales que nous venons de signaler, la révolution en suspens en Espagne peut seulement avoir un caractère socialiste. Dans notre pays, il n’existe aucune étape révolutionnaire intermédiaire, aucun échelon de la chaîne historique antérieur à la révolution socialiste.

    Par conséquent, l’objectif stratégique qui poursuit le Parti est la démolition de l’État fasciste, l’expropriation de l’oligarchie financière propriétaire terrienne et l’instauration de la République Populaire.

    Le prolétariat est la classe la plus exploitée et opprimée, la mieux organisée et la plus révolutionnaire de la population et pour cela, en plus d’être la classe appelée à diriger les autres secteurs populaires, elle constitue la force motrice principale de la révolution.

    Avec la classe ouvrière, les petits paysans et beaucoup d’autres travailleurs et semi-prolétaires (petits transporteurs, employés, travailleurs indépendants, etc.), ainsi que les peuples des nations opprimées et les intellectuels progressistes, peuvent prendre une part active à la lutte pour le renversement du capitalisme ou bien observer une position de neutralité.

    Parmi ces secteurs, les plus proches au prolétariat sont les semi-prolétaires et les petits paysans chargés de dettes bancaires. Dans la perspective de leurs intérêts futurs, tous ces secteurs sont objectivement intéressés par la révolution socialiste, bien qu’ils oscillent continuellement entre les positions vraiment démocratiques et révolutionnaires du prolétariat et le réformisme bourgeois.

    La tactique du Parti cherche les attirer du côté du prolétariat, dans le but de renverser par la force l’oligarchie financière et propriétaire terrienne et gagner la petite bourgeoisie ou bien tenter de la neutraliser.

    Le Parti ne peut se proposer de conduire directement la classe ouvrière de la situation présente à la prise du pouvoir. Pour y arriver, sont nécessaires des conditions déterminées intérieures et extérieures, une organisation puissante et de nombreuses expériences politiques, autant des masses que du Parti lui-même. Tout cela devra apparaître ou bien se créera au cours de la lutte révolutionnaire et du processus même de renversement du régime capitaliste.

    Avec l’instauration de la République Populaire, commence la période qui comprendra du renversement de l’État fasciste et impérialiste à l’instauration de la dictature du prolétariat. Cette période ouvrira une courte étape de transition qui peut être considérée aussi comme du commencement de la restructuration socialiste, laquelle devra être présidée par un gouvernement provisoire qui agira comme l’organe des grandes masses du peuple en armes.

    La mission principale de ce gouvernement sera celle d’écraser l’opposition violente de la grande bourgeoisie et d’autres secteurs réactionnaires et de garantir la célébration d’élections vraiment libres à une Assemblée Constituante. Cette Assemblée élaborera la Constitution et nommera le nouveau gouvernement démocratique.

    Le Programme du Parti pour cette étape de transition se résume aux points suivants :

    1) Formation d’un Gouvernement Provisoire Démocratique Révolutionnaire.

    2) Création des Conseils ouvriers et populaires comme la base du nouveau gouvernement.

    3) Dissolution de tous les corps répressifs de la réaction et l’armement général du peuple.

    4) Libération des prisonniers politiques antifascistes et poursuite des tortionnaires et assassins contre-révolutionnaires. La grâce pour les prisonniers de droit commun.

    5) Expropriation et prise en main par l’État de la Banque, des grandes propriétés agricoles, des monopoles industriels et commerciaux et des moyens de communication les plus importants.

    6) Reconnaissance du droit à l’autodétermination des peuples basque, catalan et galicien. Indépendance pour la colonie africaine des Canaries. Dévolution de Ceuta et Melilla au Maroc.

    7) Suppression de tous les privilèges économiques et politiques de l’Église; séparation radicale de l’Église et de l’enseignement. Liberté de conscience.

    8) Liberté d’expression, organisation et manifestation pour le peuple. Le droit de grève sera une conquête irréversible des travailleurs.

    9) Intégration de la femme, sur pied d’absolue égalité avec l’homme, à la vie économique, politique et sociale.

    10) Reconnaissance de tous les droits professionnels, politiques, sociaux, etc. des ouvriers immigrants. Éradication de toute forme d’oppression et de discrimination raciale, sexuelle et culturelle.

    11) Réduction de la journée de travail. Travail pour tous. Amélioration des conditions de vie et de travail.

    12) Logements dignes et économiques; sécurité sociale, santé et enseignement à la charge de l’État.

    13) Droit de la jeunesse à recevoir une formation complète et gratuite, à un travail sain et bien rémunéré, à bénéficier de locaux et d’autres moyens pour le libre développement de ses activités.

    14) Sortie immédiate de l’OTAN et de l’UE, ainsi que d’autres organisations créées pour l’agression et le pillage impérialiste.

    15) Démantèlement des bases militaires étrangères situées sur notre territoire et réintégration de Gibraltar.

    16) Application des principes de coexistence pacifique dans les relations avec tous les pays. Appuie à la lutte de libération des peuples opprimés.

      Seul un gouvernement révolutionnaire formé par les représentants des organisations populaires, qui agira comme l’organe de l’insurrection populaire victorieuse, aura la force et l’autorité nécessaires pour organiser les élections à une Assemblée de représentants du peuple.

    Sous le nouveau gouvernement, on mènera la destruction complète de la vieille machine de l’État de la bourgeoisie, on rasera depuis les fondations les piliers sur lesquels s’assoient la domination et les privilèges du capital (c’est la première condition de toute révolution vraiment démocratique et populaire) et immédiatement après on entreprendra les transformations économiques et sociales nécessaires à l’établissement du pouvoir populaire et à l’hégémonie politique du prolétariat.

      Tout pouvoir qui se dit populaire doit être basé sur le peuple en armes et sur les organisations politiques vraiment démocratiques. En organisant sa propre armée et sa milice et en s’appuyant sur les organes politiques du pouvoir, les masses populaires pourront défendre leurs conquêtes et exercer le contrôle sur le gouvernement.

      Les masses populaires doivent être en position de choisir librement et de révoquer, en cas de nécessité, leurs représentants. Les Conseils seront élus dans chaque usine, entreprise agricole, unité militaire, centre d’enseignement, village, ville, arrondissement, etc. Ils seront les organes de décision et d’exécution du nouveau pouvoir, avec leur autorité et l’autonomie propres pour organiser et diriger toute sorte d’activités sociales: depuis le travail jusqu’au sport, depuis la milice jusqu’à l’administration de la justice.

      Tous les prisonniers communistes, indépendantistes, anarchistes, antimilitaristes, anti-impérialistes et antifascistes seront libérés immédiatement. C’est une aspiration profonde qui ne se saurait attendre. Cependant, avec les tortionnaires et les criminels contre-révolutionnaires il faudra faire justice.

    Ceux qui se sont fait remarquer dans la répression seront interpellés et punis exemplairement, ce qui relèvera des Tribunaux Populaires. Cela non par soif de vengeance, mais par nécessité politique, puisque les réactionnaires, après la révolution, tenteront de récupérer le pouvoir et les privilèges perdus; c’est pourquoi la révolution devra se défendre contre eux, en les réprimant et en les dissuadant.

      La révolution mènera à bien la nationalisation des moyens fondamentaux de production; il ne s’agit d’exproprier ni les épargnes ni la petite propriété légitimement acquises par le travail et l’effort personnel et familial, comme peut l’être la terre des petits paysans et tous ces biens ou objets d’usage personnel ou domestique (le logement, la voiture, etc.). Le nouveau pouvoir mettra à la disposition des familles et des personnes sans abri les logements vides.

    À part ça, le capital et les grandes entreprises nationalisées dépendront de l’État et seront contrôlées par les Comités ou les Conseils Ouvriers et Populaires. De cette façon, les travailleurs deviendront les maîtres réels de l’économie nationalisée et la mettront à leur service.

      Le principe de l’autodétermination est un droit universellement reconnu de la démocratie politique que le nouvel État né de la révolution en Espagne devra rendre effectif.

    Dans le délai de temps le plus court possible, une consultation sera convoquée pour que les peuples des nationalités décident eux-mêmes s’ils veulent se séparer pour fonder un État à part ou rester unis dans un plan d’absolue égalité économique, politique et culturelle. En tout cas, le nouveau gouvernement, les partis politiques et les organisations populaires devront respecter la décision librement exprimée par les peuples des nationalités et faciliter l’exercice de tous ces droits.

      Le nouveau Pouvoir Populaire mènera à bien l’expropriation des contre-révolutionnaires, de tous ceux qui ont collaboré activement avec la contre-révolution, bien qu’ils soient de petits propriétaires. Aux autres, à ceux qui se sont mis du côté du peuple, l’État les soutiendra de manière réelle, par les crédits à petit ou nul intérêt, en leur payant à prix juste leurs produits, en leur donnant de l’aide technique, etc. Ces mesures seront en accord avec les intérêts politiques et économiques de la révolution.

      Après le renversement de l’oligarchie, les principaux moyens de communication, d’impression, de distribution, etc. seront contrôlés et dirigés par le peuple à travers ses organisations représentatives. De cette façon, seulement on pourra assurer l’exercice des droits d’expression, une information véridique et objective, ainsi qu’une culture vraiment démocratique.

      En ce qui concerne le droit de grève, il faudra tenir compte que nous nous trouverons dans une étape de transition dans laquelle continuera d’exister un certain type de propriété privée à petite et moyenne échelle. Dans ces conditions, pour prévenir des mesures injustes du gouvernement ainsi que surtout pour lutter contre les actes arbitraires qui surgiront inévitablement de la part des moyens et petits industriels, le Nouveau Pouvoir Populaire devra garantir les droits de grève et de manifestation.

      À côté de l’application des principes de coexistence pacifique, le nouvel État offrira tout son appui à la lutte des nations et des peuples opprimés et donnera priorité dans ses relations aux pays libérés du joug impérialiste, en resserrant des liens d’amitié et coopération. De cette façon, en isolant et en faiblissant l’impérialisme, on contribuera à la cause de la révolution mondiale.

    5. Ligne Politique

    5.1. Le principal objectif de l’action politique du Parti

    La conduite du Parti et sa ligne politique devront répondre à tout moment aux intérêts présents et futurs des masses et ne jamais oublier leurs aspirations, leur état d’âme et leur prédisposition à la lutte.

    En menant à bien notre tâche générale, nous devons tenir compte que les masses ne représentent pas un tout homogène et qu’elles ont des degrés divers de conscience politique et d’organisation. On pourrait dire que le mouvement de masses est formé pour trois secteurs principaux. D’abord, la lutte syndicale des ouvriers, la protestation et les revendications citoyennes et d’autres types de luttes sectorielles.

    À un niveau un peu plus haut, se trouvent les collectifs et les organisations qui mènent la dénonciation du terrorisme d’État, la solidarité avec les prisonniers politiques, la lutte contre l’impérialisme et le militarisme, etc. et qui posent des exigences politiques diverses au gouvernement. Celui-ci peut être qualifié comme le niveau intermédiaire, puisqu’il implique un plus grand degré de conscience politique.

    Au dessus de ce niveau-ci, se trouve situé le mouvement politique de résistance organisé, qui ne se limite pas à la lutte économique et sociale, ni ne s’arrête à la dénonciation des abus et violations du pouvoir, mais qui, en plus, se propose de le renverser et fait de préparatifs continués dans tous les domaines dans ce but. C’est le secteur le plus conscient et le mieux organisé, il constitue l’avant-garde et est formé principalement du Parti et de la guérilla.

    Dans sa majorité, le mouvement ouvrier et populaire n’est pas conscient de la nécessité du renversement de l’État capitaliste, bien qu’il l’affronte ouvertement et lutte contre lui.

    Cette situation impose au Parti la tâche d’élever le niveau de conscience politique des masses pour qu’elles assument son Programme et s’organisent pour le mettre en pratique. Dans ce but, nous devons unir, avant tout, le secteur le plus avancé autour de la direction du Parti, de sorte que, en nous en appuyant sur lui, nous puissions attirer à nous le secteur intermédiaire, élever le niveau des plus retardés et gagner tous les deux à la cause.

    Cette importante tâche est inséparable de la lutte générale contre le système capitaliste et en particulier de la lutte politique. Dans ce domaine, le principal but du Parti est actuellement l’isolement politique et social du régime, pour pouvoir rassembler contre lui toutes les forces révolutionnaires pour le détruire.

    Dans ce but, il soutient et organise le boycott de l’État, de ses institutions et de ses lois, de ses farces électorales, comme des partis et syndicats qui le soutiennent. Dans ce sens, il faut comprendre que notre tactique de boycott répond à la nature du régime politique en Espagne.

    C’est une tactique générale, mais le Parti ne fait pas du boycott une question de principe et il ne peut pas écarter que, dans des circonstances politiques concrètes, particulières, il soutiendrait la participation si cela aidait à isoler le fascisme et en définitive à élever la conscience révolutionnaire des masses et à les organiser dans la lutte pour la conquête du pouvoir.

    Le Parti ne reconnaît ni ne respecte la Constitution qui légalise le régime monarchique fasciste imposé par Franco et l’Armée et qui consacre le système d’exploitation capitaliste et l’oppression nationale.

    Le Parti appelle les masses à s’opposer à ce régime de la manière la plus résolue, à s’organiser indépendamment de lui, à étendre la protestation, la désobéissance civile et à employer toutes les formes de résistance.

    En même temps qu’il organise et stimule ce mouvement, le Parti doit expliquer à tous les travailleurs l’importance de la lutte politique pour les droits et les libertés démocratiques et, particulièrement, la lutte contre le terrorisme d’État, contre les lois et les tribunaux spéciaux de répression et contre l’application systématique de la torture aux détenus et prisonniers politiques.

    5.2. Renforcer l’organisation indépendante de la classe ouvrière

    La classe ouvrière est plus intéressée qu’aucun autre secteur de la population à conduire la lutte contre l’État capitaliste jusqu’à ses dernières conséquences et de fait, depuis longtemps, elle a agi à la tête du mouvement populaire comme son authentique avant-garde. Pour que le prolétariat continue à développer ce rôle et puisse conduire la lutte jusqu’au bout il doit agir uni, comme une force politique indépendante et se baser sur ses propres forces.

    En particulier, c’est dans les grandes usines, qui rassemblent les noyaux les plus nombreux, les plus combatifs et les mieux organisés du prolétariat, que le Parti doit centrer ses forces, en développant, là où il est présent, les formes d’organisation et les méthodes de lutte les plus avancées, déjà prouvés ou qui ont été créés par le mouvement de masses lui-même.

    Il faut développer le mouvement syndical indépendant de la classe ouvrière, en l’articulant sur la base des assemblées et des commissions de délégués élues avec des procédures démocratiques, pour agir unis contre la politique économique et sociale du gouvernement (contre les reconversions, la coupure des prestations sociales, etc.) et contre les rythmes exténuants de travail, les normes humiliantes et autres abus du patronat.

    Les luttes économiques ou pour des améliorations immédiates de la vie des travailleurs sont une des formes les plus importantes que revêt la lutte de classes dans la société bourgeoise.

    Le Parti a la mission d’organiser, de prendre la tête et diriger ces luttes puisque, en plus de neutraliser l’appauvrissement progressif des masses, elles contribuent à élever leur niveau de conscience et à les organiser pour en finir avec l’exploitation capitaliste. Pour cela, le Parti stimule et aide les ouvriers à créer toute sorte d’organisations (pour la lutte syndicale, culturelle, d’autodéfense, etc.).

    À mesure que l’automatisation se développe dans les usines et grandes entreprises, le nombre d’ouvriers spécialisés diminue et augmente le nombre de techniciens et cadres. Cette tendance à la séparation croissante entre le travail simple et le complexe et à la hiérarchisation salariale continuelle s’oppose aux aspirations égalitaires qui ont toujours existé dans la classe ouvrière.

    En général, aux époques favorables, ce secteur de cadres et techniciens se conduit comme une lignée étrangère à la classe ouvrière et il s’identifie avec le régime de la bourgeoisie. Mais quand la crise arrive, il prend conscience de sa condition salariée et il tend à s’opposer au patronat et à son État.

    Le Parti doit, avant tout, s’en tenir aux revendications et exigences des ouvriers les plus exploités, qui sont la majorité, en développant parmi eux l’organisation et la lutte unitaire, ce qui oblige à cet autre secteur à se décanter et à prendre position.

    5.3. Organiser le mouvement de résistance populaire

    Dans la lutte contre la bourgeoisie de chaque pays, la classe ouvrière peut seulement compter sur le soutien et l’appui vraiment inconditionnel que lui prête le prolétariat révolutionnaire international.

    Partant de ce principe, le PCE(r) préconise l’unité de toutes les forces et secteurs populaires qui s’opposent au fascisme, aux monopoles et à l’impérialisme, en même temps il travaille activement pour développer des formes diverses de collaboration avec ces secteurs.

    Dans ce domaine, l’expérience a démontré souvent que l’unité ne s’atteint pas en établissant des pactes ou alliances autour d’une table et moins encore en faisant des concessions idéologiques et politiques.

    L’unité nécessaire des forces populaires s’atteint seulement à travers la lutte. D’abord, en développant la lutte indépendante contre la bourgeoisie et son État, mais aussi en dénonçant en même temps les hésitations et les inconséquences de la petite bourgeoisie démocratique et d’autres forces progressistes intermédiaires.

    L’hostilité que nous rencontrons parfois dans ces secteurs ne doit pas décourager notre volonté. Il est nécessaire que nous soyons capables de nous unir même avec ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, sinon, quel sens y aurait-il à parler d’unité ? Cela n’exclut pas, mais présuppose, la critique mutuelle sur tous les aspects de l’activité politique.

    Parmi tous les secteurs populaires qui s’opposent aux monopoles et au fascisme, nous détachons les paysans. Le paysannat est un des secteurs les plus exploités et opprimés de la population et il se trouve seulement à un pas de la classe ouvrière, dont il vient grossir les rangs continuellement.

    C’est pourquoi il est susceptible de s’incorporer à la lutte pour le socialisme et de fait il y a déjà longtemps qu’il s’affronte aux monopoles. Mais la conscience de propriétaire est si enracinée en lui que cela va exiger un travail persistant de propagande de le convaincre de l’inévitabilité et des avantages du socialisme, de la supériorité des formes collectives de production et de la nécessité absolue d’une alliance politique étroite avec la classe ouvrière.

    Un autre secteur important que le Parti encourage et auquel il prête soutien est formé par les mouvements de libération des nations opprimées, qui se trouvent ouvertement opposés à l’État fasciste et impérialiste espagnol et qui font une défense conséquente des droits nationaux et démocratiques.

    Le Parti appuie et stimule la lutte pour les exigences démocratiques qui répondent aux nécessités des masses populaires. Dans la lutte pour le succès de ces revendications, nous devons nous efforcer d’atteindre la plus grande confluence avec tous les secteurs de la population intéressée.

    Ceux-ci incluent le mouvement antimilitariste, les étudiants, les femmes qui luttent pour leurs droits, les jeunes qui appartiennent aux classes et couches populaires, les intellectuels progressistes et en général tous ceux qui souffrent dans leur chair de l’exploitation, du racisme, de la détérioration de l’environnement, de la drogue, de la répression sous toutes ses formes, de la discrimination, de l’exclusion…

    Nous devons regrouper autour de la classe ouvrière toutes ces forces pour mettre un frein à la constante détérioration des conditions de vie et á la suppression des libertés démocratiques, nous appuyer sur la lutte commune et former un puissant mouvement de résistance populaire, antifasciste et anti-impérialiste. De cette façon, nous réussirons à gagner pour la cause de larges masses et nous avancerons vers la réalisation des objectifs socialistes et communistes de la révolution.

    5.4. La lutte de résistance

    Les classes avancées de la société se sont toujours vues obligées de recourir à la violence révolutionnaire pour supprimer les formes de vie déjà périmées et ouvrir le chemin à d’autres nouvelles. La violence est la sage femme de toute vieille société qui porte dans ses entrailles une autre nouvelle. Naturellement, la classe ouvrière préfère prendre le pouvoir d’une manière pacifique.

    Mais l’expérience historique démontre que, tant que la bourgeoisie n’est pas renversée dans les principaux pays impérialistes, le processus de transition du capitalisme au socialisme ne pourra pas s’effectuer d’une manière pacifique et légale, en utilisant les procédures parlementaires; et cela, pour la simple raison que la bourgeoisie monopoliste n’acceptera pas se retirer du pouvoir d’une manière volontaire et pacifique.

    En vertu des expériences qu’ils ont accumulé, les actuels États capitalistes ne permettront pas au mouvement ouvrier révolutionnaire d’augmenter et de concentrer ses forces de manière pacifique, puisque ces États sont la contre-révolution organisée permanente.

    Aujourd’hui, nous ne sommes pas à l’époque de la libre concurrence économique et de la dictature démocratique bourgeoise, quand la classe ouvrière avait encore la possibilité de s’organiser et d’utiliser les institutions bourgeoises pour lutter contre ces mêmes institutions, comme Engels le signalait.

    L’instauration de formes de pouvoir de type fasciste et policier dans la presque totalité des pays capitalistes a fini par ruiner et rendre inutiles les méthodes de lutte pacifique et parlementaires anciens, ce qui n’a pas empêché que d’autres méthodes aient surgi et soient en train de s’implanter.

    En Espagne, pendant les dernières décennies, la classe ouvrière et d’autres secteurs exploités et opprimés de la population ont non seulement reçu le plomb fasciste et versé des dizaines de fois leur sang, mais aussi ont combattu et harcelé avec tous les moyens à leur portée les forces répressives, leur ont opposé des barricades et toutes les formes de lutte violente et ils leur ont causé des morts et blessés nombreux.

    Cela a été accompagné de grèves, du fait d’imposer des assemblées ouvertes dans les quartiers, universités et centres de travail, les commissions de délégués, de la formation de piquets de grève et de bien d’autres méthodes de lutte démocratique du type le plus avancé.

    Dans cette situation générale, et coïncidant avec le commencement de l’aggravation de la crise économique et politique du régime et la recrudescence de la répression, dans les années 60, resurgit dans notre pays la lutte armée, sous forme de guérilla urbaine, pratiquée par de petits groupes ou détachements armés.

    À partir de ce moment-là, la combinaison des actions armées de la guérilla avec les grèves, manifestations, sabotages, etc. représente la principale forme de lutte du mouvement ouvrier et populaire.

    Cette combinaison de différents moyens de lutte donne forme à un vaste mouvement de type nouveau qui nous conduit à le qualifier de mouvement de résistance populaire.

    Dans ce mouvement, la lutte de masses et l’activité du Parti jouent le rôle principal. La lutte armée guérillera et l’organisation militaire sont des formes de lutte et d’organisation subordonnées aux précédentes. En Espagne, la guérilla ne va pas pouvoir accumuler seule la force nécessaire à renverser et anéantir l’armée fasciste. Ce sera l’insurrection générale des masses, en combinaison avec la lutte de l’armée guérillera qui, à son heure, renversera l’État capitaliste.

    Donc, les principales fonctions que la guérilla devra accomplir à cette étape de la lutte politico-militaire seront celles de continuer à aider le mouvement de masses et ses organisations, de contribuer à créer toutes les conditions (politiques, économiques, organiques, militaires, etc.) pour l’incorporation des grandes masses à la lutte pour le pouvoir et, en même temps, d’œuvrer à son propre renforcement.

    Les fonctions de la lutte armée et l’organisation guérillera ne sont pas limitées par des conditions momentanées, insurrectionnelles ou locales (et par conséquent de caractère tactique), mais permanentes. Cela est déterminé par les conditions du régime économique et politique de l’impérialisme comme par la crise et le déroulement de la lutte de classes. De cette façon, la lutte armée guérillera devient une partie essentielle de la stratégie révolutionnaire du prolétariat.

    Tout cela fait que le Parti doit considérer la lutte armée non seulement du point de vue de l’insurrection et de la situation révolutionnaire en général, mais aussi et surtout dans les aspects de l’organisation de l’armée guérillera et de la stratégie de la guerre populaire prolongée.

    La lutte de résistance aura inévitablement un caractère prolongé, car nous nous opposons non seulement à un ennemi qui compte avec un appareil d’État ramifié et centralisé, avec des moyens relativement puissants et un appui considérable de l’impérialisme international, mais il faut écarter toute possibilité d’organiser les grandes masses à travers les moyens légaux qui, à un certain moment, permettraient de faire face à la réaction et de renverser l’État capitaliste par l’insurrection armée. Cela est du passé.

    Aujourd’hui, les monopoles ne permettront pas aux masses de rassembler leurs forces et ne se laisseront pas surprendre par une insurrection générale qui éclate à un moment donné. D’ailleurs, dans les conditions de l’Espagne, le fascisme ne permettra aucune sorte d’organisation de la classe ouvrière et d’autres secteurs populaires vraiment indépendante; il ne donnera pas la moindre chance dans ce sens.

    Pour ce motif, ici est seulement possible la résistance politique et la lutte armée, si bien que, quand l’insurrection se produira, elle devra être préparée par des années de résistance du mouvement populaire dans un processus où alterneront les avancées et les reculs, où il faudra apprendre à utiliser toutes les moyens de lutte et où le politique et le militaire devront se combiner convenablement.

    5.5. Assurer l’orientation politique du mouvement guérillero

    Nous, les communistes, devons tenter de guider les formes de lutte du prolétariat et d’autres secteurs de la population. Parmi elles, détache la lutte armée guérillera. Le Parti doit faire tous les sacrifices nécessaires pour soutenir la guérilla, lui procurer l’appui des masses et assurer son orientation.

    L’organisation armée guérillera est une partie détachée du mouvement ouvrier et populaire et en reçoit toute sorte de soutien et appui. Si elle ne comptait pas sur ce soutien et la réserve inépuisable de recrutement que les masses représentent, il y aurait longtemps qu’elle aurait été anéantie par la réaction.

    L’organisation armée guérillera n’a pas d’intérêts différents de ceux des masses populaires. Par conséquent, son objectif politique ne peut être que le renversement du régime de la bourgeoisie impérialiste, l’expropriation des monopoles et le rétablissement de la République Populaire. Donc, les activités armées de la guérilla doivent contribuer à la réussite de cet objectif fondamental et répondre, en tout moment, aux besoins du mouvement politique des masses; c’est-à-dire, elles ne doivent pas être des actions isolées.

    La guerre de guérillas, bien que larvée, est une forme de guerre civile, elle est là et elle mûrit tous les jours. Puisqu’il s’agit d’une guerre, elle exige des analyses et des méthodes militaires pour pouvoir être menée avec succès. Mais il ne faut pas perdre de vue que, comme toute guerre, la guerre de guérillas, étant la suite de la lutte politique (seulement menée par d’autres moyens, les moyens violents), doit être guidée en tout moment par la politique, par le Parti: c’est le Parti qui guide le fusil.

    La guerre de guérillas obéit à de profondes causes économiques, politiques, sociales et historiques. Le Parti analyse ces causes à la lumière du marxisme-léninisme, extrait de son étude les lois générales de cette guerre populaire, sa stratégie et sa tactique. Il n’est pas à la portée de l’organisation armée – comme organisation armée – d’élaborer le Programme ou la stratégie; cela est uniquement à la portée du Parti et ce sont des tâches principalement siennes.

    D’ailleurs, il faut maintenir une stricte séparation organique entre le Parti et la guérilla. Le mouvement de résistance et le Parti Communiste lui-même ont des tâches multiples à accomplir qui d’aucune manière n’entrent dans les rigidités d’une armée ou d’un mouvement militarisé. Les luttes des larges masses d’ouvriers et de travailleurs ont besoin de la direction politique du Parti Communiste.

    Celui-ci donne cours à son ardeur et à sa détermination révolutionnaire, en synthétisant les expériences de leurs luttes et en les étendant. Le Parti, comme détachement d’avant-garde et noyau dirigeant du prolétariat, est celui qui est le mieux préparé pour mener à bon terme les tâches de type fondamentalement politique, et il a l’obligation de le faire.

    Au cas contraire, le mouvement des masses serait facilement désorienté et divisé et tomberait dans la démoralisation. Le Parti assure en même temps le lien entre la guérilla et le mouvement politique des masses. L’établissement de ces liens permet au Parti de donner une continuité à l’activité guérillera, en promouvant l’incorporation de la jeunesse antifasciste dans ses rangs et en l’alimentant de communistes expérimentés et fermes.

    De son côté, les membres du Parti qui développent leur activité dans les organisations de la guérilla y défendent les positions vraiment démocratiques et révolutionnaires du prolétariat, en s’en tenant au caractère populaire de ces organisations et en donnant exemple de dévouement et de hardiesse.

    La présence des communistes dans la guérilla et leur rôle politique et idéologique renforcent l’unité interne et la discipline de l’organisation militaire, la dote d’une haute morale de combat et d’une large perspective; en même temps, ils garantissent la réussite de ses actions, comme du choix du meilleur moment pour les réaliser et les moyens justes pour atteindre les objectifs.

    5.6. La lutte contre l’oppression nationale

    Étant donné qu’en Espagne le fascisme et l’impérialisme plongent leurs racines dans la suppression des libertés, mais aussi dans le maintien sous leur joug des peuples, la lutte contre l’oppression nationale en général et dans chacune des nations opprimées en particulier, acquiert une importance fondamentale dans la lutte pour le renversement du régime.

    C’est pourquoi, dans tout le pays, mais surtout dans chacune de ces nations, nous les communistes devons prendre avec force dans nos mains le drapeau des droits nationaux, en l’arrachant aux manœuvres de la bourgeoisie.

    En assumant le fait national et les revendications nationales que le capitalisme n’a pas résolus et que ne peuvent pas trouver de solution sous ce système, la classe ouvrière leur donne un contenu socialement différent. Pour les ouvriers, la lutte pour les droits nationaux est indissolublement liée à leurs intérêts de classe, à la lutte pour le pouvoir politique, à la lutte pour le socialisme.

    Ainsi, l’internationalisme prolétarien, l’union des ouvriers des différentes nationalités, devient-il la base de la solution de la question nationale en Espagne.

    Le prolétariat révolutionnaire s’appuie sur cette base pour défendre le droit à la séparation et à l’indépendance de la Galice, de l’Euskal Herria (Pays Basque) et de la Catalogne, et lutter sans repos pour qu’il soit reconnu. Dans le travail d’éducation internationaliste des ouvriers, le Parti doit centrer son attention sur la dénonciation du chauvinisme espagnol et sur la défense de la liberté de séparation des nations opprimées par l’État.

    Pour que cette activité ne soit pas utilisée par le nationalisme bourgeois réactionnaire pour troubler la conscience de classe des ouvriers, en les divisant par nations pour les subordonner à ses intérêts, les communistes de chacune de ces nations doivent plaider en même temps pour l’union volontaire et sur pied d’égalité nationale absolue, de tous les ouvriers et peuples exploités et opprimés par le même État.

    Dans le cadre de l’État espagnol, la possibilité de qu’une ou quelques nationalités choisissent l’indépendance était jusqu’à maintenant à peine probable.

    Cependant, en raison de l’aggravation de la crise du système capitaliste et de l’aiguisement des contradictions interimpérialistes et de leur répercussion en Espagne, cette possibilité n’est pas du tout négligeable. C’est pourquoi, en raison de sa défense du droit à l’autodétermination et pour affaiblir l’État fasciste, le Parti n’hésitera pas à soutenir ces peuples au cas où ils décideraient de se séparer de l’État espagnol et de proclamer leur indépendance.

    La lutte contre l’oppression nationale fait partie et s’est confondue avec la lutte pour les libertés démocratiques et la lutte pour le socialisme, elles sont unies et il n’existe de solution complète pour aucune d’entre elles séparément.

    C’est pourquoi, en partant de la singularité nationale, il est indispensable de les intégrer dans un seul torrent de lutte révolutionnaire capable de casser toutes les digues de division et de confusion que le système impose et de détruire l’État. Cela sera la seule garantie pour conquérir les droits politiques, sociaux et nationaux de tous et de chacun des peuples.

    5.7. La lutte contre l’impérialisme et le péril de guerre

    La crise capitaliste mondiale et la faillite du révisionnisme moderne ont fait surgir de nouveaux centres impérialistes du pouvoir et ont aggravé toutes les contradictions du système. D’où la lutte entre les États capitalistes les plus forts pour un nouveau partage du monde s’est accentuée et des stratégies économiques, politiques et militaires, ainsi que des alliances nouvelles, se profilent.

    Au plan mondial, les contradictions qui opposent entre eux les groupes monopolistes et les États impérialistes se apparaissent aujourd’hui, à nouveau, comme la contradiction principale.

    L’impérialisme n’est pas un tout homogène, puisque son hégémonie exacerbe et complique encore plus les contradictions du capitalisme. Cela arrive parce que sa particularité essentielle n’est pas les monopoles purs, mais les monopoles avec l’échange, le marché, la production petite et moyenne, la concurrence et la crise.

    Dans la course pour vaincre leurs concurrents, les États monopolistes prennent des mesures de type protectionniste qu’après ils se jettent à la figure, ils pratiquent le dumping, limitent les investissements, exigent des contreparties, etc.

    Contrairement à la première moitié du siècle, où les zones de friction se trouvaient, principalement, dans les colonies et semi-colonies, aujourd’hui l’axe des luttes monopolistiques s’est déplacé sur les marchés intérieurs des pays impérialistes eux-mêmes, ce qui imprime à la concurrence une plus grande agressivité.

    Il est vrai que dans les relations entre les puissances capitalistes tout ne se base pas sur la politique de force et sur la confrontation. Il existe aussi les alliances et des accords de paix, qui sont comme des trêves entre les guerres.

    Cependant, aux époques de crise générale comme actuellement, de tels accords sont seulement des aspects partiels qui, au bout de peu d’années, peuvent se rompre ou deviennent des chiffons de papier. De cette façon, les accords et traités entre les États capitalistes sont en train de passer au second rang, tandis que les luttes internes, les antagonismes, les rivalités et les vieilles rivalités occupent de plus en plus le premier plan.

    Ces rivalités, qui étaient autrefois motif de chocs fréquents, de conflits et de guerres, conduisent à des affrontements nouveaux entre les États impérialistes pour le partage et le pillage du monde. Comme Lénine le disait: Sous le capitalisme il n’y a pas d’autre fondement pour le partage des sphères d’influence, des intérêts, des colonies, etc. que celui de la force économique générale, financière, militaire, etc. (5)

    L’État espagnol ne se tient pas en marge de ce conflit et participe comme un pays impérialiste de plus à la boucherie, au partage et à la rapine. Le risque de guerre, l’appui du complexe militaire et informatif de l’OTAN à l’appareil répressif et à l’Armée espagnole, les dépenses militaires qui retombent sur les classes populaires et la possibilité d’utiliser notre jeunesse comme chair à canon dans les expéditions agressives de l’impérialisme, sont des problèmes qui touchent à des millions de personnes.

    Cette situation est en train de générer un large mouvement de protestation et de refus qui entraîne non seulement la participation de la classe ouvrière et la jeunesse (son vrai moteur et organisateur), mais aussi d’autres secteurs sociaux importants.

    C’est ainsi que le mouvement contre le militarisme, les bases yankees installées sur notre territoire et contre l’OTAN est en train de s’unir de plus en plus à l’ensemble du mouvement de résistance qui lutte pour le renversement du régime et des piliers qui le soutiennent.

    Dans le cadre du capitalisme, jamais nous ne pourrons éviter ses tendances agressives et impérialistes; il faut en finir d’abord avec les causes et le pouvoir qui les crée et les nourrit. C’est pourquoi, si la lutte contre l’impérialisme était dépourvue d’objectifs révolutionnaires, elle n’arriverait pas, dans le meilleur des cas, qu’à arracher quelques promesses au gouvernement.

    D’où, sans écarter qu’au cours de la lutte on puisse faire reculer les forces impérialistes, nous devons considérer que seul le renversement du régime des monopoles permettra, en dernier ressort, de démanteler les bases yankees dans notre pays, de nous éloigner du bloc impérialiste et en définitive d’affaiblir la réaction mondiale.

    Nous considérons qu’aujourd’hui, il y a trois fronts de lutte contre l’impérialisme: le front que composent les pays socialistes, le front que forment les peuples et les nations opprimées et le front de lutte qui se trouve à l’intérieur de chaque pays impérialiste. Ces trois fronts font partie d’un même combat général contre l’impérialisme et la réaction; ils se complètent et s’appuient mutuellement.

    Le développement de la lutte de classes dans chaque pays, surtout la lutte révolutionnaire du prolétariat, constitue un des facteurs les plus importants de la désintégration impérialiste. Aujourd’hui, l’impérialisme des USA et son instrument militaire, l’OTAN, continuent d’être le principal ennemi des peuples du monde entier; par conséquent, ceux-ci doivent être sur leurs gardes et rassembler toutes leurs forces contre lui.

    Cela dit, vu l’éventualité de l’éclatement d’une troisième guerre mondiale, le prolétariat révolutionnaire ne fera aucune différence entre les camps adverses, puisque étant donné le cours des événements, celle-ci aura sûrement des deux côtés un caractère de guerre impérialiste, injuste, de rapine.

    Le Parti s’oppose à la guerre impérialiste. Au cas où celle-ci se produirait, il devra se déclarer défaitiste; c’est-à-dire, qu’il appellera à la défaite de l’État de notre propre bourgeoisie et la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire, et fera tout son possible pour parvenir à ce résultat.

    5.8. Mener à bien la révolution dans notre pays et contribuer à son triomphe dans le monde entier

    Les intérêts de la classe ouvrière sont les mêmes dans tous les pays. Grâce à l’extension du mode de production capitaliste partout dans le monde, la relation d’interdépendance des ouvriers des différents pays se renforce, et le principe selon lequel le communisme seul peut vaincre comme révolution mondiale prend une plus grande signification encore. Conformément à ce principe, le PCE(r) se déclare partie intégrante du parti international du prolétariat.

    Dans la situation de crise généralisée de l’impérialisme et de grave risque de guerre, l’unité des ouvriers, des peuples et nations opprimées du monde entier est tant et plus nécessaire et urgente que jamais pour mener jusqu’au bout la lutte contre la bourgeoisie monopoliste et l’impérialisme. Dans ce large front de lutte, la classe ouvrière et les partis et organisations communistes sont la force principale et la plus réellement révolutionnaire.

    Les États socialistes occupent aussi une place remarquable; c’est pourquoi, ils ne peuvent être considérés d’une manière isolée, car ils font partie de la révolution mondiale, à laquelle ils doivent servir d’avant-garde et de moyen d’accélérer son développement.

    Il faut que le prolétariat révolutionnaire affronte l’ensemble de ses tâches nationales et internationales selon cette conception. Il y a un seul internationalisme efficace – expliquait Lénine – qui consiste à se consacrer au développement du mouvement révolutionnaire et de la lutte révolutionnaire dans son pays, et à appuyer (par la propagande, le soutien moral et matériel) cette lutte, cette ligne de conduite et celle-ci seulement dans tous les pays sans exception (6).

    Aujourd’hui plus que jamais, l’idée que les ouvriers n’ont pas une patrie est totalement valable. Mais tant que les États capitalistes et les différences nationales existent, la lutte entre les exploités et les exploiteurs continuera à avoir un cadre national ou d’état. La révolution est l’affaire du peuple de chaque pays et il dépend de son degré de maturité politique qu’elle puisse être menée à bien. Cela n’exclut pas la nécessité d’un organisme qui représente la grande armée du prolétariat international.

    À ce sujet, nous considérons comme un facteur positif l’aspiration à la constitution d’un centre révolutionnaire mondial, dont la nécessité se fait sentir de plus en plus. Cependant, cela suppose de ne pas répéter les erreurs anciennes.

    L’unité de la tactique internationale du mouvement ouvrier communiste des pays du monde entier, disait Lénine, exigera, non la suppression de la variété, non la suppression des particularités nationales (ce qui actuellement est un rêve absurde), mais une application des principes fondamentaux du communisme… qui modifie avec discernement ces principes dans leurs détails, qui les adapte, qui les applique avec discernement aux particularités nationales et étatiques (7).

    En accord avec cette tactique et en suivant la formule appliquée par la I Internationale, nous plaidons plutôt pour la création d’une centrale d’orientation, communication et coopération internationale qui rende possible l’appui mutuel et l’échange d’expériences entre les organisations et partis communistes du monde entier et qui soit capable, en même temps, d’organiser des actions simultanées.

    6. Programme général du Parti pour la transition au communisme

    6.1. Nécessité historique de la dictature révolutionnaire du prolétariat

    Entre la société capitaliste et la société communiste -écrit Marx- s’écoule la période de transformation révolutionnaire de la première à la seconde. À cette période correspond aussi une période politique de transition, durant laquelle son État ne peut être que celui de la dictature révolutionnaire du prolétariat (8).

    La classe ouvrière ne peut s’approprier simplement l’État bourgeois, destiné à sauvegarder la propriété privée capitaliste et à réprimer les travailleurs, pour le mettre à son service (comme le firent les révolutionnaires bourgeois avec l’appareil féodal), mais elle doit détruire la machine bureaucratique et militaire bourgeoise qui le soutient et instaurer, au moyen de la dictature révolutionnaire, son propre État de démocratie ouvrière.

    L’État de dictature du prolétariat qui applique la répression et restriction des droits de la minorité exploiteuse suppose -en opposition à la démocratie bourgeoise ou dictature capitaliste- le plus grand degré de démocratie et liberté jamais atteint par les travailleurs.

    Étant donné les tâches qui doivent être abordées pendant cette étape de transformation révolutionnaire de la société de classes en une autre sans classes ou communiste, la dictature révolutionnaire du prolétariat devra s’étendre nécessairement sur une période historique longue. Cela durera tant que les classes ne seront pas abolies, tant que les idées qui émanent de ces relations sociales ne seront pas éliminées et tant que l’État de classe ne disparaîtra pas comme une forme du passé.

    De même que dans le capitalisme, dans le socialisme la société avance poussée par ses propres contradictions internes. C’est une loi universelle. Dans le socialisme les classes et la lutte de classes, la contradiction entre les forces productives et les relations de production, la contradiction entre la base économique et la superstructure politique et idéologique, et d’autres contradictions continuent à exister. Pendant toute la période socialiste, la contradiction principale de la société est celle qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie, bien que cette contradiction puisse revêtir un caractère différent et adopter des formes différentes.

    Il faudra que le Parti Communiste étudie le caractère ou la nature de chacune de ces contradictions pour leur donner une solution juste.

    En particulier, il faudra qu’il tienne compte que dans le socialisme, comme Mao l’enseigne, nous sommes en présence de deux types de contradictions sociales: les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple. Ce sont deux types de contradictions de caractère tout à fait différent […] Les contradictions entre nous et nos ennemis sont des contradictions antagoniques. Au sein du peuple, les contradictions entre travailleurs ne sont pas antagonistes. Par conséquent, comme les contradictions entre l’ennemi et nous et les contradictions au sein du peuple sont de nature différente, elles doivent être résolues par des méthodes différentes: pour la première, par les moyens coercitifs, la dictature, pour la deuxième -pour le peuple- par l’éducation et la persuasion, c’est-à-dire, la démocratie (9).

    Tandis que l’étape historique socialiste ne sera pas finie, il faudra que la classe ouvrière se serve de l’État pour exercer sa dictature pour vaincre les classes exploiteuses, qui, comme Lénine l’a dit, opposeront une résistance longue, obstinée, désespérée et poursuivront inévitablement des espoirs de restauration, des espoirs qui deviendront des tentatives de restauration (10).

    Au début, après son renversement, la bourgeoisie, les propriétaires terriens, les intellectuels bourgeois, etc. perdent leur pouvoir politique, leur tête organisée, mais ne disparaissent pas comme classe.

    Pendant le socialisme, la bourgeoisie continue de se reproduire d’une façon incontrôlée, à la manière ancienne, autant dans la base économique (à travers la petite production) que dans la superstructure (au travers des vieilles idées, de la force de la coutume, etc.), mais elle acquiert aussi des connotations nouvelles, car elle prend place dans la bureaucratie de l’État et dans le Parti, où elle tente de s’emparer de la direction et de changer la ligne politique révolutionnaire.

    Si cela arrive, le développement socialiste stagne et les contradictions de la société ne tardent pas à être antagonistes. C’est pourquoi il est indispensable d’exercer la dictature sur la bourgeoisie dans tous les domaines et de pratiquer la lutte de classes.

    À ce sujet, en synthétisant toute l’expérience positive et négative de la construction du socialisme, Mao Zedong soutenait que la direction du processus révolutionnaire devrait se faire toujours à partir de la prédominance de la direction politique et idéologique du Parti.

    La dictature du prolétariat implantée, le Parti devra fixer son attention sur la résolution de la contradiction que suppose l’existence même de l’État socialiste.

    Cette situation contradictoire tient au fait que, d’un côté, l’État constitue l’instrument de la dictature du prolétariat pour écraser la contre-révolution et organiser la nouvelle société, d’un autre côté, il devient le principal bastion de tout le vieux et le caduc qui reste dans la société.

    D’où, la nécessité de marcher toujours en avant, vers le communisme et l’extinction totale de l’État; la nécessité que les masses, dirigées par le prolétariat et le Parti Communiste exercent un étroit contrôle sur les organismes de l’État et qu’elles soient vraiment et pas seulement en parole, celles qui assument la direction dans toutes les sphères de la vie économique, politique, culturelle, administrative, etc. pour neutraliser la tendance absorbante de l’État et réduire ses fonctions à la plus simple expression.

    Naturellement, cet objectif ne pourra être atteint complètement avant que ne disparaissent totalement les classes et les conflits de classe qui impliquent l’existence de l’État comme organisme spécial de répression.

    Seulement à partir de ce moment-là où la dictature du prolétariat deviendra inutile, l’État n’aura plus de raison d’être. 

    Le premier acte où l’État se manifeste effectivement comme représentant de toute la société – la prise de possession des moyens de production au nom de la société – est en même temps son dernier acte indépendant comme État. L’intervention du pouvoir de l’État dans les relations sociales deviendra superflue dans un domaine après l’autre et il s’endormira de lui-même.

    Le gouvernement sur les personnes sera remplacé par l’administration des choses et par la direction des processus de production. L’État ne sera pas aboli: il s’éteindra (11).

    Une condition essentielle pour que ce processus d’extinction de l’État se développe sera l’existence d’un mouvement communiste de masses, dirigé et stimulé par un parti communiste qui continue à agir comme une vraie avant-garde et qui soit vigilant face à l’État, afin de garantir la solution des problèmes et l’avancée ininterrompue vers le communisme.

    À cette fin, le Parti doit exercer son action d’en haut (dès organes de l’État et du gouvernement, sans s’identifier ni jamais se soumettre à eux) et faire pression en même temps d’en bas, en développant la participation et la lutte des masses, avec le regard toujours fixé sur les objectifs derniers du communisme.

    Si on ne fait pas comme cela, ces positions seront occupées par le révisionnisme et la nouvelle classe bourgeoise qui, dans le socialisme, surgissent de vieilles relations de production et de la bureaucratie et dont les intérêts sont seulement de perpétuer les relations d’exploitation et l’oppression sur les masses populaires.

    Conscient de cela, le Parti, noyau dirigeant de tout le processus révolutionnaire, base sa stratégie sur le mouvement des masses et le maintien de la plus étroite liaison avec elles; il développe sa capacité créative, a recours aux masses pour la défense ferme et conséquente des conquêtes révolutionnaires face aux tentatives de restauration de la bourgeoisie, vieille et nouvelle, et se soumet lui-même à la critique ouverte des masses, comme moyen important de corriger ses erreurs inévitables.

    6.2. La politique économique dans la période de transition

    Après la prise du pouvoir par la classe ouvrière, les secteurs fondamentaux de l’économie passent aux mains de l’État sous la forme de propriété de tout le peuple; le contrôle ouvrier sur la production s’établit et les conditions de vie et de travail des travailleurs s’améliorent notablement. Cela touche au problème des relations de production.

    Malgré tout, les vieilles relations de propriété capitaliste ne sont pas totalement éliminées; avec la propriété de tout le peuple, coexistent pendant quelque temps d’autres formes de propriété.

    C’est pour cela qu’un des objectifs fondamentaux de la lutte qui a lieu durant le socialisme consiste précisément à transformer ces formes de propriété privée dans les deux formes fondamentales de la propriété socialiste – la propriété de tout le peuple et la propriété collective des coopératives -, pour ensuite approfondir le processus de transformation de ces dernières dans une seule: la propriété de tout le peuple.

    Dans le socialisme, la propriété sociale sur les moyens de production conditionne la nécessité objective du développement planifié et proportionnel de l’économie. C’est une des lois économiques fondamentales de la transition au communisme.

    La loi des bénéfices maximaux, l’anarchie dans la production et la loi de la valeur, facteurs qui régulent spontanément l’économie dans le capitalisme, disparaissent dans l’économie socialiste puisque est supprimé le caractère privé de la propriété sur les moyens de production.

    Dans le socialisme, il s’agit de mettre en harmonie la propriété sociale sur les moyens de production et le caractère social de la production. Sur cette base, s’établit le développement planifié et proportionnel de l’économie, qui rend possible l’élaboration et la mise en pratique des plans de production et de distribution.

    La planification implique un ensemble de mesures économiques, politiques et idéologiques qui, bien qu’elles reflètent une réalité objective, agiront sur elle pour la transformer. Voici l’importance relative et la priorité de la politique sur l’économie.

    Dans le socialisme, ne peuvent régner les mêmes lois d’exploitation, la concurrence et le commerce capitalistes, de même le marché et la concurrence capitaliste ne peuvent pas fixer les prix. Dans le socialisme, la politique et la planification économique – orientées en accord avec les intérêts des masses à court et long terme – sont les vrais régulateurs.

    Cela obéit au degré de développement atteint par les forces productives sociales. Dans la société socialiste, le développement économique est inséparable du développement social et culturel général; il est un processus économique, social, politique, technologique, idéologique, etc. qui doit être accompagné, en plus, de l’établissement de relations économiques internationales nouvelles.

    Les relations de production ne comprennent pas seulement le système de propriété, mais aussi les relations humaines dans le travail et le système de distribution.

    Étant une société de transition, le socialisme hérite du capitalisme la division du travail, qui se trouve présent dans la contradiction existant entre la campagne et la ville (dans la séparation entre le travail industriel et commercial, d’un côté, et le travail agricole, d’un autre côté), ainsi qu’entre le travail manuel et le travail intellectuel.

    En outre, la permanence du droit bourgeois, exprimé dans le principe de distribution a chacun selon son travail, et la tendance qui s’observe dans certains secteurs de la société à le violer et à créer de nouvelles couches de privilégiés, imposent à l’État d’assumer avec fermeté la tâche d’empêcher l’application abusive de ce principe et la régulation du droit bourgeois jusque le faire disparaître.

    Tout cela est inséparable de la lutte politique et idéologique (la lutte contre les idées vieilles, les habitudes et mœurs anciennes, etc.). C’est ainsi que se manifeste la contradiction entre les forces productives et les relations de production et celle qui oppose la base économique et la superstructure politique et idéologique.

    Bien que, dans le socialisme, la révolution établisse un certain équilibre ou une correspondance entre elles, ce facteur est seulement partiel et relatif, tandis que le déséquilibre est absolu et détermine le développement constant des relations de production.

    L’instauration de la dictature du prolétariat est la prémisse fondamentale pour la démolition des relations anciennes et sa substitution par d’autres nouvelles, mais cela arrivera seulement au cours d’une lutte de classes longue et exacerbée, lutte qui a lieu fondamentalement dans le domaine de la superstructure et qui doit comprendre tous les aspects de la vie.

    Cela se produit parce que l’appropriation des moyens fondamentaux de production par les producteurs ne provoque pas d’une façon automatique les changements correspondants dans les nouvelles relations de production ni, par conséquent, dans la superstructure liée à celles-ci, où la bourgeoisie renversée, mais pas encore vaincue, a son dernier domaine héréditaire.

    6.3. Transformation et développement intégral de l’homme

    La frontière entre le socialisme et le communisme ne se trouve pas dans la ligne de démarcation entre le système de propriété collective et le système de propriété de tout le peuple.

    Dans ce sens, Lénine l’a catégoriquement exposé: … En commençant les transformations socialistes, nous devons clairement nous fixer l’objectif où tendent, en fin de compte, ces transformations: celui de créer la société communiste, qui ne se limite pas à exproprier les usines, la terre et les moyens de production, qui ne se limite pas à établir une comptabilité et un contrôle rigoureux de la production et distribution de produits, mais qui va plus loin pour que le principe de ‘chacun selon sa capacité, à chacun selon ses nécessités’ devienne réel(12).

    Ce plus loin rapporté par Lénine comprend la transformation et le développement intégral de l’homme, et pour y arriver, la formation d’un mouvement communiste de masses est indispensable. Seulement cela justifie historiquement l’étape de transition socialiste.

    Les premières expériences de cette nouvelle révolution, que Lénine qualifiait de plus difficile, plus essentielle, plus radicale et plus décisive que le renversement de la bourgeoisie, car c’est une victoire sur la routine et l’indiscipline personnelles, sur l’égoïsme petit-bourgeois, sur toutes ces habitudes que le maudit capitalisme a laissée en héritage à l’ouvrier et au paysan (13), furent les samedis communistes.

    Lénine a aussi tiré les enseignements essentiels de ces premiers hauts-faits du futur de l’humanité, en soulignant entre autres choses: Le ‘communiste’ commence uniquement quand les samedis communistes apparaissent, c’est-à-dire, le travail gratuit d’individus non assujettis à des normes par aucun pouvoir, aucun État, au profit de la société à grande échelle (14).

    L’idée de concevoir le développement de la nouvelle société en termes de développement des forces productives, et en utilisant exclusivement la technique et les incitations matérielles, est la conception de la bourgeoisie que le révisionnisme moderne a pratiquée.

    On ne doit donc pas être surpris qu’elle ait conduit à de nombreux pays à la stagnation, la faillite économique, politique, sociale et morale et que, finalement, la bourgeoisie leur ait imposé à nouveau sa dictature de classe.

    Un tel désastre est arrivé parce qu’en réalité le révisionnisme ne représente pas des intérêts différents de ceux de la classe bourgeoise et de l’impérialisme, il ne se propose pas d’en finir avec l’exploitation et, par conséquent, jamais il ne pourra éliminer les obstacles qui apparaissent sur la voie de la transition au communisme.

    Ce qui met clairement à découvert la politique révisionniste bourgeoise est de faire des incitations matérielles le principal mobile pour l’accroissement de la production des travailleurs, ainsi que la motivation essentielle de leurs activités sociales et politiques.

    Dans la lutte contre le révisionnisme, Mao a mis l’accent sur le résultat erroné et nuisible de cette politique, en précisant que bien qu’on admette que le stimulant matériel est un principe important, il ne peut absolument pas être le seul. Il doit avoir un autre principe: le stimulant de l’esprit dans le domaine politico-idéologique. De plus, le stimulant matériel ne doit être uniquement traité en terme d’intérêts personnels, mais aussi en terme d’intérêts collectifs, de primeur des intérêts collectifs sur les intérêts personnels, de priorité des intérêts à long terme sur les intérêts immédiats (15).

    L’intérêt matériel conçu du point de vue d’une certaine individualité ne fait que reproduire la division du travail sur laquelle il s’appuie et loin d’éliminer les contradictions existantes entre les uns et les autres secteurs de la société, il les aggrave encore plus, car la spécialisation, l’élévation des connaissances, l’étude, etc. auraient comme objectif pour chaque personne d’atteindre des ressources individuelles plus grandes et non de servir à la communauté.

    L’expert, l’intellectuel, le fonctionnaire sont extraits ainsi du reste de la communauté pour préserver leurs intérêts particuliers, leur statut et ils tendent à consolider les vieilles relations de production capitaliste.

    Le révisionnisme casse la relation entre les intérêts collectifs et l’intérêt individuel, en prenant ce dernier comme le facteur décisif de la production et même de l’existence de la société et il élimine la conscience politique comme force motrice et mobile des individus, dont l’attention devrait se diriger vers l’édification du communisme.

    En réalité, de cette façon on renonce d’avance à ce futur pour avoir omis de considérer que l’individu constitue un élément de la collectivité et que les intérêts individuels améliorent à mesure que les intérêts publics progressent (16).

    S’il est bien vrai que dans la société socialiste le travail ne constitue pas encore la première nécessité vitale pour tous, ce ne sera pas avec l’intérêt matériel exclusivement que l’on va créer les nouvelles relations de production, mais par l’éducation et la mobilisation des masses pour qu’elles réalisent le travail et la distribution communiste.

    À travers la production et la lutte politico-sociale, l’homme transforme la nature et la société et, en même temps, se transforme lui-même. En abolissant l’exploitation de l’homme par l’homme, le socialisme crée les prémisses pour la formation de la personnalité universelle (qui s’atteindra sous le communisme) sur la base des nouvelles conditions économiques et sociales, de l’éducation idéologique, politique et morale.

    Cette nécessité a fait concevoir à Mao la Révolution Culturelle Prolétarienne, qui constitue, à côté des transformations des systèmes de propriété et du développement de la production et de la culture, une des conditions essentielles pour le passage au communisme.

    Le travail communiste et l’émulation, qui développent l’initiative audacieuse des masses et leur esprit entreprenant sont les bases indispensables pour l’implantation des relations de production nouvelles.

    Ces bases permettront de faire d’autres pas également nécessaires pour en finir avec les classes sociales, tels que l’intégration d’intellectuels, techniciens, cadres et ouvriers dans des groupes de travail manuel et intellectuel, l’industrialisation rurale qui permet la formation des paysans-ouvriers et la suppression de la contradiction entre la ville et la campagne. C’est seulement par ce chemin qu’on peut surpasser la division du travail et créer les relations de production qui correspondent aux forces productives du communisme.

    L’homme nouveau, l’homme universel naîtra ainsi, en liaison avec les transformations économiques qui, par la voie révolutionnaire et après la prise du pouvoir par le prolétariat, laisseront le capitalisme dans l’enfance de l’histoire faite consciemment par les hommes eux-mêmes.

    Notes

    (1) Lénine: L’État et la révolution
    (2) C. Marx: Manifeste du Parti Communiste
    (3) Lénine: L’État et la révolution
    (4) Lénine: Une grande initiative
    (5) Lénine: L’impérialisme, phase supérieure du capitalisme
    (6) Lénine: Les tâches du prolétariat dans notre révolution
    (7) Lénine: La maladie de la ‘gauche’ dans le communisme
    (8) K. Marx: Critique au Programme de Gotha
    (9) Mao Zedong: Sur le correct traitement des contradictions au sein du peuple
    (10) Lénine: La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky
    (11) F. Engels: Anti-Dühring, cité par Lénine dans L’État et la révolution
    (12) Lénine: VII Congrès extraordinaire du PC (b)
    (13) Lénine: Une grande initiative
    (14) Lénine: Rapport au sujet des samedis communistes
    (15) Mao Zedong: Notes de lecture du Manuel d’Économie Politique de l’Académie de Sciences de l’URSS
    (16) Mao Zedong: Notes de lecture du Manuel d’Économie Politique de l’Académie de Sciences de l’URSS.

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  • PCE(r) : 25e anniversaire d’un parti jeune et aguerri

    Article paru dans Antorcha, théorique du PCE(r), mai 2000

    Le 8 juin prochain sera le 25ème anniversaire de la tenue du Congrès reconstitutif de notre parti. Vingt-cinq ans que nous montrons orgueilleusement la déjà populaire et aimée (r), trente et quelques de travail politique organisé si nous comptons l’étape de la OMLE, c’est un anniversaire que peu d’organisations communistes peuvent célébrer dans le monde.

    Combien de personnes et de groupes qui dans la décade de 70 se présentaient comme le nec plus ultra de la « gauche » auraient donné alors une pièce pour nous? Où sont ils maintenant?

    Au moins, nous, nous pouvons trinquer avec les collègues, vétérans et jeunes et avec notre classe ouvrière pour ces 25 années de rien et chanter (assez bas, bien sûr, il ne faut pas informer l’ennemi) l’Internationale et l’hymne du parti, poing levé; tandis qu’eux … leurs derniers restes ont fini dans la poubelle de l’histoire ce 12 mars passé.

    Quoi qu’il en soit nous sommes ici! Et nous continuerons! pour le malheur des fachos et de leurs laquais et pour la satisfaction des résistants. Dire cela n’est pas rien si nous regardons en arrière et voyons combien ces 25 ans ont été denses pour la vie politique et la lutte des classes dans notre pays, et si nous voyons l’importance des forces ennemies que nous avons dues affronter dans des conditions presque toujours difficiles en puisant au maximum dans notre « force débile ».

    Dans notre souvenir vivent les camarades qui tombèrent sous le feu ennemi, ceux que la maladie ou les séquelles des grèves de la faim ont rendu incapables de continuer le combat de classe en première ligne, ceux qui, derrière les grilles, chantent avec nous, nous en sommes sûrs, bien qu’il leur soit difficile de trinquer; et nous n’oublions pas de citer les camarades qui sont dans la légalité, ceux qui sont dans la clandestinité, les amis et sympathisants, tous unis comme le poing autour du parti.

    Il serait long de rappeler maintenant tout ce qui s’est passé depuis ce 8 juin 1975; pour résumer nous pourrions dire que comme en tout combat valeureux « ils nous en ont fait voir, et nous aussi leur en avons fait voir »; mais comme nous avons pour soutien la raison historique et la classe ouvrière, tandis qu’eux ne représentent que la barbarie historique et une poignée de parasites, nous allons en croissant et eux déclinent.

    Le IVe Congrès de notre parti, tenu en 1998, constata qu’avec sa célébration « un cycle complet s’achevait » un cycle commencé avec la Réforme du régime des monopoles pendant l’agonie et la mort du dictateur Franco et avec notre réponse politique: la célébration du Congrès reconstitutif et l’élaboration du Programme pour la révolution socialiste.

    En même temps nous nous sommes engagés résolument à dévoiler le déguisement « démocratique » du fascisme; nous avons essayé d’empêcher que la classe ouvrière reste attachée à lui par la pesante corde du réformisme; pour cela, outre notre travail permanent de dénonciation, nous avons entrepris de commencer les mouvements de masse et d’impulser la création de la guérilla populaire.

    Ces années ne furent pas faciles pour nous qui devions mener le combat politique quasi en solitaire du fait de la trahison, de la reddition inconditionnelle de tous les groupes qui, autrefois, avaient formé « la gauche » du révisionnisme carliste.

    La chute du Comité Central en 1977 fut un rude coup pour notre mouvement, suivirent des détentions répétées de militants et l’assassinat de certains. Dans ces circonstances des tangages dans l’activité du parti étaient inévitables.

    Le rapport présenté au comité central en 1984 par le camarade Arenas et intitulé: « Où aller, quel chemin devons-nous prendre? » disait: « Dès le premier instant nous fûmes parfaitement conscients que la réaction ne nous pardonnerait pas l’audace de nous être attaqués à ses nouveaux plans, non seulement en paroles mais dans les actes.

    Nous savions qu’ils allaient lancer sur nous tous les corps répressifs et les moyens disproportionnés dont ils disposent pour essayer de nous réduire en miettes dans le moins de temps possible. Nous le savions. Leurs campagnes de calomnies et de mensonges étaient guidées par le même critère et devaient aboutir à cette fin. Cela aussi nous le savions.

    C’est pourquoi nous nous disions: si nous sommes capables de résister à leurs attaques furieuse et hystériques, ils perdront la bataille politique et idéologique. C’est pourquoi le parti dut se replier en ordre pour étancher ses blessures, récupérer des forces et attendre une situation générale plus favorable (…) Mais cela ne signifie en aucun cas cesser de combattre ».

    Pour faciliter ce repli « combattant » et mettre encore plus en évidence la nature fasciste du régime, le programme en cinq points fut avancé. La tentative du coup d’état du 23 février et la montée précipitée au pouvoir de l’équipe philippiste vinrent confirmer le succès de notre position.

    Nous n’allons pas étendre notre récit parce que les résultats de la « décade de l’infamie » philippiste sont encore présents à notre esprit. Il suffit de dire que quelques militants appellent ces années notre particulière « traversée du désert ».

    Mais si notre parti du surmonter une très dure épreuve (détentions, exterminations de détenus politiques), ce qui arriva au mouvement ouvrier ne fut pas moindre (reconversions, liquidation de droits syndicaux, chômage); et l’ensemble du mouvement populaire subit une diminution générale des libertés et la guerre sale.

    Si bien que tout cela eût pour conséquence le retard de plus d’une décade des plans de réorganisation du parti; en même temps se créaient les bases d’une unité plus étroite entre le parti, la classe ouvrière et les autres secteurs populaires qui s’éveillaient à la conscience de la nature fasciste du régime. Pendant cette période le « fascisme bourbonien » achevait sa banqueroute politique comme cela est apparu lors des élections du 12 mars passé.

    En effet, un cycle terminé et les thèses que nous avancions en 1975 se sont révélées tout à fait juste, thèses disant que « du fascisme à la démocratie il n’y avait pas de chemin possible »; par conséquent ce n’est pas le chemin des urnes qui ouvre la voie à la révolution mais la combinaison du mouvement des masses et des coups de la guérilla coordonnées en unique Mouvement Politique de Résistance.

    Bien qu’il n’ait pas été dans notre intention de faire un bilan ou une histoire depuis la célébration du Congrès reconstitutif, il faut reconnaître que 25 ans est une bonne date, très juvénile, qui se prête à un regard en arrière pour contempler le chemin parcouru et en tirer quelques enseignements.

    Cela nous ouvre la tâche que nous réclament depuis un certain temps, des camarades, amis et sympathisants et que nous n’ajournerons plus, compléter « l’histoire du parti ». Nous pouvons considérer cette note comme un coup d’envoi pour nous mettre au travail. Nous avons déjà fait quelques pas et ne partons pas de rien.

    Il y a « L’histoire du PCE (r) et des Grapo » déjà épuisée de l’éditeur Contracanto, le thème XXII « Brève ébauche de l’histoire du PCE (r) » du « Manuel », les rapports des réunions du Comité Central ou des Congrès, les publications du parti.

    On peut également considérer comme faisant parti du rappel de cet anniversaire, et de l’engagement de retrouver l’histoire du parti, la brochure récemment publiée sur « l’organisation politique de la classe ouvrière » et les travaux qui paraîtront cette année dans RESISTENCIA et ANTORCHA. Pour finir, le défi est lancé et nous devrons tous donner un coup d’épaule. Nous avons toute l’Histoire devant nous.

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  • Conversation à propos des GRAPO (2000)

    Article paru dans Antorcha, Revue théorique du PCE(r), octobre 2000

    Depuis quelque temps il y a une question qui m’est venue et que, depuis l’action des GRAPO contre le fourgon de Vigo, j’ose poser clairement.

    L’Organisation pourra-t-elle résoudre le problème de son financement, problème que nous traînons pratiquement depuis notre naissance? Évidemment je fais allusion à une solution disons, stratégique.

    Donner une solution du type que tu envisages n’a rien de facile, c’est quelque chose qui va plus loin que l’opiniâtreté et l’application que nous mettons à la tâche. L’origine de cette difficulté est très liée au degré de développement du mouvement révolutionnaire et aux conditions objectives qu’il faut affronter.

    Ces conditions d’une part, ne nous permettent pas en ce moment de remplacer et de développer nos forces avec une certaine régularité ou « normalité », chose nécessaire pour avoir un plan à long terme qui supposerait aussi un financement régulier. Mais, d’autre part et en même temps les événements nous demandent une action plus continue sur ce front, comme sur les autres. C’est le poisson qui se mord la queue…

    Dans ce cas je pense qu’il serait plus juste de se centrer sur les autres actions qui paraissent plus liées au mouvement, que les gens comprennent mieux, et ainsi favoriser une accumulation de forces qui ensuite nous permettrait d’aborder le problème financier dans de meilleures conditions.

    Combiner l’un et l’autre type d’action, les GRAPO viennent de le faire. L’affaire du fourgon a été précédée d’une campagne pour appuyer le boycott à la mascarade électorale de mars, immédiatement après sont survenues les bombes contre les agences de travail temporaire.

    Ce n’est pas par hasard, c’est planifié et inscrit dans la tactique visant à lancer des attaques concentrées qui obtiennent le meilleur effet de propagande lié à l’objectif politique que nous nous sommes fixés en ce moment et qui doit coïncider avec les nécessités et les problèmes ressentis par le mouvement ouvrier et populaire. Entre la détermination et la capacité militaire démontrée dans l’attaque du fourgon et la campagne de bombes nous sommes apparus comme une force politico-militaire.

    Tu n’as qu’à voir la réaction des gens, en particulier les plus avances, contents de cette nouvelle « réapparition » des GRAPO. Cet exemple se transmet au mouvement populaire; de la l’obstination des experts en intoxication et manipulation à embrouiller les actions de la guérilla. Mais les gens ne sont pas bêtes et ont leurs propres lectures.

    Mais j’insiste, pourquoi cette obstination des derniers temps sur l’économique?

    Il y a une raison fondamentale. Pour la répercussion qu’a dans l’ensemble du travail des groupes et du mouvement de Résistance la solution d’un problème de cette envergure, un problème qui peut être qualifié de stratégique en raison de cette répercussion. N

    e pas l’avoir résolu nous empêche d’aborder d’autres objectifs et nous laisse dans une ambiance « d’attente », de passivité; au contraire le résoudre nous permet de nous fixer sur la mission stratégique des GRAPO dans l’étape actuelle de la lutte: accumuler des forces et contribuer à créer les conditions (politiques, économiques, pratiques, psychologiques…) qui facilitent l’extension du Mouvement de résistance antifasciste.

    Tel est l’objectif que l’Organisation a en tête quand elle cherche à résoudre le problème économique, ce qui nous amène à employer une bonne partie de nos forces et à faire les efforts et sacrifices nécessaires. Autre chose est la voie que choisira la Direction pour nous approcher effectivement de la solution de ce problème.

    Mais après toutes les expériences, que nous et les autres organisations guerrilleras avons accumulé, il est clair que cette voie devrait être celle de « l’impôt révolutionnaire ».

    Effectivement l’unique solution avec des garanties de continuité est celle dont tu parles, celle de « l’impôt ». Mais tu seras d’accord avec moi que cela ne s’obtient ni en deux jours ni en deux ans.

    On a besoin, précisément, d’avoir les forces nécessaires pour exercer une pression continue sur la classe capitaliste pour imposer la dévolution à la cause populaire d’une bonne part des gains empochés grâce au vol et au crime que supposent l’exploitation et la misère qui assaillent des millions de travailleurs et leurs familles.

    Tu as déjà vu les dernières explosions faites par l’ETA à Neguri, ils font continuellement pression sur les entrepreneurs, et, même ainsi, bien qu’il comptent davantage de forces que nous, il ont du mal à recouvrer de l’argent et doivent recourir de temps en temps à des enlèvements. Ainsi, dans notre cas, tant que nous n’aurons pas atteint une plus grande taille, nous devrons résoudre le problème financier d’une manière plus ponctuelle, soit comme nous venons de le faire.

    D’accord avec ce raisonnement mais pourquoi nous limiter aux fourgons, banques ou enlèvements? De l’argent il y en a des tas partout?

    Ni autant ni en tant d’endroits. Tout d’abord moi je ne les connais pas. Bienvenues seront les informations qui nous seront signalées!

    Nous devons être conscients que, tant que le mouvement ne se développe pas plus et qu’il n’y a pas de milliers d’yeux et d’oreilles qui d’une manière ou une autre, travaillent pour l’Organisation, ce type d’information ne nous parviendra pas souvent.

    Pendant ce temps les cibles qui nous permettent d’obtenir les fonds nécessaires pour avancer dans la direction stratégique que nous avons énoncé précédemment, sont seulement les établissements principaux des banques, certains fourgons, et l’enlèvement d’entrepreneurs et de financiers.

    Bien, ce sont effectivement les « coups » que nous avons réalisé jusqu’à présent, mais en ce qui concerne les fourgons… que se passe-t-il avec eux? Je te dis parce que la proportion arrive à être de six fourgons pour une banque et un enlèvement.

    Par dessus le marché les deux dernière fois qu’on s’est occupé de fourgons l’issue n’a pas été favorable, je veux dire pour emporter l’argent. La logique serait de continuer ce qui nous réussit le mieux, au moins statistiquement: les banques et les enlèvements.

    C’est la conclusion à laquelle nous pourrions arriver par la logique mathématique mais nous pensons en termes politico-militaires. Quand la Direction prend la décision d’attaquer l’un ou l’autre objectif elle le fait en fonction d’un ensemble de facteurs d’ordre politique, militaire, tactique, moral, etc. qui n’affectent pas seulement notre Organisation mais aussi les masses.

    En outre elle doit tenir compte que ces facteurs n’ont pas la même incidence sur le mouvement à l’une ou l’autre étape du processus révolutionnaire car ce qui peut-être juste à un moment déterminé peut ne pas l’être juste à un autre.

    Si prendre ces décisions était affaire de statistiques nous n’aurions pas tant de difficultés. Il y a une question que nous devons nous poser en premier lieu: Quelle répercussion aura un type d’action ou un autre pour le mouvement ouvrier et populaire? En second lieu il y a le degré de difficulté que comporte l’une ou l’autre opération, ce qui, à son tour est lié intimement à l’état de nos forces, leur nombre, leur degré de préparation, leur moral, leurs moyens…. en définitive ce que nous pourrions appeler notre capacité de combat.

    Oui je reconnais qu’il faut prendre tout cela en compte à l’heure de choisir la voie qui nous permette d’exécuter nos plans dans le moins de temps et au moindre coût possible.

    En outre la chose se complique si nous pensons à la nécessité de libérer des forces pour d’autres objectifs également importants. En suivant cette idée je pense que se faire un fourgon ou une grande banque sont des opérations qui durent seulement le temps que le commando met à la préparer et les exécuter; tandis qu’un enlèvement, par exemple, peut durer beaucoup si la famille ne parvient pas à tromper la surveillance à laquelle la police va la soumettre ou collabore avec elle.

    La première opération te permet de disposer à nouveau de tes forces en un temps relativement court, tandis que la seconde… En regardant ainsi les choses, le fait que la Direction ait décidé d’attaquer des fourgons, c’est sûrement parce que c’est ce qui nous convient le mieux. Nous avons même attrapé la police qui s’attendait comme l’avait annoncé Oreja lui-même, à un enlèvement.

    Je répète que tu ne dois pas oublier la question politique. Nous ne sommes pas intéressés par l’action militaire en elle-même, nous agissons en fonction d’objectifs politiques très précis auxquels doivent être subordonnés toute opération et toute campagne politico-militaire.

    En ce moment cela signifie faciliter le travail des organisations politiques au sein du Mouvement de résistance antifasciste. Nos actions doivent tâcher à tout moment d’élever le niveau de conscience des gens, rendre encore plus évidente la faiblesse de l’ennemi, faciliter l’action des organisations politiques du mouvement sur tous les terrains y compris l’économique etc.; tout cela en cherchant notre propre renforcement comme organisation.

    De ce fait « n’importe quelle action n’importe quand » ne nous sert pas. Quand nous choisissons un objectif nous devons effectivement considérer que son degré de complexité garde un certain équilibre avec la capacité de combat du commando qui va tâcher de l’atteindre mais surtout il faut évaluer son opportunité politique.

    Pour en revenir aux fourgons nous n’avons rien de « personnel » contre eux. Ce qui arrive, est, qu’au moins jusqu’à présent, ils sont un objectif groupant tous les éléments dont nous devons tenir compte: ils impliquent la concentration de fortes sommes en un seul point d’attaque; c’est une action qui éveille la sympathie des gens parce qu’il paraît évident que cet argent et le fruit de l’exploitation des travailleurs; ils sont « accessibles » au niveau actuel de nos forces; ils nous permettent de consacrer une partie de notre attention à d’autres objectifs plus directement en relation avec le mouvement etc.

    Enfin je ne vais pas m’étendre plus parce que, en définitive, si demain nous devions changer d’objectif nous le ferons et il ne se passera rien. Simplement répétons qu’à l’heure de choisir nous devons prendre en compte tous les facteurs: militaires, niveau de conscience des masses, nécessités propres et nécessités des autres organisation, conséquences pour le mouvement, facteurs qui favorisent l’intégration des éléments avancés des masses dans la lutte organisée. Nous devons continuer, entant qu’organisation armée de résistance, à réaliser les deux objectifs à court terme assignés par l’Organisation:

    1)Procurer les moyens indispensables à la poursuite de la lutte armée.

    2)Mener à bout un intense travail de prosélytisme.

    Je sais déjà que les gens se posent beaucoup de questions, avec une curiosité bien intentionnée, et ont parfois du mal à comprendre pourquoi on insiste tant pour des objectifs qui nous ont occasionné quelques échecs. Mais les choses vont ainsi. Si tous les problèmes se résolvaient la première fois nous aurions déjà fait la révolution; mieux on nous aurait canonisés car ce serait avoir fait de miracles. Je crois qu’au fond les gens le comprennent aussi.

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  • Interview des GRAPO (2002)

    Qu’avez vous pensé en apprenant que les GRAPO étaient inclus dans la fameuse liste « d’organisations terroristes » par les états membres de l’UE?

    En vérité, nous ne fumes pas surpris. Depuis notre naissance (1975) comme Organisation, nous fûmes toujours sous le feu du fascisme.

    Quoique les porte-paroles du régime ont tâché de nous discréditer et d’occulter notre propre existence, au final la réalité s’est imposée: le fait qu’aujourd’hui, du jour au lendemain, nous nous vîmes inclus dans la « liste noire » des impérialistes yankees, parrains et protecteurs des fascistes espagnols, suppose toute une reconnaissance de l’échec de la politique d’extermination portée à l’extrême à l’encontre de nos militantes et de ceux et celles des autres organisations du Mouvement Politique de Résistance.

    Finalement, ils se sont vus obligés d’admettre qu’ils n’avaient pas réussi à nous achever, que nous continuons là et que nous représentions toujours un véritable danger pour leurs intérêts.

    Et cela non pas tant pour la quantité de nos actions, que pour leur qualité, pour leurs liens avec les aspirations contestataires du mouvement populaire, pour être aussi déterminées qu’elles et pour le choix du meilleur moment politique pour les exécuter, recherchant toujours à affaiblir le régime et à élever la conscience des masses.

    En outre, les stratèges yankees connaissent parfaitement le caractère anti-impérialiste de notre Organisation, puisqu’en diverses occasions leurs intérêts et leurs installations militaires dans notre pays ont été attaqués par nos commandos en solidarité avec les peuples souffrant de leur agression.

    Ils savent aussi que nous avons toujours continué à établir des liens internationalistes et des contacts avec d’autres organisations et mouvements qui luttent résolument contre le fascisme et l’impérialisme dans leur pays respectif. Pour cela ils se sont décidés à nous donner ce traitement « de faveur ».

     Ca fait plus d’un an que nous n’avons pas lu un communiqué de votre Organisation. Si ce n’est que, de temps en temps, les journaux vous attribuent telle ou telle action laissant paraître que vous vous trouves dans une phase que nous allons appeler « Guadiana oculto ». À quoi est du ce silence? Ça a quelque chose à voir avec l’arrestation à Paris de 2 membres de votre Direction?

    C’est certain, qu’en ce moment, nous n’avons rendu public aucun communiqué, mais de la même que depuis l’arrestation d’une partie de notre Direction nous n’avons pas arrêté d’agir.

    Quand une arrestation affecte le « Commando Central » il y a toujours des sections de l’infrastructure qui subissent d’importants dégâts. La majorité des actions que nous avons réalisées durant cette période (expropriation d’argent et d’armes) était dirigée dans le but de réparer les dits dégâts et de remettre sur pied les sections affectées, en même temps que nous mettions en place la restructuration de l’Organisation qui était déjà prévue avant les arrestations et que nous nous renforcions avec l’incorporation de nouveaux combattantes.

    Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que, ce qui est fondamental, nous avons pansé les blessures que nous avait infligée la répression et que nous sommes en bonnes conditions pour répondre aux nécessités du Mouvement Politique de Résistance.

    A ne pas traiter d’une façon spectaculaire nos actions menées jusqu’au bout, on peut avoir l’impression qu’effectivement nous sommes inactifs. Cependant, l’état fasciste lui est au courant de nos actions qui le font souffrir directement et il est enragé d’être pleinement conscient de la préparation militaire de nos commandos et de dégâts que ceux-ci peuvent lui causer au moment que nous déciderons opportun.

    Nous donnons pour exemple, l’expropriation de fonds à Santander, en Novembre dernier. Durant l’affrontement de nos combattants avec la Guardia Civil et autres forces répressives, ces dernières prirent peur, n’étant pas capables d’éviter le retrait ordonné du commando.

     Comment insérer l’exécution d’un policier à Madrid il ya un pen plus d’un an dans le type d’actions faites dernièrement, liées à votre reformation?

    Ce fut un fait ponctuel lié à l’escalade de la répression du régime. C’était dans un contexte de poursuite à l’encontre du Mouvement de Résistance Antifasciste et de son avant-garde et de l’état d’exception à peine caché en Euskal Herria; l’incarcération à Paris d’une partie de notre « Commando Central » et de la Direction du PCE(r) venait de se produire et il était nécessaire de montrer au régime qu’il ne nous avait pas affaibli et que son objectif d’en finir avec la lutte armée de Résistance était encore une fois voué à l’échec.

    Cependant, nous maintenons très clairement que nous ne nous laisserons pas piéger par la police qui avec ses provocations désire nous amener sur ce terrain aussi défavorable qu’est l’affrontement direct avec les forces r6pressives; nous savons que la lutte armée, par si seule, ne peut actuellement faire reculer la nouvelle marée fasciste. Ça nécessite une apogée des luttes ouvrières et populaires, une augmentation de leur radicalité et de l’affrontement contre le régime pour l’isoler encore plus et contribuer à l’affaiblir.

    Il en découle que nos actions n’ont pas été dirigées dans le but de donner une réponse à toutes ces violences, sinon de garantir la continuité de la lutte armée de Résistance et le renforcement de l’Organisation dans le but de nous trouver dans les meilleurs conditions pour attendre les tâches que l’évolution de la situation, dans le futur, exigera de nous.

     Que pensez vous des actions du 11 Septembre à NY et Washington? Quels changements se sont produits dans le monde depuis cette date?

    Les attaques au coeur de l’impérialisme yankee sont une conséquence logique de la politique de génocide qui s’est transformé pour finir en une véritable guerre de rapine avec l’asservissement d’une multitude de nations et de peuples sur toute la planète.

    Prenant comme prdtexte les actions du 11 Septembre, les impérialistes ont déchainé une véritable chasse aux sorcières dans leur pays respectif pour anéantir l’opposition des travailleurs à leur politique militaire d’agression. La fascisation accélérée des états impérialistes s’est vue renforcée par l’ approbation de nouvelles lois répressives, authentiquement d’exception, qui ont fait de ces pays de véritables bagnes pour les travailleurs.

    Depuis le 11 Septembre, plus de mille détenus « suspects de terrorisme » ont disparu dans les prisons yankees, en Grande Bretagne fut approuvé l’internement sans ordre judiciaire, le massacre des révolutionnaires dans les prisons turcs continue, en France les détentions de militants basques augmentent ainsi que leur remise entre les mains des tortionnaires espagnols, etc.

    Dans le cas de notre pays, du à la perpétuation du fascisme aprés la mort de Franco, tout ce processus fut beaucoup plus aigu.

    Il n’y a qu’a prendre comme exemple les continuelles incarcérations d’ouvriers et de jeunes antifascistes, la croissante illégalisation de tous ces partis, organisations, associations qui luttent pour les libertés authentiquement démocratiques, qui dénoncent la répression et qui encouragent la solidarité avec ses victimes, etc. En définitif, la criminalisation plus large de tous les mouvements sociaux qui s’affrontent avec cette situation de manque de libertés et d’authentique terreur.

    Quoi qu’il en soit, nous sommes en guerre et, pour revenir au 11 Septembre, les peuples ont le droit de se défendre contre l’agression impérialiste et sont obligés de le faire s’ils veulent survivre.

     Comment cette situation de guerre dans laquelle nous vivons affecte vos projets en tant qu’organisation de guérilla située au coeur de l’impérialisme?

    L’Espagne est en plein dans la guerre. Ses troupes sont déjà déployées dans les Balkans et en Afghanistan. L’alignement du régime avec le bloc agressif commandé par les yankees l’amène à accentuer sa politique de surexploitation des travailleurs avec vues d’amplifier son appareil répressif et son complexe militaro-industriel. L’argent destiné à financer les nouveaux projets d’armements va être tirer encore une fois des tripes et du sang des travailleurs et nous savons déjà ce que cela signifie: plus de chômage, de misère et de répression. Et la jeunesse va être utilisée comme chair à canon. Tout cela va stimuler la résistance du mouvement populaire.

    Notre position est très claire: nous ferons tout ce que nous pourrons pour que le régime fasciste espagnole ne réussisse à gagner ne serait ce qu’une bataille de cette guerre.

    Tous les projets que nous tenons à bout de bras actuellement sont dirigés à accumuler des forces et des expériences, à consolider les infrastructures de l’Organisation et de ses commandos pour développer la lutte armée de guérilla avec vues d’affaiblir l’appareil politique et militaire du régime, de l’isoler politiquement et accélérer le processus de sa déroute, dans le même temps avec nos actions nous appuyons le mouvement des masses, étendant la résistance armée aux secteurs de plus en plus divers de la population. Dans cette tâche nous n’allons pas lésiner sur les forces et les sacrifices, puisque nous sommes convaincus que c’est l’unique manière d’arriver forts au moment ou l’état fasciste et impérialiste espagnol se trouvera affaibli à l’extrême par le propre développement de la guerre et l’action de guérilla.

    A ce moment là, les conditions, actuellement défavorables pour le mouvement populaire, auront changé, toute la haine accumulée des travailleurs et des peuples des nationalités opprimées sera à l’apogée, alors nous pourrons nous lancer à l’offensive, nous fusionnant avec le mouvement insurrectionnel général des masses étendues, avec son avant-garde politique au front, pour, tous ensemble, renverser l’état fasciste et implanter la République Populaire.

     Devant cette situation de militarisme croissant et d’augmentation de la répression dans notre pays, que diriez vous aux jeunes qui sent ceux qui subissent le plus directement cette situation?

    Effectivement, aujourd’hui la majorité des mouvements de jeunes (nationalistes, squatteurs, insoumis, antifascistes, anti-impérialistes, etc.) a subi une répression croissante qui cherche à les démoraliser, les poussant à l’impuissance la plus absolue et à sa neutralisation. Le régime ne leur permet pas, sous cette « légalité sécuritaire », la plus minime manifestation d’opposition à la fascisation croissante.

    Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil à l’illégalisation des organisations politiques, aux manifestations super surveillées, aux expulsions policières des lieux occupés l’un après l’autre, au bâillonnement des radios libres, à la criminalisation de la presse alternative et aux montages « anti-terroristes » de tout type qui augmentent et se finissent devant l’Audiencia Nacional.

    A ne pas tarder, juste pour distribution d’un fanzine, ils ne vont pas te perdre de vue.

    Devant tout cela il est nécessaire d’adopter une position conséquente d’affrontement au régime, de ne pas reculer dans la résistance, mais déjà sous d’autres formes d’organisations et de méthodes de lutte hors du contrôle de la flicaille et tenant compte de la situation et de la guerre qui s’approche.

    Il faut intensifier la lutte d’une manière plus décidée et radicale, étendre le sabotage à la machine belliqueuse qui se met en marche, combattre toutes les tendances à la démoralisation et au pacifisme et nous préparer sur tous les terrains pour ne pas nous laisser conduire comme des moutons à l’abattoir.

    Sur ce chemin de lutte, nous allons rencontrer et apporter à ce mouvement tout l’appui qui est à notre portée.

    Par la propagande de notre Parti, le PCE(r), vous avez déjà vu que nous répétions les appels au travailleurs, à la jeunesse en particulier, à ce qu’ils vous apportent tout type d’aide et d’appui.

    Maintenant que vous avez la parole, pourriez vous dire concrètement ce que vous avez besoin comme type d’aide, quel appui pratique peut vous être donné?

    Les GRAPO nous ne tombons pas du ciel. Nous faisons partie de ce mouvement étendu de résistance qui s’affronte quotidiennement avec le régime, de ce mouvement dont nous nous nourrissons et duquel sortent les nouveaux combattants. D’ici, nous lançons un appel à renforcer les liens entre ce mouvement et la guérilla.

    En premier lieu, toute anti-fasciste, anti-impérialiste et démocrate conséquente qui vent combattre le fascisme avec les armes à la main, indépendamment de son idéologie, a une place dans notre Organisation. Sans la lutte armée r6volutionnaire il est impossible de mettre en déroute le fascisme. Cette lutte, pour triompher, nécessite l’implication de tous/toutes.

    Depuis ton zine, ton quartier, ta ville, tu peux te transformer en oeil et oreille de la guérilla, nous faire parvenir une multitude d’informations auxquelles, à plusieurs reprises, nous n’avons pas accès, vues les conditions de rigoureuse clandestinité dans laquelle se développe notre activité.

    Des données sur des entrepreneurs, des flics, des militaires… Où vit tel on tel tortionnaire, exploiteur ou balance, où loge t-il, quelles sont ses habitudes… Où y a t-il un objectif économique (banques, fourgons, entrepreneurs…) qui nous permette d’exproprier des fonds pour intensifier et développer le combat…

    En définitive, nous avons besoin de collaborateurs de tout type, pour petite on insignifiante que puisse être l’aide qui te parait utile à la guérilla, elle est nécessaire, puisque la lutte révolutionnaire est l’affaire de tous/toute. Le fait que to te limites à demeurer dans « l’expectative » seul le régime peut en tirer bénéfice. Si pour avoir balancé un cocktail molotov sur une agence intérimaire ils t’enferment à vie, réfléchis si ça ne vaut pas la peine de faire quelque chose de plus…

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  • Communiqué des GRAPO du 8 novembre 2000

    Durant le mois de septembre dernier des commandos de notre Organisation, les Groupes de résistance antifasciste du 1er Octobre (GRAPO), ont mené à bien diverses actions dans plusieurs villes du pays.

    À l’aube du 27 nos groupes d’opération attaquèrent simultanément trois succursales des firmes esclavagistes de travail temporaire. « TEMPIBER » à Séville, « ADER » à Vigo et « ADECCO » à Valence. Le 28 l’objectif choisi fut la ETT située avenue de Oporto à Madrid

    Le 29 les installations de la revue parapolicière El Mundo furent détruites à Barcelone par un assaut éclair d’un autre commando de notre organisation. Le commando chargé d’exécuter cette opération pénétra à l’intérieur de l’édifice et installa rapidement une puissante charge d’explosifs.

    Après avoir programmé la minuterie de la charge de manière à laisser le temps nécessaire à l’évacuation de l’édifice, le commando abandonna les lieux de l’action en ordre parfait.

    Ce n’est pas la première fois que notre organisation vise l’appareil de propagande du régime. Le rôle éminent qu’il joue dans la guerre sale de l’état contre les organisations du mouvement de résistance a pu se vérifier, très récemment, dans la campagne d’intoxication et de manipulation lancée contre le Mouvement de libération nationale basque.

    Finalement dans la nuit du 29 au 30 un autre commando de notre organisation mettait fin à cette offensive politico-militaire en attaquant à l’explosif le siège des fascistes du Parti populaire dans le faubourg de Hortaleza à Madrid.

    Les spéculations des porte-parole du régime sur les motifs qui nous ont poussé à sortir dans la rue à ces moments précis ont été très diverses. D’abord les opération, notamment celle réalisée conte El Mundo les prirent au dépourvu, les conduisant à reconnaître qu’elles supposaient « un saut qualitatif » dans notre activité militaire.

    Ensuite, passée la première réaction de surprise, ils attribuèrent nos actions à la « recherche d’un effet de propagande » ou à une « célébration » supposée du 25ème anniversaire de l’existence des GRAPO.

    De cette manière grossière ils ont essayé de dévier l’attention des véritables raisons qui nous ont conduits à agir en ce moment. Ces raisons sont les mêmes que celles qui nous obligèrent à sortir dans la rue les armes à la main l’été 1975 pour freiner l’escalade terroriste du régime de Franco.

    Actuellement l’état fasciste espagnol, par un retour à ses plus noires origines, a choisi la voie de la répression et de la terreur ouverte pour tenter de sortir de la grave crise politique dont il souffre et pour freiner en même temps les avancées du mouvement de résistance dans toute l’Espagne.

    C’est la même politique que suivit l’oligarchie financière espagnole en d’autres temps. Les états d’exception sont imposés à nouveau depuis que le PP est à la tête du gouvernement. L’unique différence est qu’actuellement cela se fait au nom de la démocratie, avec la complicité de tous les partis bourgeois et social-fascistes, dans la l’égalité.

    Les condamnations injustes et démesurées imposées à des jeunes en relation avec la kale borroka [la lutte dans la rue] et la détention arbitraire de 20 personnes appartenant au collectif d’EKIN sont seulement le début des mesures légales qui, lorsqu’ils en auront besoin, ne tarderont pas à être étendues au reste du pays, en prolongement de la sale guerre menée par le gouvernement des Galosos.

    C’est dans ce but qu’ils mettent au point le Projet de réforme du Code pénal et de la Loi des mineurs grâce auxquels ils cherchent à éliminer les dernier restes de liberté d’expression et d’association qui avaient été conquis par le sang des travailleurs. Le gouvernement essaye de cette manière d’empêcher toute forme de sympathie et d’appui actif de la part des masses populaires, spécialement des jeunes, à l’égard de organisation du Mouvement de libération nationale banque et du Mouvement de résistance antifasciste.

    Nous voulons ici vous informer des autres actions réalisées par notre organisation dans l’année en cours, actions qui ne furent pas revendiquées sur le moment et qui eurent pour but d’appuyer la lutte des travailleurs contre l’exploitation et les abus du patronat, ainsi que de récupérer les fonds et les armes nécessaires à notre propre renforcement.

     Le 8 juin quatre ETT de Barcelone furent attaqués à l’explosif. Deux de la firme « ADECCO », dont le centrale de opération de cette compagnie esclavagiste; une « d’IMAN LABOR » et la quatrième « d’ALTA GESTION ».

     Le 9 juin d’autres attaques de même type furent menées à bien à Madrid contre « ADECCO » dans le district de San-Blas, « LABORMAN » à Chamartin et contre la ETT situé Paseo de la Delicias dans le district d’Arganzuela.

     Le 8 juillet et le 23 septembre nous avons récupéré les fonds et l’arment des gardes assermentés des fourgons blindées qui recouvraient la recette du supermarché « Champion » de Glorieta de Cuatro Caminos à Madrid et de « Condis » sur la Rambla de Ginpuzcoa à Barcelone.

    Notre Organisation est déterminée et préparée à poursuivre chaque jour avec plus de force la résistance contre l’état terroriste de l’oligarchie financière espagnole. Elle ne cessera pas cette lutte avant qu’il ne soit détruit. Ses nouvelles attaques contre les droits des travailleurs ne feront qu’augmenter et étendre les flammes de la lutte de résistance.

    En avant le mouvement de résistance antifasciste! 
    Unissons nos forces! 
    À bas l’état terroriste! 
    Passe à la résistance!

    Commando Central des Groupes de Résistance Antifasciste du 1er Octobre (GRAPO)

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  • GRAPO : Un bilan nécessaire (1992)

    décembre 1992

    1. Presentation

    Récemment les GRAPO, profitant la trève olympique, ont tenu une importante réunion laquelle, comme il se passe dans les situations de clandestinité rigoureuse, n’est pas arrivé à la connaissance du grand public. Pourtant, nous n’entrerons pas ici dans les détails de son deroulement parce que nous pensons qu’il n’est ni le moment ni le lieu les plus adéquats pour cela.

    Nous le laisserons donc pour une meilleure occasion afin de ne pas dévier l’attention du lecteur du document ou, sous le titre de « Un bilan nécessaire« , se sont concrétisées leurs conclusions.

    Depuis longtemps, les GRAPO ne réalisaient pas une analyse de leurs expériences. On peut donc dire que la parution de ce document prend ainsi tout son sens véritable et son importance.

    Il y recueille, synthétise et expose, sous un point de vue autocritique, sans aucune réserve, tout le processus de lutte développé de leurs premières actions à nous jours, s’arrêtant particulièrement dans l’étape la plus récente, sur laquelle on y fait un exposé assez complet.

    Il est possible que plus d’un soit surpris devant les révélations faites dans « Un bilan nécessaire« , les unes sur des faits connues et les autres sur des faits n’étant pas si connus.

    Il nous a semblé une excellente idée parce qu’elle apporte un point de vue plus large de l’activité déployée dernièrement. Nous partons du principe que ces révélations ne sont plus aucun secret pour les forces répressives, comme le document même laisse entrevoir, ni elles renferment aucun danger pour la sécurité de l’Organisation ni du mouvement de résistance.

    Il nous paraît également adéquate l’inclusion, en guise d’appendice (1), d’une sélection de textes des GRAPO (sauf l’extrait de « Entre deux feux » que cette Organisation se rallie entièrement à lui) devant être d’une grande aide pour comprendre leur trajectoire et leur buts révolutionnaires.

    Parmi les textes ressortent les premiers communiqués et d’autres écrits de la période initiale, sans doute le moins connue de la part des générations les plus jeunes. D’ailleurs, il faut souligner que la plupart des documents ont dû être résumés pour ne pas faire le recueil trop encombrant.

    Si quelques-une se questionnaient si les GRAPO ont été ou pas définitivement « désarticulés » ils trouveront la reponse dans ce livre. Après la proclamer autant de fois, l’histoire des « mystérieuses apparitions et disparitions », élaborée par la propagande officielle pour dissimuler l’échec de sa stratégie répressive, est devenue la plus grand fiasco du régime dans son acharnement pour dénaturer et anéantir le nouveau mouvement de résistance qui se développe en Espagne.

    2. Un bilan necessaire

    Dix-sept ans se sont écoulés dès que le 18 juillet 1976 notre Organisation, les Groupes de Résistance Antifasciste Premier Octobre (GRAPO) se fait connaître avec un communiqué revendiquant plus d’une dizaine d’actions armées dirigées contre l’Etat fasciste espagnol. Bien que la réforme politique du régime n’eût commencé, on annonçait déjà « l’ouverture » par où devraient entrer peu après tous les partis et groupes politiques de la gauche soumise.

    Depuis ces dates, déjà lointaines, la vie politique et sociale a enduré plusieurs avatars et notre Organisation n’y a jamais cessé d’intervenir avec de nombreuses actions armées: quelques fois, pour faire face a la répression et à la terreur fasciste de l’Etat; d’autres fois, pour dénoncer les manigances et les manœuvres politiques du gouvernement et des partis politiques; encore des fois pour appuyer aux masses dans leurs luttes ou bien pour procurer notre renforcement.

    Comme de bien entendu, au cours de cette longue lutte, l’Organisation a reçu aussi les coups de l’ennemi assez souvent. On a commis des erreurs (quelques-unes très graves), on a été quelques fois harcelés.

    Et encore et dans les pires conditions, l’Organisation s’est maintenue toujours dans la brèche; nos militants, soit dans la rue, soit aux commissariats ou soit dans les cellules d’isolément, ils ont fait honneur à leur engagement révolutionnaire et ils ont su transformer la faiblesse organique et militaire en une victoire politique et moral permanente. En général, on peut dire que les GRAPO ont accompli résolument et courageusement les tâches fixées comme partie intégrante du mouvement de résistance populaire, et ils ont supporté les coups répressifs de l’Etat.

    Quel outre bilan peut-on faire de toutes ces années de lutte armée révolutionnaire? L’Organisation, a-t-elle été « mise en déroute » ou est-elle peut-être en processus « d’extinction » comme assurent les porte-paroles du régime?

    Notre propre activité s’occupe de le démentir tous les jours, ce qui démontre, en outre, deux choses: primo, la justesse de la lutte armée de résistance; et secundo, que les conditions générales la fassent surgir non seulement ne se sont pas modifiées, mais elles la font de plus en plus nécessaire.

    C’est le développement de ces conditions mêmes (l’aggravation de la crise économique et politique du régime et l’accentuation de ses traits fascistes, ainsi que l’augmentation du mécontentement et de la lutte populaire, etc.) uni à la nouvelle situation crée ce qui nous exige maintenant faire halte pour analyser les expériences de toutes ces années de lutte, pour voir avec le maximum de clarté possible la perspective et pour élaborer de nouveaux projets de combat.

    3. Affonter le fascisme

    Au début, il y avait la pratique. On peut considérer que nous fûmes poussés prendre les armes par la necessité d’affronter le fascisme au moment où cet ennemi de tout le peuple prétendait se perpétuer en faisant appel, comme il l’a toujours fait, à la répression et au terrorisme ouvert. Certes, les conditions n’etaient pas déjà les mêmes d’autres époques antérieures. Le régimen avait épouisé ses posibilités dans ce domaine. Evidemment, nous avions une idée très nébuleuse sur ce sujet.

    Nous nous sentions surtout solidaires avec les victimes de la répression; quelques fois nous fûmes aussi le but direct de la répression, mais nous ne savions pas comment l’affronter. La charlatanerie dominante aux milieux de la gauche la plus « radicale » nous attristait et, nous mêmes, nous nous y voyions impuissants et extraordinairement limités par la faiblesse de l’Organisation et par la pénurie de moyens matériels.

    En sorte qu’il n’y eût rien d’autre à faire qu’aller au combat avec ce que nous avions: quelques pistolets, des matraques, des marteaux, etc. Nous devions arracher des mains de l’ennemi les armes que nous avions besoin.

    Dans le cadre de la théorie politique, nous ne disposions pas d’un arsenal meilleur. Nous avions compris les idées de Lénine sur la lutte armée et l’insurrection. Nous avions aussie quelques connaisances des théories militaires de Mao et des expériences guérilleras des mouvements de libération nationale des colonies, mais les unes et les autres étaient insuffisantes ou peu aptes pour notre pays.

    Que faire? C’etait la question que nous nous faisions tous les jours.

    Le principe de la lutte armée révolutionnaire pour prendre le pouvoir était intouchable pour nous. Mais, comment l’appliquer ici et maintenant, de manière qu’il ne se retourne contre l’Organisation elle-même? D’ailleurs, comment conjuguer ce principe à la pratique du mouvement de masses, lorsque la répression faisait-elle des ravages dans la volonté de lutte et dans le moral de beaucoup de gens? Comment affronter la répression?

    Celles-ci furent quelques-unes des nombreuses questions que nous nous faisions alors. De toute façon, le passage à la résistance armée nous l’avions déjà fait et donc, beaucoup de nos méditations furent vite éclaircies.

    4. La naissance de l’organisation

    Arriver à comprendre que, de nos jours, il ne serait pas grâce aux votes, ni avec les moyens pacifiques et parlamentaires comment nous allions pouvoir faire face à la répression fasciste et, encore moins, contribuer au renversement de l’Etat capitaliste, mais que cela serait seulement possible grâce à la lutte politique de résistance, y comprise la lutte armée, il a supposé un pas d’énorme portée, nous amenant trés tôt à faire un autre également important: celui de l’organisation.

    Pour pratiquer la lutte armée révolutionnaire, in ne suffit pas la conscience de sa néccesité historique; il ne suffit pas non plus la volonté, l’enthousiasme et le dévouement désintéresée. Nous avions tout cela abondamment.

    Mais une organisation bien structurée, centralisée et avec une discipline de fer nous manquait. Pour nous, il était évident déjà à cette époque-là, que se lancer au combat manquant de cette organisation nous aboutirait à l’aventurisme et à gaspiller nos énergies dans une lutte inégale contre les forces répressives de l’Etat. Pour cela nous y sommes mis immédiatement au travail dès l’instant que nous avons mené à bien les premières actions.

    Dans ce travail nous avons compté à chaque instant sur l’aide et l’expérience que nous procura le PCE(r) (2) et quelques-uns de ses militants les plus qualifiés.

    En réalité, le Parti fur celui qui assuma la responsabilité de créer l’Organisation, quand il prit la décision, après la célébration de son Congrès reconstitutif en juin 1975, de séparer de sa structure organique à la « section technique », laquelle était alors menée par Cerdan Calixto, Abelardo Collazo, Hierro Chomón et d’autres militants, devenant le premier noyau dirigeant de l’Organisation.

    Ce centre avait recommandé la mission de créer une véritable Organisation militaire « encadrant le plus grand nombre possible de combattants anti-fascistes, formant ses propres cadres (ne devant pas être nécessairement de membres du Parti ni professer l’idéologie communiste); en outre, on exigeait que l’Organisation agirait dorénavant de façon autonome du Parti et qu’elle adopterait ses propres décissions » (3).

    Avec cette résolution, on peut dire que les GRAPO furent, en fait, constitués comme une organisation armée révolutionnaire indépendente. Néanmoins, le PCE(r) plaida toujours et procura maintenir la rélation politique la plus étroite avec nous.

    Deux mois plus tard, le 21 août 1975, l’Organisation décide mener à bien les premières actions armées, exécutant deux gardes civiles aux alentours du cynodrome à Madrid. L’opératif suivant, nous l’avons réalisé le premier octobre 1975. Ce jour-là, aussi à Madrid, nous avons exécuté quatre numéros de la police armée comme représaille pour les exécutions que ce même corps répressif avait perpetré quelques jours avant (le 27 septembre).

    Il se passait, rappelons-nous, en même temps où un acte d’affirmation fasciste se représentait sur la place d’Oriente; un acte prédicé par Franco et ses acolytes. Il y a ceux qui assurent que Franco rentra alors au coma.

    Celles-ci et d’autres nombreuses actions armées menées par notre Organisation contre les forces répressives et contre les institutions du régime fasciste eurent un énorme retentissement et supposèrent une grande victoire politique et militaire. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque le régime de l’oligarchie financière se trouvait harcelé partout et qu’il essayait de prendre l’initiative montrant une position de « force ». Il y devait contribuer les exécutions, la terreur déchaînée parmi les masses et des actes comme celui de la place d’Oriente.

    En même temps, le régime essayait d’inculquer parmi les travailleurs l’idée de que toute résistance étaient inutile. Bien entendu, nous ne pouvons pas savoir ce qu’il serait arrivé sans les actions que nous avons alors mené à bien, mais nous assurons qu’avec ces actions disparurent définitivement les illusions de maintenir plus de temps débout la terreur ouverte, et nous sommes bien plus sûrs de la démonstration, nette et concluante que, de nôtre part, nous n’allions pas permettre qu’ils furent toujours à assassiner et à massacrer les gens avec une totale impunité.

    5. Quelques conclusions de caractere théorique

    Après ces premiers combats et ceux qui s’ensuivent au cours de la réforme (4), l’Organisation tira quelques conclusions de type théorique.

    Le fait d’avoir demandé depuis le début sa capacité et sa décision dans la lutte deviendrait un facteur d’énorme importance politique, bien plus si nous prenons en considération le moment si crucial que la vie du pays franchissait: les GRAPO font irruption juste au moment où le régime essayait s’étouffer en sang les aspirations de liberté et d’une vie meilleure des masses populaires, et leurs actions parviennent non seulement à arrêter la terreur fasciste, mais elles supposent un grand encouragement permettant aux travailleurs de poursuivre la lutte et d’arracher quelques améliorations politiques au système.

    C’est ainsi que, dès le début de la réforme commencèrent à se combiner les actions armées de la guérilla avec le mouvement de masses ce qui, uni à l’activité générale du Parti prolétarien, constitue le trait le plus remarquable du nouveau mouvement de résistance populaire apparaissant en Espagne.

    Analysant ces importantes expériences, notre Organisation souligne comme charpente fondamentale de sa ligne politico-militaire, cette liaison qui existe, en fait, entre le mouvement populaire et la lutte armée.

    Bien plus, nous pouvons dire qu’autant cette expérience-là que celle que nous avons accumulée dans la longue lutte que nous livrons depuis lors, nous a pourvu de la certitude absolu sur la nécessité que la lutte armée et les mouvements des masses doivent marcher ensemble pour arracher des concessions et pouvoir renverser finalement le fascisme et le monopolisme.

    Seulement ainsi, comme la pratique l’a démontré, nous serons invincibles. Sinon, on n’obtiendra rien et nous serons maintes et maintes fois trompés et massacrés par les patrons de toujours.

    Malgré son importance, il ne suffit pas cette seule relation. Outre cela, il est indispensable d’avoir une vision nette de la situation générale à chaque instant de savoir bien mesurer nos forces et de signaler précisément nos tâches et buts.

    Sur ce sujet, il importe insister que la guérilla, comme telle, elle no doit pas se proposer atteindre d’autres objectifs, donc l’étape actuelle de lutte, que ceux d’accumuler des forces et d’affaiblir celles de l’ennemi, ainsi que contribuer à créer toutes les autres conditions (politiques, économiques, organiques, etc.) facilitant l’extension et le renforcement du mouvement de résistance populaire.

    Quant à sa stratégie, aux phases que franchit la lutte et à la l’exposé militaire, nous avons très tôt compris la nécessité d’adapter la conception de la guerre populaire prolongée aux conditions de notre pays. Cela implique suivre une ligne de défensive stratégique dans cette première étape, pour passer ensuite, quand les conditions se modifieront à une seconde étape d’offensive stratégique ou insurrectionnelle.

    Dans le « Programme-Manuel du guérillero » élaboré par notre Organisation, cet important problème de la théorie militaire figure ainsi exposé: « Conformément aux conditions diverses, le changement dans la corrélation de forces et conformément à la technique et à l’art militaire, la stratégie de la guerre populaire prolongée comprend autant la défensive que l’offensive stratégique ».

    « Actuellement il existe un déséquilibre de forces à la faveur de la réaction. Les forces populaires partent d’une position d’inferiorité et, pour cela, elles se voient obligées à maintenir une lutte de stratégie défensive. Mais comme elles sont porteuses de tout le neuf et qu’elles luttent pour une cause juste et progressiste, elles se renforcent au cours de la guerre et trouveront un large soutien.

    Par contre, les forces réactionnaires partent d’une position de supériorité. Mais comme elles sont porteuses de tout le vieux et déjà caduc et qu’elles défendent une cause injuste, elles s’affaibliront et resteront isolées, jusqu’à la fin ou produise un nouveau déséquilibre, seul que cette fois à la faveur des forces populaires. Ainsi pourront celles-ci passer à l’offensive stratégique pour anéantir dans un délai de temps relativement court, aux forces principales de l’ennemi et pour introduire un régime populaire ».

    6. Apprendre des erreurs

    A la fin de 1976 on produit en Espagne un accroissement des antagonismes et des luttes sociales. Le régime se trouve entièrement isolé et s’écroule partout; c’est pourquoi, étant en danger son maintien même, l’oligarchie financière décide finalement d’entreprendre la réforme politique. Bref, la réforme n’a supposé une outre chose que l’intronisation du Borbón Juan Carlos et la modernisation de l’appareil bureaucratico-répressif de l’Etat, ce qui a été possible grâce à l’activité collaboration des carrillistes (5) et socialfascistes du PSOE.

    Avec l’incorporation de ces individus au système, le régime crée par Franco acquiert une teinture de légitimité « démocratique ». Mais il n’y devrait pas changer la nature monopoliste, fasciste et impérialiste, profondément réactionnaire, de l’Etat espagnol. C’est ainsi que le résumait Suárez même (falangista au dernière moment, exécuteur de la réforme): « On réforme ce qu’on veut conserver ». Dans ce but, ils démarrèrent la farce du référendum.

    Pour dénoncer cette monoeuvre politique continuatrice et obliger au gouvernement à faire des concessions véritables aux masses populaires et à leurs organisations démocratico-populaires, les GRAPO projetèrent mener à bien, de façon simultanée « l’Opération Papier » et « l’Opération Cromo ».

    La première consista en attaquer avec des charges explosives le principal moyen de propagande du régime, la télévision. La seconde, commencé en décembre 1976, fut l’un des opératifs les plus complexes et ambitieux accomplie jusqu’alors par notre Organisation.

    Le principal but cherché était la libération des prisonniers et la dénonce de la mascarade plébiscitaire. Dès le début les GRAPO firent un appel à l’action et à l’unité populaire contre la grosse escroquerie politique qu’essayaient de consommer les instances officielles en accord avec les politiciens de la prétendue « opposition ».

    En ce sens, on doit signaler que l’utilisation des armes pour la libération des prisonniers politiques en combinaison avec les mobilisations des masses se déroulant depuis quelque temps par tout le pays, établissait un précédent dans ce genre de lutte.

    La première phase de « l’Opération Cromo », c’est-à-dire, autant la prise du Président du Conseil d’Etat, l’oligarchie et financier Oriol, que celle du Lieutenant Général Villaescusa, Président à la fois de la Cour Supérieure de Justice Militaire, elle est effectué avec une totale précision. Il arriva ensuite, au cours de la même, qu’on commença à révéler les faiblesses et les carences que devrait résoudre notre Organisation dans son affrontement contre l’appareil répressif de l’Etat.

    Les tenants et aboutissants de cette opération, laquelle s’est prolongée durant deux mois, ainsi que son dénouement, sont déjà connus: le 11 février la police réussit à arrêter le commando qui surveillait les prisonniers et à se faire avec un important butin de guerre.

    Mais ce qui supposa un coup plus grand pour l’Organisation, ce fut l’arrestation de la plupart de la Direction. Peu après, nous attribuerions la cause de cet échec au mauvais fonctionnement et aussi, bien que moins, à une conception erronée très étendue alors dans l’Organisation, conduisant à sous-estimer au plan tactique à l’ennemi.

    Les succès nous avait enivré et cela fit de baisser la garde au moment où nous avions plus besoin de nous maintenir sur nos gardes: manque de direction, distribution incorrecte des forces disponibles, relation incorrecte entre la tâche principale (la surveillance des prisonniers) et les tâches secondaires (comme la réponse aux assassinats multiples d’Atocha).

    Nous pouvons ainsi résumer les erreurs principales commises. D’ailleurs la série d’arrestations suivant au dénouement de « l’Opération Cromo » mit en évidence un relâchement général de la discipline et une détérioration des rapports entre les militants, motivée fondamentalement par le mauvais fonctionnement.

    Nous avons alors analysé tous ces problèmes et nous y avons cherché une juste solution. Avant tout ou devait établir une stricte division du travail et une nette délimitation des responsabilités dans l’ensemble de l’Organisation, dans chaque section et dans chaque groupe.

    Particulièrement, le Commando Central devrait assumer sa fonction de façon responsable, sans abandonner nullement son devoir. Sur cette base, on devait compartimenter le travail en sorte qu’aucun militant, même pas les responsables pussent connaître plus de données et d’informations que celles qu’ils eussent besoin pour leur travail.

    Ensuite on devrait rétablir la discipline et la confiance réciproques sur la base de la discussion ouverte et franche de tous les enseignements les plus importants que nous avons tiré de cette étape, c’est pourquoi ses résultats ne pouvaient être que ceux de renforcer l’esprit combatif et de tirer le plus grand rendement de tous et de chacun. Cela nous a permis aussi de réussir et de préserver une partie de l’Organisation, même dans les pires conditions de « siège et anéantissement ».

    7. Rompre le siege, vaincre la guerre psychologique

    De même que la formation du Commando Central marque le commencement de l’étape constitutive de l’Organisation, son arrestation, autant par les conditions concrètes où elle s’est produite que par la nouvelle situation crée dans l’Organisation, marquerait la fin de cette étape et le commencement d’autre étape différente.

    Jusqu’ici nous pouvons dire que l’un des objectifs que nous nous avions marqué, celui de démontrer qu’on pouvait combattre au fascisme avec les armes aux mains, ils s’étaient accompli pour l’essentiel. Maintenant il manquait démontrer qu’on pouvait continuer à résister, jusqu’à ouvrir une brèche par où faire irruption le mouvement révolutionnaire des masses. Celui-ci va être notre principal objectif pendant cette étape nouvelle et difficile.

    Avec l’arrestation de la plupart de la Direction des GRAPO et la destruction d’une grand partie de sa capacité opérative, on nous crée une situation de faiblesse extrême. Nous continuons à combattre mais, à partir de ce moment-là, nous commençons a perdre l’initiative.

    Nous n’accumulons pas déjà de forces, mais nous en perdons; nous faisons des projets mais la plupart du temps nous nous voyons impuissants pour les accomplir. Cette situation critique s’aggraverait bien plus avec l’arrestation, en octobre 1977, du Comité Central du PCE(r).

    La guérilla reste non seulement dépourvue de sa direction militaire, mais aussi de la direction politique et idéologique dont elle a besoin. A cette perte de direction et de capacité opérative on ajoutait un autre facteur défavorable: à partir de là nous ne pouvions déjà compter sur la « désorientation » ou le manque d’information que les forces répressives avaient eu sur nous; dans la pratique, le relatif avantage que cela supposa au début, restait donc annulé.

    De façon que cette situation va lui faciliter les choses au moment où, une fois réalisée la farce électorale avec le concours de la gauche « soumise », le régime décide de jeter le gros de ses forces policières sur les GRAPO et le PCE(r).

    Cette campagne répressive, unie à la guerre psychologique, va se prolonger tout le long de la période de « passage » à la « démocratie ».

    La classe dominante espagnole sait, vue sa largue experience dans la répression du mouvement ouvrier et populaire, que si elle n’arrive pas à décapiter et à annéatir le mouvement révolutionnaire organisé et à couper ses liens avec les masses dans cette première étape, il lui en sera impossible plus tard. Pour cela il emploie toutes ces forces et ses moyens afin de nous détruire le plus tôt possible.

    Etant consciente du dur coup qu’ils nous avaient asséné et des encore faibles liens nous unissant aux masses, à la fois qu’ils nous posent un siège policier, ils déploient une campagne venimeuse de désinformation fondée sur les prétendues « origines obscures » de notre Organisation et sur ses « obscurs » et « étranges » buts et objectifs. Dans ce contexte, notre activité révolutionnaire devrait passer sous une pression et un harcèlement continuels.

    Comment rompre ce siège? Comment mettre à découvert toutes les mensonges et les bobards inventés par les plumitifs au service du capitalisme? Pour nous il n’a jamais existé aucun doute d’y parvenir seulement continuant le combat et le posant sur le terrain le plus favorable par notre cause, c’est-à-dire, sur le domaine politique.

    A cette fin, en octobre 1978, nous avons proposé au gouvernement, avec le PCE(r) et d’autres organisations démocratico-revolutionnaires, le « Programme des Cinq Points » renferment l’exigence de l’épuration de l’Etat des individus fascistes, la libération des prisonniers politiques et l’établissement de libertés authentiques pour tous les partis, en échange de la cessation de l’activité armée.

    Cette proposition serait répondue par le gouvernement quelques mois après assassinant Juan Carlos Delgado de Codex y Francisco Javier Martín Eizaguirre, des membres du Comité Central du PCE(r), ainsi que d’autres militants de base su Parti et des GRAPO.

    Le régime avait réussi à surmonter les pires moments de la crise politique en même temps qu’il se dotait d’un nouveau arsenal de lois dirigées à réprimer, de façon spéciale, le mouvement de résistance populaire. Tout cela s’est passé à la fois qu’il « arrangeait » son appareil productif et qu’il soumettait les masses ouvrières aux conditions d’exploitation assez semblables à celles de début du siècle.

    Néanmoins nous étions conscients que, à la longue, cette politique et sociale devait se produire, nous en étions convaincus, d’ici peu; d’ailleurs, à différence de la période antérieure, cette fois nous comptons sur ce que l’oligarchie espagnole ne pouvait pas avoir la base sociale que lui avaient proportionné les carrillistes, les socialfascistes et les autres éléments de la « gauche », ayant été « brûlés » pendant la réforme.

    Devant cette situation générale, et prévoyant son déroulement, les GRAPO ne pouvaient pas entrer dans la dynamique du « coup par coup » où l’ennemi voulait nous mener pour nous saigner et pour nous détruire.

    C’est pourquoi on devait avoir posé la réalisation d’actions très sélectives, dirigées contre le organes les plus sensibles de l’Etat, pour accélérer la nouvelle crise qui s’était engendrant et pour permettre de maintenir la bannière de la résistance. L’emploi de cette tactique juste dura une courte période à laquelle ont revenu les exécutions de hauts responsables de la répression, comme le Directeur Général des Prisions, Haddad, et le juge Cruz Cuenca.

    Le choix minutieux des buts, uni au choix de meilleur moment pour accomplir les actions, créa du désarroi et une grande inquiétude parmi les partisans du régime: maintes et maintes fois ils avaient proclamé la « décapitation » et la « désarticulation » des GRAPO qu’ils durent finalement, que notre Organisation (comme le fleuve Guadiana) « disparaît et apparaît » y profitant en outre les moments politiques les plus adéquats.

    Nous devions continuer à combattre mais a la fois, préserver plus que jamais nos forces. D’abord nous y devions éviter la tentation de rendre coup par coup puisque cela supposait « entrer dans le piège » que l’ennemi nous posait à chaque pas et nous laisser traîner au terrain le plus favorable pour lui. Bien entendu cette réserve ne pouvait pas supposer une position passive ou conservatrice.

    La passivité peut seulement mener à la perte de toute initiative, à la démoralisation et finalement, à l’échec, étant donné que, de toute façon, la machine répressive de l’Etat ne cessa jamais de nous poursuivre et de nous attaquer, elle ne cesse jamais d’assassiner, de torturer et d’emprisonner à ceux qui le font face.

    D’autre part, il ne faut pas oublier que, dans cette situation-là, nous avons dû attendre aussi, de même que nous l’avons toujours fait, les requêtes quotidiennes de la lutte de classes, malgré être soumis au harcèlement policier et à la pression de la guerre psychologique, ce qui nous a exigé de nouveaux efforts et des sacrifices.

    Pendant cette étape, une dizaine de militants furent assassinés par la police et par la garde civile et beaucoup d’autres furent arrêtés et torturés. Ces pertes repercutèrent en la capacité opérative de l’Organisation et lui empêchèrent de fortifier sa Direction et de créer une infrastructure solide. Cette situation s’aggraverait bien plus à la suite de la campagne « cent par un » qu’on essaya d’accomplir pendant le printemps et l’été de 1979 comme réprésaille par les assassinats de quelques dirigeants et militants commis par la police.

    L’énoncé de cette campagne fut erroné par deux raisons: primo, ce que nous avons dit ci-dessus (nous ne devons pas nous laisser prendre par les pièges que nous pose l’ennemi) et secundo, les buts que nous voulions atteindre étaient disproportionnés.

    Dans la pratique, cela obligea à mettre en cause à toute l’Organisation et à négliger tous les autres aspects de l’activité politico-militaire, y compris la sécurité de la Direction. Bref, on pourrait dire que, même s’il est vrai que nous avions alors un potentiel suffisant pour un développement « normal » des activités, il était de toute évidence insuffisants pour faire la « punition » cherchée et il fut mal employé.

    Cette erreur de « calcul » se retournerait très tôt contre nous et l’on pouvait avoir évité puisque, ou lieu de perdre la tête en des moments si critiques, la Direction devrait avoir évalué froidement la situation et ordonné un repli tactique, en attendant le meilleur moment pour entreprendre une offensive en règle permettant notamment de faire payer à l’Etat tous ces crimes, sans exposer, comme on l’a fait, à l’Organisation à subir de nombreuses arrestations.

    8. La fuite de la prison de Zamora

    Quelques mois après ces arrestations, le 17 décembre 1979, et lorsque le gouvernement de Suárez considérait encore une fois l’Organisation liquidée, on produit la fuite de Zamora de cinq de ces dirigeants les plus remarquables: Cerdán Calixto, Abelardo Collazo, Martín Luna, Hierro Chomón et Brotons Beneyto.

    Pourtant, les résultats de cette fuge n’ont pas corréspondu aux énormes expectatives crées, autant dans le mouvement organisé qu’entre de larges secteurs de la population.

    L’organisation du Parti et des GRAPO en prision, travaillant ensemble, avaient realisé de gros efforts pour libérer ces cadres et avaient élaboré des projets ambitieux pour eux, avec la certitude qu’ils seraient capables de les accomplir. Mais tous ces espoirs seraient bientôt déçus.

    Cela est surtout arrivé par le volontarisme et l’inconscience que quelques-uns démontrèrent, ce qui, difficulta l’adoption de décisions et l’action coordonnée la plupart du temps. Etant donné ces circonstances, il ne fut pas possible non plus leur protéger de la répression afin de garantir la continuité de la Direction.

    Tous ces camarades démontrèrent avoir, comme toujours, beaucoup de courage et de héroïsme, mais ils ne surent pas se protéger ni se libérèrent de quelques conceptions et pratiques anciennes, déjà surpassées par le développement de la lutte et l’expérience même de l’Organisation. Ils continuèrent ainsi à faire les choses comme auparavant.

    On explique donc que, quelques mois après la fuge, aient été arrêtés Hierro Chomón et Brotons Beneyto, et que Abelardo Collazo ait été assassiné, abattu à tirs para la police. Un an plus tard, Cerdán Calixto fut aussi assassiné. Le seul des fuyards restant en liberté, Juan Martín Luna, sera aussi assassiné en décembre 1982, quelques jours après que les socialfascistes du PSOE gagnent les éléctions générales, répondant ainsi à l’offre d’une trève que notre Organisation avait fait aux nouveaux gouvernants.

    Malgré ces pertes énormes pour nous et les erreurs commises, il est juste de considérer que cette étape se solda avec une victoire du mouvement révolutionnaire car, s’il est vrai que le gouvernement suariste(6) avait parvenu à nous frapper fortement plus d’une fois, par contre il n’a pas réussi à supprimer notre activité armée et de dénonce politique et bien moins à nous anéantir, comme il est son objectif.

    Au contraire, dans cette dernière étape on produit une augmentation de notre action militaire visée surtout frapper les hautes cadres de l’Armée.

    Ces actions (qui se sont payées la vie de deux généraux) avaient le but principal d’obliger l’oligarchie et son Etat à se décanter autour des propositions du « Programme des Cinq Points » faites auparavant par le mouvement, et elles furent, unies aux actions d’ETA et à la lutte des masses secouant le pays partout contre la reconversion et le reste, celles qui finirent d’acculer le gouvernement de Suárez, provoquèrent sa démission, la « vacance du pouvoir » et la tentative de coup d’Etat du 23 février.

    Pendent ce temps, on peut dire que non seulement ils ne nous ont pas mis en déroute mais nous avons souvent réussi a leur arracher l’initiative et à approfondir bien plus leur crise. L’impossibilité de nous détruire et leur incapacité pour contenir le mouvement de masses ascendant, ont enfoncé le régime dans un situation de faiblesse bien plus grande que la nôtre.

    Nous leur avons aussi gagné une importante bataille de caractère stratégique: d ‘« obscurs » nous sommes devenus « illuminés GRAPO« . Il était évident que la première campagne de la guerre psychologique l’avions gagnée. L’hubard et le mensonge ne peuvent pas se maintenir longtemps. La volonté, l’unité et la fermeté démontrée par nos camarades emprisonnés y avaient contribué de façon décisive.

    9. Il n’y a pas de treve

    Notre Organisation ne s’est jamais niée à maintenir une trêve permettant d’aborder la solution pacifique de quelques problèmes. De fait, pendent une période, la faiblesse du gouvernement de Suárez et la profonde crise qu’il subissait, nous fit voir la possibilité d’atteindre quelque type d’accord.

    De nombreux secteurs du régime, et particulièrement l’Armée, s’y opposaient. C’est pourquoi les contacts maintenus ne furent, de leur part, que de simples sondages. Ils espéraient que nous allions réduire nos exigences politiques, mais sans fermer définitivement les portes.

    Les hauts dignitaires de l’Etat avaient déjà constaté notre capacité de résistance; ils savaient qu’ils n’allaient pas pouvoir nous vaincre et bien moins nous soumettre. D’autre part, il était aussi évident pour eux qu’atteindre la trêve dont ils avaient besoin pour sortir de l’impasse, allait leur coûter un haut prix, bien plus si l’on considère que notre Organisation n’allait pas renoncer à aucun de sus projets et objectifs révolutionnaires.

    Tout le plus qu’ils pouvaient remporter, c’était un petit répit dans la crise qu’ils subissaient. En échange de leur accorder ce répit, notre Organisation et l’ensemble du mouvement de résistance pouvaient profiter la trêve pour augmenter leurs forces et les disposer mieux afin de recommencer le combat quand le gouvernement rompt les termes, et nous assurions qu’il ne devrait se passer sans y mettre longtemps.

    Nous croyons que cette perspective était aussi claire pour eux, pour ce qu’ils décidèrent de faire traîner l’affaire en longueur. Il fut après, avec la « victoire » felipiste (7) aux élections d’octobre 1982, quand il fut évident pour nous dès le premier moment, que la réaction espagnole n’allait pas laisser utiliser les dix célèbres millions de voix pour se refaire de ses défaites politiques et militaires et pour recommencer à nouveau sa croisade contre le mouvement de résistance populaire.

    La premier décision prise par les felipistes, à peine arrivés au pouvoir, fut celle d’ordonner l’assassinat du dirigeant de notre Organisation, Juan Martín Luna, et cela bien que comme chacun sait, les GRAPO eussent déclaré une trêve unilatérale afin de leur faciliter l’application du programme de « changement » qu’ils avaient promis. Dès le début il était donc prouvé comment serait leur politique (la même que les putschistes (8) leur avaient dicté), et les illusions étaient donc hors de propos.

    Avec la même « décision« , les felipistes se hâtèrent à accomplir les projets de reconversion, l’entrée d’Espagne dans l’OTAN, l’élargissement de la loi anti-terroriste et l’augmentation des fonds de l’Etat réservés à la guerre sale. Toute cette politique antipopulaire devrait trouver très tôt une résistance croissante autant de la part des organisations révolutionnaires que du mouvement des masses, en particulier de la classe ouvrière, ne mettant pas longtemps à se rendre compte de la duperie et de l’escroquerie dont elle avait été objet de la part des socialistes.

    Quant a la activité de notre Organisation, cette étape commençant avec l’assassinat de Martín Luna et le règne de la terreur des felipistes, a été postérieurement qualifié par nous comme l’étape « militariste » et comme de bien entendu, elle entraîne très mauvaises conséquences.

    L’affaiblissement constant de l’influence du Parti (motivé par les arrestations continuelles et les assassinats de ses militants), et l’incorporation de militants nouveaux arrivant dépourvus d’expérience et avec une formation politique tout juste, préparèrent le terrain pour couver dans nos rangs des habitudes et des idées propres de l’activisme anarchique qui, même si elles ne refusaient pas formellement la direction politique et idéologique du Parti, elles donnaient lieu pour passer outre de ses propositions et recommandations dans la pratique.

    Dès sa naissance même, les GRAPO n’avaient jamais mis en question le rôle dirigeant du PCE(r) sur l’ensemble du mouvement ouvrier et populaire. En ce qui concerne à notre Organisation, nous comprîmes que, notre caractère hétérogène, notre manque de profits idéologiques définis et notre but fondamentalement militaire, nous serions vite isolés des masses et nous nous désorienterions facilement, si nous manquions de cette direction et des apports que seul le Parti prolétarien peut nous offrir.

    La conception militariste se fonde exactement sur la prétention de supplanter le parti dans la fonction d’organiser et de diriger le mouvement de résistance populaire.

    Même si, comme nous disons, on dissimulait cette tendance sous une « reconnaissance » formelle de cette fonction du Parti, dans la pratique on arriva à la supprimer complètement. La direction des GRAPO de ce temps-là finit par mépriser tout le travail politique et exerça des pressions sur les militants ouvriers n’acceptant pas se soumettre à son activisme aveugle et bien moins laisser passer comme justes ses conceptions erronées.

    Le militarisme ne se manifeste pas nécessairement par une plus grande ou plus petite activité armée, mais par un manque presque absolu d’énoncés et de buts politiques dans ses actions. Même s’il est certain que, dans cette étape se menèrent de nombreuses actions, la plupart de celles-ci s’accomplirent pour couvrir les besoins de l’Organisation même.

    Par rapport au fonctionnement, toutes les règles furent transpercées: en avait cassé l’étanchéité et la spécialisation. Au sein de l’Organisation, tous ces membres avaient décidé qu’on devait « savoir faire un peu de tout« . Ils n’avaient aucun plan concret d’activités et tout ce qu’on faisait, c’était improvisé. Les liens organiques entre les militants n’existaient pas non plus; ils avaient été remplacés soit par « l’ordonnance et commandement« , soit par les relations de copains et de compères.

    Le mal été arrivé si loin, tel était l’esprit de groupe et l’aveuglement prédominant dans la Direction, qu’il était stèril toute discussion orienté à corriger les erreurs ou à atteindre quelques accords, du moment que les accords ne se respectaient pas après.

    De cette façon, les « militaristes » (en réalité semi-anarchistes) non seulement ne firent pas disparaître l’influence du Parti mais, avec leur attitude et leur entêtement, posaient l’Organisation même en situation d’être anéantis. Il arriva ainsi. Il suffit à la police de faire infiltrer un élément provocateur pour, avec le seul fil que celui-ci lui procura, arrêter dix-neuf militants en seulement deux jours.

    Les conséquences du « militarisme » au cadre organique et pratique furent désastreuses. Mais elles seraient bien pires dans les aspects politiques et idéologiques. La lueur de ces conceptions y dominerait encore quelques temps, se manifestant maintes et maintes fois dans les attitudes et les déclarations, ainsi que dans la préparation et le déroulement de quelques opératifs. Combattre ces conceptions au sein de l’Organisation a été l’une de nos préoccupations fondamentales.

    Mais comme nous avons dit, le mal avait fini et laissa inévitablement ses séquelles. De toute façon, celle-ci a été une des plus importants expériences que nous avons eu pendant longtemps; nous en avons appris et cet enseignement nous permettra de nous prémunir et de nous guérir bientôt des mêmes erreurs ou d’autres pareilles qu’on peut commettre à l’avenir.

    10. Les efforts dirigés a lever de nouveau l’Organisation

    Le « balayage » de janvier 1985 laissa l’Organisation démantelée. Les conceptions et les pratiques semi-anarchistes dominants jusqu’alors vont contribuer à paralyser complètement l’activité armée du mouvement, même s’il est vrai qu’il ne serait pas pour longtemps.

    Encore une fois, toute la charge du travail dirigé à mettre à nouveau l’Organisation debout dut échoir sur le dos des militants du PCE(r). Cela imposa au Parti d’énormes sacrifices puisqu’il se trouvait alors fort affaibli aussi à la suite de la répression. De sa part, et comme de bien entendu, la police centra également son travail essayant d’empêcher notre remontée.

    Il arrive ainsi que les premières tentatives de créer une structure et quelques commandos échouent. Les membres d’un de ces commandos furent arrêtés au debout de 1986, quand ils menaient une expropriation bancaire. On donna la circonstance anecdotique qu’ils perdirent leur temps, après s’emparer de l’argent, en attachant tous les employés de l’entité; la police ayant ainsi le temps de les encercler. Cela laisse entendre la manque d’expérience, l’improvisation presque absolue et le manque de moyens dans les opérations des commandos.

    Ces premiers pas furent réellement dramatiques: des fois, c’était la forte tension psychologique, augmentée par le sein de la responsabilité; d’autres fois, ce furent les erreurs inévitables ou les échecs. Les nouveaux militants s’incorporant n’avaient que de la discipline et de la volonté de ne pas reculer devant les difficultés.

    Tous eux manquaient d’expérience de lutte militaire, et quelques-uns ne réunissaient même pas les qualités exigées pour cette type d’activité. Pourtant, personne ne cède à l’effort. Il était en jeu le maintien même de l’Organisation. Les tortionnaires et les assassins ne vont pas nous imposer longtemps l’esclavage. Et les efforts pour avancer plus loin et pour mettre à nouveau l’Organisation debout augmentaient.

    Malgré les limitations et les énormes difficultés que nous trouvons, il est en réalité dû à cette persévérance et redoublant nos efforts que nous allons obtenir, quelque temps après, quelques résultats favorables. Cependant, la « malchance » que nous pessions allait se prolonger toute l’année 1986 durant, où se produisent de nouvelles arrestations.

    Déjà en 1987, avec d’autres incorporations nouvelles de militants et l’expérience acquise, la tendance commence à changer nettement à notre faveur. Quelques opératifs importants s’accomplissent. On y récupère quelques armes à l’ennemi et l’on s’y dote à l’Organisation d’un fond économique, produit de quelques expropriations et du recouvrement de l’impôt révolutionnaire.

    Les arrestations de décembre et celles devant se produire dans cette période de réorganisation avaient rongé le moral de victoire et crée un esprit numantino.

    On va a l’action par discipline et parce que notre conscience même l’exigeait ainsi, mais réellement, peu de nous confiaient de pouvoir nous en sortir. On entendait souvent dire: « nous y allons car nous devons aller, sinon, à quoi bon sommes-nous ici? » Ce manque de sûreté en ce qu’on faisait et la méfiance dans la victoire déterminait souvent le résultat même des actions ou des opératifs.

    Ce qui arriva, par exemple, avec la premier tentative de nous pourvoir des cartes du DNI (9): de façon étourdie on fait irruption au commissariat avant d’être déposées les documents dans l’endroit prévu. Autant il passerait aux tentatives échouées de « retenir » plusieurs entrepreneurs, des actions où l’on ne parviendrait à dépasser la phase d’approximation et d’abordage. Et il arrive que, avec cet esprit de fatalisme et de défaite, la planification même des actions se faisait comme une simple formalité.

    Comme conclusion de toute cette période on peut dire que la « malchance » du débout a son explication dans les difficiles conditions de départ; en manquant d’ailleurs d’expérience et de toute type de moyens, les erreurs commises dans cette étape sont fondamentalement de type pratique.

    Mais plus tard, une fois réussies quelques actions et déjà aguerris au combat et lorsque nous avions un potentiel opératif considérable, la persistance du même esprit « d’abattement » ne peut être attribué qu’au manque d’un travail idéologique et, plus en général, à « l’autocomplaissance » et à l’éloignement de la Direction.

    La préoccupation excessive par la sécurité avait renfermé la Direction sur elle-même, négligeant les relations et les contacts directs avec lesquels inculquer de la confiance et impartir des enseignements aux militants nouveaux. Ce fut un défaut se faisant remarquer pendant toute cette étape. D’ailleurs il y a un autre aspect important à prendre en considération (en dehors de la démoralisation provoquée non seulement dans nos rangs mais aussi parmi les masses populaires) et c’est le sillage d’information qu’on laisse à l’ennemi, ce qui facilite énormément son activité répressive.

    A partir de tous ces considérations, le Commando Central devrait avoir fait un effort pour analyser et exposer, après chaque échec, les causes du même, quels facteurs avaient empêché d’atteindre les buts, les erreurs observées, les non-exécutions, etc. Cela aurait contribué à éclaircir les idées, aurait renforcé le moral de combat dans nos rangs et avait augmenté le prestige de l’Organisation parmi les masses. En possant nous aurions crée beaucoup plus de difficultés à l’ennemi, et notre progression aurait donc été plus grande.

    Malgré toutes ces erreurs et déficiences, et grâce aux efforts que faisait l’ensemble de l’Organisation, nous parvînmes à nous en sortir encore une fois en surmontant tous les écueils et les difficultés. De même que nous signalions ci-dessus. La tendance défavorable que nous affrontions au débout de cette étape s’en alla à un telle point qu’à la fin de 1988, nous arrivions à la pencher presque totalement à notre faveur. Il y devrait contribuer l’incorporation de nouveaux militants, la récupération de quelques armes et, finalement, la saisie d’une bonne quantité de cartes du DNI.

    Nous avons pu ainsi souffler et effectuer un repli partiel, nous permettant de tirer des projets nouveaux, de renforcer le Commando Central et de constituer les différentes sections (fabrication d’explosifs, information et falsification, etc.). Le but principal visé à ce moment-là consistait en parvenir à la fuite massive des camarades emprisonnés (« plan Benito ») concentrés alors dans la prison de Soria.

    Mais pour commencer ce plan, il fallait encore constituer un fond économique. Ce problème ne serait résolu qu’en été 1989, après la séquestration-expropriation menée à Castellon où nous réussissions à arracher 148 millions de pesetas (10) et les armes des gardiens. Mais nous prenions déjà du retard et, de fait, les préparatifs de « l’opération Benito » à peine commencés, le gouvernement organise des provocations contre les prisonniers et mène leurs transferts aux différents prisons. La grève de la faim, à laquelle nous nous étions opposé auparavant car elle pouvait entraver nos projets, devint alors nécessaire et inévitable.

    11. La lutte pour maintenir l’initiative

    Ainsi étaient les choses au débout de la grève de la faim, où plus d’un commentateur arriva à la qualifier de faire « bras de fer » entre les GRAPO et le gouvernement felipiste. Même si, comme nous venons de voir, notre situation n’était pas encore très solide, il faut reconnaître que le gouvernement et les organes répressifs de l’Etat avaient toutes les raisons de se préoccuper.

    Aujourd’hui nous avons la certitude que les experts en tortures et en répression jugeaient chaque opératif mené et son importance stratégique. D’ailleurs ils savaient que, malgré tout le déploiement de forces, des « peignages » et le reste qu’ils nous dédient, ils n’ont pas réussi à nous faire aucun mal. Cela uni à quelques changements effectués en notre façon d’agir et à la « nervosité » qu’ils ont pu détecter dans quelques camarades emprisonnés, leur fit penser que nous étions en train de préparer quelque chose « sérieuse ».

    A ce moment-là nous sommes au courant de la réalisation des enquêtes et des fouilles sur tout le périmètre de la prison de Soria. Nous savons aussi qu’ils ont étendu leurs enquêtes à toute la province en recherchant des indices confirmant leurs craintes.

    Pour se tirer d’affaire de cette situation si dangereuse pour eux, le gouvernement et les experts militaires et policiers vont concevoir un plan dont le but principal consisterait en la dispersion des prisonniers pour couper toute possibilité d’évasion massive et ensuite, en les harceler, les isoler et les torturer afin de nous faire perdre la tête et d’empêcher le mouvement de résistance de développer sus propres projets.

    Logiquement, même si de notre part, nous voyons clair dès le débout cette manœuvre de l’ennemi (visée à nous mener au terrain le plus favorable pour eux, à la dynamique de « l’oeil pour l’oeil ») nous n’avons pas pu cependant l’éviter ni nous n’avons pas pu répondre comme nous devrions l’avoir fait dès le debout. Etant immergés dans les plans d’évasion, nous nous sommes vu obligés à l’improviser et à démanteler vite l’opératif.

    D’ailleurs, à cette époque, nous manquions de l’information nécessaire. Toutes ces limitations, unies à la circonstance que l’ennemi attendait prêt notre attaque, nous ont obligé à être bien plus prévoyants de ce nous souhaiterons.

    Même ainsi, l’Organisation fut exposé à un haut risque. Quoi d’autre pouvait-on faire dans une situation pareille? Ce qu’on fit: les commandos opératifs reçurent l’ordre de « sortir à la chasse », ce qui supposa parcourir continuellement les villes cherchant des « buts » qui étaient déjà sur leurs gardes, et augmenter bien plus les risques.

    Preuve de cela fut-il, lors de l’action de Gijón où on exécuta deux gendarmes et l’on leur arracha les armes qu’on arriva à sortir du siège de justesse; autant il arrive lors de l’exécution du commandant de l’Armée Román Santeodoro, que nous menions à Madrid; et encore une fois, à côté du Ministère de l’Air où des éléments de la police et nos garçons se regardèrent du coin de l’œil durant quelques minutes sans se décider aucun d’eux à sortir l’arme d’abord. A cette époque nous avons le gros des forces en dance, « faisant » de l’information et retournant les buts dans leur tête.

    La cause de ce problème est due, fondamentalement, aux faux critère ayant dominé jusqu’alors sur le travail d’information dont il dépend, en grande mesure, autant la décision d’un opératif (soit militaire, politique ou économique) que sa réalisation correcte.

    Pour cela le travail d’information ne doit jamais être conditionné par les avatars ou les besoins de chaque moment, mais il doit être un travail constant planifié et orienté avec un critère large, s’occupant à la fois des différentes domaines où se déroule notre activité et ayant en vue principalement, le moyen et le long délai.

    Pour que l’information soit efficace, il faut l’avoir toujours prête pour la mettre seulement « à jour » quand faudra-t-il. D’ailleurs, afin de ne pas gaspiller de temps ni d’énergies, il en faut faire une sélection soucieuse et un suivi de la même.

    Rien de plus bête ou naïf que ces tas de coupures de journaux et de revues qu’ont l’habitude de présenter quelques-uns de nos agents « spécialisés » quand on leur demande de rendre compte de leur travail. Il est vrai qu’on a fait d’importants progrès dans ce domaine. Mais il ne suffit pas car, comme on pourra comprendre, cela ne peut pas rester au libre arbitre d’aucun « spécialiste ».

    Ne pas le comprendre ainsi, ou supposer que l’information est seulement une affaire des experts, de travail pratique, d’une tâche de recherche et de vérification des renseignements et de l’utilisation de moyens et de méthodes techniques, cela revient à ne voir qu’une partie de problème. Personne ne doute de la nécessité de ces moyens pour pouvoir mener un bon travail d’information.

    Il est aussi vrai que, en grande masure, celui-ci dépendra de l’initiative et de l’adresse qu’on y mette. Mais nous devons comprendre que, même ainsi, il serait mal employé ou il perdrait, s’il maquait d’un critère clair et d’une direction juste.

    Comme chacun sait, en général, l’information arrive au centre procèdent de sources différentes: des fois, à travers de collaborateurs; d’autres fois, des masses, ou bien des mêmes commandos opératifs de l’Organisation. Une fois choisie, cette information et les orientations correspondantes forment la base sur laquelle partent d’habitude les « spécialistes » pour commencer leur travail.

    Mais quand, comme dans l’exemple que nous venons de raconter, le besoin presse et nous devons improviser, sortir à la recherche des renseignements à la aveuglette et sous le feu ennemi, cela signifie que quelque chose va mal ou que nous n’avons pas une idée très claire à ce sujet.

    Cette circonstance et la prolongation excessive de la grève de la faim nous menait au-delà de nos possibilités matérielles et humanines. La tension et les risques énormes que cette situation comportait, nous a obligé à devoir poser un changement de tactique.

    Ce changement se fit auprès du médicin tortionnaire José Muñoz Fernández, le 27 mars 1990. Au communiqué où nous avons assumé cette action, on prévenait déjà au gouvernement social-fasciste que nous n’allions pas nous laisser attraper dans le piège posé par lui, étant ainsi inutile de prolonger plus longtemps la torture des prisonniers.

    Après cela nous avons recommencé les tâches interrompues (comme la fabrication d’explosifs et la restructuration des groupes d’information). On avança aussi en la préparation d’un plan ambitieux de recouvrement économique. Tout cela, évidemment, sans abandonner jamais le soutien à la grève, en lui consacrant un commando opératif.

    Ce commando accomplirait l’exécution du colonel-chef du gouvernement militaire de Valladolid en représailles par la mort du camarade Juan Manuel Sevillano après six mois de grève de faim.

    En été 1990 nous avons réalisé un nouveau repli. Celui-ci se fit aussi nécessaire mais par des raisons differentes de l’anterieur: cette fois il s’agissait d’analyser la situation et l’état de nos forces afin de reprendre à nouveau l’initiative. Au cours d’une réunion urgente du Commando Central, on décide de lancer une offensive.

    Celle ci est mené à bien au mois de septembre à Madrid où se firent exploser plusieurs bombes au Ministère de Justice, à la bourse et au Tribunal Constitutionnel); à Barcelona (au siège central du Parti du gouvernement et dans la raffinerie de Repsol à Tarragona) et à Gijón, où autre faire sauter l’édifice de la Direction Générale à Circulation, nous avons récupéré un bon lot de cartes du permis de conduire.

    Toutes ces opérations se menèrent en peu de temps et de façon précise, y augmentant ainsi leur retentissement et leur importance politique. Avec cette offensive, supposant un coup politique, moral et militaire pour l’ennemi, nous avons repris l’initiative.

    Pourtant, on doit dire que nous n’arrivons pas à réussir totalement cette campagne car, pour la finir, il était prévu d’arracher une importante somme de millions de pesetas à un spéculateur mettant ainsi terme pendant longtemps aux problèmes économiques de l’Organisation. Mais, au lieu de cela et juste quelques heures avant de commencer l’opératif, on arrêta le commando devant le mener à bien.

    Ces arrestations ne furent pas conséquance d’une « accumulation d’erreurs » car en général, jusqu’à cet instant, on avait fait les choses assez bien. Pourquoi n’a-t-on pas pris les mesures nécessaires dès qu’on eut les premiers indices des enquêtes policièrs? Simplement parce qu’ils ne finissaient pas de se croire que la police peut « couper les chevaux en quatre ». Ils n’ont pas pensé que, comme il arrive souvent, un coup de chance peut leur servir.

    A ce moment, ils ont confondu en outre d’autres facteurs: l’énorme tension accumulée par la prolongée grève de la faim des camarades emprisonnés, commençait à faire impression aux militants se trouvant contraints à développer une activité frénétique. Le bref delai de temps disponible fut un autre facteur leur pressant. Mais ce qui eut une influence plus forte sur ce manque de réflexes, ce fut la confiance excessive.

    12. Situation apres les arrestations d’octobre

    Les arrestations du mois d’octobre et le fait que nous n’avions pas arrivé à atteindre le but économique, vont provoquer une situation très difficile au sein de l’Organisation, ce qui nous a empêché de faire une plus grande contribution aux fastes de la monarchie, récemment finis.

    Néanmoins il doit être bien établi que pur les GRAPO, le célèbre 92 (11) n’a jamais eu aucun sens important, ni propagandiste ni stratégique. Le cas échéant, l’année que toujours nous a attiré l’attention a été 1993.

    A part cela, les mesures extraordinaires de sécurité qu’ils devraient rendre pour protéger leurs fêtes et les autres événements étaient prévisibles; c’est pourquoi on ferait un mauvaise affaire essayant de les rompre avec les moyens limités à notre disposition.

    Il était aussi prévisible le mur de silence qu’on devrait dresser pour éviter qu’aucune des actions de la guérilla soit transcendant, particulièrement les actions dirigées contre ces montages.

    De toute façon, une chose est devenue claire : seulement avec quelques actions visées contre ces buts (comme l’explosion d’oléoducs et de station électrique, de même que l’action où nous sommes parvenus à arrêter le TAV (12) le jour même de son inauguration) nous avons obligé à faire sortir même l’armée à la rue, et cela avec un minimum d’effort de notre part.

    Et encore, ils n’ont pas pu éviter que, a la veille même de l’inauguration des Jeux Olympiques à Barcelona, nous ayons allumé une grande torche, la torche de résistance, à quelques kilomètres seulement du stade où après ils allumeraient la ridicule petite flamme de leurs ridicules Jeux.

    Pendant ce temps, le opératifs des GRAPO visés contre l’infrastructure énergetique des mopoles se multiplient. On essaie aussi d’exécuter l’ex-Directeur Général de Prisons, le connu tortionnaire Galavis quand il se trouvait chez lui. Mais l’action échoue n’étant détruite que la ville. Peu après, au mois de juillet, on assaillit un fourgon de sûreté à Zaragoza. Cette opération est manquée.

    A cette époque, il arrive que nous avons un commando parcourant toute l’Espagne chargé d’explosifs et étant sur le point de tomber entre les mains de la police, au moins en deux occasions.

    Une part de ces explosifs (40 kilos) se perdraient peu après puisqu’ils ont dû être abandonnées dans une maison de « sûreté » dont dut-on quitter de façon précipité. Au même mois (novembre) on produit l’arrestation d’un groupe d’arrestation. Cette « malchance » devrait encore se prolonger jusqu’au printemps bien entré, où l’on attaque avec des charges explosives le centre de distribution de gaz à Zaragoza et plusiers bombes explosent ou Ministère du Travail et a l’INI (13).

    Avec ces dernières actions, il semblait que la situation améliorait, mais en réalité, celles-ci ne furent que le résultat de l’inertie et de la volonté. Pourquoi ne s’exécuta-t-on pas Galavis si l’on disposait des renseignements précis? Pourquoi déposait-t-on une quantité si grande d’explosifs dans une maison quand sa destination était une autre bien différente? Pourquoi sont détectés et arrêtés à Madrid les membres du commando d’information en pleine célébration de la Conférence sur le Moyen Orient?

    Tout cela forme un tas d’erreurs qui, uni à d’autres erreurs que nous verrons en suite, vont déterminer une situation vraiment chaotique dans l’Organisation.

    Une autre sujet à compliquer bien plus la situation est celui-ci se rapportant à la situation économique: depuis longtemps nous avons essayé de résoudre ce problème à partir d’un énoncé stratégique, et pour cela nous y avons consacré toutes les forces, le temps et les moyens considérés nécessaires sans parvenir pour autant à les résoudre. Ce problème a-t-il une solution correcte, c’est-à-dire, pas conjoncturelle?

    Nous devons résoudre ce problème. Dans le cas contraire il faudrait aussi renoncer à satisfaire d’autres buts importants stratégiques: nous devrions cesser de penser au développement de l’Organisation ainsi que de l’ensemble du mouvement de résistance populaire. C’est pourquoi ceux qui considèrent ce sujet seulement sur l’étroit point de vue « économique » se trompent.

    13. Sur la planification et les méthodes de conduite de la lutte

    Il est indispensable d’analyser tous ces problèmes afin de les chercher une solution. Pour cela il ne faut pas chercher aucun cheveau expiatoire. Le Commando Central doit y assumer, comme dans le reste, la responsabilité de la situation crée. Néanmoins, cette responsabilité collective ne doit pas servir de prétexte pour voiler la part de responsabilité correspondant à chacun. Il ne s’agit d’accuser personne, mais il conviendrait de considérer tous les facteurs, afin de pouvoir corriger et de prendre toutes les mesures nécessaires.

    Logiquement dans cet écrit nous n’allons pas nous arrêter aux tenants et aboutissants du cas. Nous devons prêter de l’attention aux problèmes de fond: à l’indiscipline à la mauvaise planification et, plus en général, aux méthodes erronées de travail établies.

    La planification implique, entre autres choses, de la prévoyance, c’est à dire, faire des projets, marquer des buts, établir des détails, distribuer les forces, etc. en accord avec l’analyse d’une situation déterminée et son développement possible. Tout cela oblige à prendre en considération autant la situation général du pays (économique, politique, et sociale) que l’état des forces révolutionnaires et particulièrement, celui de notre Organisation elle-même.

    Ce travail est de la responsabilité exclusive du Commando Central; il est le seul en situation de le mener à bien en sa qualité d’Etat-Major des forces armées révolutionnaires.

    Une autre question où nous n’allons pas entrer ici est celle que fait allusion au facteur subjectif et à son accord avec les conditions objectives matérielles; c’est-à-dire, à la teneur de sagesse dans les analyses et les estimations, de même qu’à l’établissement des projets correspondants. Tout cela incombe du problème de la tactique et la stratégie, qu’aucun chef politique ou militaire doit jamais dédaigner ni prêter peu d’attention.

    Pourtant, on doit dire que cette négligence s’est produite plus d’une fois parmi nous, motivée presque toujours par la difficulté de nous réunir; sinon les petits détails du jour ont été ceux qui ont détourné notre attention. On explique ainsi que nous ayons parfois manqué de projets « alternatifs » que nous n’ayons pas été capables, presque jamais, de déclencher, coordonner et diriger une « campagne concentrée », assénant plusieurs coups à la fois.

    Nous aurions la possibilité de l’avoir fait si nous l’avions voulu, évitant ainsi l’excessive dispersion (dans le temps) des actions, la distraction de nos forces et ce sentiment d’inactivité ne nous servant à rien. Prévoir des changements au cour d’une campagne, annuler un opératif s’il n’a pas de conditions pour son accomplissement, ou accélérer les détails pour mener les projets, ce sont des tâches concernant aussi à la Direction, de même que prévoir la possibilité d’une erreur ou d’un échec rendant impossible sa réalisation. C’est pourquoi on doit prévoir d’autres projets ou opératifs pouvant les mener aussitôt que possible.

    Nous avons ensuite la question de l’articulation et de l’accomplissement des projets, où font partie directement les cadres majeurs et les militants de base de l’Organisation. Au débout on y pose aussi un problème de planification, qui revient réssoudre au groupe ou commando opératif, travaillant les reseignements, évalouant toutes et chacune des possibilités, etc., afin de décider la façon la plus adéquate de mener le but marqué dans le delai de temps prévu.

    N’ayant pas une raison justificable (imprévue dans l’ordre de la Direction) ils ne doivent modifier pas une des tâches fixées ni les dates de son accomplissement. Il en est responsable le chef du commando ou de l’unité. Il n’y a pas d’excuse qui compte, se réfugiant dans les mauvaises interprétations ni dans l’ultradémocratisme, lequel ne tient pas de place parmi nous.

    Et tous savons dernièrement, à ces accords « par majorité » en absence d’une direction solide. Il ne faut pas dire que ces accords ne peuvent pas être tolérées dans notre Organisation militaire que lorsqu’il s’agit d’approuver quelques des modalités d’un projet concret à accomplir, mais jamais, sous aucun prétexte, pour mettre en question l’exécution de ce projet.

    En général, ce sont les membres du Commando Central ceux qui doivent décider, dans chaque cas, la façon la plus adéquate « d’entrer », utiliser, etc. Ensuite, une fois commencée la « mise en scène » de nouvelles particularités et difficultés y apparaissent; chaque acteur devant jouer le rôle confié adroitement et imaginativement, sans doute, il ne pourra le faire que s’il est imbu de l’importance de son rôle et qu’il connaît bien la « parcelle accordé »; s’il comprend que la « fonction » commence, nous sommes libres de décider qu’ensuite nous pouvons dominer la situation et qu’une fois l’opératif commence, ce son la décision, le courage et l’audace ceux qui décident tout. Comment faire pour que chaque combattant joue le rôle confié, y mettant en jeu son initiative même et ses qualités?

    Cela dépend souvent de la Direction: d’une bonne planification et prévision générale, de l’adresse dans le choix des buts et ensuite, du travail d’organisation, coordination et direction pratique se faisant sur le terrain. Le chef du commando doit dresser le plan d’action, situer de façon satisfaisant les forces et les mener au combat.

    Il se passera ainsi que chaque guérillero s’inspirera de ce style de travail et l’appliquera à la tâche assignée. Créer un état d’esprit favorable à l’action parmi les membres du commando, ce n’est pas une question de rhétorique mais surtout le résultat d’une bonne planification et organisation.

    Cela dit, il aura toujours des différences de critère dans beaucoup de détails parmi les membres d’un commando et il faut que tous s’expriment avec une totale liberté et franchise.

    Cela renforcera bien plus l’esprit combatif et la discipline. Unifier des critères, dissiper les doutes et renforcer le moral ou, autrement dit, « qu’il y ait de la joie », ce sont des aspects concernant particulièrement à la Direction; de même que concerne à la Direction ce d’annuler, de le croire nécessaire, un opératif si les conditions objectives et subjectives indispensables pour son accomplissement ne sont pas crées.

    Mais quand les choses ne se font pas ainsi, quand le Commando Central « perd les papiers », ne prévoit ni planifie avec la vue mise sur les buts stratégiques que nous avons fixés, mais qu’il affronte les problèmes d’un jour a l’autre (et que, pour autant, comme de bien entendu, nous aurons aussi toutes les forces laissées croupir et sans pouvoir compter sur une réserve) quand tout cela arrive, l’histoire commence et nous devons donc improviser en même temps, rapiécer ici, faire un trou là, il ne doit pas étonner que la panorama soit noirci et que se multiplie l’insécurité et le désarroi. Il faut voir clair que nous ne refusons pas toute improvisation.

    Tous savent que le hasard dans la guerre est l’un des facteurs fondamentaux à tenir en compte. Puisqu’il s’agit de l’affrontement de deux volontés et forces agissant avec une relative indépendance l’une de l’autre, il existera toujours un marge d’imprévus sur la conduite de l’ennemi.

    Il s’ensuit que nous devons faire un effort pour « deviner » ses mouvements et ses pièges et, de notre part, utiliser des divers stratagèmes pour le confondre et l’induire à commettre des erreurs. C’est pourquoi nous devons souvent « improviser », particulièrement quand se prépare et se mène à bien une opération où, en général, se présentent et affrontent des particularités et des situations échappant ou renseignement et à tout plan préalable.

    Si nous échouons dans l’estimation et dans l’élaboration, il ne doit pas étonner que, quand le tour arrive au chef du commando et que celui-ci se trouve avec l’affaire difficile, à son tour il se voit obligé de se tirer d’affaire avec n’importe quelle « petite chose ».

    Il commence a divaguer et à retourner des buts divers dans sa tête pour voir la manière « d’enfoncer le dent » sur l’un des buts, sans aucune idée nette ni projet exact. Jusqu’au moment qu’il décide de se pencher à contretemps, quand tous le détails se sont écoulés, et oubliant du parachute.

    Finalement, il arrive que la chose n’était pas celle que nous « l’avions prévue » lorsque, en réalité, on n’avait rien prévu et ce manque a dû être remplacé par la volonté. L’échec de l’attaque au fourgon à Zaragoza ou celui de l’assaut au Banque d’Espagne à Santiago, sont-ils dus à la « mauvaise coordination » ou peut-être au « manque de synchronisation » dans la conduite des membres du commando?

    Quelle bêtise! La coordination est un aspect de la planification (et conformément à un but, ou dresse un plan d’exécution et, en accord avec celui-ci on stipule l’emplacement des forces de même que les formes et les phases de l’action) et celle-ci est une responsabilité du chef de commando d’une opération. Il est impossible d’accomplir bien sa tâche, s’il n’a pas été informé au préalable ou s’il n’a pas de temps, les forces et les moyens nécessaires. La coordination et la compénétration sont le produit, en dernier ressort, d’une juste planification.

    14. Délimiter plus nettement les buts

    Au cours de la longue lutte de résistance que nous soutenons contre l’Etat fasciste et impérialiste espagnol, notre Organisation a dû changer plusieurs fois le but central de ses attaques. Ces changements ont été notamment déterminés par la situation politique, par les besoins et les buts immédiats du mouvement de résistance et par l’état de nos forces. Ainsi, durant la première étape et une fois que nous avons fait face à la répression sur les masses, nos actions furent dirigées de préférence à dénoncer la manœuvre politique du régime.

    Nous avons mis le « plastic » de « mode » nous a été utile dans ce but. Plus tard, lorsque nos forces furent assiégées et que les arrestations et les assassinats des militants commencèrent, nous avons dû nous défendre en attaquant directement les forces répressives et les hauts responsables de la répression. Dernièrement, l’activité armée de notre Organisation a été visé particulièrement à frapper l’infrastructure économique de l’Etat de l’oligarchie.

    Toute cette activité armée a été orientée à atteindre le but stratégique fondamental que les GRAPO ont visé pour l’étape actuelle de notre révolution: affaiblir les forces ennemies ou même temps que nous renforçons les nôtres.

    On doit éclaircir qu’il ne s’agit pas autant de leur créer des pertes (d’ailleurs étant encore en mesure de s’en remettre et même d’en augmenter facilement) que de leur ronger le moral en même temps que nous élevons l’esprit de combat des masses; il ne s’agit pas non plus de renverser maintenant l’Etat ni d’occuper une partie du territoire (une chose inconcevable à présent, dans les conditions de notre pays), mais d’accentuer la crise politique, économique et sociale du régime, de lui créer un « chaos » en lui empêchant, entre autres choses, de concentrer le gros de ses forces contre nous.

    Dans ce but, nous devons les terroriser et leur occasionner les plus grandes pertes politiques et économiques possibles. Cet énoncé renferme les actions directes contre les forces répressives pour punir leurs crimes et pour encourager les masses. Jamais nous ne devons nous laisser entraîner au terrain de la lutte contre la police politique, ni tomber aux pièges qu’ils nous posent à chaque pas avec leurs provocations.

    Avec ces actions, nous ne cherchons pas décimer l’ennemi, mais le démoraliser et l’acculer socialement et politiquement. Il s’ensuit qu’il faut choisir le meilleur moment pour les mener de façon qu’on ne puisse même pas croasser ce du « tir à la nuque ». On doit essayer d’être précis dans ces attaques. Néanmoins à présent, ces actions ne sont pas les choses les plus importantes à prendre en considération.

    Entre outres raisons, parce que nous ne disposons pas des forces nécessaires ni sommes en mesure de supporter une « guerre d’usure » de ce type, et aussi parce que la terreur de répression actuelle, son caractère « sélectif », n’exige la mener que d’une façon conjoncturelle. Ne pas le comprendre ainsi, cela nous mènerait à un impasse très difficile ensuite de parvenir à sortir de là.

    A présent, nous devons prêter attention au soutien du mouvement des masses et à attaquer l’infrastructure économique, politique et militaire du système. Tout cela est ce que nous avons fait dernièrement et il est juste de continuer à le faire. Mais dans ce domaine nous ne sommes pas non plus prêts à lui paralyser, mais seulement à lui occasionner un dégât relatif, à lui créer une situation de crise partielle et à profiter l’effet politique et psychologique ayant toujours lieu.

    Bref, avec ces opératifs, et vu les limitations imposées par notre même développement, il s’agit d’occasionner les plus grandes pertes et chaos possible à l’appareil productif, bureaucratique et répressif de l’oligarchie, de ne pas ni laisser « gouverner » et se remplir les poches en toute tranquillité, pendant que la plupart de la population subit et passe tout genre de besoins, pendant qu’ils torturent aux casernes et aux commissariats et qu’ils forcent les prisonniers à des conditions inhumaines de détention, etc.

    Compte tenu de tout cela, il faut concentrer nos attaques. Plus concentrées sont les attaques, plus grand sera leur retentissement. La dispersion, malgré l’importance des coups, n’aboutit au profit de la cause puisque, avec le temps, l’ennemi finit par les assimiler et par s’y habituer.

    D’ailleurs, nous ne devons pas oublier qu’étant si large notre champ d’activité, nous ne pouvons pas non plus nous occuper à la fois de tout et être efficaces. On a donc besoin de concentrer les forces sur un secteur concret en le frappant systématiquement jusqu’à le paralyser ou, du moins, le désorganiser ce qui, à ne pas en douter, va répercuter politiquement et socialement, car le régime ne peut pas « assimiler » cela, au contraire de l’assimilation d’autre type d’actions.

    15. Agir avec de l’autonomie, affirmer notre propre identité

    Les GRAPO avons toujours appuyé le principe de la primauté de la politique sur l’activité militaire. Mais la notre, comme Organisation armée, avec ses tâches et sa structure en accord avec ce caractère, elle ne s’attribue aucune politique concrète ni fait partie d’aucun parti. Cela ne signifie pas que les GRAPO soient « apolitiques » ni qu’ils ne soient pas appuyés par aucune idéologie. Dans l’histoire militaire cela n’a jamais arrivé nulle part.

    Le « Programme-Manuel du guérillero » définie aux GRAPO comme « un collectif » d’hommes et femmes armées et organisés militairement […] un instrument au service de la cause démocratico-populaire ».

    C’est-à-dire, les GRAPO ne sont pas l’Organisation armée d’aucun parti mais il font partie du mouvement de résistance, ils se nourrissent de lui et ils lui servent toujours. En tant qu’organisation armée populaire, les GRAPO ont leur identité propre, forgée au cours de beaucoup d’années de lutte. Ils ont donc aussi leurs propres idées et conceptions, leur buts, leur plans et projets et par conséquent, leur propre structure organique et leur fonctionnement.

    Les GRAPO se sont constitués comme l’embryon de la future armée populaire. A vrai dire, la relation spéciale que nous avons toujours entretenu avec le PCE(r) nous a fait apparaître souvent comme de « bras armé » du Parti.

    D’autres fois, le PCE(r) a été celui qui est apparu comme le « bras politique » des GRAPO. Pourtant, nous n’allons pas démentir que, parfois mais particulièrement dans les dernières étapes, nous avons tendu à nous prendre sous l’aile protectrice du PCE(r) et à dépendre trop de son aide et collaboration pour résoudre quelques problèmes que nous pouvions avoir résolu nous-mêmes.

    Par exemple, il s’est passé ainsi au domaine de la « publicité », de l’explication aux masses de nos propres actions et buts, nous limitant seulement aux concis communiqués; autant on peu dire par rapport à l’aide que nous avons besoin, quant aux maisons et abris plus ou moins sûrs.

    Ainsi donc, ce type de dépendance doit finir, car elle nous mène à négliger souvent nos propres responsabilités. Dans ce domaine, nous devons aussi débrouiller nous-mêmes, essayant de ne pas négliger les relations avec les sympathisants et les amis, et cela autant à l’extérieur qu’à l’intérieur d’Espagne. La sûreté et la continuité du travail en dépendent, dans une grande mesure.

    Toujours est-il que notre Organisation compte sur une direction propre, mise à l’épreuve en mille combats, et à laquelle personne ne lui a demandé jamais sur son affiliation politique et idéologique.

    Parmi nous il suffit que chacun démontre son honnêteté et sa fermeté inébranlable, qu’il soit à coté du peuple et de la cause démocratique et qu’il soit à coté su peuple et de la cause démocratique et qu’il n’épargne aucun effort ni sacrifice pour la servir. On peut dire la même chose des cadres moyens et des militants de base.

    Nous devons réaffirmer et renforcer ce caractère unitaire et combatif de notre Organisation, supprimant tout cela qui puisse gêner ou empêcher l’incorporation de tout antifasciste, républicain et patriote.

    Nous devons prendre en considération que, à mesure que le processus révolutionnaire avance et que l’Organisation gagne la sympathie et le soutien des masses, étend son développement et s’occupe de nouveaux champs d’activité, il sera de plus en plus évident son identité propre. Pendant ce temps, nous devons parvenir à que cette différenciation et cette autonomie se stabilisent au sein même de l’Organisation.

    Nous y arriverons en créant un nombre croissant de nouveaux groupes opératifs, en renforçant les distinctes sections spécialisés, en ramifiant de plus l’Organisation. En même temps, nous devons prêter plus d’attention à la préparation et à l’entraînement, devant s’occuper de la formation politique et théorico-militaire, a sa préparation physique et le bon maniement des armes.

    Seulement ainsi nous compterons sur un contingent militaire techniquement préparé, avec un élevé moral de combat et prêt à servir à la cause populaire.


    Notes:

    (1) Cette appendice n’a été pas traduit au fraçais pour le moment [N. du T.].

    (2) Le Parti Comuniste d’Espagne (reconstitué) nacquit à 1968 (sous le nomme d’Organisation des Marxistes-Leninistes d’Espagne) pour défendre le marxisme-leninisme contre les revisionistes et carrillistes que avaient trahi et aprés détrui le PCE et le mouvement comuniste international [N. du T.].

    (3) Juan García Martín: L’Histoire du PCE(r) et des GRAPO, Editorial Contracanto, Madrid, 1984.

    (4) La réforme, dit « démocratique« , commença après la mort de Franco à décembre 1975 et l’arrivé de Adolfo Suárez au gouvernement à juillet 1976 [N. du T.].

    (5) Les révisionistes espagnols qui suivaient Santiago Carrillo [N. du T.].

    (6) Ça veut dire, le gouvernement de Adolfo Suárez (Union du Centre Démocratique) de 1976 jusqu’à 1981 [N. du T.].

    (7) Ça veut dire, du parti social-democrate, dirigé par Felipe González.

    (8) Les gardes civils et militaires qui essaient le coup d’Etat de février 1981 jusqu’à la démission de Suárez et le nouveau gouvernement de l’Union du centre Démocratique.

    (9) Le Document National d’Identité, carte d’identité espagnole. 

    (10) Un million trois cent mil dollars. 

    (11) Pour commémorer les dix anées des socialfascistes au gouvernement, pendant l’anné 1992 Espagne a été le siège des Jeux Olimpiques, l’Exposition Universel on deroula à Sevilla et Madrid a été « cité culturel de l’Europe »

    (12) Le Train de Grande Vitesse espagnole [N. du T.]. 

    (13) Institut National de l’Industrie, le monopole de l’Etat [N. du T.].

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  • Parti Communiste d’Espagne: Le Parti sur le pied de la guerre (1939)

    Résolution du 23 Février 1939

    Le Parti Communiste déclare que ce serait une erreur gravissime que de chercher à cacher l’extrême gravité de la situation. La perte de la Catalogne, de l’Armée et du matériel de guerre qui s’y trouvait, constitue un coup très dur porté à la République, qui change   profondément,   en  les  aggravant,  les   conditions  de  notre lutte pour l’indépendance et la liberté de l’Espagne. 

    Mais   la   situation   passerait   de   grave   à   catastrophique   si   les dirigeants des organisations et des partis, si le gouvernement, si les chefs  de l’Armée perdaient leur sérénité et leur confiance en la capacité   combative   et   en   l’esprit   de   sacrifice   des   soldats   et  du peuple, et s’ils s’orientaient non pas vers la résistance, mais vers l’abandon de la lutte, vers la capitulation. (…) 

    Le triomphe du fascisme dans notre patrie ne signifierait pas une étape brève et transitoire de gouvernement réactionnaire, comme ce fut le cas avec la dictature de Primo de Rivera, ou avec les deux années noires (1934-­1936, années noires de domination des ultra-réactionnaires). Le   triomphe du fascisme sur la République n’aurait rien d’une défaite partielle et passagère. 

    Ce serait la fin de tout ce que les ouvriers ont conquis pendant des dizaines d’années de travail et de durs combat, ce serait la fin de toute  liberté,  l’écrasement  de  la  dignité  humaine,  l’esclavage le plus douloureux.

    Les paysans et ouvriers agricoles, qui ont reçu de la République la terre pour laquelle ont  lutté des générations de parias de la campagne, en seraient dépouillés, et tomberaient de nouveau sous le joug du propriétaire terrien et du cacique. (…) 

    La  résistance  est  possible et sera un fait  qui  nous permettra de sauver la vie et la liberté de milliers et de milliers de nos frères. Les batailles et le retrait de la Catalogne ont fait apparaître toute une série d’erreurs, de fautes, etc. qui ont contribué à affaiblir la résistance de l’Armée et du peuple. Il est nécessaire de corriger rapidement ces faiblesses sous la direction de Gouvernement. L’expérience est suffisamment sanglante  pour que  les sacrifices nécessaires s’imposent à tous. (…) 

    Si nous prenons en compte la tragique expérience de la Catalogne et   si   nous   nous   consacrons   tous,   de   façon   disciplinée   et   sans méfiances   partidaires,   à   corriger   rapidement   les   faiblesses   des organismes essentiels de l’Armée et de l’appareil civil d’Etat, alorsnotre résistance s’affirmera à un niveau plus élevé que tout ce qui a été   possible   jusque-­là,   et   sur   cette   résistance   pourront   voler   en éclats les desseins ennemis. (…) 

    La   situation   internationale   n’a   jamais   été   aussi   instable qu’aujourd’hui. Et résister est non seulement nécessaire, mais aussi possible. Et nous soutenons que notre résistance, comme cela fut le cas en d’autres moments, où beaucoup croyaient déjà tout perdu (novembre 1936, mars-­avril 1938), peut une fois encore changer la situation et permettre la maturation de faits nouveaux tant en Espagne qu’à l’échelle internationale, et nous ouvrir la perspective de la victoire. (…) 

    Le Parti Communiste réitère qu’il est en accord complet et sans réserves avec les Trois Points énoncés par le Président du Conseil, au nom du Gouvernement d’Union Nationale au cours de la session de Corte de Figuras : « indépendance de notre pays, libre disposition du peuple et refus de toutes représailles une fois liquidée la guerre ». (…) 

    Sur le plan militaire, nous jugeons nécessaire et urgent que soit étudiée à fond l’expérience de ces derniers mois de combat. Ce qu’elle nous enseigne, encore une fois, c’est que notre armée est bonne, capable d’héroïsme, mais qu’il existe encore en elle de nombreuses  faiblesses qui peuvent être corrigées à  l’aide d’un rapide et intense travail de formation des commandants. 

    Le Parti Communiste,   interprétant la  volonté  de  tout   le   peuple, s’adresse de manière particulièrement cordiale aux chefs de toutes les armes. 

    Il est dans la tradition de l’armée espagnole d’affronter avec héroïsme, abnégation et esprit de sacrifice les situations les plus graves. Les chefs de l’Armée Républicaine, que le peuple entoure se son
    admiration et de son affection, ne renieront pas cette tradition. Il est faux d’affirmer que par manque d’armes on ne saurait continuer le combat. Nous avons assez d’armes pour résister et défaire chaque attaque ennemie. 

    Ce qu’il faut, c’est faire  fonctionner  l’industrie   de   guerre   à   un rythme plus intense, en brisant les résistances bureaucratiques qui s’y opposent. Nos ouvriers, et les femmes qui occupent les postes des mobilisés, savent très bien pourquoi ils travaillent, et ils veulent travailler à un rythme de guerre. 

    Que l’appareil de direction de la production soit à la hauteur de la volonté et de l’héroïsme du peuple, et alors les moyens de lutter ne nous manqueront pas. La ligne de résistance tracée par le Gouvernement  exige   des sacrifices de la part de la population civile. 

    Nous demandons qu’ils soient égaux pour tous, ce qui les rendra plus facile à supporter. 

    Nous exigeons que l’organisme des approvisionnements soit débarrassé de toute ingérence bureaucratique ; que l’on donne aux paysans toute liberté de travailler la terre qui est la leur, et à leur guise,   que soit intensifiée la production agricole avec l’apport, dignement rémunéré, des femmes aux travaux des champs. 

    Nous exigeons qu’on rende plus effective la lutte contre la « cinquième colonne », qu’on accroisse la vigilance de tous, au front comme à l’arrière, en écrasant sans pitié toute tentative factieuse. (…) 

    L’existence et l’effectivité d’un « état de guerre » n’exclut pas, mais au contraire demande que nous développions un grand travail d’explication, d’agitation et de propagande politique. Voilà la tâche du Front Populaire, des partis antifascistes et des syndicats.  Et   les   autorités   civiles   et   militaires   doivent   aider   à l’accomplissement de cette tâche. (…) 

    Le Parti Communiste adresse à tous les partis et organisations du Front Populaire, aux dirigeants et aux masses un appel pressant àl’unité et à la fraternité antifasciste. 

    Le Front Populaire ne doit pas seulement continuer à exister et à fonctionner, mais il doit aussi être l’axe de la résistance de tout le peuple, en centuplant son activité. Les communistes n’abandonneront jamais la ligne d’unité étroite avec tous les partis, tous les dirigeants, avec tous les organismes syndicaux, politiques et militaires.  

    Cela ne veut pas dire que nous renoncions à dénoncer et combattre les hésitations, les déserteurs les couards et autres agents   de l’ennemi. Cela veut dire que nous communistes, faisons la différence seulement entre ceux qui travaillent à l’unité du peuple et ceux qui sabotent cette unité. (…) 

    Cette lutte contre les ennemis qui nous menacent de l’intérieur doit être menée à bien par le Front Populaire et ses organisations : c’est à cette tâche que nous les appelons. (…) 

    L’unité de la classe ouvrière sera la garantie de l’unité de tout le peuple. 

    LE PARTI SUR LE PIED DE GUERRE 

    Le Bureau Politique s’adresse de façon particulièrement pressante et sérieuse à tout le Parti ; aux organisations locales, aux dirigeants et aux militants, en rappelant à tous la responsabilité qui incombe à notre Parti et à ses adhérents. En tous lieux où se manifeste une faiblesse, une erreur, une faute, les   communistes doivent   s’empresser avec leur effort et leur sacrifice de rétablir la situation. 

    Et ceci vaut également au font et à l’arrière. Nous ne pouvons nous défausser de notre responsabilité en ne faisant que critiquer les autres. Nous devons critiquer quand c’est nécessaire et nous aider tous, réciproquement,  à bien faire notre travail, en appliquant les directives du gouvernement. 

    Le Parti doit se considérer comme mobilisé en permanence. Dans chaque endroit, dans chaque village ou localité, les Comités du Parti doivent assurer l’orientation et le contact de tous les communistes entre  eux, chaque  jour, à chaque heure, à chaque minute. 

    Dans tous les locaux du Parti, jour et nuit, des relèves doivent être prise par les camarades les plus qualifiés, toujours  en relation étroite avec les dirigeants de toutes les organisations, de façon à être toujours  prêts à résoudre tous les problèmes qui pourraient surgir. 

    En particulier, dans les zones voisines des fronts, les organisations du  Parti, en   liaison avec les autorités militaires, doivent être disposées à prêter toute leur aide et à faire tous les sacrifices pour assurer la résistance. 

    L’incorporation dans l’armée des dirigeants du Parti affectés par la mobilisation   doit   se   poursuivre,   ils   doivent   être   remplacés automatiquement   par   les   femmes   et   les   hommes   exemptés   du
    service militaire. Dans toutes les provinces et localités, doivent être organisés, en plus des écoles, des cours brefs et simples, de jour ou de nuit, pour orienter les camarades à qui échoient les charges de direction.  

    Le Parti sur le pied de guerre, uni à toutes les organisations et à tout le peuple pour assurer l’ordre, la discipline et l’unité, et grâce à eux, la résistance et la victoire !

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  • Dolores Ibarruri (La Pasionaria): Message d’adieu aux volontaires des Brigades Internationales (1938)

    15 Novembre 1938

    Dolores Ibarruri (La Pasionaria) exprimant son message d’adieu
    à la tribune le 15 Novembre 1938

    Il est très difficile de prononcer des mots d’adieu adressés aux héros des Brigades Internationales, par ce qu’ils sont et par ce qu’ils représentent.

    Un sentiment d’angoisse, d’infinie douleur vous monte à la gorge vous la serrant comme des tenailles…

    Angoisse pour ceux qui s’en vont, soldats de l’idéal le plus élevé de la Rédemption humaine, déracinés de leur patrie, poursuivis par la tyrannie de tous les peuples…

    Douleur pour ceux qui restent ici pour toujours, se confondant avec notre terre et vivant dans le plus profond de notre cœur, auréolés par le sentiment de notre gratitude éternelle.

    De tous les peuples et de toutes les races, vous êtes venus à nous comme des frères, comme des fils de l’Espagne immortelle, et dans les jours les plus durs de notre guerre, quand la capitale de notre République Espagnole se trouvait menacée, c’est vous, braves camarades des Brigades Internationales qui avez contribué à la sauver avec votre enthousiasme combatif et votre héroïsme et esprit de sacrifice.

    Et JARAMA, et GUADALAJARA, et BRUNETE, et BELCHITE, et LEVANTE, et l’EBRO, chantent avec des strophes immortelles le courage, l’abnégation, la bravoure, la discipline des hommes des Brigades Internationales.

    Pour la première fois dans l’histoire des luttes des peuples un spectacle a été donné, étonnant par sa grandeur, de la formation des Brigades Internationales, pour aider à sauver la liberté et l’indépendance d’un pays menacé.

    Notre Espagne.

    Communistes, socialistes, anarchistes, républicains, hommes de couleur différente, d’idéologie différente, de religions opposées, mais aimant tous profondément la liberté et la justice, sont venus nous offrir leur aide, inconditionnellement.

    Ils nous offraient tout, leur jeunesse ou leur maturité ; leur science ou leur expérience ; leur sang et leur vie ; leurs espoirs et leurs souhaits.

    Et ils ne nous demandaient rien. C’est-à-dire, oui : ils voulaient une place dans la lutte, ils rêvaient d’avoir l’honneur de mourir pour nous.

    Drapeaux espagnols !

    Saluez tous ces héros, inclinez vous devant tous ces martyrs.

    MERES ! EPOUSES !

    Quand les années passeront et les blessures de la guerre commenceront à cicatriser; quand le souvenir des jours douloureux et sanglants s’estompera en un présent de liberté, de paix et de bien-être; quand les rancœurs s’atténueront et l’orgueil de la patrie libre soit unanimement ressenti par tous les espagnols, parlez à vos enfants, parlez-leur de ces hommes des Brigades Internationales.

    Racontez-leur comment, traversant mers et montagnes, franchissant des frontières hérissées de bayonettes, épiés par des chiens enragés, avides de déchirer leurs chairs de leurs crocs, sont arrivés dans notre patrie comme des croisés de la liberté, pour combattre et mourir pour la liberté et l’indépendance d’Espagne, menacée par le fascisme allemand et italien.

    Ils ont tout abandonné: tendresse, patrie, foyer, fortune, mère, épouse, frères, enfants et vinrent à nous pour nous dire: nous sommes là! Votre cause, la cause de l’Espagne est notre même cause, c’est la cause commune à toute l’humanité avancée et progressive

    Aujourd’hui beaucoup s’en vont, des milliers restent ayant pour linceul la terre d’Espagne, le souvenir saturé de la plus profonde émotion de tous les Espagnols.

    Camarades des Brigades Internationales !

    Des raisons politiques, des raisons d’Etat, la santé de cette même cause pour laquelle vous avez offert votre propre sang avec une générosité sans limites, vous font repartir dans votre patrie pour les uns, vers une émigration forcée pour d’autres.

    C’est fiers que vous pouvez partir.

    Vous êtes l’Histoire, la légende, vous êtes l’exemple héroïque de la solidarité et de l’universalité de la démocratie, face à l’esprit mesquin et attaché à ses privilèges de ceux qui interprètent les principes démocratiques en regardant leurs coffres-forts ou leurs actions en bourse, qu’ils veulent conserver à l’écart du risque.

    NOUS NE VOUS OUBLIERONS PAS ; ET QUAND L’OLIVIER DE LA PAIX FLEURIRA, ENTRELACE AVEC LES LAURIERS DE LA VICTOIRE DE LA REPUBLIQUE ESPAGNOLE ! REVENEZ !

    Revenez vers nous, vous y trouverez une patrie pour ceux qui n’ont pas de patrie, des amis pour ceux qui vivent privés d’amitié, et tous, tous, l’affection et la reconnaissance de tout le peuple espagnol, qui aujourd’hui et demain criera avec enthousiasme :

    Vivent les héros des Brigades Internationales!!!!

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  • Programme d’unité d’action de l’U.G.T. et de la C.N.T. (1938)

    Publié par le journal Frente Rojo le 18 mars 1938, rédigé à Barcelone.

    La C.N.T. et l’U.G.T., pénétrées du souci constant de remporter la victoire, d’assurer la défense des conquêtes politiques et économiques obtenues par le prolétariat pendant la révolution, et de tendre de toute manière à leur extension, créent un Comité national de liaison, dont elles définissent les fonctions sur les bases suivantes : 

    DEFENSE NATIONALE 

    L’U.G.T. et la C.N.T. reconnaissent les énormes succès obtenus par la création de l’armée populaire, par la consolidation de sa combativité et le perfectionnement de la qualification de son commandement et sont décidées à renforcer tous les éléments susceptibles de faciliter la création de l’armée régulière combative qui sera la garantie de la victoire dans la guerre actuelle et dans tous les conflits armés avec l’extérieur qui pourraient éclater à la suite de cette victoire. 

    Le maintien et le renforcement des liens fraternels dans les rangs de l’armée, sous le drapeau de l’antifascisme, doit être le souci permanent de la C.N.T. et de l’U.G.T. 

    Les syndicats doivent par tous les moyens aider à la formation de fortes réserves qui permettront de compléter les cadres de l’armée populaire, qui assureront à l’armée les possibilités de mener sans interruption des opérations offensives et la relève régulière des troupes du front.

    Dans ce but les syndicats veilleront à ce que leurs adhérents exécutent avec enthousiasme l’ordre de mobilisation. 

    Ils mèneront parmi les ouvriers une campagne en faveur de la préparation militaire ; ils prendront part à la préparation prémilitaire ; ils prendront toutes mesures pour éviter les arrêts dans la production consécutifs au départ des ouvriers envoyés à l’armée et, pour cela, ils s’occuperont de la préparation professionnelle des femmes et des hommes que l’on dispense d’être mobilisés dans l’armée.

    Les deux organisations (U. G.T. et C.N.T.) prévoient la conservation le renforcement de l’institution des commissaires politiques dans l’armée et se prononcent pour que dans le corps des commissaires soient représentées régulièrement, et avec équité, toutes les forces antifascistes. 

    L’U.G.T. et la C.N.T. s’engagent à ce que cette participation régulière des forces antifascistes soit observée rigoureusement et infailliblement. 

    Au même titre et avec les mêmes droits que les commissaires militaires des troupes du front, doit fonctionner l’institution des commissaires dans la marine, la flotte et dans l’aviation, ainsi que parmi les corps de troupes de l’arrière. 

    Les deux organisations feront tous leurs efforts pour que les liens d’amitié qui unissent les officiers de l’ancienne armée aux nouveaux officiers issus du peuple se resserrent de plus en plus, sans pour autant permettre le retour des côtés négatifs qui régnaient avant le 19 juillet, dans l’ancienne armée. 

    Les organisations de l’U.G.T. et de la C.N.T. s’efforceront d’obtenir du gouvernement les fonds nécessaires pour le développement intensif des travaux de fortification, de construction et de réfection des routes et voies ferrées, ainsi que la construction de refuges pour la population civile. 

    Le contact étroit avec les combattants étant le souci constant des syndicats, ils les considèreront comme leurs adhérents, s’occupant de leurs besoins et des besoins de leurs familles, mais cela sans s’immiscer dans les fonctions ayant un caractère purement militaire. 

    Les motifs qui poussent l’U.G.T. et la C.N.T. à donner une expression commune à ces revendications immédiates, sont le désir de vaincre rapidement et définitivement le fascisme, d’appliquer une démocratie authentique dans toutes les organisations et dans les domaines de l’activité militaire, d’utiliser l’institution des commissaires pour l’épuration et la consolidation de l’armée populaire et, par leur expérience, leur force, aider en fait les gouvernements [espagnol et catalan] en facilitant leurs tâches dans une grande mesure. 

    L’INDUSTRIE 

    La C.N.T. et l’U.G.T. reconnaissent la nécessité de l’accroissement de la production industrielle de notre pays, surtout de l’industrie de guerre, par la coordination et l’intensification des efforts des syndicats dans ce domaine. 

    Les deux organisations s’efforceront d’assurer un arrière fort et discipliné et devront inculquer à tous les ouvriers, sans distinction de spécialité, un esprit d’abnégation et de sacrifice en accord avec les exigences du moment, afin que, sans ménager leurs forces, ils s’appliquent à satisfaire les besoins de la guerre. 

    C’est dans cet esprit que l’U.G.T. et la C N.T. défendront les mesures suivantes :

    L’INDUSTRIE DE GUERRE 

    Le service du ravitaillement militaire doit mettre en vigueur l’unité de direction des usines de guerre en accord avec le Conseil national d’industrie de guerre qui sera créé avec la participation de la C.N.T, et de l’U.G.T.

    Adaptation de toutes les usines et entreprises qui peuvent être utilisées pour la défense du pays, aux besoins de l’industrie de guerre. 

    Centralisation de toutes les matières premières, en premier lieu de celles servant au ravitaillement de l’industrie de guerre. 

    Les transports, qui par leur caractère sont appelés à répondre aux besoins de la guerre, doivent être réquisitionnés, militarisés et remis à la disposition des gouvernements en réservant la partie tout à fait indispensable pour éviter des interruptions dans l’industrie et le commerce à l’arrière. 

    Les organisations syndicales de l’U.G.T. et de la C.N.T. collaboreront à la création rapide d’une puissante industrie de guerre.

    Les syndicats doivent se poser comme tâche immédiate et obligatoire, l’éducation des ouvriers dans l’esprit de la vigilance aiguë envers toute sorte de sabotage et de négligence dans la production et de lutter contre de tels faits, en relevant le rendement du travail et en améliorant la qualité de la production. 

    LA NATIONALISATION 

    Il est indispensable de procéder de la manière la plus urgente à la nationalisation des mines, des chemins de fer, de l’industrie lourde, de la flotte marchande, des banques et de toutes les autres branches de l’industrie, indispensables au relèvement de l’économie nationale après les décisions conformes des organes d’Etat compétents. 

    Les entreprises nationalisées doivent être centralisées et leur travail doit être systématisé. 

    LES CONSEILS NATIONAUX D’INDUSTIE ET LE CONSEIL SUPERIEUR DE L’ECONOMIE 

    Pour exécuter ce plan de nationalisation de l’industrie, ainsi que pour organiser la production d’après un plan général, l’U.G.T. et la C.N.T. proposent de créer immédiatement un Conseil supérieur économique de l’Etat avec la participation des deux organisations syndicales.

    Le Conseil supérieur économique élaborera le plan de l’économie nationale avec l’aide des conseils nationaux d’industrie, auxquels participent aussi les syndicats ; il réglementera, en particulier dans les branches nationalisées de l’industrie, la production, la répartition, les crédits, les prix et la nomenclature des marchandises, l’importation et l’exportation des denrées, le taux de la plus-value, le commerce, etc. utilisant tous les moyens indispensables pour assurer son fonctionnement sans interruption. 

    Le gouvernement promulguera les lois dans le domaine de l’économie nationale après accord avec le Conseil national économique.

    Le Conseil national économique organisera l’inspection du travail dans toutes les branches de la production. 

    LA PREPARATION PROFESSIONNELLE 

    Outre les mesures réalisées et à réaliser par le gouvernement dans le domaine de l’éducation professionnelle, les syndicats contribueront à élever le niveau culturel technique et professionnel des ouvriers par l’organisation de cours spéciaux et d’écoles subventionnées par l’Etat. 

    MUNICIPALISATION DES ENTREPRISES URBAINES 

    La C.N.T. et l’U.G.T. reconnaissent comme indispensable la régularisation ou la réorganisation sur la base de la municipalisation de ceux des services communaux qui l’exigent, par leur importance et leur caractère. 

    Estimant que les biens immobiliers sont propriété de l’Etat, les propriétés urbaines, à l’exception de celles qui ne rapportent qu’un petit revenu, doivent passer sous la gestion des municipalités sur la base des lois promulguées par le gouvernement à cet effet. 

    LA COLLECTIVISATION 

    L’U.G.T. et la C.N.T. estiment qu’il est indispensable de donner un statut légal aux entreprises collectivisées et qu’il est nécessaire dans ce but, de promulguer des lois qui établissent la nature des entreprises collectivisées qui doivent être conservées et les conditions dans lesquelles elles doivent travailler (leur structure leurs fonctions, le volume de leur production, etc.). 

    Les entreprises collectivisées qui n’appliqueront pas ces lois devront être liquidées. 

    L’Etat doit aider les entreprises collectivisées qui exécuteront ces lois et qui fourniront un bon rendement. 

    Les lois sur les entreprises collectivisées doivent être élaborées et proposées au gouvernement par le Conseil supérieur économique de l’Etat. 

    SALAIRE, PRIX ET RAVITAILLEMENT 

    L’amélioration du niveau de vie des ouvriers et la lutte contre la cherté et la pénurie des denrées de consommation courante sont une nécessité pressante.

    C’est pourquoi la C.N.T. et l’U.G.T. estiment qu’il est indispensable d’appliquer les mesures suivantes : 

    Les syndicats doivent redoubler de vigilance dans la lutte contre les spéculateurs. Cette tâche incombe en premier lieu aux organisations syndicales des ouvriers et employés des hôtels et restaurants, des boulangeries et aux autres syndicats de l’alimentation et des travailleurs du commerce. 

    Il faut encourager la formation de puissantes coopératives de consommation pour la vente au détail et l’organisation de coopératives. de production en appliquant à ces dernières des lois les plus strictes, de même que la création de centres coopératifs importants pour le commerce d’exportation sous le contrôle sévère de l’Etat et en conformité avec les instructions du Conseil économique.

    D’autre part, il faut élaborer un plan d’importation des denrées alimentaires de première nécessité dans le but d’assurer aux ouvriers et à leurs familles la ration de vivres à des prix qui concordent avec leurs salaires. 

    Le gouvernement doit de même contrôler et réglementer la consommation intérieure de tous les produits qui sont à la base de notre politique d’exportation. 

    L’U.G.T. et la C.N.T. estiment qu’il est indispensable d’établir un salaire minimum en concordance avec le coût de la vie et en tenant compte, d’une part, de la qualification des ouvriers et, d’autre part, de la productivité de chacun d’eux. 

    Dans ce sens, elles défendront le principe suivant « celui qui travaille plus et mieux, touche un salaire plus élevé » et cela indépendamment du sexe et de l’âge – et tant que l’exigeront les intérêts du relèvement de l’économie nationale. 

    Dans ce but il est nécessaire de créer une Commission nationale de réglementation des salaires et des prix, avec la participation des centrales syndicales.

    Il doit être fourni aux ingénieurs et aux techniciens, tant dans les entreprises collectivisées que dans celles de l’Etat, toutes les conditions matérielles indispensables à leurs travaux scientifiques et de production, qui faciliteront l’augmentation de la productivité du travail.

    LE COMMERCE 

    Les deux organisations sont unanimes à estimer qu’il est indispensable d’appliquer un contrôle sévère sur le commerce extérieur, en ce qui concerne l’importation et l’exportation, afin d’assurer au pays les matières premières et les fonds de devises étrangères. 

    Le commerce extérieur doit se baser sur les conditions suivantes : 

    Les ouvriers doivent de manière conforme être représentés dans les organismes du commerce qui seront créés sous la direction du Conseil supérieur économique. 

    En ce qui concerne les bénéfices découlant du commerce extérieur, les lois en vigueur doivent être appliquées. 

    LE CONTRÔLE OUVRIER 

    Le Comité de coordination estime que le contrôle ouvrier représente en lui-même une des plus appréciables et des importantes conquêtes des ouvriers.

    Le Comité de coordination considère qu’actuellement il est nécessaire de promulguer une loi sur le contrôle ouvrier, afin de définir les droits et les obligations des ouvriers. 

    Dans ce but, il estime qu’il est indispensable d’appliquer les mesures suivantes :

    Le gouvernement doit publier une loi sur le contrôle ouvrier en indiquant les fonctions des ouvriers dans le domaine du contrôle de la production et de son efficacité, sur la participation des ouvriers à la direction et aux bénéfices, sur les conditions de travail des ouvriers et les règlements de protection de la législation sociale.

    Les organismes de contrôle ouvrier sont élus sur la base démocratique, par le vote direct, avec la participation de tous les ouvriers de l’entreprise intéressée, ce qui garantira l’application de la véritable démocratie ouvrière et la défense des intérêts des ouvriers.

    L’AGRICULTURE 

    L’U.G.T. et la C.N.T. se prononcent pour la nationalisation immédiate de la terre, qui doit être remise en jouissance de préférence aux collectivités et coopératives agricoles, en premier lieu aux collectivités et coopératives créées par l’U.G.T. et la C.N.T.,tout en respectant la volonté des paysans qui désireraient travailler la terre individuellement.

    L’Etat doit mener une politique de soutien des collectivités déjà existantes donnant la préférence à celles de l’U.G.T. et de la C. N. T. ainsi qu’aux collectivités, créées d’après la loi, d’après les principes du volontariat, par des travailleurs de la terre appartenant aux syndicats.

    En ce qui concerne les paysans qui travaillent individuellement leurs terres, on institue l’inviolabilité de la petite propriété terrienne sous condition que le paysan prouve que sa terre a été acquise légalement et s’il remplit les conditions requises par la loi.

    Les deux centrales syndicales défendront toutes les conquêtes des paysans et tendront à élever la production agricole. Pour cela il est indispensable :

    a) De réglementer la culture de la terre, en sorte que la culture individuelle ne gêne pas la culture collective. 

    b) D’élever le niveau de vie des cultivateurs sur la base de la hausse des prix des denrées agricoles, afin que les paysans touchent pour leurs denrées des prix correspondants aux prix pratiqués pour les marchandises manufacturées qu’ils achètent, ce qu’il faut régulariser. 

    c) Le gouvernement doit donner aux paysans, et de préférence aux collectivités et coopératives de l’U.G.T. et de la C.N.T., la possibilité d’acquérir des instruments aratoires, des semences, des engrais, etc. .., ainsi que des crédits par l’intermédiaire de la Banque agricole nationale dont l’existence est une nécessité. 

    d) Il faut stimuler la création de fermes expérimentales (écoles agricoles), au moins une par région pour la préparation d’agronomes, de mécaniciens, d’organisateurs et d’administrateurs des collectivités et des coopératives. 

    e) Développer l’industrialisation de l’agriculture et la rationalisation des cultures agricoles. 

    MESURES SOCIALES 

    L’U.G.T. et la C.N.T. considèrent qu’il est indispensable de procéder à la révision de la législation du pays dans le but d’affermir les conquêtes obtenues par le prolétariat et d’abolir les lois allant à l’encontre de ces conquêtes. 

    De promulguer des lois sur la protection contre les accidents du travail et sur l’assistance sociale, qui évitent aux ouvriers toutes privations et souffrances en cas d’accident, de maladie et de vieillesse. 

    Le gouvernement doit élaborer des lois pour assurer le sort des familles des ouvriers.

    Il est indispensable de réviser toute la législation civile, criminelle, commerciale, etc. 

    Les deux centrales syndicales estiment qu’il est indispensable de procéder au rachat des richesses nationales, des organisations économiques et à leur régularisation juridique, afin d’assurer l’indépendance totale du pays.

    La C.N.T. et l’U.G.T. sont disposées à aider la production en facilitant dans tous les domaines : politique, syndical, commercial, l’application de tous les moyens et mesures capables de hâter la victoire.

    Tous les organismes représentatifs, tant syndicaux que gouvernementaux, qui seront créés dans les buts sus-indiqués doivent en accord avec les deux organisations comprendre la participation de l’U.G.T. et de la C.N.T. sur la base de la représentation proportionnelle d’après les forces de chacune des organisations dans la localité intéressée.

    Les deux organisations s’engagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour que dès la fin de la guerre contre les fascistes, il soit garanti au peuple espagnol, et particulièrement à la classe ouvrière, le libre choix de la forme de gouvernement conforme aux sacrifices actuels et qui assurera à notre pays une véritable démocratie.

    Le Comité national de coordination doit à chaque moment donné et dans chaque cas concret analyser les problèmes concernant la libre expression de l’opinion et l’application impartiale de la justice. 

    SUPPLÉMENT 

    L’U.G.T. et la C.N.T. ont examiné la proposition de la Confédération nationale du travail sur la participation des organisations syndicales au gouvernement. 

    Après l’examen de cette question, elles adoptèrent les résolutions suivantes : 

    1. L’U.G.T. qui a jusqu’ici considéré qu’elle était représentée au gouvernement par le Parti socialiste et maintenant par les Partis socialiste et communiste, estime que la solution définitive de cette question appartient aux autorités constitutionnelles compétentes du pays et aux partis politiques adhérant au Front populaire.

    2. L’U.G.T. reconnaissant les particularités de la situation de la C.N.T. déclare ne pas s’opposer à la participation de la C.N.T. au gouvernement.

    Les deux organisations examineront incessamment la question de leur adhésion au Front populaire. 

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  • PCE : Le trotskisme en Espagne, agent déclaré du fascisme international

    Document de Francisco Anton publié dans le numéro spécial intitulé « Espana » de l’hebdomadaire « La Correspondance Internationale » N° 27, du 12 mai 1938

    Vingt mois de guerre on suffit pour enseigner au monde que le peuple antifasciste espagnol combat avec une ardeur totale, avec un enthousiasme suprême sans que des revers partiels exercent une influence déprimante sur son moral, se préparant chaque fois avec un courage plus grand aux combats à venir, fermement résolu à ne déposer les armes que lorsqu’il aura définitivement écrasé le fascisme expulsé les envahisseurs de tout le territoire de l’Espagne.

    Vingt mois de guerre ont également démontré que peuple antifasciste espagnol reste indissolublement uni sous le drapeau du Front populaire, conduit dans sa lutte par un gouvernement issu de ce Front populaire. Cette union et cette direction garantissent, en les augmentant constamment, l’enthousiasme des combattants et l’efficacité des armes républicaines. Aussi, la lutte sur les champs de bataille, qui risque de se prolonger longtemps encore, est-elle fort coûteuse pour le fascisme, sans compter que, de plus, nous en sommes certains elle est condamnée à rester infructueuse.

    On peut être convaincu que les soldats républicains sauront opposer une résistance de fer à la nouvelle offensive ennemie, résistance contre laquelle se briseront les assauts désespérés des armées fascistes et qui, comme à Guadalajara, sera le prélude à destruction définitive ses divisions des envahisseurs.

    Ce sont là des risques que le fascisme et la réaction mondiale préfèreraient beaucoup ne pas courir.

    Ils veulent gagner la guerre, certes, le plus rapidement possible. Mais comme ils savent bien que, sur le champ de bataille, les soldats républicains leur opposent, et, continueront de leur opposer, une résistance inébranlable, ils ont recours à d’autres armes : d’une part, ils utilisent les faiblesses des démocraties européennes, et, d’autre part, ils ont recours à l’espionnage, la trahison, aux crimes, que ne cessent de réaliser leurs agents trotskistes et les provocateurs de toute espèce envoyés en territoire républicain.

    Staline avait mille fois raison lorsqu’il disait :

    « Le trotskisme actuel n’est pas un courant politique au sein de la classe ouvrière, mais une bande, sans principes et sans idées, de saboteurs, de diversants, d’agents informateurs, d’espions et d’assassins, une bande d’ennemis jurés de la classe agissant à la solde des services secrets d’États étrangers. »

    Il y en a qui croient que les paroles de Staline se rapportaient uniquement à l’Union soviétique parce qu’aux procès de Moscou, il a été révélé en toute évidence que Trotski et ses complices étaient au service du fascisme allemand et de l’impérialisme japonais, qu’ils préparaient le terrain à une intervention armée et au démembrement du grand pays du socialisme victorieux.

    Ceux qui pensent ainsi se trompent dangereusement. La caractéristique même du trotskisme et des trotskistes, c’est qu’ils sont prêts à vendre leur pays aux incendiaires et aux criminels fascistes : c’est là le but essentiel de la vie de ces canailles, c’est l’infâme objectif auquel ils vouent leur activité quotidienne.

    En Espagne aussi, à l’heure où tout le peuple, les socialiste, les anarchistes, communistes, les républicains, ceux qui n’appartiennent à aucun parti mais aspirent à un avenir de justice et de liberté luttent avec acharnement, en dépit des plus grandes difficultés, versant à flots leur sang généreux pour sauver intégrité, la liberté et l’indépendance de l’Espagne, les trotskistes, au service de Franco, de Hitler et de Mussolini, travaillent, en territoire républicain, à la défaite de la République et cherchent à livrer le peuple espagnol, pieds et poings liés, au fascisme oppresseur.

    Une longue liste de faits récents, en Espagne, est venue prouver que les trotskistes travaillent depuis longtemps dans le sens de cette abjecte et criminelle activité et montre comme quoi, à, mesure que les difficultés s’accroissent et qu’approchent les combats décisifs, ils passent toujours plus ouvertement au service de l’ennemi, dont ils répandent les consignes, semant le défaitisme, la méfiance et la désunion dans les masses et se livrant à un intense travail d’espionnage, de provocation, de sabotage et de crime organisé.

    De cette interminable série de faits, il convient soumettre à la considération des travailleurs et des antifascistes de tous les pays quelques exemples particulièrement éloquents, qui constituent des preuves irréfutables. Le plus significatif, comme aussi le plus convaincant de ces exemples, c’est le « putsch » de mai 1937 à Barcelone.

    Pour mener avec succès leur offensive sur le front du Nord, les fascistes avaient besoin de rompre le bloc des forces antifascistes et de provoquer un affaiblissement de l’arrière républicain.

    La presse et les meetings, la propagande « ultra-révolutionnaire » ne suffisaient plus. Il fallait passer aux actes. Il fallait provoquer un soulèvement à l’arrière, inciter les soldats à abandonner les fronts et créer le désordre en Espagne républicaine. Le fascisme avait besoin d’une semblable situation pour justifier un débarquement massif de troupes en Catalogne et sur la côte orientale de l’Espagne et porter ainsi un dur coup au peuple espagnol.

    Ce soulèvement éclata le 3 mai à Barcelone. Le gouvernement et le peuple espagnol sont en possession de preuves qui établissent que les instigateurs et les dirigeants du soulèvement étaient les trotskistes du P.O.U.M., exécuteurs des ordres des interventionnistes et de Franco.

    Depuis plusieurs jours, on préparait l’ambiance et on s’employait à créer les conditions nécessaires.

    En même temps, le P.O.U.M. se prépare activement à attaquer par derrière l’armée républicaine et le peuple espagnol. La Batalla devient l’organe du soulèvement. Elle attaque plus violemment que jamais le Front populaire, le gouvernement, le parti communiste, le P.S.U.C, et l’Union soviétique. Les provocateurs poumistes déploient leur activité dans les casernes et sur les fronts.

    Le P.O.U.M. lève ouvertement le drapeau du soulevèrent armé contre le gouvernement de Front populaire. On peut lire, dans le manifeste que publie la Batalla le 1er mai :

    « Le premier Mai de cette année, l’ambition du prolétariat espagnol doit être beaucoup plus vaste : le pouvoir. »

    Les évènements se précipitent. Le fascisme, sans doute, presse les pressent les trotskistes de passer à l’action.

    Mais il y a d’autres preuves de la participation active du P.O.U.M. aux criminels évènements de mai en Catalogne. La Batalla du 1er mai contenait cet avertissement de dernière heure :

    « Tous les militants de notre parti appartenant à l’École populaire de guerre, qui ont été dépêchés dans diverses localités de Catalogne ou sur les fronts, sont instamment priés de se présenter le plus rapidement possible, pour une affaire urgente, au Comité exécutif militaire, Rambla de los Estudios, 10, bureau du Comité exécutif. »

    Ainsi, le Comité exécutif militaire du P.O.U.M, mobilise ses hommes. Mais comment porter la provocation jusque sur le front même ?

    Comment étouffer le véritable enthousiasme révolutionnaire, démoraliser l’armée et désorganiser les fronts ?

    La Batalla du 1er mai toujours, écrit :

    « Il y a des tanks, il y a des avions, des fusils et de l’argent en quantité suffisante. Mais on ne veut pas les donner à la Catalogne, on ne veut pas les donner au prolétariat révolutionnaire parce qu’il est révolutionnaire, parce que nous unissons la guerre sur le front aux transformations révolutionnaires à l’arrière, parce que nous ne nous considérons pas comme de simples soldats d’une armée incolore, inodore et insipide, mais comme des combattants du front militaire de la révolution. »

    Et comment pousser les soldats à abandonner le front, à se livrer aux pires excès ?

    « Nous ne pouvons tolérer plus longtemps que les miliciens du front d’Aragon se fassent estropier et n’aient pas assez à manger pendant qu’à l’arrière on vit dans une, débauche abrutissante. Si Valence ne nous donne pas de l’argent pour nous nourrir, si nous ne pouvons pas donner des vêtements et de quoi manger à ceux du front, nous sommes prêts à arracher aux bourgeois leurs habits en pleine rue et à piller. »

    C’est dans cette atmosphère de provocations qu’éclate le soulèvement. Dès le début, les trotskistes attisent tant qu’ils peuvent l’incendie.

    Il existe des preuves à ce sujet, fournies par les fascistes de l’intérieur et de l’extérieur eux-mêmes.

    La presse réactionnaire et fasciste du monde entier parlait alors du « chaos » catalan, de la rébellion du peuple contre la « dictature soviétique », de l’« écroulement » du gouvernement de Valence, de l’« indépendance de la Catalogne ».

    En même temps, les postes de radio factieux de Salamanque et de Saragosse répétaient jour et nuit, sans arrêt, des mots d’ordre de ce genre, identiques à ceux du P.O.U.M. :

    « Restez l’arme à la main. » « N’abandonnez pas la lutte. » « Unissez-vous à vos frères du front. » « Etablissez votre propre gouvernement. »

    De plus, on sait que l’ennemi, ces jours-là, suspendit ses opérations sur le front d’Aragon et qu’il tenait des avions prêts pour les envoyer à l’aide des putschistes.
    Le Comité de Londres, d’accord avec les puissances fascistes, était prêt à accepter un débarquement de troupes en Catalogne et sur d’autres points de la côte méditerranéenne, quitte à le justifier sous prétexte qu’il fallait « rétablir l’ordre », On le savait, le gouvernement le savait. Voici ce que déclarait une information secrète :

    « Selon des informations reçues de divers milieux officiels et officieux, nous avons été en mesure d’établir la participation d’agents de la Gestapo allemande et de l’Ovra italienne aux récents événements de Catalogne. Les agents de la Gestapo et de l’Ovra auprès des ambassades ont constamment tenu au courant les milieux officiels allemands et italiens, lesquels ont suivi d’heure en heure les événements de Catalogne. On a pu établir la liaison directe entre les agents de la Gestapo, les agents de l’Ovra et les agents de Franco, fixés à Fribourg, avec des trotskistes et des fascistes de Catalogne.

    On sait qu’on a introduit et qu’on continue à introduire constamment en Espagne, par la frontière catalane, des armes et des mitrailleuses et que, de Catalogne, sortent des objets de valeur qui sont transmis à des personnes fascistes espagnoles fixées à l’étranger, en paiement des armes qu’elles envoient.

    On sait que l’intention des agents fascistes était de faire tout leur possible pour que la rébellion en Catalogne dure quelques jours, afin de donner à la Commission de contrôle la possibilité d’intervenir. On sait que les délégués allemands et italiens au Comité de Londres avaient parlé à Lord Plymouth de la nécessité de débarquer des troupes en Catalogne et sur d’autres points de la côte méditerranéenne pour rétablir l’ordre au cas où la rébellion se prolongerait.

    La rapide liquidation de la rébellion catalane a été considérée par les milieux fascistes comme un grand échec. On sait que l’un des agents de la Gestapo a déclaré que la mission confiée au général Pozas d’organiser les forces armées d’Aragon devait être considérée comme un coup très rude pour la continuation du travail de sabotage à l’arrière, mais qu’il fallait essayer d’autres moyens pour fournir en armes les groupes d’« incontrôlables », il se déclara également déçu de ce que le front d’Aragon n’ait pas été désorganisé, malgré le travail déployé dans ce sens, et il en rendait responsables les agents envoyés de l’étranger pour travailler dans les rangs extrémistes, leur reprochant de ne pas avoir su capter la confiance de tous les chefs du front d’Aragon. »

    Mais, bien que l’infâme rébellion de Barcelone constitue une preuve combien concluante, il en existe d’autres, qui font ressortir dans toute son horreur le véritable visage ne cette bande de contre-révolutionnaires.

    Durant les mois d’avril et de mai, la police de Madrid réussit à découvrir une vaste organisation d’espionnage et procéda à plus de deux cents arrestations.

    Au nombre des personnes dont disposait cette organisation d’espionnage se trouvaient des éléments de l’état-major des forces qui opéraient sur les fronts du Centre. L’organisation avait réussi à étendre ses ramifications jusque dans la Garde nationale républicaine, la Santé de guerre, les services d’information du ministère de la Guerre, les services de D.C.A. des ministères de la Marine et de l’Air, la Croix-Rouge, etc.

    Les activités de l’organisation étaient de diverses natures. Elle transmettait à l’ennemi des informations secrètes de caractère militaire, telles que des plans d’opérations, l’emplacement des batteries républicaines. Telles étaient les principales activités de cette organisation, activités typiques d’espionnage. Cependant, elle en avait d’autres encore. L’enquête de la police permit d’établir que :

    « … Cette organisation non seulement déployait une activité d’espionnage en faveur de l’ennemi, mais encore, s’appuyant sur son groupe d’action et en parfaite liaison avec des groupements extrémistes, tels que le P.O.U.M., préparait pour le moment opportun un soulèvement armé. »

    Voici clairement mise à nu l’origine du soulèvement de mai 1937 en Catalogne et de toute la campagne subversive du P.O.U.M. Comprend-on maintenant quels sont les chefs de cette bande de criminels ?

    Les documents trouvés chez les fascistes arrêtés à Madrid fournissent des données encore plus concrètes :

    Quel danger représentait cette organisation d’espionnage et quelles possibilités s’ouvraient à elle en raison de son extension, on peut s’en faire une idée en prenant connaissance de la communication suivante, adressée par l’organisation au « généralissime » Franco et rédigée à l’envers d’une carte de Madrid, millimétrée pour permettre à l’ennemi d’utiliser les données transmises. Donc, au revers de ce plan, écrits à l’encre sympathique et en caractères chiffrés (qu’est parvenu à déchiffrer le personnel spécialisé de L’état-major), on pouvait lire ces mots :

    « Au généralissime, je communique personnellement ce qui suit : Nous sommes actuellement en mesure de vous communiquer tout ce que nous savons relativement à la situation et aux mouvements des troupes rouges. Les dernières informations données par notre poste émetteur accusent une profonde amélioration de nos services d’information. »

    Grâce à ce document révélé par la police, le peuple de Madrid a compris pourquoi le tir des canons allemands et italiens augmentait d’efficacité. Avec l’aide de cette carte millimétrée et des indications transmises par la radio clandestine, les fascistes pouvaient concentrer avec une grande exactitude le feu de leur artillerie sur les points signalés par les espions trotskistes.

    La suite de l’enquête de la police permit de voir quel danger sérieux représentait l’organisation d’un soulèvement armé à Madrid :

    « Par contre, le groupement des forces en vue d’un mouvement à l’arrière se développe avec une certaine lenteur. Cependant, nous pouvons compter sur quatre cents hommes prêts à agir. Ils sont bien armés et dans des conditions favorables sur les fronts de Madrid ; l’infiltration de nos hommes dans les rangs extrémistes, anarchistes et poumistes se poursuit avec succès. Nous manquons d’un bon chef de propagande, qui mènerait son travail indépendamment de nous pour pouvoir agir avec plus de sûreté. (Suit la partie chiffrée.)

    En accomplissement de vos ordres, je me suis rendu en personne à Barcelone pour avoir une entrevue avec le dirigeant du P.O.U.M., N… Je lui ai communiqué toutes vos indications.

    Le manque de liaison entre vous et lui s’explique par les avaries dont a souffert l’émetteur, qui recommença cependant à fonctionner pendant que j’étais là-bas. Vous avez certainement déjà reçu la réponse relative au problème fondamental. N … vous demande expressément, ainsi qu’aux amis étrangers, que ce soit uniquement et exclusivement moi qui sois chargé de communiquer avec lui. Il m’a promis d’envoyer à Madrid de nouveaux hommes pour activer les différents travaux du P.O.U.M. Avec ces renforts le P.O.U.M. réussira à être, comme à Barcelone un ferme et efficace appui de notre mouvement. »

    Voilà donc la preuve irréfutable de la liaison du P.O.U.M. avec Franco. Mais, qui est ce N… , à qui est-il fait allusion ?

    Le chef de la bande, c’est Andres Nin en personne qui fut arrêté.

    Et qu’Andres Nin ait disparu, ou mieux, qu’il ait été « séquestré » par les agents fascistes, c’est là une preuve de plus de sa culpabilité. Les fascistes ont voulu éviter ainsi que les autorités espagnoles n’obtiennent de nouvelles et plus vastes indications sur ces crimes.

    Mais Nin n’est pas le seul à agir pour le compte de Franco au sein du P.O.U.M. C’est le P.O.U.M. tout entier qui, est au service du fascisme, en exceptant les ouvriers trompés par ces espions et ces traîtres.

    Ils le reconnaissent eux-mêmes. Leur trahison est si éclatante, leurs crimes ont été si complètement mis à nu, les preuves qui les accablent sont si irréfutables que les misérables du P.O.U.M. avouent leur culpabilité.

    La Batalla, dans son numéro clandestin du 19 juillet, écrivait sous le titre « Le caractère contre-révolutionnaire de la répression contre le P.O.U.M. » :

    « En acceptant à titre d’hypothèse qu’auraient pu être fondées les accusations d’espionnage et de collusion avec Franco portées contre nos dirigeants, la chose la plus naturelle, en pareil cas, était d’appliquer de la façon la plus exemplaire et la plus rapide, publiquement, la peine encourue par les délinquants, mais non pas de sévir contre toute l’organisation. »

    Un homme honnête, un révolutionnaire sincère, un combattant antifasciste, quelle que soit son idéologie, quelles que soient les erreurs qu’il ait pu commettre, n’accepterait jamais une pareille hypothèse. Pourquoi les poumistes, eux, l’acceptent-ils ? Parce que, en présence des preuves écrasantes de leurs crimes, ils ne veulent pas que la responsabilité retombe sur toute leur organisation et ils sacrifient tel ou tel bandit pour que la bande puisse continuer son œuvre criminelle.

    Ce sont là des subterfuges bien connus. En Union soviétique aussi, chaque groupe de trotskistes découvert affirmait être l’unique responsable et n’avoir aucune relation avec quiconque d’autre. Ils tentaient ainsi d’empêcher que ne soit démasquée toute l’organisation contre-révolutionnaire et de permettre à ceux qui restaient en liberté de poursuivre leur travail criminel.

    Le P.O.U.M. tout entier est au service du fascisme.

    Le document des autorités madrilènes déjà cité souligne qu’il ne s’agit pas d’un noyau de caractère local, mais d’une organisation qui a des ramifications dans presque tous les centres et provinces de l’Espagne républicaine.

    Plus récemment, la police populaire a réussi à démembrer en Catalogne une importante et extrêmement dangereuse organisation d’espionnage, de caractère militaire, dont les principaux agents étaient des éléments du P.O.U.M., qui étaient en relations directes avec l’état-major de Franco et qui, s’étant introduits dans les différents secteurs des troupes républicaines préparaient des attentats contre un ministre de la République et plusieurs chefs militaires éminents. Ils avaient également réalisé de graves actes de sabotage.

    La note du chef supérieur de la police de Barcelone, communiquée à la presse le 23 octobre passé, rend compte de cette découverte et déclare entre autres :

    « La perquisition effectuée au domicile de R…, l’un des principaux membres de l’organisation, a permis de découvrir cousus dans des matelas, des documents de la plus haute importance, qui, joints aux déclarations faites par ledit membre de l’organisation, établissent que l’un des noyaux les plus importants de cette organisation d’espionnage était représenté par un groupe nombreux et bien organisé d’espions, membres du P.O.U.M.

    Ce groupe avait comme signe distinctif la lettre C et chacun des agents de ce réseau d’espions du P.O.U.M. était désigné de plus par un numéro individuel A la librairie que possède le père de R…, a été découverte, lors de la perquisition opérée le 16 septembre, une lettre qui communique ce qui suit à l’état-major de Franco :

    1. Le groupe dirigé par l’agent C. 16 avait réussi, le 26 août, à rendre inutilisable trois pièces d’artillerie de la division N… et quatre de la division M., ceci à un moment décisif des opérations.

    2. On se préparait à faire sauter les ponts de l’Ebre.

    3. Données sur les armements transportés par un train militaire.

    4. Données concernant l’artillerie sur le front d’Aragon.

    5. On avait profité du nouveau régime d’approvisionnement pour inciter la population à des manifestations de protestation.

    6. On pour suivait les préparatifs en vue d’attentats contre des personnalités éminentes de l’Armée populaire.

    7. On poursuivait également l’organisation de l’attentat projeté contre un ministre de la République, et on pensait profiter à cet effet de son passage en auto en un lieu déterminé des environs.

    Dans ce but, deux voitures, avec des hommes armés de grenades, étaient chargées de suivre l’auto du ministre. L’organisation de l’attentat avait été confiée à deux terroristes, membres du P.O.U.M., désignés par les chiffres C. 18 et C. 23.

    A la lettre était joint un croquis d’un atelier du P.O.U.M. pour la fabrication de grenades.

    Les investigations effectuées sur le front ont permis de confirmer l’exactitude des renseignements fournis.

    La direction de l’organisation d’espionnage du P.O.U.M. se plaignait, dans la lettre citée plus haut, de ne pouvoir utiliser tout le réseau de ses agents du fait que la liste complète des militants de confiance du P.O.U.M. n’était connue que de deux membres dirigeants de celui-ci, qui sont actuellement à la prison de Valence en attendant de comparaître devant les tribunaux… »

    Ce sont là de nouvelles preuves qui révèlent la participation du P.O.U.M. à l’espionnage et aux provocations pour le compte de Franco. Ces preuves établissent de plus, d’une manière irréfutable, que ces bandes terroristes non seulement attentent à la vie des communistes, mais cherchent aussi à éliminer les dirigeants les plus marquants de tout le mouvement ouvrier et populaire espagnol. Prieto, membre du parti socialiste, était visé par ces assassins en tant que ministre de la Défense nationale.

    Les provocateurs du P.O.U.M. n’agissent pas seulement au service et sous la direction de Franco. On est aujourd’hui en possession d’un autre document important, une lettre trouvée au local même du P.O.U.M. et adressée à Andres Nin personnellement par les agents de la Gestapo allemande :

    « Bayonne, le 12 juillet 1937.

    Au Comité exécutif du P.O.U.M.,

    Je confirme mes instructions antérieures. Enfin, se sont accentuées dans le groupe des Basses-Pyrénées, dont nous avons déjà parlé, des différences, qui nous conviennent, car elles sont le début, si nous y prêtons attention, de la création d’un groupe de notre parti. Les meilleurs du groupe, parmi eux Walter et Bobinof ; dont l’influence est décisive, sont entrés en conflit avec ceux de Saint-Jean-de-Luz, car ceux-ci refusent, tant qu’ils ne recevront pas d’instructions concrètes, de donner des gens pour un voyage éventuel.

    Il faut se procurer une autorisation, bien que ceux de Bayonne vont faire par ailleurs des démarches sur le résultat desquelles ils ont confiance.

    Il y a une chose particulièrement intéressante : l’on nous envoie du matériel de Barcelone et de nombreux moyens pour faire connaître les positions du parti : nous travaillerons alors ferme pour constituer un groupe décidé à tout. Tels sont, entre autres, les points de vue des dissidents. Mais il y a plus. La compagne du généralissime Franco, sa femme, se trouve en France.

    Vous rappelez-vous que, dans une communication précédente l’on parlait de la faire aller pour un certain temps à Barcelone.

    Quelles possibilités cela nous donnerait-ii en ce qui concerne ce dont Bonet parlait au sujet de Quim. J’insiste pour tout cela sur la nécessité de soutenir matériellement et idéologiquement ce groupe qui peut nous rapporter beaucoup de bénéfices, mais pour cela vous devez faire en sorte que Walter aille à Barcelone. Le camarade C … a déjà pris contact à Perpignan. Il est difficile d’avoir des nouvelles concrètes à l’endroit où je me rends aujourd’hui. J’ai besoin d’une réponse télégraphique dans laquelle vous m’accuserez réception de tout cela, et élirez si vous le mettez en pratique.

    Salut et P.O.U.M.,

    Signé IMA. »

    Le P.O.U.M. est donc en relations directes avec l’officine de Saint-Jean-de-Luz. Et qu’est-ce que l’officine de Saint-Jean-de-Luz ? Tout le monde le sait, c’est une agence de la Gestapo, le centre d’espionnage de Hitler en France. Et les personnages cités élans la lettre sont des agents de l’espionnage allemand.

    Ces documents sont connus des autorités. Toutes ces preuves sont récentes. Mais peut-en en déduire que les relations des trotskistes avec les ennemis de la République datent d’aujourd’hui ?

    En aucune manière. De même que leur grand maître à tous, la canaille Trotski, les trotskistes d’Espagne entretiennent des relations avec le fascisme depuis plusieurs années déjà.

    Une lettre découverte récemment et adressée par l’avocat Enrique de Angelo à Gil Robles, alors ministre de la Guerre, révèle ce qui suit :

    « Mon cher ami,

    Un ami de Barcelone, L’avocat Don José Maria Palles, que ses affaires et ses intérêts conduisent fréquemment à l’étranger ; où il est en relations avec des personnalités marquantes du monde international, m’a dit qu’il a l’intention de conclure un accord avec les organisations de Russes blancs et des trotskistes de Paris, qui pourront le mettre au courant des machinations des communistes en ce qui concerne l’Espagne… »

    La lettre était accompagnée d’une énumération des questions sur lesquelles les gardes blancs et les trotskistes offraient de fournir des informations aux fascistes espagnols :

    Informations sur l’activité de la section espagnole de la IIIe Internationale de Moscou, sur les dirigeants de cette section, leurs instructeurs et leurs voyages à l’étranger avec le détail de ces voyages.

    Informations suit : le système de correspondance entre la IIIe Internationale et l’Espagne.

    Informations sur l’activité illégale du Parti communiste espagnol.

    Informations sur les tentatives pour créer le Front populaire des partis espagnols de gauche, sous la direction des communistes et de la IIIe Internationale, de même que sur le mouvement du Front populaire en France, qui peut avoir des conséquences politiques en Espagne, etc…

    Le trotskisme est une organisation d’espionnage international. Quels étaient ses agents en Espagne ? Les Nin, les Andrade, les Gorkine, qui entretenaient avec leurs complices de France des relations ouvertes et connues de tout le monde.

    Et les complices des Nin, Andrade et compagnie, les trotskistes de tous les pays, à l’heure où les travailleurs et les antifascistes du monde entier exigent avec plus de force chaque fois qu’une aide pratique soit apportée à l’Espagne républicaine et se rallient avec une ardeur sans cesse accrue à ce mouvement, pour vaincre la résistance de leurs gouvernements − en cette heure décisive, ces canailles évoluent dans les milieux ouvriers et les cercles socialistes et intellectuels de France, d’Angleterre, des États-Unis, en disant que « le gouvernement de Front populaire qui existe actuellement en Espagne n’est pas un gouvernement de Front populaire, mais un gouvernement contre-révolutionnaire », qui persécute des « révolutionnaires » tels que Nin et que, par conséquent, le prolétariat et les antifascistes du monde entier ne doivent pas aider ce gouvernement et la République espagnole.

    C’est là, précisément, la préoccupation fondamentale de Hitler, de Mussolini, de Franco. Isoler la République espagnole, empêcher qu’elle ne reçoive une aide internationale dans la lutte qu’elle livre contre eux. C’est également la tâche que se sont assignée la réaction et le fascisme international, comme le démontre l’activité du Comité de « non-intervention ». A plus forte raison est-ce la tâche des trotskistes, les serviteurs les plus fidèles et les plus efficaces du fascisme dans tous les pays.

    Cette canaille prend pour cible les syndicats et les partis politiques de la classe ouvrière. L’expérience d’autres pays nous enseigne suffisamment quels buts poursuivent les trotskistes en s’ infiltrant dans ces organisations du prolétariat : désunir, affaiblir, scinder, désarmer la classe ouvrière. Les Jeunes Gardes socialistes de Belgique, le Parti socialiste de l’Amérique du Nord, entre autres , peuvent encore montrer les blessures profondes qu’ont laissées dans leur chair les griffes de ces scélérats.

    Pour mieux réaliser leur œuvre néfaste et parce que les intérêts du fascisme l’exigent ainsi, les dirigeants trotskistes, profitant de ce que certains d’entre eux sont sortis du camp anarcho-syndicaliste, ont tenté d’attirer sournoisement la C. N. T. de leur côté.
    Le 2 mai, à. la veille même du « putsch » de Catalogne, la Batalla, organe du Comité exécutif du P.O.U.M., écrivait :

    « Nous sommes d’accord avec l’un des groupes anarchistes, aujourd’hui en lutte avec les dirigeants gouvernementaux de la C.N.T. Ce groupe a publié les mots d’ordre suivants : « Tout le Pouvoir à la classe laborieuse, Tout le pouvoir économique aux syndicats ! »

    Le groupe anarchiste auquel il était fait allusion était celui des « Amis de Durruti », qui prit une part active au soulèvement de mai en Catalogne. Infesté de provocateurs et d’agents du fascisme, ce groupe a été par la suite énergiquement répudié par la C.N.T. elle-même.

    Le sens des paroles de Nin était clair. L’alliance qu’on cherchait à réaliser avec la C.N.T. n’était rien d’autre qu’un prétexte pour la scinder, compromettre son renom et sa tradition, comme ce fut le cas en mai avec certains groupe tels que les « Amis de Durruti », qu’on réussit à entrainer dans le soulèvement.

    Tant que les éléments trotskistes purent poursuivre leurs menées dans les rangs des jeunes, l’unité ne put se réaliser, et la mentalité de notre héroïque jeunesse commençait à se déformer dangereusement. Il a suffi que les éléments trotskistes fussent expulsés, que l’idéologie trotskiste fût résolument combattue, pour que l’unité se développât de façon prodigieuse, en même temps que les jeunes acquéraient une formation idéologique authentique qui s’imposa rapidement. Et là nouvelle organisation de la jeunesse se prépare aujourd’hui avec une efficacité maxima aux luttes du présent et aux grandes tâches de l’avenir.

    Dans le même sens, tant que les Jeunesses libertaires ne parvinrent pas à se soustraire aux influences trotskistes, l’Alliance nationale de la jeunesse, ne put se réaliser, cette vaste union des jeunes qui a apporté au peuple espagnol l’une des meilleures armes pour remporter la victoire sur le fascisme. Il est donc clair que la lutte pour l’unité doit s’accompagner d’une lutte implacable contre le trotskisme. Sans cette lutté, l’unité sera toujours en péril.

    Ce qu’il y a de plus sain, de plus ardent et de plus héroïque dans notre peuple, c’est dans les rangs de la jeunesse qu’on le trouve. Les colonnes fascistes viennent se briser contre le rempart de dizaines de milliers de bâillonnâtes tenues par des mains juvéniles. Il serait de la plus grande importance pour le fascisme, de pouvoir décomposer les forces de la jeunesse, et il l’a tenté. Par bonheur ses manœuvres ont été mises à jour et l’unité des jeunes en Espagne une réalité victorieuse. L’un des dirigeants de la jeunesse espagnole, Santiago Carrillo, secrétaire de la J.S.U., a récemment dénoncé devant le peuple un nouveau crime des trotskistes.

    La jeunesse espagnole − a-t-il dit − dénonce les provocateurs trotskistes comme étant les principaux responsables des échecs et de la rupture du front d’Aragon.

    L’Espagne traverse les plus dures étapes de sa lutte, les étapes capitales qui décideront définitivement du destin du pays. Les vautours du fascisme international, tentent de dépecer, pour se la partager la belle et grande Espagne.

    Pour empêcher cela, il faut que le peuple espagnol ait la certitude qu’on n’espionne pas dans ses rangs, qu’on ne se prépare pas à le trahir à quelque heure difficile, qu’on ne le poignardera pas dans le dos.

    Mais cette certitude, ou ne pourra l’avait que si l’en enseigne à tous comment il faut frapper implacablement le trotskisme, principal promoteur, aux gages du fascisme, de ces révoltes, de ces assassinats, de ces trahisons.

    Ce trotskisme qui est identique a celui qui, en Union soviétique, concertait sa trahison avec les fascistes allemands et les militaristes nippons pour les aider à asservir et à se partager la magnifique patrie du socialisme, qui se proposait d’assassiner les personnalités les plus éminentes au peuple soviétique et a assassiné nombre de ses meilleurs hommes, tels Kirov, Kouibychev, le grand écrivain Maxime Gorki, qui détruisait systématiquement, par un sabotage criminel, la vie et les richesses des ouvriers et des paysans du pays le plus heureux et le plus authentiquement libre du monde.

    Ce trotskisme qui, en Espagne, comme on l’a vu, espionné pour le compte de Franco et du fascisme allemand et italien, qui provoqué des soulèvements criminels, comme celui de Catalogne, contre le peuple espagnol, à l’une des heures les plus difficiles qu’il ait traversées, qui fournit aux batteries de Franco les données exactes pour qu’elles puissent assassiner avec plus de sûreté des centaines d’héroïques antifascistes madrilènes, qui organise des assassinats contré les dirigeants du prolétariat et des masses antifascistes de L’Espagne, qui travaille à la défaite du peuple espagnol, pour que les criminels fascistes, allemands et italiens se répartissent son sol et que les masses populaires soient soumises au pire des esclavages et au plus sombre obscurantisme.

    Toute la vigilance des masses espagnoles se porte sur cette bande de criminels et de bandits, sans scrupules et sans conscience, aussi infâmes que de véritables fascistes, afin que nulle part, dans tout le pays, ils ne puissent relever la tête et qu’ils soient jugés partout où on les trouve avec toute la rigueur des lois de la justice populaire.

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  • PCE : L’activité des trotskistes en Espagne

    Irène Falcon, Parti Communiste d’Espagne
    L’activité des trotskistes en Espagne, janvier 1937

    L’intérêt principal du fascisme en Espagne républicaine est la destruction du Front populaire.

    Dès le 16 février 1936, quand le Front populaire obtint la majorité écrasante aux élections parlementaires, il devint le pire ennemi du fascisme, le plus haï, précisément parce qu’il est le meilleur instrument pour empêcher que le fascisme s’empare du pouvoir dans un pays.

    Chaque jour, à toute occasion, dans leurs discours et dans leur presse, les trotskistes attaquent violemment le Front populaire et ses représentants et tâchent de semer le désaccord entre les ouvriers et les autres couches antifascistes du Front populaire.

    La Batalla, organe trotskiste, dans son numéro du 29 mai, que :

    « La politique du Front Populaire conduit, comme nous l’avions prévu, à l’affaiblissement des partis et organisations ouvrières qui la pratiquent. »

    Et plus loin, dans un article intitulé « Le Front populaire nous mène au fascisme », ils disent :

    « On parle de fortifier le Front populaire avec lequel on affaiblit les énergies et paralyse les actions combatives des masses ouvrières et paysannes.

    Au lieu de freiner la décomposition des partis républicains, on doit la précipiter le plus possible.

    Il faut aussi précipiter l’expérience démocratique des masses.

    Pour cela, une condition indispensable est la rupture de toute liaison organique avec la bourgeoisie républicaine.

    Au lieu de Front populaire, Alliance ouvrière nationale. »

    Maintenant, pendant la guerre civile, ils tentent encore par tous les moyens de rompre le Front populaire en lançant des revendications d’apparence radicale, et de semer la division entre les différentes forces qui le composent.

    Ainsi, ils servent les bourreaux fascistes des travailleurs, les assassins des femmes et des enfants sans défense.

    Contre le gouvernement de la République.

    Ensuite, la tâche du fascisme est d’affaiblir par tous les moyens possibles le gouvernement de la République ainsi que le gouvernement de la Généralité de Catalogne.

    Dans ce sens aussi, les trotskistes leur rendent des services merveilleux.
    Voyons quelques exemples concrets.

    Lorsque le gouvernement Largo Caballero fut constitué à Madrid, le parti trotskiste en Espagne, « Parti ouvrier d’unification marxiste » (P.O.U.M.) et son organe, la Batalla, dirigèrent de furieuses insultes contre ce qu’ils appelèrent « trahison des intérêts du prolétariat » en protestant contre le gouvernement, au cri de : « Dehors les ministres bourgeois ! »

    Plus tard, après que fut constitué en Catalogne le gouvernement de la Généralité, avec la participation d’un conseiller trotskiste, le P.O.U.M. et son organe, la Batalla, attaquèrent durement chaque jour le gouvernement en le qualifiant de « contre-révolutionnaire ».

    Quand les forces représentées dans ce conseil font des efforts pour faciliter la tâche d’unification de toutes les volontés du peuple catalan, les trotskistes qui sont représentés et ont participé à la rédaction de la déclaration du Conseil, attaquent dans leur presse la composition et la déclaration du Conseil.

    Le 12 décembre, le Comité exécutif du P.O.U.M. s’est réuni et son secrétaire, Nin, y fit un compte rendu.

    Il déclara que le gouvernement de Valence, malgré la participation d’organisations ouvrières, « défendait davantage les intérêts de la République bourgeoise que les intérêts de la révolution. »

    En commentant la crise du gouvernement de Catalogne provoquée par les manœuvres criminelles du P.O.U.M. et au cours de laquelle le ministre trotskiste fut écarté du gouvernement, il ajouta, en tâchant toujours de séparer la C.N.T. (Centrale syndicale anarcho-syndicaliste) des autres forces représentées dans le gouvernement :

    « La crise du gouvernement de Catalogne est motivée parce que notre parti et la C.N.T. ne veulent pas permettre la perte des conquêtes de la révolution. Il s’agit de deux tendances, la tendance révolutionnaire représentée par la C.N. T. et le P. O. U.M. et la tendance contre-révolutionnaire représentée par le Parti socialiste unifié et par les dirigeants de l’U.G.T. (Centrale syndicale socialiste), ainsi que par les républicains de gauche. »

    Nin indiqua la banqueroute du Parlement bourgeois et déclara que :

    « le P.O.U.M. défendra le mot d’ordre du remplacement du Parlement par une autre organisation composée de délégués des comités d’ouvriers et de représentants des syndicats et de la paysannerie. »

    Dernièrement, les trotskistes menèrent une campagne effrénée sur la question du ravitaillement du peuple catalan en semant la panique parmi la population et en dirigeant de dures attaques contre le conseiller du ravitaillement, Comorera, secrétaire du Parti socialiste unifié, en l’accusant de spéculer sur la faim du peuple.

    Contre l’unité prolétarienne

    Le fascisme tâche par tous les moyens, en utilisant ses agents trotskistes, d’empêcher premièrement l’unité et, s’il n’y réussit pas, il utilise toutes les occasions pour rompre l’unité.

    A l’occasion de la fusion des Jeunesses socialistes et communistes en avril 1936, les trotskistes ont mené une campagne acharnée contre cette unification ainsi que contre l’unification de l’U.G.T. et de la C.G.T.U. (syndicats rouges).

    Ils ont déclaré à cette occasion :

    « Dans le domaine de la jeunesse comme dans le domaine syndical, les socialistes absorbent les communistes officiels.

    Un parti qui reste sans mouvement syndical et de jeunes n’est qu’une caricature de parti. Ses jours sont comptés. »

    Utilisant le fait que toutes les organisations populaires et ouvrières sont occupées dans la lutte contre le soulèvement fasciste, les trotskistes ont créé ladite « Jeunesse communiste ibérique ».

    Pendant que les prolétaires honnêtes et les antifascistes convaincus luttent sur le front, les trotskistes font un travail de désorganisation et de scission contre-révolutionnaire à l’arrière.

    A l’occasion de la signature d’un accord d’unité d’action entre l’U.G.T., la C.N.T., la F.A.I. (Fédération anarchiste ibérique) et le Parti socialiste unifié de Catalogne, signature accueillie avec grand enthousiasme par tout le peuple catalan, la Batalla attaque violemment ce pacte d’unité tout en le cachant à ses lecteurs.

    Contre l’Union soviétique

    L’aide que le prolétariat international donne du dehors au peuple espagnol est un facteur très important pour le triomphe de l’Espagne antifasciste, en premier lieu la solidarité et l’amour des travailleurs de l’Union soviétique.

    Partant de là le fascisme espagnol est très intéressé à discréditer l’Union soviétique et les chefs de son gouvernement.

    En Union soviétique même, le fascisme utilise ses serviteurs, les trotskistes, pour attenter à la vie des dirigeants du gouvernement et du Parti de l’Union soviétique, pour faire des actes de sabotage, pour pratiquer l’espionnage.

    En Espagne, le fascisme utilise les trotskistes pour réaliser une lutte féroce contre le pays du socialisme triomphant et contre ceux qui l’ont conduit, vers le triomphe.

    Voyons quelques exemples.

    Les chefs du P.O.U.M. écrivaient que les dirigeants de l’Union soviétique et de l’Internationale communiste ne s’intéressaient pas à la lutte du peuple espagnol.

    Les actions diplomatiques de l’Union soviétique en faveur du peuple espagnol, toute la campagne de solidarité réalisée par les Partis communistes dans tous les pays seraient seulement l’expression du désir de ne pas intervenir directement et concrètement à côté des antifascistes.

    A l’occasion de l’arrivée à Barcelone du bateau soviétique Sirianine qui a provoqué un enthousiasme délirant parmi la population catalane, les trotskistes écrivaient :

    « Oui, ce sont les citoyens soviétiques qui nous aident, mais pas le gouvernement soviétique. »

    Et ils ajoutaient, alors que la solidarité soviétique fait vibrer le peuple espagnol d’enthousiasme en le stimulant pour la lutte et en ranimant sa foi dans le triomphe et continuant en cela la campagne internationale menée par le fascisme :

    « Si Staline a cédé et accorde sa solidarité, c’est parce que de cette façon il pense affaiblir les positions du fascisme nazi dans lequel Staline voit son principal ennemi. »

    Selon la Batalla, il résulte que Staline aide l’Espagne républicaine pour affaiblir l’Allemagne son ennemie.

    De cela, on tire la conclusion fasciste que les provocateurs de guerre sont les communistes.

    Les attaques des trotskistes contre l’Union soviétique sont devenues si agressives et si calomnieuses que le consul général de l’U.R.S.S. à Barcelone a dû les dénoncer publiquement.

    Dans une note, le consulat général de l’U.R.S.S. à Barcelone dit :

    « Une des manœuvres de la presse fasciste internationale consiste à calomnier en déclarant que le représentant de l’Union soviétique accrédité devant le gouvernement dirige en fait la politique intérieure et extérieure de la République espagnole. Les buts des serviteurs du fascisme, en diffusant une pareille insinuation, sont bien clairs.

    En premier lieu, ils veulent nuire au prestige du gouvernement de la République espagnole.

    En deuxième lieu, affaiblir le sentiment de solidarité fraternelle qui devient chaque jour plus fort entre le peuple d’Espagne et celui de l’Union soviétique, base morale principale de la latte antifasciste.

    En troisième lieu, aider et renforcer les tendances de désorganisation du front unique républicain de la part des différents groupes incontrôlés et irresponsables. Et voilà que, parmi les organes de la presse catalane, il s’en trouve un qui a entrepris la tâche d’aider cette campagne fasciste. Dans son numéro du 27 novembre, la Batalla tâche de fournir du matériel aux insinuations fascistes, mentionnées. »

    Contre les brigades internationales

    Dans la guerre, le rôle des trotskistes est d’utiliser les petits groupes qu’ils ont organisés pour trahir, pour se retirer dans les moments les plus décisifs de la lutte.
    Ils dirigent en même temps des attaques contre la reconstruction de l’armée ouvrière, en exigeant une Armée rouge, mais pas une armée populaire.

    Les glorieuses Brigades Internationales sont aussi l’objet des attaques des trotskistes.

    Ils disent qu’elles sont au service du Parti communiste officiel et de l’U.R.S.S., qu’elles sont au service de Staline, qu’elles sont un grand danger pour l’Espagne antifasciste.

    Et voilà ce qu’écrit en même temps le journal de Franco, Heraldo de Aragon :

    « Staline se propose d’amplifier et consolider son influence à Madrid et Valence, après avoir assuré sa domination en Catalogne. A cet effet, Staline a chaque jour de longues conférences avec Rosenberg, son délégué auprès du gouvernement Largo Caballero, auquel il donne des instructions correspondantes.

    Cette attitude a été clairement confirmée par le ministre rouge, Jésus Hemandez ; communiste, qui a dit : « Maintenant, nous devons commencer le travail définitif d’élimination du P.O. U.M. qui est une organisation traître et antisoviétique. Après, nous anéantirons la C.N.T. S’ils offrent une résistance, nous comptons sur l’appui inconditionnel de la Brigade internationale. » »

    Pour qui les brigades internationales sont-elles un danger ?

    Pour le fascisme.

    C’est pour cela qu’elles sont attaquées par les trotskistes, ses alliés.

    Les brigades internationales ne sont pas des brigades communistes.

    Dans les rangs des brigades internationales luttent coude à coude, des socialistes, des anarchistes, des communistes, des démocrates, des intellectuels, des hommes de tous les courants antifascistes.

    Les brigades internationales ont été formées précisément par le Front populaire mondial pour aider l’héroïque peuple de l’Espagne démocratique.

    Elles sont en effet un grand danger pour le fascisme.

    Voilà pourquoi les trotskistes les attaquent.

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  • PCE : Le rôle de la femme dans la lutte pour l’indépendance et la liberté de l’Espagne

    Article d’Emilia Elias datant de 1938, publié dans le numéro spécial intitulé « Espana » de l’hebdomadaire « La Correspondance Internationale » N° 27, du 12 mai 1938

    Au nombre de tous les éléments incorporés à la lutte que mène actuellement le peuple espagnol contre le fascisme, figurent les masses féminines d’Espagne qui, dès le premier moment de cette guerre pour notre liberté et notre indépendance, se sont mises sans restriction au service de la cause du peuple, Elles vouèrent à la lutte tous leurs efforts matériels, qui allèrent bien des fois jusqu’au sacrifice de leur vie.

    Mais elles surent aussi exalter par leurs paroles, par leur sentiment élevé des nécessités de la guerre, l’ardeur de leurs fils, de leurs compagnons, les poussant à s’incorporer à la masse immense des hommes qui, saisissant les armes, se sont dressés pour défendre le sol de l’Espagne contre l’invasion fasciste.

    Il ne faudrait pas croire cependant qu’avant le 18 juillet 1936 les femmes ne fussent pas intervenues activement dans la lutte révolutionnaire. Au contraire, en organisant des grèves de caractère économique et des manifestations féminines de masse, les femmes n’ont cessé de proclamée publiquement leur haine de la tyrannie et leur opposition à la tyrannie et à tous les ennemis du véritable peuple espagnol.

    Lorsque en 1931, avec la proclamation de la République, on vit se déployer un mouvement de masse qui tendait à abattre complètement et définitivement un régime d’opprobre et de tyrannie, les femmes participèrent elles aussi à cet éveil des masses populaires et contribuèrent, dans une mesure importante, à secouer l’indifférence de certaines couches de la population.

    Et lorsque la République, dans un élan de justice, accorda aux femmes une partie des revendications défendues par le mouvement pour l’émancipation féminine (droit d’élire et d’être élues, égalité de droits pour les enfants légitimes et naturels, reconnaissance de la personnalité civile, etc.), les femmes se sentirent renforcée et aidées par les pouvoirs publics, et cela suffit pour que, conscientes de leurs responsabilités et sûres de travailler à leur complète émancipation, elles se lancent dans la lutte politique.

    C’est ainsi qu’en 1934, avec son tragique cortège d’iniquités, les femmes lutèrent vaillamment contre ta réaction, qu’elles constituèrent un élément puissant lors des héroïques journées de la révolution d’Octobre. Dans la rue, dans les syndicats, dans les partis, les femmes travaillèrent avec une ardeur pleine de foi pour écraser la réaction barbare qui, dans les rues d’Oviedo, mitraillait les femmes qui défendaient leur droit et celui de leurs enfants à une vie de liberté et de Justice. Aida Lafuente, l’héroïque jeune fille asturienne qui mourut à son poste de combat en octobre 1934, est le symbole de cette lutte magnifique, et son souvenir vivra éternellement dans le cœur de toutes les femmes.

    Au mois d’août de la même année eut lieu à Madrid La Ire Conférence nationale des femmes antifascistes, où celles-ci déclarèrent publiquement leur opposition ouverte à la tyrannie. Quelques jours plus tard, les femmes organisèrent la grande manifestation présidée par la Pasionaria et dont le but était de protester contre le décret du gouvernement Samper relatif à la mobilisation des réservistes.

    A l’aube de 1936, l’approche des élections qui devaient voir le triomphe du Front populaire donna aux femmes de nouvelles occasions de lutter. Elles surent les mettre à profit et la lutte électorale leur permit d’apporter de nouvelles preuves de leur sentiment des responsabilités et de leur maturité politique.

    Des centaines de meetings, d’assemblées, de réunions furent organisés avec la collaboration des femmes et eurent pour effet de mobiliser et d’enthousiasmer les masses de la ville et des champs.

    Et, le 16 février, Le triomphe dru Front populaire fut dû pour une bonne part à la vigilance des femmes qui, tant comme électrices que comme gardiennes spontanées de la régularité des opérations, surent rendre sans effet les innombrables illégalités auxquelles la réaction eut recours pour empêcher la victoire du Front populaire.

    La date tragique du 18 juillet 1936 vint compléter la préparation politique des femmes et donner son plein essor à leur participation aux luttes révolutionnaires.

    A cette heure, comme toujours, le souffle ardent de la Pasionaria vint nous animer, nous les femmes d’Espagne. Elle qui sait si bien trouver le mot d’ordre et le geste qu’exige chaque situation, face à l’insurrection fasciste et a l’assaut des troupes d’invasion, elle lança le défi à l’ennemi ce « No pasaran ! » que le monde entier, moins de vingt-quatre heures après qu’ait éclaté la rébellion, entendit sur les ondes de l’Union Radio, se cri qui est devenu depuis lors le cri de guerre des antifascistes espagnols et que les femmes, avec le peuple tout entier, ont fait leur, dont elles ont fait un mot d’ordre inébranlable, travaillant inlassablement à en faire une réalité. Il l’a été.

    La foi de la Pasionaria pénétra, les âmes de toutes les femmes, qui s’incorporèrent à la lutte avec une ardeur combative. Aussi, la guerre que vit l‘Espagne a-t-elle été pour les masses féminines une gigantesque école, une immense source d’expériences, Et le résultat a été qu’à la guerre et à ses problèmes se sont intégrées non seulement les femmes placées à l’avant-garde du mouvement féminin, mais une grande quantité de femmes indifférentes aux problèmes politiques et sociaux.

    Car toutes ont clairement vu qu’aujourd’hui, au prix du sang des masses populaires espagnoles, au prix du sacrifice quotidien des hommes venus de tous les pays se joindre au peuple espagnol dans sa lutte, se décide sur notre sol l’avenir de tous les opprimés, comme se décide aussi l’avenir des femmes, asservies et humiliées par la misère, l’inculture et l’injustice.

    Et dès les premiers moments, elles luttèrent ; dès les premiers moments, leurs voix s’élevèrent pour réclamer leur part des tâches de la guerre et participer ainsi à la victoire.

    L’effort déployé par les femmes a revêtu toutes les formes de l’activité. D’une façon générale, l’on peut dire que les femmes ont tout fait pour collaborer à la victoire. Elles ont créé des ateliers, elles y ont travaillé ; elles ont fondé des homes pour arracher les enfants aux tourments des villes sauvagement bombardées par l’aviation fasciste ; elles apportent leur aide sur les fronts ; elles travaillent dans les hôpitaux comme infirmières et comme visiteuses sociales ; durant les tragiques journées de siège de Madrid, elles ont collaboré à l’approvisionnement de la ville ; elles ont été miliciennes ; elles collaborent aux services culture sur les fronts ; enfin, elles mènent un travail qui prouve leur maturité politique et leur compréhension des questions syndicales en prenant une part directe à la direction des partis et des syndicats.

    De plus, les femmes ont réalisé un intense travail de propagande et d’agitation et elles sont parvenues ainsi, jusque dans les régions de l’arrière moins éprouvées par la guerre, à élever magnifiquement le moral et à inculquer à tous la conscience de la nécessité de vivre en accord avec les exigences de la lutte.

    Il convient de souligner également l’esprit de sacrifice et la haute conscience politique manifestés par les femmes dans l’accomplissement d’une tâche dont elles s’acquittent avec la plus grande simplicité et la plus émouvante modestie, nous voulons parler des services de transfusion de sang aux blessés. Dans ce domaine, ce sont les femmes qui ont apporté la collaboration la plus active et la plus dévouée.

    Et elles le font non seulement dans un généreux sentiment d’humanité bien conforme à la nature spécifique de la femme, mais aussi pour des raisons plus complexes, qui donnent plus de prix encore à leur sacrifice.

    Elles savent et elles le disent, que la vie d’un blessé est sacrée ; elles savant qu’arracher ses victimes à l’ennemi équivaut à gagner une bataille. Nous voudrions pouvoir citer toutes ces femmes, dire avec quelle abnégation elles s’acquittent de ce devoir sacré, mais trop nombreuses sont celles dont nous ne connaîtrons jamais le nom, tellement grande est la modestie dont elles font preuve en restant dans l’anonymat.

    Mais nous connaissons le cas d’Eloïsa Cano, qui a donné son sang trente-deux fois ; nous connaissons celui de Catalina Mayoral, cette infirmière qui, elle aussi, a donné son sang à de nombreuses reprises, et celui d’une jeune femme, presque une adolescente, fille de service avant l’insurrection, qui a fourni neuf fois déjà son sang et est prête à continuer lorsque ce sera nécessaire. Elle est très fière de sa qualité de « donneuse universelle », qui lui permettra de prêter son concours dans un très grand nombre de cas.

    Les femmes ont également joué un rôle actif dans l’aide aux évacués et aux réfugiés. Qu’elles collaborent à l’évacuation des enfants et des femmes de Madrid, de Malaga, d’Almeria et autres villes victimes de l’agression fasciste, pour les installer dans d’autres localités plus éloignées du front, ou qu’elles offrent leur maison, leurs services, leur aide pour améliorer la vie des réfugiés, les femmes ont tout fait pour mener à bien cette tâche. Nombreux sont les cas où des femmes ont cédé jusqu’à leur lit et leurs vêtements, jusqu’à leur maison tout entière, pour accueillir des femmes et des enfants maltraités par la guerre.

    Nous connaissons une femme qui, bien qu’elle n’occupât qu’un petit logement, exigu même pour les besoins des siens, installa chez elle une famille composée de deux femmes et de trois enfants. Elle rayonnait en parlant de sa joie lorsque, la nuit, elle pouvait contempler le bien-être des petits couchés dans son lit, bien qu’elle même dormît sur le sol.

    Cette aide aux enfants, les femmes l’apportent également dans des garderies et des homes où elles vivent auprès des enfants, les soignant et en prennent soin avec un zèle et une abnégation véritablement maternelle. On trouve dans ces services des éducatrices remarquables, et d’autres qui, avant le 18 juillet, étant à la retraite, ont repris leur professeur pour diriger des homes d’enfants évacués, travail d’ordinaire épuisant, mais qui apporte la satisfaction d’accomplir un devoir imposé par la guerre.

    En octobre 1937 eut lieu, à Valence la IIème Conférence nationale des femmes antifascistes. Ouvrières, paysannes, intellectuelles vinrent rendre compte de leur activité et nous comprimes alors qu’il n’y en a pas, si spéciale soit-elle, à laquelle les femmes n’aient pas participé. Des paysannes des provinces de Cordoue, Guadalajara, Cuenca et Valence montèrent à la tribune. Presque toutes venaient de villages fout proches de la ligne de feu et nous apprîmes d’elles comment la récolte d’olives, et toutes les récoltes en général, avaient pu être sauvées en maints endroits, malgré l’absence des hommes, tous partis pour le front, grâce au travail intense des femmes. Nous nous souvenons d’une paysanne de la province de Cordoue qui nous disait, enthousiaste :

    « A quelques kilomètres du front, nous avons sauvé la récolte d’olives, parce que nous savions qu’à chaque olive que nous cueillions, nous gagnions une bataille sur d’ennemi. »

    Nous entendons aussi la voix des ouvrières de choc de plusieurs ateliers de Madrid, qui réalisent des prouesses semblables à celles des ouvrières Soler, qui a réussi à intensifier sa production dans une mesure telle qu’au lieu des cinq pantalons qu’elle confectionnait par jour, elle a atteint le chiffre de dix-huit. Et les ouvrières de l’atelier d’intendance « Pasionaria » (créé et organisé par le Comité national des femmes antifascistes) ont établi des journées de choc et certaines ouvrières, comme la camarade Maria Martinez Carton, arrivent à faire vingt-cinq uniformes par semaine. Les ouvrières de ces ateliers rivalisent d’ardeur au travail, ce qui a pour effet d’augmenter considérablement la production.

    Dans l’industrie de guerre, les femmes réalisent également un magnifique effort, qui démontre combien les masses féminines ont raison de demander leur rapide et totale incorporation à la production. Car ces femmes, aujourd’hui ouvrières consommées, n’ont pas toujours travaillé à la fabrique. Nombre d’entre elles étaient des domestiques misérablement exploitées dans des milieux bourgeois et toutes souffraient de l’oppression et de l’obscurantisme auxquels la réaction a soumis la femme espagnole durant des siècles.

    Leur activité présente est d’autant plus remarquable. Elles ont vu dans la guerre l’occasion de satisfaire leurs aspirations et celles de toutes les victimes de l‘oppression. Elles comprennent que prendre une part active à l‘élaboration de notre victoire est pour elles un devoir dont l’accomplissement leur permettra de conquérir leur liberté et celle de leurs enfants, en même temps que l’indépendance de leur patrie.

    Citons à l’appui de cette affirmation le cas de Maria Acon, tourneuse à la fabrique Ferrobellum responsable de sa section de travail, qui fut bonne d’enfants jusqu’au 18 juillet ; l’exemple magnifique de Margarita Sanchez, de la fabrique Moreno, à Madrid, qui, au bout de deux semaines à peine de travail, était parvenue à dépasser de 100 % la norme de production. Il ne s’agit naturellement pas là de cas fortuits, d’une simple question d’habileté professionnelle, mais bien du résultat de toute une conception du problème politique que pose la guerre et que les femmes ont su comprendre : les héros de la production participent aussi activement que les héros du front à la victoire finale.

    Dans leur ascension à cette maturité de conscience civique, les femmes n’ont pas lutté seules. Elles se sont senties aidées, soutenues par le parti communiste et ses dirigeants qui les ont constamment stimulées, qui les ont accompagnées dans la voie de leur développement, Aucune femme n’a oublié et n’a manqué de faire son profit des paroles de José Diaz dans son rapport à l’assemblée plénière élargie du Comité central du parti communiste :

    « Il faut que les communistes intensifient et amplifient le travail parmi les femmes. Il faut consolider l’organisation des Femmes antifascistes, déjà existante, mais cela ne suffit pas. Il faut mobiliser toutes les femmes d’Espagne pour la défense de la patrie et de l’indépendance nationale ; il faut créer un mouvement des femmes de l’Espagne nouvelle, auquel s’incorporent toutes celles qui veulent contribuer à l‘écrasement du fascisme et se sacrifier, s’il le faut, pour que leurs enfants puissent vivre dans une Espagne cultivée, prospère et heureuse.

    Il faut renforcer notre travail en ce qui concerne les femmes, car, si nous considérons la combativité et l’abnégation admirables dont font preuve les héroïques femmes de notre peuple, nous devons reconnaître que la proportion des femmes affiliées à notre parti n’est pas ce qu’elle devrait être et ce qu’elle pourrait être. »

    Et non seulement dans ce document, guide et stimulant puissant pour notre travail, mais dans tous ses articles, dans tous ses rapports le secrétaire général du parti communiste trouve toujours l’expression exacte pour rendre compte de la situation des femmes.

    Avec cet ardent appui, avec l’exemple merveilleux de la Pasionaria, les femmes d’Espagne sauront continuer à marcher de l’avant, à contribuer de toute leur énergie, au prix même de leur vie, s’il le fallait, à l’écrasement du fascisme barbare et au triomphe de la démocratie et de l’indépendance de l’Espagne.

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  • Georges Dimitrov: une année de lutte héroïque du peuple espagnol

    Article écrit à l’occasion du premier anniversaire de la rébellion franquiste.

    Une année s’est écoulée depuis que le peuple espagnol, aux avant-postes de la lutte contre la réaction mondiale et le fascisme, défend courageusement sa liberté et son indépendance, sauvegardant par là même les intérêts de la démocratie, de la civilisation et de la paix contre les barbares fascistes et les fauteurs de guerre.

    On peut affirmer sans exagération qu’après la Grande Révolution d’Octobre, cette lutte héroïque est un des événements les plus considérables de l’histoire politique d’après-guerre de l’Europe.

    Lorsque, le 18 juillet de l’année dernière, le télégraphe apportait la nouvelle de la rébellion des généraux fascistes contre la République espagnole, personne ne pouvait penser que la guerre civile provoquée par les scélérats fascistes en Espagne durerait aussi longtemps. Les amis aussi bien que Les ennemis du peuple espagnol, chacun à sa façon, comptaient que la guerre serait liquidée dans le plus bref délai.

    La rébellion fasciste fut réprimée en quelques jours par les ouvriers espagnols et la milice populaire dans les centres les plus importants du pays.

    Madrid et Valence, Barcelone et Bilbao, Tolède, Malaga, Alicante et Almeria, presque toutes les villes importantes d’Espagne se trouvèrent dans les mains du gouvernement républicain.

    Les généraux rebelles, qui se dressaient contre les conquêtes démocratiques de la révolution espagnole et, au début de la rébellion, s’appuyaient principalement sur les officiers contre-révolutionnaires haïs du peuple, sur les troupes marocaines et sur les légionnaires étrangers, se heurtèrent à la résistance armée de toutes les forces de la révolution espagnole, de tout le peuple espagnol, groupé dans les rangs du Front populaire autour du gouvernement républicain.

    Il est hors de doute que sans l’intervention des, Etats fascistes, sans les armes, les avions et les troupes régulières qui ont été mis à la disposition des généraux rebelles par Hitler et Mussolini, le peuple espagnol aurait depuis longtemps débarrassé son pays des brutes fascistes.

    Les faits, déjà connus de chacun montrent que les généraux rebelles n’auraient pas osé entreprendre la guerre contre la République espagnole s’ils n’avaient pas reçu à cet effet les inspirations des Etats fascistes. En réalité, ce complot sanglant contre le peuple espagnol fut préparé et organisé à Berlin et à Rome.

    Les fauteurs fascistes de guerre se sont servis des généraux contre-révolutionnaires pour mettre la main sur l’Espagne, sur ses richesses ; sur ses matières premières en vue de l’industrie de guerre, et pour se créer des positions dans la Méditerranée en vue de la nouvelle guerre impérialiste qu’ils préparent.

    Hitler et Mussolini comptaient manifestement que les généraux Franco et Mola, servant d’instruments entre leurs mains, réussiraient en quelques jours à s’emparer de Madrid, à abolir le régime républicain et à leur offrir un riche butin sous la forme de l’Espagne dite « nationale ».

    Ce qui les confirmait dans cette conviction, c’est certainement le fait que le gouvernement républicain d’alors, en dépit des avertissements répétés du Parti communiste espagnol, n’adoptait pas de mesures radicales contre le complot que préparaient les généraux contre-révolutionnaires et pouvait être pris à l’improviste.

    Mussolini et Hitler espéraient que le fascisme pourrait vaincre l’Espagne sans rencontrer de résistance armée sérieuse de la part des masses du peuple, comme ce fut le cas en Italie en 1922 et en Allemagne en 1933.

    Mais tous ces calculs étaient complètement erronés. La noix d’Espagne était trop dure pour les dents du fascisme. L’Espagne de 1936 n’était ni l’Italie de 1922, ni l‘Allemagne de 1913.

    La rébellion fasciste en Espagne fut déclenchée après la première victoire de la révolution démocratique du peuple espagnol, à un moment où le prolétariat espagnol et les masses du peuple avaient déjà tiré les enseignements des événements d’Italie, d’Allemagne et d’Autriche, où les fondements du Front populaire antifasciste étaient déjà posés.

    Du fait qu’elle avait renversé la monarchie moyenâgeuse et instauré la république parlementaire démocratique, la révolution espagnole avait fait jaillir en une inépuisable source les forces du peuple espagnol en lutte avec la contre-révolution, qui apportait le retour à l’ancien régime des propriétaires fonciers et des oligarchies financières.

    Pour le peuple, la lutte contre la rébellion fasciste est, pour cette raison, indissolublement liée au maintien et au développement des conquêtes démocratiques de sa révolution contre le régime de moyen âge et d’obscurantisme, contre les propriétaires fonciers, l’aristocratie pourrie et le des officiers contre-révolutionnaires.

    C’est quand ils ont constaté l’impuissance de Franco, en présence de la riposte énergique du peuple espagnol, à faire triompher le fascisme à l’aide des Marocains et de la Légion étrangère, que les Etats fascistes ont pris directement en mains la conduite de la guerre contre la République espagnole.

    Ce sont, en fait, des détachements des armées allemandes et italiennes, leur artillerie, leurs tanks et leurs avions qui luttent sous Madrid et Guadalajara, sur les fronts nord et sud, contre la vaillante armée républicaine, détruisant les villes, anéantissant les villages, noyant sous des torrents de sang la terre du peuple espagnol. La flotte des Etats fascistes bloque les ports espagnols, les bombarde et les détruit. Madrid, Guernica et Almeria perpétueront à jamais dans la conscience de l’humanité progressive le sinistre souvenir de la barbarie fasciste.

    Et plus le peuple espagnol montre d’énergie, d’enthousiasme et d’assurance dans la justice de la cause pour laquelle il lutte, plus il renforce l’année républicaine après chaque provocation nouvelle des envahisseurs fascistes, serrant ses rangs, supprimant les faiblesses et les défauts dans la conduite de la guerre, plus Hitler et Mussolini accentuent cyniquement leur interventions, en déclarant ouvertement qu’ils n’admettront pas l’existence d’une Espagne républicaine.

    Traduits dans la langue ordinaire, les derniers articles de Mussolini se résument en cette formule cynique et éhontée : « l’Espagne doit être une colonie fasciste, ou bien elle sera réduite en ruines. »

    A la lumière des faits, il est difficile de trouver dans l’histoire politique moderne des pages plus honteuses que la conduite des principaux Etats capitalistes d’Occident, qui se donnent fièrement le nom d’Etats démocratiques, à l’égard du peuple espagnol et de sa lutte pour la liberté et I ‘indépendance.

    Au moment où, à la face du monde entier les envahisseurs fascistes font ouvertement une guerre de brigandage en Espagne, ces Etats, et en premier lieu l’Angleterre, jouent depuis près d’un an la farce de lia « non-intervention » dans les affaires d’Espagne et continuent à chercher, même après le rejet du contrôle dit international pat Hitler et Mussolini, des formules transactionnelles, d’accord avec les impudents envahisseurs fascistes.

    La Société des nations, dont les statuts contiennent un paragraphe spécial sur les sanctions contre l’agresseur, paragraphe qui prévoit précisément les cas analogues à l’intervention armée faite actuellement par l’Allemagne et l’Italie contre le peuple espagnol, garde un silence obstiné.

    Bien qu’il soit évident que les envahisseurs fascistes, s’ils réussissent à asservir l’Espagne, ne tarderont pas à manigancer des rébellions pareilles à celle de Franco en Tchécoslovaquie, en Autriche, au Danemark, en Belgique et dans d’autres pays, la S. d. N., sous la pression de l’Angleterre surtout, évite soigneusement de prendre dans la question espagnole des décisions qui garantissent les droits internationaux du gouvernement constitutionnel de l’Espagne.

    De la sorte, elle encourage en fait les envahisseurs et les agresseurs fascistes. Les Etats-Unis démocratiques, avec Roosevelt à leur tête, ont adopté une attitude d’« observateurs impassibles ». Les efforts de l’Union soviétique, qui s’est rangée avec résolution et esprit de suite du côté du peuple espagnol, pour pousser les Etats non fascistes à pratiquer une politique ferme et énergique vis-à-vis des envahisseurs fascistes afin de garantir à l’Espagne républicaine les droits et les possibilités légitimes de défense contre l’ agression et d’exercice de son autorité souveraine sur son propre territoire, n’ont pas donné jusqu’à présent de résultats positifs.

    Les intérêts égoïstes des grands capitalistes et des cliques financières d’Angleterre, de France et des Etats-Unis continuent à primer non seulement les intérêts du peuple espagnol de la sauvegarde de la paix, mais aussi les véritables intérêts et l’avenir de leurs propres peuples.

    Tableau étrange, qui doit faire sérieusement réfléchir tout ouvrier et tout partisan de la démocratie et de la paix !

    Au moment où les Etats fascistes agissent de concert contre la République espagnole, où Berlin Rome et Tokyo préparent méthodiquement, pas à pas, une nouvelle guerre mondiale de rapine, où le renforcement de l’intervention de Mussolini et de Hitler en Espagne s’accompagne d’une provocation de la clique militaire japonaise sur l’Amour et d’opérations militaires dans la Chine du Nord, les gouvernements des grands Etats d’Occident discutent sans fin, s’entretiennent sur le plan de « non-intervention » et de « contrôle » qui a fait fiasco, et pratiquent la politique de l’autruche vis-à-vis des envahisseurs, des fauteurs de guerre enragés et forcenés.

    On ne saurait admettre que la politique des milieux dirigeants d’Angleterre, de France, des Etats-Unis dans la question espagnole et dans celle de la sauvegarde de la paix réponde aux dispositions, aux sentiments et a la volonté de l’immense majorité du peuple de ces pays. Voilà pourquoi, pour justifier leur politique.

    Ils ne cessent d’agiter devant leurs peuples le spectre de la guerre, qui sera soi-disant déclenchée par les Etats fascistes, si les pays non-fascistes de la S. d. N. se dressent résolument contre les envahisseurs.

    Mais il est évident, pour quiconque connaît la véritable situation internationale, la situation dans les pays fascistes eux-mêmes et le rapport des forces entre les partisans de la paix et les fauteurs de guerre, qu’il s’agit tout simplement d’une spéculation indigne sur les tendances antiguerrières des grandes masses.

    La conquête de l’Espagne n’est-elle pas précisément, pour les Etats fascistes, une des principales conditions de la guerre mondiale qu’ils préparent ? Leur permettre de se consolider en Espagne, c’est les aider à accentuer leurs préparatifs de guerre, c’est transformer ce pays en base d’agression contre la France, c’est les laisser renforcer leurs positions militaires et stratégiques dans la Méditerranée.

    La vérité authentique, dans cette question, est que la défaite du peuple espagnol centuplerait la menace de guerre et hâterait considérablement le déroulement de la guerre par les agresseurs fascistes.

    La victoire du peuple espagnol, par contre, dresserait une nouvelle barrière contre le déclenchement de la guerre. Ceux qui veulent sérieusement le maintien de la paix doivent tout faire pour que les envahisseurs fascistes soient expulsés d’Espagne dans le plus bref délai possible et pour que le peuple espagnol puisse assurer sa liberté et son indépendance.

    Lloyd George lui-même, bien qu’admirateur de Hitler, n’a pu nier cette vérité. Dans un discours qu’il a prononcé dernièrement sur la question espagnole à la Chambre des Communes, il a déclaré : « On dit que, si nous montrons de la fermeté à l’égard de Berlin et de Rome, ce sera la guerre. Je vous dis, moi : Si nous ne montrons pas cette fermeté, ce sera la guerre à coup sûr. »

    Une des principales conditions qui permettra aux Etats non-fascistes d’occident d’adopter cette attitude de laisser-faire à l’égard des envahisseurs fascistes, de s’en laver les mains comme Pilate, c’est certainement le fait que, jusqu’à présent, le prolétariat mondial n’a pas réussi à agir en commun et dans la plénitude de ses moyens pour faire aboutir les revendications les plus importantes en faveur du peuple espagnol : « retrait immédiat des forces armées d’intervention, italiennes et allemandes, hors d’Espagne ; levée du blocus de La République espagnole ; reconnaissance de tous les droits internationaux du gouvernement légal de l’Espagne ; application des statuts de la S. d. N. aux agresseurs fascistes qui ont attaqué le peuple espagnol.

    Ces revendications, posées, dans leurs lignes essentielles par l’Internationale communiste bientôt après le début de la rébellion fasciste en Espagne, ont été, par la suite, proclamées également par l’Internationale ouvrière socialiste. Ce sont incontestablement les revendications de tout ouvrier conscient, de tout honnête partisan de la paix.

    Le prolétariat international est indéniablement aux côtés du peuple espagnol contre les rebelles et les, envahisseurs fascistes. Il a manifesté et continue à manifester sa solidarité avec les combattants espagnols. Il ne se borne pas à les aider matériellement, à leur envoyer des vivres et des ambulances. Une partie de ses meilleurs fils combat, sur les fronts de Madrid, de Guadalajara et ailleurs, dans les rangs de I ‘armée républicaine.

    Mais tout cela est loin d’être suffisant. Le mouvement ouvrier international, ses organisations politiques et syndicales ne peuvent estimer avoir rempli leur devoir ir envers le peuple espagnol et la défense de la paix « avant d’avoir obtenu ; la garantie des droits internationaux de la République espagnole et la cessation de l’intervention fasciste en Espagne. »

    A cet effet, il est nécessaire d’intensifier de toute façon une campagne effective de solidarité en faveur du peuple espagnol dans tous les pays.

    Il faut mobiliser toutes les forces pour rendre impossible la politique de Laisser-faire à l’égard des envahisseurs fascistes. Il faut comprendre que l’Angleterre joue le rôle principal en Europe sous ce rapport, et que, de ce fait, la classe ouvrière d’Angleterre, le peuple Anglais sont particulièrement responsables des destinées du peuple espagnol et du maintien de la paix. On ne saurait tolérer certains actes scandaleux, comme celui du leader labouriste Lansbury qui, une « feuillé de vigne » à la main, va s’incliner devant Hitler et Mussolini, et celui du Secrétaire général des Trades-Unions, Citrine, qui reprend les refrains de Chamberlain et d’Eden pour endormir l’opinion publique anglaise au moment où les hordes fascistes d’Italie et d’Allemagne font couler le sang du peuple espagnol et détruisent les villes et les villages d’ Espagne.

    Pour assurer une défense efficace du peuple espagnol et de la paix internationale, « il faut absolument une action commune et unanime de toutes les organisations internationales de la classe ouvrière. »

    Qu’on ne dise pas que cette action unanime est impossible. Il est vrai que bien des obstacles se dressent sur ce chemin.

    Il y a, au sein de l’International ouvrière socialiste et de la Fédération syndicale internationale, des leaders et des groupes qui, mus par des considérations qui n’ont rien à voir avec les intérêts du, prolétariat international et du peuple espagnol, se prononcent contre l’unité d’action des organisations ouvrières internationales et menacent même de quitter l’internationale socialiste en cas d’acceptation d’un pacte d’unité d’action avec l’Internationale communiste.

    Mais faut-il vraiment considérer pareille situation « comme établie une fois pour toutes et non sujette à changements ? Il faut écarter les obstacles et non capituler devant eux. Il faut placer les intérêts du prolétariat international de la cause de la défense de la paix, qui coïncident avec les intérêts dit peuple espagnol, au-dessus des considérations de personnes et de groupe. »

    Les entrevues des représentants de l’Internationale communiste et de l’Internationale socialiste Annemasse et à Paris ont montré que les deux parties sont d’accord pour les revendications essentielles visant à la défense du peuple espagnol et au maintien de la paix.

    Pourquoi, dès lors, ne pas faire la seule chose qui puisse rapidement et sûrement à la réalisation de ces revendications : organiser une action commune des organisations ouvrières internationales sur toute la ligne et utiliser unanimement toutes les forces de réserves dont dispose le mouvement ouvrier mondial ?

    Au jour anniversaire de la lutte héroïque du peuple espagnol, devant les progrès sinistres de l’intervention fasciste en Espagne et de la nouvelle agression japonaise dans la Chine du Nord, cette question se pose devant chaque organisation ouvrière, devant chaque militant du gouvernement ouvrier, devant tous les partisans de la démocratie et de la paix, « avec la plus grande acuité et demande une solution pratique ».

    Au cours d’une année de combats continus et acharnés, le prolétariat espagnol a su sauvegarder les conquêtes de la révolution démocratique, consolidé l’unité dans les rangs du Front populaire, assurer la création d’une armée populaire républicaine qui compte un demi-million d’hommes et lutte héroïquement. Il fraye la voie à son parti politique unique et à la fusion de ses syndicats. Il travaille sans répit à assurer toutes les conditions intérieures nécessaires pour la victoire définitive sur le fascisme.

    Le prolétariat espagnol qui, avec le parti communiste à sa tête, marche aux premiers rangs de son peuple, rempli à son honneur le devoir qui lui incombe aux avant-postes de la lutte contre la réaction mondiale et le fascisme. Le prolétariat mondial, de son côté, doit remplir « jusqu’au bout sont devoir » en vers son glorieux détachement espagnol.

    C’est pourquoi les communistes, en intensifiant de toutes les façons leurs propres actions pour la défense du peuple espagnol et de la paix, « ne se lasseront pas d’indiquer encore plus opiniâtrement la nécessité impérieuse de l’unité d’action du mouvement ouvrier international et de lutter de, toutes leurs forces pour la réalisation de celte unité dans le plus bref délai.

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  • Dolores Ibarruri (La Pasionaria): Des milices à l’armée régulière

    Notre Espagne, l’Espagne des romances et des légendes, est un pays singulier, qu’il est difficile de comparer à aucun autre.

    La fierté de son peuple, son courage devant la souffrance, sa vaillance devant des ennemis supérieurs, sa confiance en lui-même, son mépris de la mort, unis à un profond sentiment d’indépendance et de liberté, ont fait qu’à toutes les époques, lorsque les guerres d’invasion et de conquête, ou les guerres civiles, ensanglantèrent le sol de l’Espagne, des entrailles mêmes du peu pile sont sortis des hommes qui, par leurs hauts faits, par leur courage, par leurs dons, par leur indomptable vaillance, sont passés à la postérité couvert de gloire et de popularité.

    Des guérilleros, des francs-tireurs sans aucune formation militaire, deviennent, au feu des luttes quotidiennes, des généraux consommés et, avec des soldats aussi audacieux qu’eux-mêmes, défont les meilleures armées du monde.

    Le peuple espagnol est une source inépuisable de courage et d’abnégation. Aux heures critiques pour la patrie, il s’est dressé pour lutter avec une vaillance admirable et offrir le sacrifice de sa vie avec une simplicité spartiate.

    Ses navigateurs sillonnèrent l’océan Atlantique et découvrirent un monde nouveau. Ses soldats portèrent si haut le renom de l‘Espagne, ils la firent si grande et si puissante, que « le soleil ne se couchait jamais » dans son empire.

    Ses écrivains, ses savants, ses artistes, la couvrirent de gloire. Ses fils et ses filles furent toujours un exemple magnifique d’héroïsme, de vaillance et d’abnégation.

    De cette Espagne, de ce peuple admirable qui apporta au monde la science, la civilisation, l’art et la culture, les grands propriétaires féodaux, le clergé, la caste militaire aristocratique, les caciques, firent un peuple pauvre, triste et arriéré. Durant plusieurs siècles, vivant du souvenir de ses grandeurs passées, il alla en descendant l’échelle de la civilisation et du progrès.

    Les héritiers, les descendants de ceux qui, ruinèrent l’Espagne, qui la disqualifièrent dans le concert des nations importantes du monde, pensèrent pouvoir continuer la politique esclavagiste de leurs ancêtres, Ils crurent que la domination et l’oppression auxquelles, durant des siècles, ils avaient soumis les masses populaires espagnoles, avaient ruiné leurs énergies, avaient fait d’elles un immense troupeau qu’il serait facile de domestiquer, de marquer au fer infamant de la domination fasciste.

    Ils se trompaient. Les glorieuses traditions d’héroïsme du peuple restaient une réalité vivante sous les décombres de cette Espagne qui fut un jour reine du monde. Le soulèvement du groupe de généraux traîtres, alliés au fascisme étranger, fut comme le souffle qui dispersa les cendres sous lesquelles ardait la vaillance indomptable de l’âme populaire.

    Et le monde stupéfait contempla un spectacle merveilleux. Un peuple pauvre, opprimé, arriéré, se dressa tel un géant et fit reculer ceux qui pensaient qu’il serait facile de lui imposer leur domination.

    Les factieux avaient bien préparé le terrain. Deux années de gouvernements réactionnaires leur avaient permis d’occuper des positions maîtresses, de s’emparer des ressorts du pouvoir, d’avoir en main la majorité de l’armée.

    Le 18 juillet 1936, tout l’appareil de l’Etat fut brisé. Le pouvoir fut dans la rue. Et c’est alors qu’on vit toute la grandeur de notre glorieux peuple, qui sut recréer l’appareil de l’Etat et donna ces légions d’hommes, ces légions de héros, qui défendent avec une si prodigieuse énergie le sol de leur patrie, leurs libertés, et le droit de la République espagnole que le fascisme tente d’étrangler…

    C’était aux premiers jours de l’insurrection. Une part de l’Espagne saignait sous la sauvage emprise de la réaction triomphante. La surprise, la félonie des traîtres qui, au premier moment, se présentèrent en arborant le drapeau de la République, avaient semé le désarroi dans les masses populaires qui, indécises, avaient peine à comprendre de quoi il s’agissait. Les factieux profitèrent de cette confusion pour soumettre quelques provinces. Pourtant, ils n’y parvinrent pas sans que des groupes d’ouvriers, de paysans, d’intellectuels, de soldats, ne luttassent et ne mourussent en défendant la République, en défendant la démocratie.

    Dans le reste de l’Espagne, en particulier là où l’éducation politique des masses était plus poussée, les travailleurs, attachés à la démocratie et à l’indépendance de l’Espagne, pleins de haine pour le fascisme, unis aux classes moyennes et à la petite bourgeoisie, se dressèrent en un élan de généreuse abnégation.

    Les partis et les organisations syndicales appelèrent le peuple à la lutte, et le peuple répondit de manière unanime. Un groupe de militaires de métier, loyaux à la République, restés au côté du gouvernement, se mirent à la tête de des colonnes hétérogènes d’hommes et de femmes, d’enfants même, qui, brûlant d’Indignation, s’élancèrent à l’assaut des repaires des insurgés.

    La caserne de la Montagne, le Campamento, Alcalda de Henares, furent les premières forteresses ennemies abattues par le peuple. Il y trouva des centaines de fusils qui servirent à armer les premières forces partant pour la Sierra de Guadarrama afin de contenir l’avance de l’ennemi qui, par les hauteurs de Leon et de Somosierra, tentait d’approcher de Madrid.

    Tout était désorganisé. Le groupe de militaires loyaux ne suffisait pas pour encadrer les milliers de volontaires qui voulaient lutter, qui partaient sans armes pour les fronts, décidés à les arracher à l’ennemi ou à attendre qu’un camarade tombe et qu’ils puissent reprendre son fusil ou son escopette.

    Durant plusieurs jours, la lutte resta indécise, confuse. Mais l’apparition d’avions italiens et allemands dans le ciel de l‘Espagne, l’aide délibérée de l’Italie et de l’Allemagne aux insurgés, apportèrent l’éclatante démonstration de ce qui l ne s’agissait pas d’un simple soulèvement réactionnaire, ni d’une mutinerie de caserne.

    Il s’agissait de quelque chose de plus grave, de plus sérieux, de plus dangereux. Il s’agissait des pyrites de Huelva du mercure d’Almaden, du fer d’Euzkadi, des fruits et des huiles de Valence et d’Andalousie. C’étaient les Baléares, le Maroc, c’était la domination de la Méditerranée qui étaient en jeu !

    C’est tout cela que convoitaient l’Allemagne et l’Italie, et il se trouva des hommes − qui se disent Espagnols − assez misérables et assez lâches pour ne pas hésiter à livrer ces richesses en échange de l’aide étrangère dans leur tentative pour soumettre le peuple espagnol au plus sombre des esclavages, à l ’esclavage fasciste. Les traîtres n’appartenaient pas au peuple. Ils constituaient une caste fermée. Ils étaient les descendants de ces militaires, de ces aristocrates qui, durant la guerre d’indépendance de 1808, trahirent et livrèrent l’Espagne en se soumettant à Napoléon, tandis qu’à Baylen et à Gérone, à Saragosse et à Madrid, le peuple conquérait au prix de flots de sang la liberté et l’indépendance de son pays.

    Le parti communiste fut le premier à sonner l’alarme.

    Ce n’est pas seulement une guerre contre les fascistes espagnols − écrivait le Mundo Obrero, 0rgane central du parti communiste, quelques jours après l’insurrection − mais une nouvelle guerre d’indépendance. Et pour faire face aux unités militaires que le fascisme international envoie contre notre peuple, il faut que nous organisions notre propre armée.

    Cette nécessité impérieuse de la lutte, notre gouvernement ne la comprit pas, comme ne la comprirent pas non plus les autres organisations et partis. La C.N.T. combattit de longs mois durant notre mot d’ordre de création de l’armée régulière. « L’Espagne est le pays des francs-tireurs, déclarait-on, et nous n’avons pas besoin d’armée. »

    Aussi bien les ministres républicains qui se succédèrent au gouvernement que le socialiste Largo Caballero perdirent, par leur incompréhension, un temps précieux, qui nous eût été fort nécessaire.

    Mais le parti communiste ne se contenta pas de lancer le mot d’ordre de la création d’une armée régulière. Il commença à l‘organiser, dans la mesure de ses possibilités, en créant le Ve Régiment.

    Aux derniers jours de juillet 1936, immédiatement après la prise de la caserne de la Montagne, le parti communiste commença à organiser les milices populaires, formations d’un type entièrement original. Ce n’était pas encore l’armée régulière, mais c’en était l’embryon, le commencement d’une organisation militaire uniformisée, disciplinée, dotée d’un commandement régulier.

    Tous les partis et toutes les organisations constituèrent leurs propres milices. La C.N.T., l’U.G.T., le parti socialiste, les partis républicains. Tous rivalisèrent d’ardeur pour donner des soldats, des hommes et des femmes pour les fronts.

    En différents points de Madrid, des casernes furent organisées. Cet exemple fut suivi dans le reste de L’Espagne. On y vît accourir des hommes et des femmes de toutes les tendances, de tous les âges. Ils voulaient se battre…

    Ils voulaient apprendre le maniement des armes, ils désiraient ardemment recevoir une instruction militaire, ils demandaient avec ferveur qu’ont les envoyât sur les fronts. Les militaires de métier se rendirent dans ces casernes pour y éduquer et préparer militairement les travailleurs. Les premiers bataillons de milices s’organisèrent. Certains d’entre eux furent bientôt populaires pour leur héroïsme, pour leur vaillance dans les combats, vaillance et héroïsme que le peuple exalta en de belles chansons. Ils se rendirent célèbres par leur mépris de la mort. Dans les fabriques comme au champs, dans les rues et sur les places, les ouvriers et les paysans, les enfants et les jeunes gens, entonnaient l’hymne des miliciens…

    Les bataillons d’acier
    En chantant vont à la mort…

    En quelques jours, les milices populaires croissent rapidement. Le Ve Régiment forme les bataillons suivants :

    « Loyal », « Jeunesses ouvrières et paysannes », « Octobre », Thaelmann », « Fer », « Lions rouges », « Balles rouges », « Boulangers », « La Plume », « Fédération des étudiants », « Asturies », « Condes », « Benito », « Leningrad », « Commune de Paris », « Commune de Madrid » « Marins de Cronstadt », « Jaen », « Lister », « P. U. A. » − toutes les glorieuses « compagnies de fer », numéros 1 à 33.

    En plus de ces bataillons, le parti communiste constitue la « Colonne Mangada », la « Colonne Galan », où combat le « Campesino », qui est aujourd’hui l’un des chefs militaires les plus populaires, et la « Colonne Perea ». Certains des bataillons cités plus haut sont créés par les Jeunesses.

    Aux côtés de ces forces constituées au sein du Ve Régiment et des Jeunesses, luttaient les colonnes de la C.N.T., de la F.A.I. et les milices du parti socialiste.

    Les organisateurs des milices populaires ne se bornèrent pas à les former en unités de caractère militaire. Ils organisèrent en même temps un travail d’éducation politique, publiant des journaux dont certains, comme la Milicia Popular, atteignit bientôt un tirage quotidien de 75.000 exemplaires.

    Chaque bataillon eut son journal. Dans les casernes et dans les tranchées, des journaux muraux furent créés. Les milices populaires les plus importantes et les plus remarquables étaient celles du Ve Régiment, et elles servirent d’exemple à celles créées par tous les partis et organisations. Ces milices organisèrent un Service militaire de santé et une Intendance qui servirent plus tard de modèles pour Les services de l‘armée. Elles organisèrent les premières bases d’une industrie de guerre, qui se mit à fabriquer des bombes, des munitions diverses, des autos blindées. On créa des ateliers fixes et volants pour la réparation des armes.

    Des hôpitaux modèles, des maisons de repos, des sanatoria, des homes pour les orphelins de miliciens, des ateliers de couture, des écoles de préparation militaire technique, des centres de lutte contre l’analphabétisme, furent également créés. Des groupes d’admirables artilleurs furent formés. On organisa les premiers bataillons de cavalerie. On prépara les ouvriers et les paysans à entrer dans les écoles techniques supérieures.

    C’est des milices du Ve Régiment que sortirent les premiers aviateurs. Ces hommes, qui jusque-là ne connaissaient que le maniement de leur antique charrue, tiennent aujourd’hui les commandes des avions républicains avec une adresse consommée et une maîtrise qui ne le cède en rien à celle des aviateurs sortis des écoles de préparation aéronautique des pays capitalistes.

    Les premiers tankistes, les groupes d’« antitankistes », les « dinamiteros » (création originale de la guerre du peuple espagnol), le premier bataillon de femmes, les premières Centuries internationales, les groupes de francs-tireurs qui, dans le camp ennemi , ont mené et continuent à mener un admirable travail, luttant les armes à la main et sabotant les mines, les centrales électriques, les ponts, les chemins de fer, les fabriques, etc. − toutes ces formations furent préparées, organisées, éduquées dans les casernes du Ve Régiment.

    Les milices réalisèrent un intense travail d’agitation et de propagande. Elles publièrent des centaines de milliers de manifestes, d’affiches. Elles organisèrent le travail de propagande dans le camp ennemi.

    Elles assurèrent leur union avec les populations de l’arrière en organisant d’innombrables manifestations de propagande, des représentations théâtrales, cinématographiques, des émissions radiophoniques. Elles formèrent des brigades de choc pour aider les paysans lors des semailles et des moissons. Elles établirent d’étroites relations avec les ouvriers des fabriques. Elles devinrent l’âme même du peuple, ses animatrices, prêtes à tout pour le défendre.

    Quatre bataillons des milices, « Leningrad », « Cronstadt », « Commune de Paris » et « Madrid », arrêtèrent l’avance de l’ennemi aux portes mêmes de la capitale de la République.

    La création des commissaires politiques (délégués, comme ils s’appelaient dans les milices) fut la conséquence logique des caractères politiques particuliers des milices.

    Le parti communiste, défenseur enthousiaste et dévoué du Front populaire, donna aux milices qu’il organisait un caractère d’unité bien marqué. Cependant, chaque jour qui passait faisait apparaitre plus clairement la nécessité de la création d’une armée régulière, d’autant plus que l’absence d’un commandement centralisé et les différentes tendances idéologiques qui dirigeaient et inspiraient tout le travail et la vie des milices, provoquaient parfois des heurts et des frictions bien propres à diminuer l’efficacité combative de nos forces.

    Nos hommes luttaient sans plan organisé, contre des années puissantes, des chefs militaires sachant organiser et diriger la guerre. C’est ainsi que nous subîmes les défaites du Nord, les déroutes de Malaga et de Tolède. Chez nos soldats, tout était enthousiasme, courage, esprit de sacrifice, abnégation, mais aussi absence de moyens techniques. Chez l’ennemi, il y avait la science militaire, une discipline de fer, une organisation, un abondant matériel de guerre.

    Instruites par les dures leçons des luttes de chaque jour, grâce aussi au dévouement des militaires professionnels et à l’aide de tous les partis et organisations, particulièrement du parti communiste, nos milices se transformèrent, au feu même des combats, en organisations militaires de plus en jour plus disciplinées, plus conscientes.

    En même temps que les milices populaires, les unités militaires qui avaient subsisté après l’insurrection, se développaient puissamment, grâce aux renforts et à l’incorporation de nombreux volontaires, venus des villes et des champs combattre pour la défense des libertés populaires, L’existence parallèle des milices et de des restes de l’armée constituait un obstacle à la réalisation systématique de grandes opérations.

    Le 21 octobre 1936, répondant à l’ardent désir de la majorité des milices, qui voulaient être considérées comme des unités régulières de l’armée, Largo Caballero publiait un décret incorporant à l’armée régulière toutes les milices qui existaient alors. Leurs chefs furent, mis sur un pied d’égalité avec les officiers de métier de l’armée.

    L’incorporation des milices aux formations régulières eut pour effet de créer une armée d’une nature foncièrement différente de celle de l’armée espagnole d’avant l’insurrection fasciste. Les milices apportèrent à l’armée toute la sève, la vigueur et l’enthousiasme du peuple.

    Le corps des commissaires politiques qui avait été l’âme et l’esprit des milices populaires, fut également incorporé à l’armée régulière, où, comme au sein des milices, les commissaires, par leur travail dévoué, héroïque, inlassable, font de chaque soldait, de chaque chef, un ferme combattant de la liberté et de la démocratie.

    Tous les chefs et les officiers de l’Armée populaire régulière de l’Espagne savent qu’ils luttent non seulement pour l’indépendance de leur pays, pour libérer notre patrie de l’Invasion fasciste, mais aussi pour jeter les bases d’une Espagne nouvelle.

    Tous savent qu’ils luttent pour qu’en Espagne il n’y ait plus de paysans sans terre, pour qu’on ne voie pas ressusciter les caciques, pour que les ouvriers jouissent d’une vie de dignité et de culture, pour que les femmes ne soient pas les éternelles esclaves, pour que soient abolis les castes et les privilèges d’une minorité.

    L’armée est en marche. Et l’armée de l’Espagne républicaine n’est plus la vieille armée où les hommes étaient, tout juste bons à servir de chair à canon, une armée avec laquelle personne ne comptait en cas de guerre. Aucune armée du monde capitaliste n’offre le merveilleux spectacle que donne la nôtre. Sur la ligne même du feu, les milices de la culture se dépensent, sans compter pour lutter contre l’analphabétisme, et les hommes qui ont appris à lire et à écrire au front se comptent par milliers.

    Nos soldats ne sont plus les miliciens des premières semaines, déguenillés, mal armés, indisciplinés, pleins d’héroïsme et dénués de préparation militaire. Ce sont des soldats redoutables qui unissent à leur vaillance et à leur héroïsme une préparation militaire poussée, une connaissance technique de la guerre qui leur a permis d’anéantir les divisions allemandes à Jarama, d’écraser les unités italiennes à Guadalajara, de conquérir Brunete, Villanueva del Pardillo, Villanueva de la Canada et tant d’autres localités.

    Ce sont les soldats de l’armée régulière qui ont conquis Belchite, Quinto et Codo ; ce sont eux, les braves qui remportèrent la victoire de Teruel et qui résistent aujourd’hui avec sérénité à la furieuse offensive des forces fascistes.

    Nous avons une armée, et nous pouvons dire avec un légitime orgueil que c’est une armée sortie du peuple et au service du peuple. Une armée qui est l’expression même du Front populaire. Une armée résolue à poursuivre les glorieux exploits de ses premières grandes victoires, une armée qui a une âme, une armée qui vit, une armée qui se bat aujourd’hui avec un héroïsme exemplaire pour l’Espagne, pour la démocratie, pour la paix du monde.

    Nous avons créé cette armée en luttant non seulement contre les fascistes espagnols et leurs alliés allemands et italiens, mais aussi, chose plus douloureuse, contre l’indifférence et la trahison des pays qui se disent démocratiques.

    Nous avons plus d’un demi-million d’hommes sous les armes. Nous avons la possibilité d’atteindre le million, Nous disposons de réserves inépuisables. En même temps que nous nous défendons, que nous défendons notre sol, nous avons créé une industrie de guerre aujourd’hui en plein développement.

    Nous n’avions pas de tanks ; aujourd’hui nous avons des régiments de tanks et de chars d’assaut. Nous n’avions pas d’aviation ; nous en avons une aujourd’hui, et des pilotes capables de rivaliser avec les meilleurs du monde. Nous n’avions pas de moyens de transport ; nous avons aujourd’hui des milliers de camions qui circulent sur tous les fronts et toutes les routes d’Espagne. Nous n’avions pas d’artillerie ; nos artilleurs et nos batteries jouent aujourd’hui un rôle décisif dans les combats.

    Nous avons réorganisé notre cavalerie, et nous avons aujourd’hui d’importantes unités de cette arme. Nous n’avions pas assez d’officiers, et en une année et demie de guerre de nouveaux cadres ont été formés, qui n’ont rien à envier aux hommes sortis des anciennes académies militaires.

    La tradition n’a pas été rompue. L’Espagne continue à être une source inépuisable de héros. Nous ressentons une profonde fierté à l’idée que nous avons des hommes tels que le général Miaja, défenseur de la capitale de la République ; tels que le général Rojo, artisan de la victoire de Teruel ; tels qu’Hernandez Sarabia, Pozas, Cordon, Estrada, Burillo, Marquez, les frères Galan, Vivancos, chefs et officiers loyaux de notre armée : tels que Lister, Modesto, El Campesino, Carton, Toral, Durutti, Mera, et tant d’autres, dont les noms formeraient une liste interminable. Nous sommes fiers de l’héroïsme obscur et silencieux de nos commissaires qui sont « les premiers à avancer, les derniers à reculer ».

    Nous avons aujourd’hui plus confiance que jamais dans le triomphe de notre cause. Notre confiance s’appuie nom seulement sur le sentiment de la justice de la cause que noms défendons, mais aussi sur la force de notre armée, sur notre potentiel militaire. Nous combattons à l’avant-garde de la lutte de la démocratie mondiale contre le fascisme.

    Les sacrifices ne nous importent pas. Nous souhaitons seulement que les pays qui se sont contentés jusqu’ici de nous témoigner une admiration platonique, comprennent la responsabilité historique qui pèse sur eux et se décident une fois pour toutes à mettre un terme à leur politique de concessions et de tergiversations face aux fanfaronnades du fascisme. Le fascisme n’est fort que pour autant que ses adversaires se montrent faibles.

    L’Espagne donné l’exemple. Notre peuple montre aux démocraties le chemin qui conduit à la victoire.

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  • Dolores Ibarruri (La Pasionaria) – ¡No pasarán!

    [Dolores Ibarruri (La Pasionaria), ¡No pasarán!, 19 juillet 1936, Appel effectué du balcon du ministère de l’intérieur à Madrid]

    Ouvriers ! Paysans !

    Antifascistes ! Espagnols patriotes !

    Face au soulèvement militaire fasciste, tous debout ! Défendons la République ! Défendons les libertés populaires et les conquêtes démocratiques du peuple !

    Par les communiqués du gouvernement et du Front populaire, le peuple connaît la gravité du moment actuel.

    Au Maroc et aux Canaries, les travailleurs sont en lutte aux côtés des forces restées fidèles à la République, contre les militaires et les fascistes insurgés.

    Au cri de :  » Le fascisme ne passera pas, les bourreaux d’octobre ne passeront pas ! »…

    Les ouvriers et les paysans de diverses provinces d’Espagne s’incorporent à la lutte contre les ennemis de la République. Les communistes, les socialistes et les anarchistes, les républicains démocrates, les soldats et les forces demeurées loyales à la République ont infligé les premières défaites aux factieux qui traînent dans la boue de la trahison l’honneur militaire dont ils se glorifiaient tant.

    Tout le pays vibre d’indignation devant ces misérables qui veulent plonger l’Espagne démocratique et populaire dans un enfer de terreur et de mort. Mais ils ne passeront pas ! 

    L’Espagne entière s’apprête au combat. A Madrid, le peuple est dans la rue, soutenant le gouvernement et le stimulant avec son énergie et son esprit de lutte, pour que les militaires et les fascistes insurgés soient totalement écrasés. Jeunes, préparez-vous au combat !

    Femmes, héroïques femmes du peuple ! Souvenez-vous de l’héroïsme des femmes des Asturies en 1934. Luttez vous aussi aux côtés des hommes pour défendre la vie et la liberté de vos enfants que le fascisme menace !

    Soldats, fils du peuple ! Restez fidèles au gouvernement et à la République, luttez aux côtés des travailleurs, aux côtés des forces du Front populaire, aux côtés de vos parents, de vos frères et de vos camarades ! Luttez pour l’Espagne du 16 février, luttez pour la République, aidez-les à vaincre !

    Travailleurs de toutes tendances ! Le gouvernement met entre vos mains des armes pour sauver l’Espagne et le peuple de l’horreur et de la honte que représenterait la victoire des bourreaux d’octobre couverts de sang. Que nul n’hésite ! Soyez tous prêts pour l’action ! Chaque ouvrier, chaque antifasciste doit se considérer comme un soldat en armes.

    Peuples de Catalogne, du Pays basque et de Galice ! Espagnols de partout ! Défendons la République démocratique, consolidons la victoire obtenue par le peuple le 16 février.

    Le Parti communiste vous appelle au combat. Il appelle tout spécialement les ouvriers, les paysans, les intellectuels à occuper un poste de combat pour écraser définitivement les ennemis de la République et des libertés populaires.

    Vive le Front populaire ! Vive l’union de tous les antifascistes ! Vive la République du peuple ! Les fascistes ne passeront pas ! Ils ne passeront pas ! [¡No pasarán!]

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