Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • Georgi Dimitrov et le procès de Leipzig en 1933

    Georgi Dimitrov s’installa à Vienne à partir de la fin janvier 1927, ville abritant la direction du Comité Central du Parti Communiste de Bulgarie (étroit). Il se rendit en 1928 en URSS, pour assister au IVe congrès du Profintern (l’Internationale Syndicale Rouge) et au VIe Congrès du Komintern, où il fut le délégué bulgare, parlant à ce titre le 6 août 1928.

    Georgi Dimitrov
    Georgi Dimitrov

    Il participa aussi à la VIIIe conférence de la Fédération balkanique, dont il devint le secrétaire politique du bureau exécutif. A l’arrière-plan, on retrouve le projet, développé dans les années 1910, de République Fédérative balkanique, devant réunir la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie et la Serbie, avec comme perspective de s’ouvrir à l’Albanie, le Monténégro et la Turquie.

    Au début de l’année 1929, le Comité Central se déplaça à Berlin et Georgi Dimitrov le suivit, se voyant alors également responsable du Komintern pour l’Europe occidentale.

    Georgi Dimitrov commença alors un travail de titan, ayant la responsabilité de connaître l’évolution de pas moins de 25 Partis Communistes, à quoi s’ajoute la Ligue anti-impérialiste, le Secours Ouvrier, le Profintern, l’Internationale Communiste de la Jeunesse, l’Internationale Sportive Rouge, la revue de l’Internationale Communiste Inprekor.

    Georgi Dimitrov

    Il participa à l’organisation du congrès antifasciste international de 1929, du congrès paysan européen de 1930, du VIIe congrès du Secours Ouvrier ; il est membre également du Comité Mondial de Lutte contre la Guerre.

    Georgi Dimitrov mena alors une activité clandestine, dans le cadre d’une organisation stricte, mais un événement allait entièrement changer la situation.

    Marinus van der Lubbe, un jeune maçon hollandais ultra-gauchiste, se rendit en Allemagne après la nomination d’Adolf Hitler au poste de chancelier. Déçu de voir ce qui lui semblait être une incompréhensible passivité, il tenta à la fin du mois de février 1933 de fomenter des révoltes, d’incendier le bureau d’aide de Neukölln à Berlin, l’ancien château impérial, la mairie de la Neue Königstrasse, l’hôtel Imperial Palace.

    Puis, il pénétra dans le restaurant du parlement allemand, le Reichstag, utilisa ses propres habits et des linges de cuisine pour provoquer un incendie.

    Les nazis promulguèrent en réponse un décret suspendant la Constitution, interdisant la presse de gauche en Prusse, amenant des centaines d’arrestations, dont celle de Georgi Dimitrov.

    Il fut arrêté dans le restaurant Bayernhof, son passeport étant suisse et au nom de l’écrivain Rudolf Hediger, avant d’être jeté dans une cellule de la prison de Moabit, sous le numéro 8085, et dut conserver pendant cinq mois ses menottes, nuit et jour, du 4 avril au 31 août 1933.

    À l’origine, l’enquête fut menée par le commissaire de la police de Berlin, du 9 au 28 mars. Finalement, c’est la Cour du nouveau régime qui s’empara de l’affaire, ouvrant les débats le 21 septembre 1933 à Leipzig.

    Initialement, la radio diffusa les premières audiences de la cour, mais cela fut rapidement interrompu après les premières déclarations et réponses aux questions de Georgi Dimitrov, soit au bout de deux jours.

    Le discours tenu le 23 septembre eut pourtant un retentissement historique, étant relayé par l’opinion antifasciste internationale, dans une situation d’une grande complexité.

    Georgi Dimitrov tenant tête aux nazis lors du procès de Leipzig de 1934

    L’affaire avait tout de suite eu une dimension retentissante, les nazis prétendant que l’incendie du Reichstag relevait d’un complot communiste pour appeler au soulèvement, tandis que l’opinion antifasciste diffusait en Europe un Livre Brun sur l´incendie du Reichstag et la terreur hitlérienne.

    Pour cette raison furent présents 42 correspondants de presse allemands et 82 correspondants de presse étrangers. Aucun correspondant des presses communistes, socialistes ou de gauche ne furent cependant acceptés, à part de la presse soviétique lors de la seconde partie du procès, après une mesure de rétorsion contre la presse allemande en URSS.

    Le procès commença tout de suite, du côté nazi, avec la dénonciation du livre brun, mais comme Georgi Dimitrov maintint une ligne antifasciste et dénonçait le régime, il y avait une tribune pour un discours faisant tourner l’ensemble au fiasco.

    Le procès se déroula alors sans que Georgi Dimitrov ni les autres accusés bulgares n’aient accès aux documents, Georgi Dimitrov se faisant de manière régulière expulser du prétoire, comme les 6 et 11 octobre, alors que le procès fut temporairement continué à Berlin, avant de revenir un mois après à Berlin, Georgi Dimitrov étant placé dans une cage.

    L’enquête du tribunal occupa pas moins de 51 séances au procès, mais les faux témoignages nazis étaient tellement mal ficelés, les contradictions des faux témoins si mises en évident par Georgi Dimitrov, que l’ensemble tourna au fiasco.

    Timbre tchécoslovaque de 1949 célébrant Georgi Dimitrov à Leipzig

    Le procès fut littéralement retourné par Georgi Dimitrov, au point que lors de sa plaidoirie, à la 56e séance, le président l’interrompit pas moins de trente fois.

    Le 23 décembre, ce fut par conséquent l’acquittement, dans un contexte de tension extrême. Georgi Dimitrov fut toutefois immédiatement arrêté alors qu’il voulait tenir un discours en réaction au verdict où il était affirmé que le Parti Communiste d’Allemagne serait responsable de l’incendie du Reichstag.

    La situation sembla d’autant plus bloquée que le gouvernement bulgare ne reconnut pas la nationalité bulgare de Georgi Dimitrov. Le problème ne fut résolu qu’avec l’obtention par Georgi Dimitrov, le 15 février 1934, de la nationalité soviétique. Les nazis l’expulsèrent de ce fait en secret vers l’URSS, le 27 février.

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  • Georgi Dimitrov et le bilan de 1923

    L’écrasement de 1923 provoqua une véritable onde de choc dans l’esprit de Georgi Dimitrov, surtout que la situation en Bulgarie n’était pas marquée par une amélioration.

    Par la suite, le Parti Communiste de Bulgarie (étroit) tenta en effet de prolonger le mouvement, en coopération avec les agrariens et des généraux de gauche.

    L’apogée de cela consista, le 16 avril 1925, en la décision d’une partie de la direction de mener l’attaque à l’explosif de la cathédrale Sveta Nedelia devant accueillir la cour du roi lors des obsèques du général Konstantin Georgiev, exécuté par les communistes quelques jours auparavant pour son rôle dans la ligue militaire.

    L’attaque à l’explosif de la cathédrale Sveta Nedelia

    De nombreux généraux furent tués et il s’ensuivit une loi martiale, avec le meurtre de 450 personnes de manière para-légale par la ligue militaire, le gouvernement arrêtant pas moins de 10500 personnes rien que dans la ville de Varna, plus de 13000 à Plovdiv, etc.

    Cette série d’échecs nécessitait une véritable réflexion sur ce qui avait échoué, sur l’erreur dans l’analyse des forces sociales en présence.

    En 1925, dans La leçon bulgare, Georgi Dimitrov remarque ainsi :

    « En même temps que la Chine et le Maroc, le petit pays qu’est la Bulgarie continue à être au centre de l’attention internationale. Et cela n’est évidemment pas un effet du hasard.

    Le grand attentat de la cathédrale de Sofia et la terreur qui ensanglanta par la suite le pays eurent un double écho à l’étranger.

    Tandis que les gouvernements réactionnaires européens, conservateurs britanniques en tête, utilisaient largement l’attentat perpétré à la cathédrale de Sofia pour renforcer leur campagne contre l’URSS et le soi-disant danger bolchevique, les ouvriers et les paysans révolutionnaires de tous les pays protestaient énergiquement contre le régime tyrannique des bourreaux de Sofia et prenaient la défense du peuple bulgare travailleur (…).

    La particularité la plus caractéristique de la terreur bulgare consiste avant tout dans le massacre planifié et organisé de l’avant-garde de la classe ouvrière et des masses paysannes, de leur intelligentsia, de leurs éléments les plus conscients et les plus actifs.

    Il ne s’agit plus ici de priver les masses populaires de leurs droits et libertés politiques élémentaires ; il ne s’agit pas de créer des difficultés et des obstacles au développement de l’activité et de la lutte des organisations ouvrières et paysannes.

    Ici, nous avons déjà non pas de simples actes de violence et de répression contre le mouvement ouvrier et paysan dans le pays – ce qui ne serait pas encore si terrible.

    Non, en Bulgarie, tout l’appareil d’État – police, gendarmerie, armée, justice, parlement et milice armée, constituée par des tueurs triés sur le volet – est mis en branle pour décapiter et saigner la classe ouvrière et les masses paysannes, afin de les rendre ainsi incapables, sinon définitivement du moins pour longtemps, de lutter pour le renversement de la dictature bourgeoise et l’établissement de leur propre pouvoir.

    La bourgeoise bulgare armée mène une guerre organisée et méthodique (en utilisant à cette fin tous les moyens dont dispose l’État) contre le peuple travailleur privé d’armes.

    Les forces de la contre-révolution se sont déchaînées alors qu’il n’y a pas encore dans le pays de vraie révolution ouvrière et paysanne.

    Et dans cette guerre de la bourgeoisie contre le peuple, engagée depuis le coup d’État du 9 juin 1923, sont tombés jusqu’à ce jour plus de 20 000 ouvriers, paysans et intellectuels – l’élite du peuple bulgare.

    L’immense majorité de ces victimes de la sanglante terreur blanche ne sont point tombées dans les combats ouverts de la guerre civile, mais furent sauvagement, lâchement assassinées dans les prisons, dans leurs propres maisons, dans la rue ou lors de soi-disant tentatives d’évasion, après leur attestation par le pouvoir « légal ».

    C’est selon un plan soigneusement établi et détaillé que l’intelligentsia travailleuse du pays est anéantie – le meilleur, le plus pur et le plus désintéressé que le peuple est parvenu à élever, à éduquer et à rehausser aux premiers rangs durant les quarante années de son existence indépendante (…).

    Lors des élections parlementaires du 22 avril 1923 (un mois et demi avant le coup d’État), les deux partis populaires de masse obtinrent 777 000 voix (l’union agrarienne – 577 000, et le Parti Communiste – 220 000), tandis que les partis bourgeois ensemble, y compris les sociaux-démocrates, n’obtenaient que 270 000 suffrages. »

    C’était une terrible leçon : les communistes avaient été pris de court. Malgré un véritable succès dans les masses, la réaction avait su conserver l’initiative, procéder à la destruction des secteurs les plus avancés.

    Il y avait ici à comprendre ce phénomène, mais Georgi Dimitrov se retrouva encore plus en première ligne avec l’affaire de l’incendie du Reichstag en Allemagne.

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  • Georgi Dimitrov et l’année 1923

    Un événement essentiel vint modifier la situation en Bulgarie en 1921. La victoire de l’Armée rouge dans la guerre civile russe amena les troupes du général Wrangel à se réfugier en Bulgarie.

    La présence d’environ 36 000 soldats de l’armée blanche polarisait grandement la situation, faisant planer la menace d’un coup d’État.

    Les communistes appuyèrent alors le gouvernement agrarien (« Union nationale agraire bulgare ») et socialiste, malgré sa répression menée jusque-là sous l’égide du premier ministre agrarien Alexandre Stamboliyski.

    Un facteur important fut l’attaque très violente de militants du bloc constitutionnel, unissant le centre et la droite, par les forces paramilitaires agrariennes, surnommée la Garde Orange, le 17 septembre 1922 à la gare de Dolni Dubik.

    Auparavant, la Garde Orange avait participé à la répression des grèves de 1919 et la question était donc de savoir comment organiser une démarche permettant un front anti-réactionnaire.

    Georgi Dimitrov publia de nombreux articles au sujet du front unique, seul capable justement de faire face à la réaction et à la tendance au coup d’État ; parallèlement, le Parti s’organisa de manière clandestine sur le plan militaire.

    Georgi Dimitrov

    Le tempo fut cependant trop rapide et un coup d’État eut lieu le 9 juin 1923, portée par la bourgeoisie urbaine, portée par une structure clandestine ultra-nationaliste fondée par des officiers de réserve (la ligue militaire), appuyant la bourgeoisie urbaine, soutenue par l’Italie de Mussolini.

    A cela s’ajoute le soutien de l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, interdite par Alexandre Stamboliyski dans le cadre des accords internationaux amenant la perte de nombreux territoires considérés comme bulgares.

    Dans le prolongement du coup d’État, Alexandre Stamboliyski se vit massacrer, avec notamment sa main, ayant signé l’interdiction de l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, coupée.

    Les forces du coup d’État n’étaient représentés que par 30 députés sur 245 et visaient à décapiter l’Union agrarienne, ce qui fut sur ce point une réussite.

    Le Parti Communiste de Bulgarie se retrouva de ce fait dans une situation compliquée et considéra qu’un gouvernement réactionnaire en chassait simplement un autre, ce que l’Internationale Communiste désapprouva comme positionnement.

    En fait, les communistes de Bulgarie avaient sous-estimé la question agraire. 80 % de la population bulgare était paysanne, avant tout des petits propriétaires. L’industrie et l’artisanat ne rassemblait que 15 % de la population.

    S’ils considéraient que les agrariens représentaient les paysans riches, ce qui était juste, ils n’avaient pas pour autant réussi à produire un décrochage dans la paysannerie pauvre.

    A cela s’ajoutaient les difficultés sociales provoquées par l’afflux de réfugiés, 500 000 personnes provenant de la Thrace, de la Macédoine, de la Dobroudja.

    Georgi Dimitrov publia alors toute une série d’articles sur le front uni et sa nécessité, mais il était trop tard, l’espace était ouvert pour une répression générale et le Parti affronta le 12 septembre 1923 une vague de répression massive, 2000 de ses militants étant emprisonnés, alors que les syndicats et les clubs ouvriers étaient fermés.

    La grève générale de protestation lancée par l’ORSS échoua et finalement l’insurrection fut programmée pour le 23 septembre 1923, pour tenter de faire face.

    Le Parti Communiste de Bulgarie (étroit) disposant alors d’autour de 40 000 militants lançant l’initiative du soulèvement dans un pays de cinq millions d’habitants.

    Le département de Vratza, notamment, devint un bastion du soulèvement ; c’est de là que partit une « proclamation au peuple laborieux du département de Vratza pour participer à l’insurrection antifasciste populaire contre la bourgeoisie sanguinaire ».

    Le mouvement fut également fort dans la région de Lom, cependant, cela vint trop tard dans la séquence politique et l’échec coûta cher : 5 000 communistes et agrariens furent massacrés, 15 000 emprisonnés, à quoi s’ajoutent des viols, des destructions.

    Les forces insurrectionnelles n’avaient pu se maintenir qu’à Vratza, organisant nécessairement un repli stratégique en direction de la frontière yougoslave.

    Georgi Dimitrov se réfugia de son côté à Moscou, où il passa deux années, rejoignant dès juillet 1924 le comité exécutif de l’Internationale Communiste.

    Il fut condamné en Bulgarie à 15 ans de prison pour l’insurrection, puis à la peine de mort pour l’organisation d’un comité révolutionnaire à l’étranger. Un troisième jugement le condamna à 20 ans de prison.

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  • Georgi Dimitrov comme cadre communiste

    L’irruption des guerres balkaniques à partir de 1912 – la Bulgarie, la Grèce, la Serbie contre l’empire ottoman, puis la Bulgarie contre la Grèce et la Serbie – désorganisa relativement le Parti, même si en 1913 il obtint 18 députés (contre un seul auparavant), dont Georgi Dimitrov.

    Le Parti mena ensuite campagne en faveur de la cessation de la Première Guerre mondiale, Georgi Dimitrov étant arrêté pour cette raison à de nombreuses reprises de manière brève, la polarisation se produisant d’autant plus qu’à partir de septembre 1915, la monarchie bulgare fit entrer le pays dans la guerre, du côté de l’Allemagne.

    Finalement, Georgi Dimitrov fut condamné à trois ans de prison, qu’il commença en août 1918, pour s’être rebellé en août 1917 contre un officier chassant un blessé de la première classe d’un train. L’accusation officielle fut « l’incitation des militaires à la désobéissance et à l’indiscipline en temps de guerre ».

    L’effondrement du régime dans les mois qui suivirent amenèrent sa libération dès le mois de décembre, alors que le pays était passé proche d’une insurrection populaire avec les soldats à leur tête, seule la capitulation restaurant la situation, la monarchie réussissant coûte que coûte à se maintenir.

    Et en mai 1919, le Parti Ouvrier Social-démocrate (étroit) devint le Parti Communiste bulgare (étroit), reconnaissant les 21 conditions pour adhérer à l’Internationale Communiste.

    Georgi Dimitrov
    Georgi Dimitrov

    Georgi Dimitrov fit partie du Comité Central, devenant un tribun fameux dans le pays, un agitateur hors pair dans un climat général de tension : il y eut 135 grèves en 1919, impliquant 80 000 travailleurs.

    Le 24 décembre 1919, Georgi Dimitrov était ainsi à la tête d’une vaste manifestation populaire, dont les revendications furent :

    « Pain, charbon, logement et vêtements pour les masses populaires ; rétablissement des libertés politiques ; cessation de toute distribution de vivres aux contre-révolutionnaire russes. »

    Une grève générale se produisit également du 29 décembre au 3 janvier 1920.

    Alors que le Parti disposait désormais d’une base de 22 000 personnes, les élections d’août 1919 lui accordèrent même 18 % des voix, soit 47 députés, étant uniquement devancés par les agrariens. Aux élections de mars 1920, le Parti obtint 20 % des voix et 51 députés, mais neuf furent mise de côté par le régime afin de maintenir une stabilité gouvernementale.

    De la même manière, 65 conseils municipaux devenus communistes furent annulés.

    Georgi Dimitrov fut lui-même poursuivi par la justice, ainsi que tout le Comité Central, sur acte d’accusation du procureur au tribunal militaire de Sofia, réclamant sa condamnation à mort pour activité subversive aux termes des articles 113, 114, 144 et 172 du code pénal.

    La raison en fut le document du 15 décembre 1919 intitulé « Appel à la classe ouvrière de Bulgarie pour l’organisation d’actions de protestation contre le soutien du gouvernement bulgare aux armées contre-révolutionnaires des gardes blancs ».

    En novembre 1920, Georgi Dimitrov fut traduit en justice aux termes des articles 138, 154, 173 et 248 du code pénal, prévoyant l’emprisonnement à vie, en raison de son discours du 7 novembre 1920 dans le quartier juif de Sofia, intitulé « En l’honneur et pour la défense de la Russie fraternelle ».

    Georgi Dimitrov et sa compagne
    Georgi Dimitrov et sa compagne

    Cependant, le Parti se développait et Georgi Dimitrov partit en Russie pour le IIIe congrès de l’Internationale Communiste en 1921, rencontrant Lénine, et des visites en Allemagne, ainsi qu’en Autriche et en Italie, deux pays où il est présent lors des congrès fondateurs des Partis Communistes.

    Il y avait déjà été envoyé en 1920, mais s’était fait arrêter sur la côte de la Roumanie où son embarcation avait été poussée par une tempête.

    Georgi Dimitrov rejoignit ensuite le bureau exécutif de l’Internationale Syndicale Rouge, à la fin de l’année 1921, se voyant attribuer comme responsabilité la supervision de la zone balkanique. Il participa également aux travaux du IVe congrès de l’Internationale Communiste.

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  • Georgi Dimitrov et le syndicalisme

    Georgi Dimitrov est né le 18 juin 1882, dans le village de Kovatchevtsi près de Pernik, une région minière non loin de Sofia. Il est né dans les champs, sa mère servant d’aide aux champs, avant de devenir servante, tandis que son père parvint par la suite à s’installer comme artisan de chapeaux à Sofia.

    Ses parents provenaient tous deux de la région de Krésna-Razlog, marquée à la fin du XIXe siècle par un soulèvement bulgare anti-ottoman, dans le cadre du refus de la Macédoine bulgare de rester dans le giron ottoman.

    La Bulgarie
    La Bulgarie, toute proche de la Turquie actuelle

    Elle s’était convertie à l’évangélisme, dans un pays dominé par le christianisme orthodoxe, mais à dix ans Georgi Dimitrov fut exclu des cours du dimanche et publia très jeune une revue anti-cléricale, Kukurigoo (Cocorico), qui n’eut cependant que deux numéros.

    Georgi Dimitrov était le plus vieux de ses huit frères et sœurs, mais il ne reprit pas le métier de son père comme c’était souvent le cas ; il devint ouvrier-typographe, activité consistant à placer les lettres sur l’imprimerie conformément aux manuscrits.

    Cela présupposait de savoir lire et les ouvriers-typographes appartiennent historiquement à la fraction la plus consciente du prolétariat. À ce titre, le Parti Ouvrier Social-Démocrate bulgare, qui avait été créé le deux août 1891, a généré son premier syndicat en novembre 1894 justement dans cette fraction, comme Centrale ouvrière des imprimeurs.

    Georgi Dimitrov participa à la première grève de celle-ci,en février 1895, comme représentant des apprentis dans le comité de grève. Si la grève impliquant 200 ouvriers dans 13 imprimeries échoua, une nouvelle vague de grèves eut lieu durant les années 1899 et 1900, après réorganisation du syndicat comme Société ouvrière des imprimeurs.

    Une anecdote consiste en ce que Georgi Dimitrov était le seul à parvenir à déchiffrer l’écriture d’un ministre, Radoslavov. Or, celui-ci insultait les ouvriers manifestant le 1er mai dans un article en 1898, ce qui fit que Georgi Dimitrov refusa d’établir le texte pour l’imprimerie, le responsable de celui-ci se voyant obliger de céder, car ne trouvant personne d’autres. Radoslavov lui rappellera l’épisode plus tard au parlement, lorsque Georgi Dimitrov deviendra député lui aussi.

    La Bulgarie en Europe

    Georgi Dimitrov en devint le responsable en 1901, devenant une figure de l’agitation, alors qu’à l’arrière-plan se développait le Parti Ouvrier Social-Démocrate, sous l’égide de Dimitar Blagoev, dont deux écrits fameux alors étaient notamment « Nos apôtres » et « Pour Christo Botev ».

    Figure historique du socialisme à ses débuts, il avait même fondé le premier groupe social-démocrate en Russie, lors d’un séjour universitaire à Saint-Pétersbourg en 1883-1884, avant de se faire expulser, ayant étudié le premier tome du Capital (qu’il traduisit en bulgare), des œuvres de Ferdinand Lassalle, la brochure de Georgi Plekhanov « Le socialisme et la lutte politique ».

    Dimitar Blagoev publia la première brochure social-démocrate : « Qu’est-ce que le socialisme et trouve-t-il un terrain propice chez nous ? » et participa à toutes les revues et journaux sociaux-démocrates, devenant pendant 22 ans le rédacteur de l’organe théorique du Parti, Nové Vrémé.

    Georgi Dimitrov rejoignit alors ce parti en 1902, qui connut justement en 1903 une scission, Dimitar Blagoev maintenant le cap marxiste, dans la lignée de Karl Kautsky, face à une interprétation ouverte, dans un esprit de compromis, etc., d’où l’opposition entre les « étroits », partisans d’une ligne stricte dite « étroite » (tesniatzi),  et les « larges », partisans d’une politique d’ouverture dite « large » (chiroki).

    Dimitar Blagoev

    Georgi Dimitrov se situait dans le camp des « étroits », dans la section de Sofia qui a alors 53 membres, lui-même devenant par la suite son délégué, participant à ce titre en 1904 aux travaux du XIe congrès du Parti, tout comme au suivant, jusqu’en 1909 où le XVIe congrès le nomme au Comité Central.

    Il participa également aux congrès de l’Union Générale Syndicale Ouvrière, dans une situation marquée par une classe ouvrière encore très faible ; il n’y avait en Bulgarie en 1901 que 200 usines, dont plus de la moitié avait moins de vingt ouvriers.

    Il y avait par conséquent une lente montée en puissance et Georgi Dimitrov s’inséra dans ce processus, devenant progressivement une figure de la classe ouvrière s’affirmant historiquement.

    Son premier article dans le journal du Parti, le Rabotnicheski Vestnik (Le journal des ouvriers), traitait d’ailleurs en juin 1903 de « l’opportunisme dans les syndicats ».

    Il devint par la suite un permanent du Parti Ouvriers Social-Démocrate (étroit) de Dimitar Blagoev, qui regroupait ainsi 1200 activistes, avec un tiers d’ouvriers, ainsi que le responsable de l’Union Générale des Syndicats (ORSS) lié au Parti.

    Il y eut alors des grèves marquantes, comme celle des mineurs de Pernik, en 1906, qui dura 35 jours et fut dirigé par Georgi Dimitrov, qui fut alors ramené à Sofia escorté par la police. La grève se répéta à de nombreuses reprises, Georgi Dimitrov étant à chaque fois en première ligne), celle des ouvriers du textile de Slivène en 1908, celle en 1909 des ouvriers de la fabrique d’allumettes de Kostenetz, qui dura trois mois, celle en 1910 des mineurs de Plakalnitza et des ouvriers du tabac à Plovdiv, celle en 1913 des typographes à Sofia.

    Le jeune Georgi Dimitrov

    En 1912, l’ORSS avait 8500 adhérents ; le Parti avait de son côté 2900 adhérents et les « larges » pareillement et Georgi Dimitrov devint dans ce cadre une figure majeure du mouvement ouvrier.

    Du 10 juillet au 10 août 1912, il purgea même une peine d’un mois de prison pour « offense » au socialiste de droite Moutafov, qualifié de falsificateur et d’indicateur de la police.

    Et il devint alors député, en novembre 1913, à l’âge de 31 ans, dans les départements de Vratza et Tirnovo, et secrétaire du groupe parlementaire social-démocrate.

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  • Georgi Dimitrov, une grande figure historique

    Georgi Dimitrov
    Georgi Dimitrov

    Georgi Dimitrov a été l’une des personnalités les plus connues mondialement durant les années 1930, marquant de son sceau l’histoire des années 1940 et 1950. Il est impossible de s’intéresser à l’Histoire du monde sans lui accorder une place extrêmement importante.

    Les raisons pour cela sont multiples : tout d’abord, il fut la victime d’un procès retentissant en Allemagne nazie en 1933, attirant une attention très approfondie de la presse mondiale et de l’opinion démocratique mondiale.

    Georgi Dimitrov renversa en effet le procès, passant d’accusé à accusateur et dénonçant le nouveau régime hitlérien et le fascisme en général.

    Sa victoire obtenue à cette occasion en fit une figure de proue de la lutte contre le fascisme et, effectivement, il devint même le grand théoricien de l’antifascisme comme Front populaire, ce qui le propulsa à la tête de l’Internationale Communiste.

    C’est cette conception qui fut au cœur des Fronts populaires en France et en Espagne, et qui fut systématiquement assumée par la suite par les communistes durant la Seconde Guerre mondiale impérialiste.

    C’est très précisément ce qu’on appelle l’antifascisme, conception donc définie par Georgi Dimitrov et accusée par l’ultra-gauche, anarchiste et trotskyste, de soumission contre-révolutionnaire à la bourgeoisie, de par la mise en avant de la démocratie.

    L’antifascisme souligne, en effet, que le fascisme est une tendance à laquelle s’oppose la démocratie comme contre-tendance, et non pas la « révolution ».

    Cette approche, Georgi Dimitrov la doit à sa propre expérience dans son pays, la Bulgarie connaissant dans les années 1920 un régime réactionnaire ayant été renversé par un coup d’État militaire, ce qui a alors totalement débordé les communistes qui sont restés initialement passifs.

    Le prix de cette passivité fut celui du sang et cette leçon retenue ; Georgi Dimitrov théorisa alors la démarche selon laquelle le fascisme doit être considéré comme ennemi principal.

    Le Front unique est alors le vecteur de cette bataille pour la démocratie qui ne peut – dans le cadre de la crise générale du capitalisme, de la tendance à la guerre impérialiste, de l’effondrement du capitalisme monopoliste – que nécessairement aboutir à un nouveau type de régime, la démocratie populaire.

    C’est cette ligne qui fut adoptée, après 1945, dans les pays de l’Est européen, aboutissant à la formation des démocraties populaires.

    L’importance historique de Georgi Dimitrov est donc plus que significative : elle reflète la synthèse effectuée par le mouvement communiste après la première vague, celle des années 1920, consistant en la ligne du Front populaire des années 1930 et 1940, ligne se prolongeant jusqu’à la mise en place d’une nouvelle forme de régime, la démocratie populaire.

    Cependant, en raison de cette substance politique et idéologique, la figure de Georgi Dimitrov ne peut être comprise que par les communistes.

    En effet, il y a du côté de la bourgeoisie la négation de la richesse historique du communisme, accolé au souci d’accabler celui-ci de manière unilatérale sous le vocable de « stalinisme ».

    Le parcours historique de Georgi Dimitrov – tout comme notamment celui du Parti Communiste de Grèce et de l’Armée Démocratique de Grèce après 1945 – montre l’ineptie de la conception bourgeoisie, de par sa réalité historique et sa profonde signification.

    Il y a également eu, du côté des faux communistes, les révisionnistes qui ont suivi Nikita Khrouchtchev à la mort de Staline, un travail patient d’effacement des enseignements de Georgi Dimitrov sur le Front populaire et de la démocratie populaire.

    Les démocraties populaires de l’Est européen devinrent, miraculeusement et sans raison concrète, des pays « socialistes » ; le Front populaire devint un concept altéré, servant uniquement le principe de « programme commun ».

    Enfin, il est nécessaire de souligner la tentative générale de l’ultra-gauche anarchiste de récupérer le terme d’antifascisme pour une démarche « révolutionnaire » à prétention « anticapitaliste » qui est précisément à l’opposé de la conception réelle et historique de l’antifascisme.

    Le rétablissement de la figure historique de Georgi Dimitrov est par conséquent d’une haute signification.

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  • Statuts du Parti

    1.
    IDENTITÉ DU PARTI

    1.1 Le Parti est l’organisation d’avant-garde de la classe ouvrière, de type léniniste, composé d’activistes faisant de la lutte pour le communisme leur identité et leur activité principales.

    1.2 Le Parti a comme but le communisme, société sans classes ni État, avec comme étape intermédiaire le socialisme, c’est-à-dire la dictature du prolétariat.

    1.3 Le Parti a comme idéologie le matérialisme dialectique, formulé par Karl Marx, Friedrich Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong.

    1.4 Le Parti se revendique de la Russie révolutionnaire et de l’URSS (1917-1953), de la Chine populaire (1949-1976), ainsi que des pays de l’Est européens de régime de démocratie populaire (1945-1953).

    1.5 Le Parti considère que nous en sommes à la troisième étape historique de l’idéologie : le maoïsme, qui suit le léninisme et le marxisme.

    1.6 Le Parti valorise les enseignements du Péruvien Gonzalo, du Bangladeshi Siraj Sikder, du Turc Ibrahim Kaypakkaya, de l’Afghan Akram Yari, qui ont lutté sous la bannière de Mao Zedong et apporté des contributions à la troisième étape, notamment dans la compréhension du principe de la Pensée-Guide, application dans les conditions nationales concrètes de l’idéologie internationale de la classe ouvrière mondiale.

    2.
    INTÉGRER LE PARTI

    2.1 Pour pouvoir être membre du Parti, il faut être âgé de plus de seize ans et résider en France.

    2.2 La personne désireuse de rejoindre le Parti doit en faire, avec l’appui de deux personnes déjà membres, une demande motivée à la direction du Parti, indiquant le parcours politique et social personnel.

    2.3 Dans le cas d’une réponse positive, la personne candidate à l’adhésion au Parti est alors stagiaire pendant huit mois, n’ayant pas le droit de décision ni de vote dans le Parti, ni de responsabilités de direction, mais pour autant les mêmes devoirs que les membres.

    2.4 Le Comité central valide, ou non, la période de stage, de manière motivée.

    2.5 Le Parti n’accepte pas d’intégrer d’autres organisations ; il n’accepte que les demandes individuelles.

    3.
    LA VIE DÉMOCRATIQUE AU SEIN DU PARTI

    3.1 Toute personne membre du Parti a le droit de participer aux débats concernant la ligne du Parti, sa stratégie, sa tactique, sa presse, ses organismes générés.

    3.2 Toute personne membre du Parti a le droit d’exprimer librement ses opinions dans les débats internes au Parti, ainsi que celui de proposer des débats au sein du Parti, à tous les niveaux.

    3.3 Toute personne membre du Parti, en plus d’être électrice, a le droit d’être élue aux postes hiérarchiques du Parti.

    3.4 Toute personne membre du Parti a le droit, en cas de conflit avec le Parti, d’exprimer son point de vue par écrit aux instances dirigeantes, ainsi qu’au congrès du Parti, ainsi que d’en appeler à ces instances en cas de souci local dans le fonctionnement du Parti.

    3.5 Toute personne membre du Parti a le droit de critiquer tout autre membre du Parti, y compris les membres de la direction.

    3.6 Toute personne membre du Parti a le droit de démissionner de celui-ci. Le Parti se réserve toutefois le droit de juger les renégats et les traîtres.

    4.
    LES EXIGENCES DU PARTI

    4.1 Toute personne membre du Parti a le devoir de préserver les secrets de celui-ci, notamment face à la répression policière, militaire ou fasciste.

    4.2 Toute personne membre du Parti doit toujours se comporter en adéquation avec les décisions de la direction de celui-ci.

    4.3 Toute personne membre du Parti doit, s’il s’exprime en public, affirmer son plein-accord avec la ligne du Parti, réservant ses critiques uniquement au débat interne à celui-ci.

    4.4 Toute personne membre du Parti doit organiser sa vie sociale et personnelle selon les intérêts du Parti.

    4.5 Toute personne membre du Parti doit chercher à constamment s’améliorer et être toujours digne de la morale, de l’idéologie de celui-ci.

    4.6 Le Parti n’autorise pas l’organisation de fractions en son sein.

    5.
    LES ACTIVITÉS AU SEIN DU PARTI

    5.1 Toute personne membre du Parti doit faire partie d’un organisme généré par celui-ci. Le choix de l’organisme appartient à la direction du Parti.

    5.2 Toute personne membre du Parti doit chercher à générer un organisme du Parti sur le lieu de travail, ou le territoire.

    5.3 Toute personne membre du Parti doit s’engager en priorité dans l’organisme sur le lieu de travail, par rapport à l’organisme territorial.

    5.4 Toute personne membre du Parti ne se comportant pas de manière conforme aux exigences de celui-ci reçoit un avertissement de la part du Comité Central, allant de la perte des responsabilités dans la hiérarchie, la perte des droits de vote, jusqu’à enfin l’exclusion. Dans ce dernier cas, le congrès avalise ou infirme la décision.

    6.
    LA HIÉRARCHIE DU PARTI

    6.1 L’unité de base est la cellule, rassemblant entre 3 et 7 personnes. Si la cellule croit numériquement, elle doit se diviser en deux.

    6.2 Les cellules sont coordonnées par le Comité du Parti au niveau local. La dimension de la zone gérée par le Comité du Parti est fixé par le Comité Central.

    6.3 Lors des congrès, les délégués des Comités du Parti élisent un Comité Central, chargé d’appliquer les décisions prises lors du congrès où celui-ci a été élu.

    6.3 Au sein du Comité Central, un Bureau Politique élu par celui-ci au sein de ses membres a comme tâche de gérer la vie du Parti entre les congrès.

    6.4 Le Parti est régi par le centralisme démocratique, avec par conséquent l’ordre de subordination suivant : les membres à l’organisation, les instances inférieures aux instances supérieures, la minorité à la majorité, l’ensemble de l’organisation au comité central et le comité central au congrès.

    7.
    LES CONGRÈS DU PARTI

    7.1 Les congrès du Parti se tiennent tous les trois ans, et ne peuvent pas être reportés de plus de six mois, sans quoi les Comités du Parti l’organisent en assumant entre-temps les responsabilités du Comité Central.

    7.2 Pour être reconnu comme tel, le congrès doit représenter au moins 2/3 des membres du Parti.

    7.3 Un congrès extraordinaire peut avoir lieu suite à la demande de 2/3 des membres ou bien du 2/3 des Comités du Parti.

    7.4 Le Comité central décide du degré de proportionnalité et organise le rassemblement des délégués pour le congrès.

    7.5 Les élections lors du congrès ont lieu à bulletin secret, les candidatures sont individuelles et toute personne membre du Parti peut proposer sa candidature.

    7.6 A chaque congrès, le Comité Central récupère les rapports des organismes générés et présente ses conclusions à ce sujet.

    7.7 Entre deux congrès, le Comité Central peut organiser des conférences du Parti, qui n’ont pas de pouvoir de décision.

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  • Le matérialisme dialectique et le rapport entre relatif et absolu, particulier et universel

    La conception matérialiste dialectique refuse d’isoler des éléments, de les séparer les uns des autres. L’Univers est un ensemble unifié, une seule unité qu’il est impossible de diviser.

    Toutefois, la nature de cet ensemble unifié est en mouvement et sa nature est dialectique. Pour cette raison, ce qui existe en particulier n’est pas isolé, mais relève d’un aspect relatif du général qui, lui, est absolu.

    Et, en même temps, ce qui existe en particulier relève d’un aspect général qui, lui-même, est une expression du particulier.

    C’est un point difficile à saisir, car il faut saisir le particulier dans le général et le général dans le particulier.

    Pour saisir cela correctement, il faut porter son attention sur ce qui est particulier et que l’on peut retrouver dans son environnement. Un objet en particulier semble bien avoir une existence propre, un réveil-matin sur une commode par exemple.

    Toutefois, ni le réveil-matin ni la commode n’existent de manière indépendante du reste de l’espace et du temps. Le réveil-matin est par exemple lié au temps, dont il reflète le mouvement en donnant l’heure, tout comme la commode utilise un espace bien déterminé dans une pièce.

    Cela signifie que la moindre chose dispose de caractéristiques la reliant au reste de son environnement. Si l’on pousse plus loin l’analyse des caractéristiques, on peut s’apercevoir qu’à différents niveaux, chaque chose relève d’un universel.

    Le réveil-matin relève de tous les réveils-matins, tout comme du temps qui passe (pris comme aspect universel) ; il consomme de l’énergie, par exemple avec des piles ou de l’électricité, ce qui le relie à d’autres particuliers – une prise électrique, une pile – et d’autres universels – l’électricité.

    En tant qu’objet fabriqué, il relève des autres objets fabriqués ; en tant que marchandise, il se relie aux autres marchandises, donc au mode de production capitaliste, etc.

    Le processus est sans fin. L’Univers est traversé de part en part, ou plutôt composé, d’une contradiction entre le particulier et l’universel, et partant de là entre le relatif et l’absolu.

    Ce qu’on appelle la science est la saisie de différents aspects – les saisir tous est impossible, on ne peut que tendre vers la totalité, justement de par la contradiction entre le particulier et l’universel – en étudiant le mouvement pour voir ce qui est principal, ce qui est secondaire, les différents nœuds existants comme par exemple avec la « division » entre système solaire, galaxie, amas de galaxies, etc.

    La pensée a comme dynamique le reflet de ce processus de distinction entre absolu et relatif, universel et particulier, qui existe dans l’Univers.

    Voici comment Lénine explique cela dans des Notes philosophiques :

    « La différence entre subjectivisme (le scepticisme et la sophistique, etc.) et la dialectique consiste entre autres en ce que dans la dialectique (objective), la différence entre le relatif et l’absolu est relative.

    Pour la dialectique objective, il y a également l’absolu dans le relatif.

    Pour le subjectivisme et la sophistique, le relatif est seulement relatif et exclut l’absolu (…).

    Nous avons la dialectique en commençant par le plus simple, le plus habituel, les plus massivement répandu, etc., par n’importe quelle proposition : les feuilles de l’arbre sont vertes, Jean est un homme, le spitz est un chien, etc.

    Déjà ici (comme l’a génialement remarqué Hegel), la dialectique est là : le particulier est général (cf. Aristote, Métaphysique, 3e livre, 4e chapitre, 8-9 : « En effet, nous ne pouvons pas dire qu’il y a une maison [Lénine : en général] en dehors des maisons particulières. »

    Ainsi, les contraires (le particulier est en opposition au général) sont identiques : le particulier n’existe pas autrement que dans cette liaison qui conduit au général.

    Le général n’existe que dans le particulier, par le particulier.

    Chaque particulier est (d’une façon ou d’une autre) général.

    Tout général est une parcelle ou un côté ou une essence du particulier.

    Tout général n’englobe qu’approximativement tous les objets particuliers. Tout particulier entre incomplètement dans le général, etc., etc.

    Tout particulier est relié par des milliers de passages à des particuliers d’un autre type (choses, phénomènes, processus), etc.

    Nous avons déjà ici des éléments, des embryons du concept de nécessité, de liaison objective dans la nature, etc.

    Le contingent et le nécessaire, le phénomène et l’essence sont déjà présents ici, car quand nous disons : Jean est un homme, le spitz est un chien, cela est une feuille d’arbre, etc., nous rejetons comme contingents une série de caractères, nous séparons l’essentiel de l’apparent et nous opposons l’un à l’autre.

    Ainsi, dans toute proposition, on peut (et on doit), comme dans une « cellule », mettre en évidence les embryons de tous les éléments de la dialectique, montrant ainsi que la dialectique est inhérente à toute la connaissance humaine en général.

    Et la science de la nature nous montre (et de nouveau c’est ce qu’il faut montrer pour tout exemple le plus simple) la nature objective avec les mêmes qualités, la transformation du particulier en le général, du contingent en le nécessaire, les passages, le glissement, la liaison mutuelle des contraires. »

    Dans la moindre chose, il y a la complexité des inter-relations, c’est-à-dire l’ensemble, l’universel, qui lui-même existe par le particulier. L’Univers comme universel est lui-même concret dans le particulier de la matière infinie et éternelle.

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  • Le matérialisme dialectique et la place historique de la femme

    Le matérialisme dialectique considère que chaque chose a deux aspects, dont la contradiction forme le moteur du mouvement, du développement. Il n’est pas difficile de voir que chaque espèce animale connaît deux sexes, dont la contradiction a comme moteur la reproduction.

    Pour cette raison, dans l’histoire de l’Humanité, la femme a possédé une reconnaissance particulière. Durant la première étape, celle du matriarcat, la femme était considérée comme un équivalent supérieur de l’homme, puisqu’elle était en mesure de donner la vie après l’avoir portée.

    Durant ce long moment historique, de l’Humanité des débuts, le culte de la déesse-mère était accompagné d’un respect fondamental de l’ordre naturel.

    A cela a suivi le patriarcat, forme idéologique ayant accompagné deux phénomènes : la domestication de certains animaux et l’agriculture. Le rapport à la Nature a changé : l’Humanité a modifié sa propre situation et considère, en arrachant à la Nature ses bienfaits, être en mesure de la contrôler.

    Cette période se caractérise par un polythéisme où les déesses, de rôle secondaire, sont les restes des déesses-mères intégrées dans une nouvelle forme mystique de compréhension du monde, puis par un monothéisme caractérisé par un Dieu unique de logique tribale, puis ethnique.

    L’émergence de la féodalité a affaibli le patriarcat, puis le mode de production capitaliste l’a liquidé.

    Toutefois, le mode de production capitaliste lui-même émerge des formes précédentes d’organisation de la reproduction de la vie : c’est cela qui explique la situation des femmes qui, même dans des pays marqués par un capitalisme développé, souffrent de nombreux types d’oppression de type patriarcal.

    Cela s’explique par l’absence de saut qualitatif par rapport aux deux périodes antagoniques qu’ont été le matriarcat et le patriarcat.

    La libération de la femme ne peut se produire, dialectiquement, que par le dépassement du patriarcat, c’est-à-dire en récupérant le développement des forces productives permis par l’esclavagisme, le féodalisme, le capitalisme, mais en modifiant radicalement le rapport à la nature, pour en revenir, de manière plus développée, à celui qui existait durant le matriarcat.

    Le matérialisme dialectique rejette les conceptions idéalistes selon lesquelles l’Humanité ne serait pas animale, selon lesquelles elle serait sortie de la nature, selon lesquelles elle serait marquée par une séparation du corps et de l’esprit.

    Nier l’existence d’hommes et de femmes, comme le fait l’idéologie post-moderne, notamment des queers, est une tentative de nier la dialectique de la nature. De la même manière, il y a des idéologies réactionnaires qui privilégient le statu quo ou le retour en arrière dans le rapport hommes-femmes.

    Le matérialisme dialectique prône lui l’avancée et considère que l’établissement de nouveaux rapports – non antagoniques – de l’Humanité avec la nature produit le dépassement du patriarcat, en asséchant définitivement sa base née de la domestication et de l’agriculture.

    La femme est ici la clef, dans son vécu, du lien de l’Humanité avec la vie elle-même, avec la nature.

    C’est la raison d’ailleurs pour laquelle l’Église catholiquetend toujours davantage à utiliser l’image de la Vierge Marie de manière toujours plus systématique, comme « lien » humain avec la « création », parallèlement à un pseudo discours écologiste.

    La véritable écologie – le retour assumé de l’Humanité à la nature – passe par l’affirmation du féminisme au sein du mouvement communiste, comme abolition des rapports patriarcaux par l’émergence de nouveaux rapports avec la Nature.

    C’est cela qui explique la proportion très importante de femmes dans les mouvements de défense de la Nature, dans ceux de protection des animaux, dans le pacifisme.

    La figure de l’homme œuvrant à modifier violemment la Nature va céder la place à celle de la femme agissant de manière scientifique en harmonie avec la Nature.

    Le féminisme, pour cette raison, profite de l’informatisation, de la robotisation, des connaissances scientifiques reconnaissant la biosphère comme ensemble organisé de la vie sur la Terre.

    L’avènement de l’ère de paix universelle que sera la République socialiste mondiale va de paire avec l’expression toujours plus grande des femmes au sein de la société, de par leur position essentielle comme vectrice de la vie.

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  • Le matérialisme dialectique et la notion d’imitation

    Le matérialisme dialectique considère que l’esprit est façonné par la réalité, c’est-à-dire que les pensées ne sont que le reflet, plus ou moins synthétisé, de la matière.

    C’est le propre du matérialisme, dans son opposition à l’idéalisme, de réfuter la théorie du « libre-arbitre », de la spiritualité, et ce au profit de la seule réalité matérielle.

    Les sens sont ainsi les caractéristiques essentielles aux êtres humains dans leur liaison avec la réalité comme ensemble. L’être humain n’a pas de sens : il est ses sens ; l’esprit est une capacité de raisonnement qui s’est fondée non pas à côté des sens, mais à partir des sens.

    C’est pour cette raison que, dès de le début de la Métaphysique, Aristote souligne l’importance de la vue. Il le fait avec raison, car des « cinq sens » (Aristote n’en reconnaissait que cinq, mais en fait il y en a beaucoup plus), c’est la vue qui nous semble le plus important, qui est celui le plus avancé dans le principe du reflet. La vue permet de cerner le plus rapidement une partie de la réalité, d’y agir.

    « L’homme a naturellement la passion de connaître ; et la preuve que ce penchant existe en nous tous, c’est le plaisir que nous prenons aux perceptions des sens.

    Indépendamment de toute utilité spéciale, nous aimons ces perceptions pour elles-mêmes; et au-dessus de toutes les autres, nous plaçons celles que nous procurent les yeux.

    Or, ce n’est pas seulement afin de pouvoir agir qu’on préfère exclusivement, peut-on dire, le sens particulier de la vue au reste des sens; on le préfère même quand on n’a absolument rien à en tirer d’immédiat ; et cette prédilection tient à ce que, de tous nos sens, c’est la vue qui, sur une chose donnée, peut nous fournir le plus d’informations et nous révéler le plus de différences. »

    Aristote aborde directement la question du rapport entre la vue et le reflet, en parlant d’imitation dans la Poétique. Il préfigure ici absolument la conception matérialiste dialectique dans les arts, c’est-à-dire le réalisme socialiste.

    Voici comment Aristote présente de manière magistrale le principe de l’imitation :

    « I. Il y a deux causes, et deux causes naturelles, qui semblent, absolument parlant, donner naissance à la poésie.

    II. Le fait d’imiter est inhérent à la nature humaine dès l’enfance; et ce qui fait différer l’homme d’avec les autres animaux, c’est qu’il en est le plus enclin à l’imitation : les premières connaissances qu’il acquiert, il les doit à l’imitation , et tout le monde goûte les imitations.

    III. La preuve en est dans ce qui arrive à propos des oeuvres artistiques; car les mêmes choses que nous voyons avec peine, nous nous plaisons à en contempler l’exacte représentation, telles, par exemple, que les formes des bêtes les plus viles et celles des cadavres.

    IV. Cela tient à ce que le fait d’apprendre est tout ce qu’il y a de plus agréable non seulement pour les philosophes, mais encore tout autant pour les autres hommes ; seulement ceux-ci ne prennent qu’une faible part à cette jouissance.

    V. Et en effet, si l’on se plaît à voir des représentations d’objets, c’est qu’il arrive que cette contemplation nous instruit et nous fait raisonner sur la nature de chaque chose, comme, par exemple, que tel homme est un tel ; d’autant plus que si, par aventure, on n’a pas prévu ce qui va survenir, ce ne sera pas la représentation qui produira le plaisir goûté, mais plutôt l’artifice ou la couleur, ou quelque autre considération.

    VI. Comme le fait d’imiter, ainsi que l’harmonie et le rythme, sont dans notre nature (je ne parle pas des mètres qui sont, évidemment, des parties des rythmes), dès le principe, les hommes qui avaient le plus d’aptitude naturelle pour ces choses ont, par une lente progression, donné naissance à la poésie, en commençant par des improvisations.

    VII. La poésie s’est partagée en diverses branches, suivant la nature morale propre à chaque poète. Ceux qui étaient plus graves imitaient les belles actions et celles des gens d’un beau caractère; ceux qui étaient plus vulgaires, les actions des hommes inférieurs, lançant sur eux le blâme comme les autres célébraient leurs héros par des hymnes et des éloges. »

    On voit ainsi que l’art apparaît comme imitation, avec toutefois un apport ; en effet, la pensée elle-même obéit au mouvement dialectique et par conséquent la représentation est travaillée par le mouvement dialectique donnant naissance à la représentation.

    C’est ce qui a induit Hegel en erreur, voyant la dialectique dans la pensée elle-même et non plus dans la matière. Hegel a vu le mouvement dans la représentation, mais il n’a pas compris que ce mouvement était porté par ce qui était représenté, pas par la représentation.

    Cependant, Hegel a bien saisi que l’art n’était pas uniquement une imitation, mais également un processus de synthèse. Voici comment, dans l’Esthétique, il montre que l’art comme imitation est quelque chose d’insuffisant :

    « L’opinion la plus courante qu’on se fait de la fin que se propose l’art est qu’elle consiste à imiter la nature…

    Dans cette perspective, l’imitation, c’est-à-dire l’habileté à reproduire avec une parfaite fidélité les objets naturels, tels qu’ils s’offrent à nous constituerait le but essentiel de l’art, et quand cette reproduction fidèle serait bien réussie, elle nous donnerait une complète satisfaction.

    Cette définition n’assigne à l’art que le but tout formel de refaire à son tour, aussi bien que ses moyens le lui permettent, ce qui existe déjà dans le monde extérieur, et de le reproduire tel quel.

    Mais on peut remarquer tout de suite que cette reproduction est un travail superflu, que ce que nous voyons représenté et reproduit sur de tableaux, à la scène où ailleurs: animaux, paysages, situations humaines, nous le trouvons déjà dans nos jardins, dans notre maison, ou parfois dans ce que nous tenons du cercle plus ou moins étroit de nos amis et connaissances.

    En outre, ce travail superflu peut passer pour un jeu présomptueux, qui reste bien en-deça de la nature. Car l’art est limité par ses moyens d’expression, et ne peut produire que des illusions partielles, qui ne trompent qu’un seul sens.

    En fait, quand l’art s’en tient au but formel de la stricte imitation, il ne nous donne, à la place du réel et du vivant que la caricature de la vie.

    On sait que les Turcs, comme tous les mahométans, ne tolèrent qu’on peigne ou reproduise l’homme ou toute autre créature vivante. J.Bruce au cours de son voyage en Abyssinie, ayant montré à un Turc un poisson peint le plongea d’abord dans l’étonnement, mais bientôt après, en reçu la réponse suivante:  » Si ce poisson, au Jugement Dernier, se lève contre toi et te dit: tu m’as bien fait un corps, mais point d’âme vivante, comment te justifieras-tu de cette accusation? « .

    Le Prophète lui-aussi, comme il est dit dans la Sunna répondit à ses deux femmes, Ommi Habida et Ommi Selma, qui lui parlaient des peintures des temples éthiopiens: « Ces peintures accuseront leurs auteurs au jour du Jugement » (…).

    D’une façon générale, il faut dire que l’art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu’il ressemble à un ver qui s’efforce en rampant d’imiter un éléphant. »

    L’imitation n’est donc pas un reflet passif, mais une activité au sein de l’esprit. L’imitation est à la fois une réflexion de ce qui est extérieur à soi, mais en même temps une activité visant à reproduire à sa manière la réalité.

    Hegel remarque par conséquent que :

    « Les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon, tandis que l’homme, parce qu’il est esprit, a une double existence ; il existe d’une part au même titre que les choses de la nature, mais d’autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n’est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi.

    Cette conscience de soi, l’homme l’acquiert de deux manières : Primo, théoriquement, parce qu’il doit se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants du cœur humain et d’une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu’il tire de son propre fond que dans les données qu’il reçoit de l’extérieur.

    Deuxièmement, l’homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu’il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s’offre à lui extérieurement.

    Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu’il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations.

    L’homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu’il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité.

    Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l’enfant ; le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l’eau, admire en fait une œuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité. »

    Aristote et Hegel ont réalisé de splendides apports au matérialisme en abordant de manière franche la question de l’imitation. Cette notion est incontournable pour comprendre l’Humanité.

    Si l’on porte son attention sur ce qui fascine l’Humanité, on trouve d’ailleurs, outre l’art, les activités sportives. Or, il est frappant que lorsqu’on joue aux échecs ou qu’on joue au football, on se retrouve projeté dans une activité qui est menée en même temps par la personne en face de nous.

    L’imitation joue dans le sport un rôle moteur, de par la nature dialectique de la réalité, du principe de reflet, d’écho. À ce titre, la recherche en neurologie a établi le principe des « neurones miroirs ».

    L’imagerie médicale montre, en effet, que des neurones présents dans certaines régions du cortex cérébral s’activent lorsqu’on exécute une action ; ces mêmes neurones s’activent lorsqu’on voit quelqu’un faire cette même action, voire même seulement lorsqu’on pense que la personne va faire cette action.

    On a ici une véritable perspective de recherche, dont la substance ne pourra être montrée que par le matérialisme dialectique qui seul saisit la perspective de tout cela.

    L’imitation est au cœur du concept de matière, du principe de déterminisme ; l’imitation est, dans ses modalités, le témoignage de la validité de la théorie du reflet.

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  • Le matérialisme dialectique et l’art

    A partir du moment où l’être humain a commencé à travailler, c’est-à-dire à interagir de manière technique avec la nature, son esprit s’est agrandi, c’est-à-dire que ses raisonnements ont été toujours plus nombreux, parallèlement à la transformation matérielle de la réalité.

    La nature de ces raisonnements n’acquière une dimension authentiquement matérialiste qu’avec l’émergence de la bourgeoisie ; le caractère dialectique de ce matérialisme apparaît avec la classe ouvrière.

    Pour cette raison, les reflets de cette transformation dans l’esprit ont pu prendre, avec le matérialisme et le matérialisme dialectique, une nature troublée, brumeuse, déformée.

    La religion dans sa forme polythéiste est un de ces types de reflet, tout comme l’art qui l’accompagne qui est caractérisé par une dimension magique, troublante, liée aux rites.

    Cette étape était inévitable : le reflet de la réalité incomprise prenait nécessairement un aspect d’incompréhension, d’inquiétude face à la nature toute-puissante.

    La seconde étape est marquée par une tentative de maîtriser, à défaut de la réalité, au moins la société.

    Pour cette raison et en même temps en raison de l’arriération des modes de production à ce stade de l’humanité, l’art s’est vu considéré comme le vecteur de messages religieux idéalisés ou psychologiques.

    Platon attribuait ainsi à l’art le statut de reflet imparfait de « l’idéal », tandis que chez Aristote l’art était un moyen d’améliorer la psychologie des individus.

    Le christianisme prolonge cette démarche, où l’art se voit – avec les étapes romane et gothique – défini comme le témoignage de ce qu’il y a de meilleur, comme méthode de transmission des valeurs supérieures moralement.

    Par la suite, l’art s’est vu attribué une nature se voulant résolument plus intimiste.

    Avec la bourgeoisie apparaît l’émergence de l’individu, c’est la « vie intérieure » qu’est censé reflété l’art, avec également l’aspect important consistant à exposer de manière unilatérale le raffinement des couches supérieures de la société.

    Cependant, le cadre social général était maintenu et l’art gardait sa dimension liée à la religion ; pour cette raison, des philosophes comme Kant et Hegel ont tenté, inévitablement sans succès, de conceptualiser la contradiction évidente entre un goût individuel et une esthétique universelle.

    Avec le développement impérialiste du capitalisme, le relativisme, le nihilisme et le pessimisme ont donné naissance à l’art contemporain, dans un processus qui commence avec l’impressionnisme, en passant notamment par le cubisme et le surréalisme.

    Cela signifiait, avec le triomphe de l’individu comme clef de voûte de la vision bourgeoise du monde, la fin du beau comme universel, apprécié de manière individuelle, au profit d’un beau uniquement individuel, apprécié de manière universelle de manière relativiste.

    Les tourments individuels, le pessimisme quant à l’avenir, la fascination pour le morbide et l’insensé, le refus de ce qui semble harmonieux et agréable, la quête du sensationnalisme et des sensations fortes pour combler le manque intérieur, le culte du vide comme « absolu » et du trop-plein comme aboutissement productif, voilà ce qui définit l’art contemporain.

    C’était là la conséquence inévitable de la décadence de la bourgeoisie. Cependant, elle avait joué un rôle historiquement progressiste, en arrachant la production d’objets considérés comme beau à la religion.

    En agissant ainsi, elle permettait la reconnaissance de la très longue activité artistique populaire, qui a été défini comme folklore. Les artistes authentiques, producteurs et par conséquent porteurs d’une dimension démocratique, ont toujours puisé dans le folklore.

    Cela est vrai dans tous les domaines, même s’il est plus aisé d’en saisir la nature dans la peinture (par exemple avec Alfons Mucha) ou dans la musique (avec Wolfgang Amadeus Mozart), que dans la sculpture ou l’architecture.

    C’est qu’en arrière-plan, en plus de la question de la forme qui est reliée à la question démocratique – et par conséquent national dans de nombreux cas de nations opprimées – le contenu repose sur la reconnaissance entière de la réalité, dans toute sa complexité.

    Le contenu de l’art authentique est, par conséquent, selon le matérialisme dialectique, le réalisme, défini comme réaliste socialiste en URSS par Staline et Maxime Gorki.

    Le réalisme est, en effet, la retranscription synthétique de la réalité, avec comme exigences la véracité, le caractère historiquement concret, une haute maîtrise technique, une réelle simplicité permettant l’accessibilité, la présentation des différentes contradictions et la mise en avant de la tendance du nouveau contre l’ancien.

    L’art est, pour le matérialisme dialectique, une expression agréable, harmonieuse, belle, de la vision matérialiste (dialectique) de la réalité. L’art est un regard authentique sur la réalité, avec un coeur vrai et chaud permettant de souligner ce qui est vrai, vivant.

    Pour cette raison, Staline a pu désigner les écrivains réalistes socialistes comme les « ingénieurs des âmes ».

    Pour cette raison également, il a toujours existé des formes de réalisme, plus ou moins développées, toujours lié à ce qui est nouveau, par opposition à l’ancien. C’est ce qui explique l’appréciation des œuvres d’art du passé : on y retrouve une expression, même si encore enfantine, d’un regard authentique sur la réalité.

    Le réalisme est toujours ce qui a caractérisé les formes les plus développées, les plus authentiques d’art, accompagnant les idéologies portant les charges démocratiques les plus puissantes. Cela est vrai de la peinture flamande avec le protestantisme, comme de la peinture des ambulants dans le cadre du mouvement démocratique en Russie.

    En France, on trouve notamment au XVIIe siècle, de manière liée au protestantisme, les portraits du graveur Abraham Bosse, ainsi que la peinture des frères Le Nain, alors qu’au XIXe siècle on trouvera, de manière liée à la bourgeoisie, la grande vague réaliste en littérature, dont Honoré de Balzacest le plus grand représentant.

    Au XVIIe siècle encore, liée à la monarchie absolue (et en partie à la bourgeoisie) dans son rejet du féodalisme, on a également les écrivains se faisant les peintres de la psychologie : Molière, Jean Racine, Jean de La Bruyère.

    Il faut également mentionner les peintres réalistes du XIXe siècle, avec non pas tant Gustave Courbetque Léon Lhermitte et Jules Breton.

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  • Le matérialisme dialectique et l’anticapitalisme romantique

    Le matérialisme dialectique oppose, par définition, le nouveau à l’ancien ; le mouvement éternel de la matière procède par sauts qualitatifs et aucun retour en arrière n’est possible. Le nouveau, inévitablement, est faible, frêle, fragile, initialement, avant de triompher ; Mao a résumé cela par la formule « la voie est sinueuse, l’avenir est lumineux ».

    Selon les principes dialectiques, la contradiction au cœur du mode de production capitaliste a deux aspects : la classe ouvrière et la classe capitaliste. Ces deux aspects sont antagoniques et appellent, de manière dialectique, à l’établissement de la dictature du prolétariat au lieu de la dictature de la bourgeoisie.

    Une personne engagée de manière matérialiste dans la lutte des classes, le travail productif et l’expérimentation scientifique ne peut pas ne pas saisir cette dynamique dialectique. Si ce n’est pas le cas, alors inévitablement il y aura une tendance à être corrompu par le pessimisme, le nihilisme, qui relèvent de la bourgeoisie décadente.

    Un sentiment très fort qui se produit est l’impression d’être inadapté à son époque ; c’est le « mal du siècle » romantique où il semble que les possibilités d’épanouissement sont impossibles, contrairement en apparence à une époque précédente.

    Le romantisme exprime ainsi la nostalgie d’une époque qui n’a pas été connue, mais qui est idéalisée. Cette idéalisation permet de souligner des valeurs rentrant en conflit avec celles dominant à l’époque où la pseudo nostalgie est valorisée.

    Le romantisme est en pratique un phénomène pratiquement religieux, fonctionnant à la fois comme consolation, par la fuite esthétique, intellectuelle, spirituelle, et en même temps comme vecteur d’une protestation contre l’idéologie dominante et l’ordre établi.

    Or, de par les modalités d’existence du mode de production capitaliste, il existe des couches sociales qui, de manière temporaires, maintiennent un semblant d’existence, sans parvenir à devenir en tant que telles des classes sociales. Ces couches sociales, placées comme tampon entre le prolétariat et la bourgeoisie, peuvent être soit directement liées à la classe ouvrière comme les masses populaires, soit directement liées à la classe capitaliste comme l’appareil d’État.

    Leur nature sociale est variable et sujette à de nombreux changements, car ce ne sont pas des classes : seule la classe capitaliste et la classe ouvrière conservent leur stabilité historique, la bourgeoisie entrant toujours plus en décadence et comportant un nombre toujours plus réduit de gens, la classe ouvrière se renforçant.

    Pour cette raison, il y a un nombre très important d’idéologies semi-cohérentes représentant les intérêts de ces couches sociales qui apparaissent. Selon ce qui est nécessaire, ces idéologies piochent dans tous les courants politiques historiques, maintenant la fiction de la cohérence par le volontarisme et la fuite en avant, un vocabulaire pseudo-révolutionnaire, etc.

    Elles mettent en place un anticapitalisme romantique, c’est-à-dire mettant en avant une forme passée comme ayant été correcte mais corrompue, trahie. Il s’agirait, par conséquent, de faire repartir en arrière la roue de l’Histoire.

    Ces idéologies visent à justifier l’existence de certaines couches sociales aux yeux du capitalisme en se montrant capable de manipuler les masses populaires, tout comme elles cherchent à manipuler les masses populaires afin d’exercer une pression sur le capitalisme.

    Ces idéologies relèvent de l’anticapitalisme romantique. Elles ont un socle social commun, depuis les courants national-révolutionnaire, national-syndicaliste, fasciste, etc. jusqu’au communisme libertaire, l’anarchisme, etc.

    Elles reflètent un moyen de « geler » le capitalisme, de le « réformer » dans un sens petit-bourgeois, tout en maquillant cela derrière une rhétorique révolutionnaire.

    Lénine, dans La maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), note de manière importante :

    « On ne sait pas encore suffisamment à l’étranger que le bolchevisme a grandi, s’est constitué et s’est aguerri au cours d’une lutte de longues années contre l’esprit révolutionnaire petit-bourgeois qui frise l’anarchisme ou lui fait quelque emprunt et qui, pour tout ce qui est essentiel, déroge aux conditions et aux nécessités d’une lutte de classe prolétarienne conséquente.

    Il est un fait théoriquement bien établi pour les marxistes, et entièrement confirmé par l’expérience de toutes les révolutions et de tous les mouvements révolutionnaires d’Europe, – c’est que le petit propriétaire, le petit patron (type social très largement représenté, formant une masse importante dans bien des pays d’Europe) qui, en régime capitaliste, subit une oppression continuelle et, très souvent, une aggravation terriblement forte et rapide de ses conditions d’existence et la ruine, passe facilement à un révolutionnarisme extrême, mais est incapable de faire preuve de fermeté, d’esprit d’organisation, de discipline et de constance.

    Le petit bourgeois, « pris de rage » devant les horreurs du capitalisme, est un phénomène social propre, comme l’anarchisme, à tous les pays capitalistes.

    L’instabilité de ce révolutionnarisme, sa stérilité, la propriété qu’il a de se changer rapidement en soumission, en apathie, en vaine fantaisie, et même en engouement « enragé » pour telle ou telle tendance bourgeoise « à la mode », tout cela est de notoriété publique. »

    L’anticapitalisme romantique est toujours réactionnaire en tant qu’idéologie éclectique et anti-matérialiste ; les individus le portant sont de nature contradictoire politiquement, tendant vers la bourgeoisie ou le prolétariat selon les moments.

    La démarche de Front populaire et de démocratie populaire a été mise en avant, durant les années 1930 et 1940, comme moyen de convaincre de manière rationnelle et progressiste les éléments petit-bourgeois de leur intérêt à la démocratie et au socialisme.

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  • Le matérialisme dialectique et le principe de l’identité

    Dans la conception idéaliste du monde, on retrouve le principe de l’identité. Selon ce point de vue, si on nomme quelque chose A, on peut dire que A = A, c’est-à-dire qu’une chose est elle-même et reste elle-même.

    Pierre est Pierre ; il n’est pas Paul et il ne le sera jamais. Tout existe de manière séparée, avec ses particularités, ses propriétés, son identité. Le capitalisme, qui se fonde sur la reconnaissance de capitaux multiples dans la concurrence et d’un capital unique avec le monopole, systématise cette approche.

    Un individu est alors tellement identique à lui-même qu’il n’est, finalement, identique à personne, à part lui-même : il possède « son » code ADN, il peut « choisir » son « genre », il dispose d’un libre-arbitre complet, sa personnalité serait unique, etc.

    Le matérialisme dialectique considère que tout cela est faux ; s’il faut parler d’identité, alors cela ne peut être valable que pour l’Univers, qui est infini, éternel et à ce titre est « identique » au sens que, même s’il se transforme, il est unique, la seule chose qui existe.

    On peut parler de l’Univers aujourd’hui comme demain, car c’est le même espace, même en transformation. Il est la seule chose qui se maintienne, en tant que totalité organisée et en développement perpétuel.

    Pour le reste, c’est-à-dire les éléments de l’Univers, il est possible de dire que A = A, mais en même temps c’est faux. C’est là le principe dialectique de la réalité matérielle. Tout est en effet en mouvement et, pour reprendre l’image employée par le philosophe grec Héraclite, on ne peut pas se baigner deux fois dans le même fleuve.

    Pierre n’est déjà plus Pierre, car il s’est transformé, le faisant tout le temps ; on peut bien sûr parler de Pierre, mais cela sera relatif : il s’agit de Pierre à un moment précis, et encore cette manière de « fixer » la réalité, de la photographier, est une simplification.

    Une définition relevant de l’identité ne peut être que relative, descriptive, mais certainement pas absolue. Une définition décrit ce qu’on connaît d’une chose à un moment donné, mais cela ne saurait être éternel, car tout change, et change dans une infinité d’inter-relations que la science justement vise à saisir de manière toujours meilleure.

    Reprenons l’exemple de Pierre. Ce dernier n’existe pas isolément, pour le matérialisme historique : il est obligé d’obéir aux impulsions de sa classe sociale, selon des lois historiques. Il n’a pas un libre-arbitre, qui existerait de manière indépendante de la réalité.

    À cela s’ajoute que, sur le plan matériel, il n’est pas isolé du reste de la nature. La maladie est, par exemple, considéré comme une agression, comme un « mal », venant déranger un équilibre par définition statique.

    Un tel point de vue est idéaliste, faisant de l’individu une entité isolée. En réalité, l’individu est et n’est pas en même temps : il est relié à un ensemble – celui de la vie sur Terre, la Biosphère – dans la mesure où il est composé d’éléments chimiques, qui rentrent en interaction à une multitude de niveaux. Le réchauffement climatique est un exemple de cela.

    De plus, l’individu se décompose lui-même en toute une série d’éléments, dont notamment les bactéries. Or, les bactéries ne connaissent pas les frontières fictives imaginées par l’être humain et ce qu’on appelle maladie n’est rien d’autre qu’un processus de synthèse qui se déroule.

    Lorsque la maladie est remarquée, le saut produit par la synthèse a déjà eu lieu. Dans cette perspective, les maladies ne sont pas des « accidents », mais ont bien un sens, relevant du mouvement de la matière.

    C’est un sens qui nous échappe encore totalement, mais c’est une piste à suivre, car on ne peut pas séparer un individu abstraitement sain du reste de la nature.

    Naturellement, dans la conception idéaliste du monde, les individus font par contre « face » à la maladie ; c’est bien entendu la raison pour laquelle les scientifiques à la solde de la bourgeoisie butent entièrement sur des problématiques comme les cancers et le SIDA, caractérisées par un haut niveau de synthèse entre la maladie et le corps.

    Bien entendu, il y a l’arrière-plan la question de savoir si ces maladies relèvent d’un processus naturel, en quoi consiste ce processus naturel : il y a ici une gigantesque perspective du travail.

    Pour cela, encore faut-il comprendre que la matière en mouvement ne respecte pas le principe idéaliste d’identité ; elle ne connaît pas de frontières, que ce soit au niveau des bactéries comme des classes sociales, ainsi que de la Biosphère elle-même. Les êtres humains ne sont que des composantes de l’Univers ; le principe d’identité n’est qu’un fétichisme propre à la période capitaliste.

    En réalité, chaque chose obéit, de fait, à la loi de la contradiction et, par conséquent, elle possède en elle-même un mouvement interne, résumé par Mao Zedong dans la formule « 1 devient 2 ». C’est le principe du mouvement dialectique de la matière, A étant A et en même temps ne l’étant pas, cette contradiction étant le moteur du mouvement, le mouvement lui-même.

    Et non seulement A possède une contradiction interne, mais en plus il est inter-relié à d’autres choses, d’autres phénomènes. Le principe de l’identité isole arbitrairement une chose, un phénomène ; il prive également de mouvement de manière arbitraire, alors que tout est en mouvement.

    On peut bien sûr effectuer une sorte de photographie d’une chose à un moment, mais considérer que la chose sera toujours ainsi est anti-matérialiste. Le seul moyen de justifier le principe de l’identité est d’ailleurs de faire comme Platon et de placer « au ciel » des chiffres magiques, des « idées » issues de Dieu, qui auraient « formé » la matière.

    On voit aisément que la conception idéaliste du monde tente de systématiser une description purement mathématique de chaque phénomène, pour être en mesure d’agir immédiatement, avec un raisonnement de type unilatéral à court terme. C’est là sa nature pragmatique.

    La conception idéaliste du monde ne voit pas le mouvement ; elle ne voit que l’identité. La Terre a pour elle un satellite, la Lune, et elle-même tourne autour du Soleil, le processus se répétant « à l’infini » de par le principe de l’identité, une chose ne changeant jamais à moins qu’un événement de cause extérieure ne se produise.

    C’est cette conception idéaliste du monde qui fait que sont recherchées, de manière idéaliste, des causes « extérieures » aux problèmes (sociaux, sentimentaux, génétiques, etc.), au lieu de porter son attention sur le mouvement s’appuyant sur les contradictions internes.

    La conception matérialiste dialectique du monde ne voit pas l’identité de manière absolue, mais uniquement de manière relative ; elle voit surtout le mouvement, qui est la caractéristique même de la matière. La Terre est le lien d’une transformation de la matière vivante, dans un processus toujours plus complexe, de par sa dynamique interne, inépuisable étant donné que rien n’est indivisible.

    L’identité est au mieux une constatation propre à un moment défini arbitrairement, au pire une abstraction, un fétiche. Dans les faits, rien n’est identique, même pas à soi-même : tel est l’enseignement du matérialisme dialectique.

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  • Le matérialisme dialectique et le langage

    Le langage est un dispositif d’échange d’informations entre différents être vivants disposant d’une capacité de synthèse. Le langage, au sens strict, se distingue donc du « langage » informatique qui est une diffusion de données, utilisées selon des programmes, sans capacité de synthèse.

    Pour cette raison, le langage utilisé, par les humains et les animaux, est bien plus développé dans sa forme que le langage de type informatique. L’esprit de synthèse du récepteur n’est, en effet, possible que si les données elles-mêmes correspondent au façonnement d’un reflet dans l’esprit, d’une forme synthétique.

    Sans cela, le langage s’assécherait, alors qu’on voit qu’il s’approfondit, se densifie, devient de plus en plus riche. La réduction des capacités oratoires et rédactionnelles au sein du Mode de Production Capitaliste actuel témoigne d’ailleurs de sa réalité contre-nature.

    Cependant, il faut bien noter que cette réduction n’affaiblit pas tant le langage que les personnes l’utilisant. Pour cette raison, le matérialisme dialectique considère qu’il faut assumer la position culturellement la plus développée du langage, avant l’affaiblissement culturel individuel dû à la décadence impérialiste.

    Le langage n’est pas une superstructure, propre à un mode de production ; c’est une conception petite-bourgeoise que d’appeler à une révolution des formes, un langage « libéré », des « mots en liberté », etc.

    Staline, dans Le marxisme et les problèmes de linguistique, note de manière absolument juste :

    « Toute base a sa propre superstructure, qui lui correspond. La base du régime féodal a sa superstructure, ses vues politiques, juridiques et autres, avec les institutions qui leur correspondent ; la base capitaliste a sa superstructure à elle, et la base socialiste la sienne.

    Lorsque la base est modifiée ou liquidée, sa superstructure est, à sa suite, modifiée ou liquidée ; et lorsqu’une base nouvelle prend naissance, à sa suite prend naissance une superstructure qui lui correspond (…).

    La langue à cet égard diffère radicalement de la superstructure.

    La langue est engendrée non pas par telle ou telle base, vieille ou nouvelle, au sein d’une société donnée, mais par toute la marche de l’histoire de la société et de l’histoire des bases au cours des siècles. Elle est l’œuvre non pas d’une classe quelconque, mais de toute la société, de toutes les classes de la société, des efforts des générations et des générations.

    Elle est créée pour les besoins non pas d’une classe quelconque, mais de toute la société, de toutes les classes de la société. C’est pour cette raison précisément qu’elle est créée en tant que langue du peuple tout entier, unique pour toute la société et commune à tous les membres de la société. »

    Le langage, qui a pris la forme de langues dans chaque cadre national, est ainsi lié au mouvement même de la matière. En ce sens, il est vivant, il se développe, grandit. Il accompagne le développement de l’Humanité, étant son moyen de communication au sein de ses activités.

    Il n’y a pas de langage sans activités ; le langage n’existe qu’au sein d’une Humanité agissante. Staline dresse par conséquent le constat suivant :

    « La langue, au contraire, est liée directement à l’activité productrice de l’homme, et pas seulement à l’activité productrice, mais à toutes les autres activités de l’homme dans toutes les sphères de son travail, depuis la production jusqu’à la base, depuis la base jusqu’à la superstructure. C’est pourquoi la langue reflète les changements dans la production d’une façon immédiate et directe, sans attendre les changements dans la base.

    C’est pourquoi la sphère d’action de la langue, qui embrasse tous les domaines de l’activité de l’homme, est beaucoup plus large et plus variée que la sphère d’action de la superstructure. Bien plus, elle est pratiquement illimitée.

    Voilà la raison essentielle pour laquelle la langue, plus précisément son vocabulaire, est dans un état de changement à peu près ininterrompu. Le développement ininterrompu de l’industrie et de l’agriculture, du commerce et des transports, de la technique et de la science exige de la langue qu’elle enrichisse son vocabulaire de nouveaux mots et de nouvelles expressions nécessaires à cet essor.

    Et la langue, qui reflète directement ces besoins, enrichit en effet son vocabulaire de nouveaux mots et perfectionne son système grammatical. »

    La question du système grammatical est ici très importante. La question est, en effet, de savoir s’il est né uniquement de façon arbitraire, comme sous-produit des échanges, avec de multiples variantes possibles selon les situations, les possibilités d’échanger (faciles ou non, orales ou écrites, commerciales ou religieuses, etc.).

    Staline a, sur ce plan, peut-être formulé de manière exacte la nature du système grammatical. Il a considéré que, dans le langage, les mots formaient l’aspect particulier et la grammaire l’aspect universel :

    « Le trait distinctif de la grammaire est qu’elle fournit les règles de modification des mots, en considérant, non pas des mots concrets, mais des mots en général, vidés de tout caractère concret; elle donne les règles de la formation des propositions en considérant, non pas des propositions concrètes, par exemple un sujet concret, un prédicat concret, etc., mais d’une façon générale toutes les propositions indépendamment de la forme concrète de telle ou telle proposition.

    Par conséquent, faisant abstraction du particulier et du concret, aussi bien dans les mots que dans les propositions, la grammaire prend ce qu’il y a de général à la base des modifications des mots et de la combinaison des mots au sein d’une proposition, et elle en tire les règles grammaticales, les lois grammaticales.

    La grammaire est le résultat d’un travail prolongé d’abstraction de la pensée humaine, l’indice d’immenses progrès de la pensée.

    A cet égard, la grammaire rappelle la géométrie qui énonce ses lois en faisant abstraction des objets concrets, en considérant ceux-ci comme des corps dépourvus de caractère concret et en définissant les rapports entre eux, non point comme des rapports concrets entre tels ou tels objets concrets, mais comme des rapports entre les corps en général, dépourvus de tout caractère concret. »

    Le problème de poser les choses ainsi est que cela empêche de saisir le rapport dialectique entre le vocabulaire et la grammaire propre à une langue. De fait, les mots sont façonnés historiquement de telle manière à s’insérer de la manière la plus nette possible dans la grammaire ; il y a donc interaction de chaque aspect et non pas séparation concret / abstrait, particulier / général.

    Le français, par exemple, sépare nettement chaque mot, alors que l’allemand peut en combiner certains tout en conservant également le principe de déclinaison, ce dernier étant encore généralisé en tchèque, alors qu’en finnois les prépositions sont placées à la fin de mots comme postpositions, etc.

    La nécessité d’avoir une communication aisée a donné naissance à un vocabulaire adapté aux formes grammaticales, tout comme ces dernières ont pris forme en répondant à des besoins concrets, pratiques.

    L’étude de l’approche concrète de chaque langue est ainsi nécessaire, afin de saisir comment l’unification mondiale du langage se développe, jusqu’à sa réalisation dans le communisme.

    Il va de soi ici qu’on ne peut prendre en considération que les langues réelles, et non pas les langues fictives inventées par des intellectuels romantiques idéalisant une nation imaginaire, des traditions imaginaires, etc.

    En ce sens, le constat fait par Staline est entièrement juste :

    « La langue compte parmi les phénomènes sociaux qui agissent pendant toute la durée de l’existence de la société. Elle naît et se développe en même temps que naît et se développe la société. Elle meurt en même temps que la société. Pas de langue en dehors de la société.

    C’est pourquoi l’on ne peut comprendre la langue et les lois de son développement que si l’on étudie la langue en relation étroite avec l’histoire de la société, avec l’histoire du peuple auquel appartient la langue étudiée et qui en est le créateur et le dépositaire.

    La langue est un moyen, un instrument à l’aide duquel les hommes communiquent entre eux, échangent leurs idées et arrivent à se faire comprendre.

    Directement liée à la pensée, la langue enregistre et fixe, dans les mots et les combinaisons de mots formant des propositions, les résultats du travail de la pensée, les progrès du travail de l’homme pour étendre ses connaissances, et rend ainsi possible l’échange des idées dans la société humaine. »

    La langue n’obéit pas simplement au mouvement dialectique en général, elle le fait selon des modalités concrètes, restant à étudier. La formation du français moderne à l’époque du classicisme est certainement une période clef pour saisir les modalités d’approfondissement d’une langue.

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  • Le matérialisme dialectique et la matière vivante

    La matière va au communisme : c’est le noyau idéologique véritable du matérialisme dialectique. Étant donné que la matière – qui est infinie et éternelle – se meut sans arrêt et dans la forme d’une spirale, à travers des sauts qualitatifs, elle avance de plus en plus en termes de complexité et d’organisation. Le communisme est le mouvement vers toujours plus de coordination, d’interrelation, d’interpénétration, de processus profonds de combinaisons. C’est le principe de la synthèse.

    L’Humanité a joué un rôle important ici dans la transformation de la biosphère, c’est-à-dire de la Terre comme système vivant, en ce qu’elle a modifié les conditions de manière importante. Le problème est ici d’avoir une compréhension correcte du développement inégal.

    Est-ce que l’Humanité est d’une nature spéciale, étant la seule partie de la matière vivante à avoir une valeur véritable ? Ou est-ce que l’humanité est la partie d’un processus général de la matière, en particulier de la matière vivante ?

    Les communistes de l’Union Soviétique ont considéré que l’Humanité était l’expression d’une rupture dans le développement de la nature ; seule l’Humanité, comme meilleure expression de l’évolution, devrait être prise en compte. Ce point de vue anthropocentrique était commun à Staline, Maxime Gorki, Vladimir Vernadsky ou Ivan Mitchourine.

    Une fameuse citation d’Ivan Mitchourine résume cela de la manière suivante : « Nous ne pouvons pas attendre les faveurs de la Nature. Les lui prendre – c’est notre tâche. »

    Nous ne pouvons pas accepter ce point de vue, qui est l’expression seulement de l’arriération de l’Union Soviétique dans l’agriculture, avec un important secteur étant autonome du plan socialiste général – les kolkhozes – ou même indépendant, comme la petite production (qui était anecdotique mais jouait encore un rôle important dans la production de l’alimentation).

    Pourquoi cela ? Parce qu’il n’y a pas de raison de séparer l’Humanité en tant que matière vivante du processus général de la matière en développement. Faire cela – ce que nous devrions qualifier d’anthropocentrique – n’est pas conforme au matérialisme dialectique.

    Il est de signification historique que Staline, Maxime Gorki, Vladimir Vernadsky, Ivan Mitchourine, ont tous souligné la nécessité de voir les choses en termes de système, mais, précisément sur ce point particulier, sont allés dans le sens d’une conception d’une Humanité comme séparée, ce qui est en contradiction avec toutes leurs propres conceptions.

    Mao Zedong est celui qui a compris cela. En ce sens, il n’est absolument pas en contradiction avec Staline (ou Maxime Gorki, Vladimir Vernadsky, Ivan Mitchourine). Il prolonge le matérialisme dialectique, comprenant le besoin de voir de meilleure manière comment la matière se développe elle-même.

    C’est exactement pourquoi il a rejeté le concept de « négation de la négation ». Ce concept donne la fausse impression qu’il serait possible de séparer des stades d’autres stades dans un processus qui, en réalité, est d’un type qu’on doit définir comme multiforme.

    La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne avait, en fait, une fonction : généraliser la conception selon laquelle rien n’est indivisible, que tous les processus sont dialectiques et qu’ainsi chaque personne doit avoir un point de vue matérialiste dialectique dans chaque domaine.

    Cela fut déjà formulé en URSS, mais là les domaines étaient séparés, tandis que Mao Zedong a unifié tous ces domaines dans ce que nous pouvons appeler une cosmologie, une compréhension directe de la substance de l’Univers, qui doit être pris comme un, et un seul, sans stades, domaines, etc.

    Bien entendu, il est plus simple de définir des stades et des domaines, mais cela ne peut être que descriptif ; le socialisme est vraiment un stade suivant le capitalisme, mais il n’est pas négation de la négation (le capitalisme niant le féodalisme), parce que quelque chose comme un stade ancrerait le mouvement qui, en fait, ne s’arrête jamais.

    C’est pourquoi nous devons considérer que la matière se développe dans un processus général, que la matière vivante est un processus dialectique qui, en tant que tel, dispose d’une dignité.

    De la même manière qu’il est absurde de briser des atomes pour produire de l’énergie – alors que la Nature a utilisé le mouvement dialectique pour produire des sauts qualitatifs pour fusionner des atomes – il est absurde de détruire de la matière vivante qui consiste en le développement dialectique produit par la Nature.

    Bien sûr, ce que nous appelons ici Nature est l’Univers lui-même ; il n’y a pas de différence entre la Nature et l’Univers, et c’est également la seule chose qui existe, en tant que substance unifiée, comme processus unifié de toute la matière.

    C’est le véritable monisme, c’est le vrai athéisme, c’est ce qu’explique le matérialisme dialectique.

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