Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • Tchoa Yang : Ouvriers, paysans et soldats tibétains font leur entrée dans les écoles supérieures

    par Tchoa Yang, extrait de Grands changements au Tibet, publié en 1972

    Des ouvriers, paysans et soldats tibétains et d’autres minorités nationales vivant au Tibet, ainsi que des fils et des filles des serfs émancipées, tous choisis parmi les meilleurs, ont été admis récemment dans des écoles supérieurs de Pékin et du Chensi.

    Les révolutionnaires de toutes les nationalités du Tibet voient en cela un grand événement dans leur vie politique, et déclarent que c’est là une grande victoire de la ligne prolétarienne du président Mao en matière d’enseignement, une grande victoire de la politique du Parti vis-à-vis des nationalités.

    Ces nouveaux étudiants choisis au Tibet, au nombre d’environ 400, appartiennent aux nationalités tibétaine, louoba, menba et autres. La plupart d’entre eux sont des enfants de serfs. Dans l’ancienne société, sous l’exploitation et l’oppression impitoyables des couches réactionnaires, les serfs menaient une vie de bêtes en somme.

    Leurs enfants étaient privés du droit à l’instruction. A l’époque, tout le Tibet ne comptait en tout et pour tout que deux écoles qui formaient des fonctionnaires religieux ou laïcs,et fermaient leurs portes aux enfants des travailleurs.

    Après la Libération, le Parti et le gouvernement populaire ont établi au Tibet un grand nombre d’écoles primaires et secondaires, ce qui a permis aux enfants des travailleurs de s’instruire.

    Cependant, la ligne prolétarienne du président Mao en matière d’enseignement n’a pu être bien appliquée à cause de l’interférence de la ligne révisionniste contre-révolutionnaire de Liou Chao-chi, renégat, agent de l’ennemi et traître à la classe ouvrière, et du sabotage qui en est résulté.

    Par conséquent, un nombre considérable d’enfants de travailleurs avaient toujours difficilement accès aux écoles, en particulier aux universités.

    La Grande Révolution culturelle prolétarienne a écrasé la ligne révisionniste contre-révolutionnaire depuis longtemps appliquée par Liou Chao-chi et ses agents dans le domaine de l’enseignement, ce qui a été une garantie sûre que les écoles seraient désormais ouverte aux ouvriers, paysans et soldats.

    A la bonne nouvelle que l’Institut centrale des minorités nationales et d’autres écoles supérieures de Pékin recrutaient au Tibet des étudiants parmi les ouvriers, paysans et soldats, les serfs émancipés furent transportés de joie.

    Ils considérèrent la sélection des étudiants comme une sérieuse tâche politique concernant la formation des continuateurs de la cause révolutionnaire et la consolidation de la dictature du prolétariat.

    Après un choix minutieux, les diverses localités et unités ont recommandé aux écoles supérieures des ouvriers, des membres de coopératives agricoles et de communes populaires, des combattants de l’A.P.L., des cadres d’unités de base et des enfants de serfs émancipés, qui vouent une haine implacable à l’ancienne société, laquelle leur avait infligé les pires souffrances, et éprouvent la plus profonde affection pour le président Mao, le Parti communiste et le socialisme.

    Avant leur départ, les serfs émancipés de leur pays natal ou les masses révolutionnaires des unités où ils travaillaient ont organisé de chaleureuses cérémonies d’adieu en leur honneur.

    Ils les ont encouragés et leur ont recommandé de bien étudier dans l’intérêt de la révolution. Les nouveaux étudiants ont été unanimes à déclarer qu’ils feraient tout pour accomplir la tâche d’étude que leur confiait le Parti et pour ne pas décevoir l’espoir que celui-ci et les serfs émancipés mettaient en eux.

    Tsejenwangtouei, un facteur de Loka, fut très ému lorsqu’il fut admis à l’Institut central des minorités nationales.

    Dans l’ancienne société, les membres de sa famille étaient de génération en génération langcheng (esclaves héréditaires) des propriétaires seigneuriaux et aucun d’eux n’eut l’occasion de fréquenter l’école. Voici ce qu’il déclara à son départ :

    « Aujourd’hui, si nous, serfs émancipés, avons l’honneur d’entrer aux écoles supérieures, c’est grâce à la sollicitude du Parti et du président Mao envers le million de serfs libérés. Je suis déterminé à bien étudier pour servir le peuple toute ma vie durant. »

    Kayoing, de la nationalité menba, et Kientchang, de la nationalité louoba, sont deux jeunes filles. Sous l’abominable servage féodal, les femmes travailleuses de ces deux nationalités souffraient encore plus que les hommes. Elles étaient traitées comme des bêtes. La naissance d’une fille étaient considérée comme « une chose néfaste ».

    Kayoing et Kientchang avaient à peine deux ans, quand les seigneurs avaient forcé leurs parents à les vendre, disant que cela pourrait écarter le « malheur ».

    Aujourd’hui, elles sont étudiantes.

    La comparaison entre le passé et le présent leur fait dire : « Comment ne pas nous sentir heureuses ! »

    Elles ont affirmé qu’elles n’oublieraient jamais les souffrances de classe, étudieraient assidûment dans l’intérêt de la révolution afin de devenir des continuatrices de la cause révolutionnaire du prolétariat digne de ce nom.

    Yongti, membre du Parti communiste, était chef de section d’une unité de l’A.P.L. stationnée au Tibet. Sa famille habite la steppe du Tibet du nord.

    Faire paître les troupeaux pour les seigneurs féodaux avait été le lot de ses parents et grands-parents, et ce n’est qu’avec l’accomplissement de la Réforme démocratique au Tibet et le renversement du servage féodal en 1959 que cette famille fut complètement émancipée.

    Puis, Yongti s’est engagé dans l’A.P.L., où, en s’instruisant dans les domaines politique, militaire et culturel, il fit des progrès rapides. Lorsqu’on lui signifia son envoi à l’université, il déclara que quel que fût son poste, il serait toujours un combattant du peuple, résolu à défendre la ligne révolutionnaire du président Mao, et à accomplir sans relâche de nouveaux exploits pour le peuple.

    Ces nouveaux étudiants ont quitté les diverses régions du Tibet vers fin novembre 1971 et suivent maintenant des cours dans différentes écoles supérieures où ils mènent une nouvelle vie de combat.

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  • La théorie des deux points

    par Situé Li, publié dans Pékin Information, le 10 janvier 1972

    Dans le n°27, 1971, de « P.I. » figure un article des Rédactions du « Renmin Ribao », du « Hongqi » et du « Jiefangjun Bao », intitulé : « Célébrons le cinquantième anniversaire du Parti communiste chinois », dans lequel un appel était lancé aux membres et aux cadres du Parti pour qu’ils examinent les problèmes selon « la théorie des deux points et non celle d’un seul ».

    Certains lecteurs nous ayant demandé des éclaircissements, nous publions à leur intention l’article ci-dessous.

    Qu’est-ce que la théorie des deux points ?

    C’est ce que nous appelons habituellement la dialectique matérialiste, ou encore la théorie marxiste-léniniste de la loi fondamentale de l’univers.

    Le président Mao a d’ailleurs fait à ce sujet un exposé complet et approfondi dans son ouvrage De la contradiction. Nous nous bornerons donc à exposer brièvement notre compréhension de ce problème.

    Quelle est la loi du mouvement et du développement de l’univers ?

    Ce n’est qu’avec l’apparition de la théorie de la philosophie marxiste qu’une réponse scientifique a pu être apportée à cette question.

    Dans le Capital, traitant de la loi qui porte à produire une baisse tendancielle du taux de profit général, K. Marx écrit : Cette loi, c’est

    « cette connexion interne et nécessaire entre deux choses qui se contredisent en apparence ».

    Le marxisme estime que toute chose et tout phénomène objectifs comportent deux tendances opposées − l’interdépendance et la lutte réciproque − qui déterminent l’existence de toutes les choses et de tous les phénomènes et les poussent dans leur développement.

    V.I. Lénine disait :

    « On peut brièvement définir la dialectique comme la théorie de l’unité des contraires. »

    Et d’ajouter que c’est là

    « le noyau de la dialectique ».

    Le président Mao a dit pour sa part :

    « La philosophie marxiste considère que la loi de l’unité des contraires est la loi fondamentale de l’univers.

    Cette loi agit universellement aussi bien dans la nature que dans la société humaine et dans la pensée des hommes. Entre les aspects opposés de la contradiction, il y a à la fois unité et lutte, c’est cela même qui pousse les choses et les phénomènes à se mouvoir et à changer. »

    La loi de l’unité des contraires, c’est la conception marxiste du monde, la méthodologie marxiste. Avoir une conception marxiste du monde, c’est considérer toute chose et tout phénomène comme une unité des contraires, conformément à la loi de leur mouvement et de leur développement.

    Quant à la méthodologie marxiste, elle est l’utilisation de cette loi pour connaître et transformer le monde. La méthodologie s’appelle, dans notre langage courant, la méthode dialectique de l’analyse. Elle a été qualifiée par Lénine de « dédoublement de ce qui est un » et par le président Mao de « un se divise en deux ».

    Dans la pratique révolutionnaire, l’application correcte de la conception marxiste du monde et de la méthodologie marxiste revêt une importance capitale. Si l’on n’arrive pas à posséder la méthode dialectique de J’analyse, qui est une méthode scientifique, on ne pourra connaître le monde tel qu’il est et encore moins le transformer.

    C’est pourquoi Je président Mao a maintes fois recommandé aux cadres du Parti de savoir utiliser la méthode scientifique de l’analyse.

    Pour en faciliter la compréhension, il s’est toujours servi pour traiter de différents choses et phénomènes d’un langage populaire, vivant et facile à comprendre, et les expressions les plus couramment employées sont la théorie des deux points, la méthode de partage en deux et la double nature. Bien que ces expressions soient différentes, elles traduisent toutes la loi de l’unité des contraires.

    En envisageant toute question, qu’il s’agisse de l’évaluation d’un travail, de l’étude des problèmes de la production, de l’analyse de la situation mondiale ou de la direction d’une guerre révolutionnaire etc., il faut adhérer sans exception à la théorie des deux points et appliquer la méthode dialectique de l’analyse.

    Le président Mao a dit que « notre attitude à l’égard de chaque personne et de chaque question doit être l’analyse et l’étude » et qu’ « il est nécessaire de tracer une ligne de démarcation entre ce qui est juste et ce qui est faux, entre ce qui est succès et ce qui est insuffisance ».

    Quel que soit le travail qu’il accomplit, un vrai révolutionnaire apporte une contribution à la révolution dans la mesure où il œuvre dans l’intérêt du peuple et applique une ligne juste ; son travail doit alors être considéré comme essentiellement positif. Il faut soumettre celui-ci à une analyse concrète et éviter de tout admettre ou de tout rejeter, en bloc, sans voir les insuffisances et erreurs dans un cas et les succès dans l’autre.

    De même, nous devons adopter une attitude analytique à l’égard des difficultés comme de l’avenir lumineux. En luttant contre l’impérialisme étranger et la réaction intérieure, les nations et peuples opprimés connaissent inévitablement des vicissitudes et ne peuvent faire un pas en avant sans surmonter de nombreux obstacles.

    En l’occurrence, il leur faut avoir en vue aussi bien les difficultés que l’avenir lumineux ; il leur faut admettre l’existence des difficultés, les analyser et les combattre avec la conviction que leurs efforts les conduiront vers de brillantes perspectives.

    Les succès et les insuffisances, les difficultés et l’avenir radieux, tels sont les deux aspects d’un seul et même processus, telle est l’unité des contraires. Si l’on ne tient compte que des succès et du côté lumineux sans être conscient des insuffisances et des difficultés, on agira à l’aveuglette et mènera à l’échec l’ensemble de l’œuvre.

    Inversement, on versera dans la passivité et le pessimisme et finira par abandonner la lutte en perdant tout espoir en la victoire.

    Quand il s’agit d’évaluer les forces réactionnaires, il faut également recourir à la théorie des deux points, autrement dit, tenir compte de leur nature double.

    Ces forces s’acheminent vers une ruine inévitable parce qu’elles représentent les classes décadentes et qu’elles se font l’ennemie des peuples de leurs propres pays et du reste du monde.

    C’est en se fondant sur ce principe que le président Mao a formulé sa célèbre thèse selon laquelle « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ».

    D’autre part, il faut se rendre compte du fait que l‘impérialisme et les réactionnaires ne sont que temporairement forts parce qu’ils tiennent encore entre leurs mains l’appareil d’État ou même des armes nucléaires.

    Dans ce sens, ce sont de vrais tigres, des tigres mangeurs d’homme, auxquels nous devons faire face avec tout le sérieux voulu.

    Partant de l’analyse de la double nature des forces réactionnaires, le président Mao a formulé le concept stratégique : « Du point de vue stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis, et, du point de vue tactique, en tenir pleinement compte », concept qui permet au prolétariat de vaincre l’ennemi et de s’assurer la victoire.

    Ce jugement du président Mao a été corroboré par l’histoire de la révolution chinoise de même que par la pratique révolutionnaire dans de nombreux pays.

    Il faut encore recourir à la théorie des deux points dans l’analyse de la situation mondiale. Le 20 mai 1970, le président Mao, dans une déclaration solennelle intitulée : « Peuples du monde, unissez-vous, pour abattre les agresseurs américains et tous leurs laquais ! », a indiqué que « le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeure et les peuples du monde doivent y être préparés. Mais aujourd’hui, dans le monde, la tendance principale, c’est la révolution. »

    Le « danger d’une guerre mondiale » et la « révolution » sont les deux aspects de cette unité qu’est la situation mondiale. Et qu’en est-il de ces deux aspects ?

    Le président Mao a souligné que « le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeure » et que « la révolution est la tendance principale ».

    C’est après avoir observé et analysé l’évolution de la situation mondiale de ces vingt et quelques dernières années et étudié les changements intervenus dans le rapport des forces entre les peuples révolutionnaires d’une part et l’impérialisme américain et ses laquais de l’autre que le président Mao a dégagé cette thèse perspicace portant sur les caractéristiques de la situation de la lutte de classes sur le plan international.

    L’histoire d’après-guerre qui s’étend sur une vingtaine d’années est une histoire qui a vu les peuples mener contre l’impérialisme américain et ses laquais des combats acharnés et toujours recommencés, une histoire au cours de laquelle ces derniers n’ont cessé de se livrer à des guerres d’agression et les peuples de divers pays n’ont cessé de recourir à la guerre révolutionnaire pour vaincre les agresseurs.

    Animé de l’ambition de dominer le monde, l’impérialisme américain se livre partout à l’agression, à l’intervention et au sabotage, amenant ainsi les peuples de divers pays à discerner de plus en plus clairement sa nature agressive et sa faiblesse inhérente et à se jeter dans des luttes révolutionnaires contre l’agression et l’oppression.

    Avec l’exacerbation des diverses contradictions fondamentales, la prise de conscience des peuples s’affirme et le mouvement révolutionnaire des peuples du monde s’amplifie. La lutte contre l’impérialisme américain connaît actuellement un nouvel et impétueux essor à l’échelle mondiale.

    Les pays veulent l’indépendance, les nations veulent la libération et les peuples veulent la révolution, tel est le courant irrésistible de l’Histoire, la tendance principale du développement actuel de la situation internationale.

    Le monde change et devient toujours plus favorable aux peuples. Nous avons là l’un des deux aspects qui est de plus l’aspect principal ; mais il ne faut pas perdre de vue l’autre aspect, à savoir que la nature agressive de l’impérialisme ne changera jamais.

    L’impérialisme U.S. ne saurait se résigner à sa défaite ; il n’a pas relâché un seul instant sa course aux armements et ses préparatifs de guerre ni renoncé le moins du monde à ses ambitions agressives. V.I. Lénine disait :

    « La guerre des temps modernes est engendrée par l’impérialisme. »

    En effet, tant que celui-ci existe, le monde ne peut pas connaître de tranquillité et est menacé d’une nouvelle guerre mondiale.

    Voilà l’autre aspect du développement du monde d’aujourd’hui. Il serait dangereux de ne voir que les flammes de la lutte révolutionnaire et non l’ennemi qui affile son épée, et de vouloir dormir sur ses deux oreilles puisque la situation est excellente.

    Pour s’en tenir à la théorie des deux points, il est indispensable de s’opposer à celle d’un seul. Cette dernière est la méthodologie métaphysique de l’idéalisme qui fait envisager les choses de façon absolue et unilatérale. Tout comme l’a indiqué le président Mao :

    « La métaphysique, ou l’évolutionnisme vulgaire, considère toutes les choses dans le monde comme isolées, en état de repos ; elle les considère unilatéralement. »

    De ce de point de vue, on considérerait le monde objectif comme une entité figée et immuable où n’existent pas de liens réciproques, ou encore on prendrait un aspect pour le tout. Cette conception du monde et cette méthodologie de nature idéaliste sont contraires à la loi du développement des choses objectives. Les utiliser pour analyser la situation, régler une affaire ou commander une guerre ne peut que conduire à l’échec.

    Pouvoir ou non s’en tenir à la théorie des deux points et rompre avec celle d’un seul n’est pas simplement une question de méthode mais une question de conception du monde.

    La première est la conception prolétarienne du monde tandis que la seconde est la conception du monde de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses.

    Dans la société de classes, il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe et ne soit déterminée par l’orientation politique d’une classe donnée.

    Ceux qui ne sont pas issus des classes exploiteuses subissent néanmoins inévitablement l’influence de l’idéalisme et de la métaphysique qui est partout présente dans la société de classes.

    C’est pourquoi, dans les rangs révolutionnaires, chacun doit veiller à éliminer de son esprit les vues idéalistes et métaphysiques et transformer sans cesse son monde subjectif au cours de la lutte pour transformer le monde objectif.

    Ainsi seulement parviendra-t-on à s’en tenir à la théorie des deux points et à s’opposer à celle d’un seul.

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  • Nous travaillons la terre en nous guidant sur la pensée philosophique du président Mao

    Par la cellule du Parti, les paysans pauvres et moyens-pauvres de la brigade de Tatchai, district de Siyang, province du Chansi, 1972

    Notre grand dirigeant, le président Mao, nous enseigne : « Que la philosophie soit libérée de la salle de conférence et des livres des philosophes, et devienne une arme acérée aux mains des masses. »

    Nous, les habitants de Tatchai, en étudiant consciencieusement les œuvres du président Mao et en agissant suivant ses enseignements, nous n’avons cessé depuis bien des années de nous guider sur sa brillante pensée philosophique dans la production agricole.

    Chaque année, nous goûtons un peu plus les bienfaits que nous apporte le travail scientifique de la terre.

    Travailler la terre, c’est avoir affaire à la nature, qui varie de dix mille façons, et c’est à l’homme de décider des mesures à prendre pour lui faire face.

    conséquence, ce n’est qu’en étudiant consciencieusement la pensée du président Mao en matière de philosophie, qu’il est possible de mieux connaître le monde objectif, de le transformer en même temps que le monde subjectif et d’arracher d’abondantes récoltes.

    Nous parlerons ci-dessous de quelques enseignements que nous avons tirés de cette étude.

    Les cultures à haut rendement et celles à bas rendement

    En nous nous efforçant d’obtenir des récoltes toujours meilleures, il nous est arrivé de nous trouver devant une contradiction dans certains champs : à quoi donner la place principale ?

    Au maïs, au millet ou aux légumineuses ?

    Ceux qui trouvaient que le maïs donnait davantage, lui réservaient la majeure partie des terres, le reste au millet et ne laissaient pratiquement rien pour les cultures de moindre importance. Ils avaient tort.

    Ce serait une affirmation trop absolue que de qualifier certaines cultures comme étant de « haut rendement » et d’autres de « bas rendement ». Autrefois, quand notre Tatchai était un endroit où il n’y avait pour ainsi dire pas un mètre carré de terrain plat, où les calamités se succédaient avec les plants qui jaunissaient au bout de trois jours sans pluie et les terres qui étaient pratiquement « lavées » après chaque orage, il était hors de question de parler de haut rendement quelque fût la culture choisie.

    A cette époque, un peu plus de 20 % des terres étaient cultivées en maïs, et le rendement n’était que de 100 et quelques kilos par mou (1/15 d’hectare).

    Or, maintenant, en faisant valoir l’esprit d’initiative de l’homme, nous sommes parvenus à avoir des champs nivelés avec une couche de terre arable très épaisse et fertile où toute culture pousse à merveille, et le rendement moyen de maïs par mou s’élève à plus de 500 kilos.

    Le rendement du blé, du millet et des légumineuses s’est également élevé.

    Le blé n’occupait autrefois qu’une vingtaine de mou, avec une production d’une cinquantaine de kilos par unité ; aujourd’hui, plus de cent mou lui sont consacrés, et chacun donne plus de 200 kilos. En été, une fois le blé rentré, on replante sur ces terres du millet (rendement : 300-­350 kilos par mou) ou on y sème du maïs (rendement : plus de 350 kilos par mou).

    Ainsi, avec les deux récoltes, on obtient un rendement annuel de plus de 500 kilos.

    Dans le passé, plus de 100 mou de terres étaient exclusivement réservés chaque année aux légumineuses, mais le rendement global n’atteignait pas plus de 10 000 kilos.

    Or, à présent, nous obtenons la même quantité de légumineuses en pratiquant la culture intercalaire. Nous dépassons ainsi chaque année le plan d’État et grossissons continuellement les stocks de légumineuses de la collectivité.

    Il faut avoir une vue dialectique au sujet du choix des cultures de même qu’à propos de l’étendue à consacrer à chacune d’elles. Établir les proportions entre les diverses cultures est une chose importante qui touche au triple intérêt de l’État, de la collectivité et des membres de la brigade.

    La quantité de maïs, de millet et d’autres céréales qui seront cultivés doit être fixée en partant de ce point de vue d’ensemble qui est de « se préparer en prévision d’une guerre et de calamités naturelles, et tout faire dans l’intérêt du peuple ».

    Même s’il s’agit de cultures à bas rendement, du moment qu’elles répondent au besoin de la révolution, nous devons tout faire pour qu’elles donnent le plus possible.

    Le tas de fumier et le tas de grain

    Un dicton affirme : « Le tas de grain en automne dépend du tas de fumier au printemps. »

    Mais, est-ce bien là une garantie ? Non, c’est une façon simpliste de voir les choses.

    Le tas de fumier, aussi volumineux soit-il, n’est tout au plus qu’un facteur matériel favorable ; le plus important, c’est de faire valoir le rôle de l’homme dans l’emploi de l’engrais. Les cultures rie sauraient pousser bien sans que l’on maîtrise la technique de l’épandage de l’engrais.

    Il se trouve des gens pour dire : « II n’y a pas de secret pour cultiver la terre. Plus on met d’engrais, mieux cela vaudra ; cultive et sème avec tout l’art que tu voudras, le paresseux obtiendra davantage que toi en épandant beaucoup d’engrais. » Mais, ce n’est pas là travailler la terre suivant des méthodes scientifiques.

    En quoi consiste une bonne technique de l’épandage de l’engrais ? Le président Mao nous enseigne : « Résoudre les contradictions différentes par des méthodes différentes est un principe que les marxistes-léninistes doivent rigoureusement observer. »

    C’est là également un principe qu’il est nécessaire de comprendre pour cultiver la terre et employer les engrais. Notre brigade compte des terres sablonneuses, argileuses, noires, blanches ; des versants ensoleillés et des versants qui ne le sont pas, aussi faut-­il employer l’engrais suivant leurs caractéristiques et non pas n’importe comment.

    Si, par exemple, on épand de l’engrais qui refroidisse sur des terres froides ou de l’engrais qui réchauffe sur des terres chaudes, on ne ferait que renforcer les caractéristiques propres au sol, et on obtiendrait des résultats tout à fait contraires. Au bout de nombreuses années de pratique dans la production et d’expérimentation scientifique, nous avons enfin saisi les lois de l’emploi de l’engrais : les engrais qui refroidissent vont aux versants ensoleillés, les engrais qui réchauffent aux versants à l’ombre, les engrais animaux aux terres sablonneuses, les cendres aux terres argileuses.

    D’autre part, il est nécessaire d’appliquer les engrais suivant les cultures.

    Les semences du maïs, étant grosses et plantées en profondeur, il faut leur appliquer principalement comme engrais de la paille de céréales.

    Une fois que les jeunes plants sont poussés, il faut donner de l’engrais en supplément à ceux qui sont trop petits ou faibles ; là où la terre est moins fertile et les pousses fragiles, il faut rajouter de l’engrais plus tôt pour activer la croissance de la tige et de l’épi ; dans le cas contraire, l’engrais doit être rajouté plus tard, pour activer surtout la croissance de l’épi.

    Étant donné que nous appliquons les engrais suivant les circonstances, les cultures poussent avec la même vigueur partout : dans les ravins, sur les montagnes aussi bien que sur les pentes.

    Il ne suffit pas d’appliquer les engrais avec art, il faut encore résoudre la question de savoir sur quelle sorte d’engrais compter.

    Sur les engrais chimiques ou sur le fumier de ferme ? Une lutte a également eu lieu à propos de cette question. A Tatchai, nous comptons principalement sur la paille de céréales à laquelle viennent s’ajouter les excréments des porcs et du gros bétail.

    Nous ne rejetons pas les engrais chimiques, mais ne comptons pas dessus, autrement dit, nous voulons échanger le tas de fumier que nous avons amassé nous-mêmes contre le tas de grain qui ira soutenir la révolution dans le monde.

    Les semences de bonne ou mauvaise espèce

    Dans la Charte en huit points pour l’agriculture, qu’il a formulée, le président Mao nous indique qu’il faut attacher une grande importance à la sélection des semences de bonne espèce.

    [En 1958, notre grand dirigeant, le président Mao, a formulé huit importantes mesures pour augmenter la production agricole, appelées par abréviation la Charte en huit points, c’est-à-dire : labourage en profondeur et amélioration du sol, fumure, travaux hydrauliques, sélection des semences, plantation serrée rationnelle, protection des cultures, entretien soigneux des cultures dans les champs et perfectionnement des instruments aratoires.]

    Mais, d’où viennent les bonnes espèces ?

    Elles ne tombent pas du ciel, mais proviennent des sélections et des soins minutieux dispensés par les masses au cours d’une longue pratique et expérimentation scientifique.

    Les semences qui sont de bonne espèce dans une région peuvent ne pas l’être dans une autre, et cela en raison de la différence de la situation géographique, du climat, des sols et d’autres conditions. Aussi, faut-il avoir un point de vue dialectique en ce qui concerne les semences de bonne espèce.

    Il y a des gens qui ont dans l’idée que toutes semences, pourvu qu’elles proviennent d’un échange avec d’autres unités, sont forcément de bonne espèce.

    Or, cela n’est pas toujours vrai.

    A Tatchai, nous procédons toujours à toute une série de cultures expérimentales dans de petits champs avant d’entreprendre la culture en grand, pour être sûrs de réussir. Cette expérimentation est entreprise sur toutes sortes de sols et sur des terrains de configuration différente, et cela des années durant au cours desquelles les cultures sont mises à l’épreuve des calamités les plus diverses : sécheresse, stagnation d’eau, vent, grêle, gelée blanche, froid, maladies, ravage par les insectes, et ce n’est qu’ainsi qu’il est possible de retenir finalement de bonnes espèces qui conviennent aux conditions locales.

    Le millet de Wouan, par exemple, que nous cultivons a été retenu parmi 12 espèces de millet.

    Cela ne veut absolument pas dire que toutes les autres espèces sont mauvaises. Si nous ne les avons pas retenues, c’est principalement parce qu’elles ne s’adaptaient pas aux conditions de notre région. Les caractéristiques du millet de Wouan sont qu’il a une bonne faculté d’adaptation, une grande résistance aux calamités, ignore pratiquement la verse et que, chez nous, il a un haut rendement tant en grain qu’en paille, qu’il soit cultivé sur les crêtes, dans les ravins, sur les versants, dans les terres planes, et quels que soient les sols : ocre, blanc, sablonneux, noir.

    Les bonnes espèces ne sont pas immuables non plus, car avec le temps, elles finissent par dégénérer en mauvaises. Toutefois, si chaque année on choisit soigneusement les semences, les bonnes espèces non seulement ne dégénèrent pas, mais au contraire vont en s’améliorant.

    Le millet de Wouan, que nous cultivons depuis l’établissement de la coopération agricole, au lieu de dégénérer, a un rendement chaque année plus élevé, et la raison en est que tous les automnes nous choisissons les semences sur les épis. Il y a des gens qui estiment que, pour le millet, il faut changer les semences régulièrement au bout de quelques années, sinon le rendement diminuera.

    Ceux qui s’en tiennent à ce point de vue ne s’occupent en fait que de semer, et négligent de procéder à la sélection des semences, et ne font en conséquence pas valoir l’esprit d’initiative de l’homme.

    Il se trouve naturellement encore certaines espèces contre la dégénérescence desquelles l’homme reste jusqu’à présent impuissant.

    Nous avons, par exemple, une espèce de maïs – Chansi N°1 -qui donnait un rendement satisfaisant les premiers temps, mais depuis quelques années, une certaine dégénérescence se manifeste.

    Devant une telle situation, nous avons d’une part procédé à un nouveau croisement, d’autre part nous avons entrepris des essais avec d’autres semences de remplacement, ce qui nous a permis de maintenir un rendement du maïs élevé et stable.

    Semer à grande ou à faible profondeur

    Semer en profondeur est une importante expérience qui permet d’augmenter la production.

    Cette méthode a l’avantage de permettre aux cultures de bien s’enraciner, et de leur donner ainsi de la résistance contre la sécheresse et la verse. De plus, on obtient 60 kilos de plus par mou qu’en semant pratiquement à fleur de terre.

    Toutefois, ceci exige comme condition que la couche de terre active soit épaisse. Comment lui donner de l’épaisseur ?

    Premièrement : labourer en profondeur en automne, deuxièmement : creuser en profondeur en été, en plus de quoi, il faut épaissir cette couche avec de la terre rapportée, travailler la terre avec soin et y épandre davantage d’engrais organiques, pour qu’elle soit très meuble.

    Sans le labourage et le creusage en profondeur, ainsi que l’adjonction de terre amenée d’ailleurs, la couche de terre active serait trop mince, et si, dans ces conditions, on semait en profondeur, on déposerait les semences sur la terre inactive et les racines ne prendraient pas.

    Et si, malgré le labourage en profondeur, il reste de grosses mottes de terre, les jeunes pousses, écrasées par elles, ne pourraient sortir, et le labourage profond serait inutile.

    Autrefois, comme à Tatchai la terre active n’avait que 10 cm d’épaisseur, le maïs était semé à 6 cm de profondeur. Aujourd’hui que cette couche est plus épaisse, le maïs peut être semé jusqu’à 12 cm de profondeur.

    Il fut une année où sévit une sécheresse particulièrement grave, et pour qu’il pût trouver de l’humidité, le maïs fut semé à près de 16 cm de profondeur. Nous ne semons pas toujours à la même profondeur.

    Par exemple, sur les crêtes et les versants ensoleillés où la température du sol est plus élevée, et où l’humidité est insuffisante, nous semons à une plus grande profondeur. Les pousses du Grand maïs Jaune crevant la terre avec plus de facilité, nous semons cette espèce plus profondément que la Reine d’Or.

    Et même dans un même champ, nous semons plus profondément aux endroits où la couche de terre est plus épaisse, mais sèche, qu’en ceux où la couche est à la fois mince et humide.

    Nous pratiquons la culture intercalaire de légumineuses entre les rangées de maïs.

    Il y a cependant là une contradiction : les légumineuses doivent être semées à une profondeur inférieure à celle du maïs, autrement elles ne sortiraient pas.

    Pour résoudre cette contradiction, nous adoptons la technique suivante : celui qui jette les semences ramène du pied un peu de terre dans le sillon, pour que les légumineuses soient semées à un niveau plus élevé que le maïs, ainsi toutes les pousses sortent. Il y a des endroits où les gens n’ont pas encore compris cette contradiction, ou n’ont pas encore pris de sérieuses mesures pour la résoudre, et le résultat est que, bien qu’une énorme quantité de légumineuses soient semées au printemps, on n’en récolte qu’une quantité dérisoire en automne ou pratiquement nulle.

    La raison en est qu’ils n’ont pas encore saisi la dialectique dans la question de la profondeur pour les semailles.

    Plantation serrée ou clairsemée

    Quelle est la densité convenable pour les cultures ? Notre expérience nous dit qu’elle doit être raisonnable.

    Quelle densité peut être considérée comme raisonnable ?

    Le président Mao nous enseigne qu’en étudiant le caractère spécifique de toutes les contradictions : « nous ne devons pas nous montrer subjectifs et arbitraires, mais en faire une analyse concrète. Sans analyse concrète, impossible de connaître le caractère spécifique de quelque contradiction que ce soit ».

    Autrefois, à Tatchai, nous semions moins de 1000 plants de maïs par mou. En parlant de cette époque, les masses disent plaisamment : « Les bœufs trouvaient place pour se coucher dans les champs de maïs, et on jugeait encore que la plantation était trop serrée. » Après la Libération, comme nous avons aménagé les champs, donné plus d’épaisseur à la couche de terre active, augmenté la quantité d’engrais épandu, le nombre des plants de maïs par mou passa de 1 600 à 2 400.

    Toutefois, nous ne plantons pas n’importe quel nombre de pieds, la densité varie suivant la configuration du terrain, le sol, la fécondité et les différentes variétés.

    Sur les terres situées dans les ravins où l’air et les rayons de soleil pénètrent mal, nous plantons de 1 600 à 1 800 plants de grand maïs de l’espèce dite Reine d’Or, tandis que sur les crêtes où les conditions susmentionnées sont excellentes, nous plantons environ 2 000 plants de maïs Chansi N° 1 par mou.

    Ces dernières années, comme, à force de les aménager, les terres deviennent de plus en plus fertiles, il y a des gens qui estimaient que, pour qu’elles donnent davantage, il fallait augmenter le nombre de plants.

    Or, cela s’est révélé faux.

    Une fois, pour augmenter le rendement, nous avons entrepris une plantation un peu plus serrée dans certains champs.

    Voyant cela, le camarade Tchen Yong-kouei, secrétaire de la cellule du Parti, nous a fait remarquer :

    « Maintenant que la terre est fertile, les maïs poussent beaucoup plus haut ; si l’on en plante trop, l’air et les rayons de soleil ont du mal à pénétrer entre eux, résultat, on n’arrive pas à augmenter le rendement, car la tige grandit au détriment de l’épi. Par contre, si l’on en plante un peu moins, chaque plant donnera de façon satisfaisante : la tige sera forte, l’épi gros, le grain plein, et le rendement sera forcément plus élevé. »

    En automne, nous avons récolté séparément le maïs suivant la densité de la plantation, et nous avons pu ainsi constater que là où la plantation avait été trop serrée (2000 plants par mou) le rendement par mou était de 500 kilos, soit une moyenne de 250 grammes par plant, tandis que là où elle l’avait été moins (1 600 plants par mou) le rendement était de 560 kilos pour la même superficie, soit une moyenne de 350 grammes par plant, ce qui faisait donc une différence de 60 kilos.

    Sans parler que là où l’on avait pratiqué une plantation moins serrée, les cultures intercalaires avaient mieux poussé et que le grain du maïs était bien plein.

    Ceci nous fit comprendre qu’il n’y a pas au fond de critères fixes pour la plantation serrée et la plantation clairsemée, mais qu’ils varient suivant la fertilité du sol, les espèces cultivées, les conditions de pénétration de l’air et des rayons de soleil. La densité raisonnable est celle qui permet de mettre en valeur le potentiel de haut rendement de la terre.

    Il se trouve des endroits où la plantation se révèle trop serrée ou trop clairsemée.

    Ceux qui se refusent à entreprendre la plantation serrée ne se sont pas encore débarrassés des anciennes pratiques culturales ; ils n’ont pas augmenté le nombre de plants au fur et à mesure qu’ils aménageaient leurs terres et augmentaient la quantité d’engrais, tandis que ceux qui ont augmenté à l’aveuglette le nombre des plants l’ont fait sans procéder à des expérimentations en liaison avec les changements intervenus dans les conditions telles que la terre et l’engrais.

    Ces deux tendances n’ont, ni l’une ni l’autre, reflété la réalité objective et n’ont par conséquent pas permis d’augmenter la production.

    En ce qui concerne la densité convenable, on ne peut aboutir à une conclusion qu’en procédant à des expérimentations conformément aux conditions de l’endroit et aux espèces cultivées.

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  • Statuts du Parti Communiste de Chine (Xe congrès-1973)

    Adoptés le 28 août 1973 par le Xe congrès

    CHAPITRE I

    PROGRAMME GÉNÉRAL

    Le Parti communiste chinois est un parti politique prolétarien et constitue le détachement d’avant-garde du prolétariat.

    Le fondement théorique sur lequel le Parti communiste chinois guide sa pensée, c’est le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong.

    Le programme fondamental du Parti communiste chinois est de renverser définitivement la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses, de substituer la dictature du prolétariat à la dictature de la bourgeoisie, d’assurer le triomphe du socialisme sur le capitalisme.

    Le but final du Parti est la réalisation du communisme.

    C’est sous la direction du Parti communiste chinois que le peuple de Chine, à travers une lutte ardue de plus de cinquante ans, a arraché la victoire totale de la révolution de démocratie nouvelle et remporté de grandes victoires dans la révolution et l’édification socialistes ainsi que dans la Grande Révolution culturelle prolétarienne.

    La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique.

    Tout au long de cette période existent les classes, les contradictions de classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme, ainsi que la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du social-impérialisme.

    Toutes ces contradictions ne peuvent être résolues que grâce à la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et à la pratique guidée par cette théorie.

    La Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine est précisément une grande révolution politique que le prolétariat mène, dans les conditions du socialisme, contre la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses, en vue de consolider la dictature du prolétariat et de prévenir la restauration du capitalisme.

    Une telle révolution devra encore être menée à de nombreuses reprises dans l’avenir.

    Le Parti doit s’appuyer sur la classe ouvrière, consolider l’alliance des ouvriers et des paysans, et diriger le peuple de nos diverses nationalités dans la poursuite des trois grands mouvements révolutionnaires que sont la lutte de classes, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique, dans l’édification socialisme selon les principes : indépendance et autonomie ; compter sur ses propres forces ; travailler dur ; édifier le pays avec diligence et économie ; déployer tous ses efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie ; ainsi que dans les préparatifs entrepris en prévision d’une guerre et de calamités naturelles, et les efforts déployés dans l’intérêt du peuple.

    Fermement attaché à l’internationalisme prolétarien, le Parti communiste chinois s’oppose au chauvinisme de grande puissance, s’unit résolument avec les partis et groupements marxistes-léninistes authentiques du monde entier, avec le prolétariat et les peuples et nations opprimés du monde entier dans la lutte menée en commun pour combattre l’hégémonisme des deux superpuissances que sont les États-Unis et l’Union soviétique, abattre l’impérialisme, le révisionnisme moderne et toute la réaction, et parvenir à l’abolition sur le globe du système d’exploitation de l’homme par l’homme, qui apportera l’émancipation à toute l’humanité.

    Le Parti communiste chinois s’est fortifié et développé dans la lutte contre les lignes opportunistes de droite et « de gauche ».

    Tous les camarades du Parti doivent s’armer de l’esprit révolutionnaire consistant à oser aller à contre-courant, et s’en tenir fermement aux principes suivants : pratiquer le marxisme et non le révisionnisme ; travailler à l’unité et non à la scission ; faire preuve de franchise et de droiture, et ne pas tramer complots et intrigues ; ils doivent savoir discerner de façon judicieuse les contradictions entre l’ennemi et nous d’avec les contradictions au sein du peuple et leur apporter une juste solution ; ils doivent faire rayonner le style qui consiste à unir la théorie et la pratique, à se lier étroitement aux masses populaires et à pratiquer la critique et l’autocritique ; ils doivent travailler à former des millions de continuateurs de la cause révolutionnaire du prolétariat.

    Tout cela en vue de garantir que la cause du Parti progressera toujours en suivant la ligne marxiste.

    L’avenir est radieux, mais la voie est sinueuse.

    Les membres du Parti communiste chinois, qui ont fait serment de consacrer leur vie à la cause du communisme, doivent s’armer de résolution, ne reculer devant aucun sacrifice et surmonter toutes les difficultés pour remporter la victoire !

    CHAPITRE II

    LES MEMBRES

    Article 1

    Peut être membre du Parti communiste chinois tout ouvrier, paysan pauvre, paysan moyen-pauvre, militaire révolutionnaire et autre révolutionnaire chinois, ayant dix-huit ans révolus, qui accepte les Statuts du Parti, adhère à l’une de ses organisations et y milite activement, applique les résolutions du Parti, observe la discipline du Parti et acquitte ses cotisations.

    Article 2

    Celui qui demande à entrer au Parti doit suivre la procédure d’admission individuelle, être présenté par deux membres du Parti et remplir une demande d’admission ; une enquête sera faite à son sujet par la cellule, qui recueillera largement l’opinion des masses au sein et en dehors du Parti ; sa demande doit être acceptée par l’assemblée générale de la cellule et l’admission ratifiée par le comité du Parti immédiatement supérieur.

    Article 3

    Tout membre du Parti communiste chinois doit :

    1) Étudier consciencieusement le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong et critiquer le révisionnisme ;

    2) Lutter pour les intérêts de l’immense majorité de la population de la Chine et du monde ;

    3) Être capable de s’unir avec le plus grand nombre, y compris ceux qui, à tort, se sont opposés à lui, mais qui se corrigent sincèrement de leurs erreurs.

    Cependant, il faut être particulièrement vigilant afin d’empêcher les arrivistes, les comploteurs et les individus à double face d’usurper la direction du Parti et de l’État, à quelque échelon que ce soit, et de garantir que la direction du Parti et de l’État sera à jamais entre les mains des révolutionnaires marxistes ;

    4) Consulter les masses pour tout problème ;

    5) Pratiquer courageusement la critique et l’autocritique.

    Article 4

    Si un membre commet une infraction à la discipline du Parti, l’organisation du Parti de l’échelon intéressé, dans les limites de ses attributions et selon le cas considéré, lui appliquera l’une des sanctions suivantes : avertissement, blâme, destitution des fonctions au sein du Parti, mise en observation, exclusion du Parti.

    La mise en observation d’un membre est de deux ans au plus. Pendant la durée de cette mise en observation, il n’a pas le droit de vote ni le droit d’élire et d’être élu.

    Quant aux membres dont la volonté révolutionnaire s’est fortement émoussée et qui ne font aucun progrès en dépit des efforts répétés pour les éduquer, on peut les persuader de se retirer du Parti.

    Quand un membre demande à quitter le Parti, sa radiation doit être confirmée par l’assemblée générale de la cellule qui en informe le comité du Parti immédiatement supérieur en vue d’enregistrement.

    Les renégats, les agents secrets, les responsables irréductiblement engagés dans la voie capitaliste, les éléments dégénérés et les éléments étrangers à nos rangs de classe, contre lesquels on possède des preuves irrécusables, seront expulsés du Parti et ne seront jamais autorisés à le réintégrer.

    CHAPITRE III

    LE PRINCIPE D’ORGANISATION DU PARTI

    Article 5

    Le principe d’organisation du Parti est le centralisme démocratique.Les organes de direction à tous les échelons du Parti doivent être élus par voie de consultation démocratique, en conformité avec les conditions requises pour être les continuateurs de la cause révolutionnaire du prolétariat et le principe de triple union des personnes âgées, des personnes d’âge moyen et des jeunes.

    Tout le Parti doit se soumettre à une discipline unique : l’individu doit se soumettre à l’organisation, la minorité à la majorité, l’échelon inférieur à l’échelon supérieur et l’ensemble du Parti au comité central.

    Les organes de direction à tous les échelons du Parti doivent régulièrement rendre compte de leur travail aux congrès ou aux assemblées générales des membres, recueillir constamment au sein et en dehors du Parti l’opinion des masses et accepter leur contrôle.

    Tout membre a le droit d’adresser des critiques et des suggestions aux organisations et aux dirigeants du Parti à tous les échelons.

    Tout membre qui est en désaccord avec les résolutions ou instructions des organisations du Parti est autorisé à réserver son opinion et a le droit de s’adresser directement aux échelons supérieurs, et ce jusqu’au comité central et au président du comité central. Il n’est absolument pas permis d’étouffer la critique et d’user de représailles.

    Il faut créer une atmosphère politique où règnent à la fois le centralisme et la démocratie, la discipline et la liberté, l’unité de volonté et, pour chacun, un état d’esprit fait de satisfaction et d’entrain.

    Article 6

    L’organe suprême de direction du Parti est le congrès national et, dans l’intervalle des congrès, le comité central élu par lui. L’organe de direction du Parti, sur le plan local, dans l’armée et dans les différents départements, est le congrès ou l’assemblée générale des membres de l’échelon correspondant ainsi que le comité du Parti qui en est issu.

    Les congrès du Parti à tous les échelons sont convoqués par les comités du Parti des échelons correspondants.

    Sur le plan local, dans l’armée et dans les différents départements, la convocation des congrès du Parti et la liste des membres élus des comités respectifs doivent être soumises à l’approbation des organisations de l’échelon supérieur.

    Les comités du Parti aux différents échelons établissent des bureaux de travail ou délèguent leurs organismes représentatifs,conformément aux principes de liaison étroite avec les masses et d’administration simplifiée.

    Article 7

    Les organismes d’État, l’Armée populaire de Libération et la milice populaire, les syndicats ouvriers, les associations des paysans pauvres et moyens-pauvres, les fédérations des femmes, la Ligue de la Jeunesse communiste, la Garde rouge, les Petits Gardes rouges et les autres organisations révolutionnaires de masse doivent se soumettre sans exception à la direction unique du Parti.

    Des comités du Parti ou des groupes dirigeants du Parti peuvent être institués dans les organismes d’État et les organisations populaires.

    CHAPITRE IV

    L’ORGANISATION CENTRALE DU PARTI

    Article 8

    Le congrès national du Parti est convoqué tous les cinq ans. Dans des cas exceptionnels, sa convocation peut être avancée ou retardée.

    Article 9

    La session plénière du comité central du Parti élit le bureau politique du comité central, le comité permanent du bureau politique ainsi que le président et les vice-présidents du comité central.

    La session plénière du comité central du Parti est convoquée par le bureau politique du comité central.

    Dans l’intervalle des sessions plénières du comité central, le bureau politique du comité central et son comité permanent exercent les fonctions du comité central.

    Sous la direction du président, des vice-présidents et du comité permanent du bureau politique du comité central, seront établis les organismes indispensables, simples mais efficaces, qui régleront de manière centralisée les affaires courantes du Parti, du gouvernement et de l’armée.

    CHAPITRE V

    L’ORGANISATION DU PARTI SUR LE PLAN LOCAL ET DANS L’ARMÉE

    Article 10

    Les congrès du Parti, sur le plan local, à l’échelon du district et au-dessus, et dans l’Armée populaire de Libération, à l’échelon du régiment et au-dessus, sont convoqués tous les trois ans. Dans des cas exceptionnels, leur convocation peut être avancée ou retardée.

    Les comités du Parti aux différents échelons, sur le plan local et dans l’armée, élisent leurs comités permanents ainsi que leurs secrétaires et secrétaires adjoints.

    CHAPITRE VI

    L’ORGANISATION DE BASE DU PARTI

    Article 11

    Dans les usines, mines et autres entreprises, communes populaires, organismes, écoles, magasins, organisations de quartier, compagnies de l’Armée populaire de Libération et les autres unités de base, il sera créé des cellules, des cellules générales ou des comités de base du Parti, en fonction des besoins de la lutte révolutionnaire et du nombre des membres du Parti.

    Les élections ont lieu une fois par an pour les comités de cellule et de cellule générale du Parti, et tous les deux ans pour les comités de base du Parti. Dans des cas exceptionnels, elles peuvent être avancées ou retardées.

    Article 12

    Les tâches principales des organisations de base du Parti sont les suivantes :

    1) Diriger les membres du Parti et les non-communistes dans l’étude consciencieuse du marxisme, du léninisme, de la pensée Mao Zedong et dans la critique du révisionnisme ;

    2) Éduquer constamment les membres du Parti et les non-communistes sous le rapport de la ligne idéologique et politique, les diriger dans une lutte résolue contre l’ennemi de classe ;

    3) Propager et matérialiser la politique du Parti, appliquer ses résolutions, accomplir les tâches assignées par le Parti et l’État ;

    4) Se lier étroitement aux masses, se tenir constamment au courant de leurs opinions et de leurs désirs, développer une lutte idéologique positive, afin que la vie du Parti soit pleine de dynamisme ;

    5) Recruter de nouveaux adhérents, appliquer la discipline du Parti, procéder constamment à la consolidation des organisations du Parti, rejeter ce qui est altéré et absorber le nouveau, afin de maintenir la pureté des rangs du Parti.

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  • Le progrès en spirale de l’histoire

    par Ho Yu, publié dans le Hongqi du 28 octobre 1974

    Voilà 25 ans que la République populaire de Chine progresse victorieusement le long d’une voie jalonnée de combats.

    Pendant cette période, à la lumière de la ligne révolutionnaire du président Mao, notre parti, ayant uni autour de lui le peuple multinational du pays et vaincu difficulté sur difficulté, a brisé les attaques répétées des ennemis de classe du pays comme de l’étranger, et a remporté de grandes victoires dans la révolution et l’édification socialistes.

    Notamment au cours des quatre grandes luttes entre les deux lignes qui ont suivi la Libération, il a dénoncé et mis en échec les complots antiparti des chefs de file de la ligne opportuniste Kao Kang et Jao Chou-che, Peng Teh-houai, Liou Chao-chi et Lin Piao.

    Ce faisant, il a garanti l’avance de la Chine sur la voie socialiste.

    La Grande Révolution culturelle prolétarienne qui se poursuit depuis huit ans a confirmé davantage la justesse des principes politiques définis par le président Mao ainsi que celle de sa théorie sur la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat.

    Grâce à elle, nous comprenons mieux encore la loi de la lutte de classes pendant la révolution socialiste.

    La pratique de la révolution et de l’édification socialistes en Chine n’a cessé de prouver cette vérité : c’est en suivant un chemin tortueux que la révolution se développe ; c’est en surmontant sans arrêt des obstacles qu’elle progresse. C’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine, que les choses nouvelles se substituent aux anciennes et que les forces révolutionnaires l’emportent sur les forces réactionnaires.

    L’unité des contraires : progression et sinuosité

    Lénine a fait une synthèse imagée et scientifique de la loi du développement des choses, en disant qu’il était

    « une évolution pour ainsi dire en spirale et non en ligne droite » (« Karl Marx »).

    Dans de nombreux ouvrages importants, le président Mao a énoncé et développé de façon pénétrante cette brillante idée de Lénine.

    Il a souligné :

    « Le cours des choses suit une voie tortueuse et jamais âne ligne droite. » (« De la guerre prolongée »)

    A propos de la loi du développement de la lutte de classes, il a fait remarquer :

    « Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine — telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple ; et jamais ils n’iront contre cette logique. C’est là une loi marxiste. »

    « Lutte, échec, nouvelle lutte, nouvel échec, nouvelle lutte encore, et cela jusqu’à la victoire — telle est la logique du peuple, et lui non plus, il n’ira jamais contre cette logique. C’est encore une loi marxiste. » (« Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte »)

    Cet enseignement du président Mao indique deux sorts diamétralement opposés réservés à l’impérialisme et aux réactionnaires d’une part, et aux peuples révolutionnaires de l’autre.

    En outre, il montre que la lutte entre les forces de la révolution et celles de la contre-révolution suit nécessairement un processus sinueux.

    La provocation de troubles et l’échec des contre-révolutionnaires, ainsi que l’échec et la victoire des peuples révolutionnaires sont deux aspects qui sont liés mutuellement et se convertissent l’un en l’autre.

    Le fait qu’au cours de la lutte révolutionnaire, ces deux aspects apparaissent alternativement constitue une manifestation concrète de la loi à l’évolution en spirale.

    Pourquoi les choses et les phénomènes progressent-ils en spirale ?

    C’est parce que dans toute chose, il existe deux éléments contradictoires — le nouveau et l’ancien.

    Coexistant dans l’unité, ils luttent l’un contre l’autre, ce qui anime le développement de cette chose.

    Le développement de toute chose — de l’inférieur au supérieur — est un processus où le nouveau l’emporte toujours sur l’ancien et progresse.

    Pour vaincre et remplacer l’ancien, le nouveau doit venir à bout de la résistance acharnée de l’ancien.

    C’est seulement à travers des luttes répétées et âpres que le nouveau grandit et devient dominant ; l’ancien, par contre, décroît et finit par périr.

    La tendance générale du développement des choses, c’est qu’elles suivent un mouvement progressif en se développant de l’inférieur au supérieur ; néanmoins, ce mouvement ne saurait être une ascension rectiligne, et dans le cours concret du développement, l’apparition, à certains moments, de sinuosités d’une plus ou moins grande amplitude est un phénomène inévitable,

    « La révolution, comme toute activité dans le monde, suit une voie toujours tortueuse et jamais rectiligne. » (Mao Zedong : « La tactique de la lutte contre l’impérialisme japonais »)

    Car, la croissance des forces révolutionnaires et l’extinction des forces contre-révolutionnaires nécessitent tout un processus de développement, et il est impossible aux premières de vaincre et d’éliminer radicalement les dernières du jour au lendemain.

    Car, la connaissance humaine des lois objectives et le bond du règne de la nécessité au règne de la liberté demandent également un processus d’accumulation de l’expérience, c’est-à-dire, le passage de l’inexpérience à l’expérience, d’une expérience bornée à une expérience riche.

    C’est seulement en confrontant constamment les expériences positives et négatives que l’on arrive à comprendre correctement la loi du développement de la révolution et à l’appliquer consciemment de façon à accomplir les tâches révolutionnaires.

    Bien que le développement en spirale ressemble beaucoup à une succession de cercles, ce n’est nullement un mouvement où l’on tourne toujours en rond pour retourner au point de départ. Comme l’a résumé le président Mao,

    « …à chaque cycle, le contenu de la pratiqua et de la connaissance s’élève à un niveau supérieur. » (« De la pratique »)

    A première vue, la sinuosité du chemin ralentit la marche, mais chaque revers surmonté s’accompagne nécessairement d’une victoire et d’un progrès qui portent les choses et les phénomènes à une nouvelle étape.

    Par rapport à l’étape ancienne, chaque nouvelle étape s’élève à un niveau supérieur et ne retourne jamais à son point de départ. L’unité des contraires — progression et sinuosité — constitue un mouvement complexe en spirale.

    Le concept d’évolution en ligne droite nie la sinuosité du développement des choses, tandis que la théorie du cycle nie la progression de leur développement.

    Ils nient tous deux l’unité dialectique de la progression et de la sinuosité et ne peuvent manquer de tomber dans des erreurs métaphysiques.

    L’histoire plusieurs fois millénaire du développement de la société humaine est une histoire qui progresse en spirale, suivant une voie tortueuse.

    Que ce soit la substitution du système féodal au système esclavagiste ou celle du système capitaliste au système féodal, toutes les révolutions du passé passèrent par des dizaines, voire des centaines d’années de luttes répétées et pleines de vicissitudes qui opposaient le progrès à la régression, la restauration la contre-restauration.

    Le passage d’un système d’exploitation à un autre nécessitant un tel processus du développement, à plus forte raison, la révolution socialiste, qui a pour objectif final d’éliminer tout système d’exploitation et toutes les classes, ne marchera certainement pas comme sur des roulettes.

    Comparée à toutes les révolutions précédentes, c’est une lutte encore plus prolongée et sujette à encore plus de vicissitudes une lutte qui réclame de grands efforts.

    Déjà en 1957, le président Mao nous avait enseigné :

    « C’est à travers les difficultés et les vicissitudes que grandit le nouveau. Ce serait une pure illusion de croire que sur la voie du socialisme on peut éviter les difficultés et les détours, qu’on peut se passer de faire le maximum d’efforts, qu’il suffit de se laisser pousser par le vent et que le succès vient facilement. » (« De la juste solution des contradictions au sein du peuple »)

    Après 17 ans de pratique, nous avons acquis une meilleure compréhension de cet enseignement.

    Après la prise du pouvoir par le prolétariat, les classes réactionnaires renversées, loin de se résigner à leur défaite, cherchent toujours à mener des activités de sape et à créer des troubles afin de restaurer leur « paradis » perdu.

    Elles tentent invariablement de chercher des agents au sein du Parti communiste et de faire d’eux leurs représentants politiques au service de la restauration.

    Par ailleurs, la révolution dans les sphères de la superstructure s’avère d’autant plus difficile que les idées traditionnelles des classes exploiteuses exercent leur influence depuis des millénaires.

    Dans le domaine politique et idéologique, il faudra encore une période historique très longue pour décider de l’issue de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie.

    La lutte des classes et la lutte entre les deux lignes qui se déroulent dans le pays sont toujours liées à la lutte de classes à l’étranger.

    L’ennemi de classe du pays, cherche toujours à agir en connivence avec l’impérialisme et le social-impérialisme et à fomenter des troubles à la moindre occasion.

    Par conséquent, après la prise du pouvoir, le prolétariat se voit assigner une lourde tâche, celle de renforcer la dictature du prolétariat, de consolider l’alliance des ouvriers et des paysans, d’unir le peuple de toutes les nationalités du pays, de continuer sans défaillance la révolution sous la dictature du prolétariat. En un mot, il a énormément à faire.

    Au cours des luttes répétées et de longue haleine, il doit faire le bilan des expériences positives et négative et approfondir sans borne la compréhension de la loi régissant la révolution et l’édification socialistes.

    Ce n’est qu’ainsi qu’il peut surmonter toutes les difficultés et tous les obstacles dressés sur son chemin, triompher définitivement de la bourgeoisie et de toutes les classes exploiteuses et réaliser le communisme.

    Le chemin tortueux que suit la Chine dans le progrès de la cause socialiste

    Ces 25 dernières années, la causa du socialisme en Chine a progressé en zigzag dans les tempêtes de la lutte entre les deux classes, les deux voies et les deux lignes.

    A la Deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe congrès du Parti, tenue en 1949, le président Mao avait clairement indiqué les principales contradictions existant pendant la révolution socialiste sur le plan intérieur et extérieur, et prévu le caractère de longue haleine et la complexité de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie.

    Ainsi, avait-il défini une juste ligne pour la transition de la révolution de démocratie nouvelle à la révolution socialiste, ainsi que les étapes fondamentales et les différents principes politiques s’y rapportant.

    Aux premiers jours de la fondation de la Chine nouvelle, le Parti a dirigé le peuple du pays entier pour relever l’économie nationale et mener le mouvement dit san-fan (mouvement de lutte contre la corruption, le gaspillage et la bureaucratie) et le mouvement dit wu-fan (mouvement de lutte contre la remise des pots-de-vin, la fraude fiscale, le détournement des biens de l’État, la fraude dans l’exécution des contrats d’État et le vol des informations économiques provenant de sources gouvernementales) ; il a élaboré une ligne générale pour l’industrialisation socialiste et la transformation socialiste de l’agriculture, de l’artisanat, de l’industrie et du commerce capitalistes, et a commencé le premier plan quinquennal (1953 – 1957) pour l’édification socialiste.

    Tandis que le peuple tout entier se réjouissait de l’essor vigoureux de la révolution et de l’édification socialistes, les ennemis de classe du pays et de l’étranger grincèrent des dents et furent saisis d’un frisson glacé dans le dos.

    Kao Kang et Jao Chou-che, arrivistes bourgeois infiltrés au sein du Parti, ont formé une alliance anti-parti et se sont livrés à des menées conspiratrices dans la tentative de diviser notre parti, d’usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État et d’entraver la marche du socialisme.

    Sous la direction du président Mao, le Parti a dénoncé et brisé en temps opportun cette alliance antiparti.

    Étroitement unis, le Parti et le peuple tout entiers ont donné un grand essor à la transformation socialiste et remporté pour l’essentiel la victoire dans la transformation socialiste de la propriété des moyens de production.

    Cependant, ne se résignant pas à la défaite, la bourgeoisie profita en 1957 du mouvement de rectification du style de travail pour lancer une nouvelle attaque frénétique contre le Parti. Cela a prouvé pleinement que le régime socialiste de dictature du prolétariat ne pourrait se consolider si nous menions seulement la révolution socialiste sur le front économique, et qu’il fallait engager une révolution socialiste conséquente sur le front politico-idéologique.

    A la lumière de la doctrine du président Mao sur la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, le peuple du pays tout entier déclencha un mouvement vigoureux pour riposter aux droitiers bourgeois, repoussant une fois de plus l’offensive effrénée de la bourgeoisie et stimulant considérablement le développement impétueux de la révolution et de l’édification socialistes en Chine.

    Après avoir fait le bilan des expériences positives et négatives acquises dans l’édification socialiste en Chine et dans d’autres pays, le président Mao formula la ligne générale : édifier le socialisme selon les principes ; déployer tous ses efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie, ce qui donna lieu à l’excellente situation de 1958 qui vit se déclencher un Grand Bond en avant et se fonder les communes populaires à la campagne.

    Mais la lutte n’en continua pas moins d’être très acharnée dans le domaine politique et idéologique.

    Lors de la conférence de Louchan de 1959, le groupe antiparti de Peng Teh-houai entra en lice, attaquant furieusement la ligne générale, le Grand Bond en avant et les Communes populaires dans la tentative de diviser notre parti et d’endiguer l’avance fougueuse du socialisme.

    Sous la direction du président Mao, tout le Parti lui tint tête, détruisit ce groupe opportuniste de droite et détruisit sa machination.

    Au fur et à mesure de l’approfondissement de la révolution socialiste, la clique renégate de Liou Chao-chi intensifiait ses activités contre-révolutionnaires.

    Pendant les trois années de difficultés économiques temporaires dues aux calamités naturelles et au sabotage de la clique renégate révisionniste soviétique, elle colporta et poursuivit ouvertement sa ligne révisionniste caractérisée par le san-zi-yi-bao (extension des parcelles individuelles, développement des marchés libres, multiplication des petites entreprises assumant l’entière responsabilité de leurs profits et pertes, et fixation des normes de production sur la base de la famille) et le san-he-yi-shao (la fin de la lutte contre l’impérialisme, la réaction et le révisionnisme moderne, et la réduction de l’aide aux luttes révolutionnaires des peuples), se livrant fiévreusement aux activités criminelles de restauration du capitalisme dans les domaines politique, idéologique et économique.

    Lors de la dixième session plénière du Comité central issu du VIIIème congrès du Parti tenue en septembre 1962, ayant résumé l’expérience historique acquise dans la dictature du prolétariat en Chine comme à l’étranger, le président Mao rendit encore plus complète la ligne fondamentale de notre parti pour toute la période historique du socialisme et lança ce grand appel :

    « Ne jamais oublier l’existence des classes et de la lutte de classes. »

    Ensuite, il déclencha à l’échelle nationale un mouvement d’éducation socialiste, critiquant la ligne réactionnaire, bourgeoise, de Liou Chao-chi, ligne « de gauche » en apparence et de droite en réalité, mena la révolution dans le domaine culturel et artistique, notamment dans l’opéra de Pékin, appela à critiquer la Destitution de Hai Jouei, un opéra de Pékin venimeux destiné à réhabiliter les opportunistes de droite, préludant ainsi à la Grande Révolution culturelle prolétarienne.

    Les luttes répétées et les vicissitudes ont été encore plus impressionnantes au cours de cette révolution culturelle.

    Sous la direction du président Mao, tout le Parti et tout le peuple chinois surmontèrent tous les obstacles et, au bout d’un âpre combat, détruisirent le quartier général bourgeois dirigé par Liou Chao-chi.

    Néanmoins, la lutte n’était pas terminée. Payant de sa personne pour continuer l’œuvre contre-révolutionnaire de Liou Chao-chi, Lin Piao, carriériste et conspirateur bourgeois « logeant temporairement » au sein du Parti, nia la Grande Révolution culturelle prolétarienne, attaqua les nouveaux acquis socialistes, complota de monter un coup d’État armé contre révolutionnaire, de renverser la dictature du prolétariat et de restaurer le capitalisme, dans le dessein de ramener la nouvelle Chine socialiste dans la voie de l’ancienne Chine semi-féodale et semi-coloniale.

    Perspicace, le président Mao dirigea tout le Parti pour dénoncer à temps cette clique antiparti et déjouer ses manœuvres visant à restaurer le capitalisme en prêchant, à l’instar de Confucius, qu’il fallait « se modérer et en revenir aux rites. »

    Le mouvement de critique contre Lin Piao et Confucius qui s’approfondit actuellement a précisément pour but de stigmatiser à fond la clique antiparti de Lin Piao et sa ligne révisionniste, de flétrir la doctrine confucio-mencéenne [de Confucius et Mencius], idéologie des classes décadentes et réactionnaires prêchée par celui-ci, de consolider et de développer les magnifiques acquis de la Grande Révolution culturelle prolétarienne et de renforcer mieux encore la dictature du prolétariat.

    L’expérience historique atteste que chacune des victoires de la cause socialiste a été remportée à la suite de luttes répétées. Comme par le passé, la révolution socialiste à l’avenir ne manquera pas de progresser en spirale, à travers des luttes de classes et des luttes entre les deux lignes.

    Éliminer le point de vue métaphysique d’un progrès rectiligne

    II faut vaincre le point de vue métaphysique d’un progrès rectiligne pour pouvoir étudier et analyser la situation de la lutte révolutionnaire selon le point de vue de l’évolution en spirale.

    Lénine indiquait :

    « La connaissance de l’homme n’est pas respective [respective = en particulier]) ne décrit pas une ligne droite, mais une ligne courbe qui s’approche infiniment d’une série de cercles, d’une spirale. » (« A propos de la dialectique »)

    Envisager les problèmes du point de vue d’une progression rectiligne mène, en ce qui concerne la lutte de classes, à réclamer « la lutte sans l’union » ou « l’union sans la lutte ».

    Selon les directives du président Mao et l’expérience historique de notre parti, le Xe congrès du Parti nous a recommandé une fois de plus de combattre et de prévenir la manifestation de ces deux sortes d’idées unilatérales.

    Nous ne comprendrons pas la loi du développement en spirale, si nous ne voyons pas l’existence du flux et du reflux, de l’intensité et du relâchement durant le déroulement de la lutte, si nous ignorons que l’union, dans son cours, comprend la lutte contre les choses et phénomènes réactionnaires, contre la tendance à la scission et les idées erronées.

    Pendant la Guerre de résistance contre le Japon, le président Mao fit remarquer :

    « Aujourd’hui, notre politique de front uni national antijaponais n’est pas l’union sans la lutte, ni la lutte sans l’union ; elle associe l’union et la lutte. » (« Au sujet de notre politique »)

    Il faut appliquer cette politique marxiste, si l’on veut conduire à la victoire n’importe quelle lutte importante entre le prolétariat et la bourgeoisie et entre les deux lignes.

    La formule « unité — critique — unité », conforme à la loi du développement en spirale, est l’importante méthode nous permettant de résoudre correctement les contradictions au sein du peuple.

    Celles-ci, et la contradiction entre nous et l’ennemi, sont deux types de contradictions de nature différente.

    Ceux qui sont au sein du peuple ont toujours un niveau inégal de connaissance, mais ils peuvent s’unir sur la base du marxisme-léninisme et de la pensée Mao Zedong après avoir fait la distinction entre la ligne juste et la ligne erronée au moyen de la critique ou de la lutte.

    Et c’est grâce à l’unité que la ligne juste peut être appliquée et la ligne erronée vaincue.

    Nier l’existence de contradictions au sein du peuple, parler seulement de l’unité et nier la nécessité de la lutte porteront atteinte, à n’en pas douter, a la cause révolutionnaire.

    Il en est de même si l’on confond les deux types de contradictions de nature différente, si l’on parle seulement de la lutte et ignore la nécessité de l’unité, si l’on ne comprend pas les rapports dialectiques entre la lutte et l’unité et l’importance capitale de l’unité révolutionnaire.

    Ces deux tendances sont autant de manifestations de la façon de voir les choses comme en progrès rectiligne et vont à rencontre de la loi du développement en spirale.

    L’histoire de notre parti a été témoin de leurs apparitions et des dégâts qu’elles ont causés à la cause du Parti.

    Nous devons leur prêter attention et avoir souvent en tête l’expérience historique selon laquelle une tendance en couvre une autre.

    Pendant la Guerre de résistance contre le Japon, le président Mao expliqua de façon pénétrante les principes dialectiques en donnant des exemples très ordinaires, comme le manger et le coucher, à l’intention de ceux qui, imbus d’idées erronées, ne comprenaient pas les rapports dialectiques entre les vaillants combats et l’abandon temporaire de territoire dans le but d’anéantir l’ennemi.

    Il disait :

    « Ne mange-t-on pas en vain si c’est pour évacuer ensuite ? Ne se met-on pas inutilement au lit pour dormir si c’est pour se lever ensuite ? Peut-on poser les questions ainsi ? A mon avis, ce n’est pas possible. » (« De la guerre prolongée »).

    Envisager les problèmes de façon rectiligne est en fait le mode de pensée métaphysique qui recommande de « manger sans évacuer et dormir sans se lever. »

    Si l’on envisage ainsi les problèmes, on n’arrivera pas à faire la distinction entre l’essence et ses phénomènes, le courant principal et les courants secondaires, l’ensemble de la situation et ses diverses parties.

    Ainsi, on sera aveuglément optimiste et on perdra la vigilance, lorsque la révolution connaîtra un développement heureux, et, ne sachant que faire, pessimiste et déçu, quand elle connaîtra difficultés et vicissitudes.

    C’est en utilisant le point de vue dialectique de la progression en spirale pour examiner les problèmes que l’on comprendra l’inévitabilité des reflux et des vicissitudes dans le développement de la révolution et que la voie du triomphe est un chemin sinueux.

    Et c’est ainsi seulement que l’on peut discerner l’orientation, prendre l’initiative, agir en fonction des circonstances et remporter la victoire dans des luttes aiguës et complexes.

    Les reflux et les vicissitudes rencontres dans les luttes révolutionnaires ont un caractère double. D’une part, ils entraînent des difficultés provisoires et, de l’autre, préparent le terrain pour de plus grands succès. Le peuple révolutionnaire s’éduquera et se trempera toujours par l’étude des exemples positifs et négatifs.

    Les reflux et les vicissitudes dans la lutte peuvent précisément nous éduquer et tremper par l’exemple négatif, et, après que nous en ayons correctement fait le bilan et tiré les leçons, nous créerons les conditions de victoires encore plus grandes de la cause révolutionnaire.

    La défaite de la Première Guerre civile révolutionnaire en 1927 a donné une profonde leçon au peuple chinois, si bien que nous avons compris l’importance capitale qu’il y a à ce que le prolétariat ait la direction et compris cette vérité marxiste : « Le pouvoir est au bout du fusil. »

    Guidé par la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao, notre parti a pris en main trois armes magiques (le front uni, la lutte armée et l’édification du Parti) pour mener la révolution chinoise, trouvé la juste voie consistant à encercler les villes à partir des campagnes et à les prendre finalement, portant ainsi la révolution chinoise à une nouvelle étape.

    Cette expérience historique est le bien précieux du peuple révolutionnaire.

    En demandant souvent aux cadres du Parti de retenir l’expérience et les leçons tirées de plusieurs victoires et échecs dans l’histoire de notre parti, le président Mao nous recommande d’apprendre à utiliser le point de vue matérialiste dialectique pour analyser et traiter les reflux et les vicissitudes apparus dans la voie révolutionnaire et de comprendre que ceux-ci sont inévitables dans révolution de l’histoire.

    Si nous étudions l’histoire des restaurations pratiquées par les classes réactionnaires dans l’histoire et le déroulement de la lutte tortueuse menée pour la consolidation du nouveau régime social, nous parviendrons à mieux comprendre l’importance qu’il y a aujourd’hui à consolider la dictature du prolétariat et à prévenir la restauration du capitalisme.

    Les vicissitudes et les reflux ne sauraient empêcher l’avance de la révolution

    Les reflux et les vicissitudes sur la voie de la révolution ne sont rien d’autres que des accidents de parcours de l’évolution historique, plus ou moins importants, mais qui n’ont rien de terrible.

    Dans toute l’évolution de l’histoire, l’avance et le progrès constituent toujours le courant principal et l’essence des choses, tandis que les vicissitudes et la régression sont des courants secondaires et des phénomènes temporaires.

    Le prolétariat triomphera de la bourgeoisie, le socialisme du capitalisme, le marxisme du révisionnisme, c’est la tendance générale irréversible du développement de l’histoire.

    Le président Mao a indiqué :

    « Le monde progresse, l’avenir est radieux, personne ne peut changer ce courant général de l’histoire. » (« Sur les négociations de Tchongking »)

    Les reflux et les vicissitudes, quels qu’ils soient, et même la régression et le piétinement provisoires de l’histoire n’ont d’influence que sur le rythme du développement de l’histoire ; mais ils ne peuvent ni empêcher sa marche en avant, ni changer l’orientation de son développement.

    Aujourd’hui comme hier, les reflux et les vicissitudes sont très nombreux dans le développement de l’histoire.

    De Confucius (551-478 av. J.-C.) à Yuan Che-kai (1859-1918) et à Tchiang Kaï-chek, de Tchen Tou-sieou, Wang Ming, à Liou Chao-chi et Lin Piao, tous ces gens-là étaient des réactionnaires.

    Mais qui d’entre eux a réussi à faire tourner à rebours la roue de l’histoire ? Personne !

    Non seulement ils ne le pouvaient, mais encore en le cherchant, ils ont soulevé une pierre pour se la laisser retomber sur les pieds et causé leur perte.

    Si nous avons la ferme conviction que les reflux et les vicissitudes, quels qu’ils soient, ne sauraient entraver le progrès de la cause révolutionnaire, c’est parce que nous nous basons sur cette thèse matérialiste historique — « le peuple, le peuple seul, est la forte motrice, le créateur de l’histoire universelle. »

    Le peuple est toujours le maître de l’histoire et veut la révolution.

    Sous la direction du président Mao, les larges masses populaires veulent suivre fermement la voie socialiste. La classe ouvrière, les paysans pauvres et moyens-pauvres, les commandants et combattants de l’Armée populaire de libération, les cadres et intellectuels révolutionnaires de notre pays éprouvent de profonds sentiments prolétariens pour le président Mao et font preuve d’un très grand enthousiasme pour le socialisme.

    A condition que nous ayons une ferme confiance dans les masses et nous appuyions sur elles, nous surmonterons n’importe quels reflux et vicissitudes et vaincrons n’importe quelles difficultés.

    Tous les ennemis de classe, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, ont tenté, sans exception, de profiter des reflux et vicissitudes de notre révolution pour renverser la dictature du prolétariat et le régime socialiste de notre pays.

    Mais ils ont tous échoué ; c’est parce que notre cause incarne les intérêts fondamentaux des masses populaires et bénéficie de ce fait de leur sympathie et de leur soutien.

    La justesse de la ligne idéologique et politique est déterminante en tout

    Si nous avons une telle conviction, c’est encore parce que notre révolution est guidée par la juste ligne marxiste-léniniste. La garantie fondamentale de sa victoire, c’est la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao, produit de l’intégration du marxisme-léninisme à la pratique de la révolution chinoise.

    C’est en nous appuyant sur cette ligne que nous avons vaincu l’impérialisme, le Kuomintang et Tchiang Kaï-chek, pris le pouvoir, le fusil à la main, et remporté d’éclatantes victoires dans la révolution et l’édification socialiste.

    Sous le règne de lignes erronées, la lutte a connu reflux et vicissitudes qui ont toujours porté de graves préjudices à la révolution et l’ont même menée à la défaite.

    Mais ce ne sont qu’épisodes limités, temporaires et faciles à éliminer, quand la juste ligne cet au poste dirigeant Par conséquent, à la lumière de cette dernière, les succès constituent toujours l’aspect principal et la situation est toujours excellente.

    Après avoir soutenu les épreuves d’une lutte prolongée, notre parti, nos organismes gouvernementaux et notre Armée populaire de libération sont capables de résister à toutes les tempêtes.

    Trempée par huit années de Grande Révolution culturelle prolétarienne, la dictature du prolétariat de notre pays est plus solide que jamais.

    Nous contribuerons à développer l’excellente situation révolutionnaire, pourvu que nous renforcions l’unité révolutionnaire, appliquions inébranlablement la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao, faisions bien la distinction entre les deux types de contradictions de nature différente et leur donnions une juste solution.

    « L’avenir est radieux, mais notre chemin est tortueux. »

    Voilà la conclusion scientifique tirée d’innombrables expériences historiques et confirmée par la pratique.

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  • Discours de Tchang Tchouen-kiao au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de de Pékin

    Au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin

    20 avril 1967


    Camarades révolutionnaires, compagnons de combat,

    Le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin est fondé solennellement aujourd’hui. C’est une grande fête pour les révolutionnaires prolétariens de Pékin, et aussi pour les révolutionnaires prolétariens de tout le pays.

    En tant que membres des délégations des Comités révolutionnaires des provinces du Chansi, du Koueitcheou, du Heilongkiang, du Chantong et de la municipalité de Shanghai, invités à y participer, nous en éprouvons une très grande joie.

    Comme nous en avons été chargés par les Comités révolutionnaires de ces cinq provinces et municipalité et par la population révolutionnaire de ces régions, nous adressons au Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin et à nos compagnons de combat révolutionnaires de la capitale nos souhaits les plus chaleureux et à vous ici présents, nos saluts de la grande révolution culturelle prolétarienne!

    Camarades, compagnons de combat, Pékin est la ville où réside notre grand dirigeant le président Mao, la capitale de notre grande patrie et le cœur de notre révolution prolétarienne.

    Au cours de la grande révolution culturelle prolétarienne, et sous la direction directe du Comité central ayant à sa tête le président Mao, les révolutionnaires prolétariens de Pékin, s’étant placés aux premiers rangs du combat, ont apporté une contribution toute particulière à la révolution culturelle prolétarienne dans l’ensemble du pays et acquis un mérite exceptionnel.

    Avec un esprit d’audace révolutionnaire prolétarien, vous avez lancé une violente attaque contre la clique des révisionnistes contre-révolutionnaires de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin et remporté la première grande victoire dans la lutte contre la poignée de responsables qui, bien que du Parti, avaient pris la voie du capitalisme.

    Vous avez apposé le premier grand journal mural marxiste-léniniste en gros caractères de notre pays, vous avez déclenché le mouvement des gardes rouges qui a ébranlé le monde, et accueilli avec enthousiasme plus de dix millions de jeunes combattants révolutionnaires, venus à Pékin pour échanger des expériences révolutionnaires.

    Vous avez encore envoyé des milliers et des milliers de gardes rouges dans toutes les régions du pays pour y répandre l’appel du président Mao et le style de travail d’oser penser, parler, agir, frayer la voie et faire la révolution en s’unissant avec les révolutionnaires du lieu pour que la flamme ardente de la grande révolution culturelle prolétarienne se propage partout dans le pays.

    Toute victoire de cette révolution remportée dans nos provinces et municipalité est liée avec le soutien total des révolutionnaires prolétariens de Pékin et la lutte héroïque des jeunes combattants de la garde rouge de la capitale.

    Pour tout ceci, nous vous réitérons, camarades et compagnons de combat, nos remerciements les plus sincères. Notre grande révolution culturelle prolétarienne se trouve maintenant au paroxysme de la lutte pour la prise du pouvoir par l’union des révolutionnaires prolétariens.

    La grande critique du plus haut des responsables qui, bien que du Parti, a pris la voie du capitalisme, s’élève actuellement dans l’ensemble du pays.

    A ce moment décisif, la fondation du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin constitue un grand encouragement pour les révolutionnaires prolétariens de notre pays.

    Nous sommes convaincus que cet organe du pouvoir provisoire révolutionnaire, représentatif, possédant l’autorité révolutionnaire du prolétariat et formé dans la lutte révolutionnaire, se montrera capable de diriger les révolutionnaires prolétariens de la capitale, qu’il continuera à rester en tête des rangs des combattants dans la révolution culturelle prolétarienne du pays pour arracher la victoire totale dans cette révolution, à Pékin comme dans l’ensemble du pays, et pour y apporter une brillante contribution; nous sommes convaincus qu’il pourra édifier notre capitale en une grande école de l’étude et de l’application vivantes de la pensée de Mao Zedong, notre capitale qui ne changera jamais de couleur, grand exemple pour notre pays comme pour le monde. Compagnons de combat, nous sommes tous des combattants du président Mao, luttant contre nos ennemis communs dans la même tranchée.

    Nos délégations ont appris beaucoup de bonnes expériences pendant leur séjour à Pékin.

    En particulier les nouvelles expériences que vous avez créées au cours de votre réalisation de la grande alliance et de la « triple union » révolutionnaires, et celles de la Conférence des représentants des ouvriers, des Congrès des gardes rouges et de la Conférence des anciens paysans pauvres et paysans moyens de la couche inférieure que vous avez instaurés.

    Nous avons entendu aujourd’hui le rapport du camarade Sié Fou-tche et les discours des camarades de diverses branches.

    Nous continuerons à apprendre auprès de vous et vous nous aiderez certainement toujours comme vous l’avez déjà fait.

    Sous la direction du président Mao et guidés par le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong, avançons en serrant nos rangs pour la victoire totale de la ligne révolutionnaire prolétarienne représentée par le président Mao et de la grande révolution culturelle prolétarienne, et pour de nouvelles victoires de la révolution et de l’édification socialistes !

    Vive la victoire de la grande révolution culturelle prolétarienne !

    Vive la dictature du prolétariat!

    Vive le Parti communiste chinois!

    Vive le président Mao! Qu’il vive très longtemps!

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  • Discours de Sie Fou-Tche au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de de Pékin

    Au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin

    20 avril 1967


    Camarades révolutionnaires prolétariens, compagnons de combat, jeunes soldats de la Garde rouge,

    Le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin, dont nous attendions depuis longtemps la formation, est fondé aujourd’hui.

    Du début à la fin, les préparatifs pour la fondation du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin ont été l’objet du profond intérêt de notre grand dirigeant le président Mao.

    En ce moment de grande allégresse pour la population de la ville, nous souhaitons à notre grand dirigeant, infiniment respecté et bien-aimé, le président Mao, une longue, très longue vie!

    A ce grand rassemblement d’aujourd’hui, participent notre premier ministre le camarade Chou En-laï et tous les camarades du Groupe du Comité central chargé de la révolution culturelle.

    Nous les acclamons chaleureusement et leur adressons nos saluts de la révolution culturelle prolétarienne!

    Au cours de la préparation pour fonder le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin, l’A.P.L. a participé à la « triple union » révolutionnaire et nous a accordé un soutien puissant dans tous les domaines.

    Nous lui adressons nos saluts révolutionnaires! Nous devons apprendre auprès d’elle!

    Les révolutionnaires prolétariens de la municipalité de Shanghai et des provinces du Chansi, du Koueitcheou, du Heilong-kiang et du Chantong, après avoir été les premiers à faire la grande alliance, ont réalisé la « triple union » et arraché le pouvoir à la poignée de responsables qui, bien que du Parti, ont pris la voie du capitalisme.

    Ils sont pour nous un exemple à suivre. Les responsables des comités révolutionnaires de cette municipalité et de ces provinces sont venus aujourd’hui de si loin pour participer à notre grand rassemblement et nous apporter leur soutien; nous leur faisons donc le plus chaleureux accueil et leur présentons nos remerciements.

    La fondation du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin est le résultat d’une longue lutte héroïque livrée par les révolutionnaires prolétariens, les ouvriers, les paysans, les soldats et les intellectuels révolutionnaires de la capitale contre une poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste, contre la ligne réactionnaire bourgeoise, en portant haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong et en persistant dans la ligne révolutionnaire prolétarienne.

    C’est à Pékin que vit notre grand dirigeant le président Mao, c’est à Pékin que se trouve le commandement suprême du prolétariat. La pensée infiniment brillante de Mao Zedong illumine la capitale de notre grande patrie, la Chine tout entière et le monde entier.

    Cependant, l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin, où était retranchée depuis longtemps une poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires laquelle protégée et soutenue par la poignée des plus hauts responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste, brandissait constamment « le drapeau rouge » pour combattre le drapeau rouge, s’opposait violemment à notre grand dirigeant infiniment respecté et bien-aimé, le président Mao, attaquait et dénigrait avec perfidie sa grande pensée et s’opposait à l’étude et à l’application créatrices de ses œuvres.

    Cette clique révisionniste contre-révolutionnaire a toujours désapprouvé la théorie du président Mao sur la lutte des classes; elle prêchait la conciliation de classe, propageait le concept de l’extinction de la lutte des classes, combattait et sabotait le mouvement d’éducation socialiste dans les villes et à la campagne, protégeait la poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste et défendait les intérêts de la bourgeoisie.

    Elle s’opposait invariablement à la primauté accordée à la politique prolétarienne, poursuivait une ligne révisionniste contre-révolutionnaire dans l’industrie, l’agriculture, les finances et le commerce, la culture, l’éducation et les autres domaines et œuvrait énergiquement à la restauration du capitalisme.

    Elle n’a cessé de combattre la ligne du Comité central du Parti ayant à sa tête le président Mao sur la révolution culturelle prolétarienne, et a utilisé tous les moyens de propagande qu’elle contrôlait pour distiller abondamment le venin révisionniste et préparer ainsi l’opinion publique à la restauration du capitalisme.

    Au cours de la révolution effectuée dans l’opéra de Pékin, l’opéra et la musique symphonique, elle a créé toutes sortes de difficultés et attaqué la camarade Kiang Tsing.

    Ce qui est particulièrement révoltant, c’est qu’elle a, à maintes reprises, résisté à la directive du président Mao pour critiquer Wou Han et pendant longtemps elle n’a rien fait dans ce sens.

    Après la publication de l’article du camarade Yao Wen-yuan, « Commentaire sur la nouvelle pièce historique La Destitution de Hai Joueï » elle a interdit aux journaux de Pékin de le reproduire; elle n’a pas permis la vente de l’article sous forme de brochure et a même attaqué les camarades révolutionnaires de Shanghai.

    Elle a toujours suivi sur le pian organisationnel une ligne révisionniste contre-révolutionnaire consistant à recruter des renégats, à accepter des traîtres et à former des cliques pour la recherche d’intérêts purement égoïstes, en procurant des postes à ses proches associés et plaçant de mauvais éléments à d’importants postes, protégeant les propriétaires fonciers, les paysans riches, les contre-révolutionnaires, les mauvais éléments et les droitiers et attaquant les révolutionnaires prolétariens.

    Elle a constamment boycotté le Comité central du Parti, dirigé par le président Mao, et fait de Pékin un royaume indépendant « étanche et imprenable » pour tenter — vainement — de le transformer en une base pour une restauration contre-révolutionnaire.

    Cette clique révisionniste contre-révolutionnaire regroupait de grands despotes qui opprimaient les masses populaires à Pékin. Elle a commis des crimes sans nom contre le Parti et le peuple.

    Le meneur de cette clique se vantait souvent d’une façon écœurante parmi les cadres pour préparer l’opinion à l’usurpation du pouvoir du Parti et de l’État.

    L’Histoire montre qu’il était en fait un capitulard achevé et un agent de la bourgeoisie au sein de notre Parti.

    Au début de la Guerre de Résistance contre le Japon, ce révisionniste contre-révolutionnaire a appliqué dans la région frontière Chansi-Tchahar-Hopei la ligne capitularde de Wang Ming selon laquelle « tout passe par le front uni, tout doit obéir au front uni ».

    Pendant la Guerre de Libération, il a continué à appliquer, avec plus d’acharnement encore, dans le Nord-Est la ligne de Wang Ming et la ligne capitularde lancée par le plus haut des responsables qui, bien que du Parti, s’est engagé clans la voie capitaliste.

    Il s’est opposé à la grande thèse du président Mao sur la stratégie de l’encerclement des villes par les campagnes. Il s’est opposé au point de vue juste du camarade Lin Piao : mobiliser sans réserve les masses et établir des bases d’appui.

    Dans les activités internationales, ce révisionniste contre-révolutionnaire, derrière le dos du Comité central du Parti, a fait de nombreuses déclarations effaçant les contradictions de classe, niant la lutte des classes et embellissant la bourgeoisie et le révisionnisme moderne. Il a vanté les renégats Tito et Khrouchtchev, les réactionnaires bourgeois de certains pays et a entrepris nombre d’actions capitulardes.

    Il est maintenant confirmé par des enquêtes que bien avant la Guerre de Résistance contre le Japon, ce révisionniste contre-révolutionnaire a tourné casaque quand il était en prison et vendu des camarades.

    Ce traître est par la suite entré en collusion avec le plus haut des responsables précités. Ils ont protégé un tas de renégats et les ont placés à des postes de direction importants dans le Parti, le gouvernement et l’armée.

    Dans cette grande révolution culturelle, les jeunes gardes rouges ont démasqué cette clique de renégats fieffés au sein de notre Parti. C’est là un magnifique exploit.

    Cette poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires se prétendaient communistes et endossaient le manteau du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Zedong. En fait, ils étaient des laquais fidèles de la bourgeoisie et de l’impérialisme. Ils s’en tenaient à l’idéologie bourgeoise et au système capitaliste. Ils s’opposaient au marxisme-léninisme, à la pensée de Mao Zedong et au système socialiste.

    Ils étaient une coterie de contre-révolutionnaires anticommunistes et antipopulaires. La lutte entre eux et nous est une lutte à mort.

    Cette clique de révisionnistes contre-révolutionnaires craint et hait profondément la grande révolution culturelle prolétarienne déclenchée et dirigée par le président Mao en personne.

    Recourant sans cesse à de doubles tactiques, elle a résisté aux directives du président Mao, elle s’est engagée dans une suite d’activités clandestines pour combattre et saboter obstinément la grande révolution culturelle.

    Elle a été prise sur le fait alors qu’elle se livrait à ces activités conspiratrices antiparti.

    En réponse à l’appel de notre grand dirigeant le président Mao, les révolutionnaires prolétariens de la capitale, avec la puissance d’une avalanche et la force de la foudre, ont écrasé d’un seul coup la sinistre auberge du « Village des Trois » [Clique contre-révolutionnaire antiparti et antisocialiste groupant Teng Touo, Wou Han, Liao Mo-cha et Cie], ont pris d’assaut le repaire révisionniste contre-révolutionnaire de l’ancien Comité municipal du Parti et l’ont écrasé.

    Le président Mao et le Comité central du Parti ont ratifié la publication de la première affiche marxiste-léniniste en gros caractères apposée à l’Université de Pékin et ont pris en temps opportun la décision de réorganiser l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin et de constituer le nouveau Comité.

    Ces décisions ont été chaleureusement soutenues par tous les habitants de Pékin et du pays et ont fortement stimulé la grande révolution culturelle prolétarienne qui venait de se déclencher.

    Toutefois, les principaux responsables du nouveau Comité municipal du Parti, au lieu d’appliquer la ligne révolutionnaire prolétarienne représentée par le président Mao, poursuivirent la ligne réactionnaire bourgeoise. En juin et juillet 1966, la grande révolution culturelle prolétarienne à Pékin était menée sous le contrôle direct de la poignée des plus hauts responsables qui, bien que du Parti, prennent la voie capitaliste.

    Ils transformèrent Pékin en une base pour faire adopter la ligne réactionnaire bourgeoise.

    Se tenant sur la position réactionnaire bourgeoise, ils pratiquèrent la dictature bourgeoise, protégèrent la clique révisionniste contre-révolutionnaire de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin ainsi que la poignée de responsables engagés dans la voie capitaliste, bien qu’ils soient du Parti, et dirigèrent la lutte contre les révolutionnaires prolétariens.

    Le plus haut de ces responsables en question dirigea en personne dans beaucoup d’établissements l’encerclement des révolutionnaires et la répression contre les masses révolutionnaires, semant la terreur blanche et ravalant un grand nombre de révolutionnaires au rang de « contre-révolutionnaires » et de « droitiers ».

    Lui et sa bande agirent de telle sorte que la grande révolution culturelle prolétarienne de Pékin fut sur le point d’avorter et que l’influence empoisonnée de la ligne réactionnaire bourgeoise se répandit dans tout le pays.

    A ce moment crucial, le président Mao revint à Pékin et sauva la grande révolution culturelle prolétarienne.

    La llème session plénière du Comité central issu du VIIIe congrès du Parti a élaboré la « Décision du Comité central du Parti communiste chinois sur la grande révolution culturelle prolétarienne », proclamant la faillite de la ligne réactionnaire bourgeoise et rallumant le brasier de la grande révolution culturelle prolétarienne.

    Dès que des nouveautés telles que les gardes rouges et le vaste échange d’expériences révolutionnaires apparurent à l’horizon, le président Mao les soutint avec fermeté.

    Les gardes rouges de la capitale jouèrent leur rôle en attisant la lutte contre la ligne réactionnaire bourgeoise dans toutes les parties du pays.

    Ici à Pékin, le président Mao et son proche compagnon d’armes, le camarade Lin Piao, passèrent en revue plus de dix millions de gardes rouges, d’enseignants et d’étudiants révolutionnaires, donnant ainsi aux révolutionnaires prolétariens un immense encouragement et une force infinie.

    Les révolutionnaires prolétariens de la capitale, fidèles à la ligne révolutionnaire prolétarienne et faisant preuve de l’esprit d’oser penser, parler, agir, frayer la voie et faire la révolution, ont brisé la terreur blanche de la ligne réactionnaire bourgeoise, repoussé ses nombreuses contre-attaques et mené une lutte contre la poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste.

    Au cours de luttes extrêmement âpres, complexes et tortueuses, ils remportèrent victoire sur victoire. A Shanghai, les révolutionnaires prolétariens ont déclenché la tempête de la « Révolution de Janvier ».

    Dans la capitale, en réponse à l’appel du président Mao, les révolutionnaires prolétariens ont déclenché la lutte, de bas en haut, pour arracher le pouvoir à une poignée de responsables qui, bien que du Parti, s’étaient engagés dans la voie capitaliste.

    Après une période relativement longue de préparatifs, de discussions et de consultations, le Congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement supérieur de Pékin, la Conférence des représentants des ouvriers et des employés révolutionnaires de Pékin, la Conférence des représentants des paysans pauvres et des paysans moyens de la couche inférieure et le Congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement secondaire ont été successivement convoqués.

    Le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin — organe provisoire du pouvoir — fut ainsi établi sur la base de la grande alliance des révolutionnaires prolétariens et conformément à la politique de la « triple union » révolutionnaire formulée par le président Mao.

    C’est une éclatante victoire de la grande révolution culturelle prolétarienne, de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et de l’invincible pensée de Mao Zedong.

    Camarades, compagnons de combat: Au moment de la célébration de la fondation du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin, nous gardons à l’esprit cet enseignement du président Mao: « Vous devez porter intérêt aux affaires de l’État et mener la grande révolution culturelle prolétarienne jusqu’au bout! »

    La grande révolution culturelle prolétarienne déclenchée et dirigée par le président Mao en personne est une grande création dans le mouvement communiste international.

    Après que le prolétariat a pris le pouvoir à l’échelle nationale, la résistance de la bourgeoisie se décuple pour tenter — vainement — de reconquérir son paradis.

    Pendant une longue période, les représentants de la bourgeoisie continuent à conserver un potentiel politique considérable et ont encore, dans une certaine mesure, le dessus dans les domaines idéologique et culturel en particulier.

    C’est pourquoi une nouvelle question extrêmement importante se pose devant le prolétariat: peut-il maintenir et consolider le pouvoir, prévenir la restauration capitaliste et mener jusqu’au bout la révolution socialiste?

    Les marxistes-léninistes qui nous ont précédés n’ont pas eu le temps de résoudre ce problème ou ont été incapables de le faire.

    Au fil de « l’évolution pacifique », le capitalisme a été restauré en Yougoslavie, en Union soviétique et dans un certain nombre d’autres pays.

    En Chine, depuis l’établissement du pouvoir de dictature du prolétariat en 1949, sous la direction du président Mao, nous avons mené une série de luttes importantes contre la bourgeoisie sur les fronts politique, économique, idéologique et culturel.

    Par exemple, la lutte en 1954 contre l’alliance antiparti de Kao Kang et Jao Chou-che, agents de la bourgeoisie qui s’étaient infiltrés dans le Parti; la lutte en 1959 contre la clique antiparti des opportunistes de droite; les luttes sur la transformation du système de la propriété, c’est-à-dire concernant les entreprises mi-Etat, mi-privées, la coopération agricole et les communes populaires ; la lutte contre les droitiers sur les fronts politique et idéologique; et la critique dans le domaine idéologique et culturel du film La Vie de Wou Hsiun et du livre Essais sur « Le Rêve du Pavillon rouge », des idées réactionnaires de Hou Che et de Hou Feng, de la théorie de Yang Hsien-tchen de « deux fusionnent en un » etc.

    [La Vie de Wou Hsiun était un film des plus contre-révolutionnaires qui louait chaleureusement la classe des propriétaires fonciers et leurs laquais, prêchait sans vergogne le servilisme et le capitulationnisme les plus honteux et calomniait perfidement les luttes révolutionnaires paysannes.

    Wou Hsiun (1838-1896) était un laquais servile des propriétaires fonciers que le film présente comme « grand homme » prêt à se sacrifier pour donner aux enfants des paysans pauvres la chance d’étudier. 

    Les Essais sur « Le Rêve du Pavillon rouge » est un livre qui apprécie ce roman classique en partant du point de vue idéaliste bourgeois et emploie des méthodes bourgeoises de critique des sources.]

    Toutes étaient des luttes menées par le prolétariat sous la direction personnelle du président Mao contre la bourgeoisie, des luttes opposant la ligne révolutionnaire prolétarienne incarnée par le président Mao à la ligne réactionnaire bourgeoise représentée par le plus haut des responsables qui, bien que du Parti, prend la voie capitaliste.


    La grande révolution culturelle prolétarienne actuelle est une bataille décisive d’envergure, une offensive générale contre l’idéologie de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses.

    La mobilisation des masses par centaines de millions pour faire la révolution a permis d’épurer et de balayer, de bas en haut, les représentants de la bourgeoisie infiltrés dans le Parti, dans le gouvernement et dans l’armée.

    Seul un grand marxiste-léniniste comme notre grand dirigeant le président Mao a pu déclencher un mouvement de masse remuant ciel et terre et d’une ampleur aussi gigantesque, grâce à sa connaissance éminente du marxisme-léninisme, à son expérience extrêmement riche de la lutte et à son extraordinaire énergie.

    La lutte pour la prise du pouvoir est la conséquence naturelle de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, entre la voie du socialisme et la voie du capitalisme, et entre la ligne révolutionnaire prolétarienne et la ligne réactionnaire bourgeoise.

    Ce n’est qu’en renversant la poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste, en leur arrachant le pouvoir, en les destituant et en assurant la prise en main du pouvoir politique par de fermes révolutionnaires prolétariens que la révolution socialiste pourra être menée jusqu’au bout, que les racines du révisionnisme pourront être extirpées, que la restauration du capitalisme pourra être empêchée et que notre pays ne changera jamais de nature.

    Ce mouvement de large démocratie qui se déroule sous la dictature du prolétariat et la lutte de bas en haut pour arracher le pouvoir à cette poignée, ont justement pour but de protéger les fruits de la victoire déjà remportée par le prolétariat et de promouvoir la révolution prolétarienne.

    C’est une nécessité aujourd’hui et ce sera également une nécessité à l’avenir.

    C’est un développement important apporté au marxisme-léninisme par le président Mao, aussi grand et important que la doctrine du socialisme scientifique formulée par Marx et que la doctrine de la prise du pouvoir d’État par le prolétariat dans un seul pays formulée par Lénine.

    Actuellement, tous les révolutionnaires prolétariens du pays déclenchent un nouvel essor dans le mouvement de masse pour critiquer à fond le plus haut des responsables en question.

    C’est aussi une importante bataille décisive de la grande révolution culturelle prolétarienne.

    Ce haut responsable est le chef de file des révisionnistes chinois, et la poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste dans certaines régions et certaines branches formait, elle, la force de base pour poursuivre leur ligne révisionniste contre-révolutionnaire. Aujourd’hui, la tâche de combat la plus importante est de critiquer à fond le haut responsable précité.

    Nous devons nous tenir fermement dans cette orientation générale, mobiliser sans réserve les masses dans un vaste mouvement pour critiquer sur les plans politique, idéologique et théorique le poison révisionniste répandu par ces individus dans différents domaines, le condamner et l’éliminer.

    La poignée des plus grands responsables qui, au sein du Parti, se sont engagés dans la voie capitaliste sont les patrons dans la coulisse de la clique révisionniste contre-révolutionnaire de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin.

    Nous devons centrer notre critique sur le plus haut des responsables précités, abattre, mettre hors d’état de nuire et discréditer la clique révisionniste contre-révolutionnaire de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin et la poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste, et arracher toutes les positions usurpées par eux.

    Nous devons répondre au grand appel du président Mao et porter haut levé le drapeau révolutionnaire de la critique, nous lancer courageusement dans le combat et détruire totalement la ligne réactionnaire bourgeoise.

    Le président Mao nous enseigne ceci: « Ce dont les forces révolutionnaires ont besoin aujourd’hui pour attaquer les forces contre-révolutionnaires, c’est d’organiser les masses populaires par millions et de mettre en mouvement une armée révolutionnaire puissante. »

    Dans ce grand mouvement révolutionnaire de critique de masse, nous devons étendre et consolider encore la large alliance des révolutionnaires prolétariens.

    Avec l’objectif commun de critiquer le haut responsable cité et la clique révisionniste contre-révolutionnaire de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin, tous les révolutionnaires prolétariens doivent lutter côte à côte et élever en commun leur compréhension de la pensée de Mao Zedong.

    Le camarade Lin Piao a indiqué: « Nous devons nous considérer simultanément comme une parcelle de la force révolutionnaire et une cible de la révolution. Nous devons nous révolutionnariser dans la révolution. Sans cela, il n’est pas possible d’assurer son succès. »

    Tout en transformant le monde objectif, les révolutionnaires prolétariens doivent, en même temps, transformer sans cesse leur propre monde subjectif.

    Nous devons, au cours de ce mouvement révolutionnaire de critique de masse, engager une campagne de rectification tout en menant la lutte, détruire radicalement l’égoïsme, développer vigoureusement le dévouement à l’intérêt public, éliminer l’ostentation, le particularisme « montagnard », l’esprit de coterie, le libéralisme, l’anarchisme, l’individualisme et autres idées non-prolétariennes, renforcer notre esprit révolutionnaire, l’attitude scientifique et le sens de l’organisation et de la discipline du prolétariat.

    Les divergences de vues parmi les diverses organisations révolutionnaires de masse doivent être aplanies par la méthode de « rectification ouverte », principalement par l’autocritique. Les divergences de vues ne doivent pas conduire à des « guerres civiles », créant ainsi la confusion dans l’orientation générale de la lutte et donnant même à l’ennemi l’occasion de saboter notre grande alliance et notre grande unité.

    Nous ne devons en aucune façon permettre à la poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste de profiter de l’occasion de la campagne de rectification pour attaquer les révolutionnaires prolétariens et lutter contre eux.

    De même, il ne doit pas être permis aux conservateurs d’utiliser la formation de la grande alliance comme prétexte pour affaiblir les révolutionnaires prolétariens, les réprimer et même les annexer.

    Le président Mao nous enseigne ceci: II faut nous unir à tous ceux qui sont susceptibles d’être unis; le prolétariat doit non seulement se libérer mais aussi libérer toute l’humanité; le prolétariat ne pourra définitivement réaliser sa propre libération qu’après avoir émancipé toute l’humanité.

    Nous devons nous unir à la grande majorité des cadres et des masses. Les révolutionnaires prolétariens ne doivent pas user de discrimination à l’égard de ceux qui ont été trompés par la ligne réactionnaire bourgeoise ou les exclure.

    Ils doivent, au cours de la lutte pour stigmatiser les responsables du Parti qui ont pris la voie capitaliste, éveiller patiemment leur conscience de classe, les aider fraternellement à corriger leurs erreurs et s’unir avec eux pour faire la révolution.

    Il est bien entendu qu’ils ne doivent pas s’unir avec des organisations réactionnaires telles que le « Comité d’action unie » et autres de ce genre.

    Il faut exercer la dictature sur ces organisations et leurs chefs tandis que les rangs de leurs membres ordinaires seront désagrégés et traités différemment selon le cas. En combinaison avec ce mouvement révolutionnaire de critique de masse, nous devons appliquer mieux encore la politique de la « triple union » révolutionnaire formulée par le président Mao.

    La « triple union » révolutionnaire doit être basée sur la grande alliance des révolutionnaires prolétariens et formée graduellement au cours de la lutte des masses révolutionnaires.

    Le choix d’un certain nombre de cadres comme candidats pour la « triple union » révolutionnaire ne peut être ratifié que par les masses révolutionnaires et jamais par eux-mêmes.

    Chaque cadre révolutionnaire doit participer activement à cette campagne de critique de masse, stigmatiser activement le haut responsable susmentionné, dénoncer à fond la clique révisionniste contre-révolutionnaire de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin, se séparer nettement d’elle, se critiquer sérieusement et corriger ses erreurs et accepter la supervision et la mise à l’épreuve par les masses révolutionnaires.

    Les révolutionnaires prolétariens doivent mettre l’accent sur la critique de cette partie intégrante de la ligne réactionnaire bourgeoise qu’est « l’attaque d’un grand nombre pour protéger une poignée », soutenir tous les cadres qui veulent faire la révolution, passer à l’action et réaliser dans la lutte la « triple union » révolutionnaire.

    Par une telle union, on arrivera à empêcher les mauvais éléments de pêcher en eau trouble et de lancer des contre-attaques et des contre-accusations dans le but d’établir la restauration contre-révolutionnaire du capitalisme sous le couvert de la « triple union ».

    La grande majorité des cadres de la municipalité de Pékin sont bons ou relativement bons.

    Beaucoup d’entre eux, tels que Wou Teh, Lieou Kien-hsiun et d’autres camarades ont commencé à se placer du côté des révolutionnaires prolétariens.

    Nous sommes convaincus que dans les luttes à venir ils subiront victorieusement l’épreuve, se tremperont et continueront à apporter leur contribution à la révolution.

    Nous devons, à travers cette campagne révolutionnaire de critique de masse, mobiliser davantage les masses, appliquer mieux la politique de « faire la révolution et stimuler la production », redoubler d’efforts pour aller toujours de l’avant, et lutter pour accomplir et dépasser les plans de la production industrielle et agricole pour 1967.

    A travers cette campagne révolutionnaire de critique de masse, nous devons développer plus profondément le mouvement de masse pour l’étude et l’application vivantes des œuvres du président Mao.

    La pensée de Mao Zedong s’est développée au cours de la lutte contre toutes sortes de lignes opportunistes, notamment contre la ligne réactionnaire bourgeoise représentée par le haut responsable précité.

    Tirer pleinement profit du professeur par l’exemple à rebours que représente la poignée des plus grands responsables qui, bien que du Parti, prennent la voie capitaliste et critiquer à fond dans tous les domaines la ligne réactionnaire bourgeoise nous permettront de comprendre et d’assimiler plus profondément la pensée de Mao Zedong.

    Camarades, compagnons de combat: En évoquant le passé et en envisageant l’avenir, nous comprenons plus profondément que porter haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong et donner la primauté à la politique prolétarienne constituent la garantie fondamentale pour mener jusqu’au bout la grande révolution culturelle prolétarienne et accomplir toutes les tâches.

    Le président Mao est le plus grand marxiste-léniniste de notre époque.

    Il a continué, défendu et développé de façon géniale, créatrice et dans tous les domaines le marxisme-léninisme et l’a porté à une étape toute nouvelle.

    La pensée de Mao Zedong, c’est le marxisme-léninisme développé à son niveau le plus élevé de l’époque actuelle, c’est l’arme idéologique la plus puissante du prolétariat, c’est la bombe atomique spirituelle que nous possédons.

    Nous, révolutionnaires prolétariens, vouons à la pensée de Mao Zedong une affection, une foi, une admiration et une fidélité sans bornes.

    Nous devons répondre fermement à l’appel du camarade Lin Piao: « Étudier les œuvres du président Mao, suivre ses enseignements, agir selon ses directives et être ses bons soldats », nous devons hisser le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong sur les usines, les communes populaires, les magasins, les écoles, les organismes d’État, les rues et sur chaque pouce de terrain de la capitale.

    Nous devons faire de Pékin, capitale du peuple, la cité révolutionnaire la plus rouge rayonnant éternellement de l’éclat de la pensée de Mao Zedong.

    Et maintenant clamons bien haut :

    Vive la grande révolution culturelle prolétarienne !

    Vive la victoire de la ligne révolutionnaire prolétarienne représentée par le président Mao !

    Vive la dictature prolétarienne!

    Vive le grand Parti communiste chinois juste et glorieux!

    Vive la pensée de Mao Zedong toujours rayonnante et invincible!

    Vive notre grand dirigeant le président Mao! Qu’il vive longtemps, très longtemps!

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  • Discours de Chou En-Lai au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de Pékin

    Au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin

    20 avril 1967


    Camarades ouvriers, anciens paysans pauvres et paysans moyens de la couche inférieure, enseignants et étudiants révolutionnaires des établissements d’enseignement supérieur et secondaire, cadres révolutionnaires des organisations gouvernementales de Pékin, camarades commandants et combattants de l’Armée populaire de Libération, jeunes combattants de la Garde rouge, camarades, compagnons d’armes.

    Avec la sollicitude et sous la direction personnelles de notre grand guide, le président Mao, après trois mois de préparatifs intenses, le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin a aujourd’hui proclamé officiellement sa fondation, et le Comité central du Parti communiste chinois l’a approuvée.

    Au nom du président Mao et de son proche compagnon d’armes, le camarade Lin Piao, au nom du Comité central du Parti communiste chinois, du Conseil des Affaires d’État et de la Commission militaire du Comité central du Parti, je vous adresse mes chaleureuses félicitations et le salut combattant de la grande révolution culturelle prolétarienne !

    Pékin est le lieu où réside le président Mao et où siège le Comité central du Parti; il est le centre directeur de cette grande révolution culturelle prolétarienne qui est sans précédent dans l’Histoire.

    Après que le camarade Yao Wen-yuan eut publié son article « Commentaire sur la nouvelle pièce historique: La Destitution de Haï Jouei », les révolutionnaires prolétariens de Pékin ont immédiatement arraché le rideau noir derrière lequel se dissimulait la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin, ont dénoncé ses complots et l’ont critiquée et répudiée.

    [La Destitution de Haï Jouei fut une pièce de théâtre réactionnaire de Wou Han, révisionniste contre-révolutionnaire. Celui-ci emprunta l’histoire de la destitution d’un haut fonctionnaire féodal Hai Jouei des Ming (1368-1643) pour ironiser sur le régime actuel et en donner une image déformée en vue de crier à l’injustice devant la destitution, en 1959, par le peuple chinois des opportunistes de droite antiparti et antisocialistes, et de les encourager à revenir à la charge.

    Le camarade Yao Wen-yuan a publié en novembre 1965, dans un journal de Shanghai, le Wenhui Bao, son article: « Commentaire sur la nouvelle pièce historique, La Destitution de Hai Jouei » qui a sonné le clairon de la grande révolution culturelle prolétarienne.]

    C’était là le prélude triomphal de la grande révolution culturelle prolétarienne dans tout le pays. Nié Yuan-tse et six autres camarades de l’Université de Pékin écrivirent la première affiche marxiste-léniniste en gros caractères du pays.

    Après que le président Mao eut décidé lui-même de la faire radiodiffuser, la grande révolution culturelle prolétarienne s’est développée impétueusement à travers le pays.

    A Pékin, à la llème session plénière du Comité central du Parti qui se déroulait sous sa présidence, le président Mao écrivit une affiche en gros caractères pour bombarder le quartier général bourgeois et mit au point la Décision en 16 points concernant la grande révolution culturelle prolétarienne; et un communiqué de la session plénière fut publié, proclamant ainsi la défaite de la ligne réactionnaire bourgeoise.

    Les écoles secondaires de Pékin sont le berceau du grand mouvement de la Garde rouge qui a ébranlé le monde. Avec le soutien chaleureux du président Mao, ce mouvement a rapidement déferlé sur tout le pays.

    Particulièrement après qu’ils eurent été reçus par le président Mao, le 18 août 1966, les jeunes combattants de la Garde rouge quittèrent leurs écoles pour aller dans la société et, de Pékin, ils se rendirent dans toutes les parties du pays pour échanger des expériences révolutionnaires, pour détruire vigoureusement les quatre anciennetés [idées, culture, mœurs et coutumes anciennes– N.D.T.] des classes exploiteuses, pour encourager énergiquement les quatre nouveautés [idées, culture, mœurs et coutumes nouvelles — N.D.T.] du prolétariat, accomplissant d’immortels exploits dans la grande révolution culturelle prolétarienne.

    Entre août et novembre 1966, le président Mao a reçu plus de 12 millions de jeunes combattants de la Garde rouge, d’enseignants et d’étudiants révolutionnaires venus de toute la Chine.

    Militaires et civils, jeunes et vieux se sont unis et notre grande capitale est devenue le centre vers lequel convergent les aspirations de tout le pays et qui attire l’attention du monde entier.

    Les révolutionnaires prolétariens de Pékin ont répondu avec enthousiasme à l’appel lancé par le camarade Lin Piao du haut de la tribune de Tien An Men à l’occasion de la fête nationale de l’an dernier et se sont engagés dans la lutte où s’affrontent les deux lignes.

    Après plusieurs mois d’efforts, vous vous êtes tenus fermement du côté de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et vous avez repoussé les attaques répétées de la ligne réactionnaire bourgeoise.

    Vous avez acquis la supériorité non seulement dans le domaine politique et idéologique, mais aussi sur le plan organisationnel.

    La tempête de la Révolution de Janvier de Shanghai a porté la grande révolution culturelle prolétarienne à une nouvelle phase, celle de la lutte pour arracher le pouvoir à une poignée de responsables qui, bien que du Parti, s’étaient engagés dans la voie capitaliste.

    Les révolutionnaires prolétariens de Pékin sont passés immédiatement à l’action et ont mené la lutte pour la prise du pouvoir de bas en haut, en s’opposant au courant adverse qui, cherchait à restaurer le capitalisme.

    Ils ont remporté de grandes victoires successives.

    Sur la base de toutes ces gigantesques luttes et victoires et en réponse à l’appel du président Mao, les révolutionnaires prolétariens et les jeunes combattants de la Garde rouge de Pékin ont établi l’organe provisoire du pouvoir, révolutionnaire, représentatif et investi d’une autorité révolutionnaire prolétarienne, de la municipalité de Pékin.

    Cet organe provisoire du pouvoir a été formé à la suite de la convocation de conférences des représentants des ouvriers, des anciens paysans pauvres et paysans moyens de la couche inférieure et de congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement supérieur et secondaire.

    C’est là un grand triomphe de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et de la pensée de Mao Zedong.

    Vous avez maintenant pris le pouvoir mais la lutte entre les deux voies et entre les deux lignes n’est pas terminée. Vous devez comprendre que saisir le pouvoir n’est pas facile, l’exercer n’est pas facile non plus, et consolider la dictature du prolétariat est encore plus difficile.

    Après la libération de Peiping [ancien nom de Pékin — N.D.T.] en 1949, le pouvoir de la dictature du prolétariat a été établi.

    Mais la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin a tenté vainement de transformer Pékin en un royaume indépendant, placé sous son contrôle.
    Elle a brandi le « drapeau rouge » pour s’opposer au drapeau rouge.

    En apparence, elle a prétendu suivre la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao en restant à couvert sous son déguisement. Mais dans l’ombre, elle a poursuivi la ligne réactionnaire du plus haut des responsables qui, bien que du Parti, avait pris la voie capitaliste.

    Cette petite poignée a usurpé la direction du prolétariat et a essayé de conduire la dictature du prolétariat sur la voie de la restauration du capitalisme.

    Les camarades révolutionnaires prolétariens de Pékin doivent garder fermement à l’esprit cette leçon pour que, après la prise du pouvoir, ils fassent suffisamment attention au renforcement et à la consolidation du pouvoir.

    Ils doivent effectivement bien le tenir en main et bien l’employer. Pour atteindre ce but, il faut tenir haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong et mener jusqu’au bout la grande révolution culturelle prolétarienne.

    Maintenant, il faut étudier et appliquer de façon créatrice les œuvres du président Mao avec des problèmes spécifiques à l’esprit, dénoncer, critiquer et stigmatiser de façon plus complète, plus approfondie et plus étendue la poignée des plus hauts responsables qui, bien que du Parti, se sont engagés dans la voie capitaliste et la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de la municipalité de Pékin ; il faut lier ce combat aux tâches de « lutte, critique et réforme » [lutte contre ceux qui détiennent des postes de direction, mais se sont engagés dans la voie capitaliste, critique des « sommités » académiques réactionnaires de la bourgeoisie et de l’idéologie de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses, réforme de l’éducation, de la littérature, de l’art et de toutes les autres branches de la superstructure qui ne correspondent pas à la base économique socialiste — N.D.T.] dans les unités de travail respectives. En même temps, dans ce mouvement révolutionnaire de critique sur une vaste échelle, il faut renforcer et développer davantage la grande alliance révolutionnaire et la triple union révolutionnaire.

    C’est là l’orientation générale de la lutte et nous devons fermement nous y tenir.

    Ce n’est qu’en agissant ainsi que nous éliminerons radicalement toutes les influences pernicieuses de la ligne réactionnaire bourgeoise afin d’appliquer rigoureusement dans tous les domaines la ligne révolutionnaire prolétarienne représentée par le président Mao.

    Et ce n’est qu’en agissant ainsi que les larges masses pourront être armées de la pensée de Mao Zedong, que la révolutionnarisation de leur pensée peut se développer et que notre dictature prolétarienne pourra être consolidée à partir des racines.

    Tout en faisant vigoureusement la révolution, nous devons stimuler énergiquement la production. La grande révolution culturelle prolétarienne doit être faite afin de donner d’éclatants résultats aussi bien dans les domaines politique et idéologique que dans les domaines de l’édification économique et de la recherche scientifique.

    Cette année est la deuxième année du troisième plan quinquennal de notre pays.

    Il faut qu’en 1967 nous obtenions une abondante récolte, que nous nous efforcions d’accroître encore la production industrielle et d’atteindre de nouveaux sommets dans la recherche scientifique.

    Sous ce rapport, Pékin exerce une influence importante sur tout le pays.

    Les camarades révolutionnaires prolétariens de Pékin doivent, avec comme condition préalable la révolutionnarisation idéologique, continuer à déployer tous leurs efforts, à aller toujours de l’avant, et à travailler suivant le principe de quantité, rapidité, qualité et économie afin d’accomplir et de dépasser les plans fixés pour cette année, de jeter les bases solides et toujours plus larges du troisième plan quinquennal et d’appliquer encore mieux le principe stratégique formulé par le président Mao, consistant à faire les préparatifs en prévision d’une guerre et des calamités naturelles et à tout faire pour le peuple.

    A la veille de la victoire à l’échelle nationale, le président Mao nous a indiqué: « La conquête de la victoire dans tout le pays n’est que le premier pas d’une longue marche de dix mille lis …

    La révolution chinoise est une grande révolution, mais après sa victoire la route à parcourir sera bien plus longue, notre tâche plus grandiose et plus ardue.

    C’est un point qu’il faut élucider dès à présent dans le Parti pour que les camarades restent modestes, prudents, non présomptueux ni irréfléchis dans leur style de travail, pour qu’ils persévèrent dans leur style de vie simple et de lutte ardue. »

    Camarades révolutionnaires prolétariens de Pékin et jeunes combattants de la Garde rouge, nous espérons de tout cœur que vous tiendrez encore plus haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong, que vous suivrez les enseignements du président Mao, que vous aurez à cœur les fruits de vos victoires, que vous renforcerez votre sens des responsabilités, que vous consoliderez et développerez sans cesse le pouvoir que vous avez déjà saisi et que vous ferez en sorte que notre capitale, où vit le président Mao, reste toujours aux mains des révolutionnaires prolétariens, soit toujours pleine de jeunesse et de vitalité et ne change jamais de nature.

    Enfin, clamons à haute voix:

    Vive la victoire de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao!

    Vivent les révolutionnaires prolétariens!

    Vive l’Armée populaire de Libération de Chine!

    Vivent les gardes rouges!

    Vive la grande révolution culturelle prolétarienne !

    Vive la dictature du prolétariat!

    Vive le Parti communiste chinois!

    Vive l’invincible pensée de Mao Zedong!

    Vive notre grand guide le président Mao! Qu’il vive longtemps, très longtemps!

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  • Discours de Jiang Qing au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de de Pékin

    Au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin

    20 avril 1967

    Camarades ouvriers, paysans, soldats, étudiants et cadres révolutionnaires, compagnons d’armes, jeunes combattants de la Garde rouge,

    Salut à vous tous! Au nom du Groupe du Comité central chargé de la révolution culturelle, je vous félicite pour la fondation du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin!

    Camarades, je vous adresse mes salutations de combat de la révolution culturelle prolétarienne!

    La fondation du Comité révolutionnaire de Pékin marque une nouvelle victoire de la révolution culturelle prolétarienne dans cette ville et apporte une grande contribution aux succès de la révolution culturelle prolétarienne dans les différentes parties du pays.

    Après la convocation de la Conférence des représentants des ouvriers, de la Conférence des anciens paysans pauvres et des paysans moyens de la couche inférieure, du Congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement supérieur, et du Congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement secondaire, les révolutionnaires prolétariens de Pékin se sont unis davantage et ont réalisé la « triple union » révolutionnaire.

    C’est là une grande victoire de la ligne révolutionnaire prolétarienne représentée par le président Mao.

    Le discours du camarade Sié Fou-tche est excellent.

    Je voudrais aborder seulement deux problèmes: D’abord, le rapport entre la critique de masse et la tâche de « lutte, critique et réforme » dans chaque unité de travail, puis, le soutien du peuple à l’armée et la sollicitude de l’armée pour le peuple.

    Dans l’ensemble, la situation actuelle est excellente dans tout le pays, excellente au possible.
    Elle est due à la direction donnée à notre lutte par le président Mao, à la large alliance des révolutionnaires prolétariens et au soutien de la grande Armée populaire de Libération.

    Mais, avec un changement alternatif, le développement de la situation n’est pas équilibré. C’est du reste normal.

    Un équilibre absolu n’existe pas dans le monde, de même qu’une chose sans alternative reste rare.

    Après des confrontations et des luttes répétées entre le prolétariat et la bourgeoisie dans la grande révolution culturelle, nous sommes maintenant bien trempés et sans ces luttes répétées nous n’aurions pu y parvenir.

    Donc ce changement alternatif n’est pas une mauvaise chose.

    Dans le stade actuel de la prise du pouvoir par l’alliance des révolutionnaires prolétariens, un vaste mouvement doit être lancé pour critiquer le responsable n° 1 qui, bien que du Parti, a pris la voie capitaliste, et en même temps, les révolutionnaires doivent passer graduellement dans leurs unités de travail, selon les conditions locales, à la tâche de « lutte, critique et réforme » qui est des plus ardues.

    La poignée des plus hauts responsables qui, bien que du Parti, ont pris la voie du capitalisme, sont les représentants de la restauration capitaliste et le patron dans les coulisses de la clique révisionniste contre-révolutionnaire de la municipalité de Pékin.

    Depuis 17 ans, ils ont avancé et obstinément suivi dans différents domaines une ligne réactionnaire bourgeoise. La ligne révolutionnaire prolétarienne incarnée par le président Mao s’est développée dans la lutte contre cette ligne réactionnaire bourgeoise. Nous devons balayer complètement l’influence néfaste de la ligne réactionnaire bourgeoise sur les fronts politique, économique, idéologique et culturel, et planter le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong sur toutes les positions.

    La lutte, la critique et la réforme dans les diverses unités de travail et la critique du responsable n° 1 qui, bien que du Parti, a pris la voie capitaliste ne sont pas contradictoires et peuvent être unifiées.

    La critique de masse du nombre infime des plus grands responsables qui, bien que du Parti, ont pris la même voie, peut donner un vigoureux élan à la tâche de lutte, de critique et de réforme dans les différentes unités de travail.

    De son côté, cette dernière peut aider à dénoncer plus complètement et à critiquer plus profondément les maux semés sur divers fronts par le responsable n° 1 dont on connaît les activités.

    Cela requiert mûre réflexion et une étude assidue des œuvres du président Mao, un bon travail dans les enquêtes et recherches. Ceci constitue une tâche extrêmement importante.


    Pour l’accomplir, on doit former un organisme dirigeant révolutionnaire dans chaque unité de travail.

    Évidemment on n’aurait pas besoin de prendre le pouvoir dans certaines unités de travail où les dirigeants du Parti et de l’administration seraient bons pour l’essentiel.

    Cependant, il faut réaliser dans la plupart des unités de travail la grande alliance révolutionnaire et la « triple union » révolutionnaire pour établir un organe du pouvoir provisoire.

    Sans elles comment pourrait-on entreprendre la tâche de « lutte, critique et réforme »? Qui dirigerait? N’ai-je pas raison? Camarades, avez-vous songé à cette question?

    Certains camarades ne pensent qu’à se promener ou à s’embarquer à l’aventure ici ou là avec beaucoup d’entrain.

    Mais mener à bien la tâche de lutte, de critique et de réforme dans sa propre unité de travail et dans son propre département, c’est là une nécessité indispensable à la révolution et à la construction socialiste.

    C’est une tâche d’importance primordiale et de longue portée. En réfléchissant à cela votre sens de la responsabilité s’accroîtra!

    Nous, le Groupe du Comité central chargé de la révolution culturelle, devons entreprendre aussi un travail approfondi d’enquête et d’étude; nous irons parmi vous et apprendrons auprès de vous vos bonnes expériences pour vous aider ensuite.

    Nous sommes tous des compagnons d’armes qui avons partagé durant toute cette année les difficultés, les joies et les peines.

    Je souhaite que vous réfléchissiez, camarades, plus mûrement au problème que constitue la tâche de lutte, de critique et de réforme, et que la lutte contre la poignée de responsables qui, bien que du Parti, ont pris la voie capitaliste, se poursuive sans dévier.

    Nous devons réfuter ces responsables avec fermeté.

    Quant à la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin, de l’ancienne Section de Propagande du Comité central du Parti et de l’ancien Ministère de la Culture, il faut également la dénoncer et la critiquer de façon plus approfondie.

    Suivant les directives du président Mao, l’Armée populaire de Libération, encouragée par le camarade Lin Piao, a fourni un grand effort, des cadres et des combattants pour les cinq tâches: soutien à la gauche, soutien à l’industrie, soutien à l’agriculture, contrôle militaire et entraînement militaire; elle a apporté ainsi une énorme contribution et obtenu de premiers et éclatants succès.

    Chacun est en droit d’écrire des affiches en gros caractères ou en petits caractères à l’adresse de l’armée s’il a quelque objection à lui faire en les envoyant à elle-même ou à son organisme supérieur, ou même au Comité central.

    Mais, il ne faut à aucun moment diriger le fer de lance contre l’armée. Les masses révolutionnaires doivent la traiter de façon juste et la soutenir. Le président Mao nous enseigne: « Sans armée populaire, le peuple n’aurait rien ».

    Les ordonnances en 8 points de la Commission militaire du Comité central sont justes et restent en vigueur. L’essentiel de ces ordonnances porte sur la juste attitude des masses à l’égard de l’A.P.L., qui est de la soutenir.

    L’armée doit de son côté prendre une juste attitude à l’égard des masses et aimer le peuple. Le président Mao nous enseigne: « L’armée doit ne faire qu’un avec le peuple, afin qu’il voie en elle sa propre armée. Cette armée-là sera invincible ».

    Les ordonnances en 10 points du 6 avril de la Commission militaire du Comité central du Parti sont à présent toujours aussi justes et restent en vigueur.

    L’essentiel de ces ordonnances porte sur la juste attitude de l’A.P.L. à l’égard des masses qui est d’aimer le peuple.

    L’esprit de ces deux séries d’ordonnances est analogue. Les opposer les unes aux autres est une erreur; il ne faut absolument pas saper celles en 8 points avec celles en 10 points, sinon, on commettra des erreurs.

    C’est par crainte que vous ne commettiez des erreurs, ou que vous ne soyez trompés par de mauvais éléments, que nous avançons ce problème.

    Ainsi, nous lançons avec insistance l’appel aux masses de soutenir l’armée, et à l’armée, d’aimer le peuple.

    Le président Mao nous enseigne: « Nous sommes en présence de deux types de contradictions sociales: les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple. . .
    Comme les contradictions entre l’ennemi et nous et les contradictions au sein du peuple sont de nature différente, elles doivent être résolues par des méthodes différentes. En somme, il s’agit, pour le premier type de contradictions, d’établir une claire distinction entre l’ennemi et nous, et, pour le second type, entre le vrai et le faux. »

    Nous devons savoir bien distinguer les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple, et nous garder clé les confondre.

    En ce qui concerne les contradictions au sein du peuple, les controverses entre les organisations des masses y comprises, nous devons employer la méthode de convaincre par le raisonnement et les faits, et suivant le principe d’ »unité-critique-unité » pour régler correctement les différends; nous ne devons pas imposer de façon arbitraire, aux organisations et aux masses qui n’ont pas les mêmes idées que nous, l’étiquette de contre-révolutionnaires, ni régler les problèmes existant entre les organisations des masses avec la méthode pour régler les contradictions entre nous et nos ennemis.

    Nous devons encore moins mener la lutte par coercition.

    Camarades, nous espérons que les larges masses révolutionnaires de Pékin, sous la direction du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin, tiendront haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong, consolideront et développeront la large alliance révolutionnaire au cours de la vaste critique révolutionnaire et feront de Pékin une grande école d’étude et d’application vivantes de la pensée de Mao Zedong.

    Et maintenant clamons bien haut:

    Vive la grande révolution culturelle prolétarienne!

    Vive la Garde rouge!

    Vive la dictature du prolétariat!

    Vive le Parti communiste chinois!

    Vive la pensée de Mao Zedong!

    Vive le président Mao! Qu’il vive longtemps, très longtemps!

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  • Qui était Confucius en réalité?

    Par le groupe de critique de masse de l’Université de Pékin et de l’Université Tsinghoua, 1975.


    Confucius était têtu, féroce mais au fond très faible ; c’était un sinistre individu, retors et pourri jusqu’à la moelle. Ces traits, qui caractérisaient la classe des esclavagistes sur le déclin, sont communs aux représentants de toutes les classes réactionnaires au bord de l’effondrement.

    Une dénonciation radicale de la nature réactionnaire de Confucius a une grande importance aujourd’hui afin de mieux comprendre celle d’escrocs politiques comme Wang Ming, Liou Chao-chi et Lin Piao, et de contre-attaquer les courants rétrogrades et de restauration.

    Une manie de la restauration : ramener l’histoire en arrière

    Confucius (551-479 av. J.-C.) vécut vers la fin de l’époque Tchouentsieou [Tchouentsieou (Printemps et Automne), nom tiré des Annales de Tchouentsieou, chronique de l’Etat de Lou couvrant les années 772 à 481 av. J.-C. Cependant, les historiens en général appelèrent toute la période allant de l’an 770 (année de la fondation de la dynastie des Tcheou de l’Est) à l’an 476 av. J.-C. L’époque Tchouentsieou].

    Les insurrections des esclaves, les révoltes du petit peuple et la lutte pour le pouvoir que livrait la classe montante des propriétaires fonciers, convergeaient en un courant historique irrésistible qui mit le système esclavagiste pourri dans la situation ainsi caractérisée : « les rites sont tombés en désuétude et la musique est en décadence ».

    La classe des esclavagistes tout entière était au bord de la ruine. Et celle des propriétaires fonciers montait sur la scène de l’histoire au milieu de luttes de classes acharnées.

    Confucius était issu d’une famille d’aristocrates propriétaires d’esclaves que les grands bouleversements sociaux avaient fait tomber en pleine décadence.

    Ses ancêtres étaient des grands de l’État de Song (la région actuelle de Changkieou, dans l’est du Honan); un de ses aïeuls vint s’installer plus tard dans l’État de Lou (le sud-ouest du Chantong actuel).

    Après la mort de son père Tseou Chou-ho, la situation de sa famille se dégrada encore davantage. Ayant reçu tout enfant l’éducation réactionnaire des esclavagistes, dès son adolescence, il suivit la voie de la défense et de la restauration de l’ancien système.

    La décadence de sa classe et de sa famille le poussait à lutter avec d’autant plus de rage et d’acharnement pour la restauration de leur ‘paradis perdu ».Le rêve qu’il caressa lute sa vie fut de  «faire renaître les Etats éteints, rétablir dans leurs privilèges héréditaires les familles nobles déchues, rappeler à de hautes fonctions ceux qui ont dû rentrer dans l’ombre ».

    L’expression concentrée de cela fut une ligne politique réactionnaire consistant à  «se modérer et en revenir aux rites ». Qu’est-ce que c’était que les « rites » ? Les rites constituaient la superstructure du système esclavagiste des Tcheou de l’Ouest [Dynastie succédant à celle des Yin (Chang) en 1066 avant notre ère. Son fondateur, le roi Wou, prit pour capitale la ville actuel Sian, dans la province du Chensi. Cette dynastie fut connue dans l’histoire sous le nom de dynastie des Tcheou de l’Ouest. En 770 av. J.-C., elle transféra sa capitale à l’actuel Louoyang, dans la province du Honan, et les historiens lui donnèrent alors le nom de dynastie des Tcheou de l’Est. Sous les Tcheou de l’Ouest que la société esclavagiste s’est hautement développée en Chine].

    Les portant aux nues, Confucius disait : « Comme elles sont bonnes, riches et colorée ; institutions des Tcheou ! Je les vénère ! » (Entretiens de Confucius, « Pa Yi »)

    En réalité, le système des Tcheou était profondément réactionnaire, obscurantiste, pourri et déjà complètement dépassé à l’époque.

    Son caractère « riche et coloré » lui venait seulement du sang d’esclaves sans nombre. Les propriétaires ne traitaient pas le moins du monde leurs esclaves comme des hommes. Cinq s’échangeaient contre un cheval et un écheveau de fil de soie.

    Privés de toute liberté individuelle, ils étaient condamnés à un travail manuel épuisant, auquel s’ajoutait la plus cruelle oppression.

    Quand un esclave s’enfuyait et qu’il était rattrapé, on lui coupait une jambe et on l’abandonnait en pleine campagne, « où il tenait compagnie aux animaux », voué ainsi à mourir atrocement de faim et de froid.

    A l’autre extrême, les esclavagistes menaient une vie décadente de débauches effrénées, sur le sang et la sueur des esclaves. Quand ils mouraient, ils se faisaient enterrer dans d’immenses et grandioses sépultures ; pour les accompagner dans leur dernière demeure, ils faisaient immoler ou enterrer vivants parfois plus de cent esclaves.

    Les rites que Confucius voulaient voir restaurer, c’était cet enfer pour les esclaves et ce paradis pour leurs propriétaires. Comme ce système détruisait en masse les forces de travail et gaspillait une quantité énorme de la richesse sociale, il devint un sérieux obstacle au développement des forces productives.

    Confucius aimait beaucoup l’ancien régime, l’ancien ordre et l’ancienne culture ; il vouait une haine invétérée à l’excellente situation révolutionnaire qui régnait à son époque. Il n’avait en tête que des idées revanchardes de contre-révolution.

    Devant les flammes des insurrections d’esclaves, il maudissait ces derniers, les traitant de « bandits », de « fléau », brûlant de les exterminer jusqu’au dernier.

    Lors de la répression d’une de ces révoltes, les esclavagistes de l’Etat de Tcheng tuèrent tous ceux qui y avaient participé. A cette nouvelle, Confucius se frotta les mains : « Très bien, très beau massacre ! » dit-il.

    Le précepte « se modérer et en revenir aux rites » voulait seulement dire que les propriétaires avaient raison de massacrer les esclaves, mais que ces derniers avaient tort de se révolter contre les premiers.

    Confucius était un ennemi juré de l’émancipation des esclaves !

    Dans l’esprit de Confucius, tout dans le système esclavagiste des Tcheou était parfait et sacro-saint, depuis le système des tsingtien [Le « système des champs en neuf carrés égaux » (appelé en chinois : système tsingtien) était le régime agraire en vigueur dans la société esclavagiste. Sous ce régime, toutes les terres appartenaient au roi, chef suprême des propriétaires d’esclaves. Elles étaient divisées en parcelles de neuf carrés égaux ayant la forme du caractère chinois tsing. Les terres ainsi divisées étaient distribuées aux aristocrates propriétaires d’esclaves de différents rangs qui obligeaient leurs esclaves à les cultiver] jusqu’aux lois, de la musique aux coupes de vin.

    Il se dressait frénétiquement contre toute innovation introduite dans la base économique ou la superstructure par la classe montante des propriétaires fonciers, aussi bien que contre toutes les autres choses nouvelles qui apparaissaient dans le grand bouillonnement social d’alors.

    Quand son disciple Jan Kieou aida les Kisouen, hauts fonctionnaires de l’État de Lou, à mettre en place un système d’impôt sur la terre qui stimulait le développement des rapports de production féodaux, Confucius, brutalement, poussa ses autres disciples  «à battre tambour et à partir en campagne contre lui ».

    Quand l’État de Tsin fit mouler un tripode sur lequel étaient inscrites les lois [Les représentants de la classe montante des propriétaires fonciers de l’État de Tsin moulèrent en 513 avant J.-C. Un tripode de fer sur lequel étaient inscrites des lois, qui fixaient certaines limites à l’arbitraire des esclavagistes et étaient portées ainsi à la connaissance de tous.

    Confucius s’y opposa furieusement], minant ainsi le système hiérarchique des nobles et des roturiers, il maudit les Tsin en disant qu’ils allaient voir leur Etat  «périr ».

    Confucius avait 71 ans et était cloué au lit par une sérieuse maladie, quand il apprit que les propriétaires fonciers de la classe montante de l’État de Tsi avaient tué le duc Kien, chef des esclavagistes de cet État, et pris le pouvoir. Pourtant, il fit des efforts désespérés pour se lever et se traîner auprès du souverain de l’État de Lou afin de le presser d’envoyer une expédition punitive.

    Son hostilité au nouveau et ses efforts acharnés pour empêcher l’ancien de sombrer tournèrent à l’obsession. Sa manie de  «retourner aux rites », c’était une volonté maladive de ramener l’histoire en arrière !

    Un escroc politique, hypocrite et retors

    Individu sinistre et retors, Confucius qui préconisait soi-disant  »l’amour des hommes », était en fait résolu à défendre et à restaurer la politique mangeuse d’homme du système esclavagiste.

    Il prêchait à longueur de journée la bienveillance et la justice,ainsi que le juste milieu, il ne tuait pas les oiseaux au nid, ni ne pêchait avec une ligne trop forte munie de trop nombreux hameçons.

    En apparence, non seulement c’était un homme qui aimait ses semblables, mais aussi un ami des petits oiseaux et des poissons !

    En réalité, c’était un monstre sanguinaire au coeur de pierre. Croyant agir avec  «bienveillance », un de ses disciples prépara de la bouillie d’avoine pour des esclaves qui trimaient.

    Considérant cela comme une offense aux « rites des Tcheou », Confucius entra dans une rage folle et envoya immédiatement des gens pour casser le pot et les bols et renverser par terre la bouillie.

    Voilà ce que confucius appelait être « un homme bienveillant qui aime tous les gens ». Fieffé hypocrite ! Confucius se mettait en quatre pour prêcher la « sincérité ». Il disait qu’un « homme qui n’est pas sincère ne peut réussir dans la vie », et il voulait ainsi se faire passer lui-même pour le plus sincère des hommes.

    La sincérité en fait a toujours un caractère de classe. Celle de Confucius n’était qu’un moyen par lequel les esclavagistes cherchaient à tromper le peuple.

    En fait, il reconnaissait que « l’homme supérieur ne cherche qu’une chose, défendre la juste voie, et pour cela il n’est pas tenu de respecter sa parole » (Louen Yu, Wei Ling Kong).

    En d’autres termes, on peut dire n’importe quel mensonge et commettre n’importe quelle perfidie, du moment que ça va dans le sens de la doctrine contre-révolutionnaire « se modérer et en revenir aux rites ».

    Alors qu’il se rendait dans l’État de Wei, Confucius fut encerclé, dans une localité appelée Pou, par les masses en révolte contre Wei, et fut empêché d’aller plus loin. Il jura sur le ciel que, si on le laissait partir, il ne se rendrait pas dans l’État de Wei. Il réussit ainsi à convaincre les masses.

    Mais sitôt libre, il se rendit en catimini auprès du monarque de l’État de Wei, lui communiqua toutes les informations voulues sur la révolte, lui fit des suggestions, et pressa l’État de Wei de réprimer les insurgés par les armes. Vous promettre des choses en face, et vous poignarder dans le dos, voilà la « sincérité à la Confucius » !

    Tous les escrocs politiques font toujours très attention à bien flairer comment vont les choses, à bien prendre le vent et à se composer des attitudes différentes adéquates aux différentes situations.

    Confucius ne faisait pas exception. Il a dit : « Si l’État est gouverné par les principes de la droite raison, parlez hautement et dignement et agissez de même. Si l’État n’est pas gouverné par les principes de la droite raison, agissez toujours hautement et dignement, mais parlez avec mesure et précaution. » (Louen Yu, Hsien Wen)

    Autrement dit, quand la situation dans un État est favorable à la restauration de l’ancien régime, criez fort et passez à l’assaut ; dans le cas contraire, persistez dans vos activités de restauration, mais prodiguez des paroles mielleuses et prenez une mine souriante, sans trahir votre réelle intention. Un coup d’État eut lieu dans l’État de Lou en 501 av. J.-C., pour renverser les propriétaires fonciers alors au pouvoir dont Ki Houan Tse.

    A cette nouvelle, Confucius tomba en extase et dansa de joie. Il vit là l’occasion de faire faire un grand pas à son programme de « retour aux rites », et, dès lors, clama qu’il « fallait faire renaître dans l’Est [c’est-à-dire dans l’État de Lou] les institutions des Tcheou » (Sema Tsien : Mémoires historiques).

    Il avança donc un plan d’action en vue d’une restauration contre-révolutionnaire. Mais le pouvoir issu de ce coup d’État n’eut qu’une très brève existence.

    Cachant alors tout ce qu’il avait fait pour le soutenir et répandant des médisances sur un des chefs de la révolte, il réussit à gagner la confiance de Ki Houan Tse, et fut nommé bientôt à l’important poste de chef de la police et de premier ministre par intérim.

    Un tyran brutal et sanguinaire

    Une fois au pouvoir, Confucius transforma immédiatement ses rêves de restauration en tentatives de restauration. Il pratiqua frénétiquement une ligne politique réactionnaire, opprima cruellement le peuple travailleur et la classe montante des propriétaires fonciers, et, en particulier, rabaissa les femmes au plus bas de l’échelle sociale.

    Bien qu’il ait dit ouvertement qu’en politique il ne fallait pas mettre à mort les gens, cet hypocrite de Confucius montra à nu son vrai visage de tyran dès qu’il eut quelque pouvoir entre les mains.En la courte période de trois mois où il fut premier ministre par intérim, il abattit son glaive sur Chaotcheng Mao, un réformateur partisan des propriétaires fonciers, le fit mettre à mort et ordonna d’exposer en public son cadavre pendant trois jours.

    Chaotcheng Mao était un taifou (haut fonctionnaire) de l’État de Lou et un précurseur de l’école légaliste. Les idées de réformes qu’il propageait recevaient l’accueil chaleureux et le ferme appui du peuple.

    Il rassembla autour de lui un « groupe de disciples » qui représentaient les forces sociales avancées d’alors. Des disciples de Confucius allèrent même écouter ses discours ; à cause de lui, « le nombre des disciples de Confucius connut par trois fois une chute verticale». (Wang Tchong : Louen Heng – Discours bien pesés)

    A plusieurs occasions, la quasi-totalité des élèves de Confucius quittèrent ce dernier, seul Yen Yuan, son plus proche disciple, restant aux côtés de son maître délaissé.

    La théorie réformatrice de Chaotcheng Mao était une sérieuse menace pour l’entreprise de restauration de Confucius ; c’était pour lui une épine dans le pied, et il était impatient de s’en débarrasser à jamais. Selon les rites des Tcheou, « aucune peine ne devait frapper quiconque avait un rang égal ou supérieur à celui de taifou ».

    Bien plus, mettre à mort un homme du prestige de Chaotcheng Mao serait vivement condamné par l’opinion publique, et même les disciples de Confucius s’y opposaient.

    Malgré tout, afin de servir ses visées contre-révolutionnaires de restauration, Confucius défia l’opposition de l’opinion publique.

    Grâce au pouvoir usurpé dont il était investi, il accumula cinq chefs d’accusation pour « crimes majeurs » contre Chaotcheng Mao, et le fit exécuter. Telle était la revanche sanguinaire que prenait la classe esclavagiste en pleine décadence sur la force montante des propriétaires fonciers.

    Lénine a dit : « Qu’est-ce que la restauration ? Le passage du pouvoir d’État aux mains des représentants politiques de l’ancien régime. » (Programme agraire de la Social-démocratie dans la première révolution russe de 1905-1907)

    Le précepte confucéen « se modérer et en revenir aux rites » signifiait restaurer la dictature des esclavagistes. L’assassinat de Chaotcheng Mao nous rappelle que la lutte entre les deux classes et les deux lignes politiques est une lutte à mort. Un « gouvernement par la bienveillance » soi-disant au-dessus des classes, ça n’existe pas dans une société de classes. Une fois au pouvoir, les forces de la restauration représentant les classes réactionnaires livreront aussitôt des contre-attaques frénétiques, comme le fit Confucius, et de très nombreux révolutionnaires périront.

    Cette leçon de l’histoire mérite attention.

    Un parasite ignare

    Afin de servir ses objectifs de défense du système esclavagiste et de restauration, et de tromper le peuple, Confucius façonna son image en celle d’un personnage plein de vertu et d’un « sage » inné, qui incarnerait toute la culture de la dynastie des Tcheou de l’Ouest.

    Pour ces mêmes objectifs, les réactionnaires par la suite ont, de leur côté, porté aux nues Confucius, cet  «homme de grand savoir ».

    Confucius était-il vraiment « un homme de grand savoir » ? Quelle absurdité !

    Le président Mao a fait remarquer : « Depuis qu’existe la société de classes, il n’y a au monde que deux sortes de connaissances : l’une provient de la lutte pour la production et l’autre de la lutte des classes. ».

    Confucius ne comprenait pas la théorie révolutionnaire d’alors ni ne savait travailler pour la production. Il n’avait aucune réelle connaissance.

    Le peuple travailleur de l’époque méprisait cet homme « qui n’avait jamais travaillé de ses quatre membres, qui ne savait pas reconnaître les cinq espèces de céréales ».

    Dans le domaine de la production, son savoir était nul. Les soi- disant rites, musique, bienveillance et justice qu’il inculquait à ses disciples, ce n’était rien d’autre que la vieille culture ossifiée des aristocrates esclavagistes.

    Les Annales de Tchouentsieou, qu’il tronqua et falsifia, inversaient la réalité historique et intervertissaient le vrai et le faux. C’était un livre d’histoire prônant la restauration, qui avec impudence peignait sous de belles couleurs les grands chefs esclavagistes et attaquait méchamment les forces de la réforme.

    Parmi les lettrés des nombreuses écoles de pensée qui existaient à l’époque de Tchouentsieou et des Royaumes combattants [Époque ainsi nommée du fait qu’au cours de la période allant de l’an 475 à l’an 221 av. J.-C. (année de l’unification de la Chine par l’empereur Chehouangti des Ts’in) des guerres continuelles se déroulaient entre les différents États], beaucoup écrivirent des livres destinés à faire le bilan de certains aspects de la lutte de classes et de la lutte pour la production de leur temps ; ils apportèrent ainsi une contribution à l’histoire des connaissances humaines.

    D’éminents représentants de l’école légaliste, comme Chang Yang (environ 390-338 av. J.-C.), Siun Tse (environ 313-238 av. J.-C.) et Han Fei (environ 280-232 av. J.-C.), furent à l’avant-garde de leur époque.

    [L’école légaliste, dont les principaux représentants furent Chang Yang, Siun Tse et Han Fei, était une importante école de pensée qui s’opposait à l’école de Confucius a l’époque des Royaumes combattants.

    Elle reflétait les intérêts des propriétaires fonciers, alors classe féodale montante, et propageait le point de vue matérialiste selon lequel « l’homme vaincra le Ciel », par opposition au point de vue idéaliste de la « soumission à la volonté du Ciel ».

    Elle préconisait la réforme politique et s’opposait à la rétrogression. Elle proposait le « règne par la loi » au lieu du « règne des rites », la dictature de la classe des propriétaires fonciers à la place de la dictature de la classe des propriétaires d’esclaves. On donna plus tard aux partisans de cette école le nom de légalistes].

    Les idées de réformes qu’ils avancèrent font partie des richesses de la magnifique culture de la Chine antique. Cependant, Confucius était un énergumène qui « pérorait mais n’écrivait rien », car, en fait, il était incapable d’écrire une ligne. Le Louen Yu (les « Entretiens de Confucius »), ce classique confucéen dont certains font tant de cas, ne fut pas écrit par Confucius lui-même.

    C’est une mosaïque de fragments disparates rapportant des propos ou des actions de Confucius rassemblés de mémoire par ses disciples.

    Le réactionnaire et décadent Louen Yu prêche la théorie de  «la volonté du Ciel », propage des idées de restauration, y compris des choses comme la technique du complot et des tactiques à double face, ainsi que des descriptions du mode de vie décadent de l’aristocratie et de son code de conduite.

    D’après le Louen Yu, Confucius « exigeait que son gruau fût fait du riz le plus raffiné et son hachis composé de la viande coupée le plus fin possible », « si un mets n’était pas cuit et assaisonné convenablement, il n’en mangeait pas. La viande qui n’était pas coupée comme il faut, il n’en voulait pas », « en hiver, sur une robe fourrée d’agneau noir, il passait nécessairement une robe de dessus noire ; sur une robe fourrée de daim blanc, une robe blanche ; et sur une robe fourrée de renard jaune, une robe jaune. »

    En présence d’un prince, il recommandait une crainte respectueuse et une noble gravité, et en face d’un dignitaire au pouvoir, un sourire aimable et flatteur.

    Devant une foule de gens, il convenait de se composer une mine sérieuse et franche pour obtenir le renom d’homme parfait.

    L’hypocrisie et la corruption, voilà le canon de l’école confucéenne !

    Un cynisme abominable et l’esprit d’arrivisme, voilà le savoir de ce Confucius ! [L’école confucéenne (jou), école de pensée fondée par Confucius. A l’origine, « jou » désigne ceux qui s’occupaient des funérailles ou d’autres activités similaires pour le compte des aristocrates propriétaires d’esclaves.

    Confucius avait exercé ce métier dans sa jeunesse ; mais plus tard, il ouvrit une école privée et recruta des élèves. Il prêcha le retour à l’ancien, mena des activités politiques pour s’opposer à tout changement social et s’employa à sauver le régime esclavagiste moribond.

    Il créa ainsi une école philosophique dont les adeptes furent connus sous le nom de confucéens. A partir des dynasties des Ts’in et des Han, tous ceux qui professaient les doctrines de Confucius et de Mencius furent appelés confucéens ou confucianistes.]

    Le penseur progressiste Li Tche (1527-1602) de la dynastie des Ming a fait remarquer de manière pénétrante que Confucius était un homme sans « réelles connaissances ».

    Même le philosophe idéaliste bourgeois allemand Hegel méprisait le prêchi-prêcha confucéen, et disait qu’il ne contenait rien de sérieux sur le plan philosophique. Hegel dit également : « Il aurait mieux valu pour la réputation de Confucius que ses livres ne soient jamais traduits. » [Leçons sur la philosophie de l’histoire]

    Voilà qui frappe au point sensible ce parasite ignare qu’était Confucius.

    Un chien errant chassé de partout

    Le président Mao a dit : « Toute action rétrograde entraîne en définitive un résultat contraire à celui qu’escomptent ses instigateurs. »

    Sa vie durant, Confucius circula de place en place pour travailler à la restauration, mais partout il échoua.

    Le peuple le maudissait, le traitant de « chien errant, pelé et épuisé », ce qui décrit de manière très vivante ce que fut sa vie. C’était le résultat inévitable de sa ligne politique allant contre le sens de l’histoire.

    Brandissant le drapeau en loques de « se modérer et en revenir aux rites », Confucius sillonna pendant plus de dix ans les États de Tsi, Wei, Song, Tchen, Tsai et Tchou dans une carriole bringuebalante tirée par un cheval.

    Partout où il se présentait, ou bien il était froidement reçu, ou bien carrément expulsé car tout le monde détestait ce réactionnaire endurci.

    Sachant que Confucius était un intrigant fieffé, le dirigeant de l’État de Wei envoya des gardes armés le surveiller ; dans les États de Tsi et de Song, les forces nouvelles voulaient l’assassiner. A chaque fois, il devait prendre honteusement la fuite.

    Dans les Etats de Tchen et de Tsai, les forces nouvelles envoyèrent des hommes encercler Confucius en pleine campagne. Pendant sept jours, Confucius et ses disciples ne purent manger.

    Affamés, ils devinrent tous étiques et décharnés.

    Certains tombèrent malades et ne pouvaient plus tenir debout. Même sesdisciples les plus proches, mécontents, donnèrent des signes d’hésitation et émirent des doutes sur ses enseignements. Pour le peuple travailleur, Confucius était un rat qui traversait la rue sous les huées de tous.

    Les paysans, les porteurs, les gardiens des portes, tous se levaient pour le conspuer. Certains chantaient des chansons moqueuses contre lui, d’autres le flétrissaient comme un réactionnaire qui « persistait à faire ce qu’il savait être impossible ».

    Le petit peuple de Kouangtchen, dans l’État de Wei, l’assiégea pendant cinq jours dans le dessein de le tuer ; Confucius fut à deux doigts de perdre la vie au cours de cet incident.

    Un jour, un large sourire d’amitié affectée aux lèvres, mais la haine au fond du cœur, Confucius vint voir Lieouhsia Tche, l’éminent dirigeant d’une insurrection d’esclaves ; il chercha à démoraliser les troupes des insurgés en prêchant « la bienveillance, la justice et la vertu » et en faisant miroiter la renommée, de l’argent et une position pour ceux qui déposeraient les armes.

    Plein d’indignation révolutionnaire, Lieouhsia Tche stigmatisa Confucius, ce vampire qui, « sans cultiver la terre, avait à manger, et sans filer, avait de quoi se vêtir », ce caméléon qui en face des gens faisait leur éloge, et dans leur dos tramait des complots contre eux, cet hypocrite aux paroles mielleuses, qu’on appelait « Kieou-le-brigand aux crimes monstrueux » (Kieou était le prénom de Confucius).

    Confucius dut filer piteusement, pâle comme la mort. Comme Confucius se faisait rabrouer partout, les uns après lesautres, ses disciples se détournèrent de lui. Il se lamentait :  «Si ma doctrine ne peut être mise en pratique, je vais prendre la mer sur un radeau. Il est probable que seul Tse Lou me suivra. » (Louen Yu, Kongyé Tchang)

    Mais ce Tse Lou en question, un de ses disciples favoris, fut réduit en bouillie au cours d’une bataille pour défendre l’esclavage, et il fut enterré en même temps que ce système. Si Confucius s’était réellement embarqué sur ce radeau, il n’y aurait eu personne pour l’accompagner. Se heurter à un mur où qu’on se tourne, être rejeté par les masses et abandonné par ses disciples, tel est le sort qui attend inévitablement tous les chefs de file réactionnaires qui tentent une restauration.

    Marx a dit : « Laissez les morts enterrer leurs morts et les pleurer. Il est enviable, au contraire, d’être les premiers à pénétrer en pleine vie dans la nouvelle vie ; ceci doit être notre lot. » (Lettres extraites des Annales franco-allemandes)

    Ceux qui s’accrochent désespérément à la momie de Confucius et cherchent à ramener l’histoire en arrière ne connaîtront pas des jours heureux. L’avenir du monde appartient au prolétariat.

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  • Le noyau rationnel de la philosophie de Hegel

    Par Zhang Shiying, 1972

    Le système idéaliste de la philosophie de Hegel constitue l’aspect conservateur voire réactionnaire de sa philosophie ; cependant, sa philosophie idéaliste est traversée par quelque chose de grande valeur : la dialectique.

    Hegel est le premier, dans l’histoire de la philosophie, à avoir développé aussi complètement et systématiquement la dialectique idéaliste ; il en a exposé les caractéristiques fondamentales à l’aide d’un point de vue idéaliste.

    Marx a indiqué « Entre les mains de Regel la dialectique devient mystique, mais cela n’empêche pas qu’il est le premier à avoir exposé sous tous leurs aspects et consciemment les formes du mouvement général de la dialectique. »

    Hegel considère que l’Esprit Absolu, l’Idée Absolue, réside dans le mouvement, la transformation et le développement incessants ; dans le mouvement et le développement existent des liaisons internes et un conditionnement réciproque.

    La vérité est concrète : le développement a des lois propres, les contradictions internes sont la source du développement. Au sein du développement s’opère une conversion du changement quantitatif en changement qualitatif.

    La connaissance est un processus d’approfondissement et de concrétisation incessants de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe… Ces idées dialectiques sont l’aspect progressiste, révolutionnaire de la philosophie de Hegel.

    1. LE PRINCIPE RELATIF AU MOUVEMENT ET A L’INTERDÉPENDANCE DES PHÉNOMÈNES

    Hegel considère que la réalité, la vérité, c’est-à-dire ce qu’il appelle l’Esprit Absolu, l’Idée Absolue, est un processus en mouvement, transformation et développement incessants. Chaque étape, chaque aspect ou maillon de ce processus n’est pas fixe ou isolé, mais il existe entre eux des liaisons internes et des conversions vivantes : l’un se convertit, passe nécessairement à un autre et a nécessairement avec lui des liens profonds.

    Engels a indiqué : «Dans le système de Hegel […] pour la première fois – et c’est son grand mérite – le monde entier de la nature, de l’histoire et de l’esprit était représenté comme un processus, c’est-à-dire comme étant engagé dans un mouvement, un changement, une transformation et une évolution constants, et où l’on tentait de démontrer l’enchaînement interne de ce mouvement et de cette évolution. »

    Lénine a dit : « Hegel pose deux exigences fondamentales : 1. « la nécessité de la liaison » et 2.  «la genèse immanente des différences ». Très. Important ! Voici ce que cela signifie a mon avis :

    1. liaison nécessaire, liaison objective de tous les aspects, forces, tendances, etc., d’un domaine donné de phénomènes ;

    2. la genèse immanente des différences, la logique interne objective de l’évolution et de la lutte des différences, de la polarité. »

    Ces deux passages d’Engels et de Lénine sont en réalité une généralisation succincte de la pensée dialectique de Hegel.

    De là on peut voir que la pensée dialectique de Hegel, du point de vue de son contenu le plus important, est une pensée de la liaison interne et du développement des contradictions. Lénine a indiqué que les « différences », la « polarité », c’est la contradiction.

    Hegel lui-même l’a dit : la seule connaissance, la seule réalité (c’est-à-dire l’Esprit Absolu ou l’Idée Absolue), que la philosophie doit maîtriser et connaître a deux caractéristiques : ce sont les deux principes du développement et du concret.

    Ces deux caractéristiques sont liées mutuellement. Hegel, de plus, en a fait la synthèse, il a donné une définition de ce qu’il appelle vérité, réalité. Il dit : « L’idée, qui est elle-même concrète, elle-même en développement, est encore un système organique, un ensemble, et comprend en elle-même de nombreux stades et maillons. »

    Le concret ici désigne l’ensemble des liens organiques de différentes sortes ou, selon l’expression même de Hegel, « une unité aux déterminations différentes» [la synthèse des déterminations multiples]. Hegel lui-même a pris un exemple pour expliquer le sens de « concret »: un bouquet de fleurs comprend différentes qualités telles que le parfum, la forme, la couleur… cependant, le bouquet de fleurs n’est pas le rassemblement fortuit de ces qualités, c’est un ensemble.

    Dans un bouquet de fleurs, ces qualités sont liées entre elles de façon interne et nécessaire. L’abstrait dont nous parlons d’ordinaire est l’opposé de ce concret.

    C’est pourquoi, en disant que ce bouquet de fleurs est concret, nous voulons dire qu’il est un ensemble qui lie de façon interne ces qualités. Au contraire, si l’on abstrait de son ensemble une qualité particulière de ce bouquet de fleurs comme la couleur, on la sépare des autres qualités et la couleur devient alors abstraite. Bref, le concret ce sont les liaisons internes, c’est l’ensemble, et l’abstrait c’est la séparation, l’unilatéral.

    Hegel considère que les choses dans le monde sont concrètes, elles sont des ensembles de différents aspects, éléments ou qualités liés de façon interne. Que ce soit dans le ciel ou sur la terre, dans le monde naturel ou spirituel, il n’est pas de chose « abstraite », isolée ; si l’on isole une chose de façon absolue, cela n’a aucun sens.

    Par exemple, une couleur absolument isolée, abstraite, en dehors de toute forme, de tout parfum et de toute qualité, n’existe pas en réalité.

    Dans le monde réel, si une couleur n’est pas liée à telle forme, tel parfum, elle l’est avec telle autre forme, tel autre parfum… Pour parler plus simplement, c’est ce que veut dire Hegel lorsqu’il dit que la vérité est concrète.

    La deuxième caractéristique fondamentale de la vérité est le développement. Hegel considère que, puisque la vérité est une unité organique variée, elle comporte aussi en son sein des éléments contradictoires, des éléments opposés, des contradictions ; c’est pourquoi la réalité n’est pas nécessairement fixe ou en repos, mais peut se convertir et se développer contradictoirement.

    Précisément pour cela Hegel ajoute que la vérité est vivante, c’est un mouvement et un processus.

    Hegel affirme que l’objet de la philosophie, c’est la vérité- réalité qui a les caractéristiques exposées plus haut ; que le seul but de la philosophie est de maîtriser cette vérité, cette réalité. C’est pourquoi Hegel considère que « la philosophie est la science qui connaît le développement des choses concrètes », c’est la science qui maîtrise la vérité-réalité.

    A partir de ce point de vue fondamental, on peut dire que le contenu de l’ensemble du système philosophique hégélien est la description du processus du développement de la vérité- réalité concrète.

    C’est la description du processus de déduction et de conversion réciproques de chaque étape, de chaque maillon contenus dans la vérité concrète, ou réalité. Prenons comme exemple la première partie du système philosophique hégélien, la logique. L’esprit fondamental qui traverse la description des concepts logiques consiste à les examiner comme des choses liées réciproquement, en développement et en conversion incessants.

    Par exemple, lorsque Hegel analyse les deux concepts d’Être et de Néant, on voit que l’Être n’est pas une chose fixe ou ultime : il doit passer et se convertir en son opposé le Néant, car l’Être purement abstrait est d’un côté un concept différent, opposé au Néant, mais d’un autre côté l’Être purement abstrait n’a aucune détermination et aucun contenu ; alors quelle différence y a-t-il avec le Néant ?

    Aussi, nous ne pouvons, comme la métaphysique, considérer que l’Être c’est l’Être, et le Néant le Néant, ni qu’entre les deux il n’y a absolument aucune communication.

    Au contraire, l’Être et le Néant sont liés de façon interne et nécessaire, le premier devant se développer, se convertir dans le second.

    Autre exemple, les deux concepts de Liberté et de nécessité : ils ne sont pas entièrement coupés, séparés l’un de l’autre.

    Si l’on considère qu’il suffit d’être libre pour ne pas être déterminé par la nécessité ou au contraire qu’il suffit d’être déterminé par la nécessité pour ne pas être libre, il faut dire que ce point de vue ne considère pas les problèmes en partant des liens : il oppose abstraitement liberté et nécessité et est donc erroné.

    Une liberté qui ne comprend pas en elle-même la nécessité, qui n’agit pas en fonction de la nécessité, n’est qu’une « liberté formelle ». On ne peut que l’appeler arbitraire, et il ne s’agit pas de liberté véritable. La liberté est essentiellement concrète, c’est-à-dire qu’elle est étroitement liée à la nécessité : c’est la connaissance de la nécessité.

    Seule une telle liberté est la véritable liberté. Autre exemple : l’Essence et le phénomène. Hegel a indiqué : Essence et Phénomène n’existent pas isolément l’un de l’autre. Le Phénomène est la manifestation de l’Essence ; si un phénomène est tel, c’est en raison de l’Essence ; l’Essence non plus n’existe pas en dehors du Phénomène mais en lui.

    Autrement dit, de tout ce que manifestent les phénomènes, il n’est rien qui ne soit pas intérieur à l’Essence ; et rien dans l’Essence qui ne se manifeste en phénomène.

    Hors de l’Essence, il n’est pas de manifestation de l’Essence, il n’est pas de phénomène ; hors des phénomènes, l’Essence devient une chose vide, qui n’a pas de sens. C’est pourquoi pour connaître l’Essence il faut partir de la connaissance des phénomènes.

    Séparer l’Essence et le phénomène pour aller, en dehors des phénomènes, appréhender une essence abstraite, une chose en soi inconnaissable, c’est un point de vue métaphysique que Hegel a critiqué.

    Nous pouvons encore prendre comme exemple le général, le particulier et l’individuel. Hegel considère que ce sont les trois maillons du concept, qu’ils sont inséparables et liés de façon interne.

    D’un côté le particulier ne peut exister en dehors du général, le général structure la nature et l’essence du particulier. Par ailleurs, le général est aussi inséparable du particulier ; il se manifeste à travers lui, il le traverse, le général comprend en lui le particulier, il l’a comme contenu.

    Toute généralité saisie en dehors du particulier est vide et non réelle. Cette généralité étroitement liée au particulier, Hegel l’appelle « généralité concrète », et la généralité coupée du particulier, Hegel l’appelle « généralité abstraite ».

    Hegel est pour la première, il s’oppose à la seconde. Ce qu’il appelle l’« individualité » [le singulier], c’est l’union du général et du particulier.Bref, les concepts et catégories que Hegel examine dans la logique (Être, néant, devenir, quantité, qualité, degré, essence, identité, différence, contradiction, essence et phénomène, nécessité et contingence, possibilité et réalité…) se trouvent dans un mouvement constant, sont liés entre eux, se convertissent mutuellement ; ils se transforment et se développent, il y a conversion de l’un en l’autre.

    C’est pourquoi on peut dire que la logique décrit le processus de mouvement, conversion, déduction et développement incessants du concept.

    Nous n’avons fait ici que prendre des exemples dans la Logique, mais, bien sûr, la pensée hégélienne de la liaison et du développement ne se limite pas à cette œuvre. La méthode de pensée métaphysique considère les choses comme immuables et n’ayant pas de liaisons internes entre elles.

    Hegel a très vivement critiqué cette conception. Il a indiqué que la méthode métaphysique ne comprend pas, ne sait pas que la vérité-réalité est concrète et a de multiples aspects ; elle considère que le concept abstrait et isolé peut exprimer la vérité, elle saisit toujours un aspect des choses et ne le lâche plus, considérant qu’il s’agit de la vérité complète.

    Lorsqu’elle examine une chose, elle ne veut jamais prêter attention à d’autres aspects opposés ; l’aspect qu’elle saisit, elle ne veut jamais le relier aux autres.

    Cette méthode méconnaît l’unité organique de tous les aspects de la vérité, elle exprime souvent de façon éparpillée plusieurs phénomènes superficiels d’un problème, mais jamais elle ne maîtrise véritablement ce qui a trait à l’essence à partir de leur unité organique.

    Cette méthode est arbitraire, elle s’en tient opiniâtrement à un aspect et considère que tout aspect peut exister dans un état d’isolement ; elle considère qu’entre tel et tel aspect il existe un fossé infranchissable, et qu’il ne peut y avoir conversion et transformation réciproques.

    Ainsi, la Liberté et la Nécessité, l’Essence et le Phénomène, la Possibilité et la Réalité, la Nécessité et la Contingence, tous ces concepts sont coupés l’un de l’autre et s’excluent mutuellement. Hegel considère que cette méthode de pensée unilatérale qu’est la métaphysique ne peut maîtriser la vérité- réalité.

    2) LE PRINCIPE FONDAMENTAL DE LA DIALECTIQUE (LA CONTRADICTION)

    Les deux caractéristiques de la vérité-réalité énoncées plus haut contiennent déjà en elles-mêmes l’idée de contradiction. En dehors des contradictions, il n’est pas question qu’il y ait concret ou développement.

    Hegel considère que, si la vérité-réalité est en mouvement, en transformation, en développement ce n’est pas en raison d’une force extérieure mais en raison de contradictions internes. Il affirme que chaque stade, chaque maillon du processus de développement de l’Esprit Absolu, de l’Idée Absolue, comprend en lui-même des contradictions internes.

    Selon l’exemple qu’il prend lui-même, le phénomène de la vie comprend la contradiction entre la vie et la mort.

    Le point de vue métaphysique considère que, puisque la vie est différente de la mort, qu’elle lui est opposée, il ne peut y avoir dans les phénomènes de la vie des facteurs de mort.

    Selon ce point de vue, si l’homme doit mourir, c’est uniquement en raison des causes externes. Hegel a indiqué que la vie est un processus contradictoire, la vie comme telle porte en elle le germe de la mort ».

    A ce que l’homme ne puisse éviter la mort, il y a donc fondamentalement une cause interne. Quand il y a passage, conversion d’un concept à un autre, comme Hegel en parle dans la Logique, ce n’est pas en raison d’une cause externe, mais parce que dans la nature et à l’intérieur même d’un concept sont compris des éléments d’un autre concept, qui lui est (ou sont) opposé(s) et différent(s).

    Ce n’est qu’en raison des contradictions internes de ces deux aspects qu’un concept est forcé de se convertir et de passer à un autre concept. Le processus de conversion, de mouvement et de développement des concepts, que décrit toute la Logique, c’est aussi le processus d’auto-conversion, d’auto-mouvement et d’auto-développement des concepts.

    Par exemple, si le concept d’Être se convertit dans le concept de Néant, ce n’est pas parce qu’une force extérieure sans lien interne avec l’Être et existant en dehors de l’Être le pousserait à la conversion vers le Néant, mais parce que la nature de cet Être purement abstrait et sans aucun contenu comprend déjà des éléments de ce Néant qui lui est contraire.

    Et jusqu’aux concepts d’Identité et de Différence, d’Essence et de Phénomène, de Nécessité et de Contingence, de Possibilité et de Réalité : la source de leur conversion réciproque réside également dans les contradictions internes.

    Par exemple, si l’identité se convertit en différence, ce n’est pas non plus parce qu’une force extérieure et qui n’a pas de liaison interne avec elle la pousse, mais parce que le concept de l’identité concrète comprend en lui-même le concept de différence qui lui est contraire.

    Ce n’est qu’en raison de la contradiction interne entre ces deux aspects que le concept d’identité est forcé de se dépasser lui- même et de se convertir dans le concept de différence. Quant aux autres concepts et catégories, c’est également la même chose.

    Bref, dans tout concept ou catégorie, dans tout phénomène – autrement dit, dans tout stade ou maillon de la réalité ou de l’Esprit Absolu – existent des contradictions internes, et c’est en raison de celles-ci que chacun se dépasse et passe à son contraire.

    La métaphysique considère que les contradictions ne sont pas pensables, ou tout au moins qu’elles ne sont pas normales. Hegel a critiqué cette conception métaphysique.[à propos du mot « critiquer» : il existe en chinois deux mots traduits généralement par le seul verbe «critiquer». En fait, le premier (piping), critiquer-commenter, relève du registre des contradictions au sein du peuple.

    Le second (pipan), critiquer-juger, se réfère à des divergences plus fondamentales et relève souvent du registre des contradictions antagoniques. C’est ce dernier terme qui est ici employé dans le texte chinois]

    Selon son point de vue, le principe de contradiction dans la logique formelle ne nous permet pas d’affirmer une opinion tout en la niant ; c’est une loi élémentaire que notre pensée doit respecter, et si l’on enfreint cette loi de la logique formelle en effet ce n’est pas « normal », c’est «impensable».

    Cependant, reconnaître le principe de contradiction dans la logique formelle n’équivaut pas à nier les contradictions qui existent dans la réalité.

    Hegel affirme que dans la réalité toutes les choses concrètes sont contradictoires et qu’entre le ciel et la terre il n’existe aucune chose qui ne comprenne des contradictions ou des caractéristiques contraires.

    Hegel considère que les contradictions dont parle le principe de contradiction de la logique formelle sont « formelles », qu’elles sont des contradictions « impossibles » et doivent être exclues. Mais les contradictions réelles sont absolument différentes de celles que le principe de non-contradiction de la logique formelle doit exclure.

    Ce type de contradiction est une contradiction nécessaire, « interne », et « il est ridicule de dire que la contradiction ne se laisse pas penser». Non seulement ce type de contradiction n’est pas un phénomène anormal, mais c’est «un principe qui pousse en avant le monde entier », c’est « la puissance universelle irrésistible devant laquelle rien, quelque sûr et ferme qu’il puisse paraître, n’a le pouvoir de subsister ».

    C’est pourquoi où il y a contradiction il y a mouvement, développement. Hegel raille ces gens qui nient que les choses aient des contradictions : « L’habituelle tendresse pour les choses, dont le seul souci est qu’elles ne se contredisent pas, oublie ici comme ailleurs que la contradiction n’est pas résolue par là » (Hegel, Science de la logique)

    Lénine a indiqué : « Cette ironie est charmante ! La  «tendresse » pour la nature et l’histoire (chez les philistins), c’est le désir de les épurer des contradictions et de la lutte.»

    3. LE PRINCIPE SELON LEQUEL IL Y A CONVERSION D’UN CHANGEMENT QUANTITATIF EN UN CHANGEMENT QUALITATIF RADICAL

    La vérité-réalité se développe, et du point de vue de Hegel le développement n’est pas seulement changement quantitatif mais changement qualitatif ; en effet, dans le chapitre sur l’Être de La Logique, Hegel a étudié les lois de conversion réciproque, de liaisons réciproques entre le changement quantitatif et le changement qualitatif, entre un état qualitatif et un autre état qualitatif. Hegel considère que la qualité et la quantité sont des caractères que possède toute chose. Mais il y a une différence entre la qualité et la quantité.

    Pour reprendre les propres termes de Hegel, la qualité est un caractère uni à l’Être, alors que la quantité ne l’est pas directement.

    Par unité de la qualité et de l’Être Hegel veut dire que la qualité est la détermination qui fait qu’une chose est une chose. Une chose est ce qu’elle est de par sa qualité ; si elle perd sa qualité, elle cesse d’être cette chose.

    S’il y a telle qualité, telle chose est ; s’il n’y a pas telle qualité, telle chose n’est pas. Aussi conclut-il que la qualité est unie à l’être. Dire que la quantité n’est pas directement unie à l’Être, cela signifie que la grandeur ou l’augmentation et la diminution de la quantité n’influent pas sur la qualité de la chose, n’influent pas sur le fait qu’elle soit ou ne soit pas ; les rapports entre la quantité et l’être sont externes.

    Cependant, en indiquant la différence entre la qualité et la quantité, Hegel souligne les liens étroits entre l’un et l’autre.Pour Hegel, la non-influence du changement quantitatif sur la qualité ne s’entend qu’à l’intérieur de certaines limites : par exemple quelle que soit l’augmentation ou la diminution de la température de l’eau, cela n’influe pas sur la nature de l’eau elle-même.

    De même pour un paysan qui alourdit le fardeau de son âne : dans certaines limites, cela n’influera pas sur la marche de l’âne.

    Cependant, quand le changement quantitatif dépasse la limite, il peut amener le changement d’une qualité en une autre. Ainsi, si la température de l’eau s’élève jusqu’à dépasser certaines limites, l’eau devient vapeur ; si elle baisse jusqu’à dépasser certaines limites, elle devient glace.

    De même, si le paysan rajoute kilo après kilo sur son âne et que le poids du fardeau dépasse certaines limites, l’âne tombera, ne pouvant supporter le fardeau.

    Hegel a souligné qu’on ne peut faire de ces exemples des plaisanteries, car en réalité ils sont riches de sens. Ces exemples illustrent de façon vivante la loi de la conversion du changement quantitatif en changement qualitatif. Ils montrent qu’au début le changement quantitatif est sans conséquence du point de vue de la qualité, mais que, quand ce changement atteint un certain degré, il entraîne une transformation de la qualité.

    Hegel a indiqué : le changement quantitatif est un mouvement graduel ou progressif, le changement qualitatif est une rupture dans la gradation. Ici Hegel expose clairement l’idée du développement par bond, et attaque le point de vue métaphysique qui réduit le mouvement à un pur changement quantitatif.

    4. LE PRINCIPE SELON LEQUEL LA CONNAISSANCE EST UN PROCESSUS QUI VA DE L’ABSTRAIT VERS LE CONCRET, DU SIMPLE AU COMPLEXE

    Le concret dont il est question ici, nous l’avons déjà dit plus haut, désigne l’unité variée. Hegel considère que le procès de développement de la vérité-réalité, c’est-à-dire de l’Esprit Absolu, de l’Idée Absolue, est en même temps le procès de son auto-connaissance.

    Il considère que ce procès de connaissance est un processus qui va de l’abstrait, du superficiel, du pauvre, vers le concret, le profond, le riche.

    C’est pourquoi l’ensemble du procès de l’Esprit Absolu, depuis le stade logique jusqu’au stade spirituel en passant par le stade naturel, est un processus de plus en plus concret, de plus en plus complexe : « La connaissance relative à l’Esprit est ce qu’il y a de plus haut, de plus difficile […] c’est la plus concrète de toutes les sciences ».

    Nous allons maintenant discuter de façon plus précise en prenant la logique comme exemple. Hegel considère que le mouvement de chaque concept, de chaque catégorie dans la logique est fonction de contradictions internes.

    Chaque concept comprend en lui-même sa propre négation, et, comme cet aspect de négation est en contradiction avec lui- même, il est finalement nié et se convertit en un autre concept, une autre catégorie.

    Cependant, le sens que Hegel donne à la négation n’est pas celui de la conception métaphysique de la négation, simple dépassement. Il s’agit de dépasser le donné primitif en conservant ce qu’il y a de rationnel ; c’est pourquoi le terme de négation a à la fois le sens d’achèvement et de conservation.

    C’est justement pour cela que les processus de connaissance, le processus de conversion et de déduction des concepts dont parle Hegel n’est pas un processus de dépassement d’un concept par un autre, mais le processus d’un approfondissement, d’une concrétisation progressive et d’un enrichissement incessant du contenu.

    Par exemple, dans la logique, le concept de départ, l’Être, n’a absolument aucune détermination, c’est le concept le plus abstrait et le plus vide, mais à travers le processus de négation l’Être se convertit en devenir, puis à nouveau en qualité.

    Bien sûr, le concept de qualité comparé à l’Être simple est plus concret, plus profond et plus riche, car il exprime l’idée qu’il comprend certaines déterminations, alors que l’Être simple n’en comprend aucune.

    De même pour le concept de degré : il s’agit du dernier concept du chapitre sur l’Être dans la Logique, et en même temps du concept le plus riche et le plus concret de ce chapitre, parce qu’il ne dépasse pas seulement les concepts de Qualité et de Quantité qui le précèdent mais les comprend tous les deux. Il est l’unité de la Qualité et de la Quantité.

    De même dans le chapitre sur l’Essence : la Réalité est le dernier concept, il est en même temps le plus riche et le plus concret, il ne dépasse pas simplement l’Essence et le Phénomène, il est l’unité des deux.

    De même le dernier concept du dernier chapitre de la Logique : le Concept, c’est-à-dire l’Idée Absolue, est le concept le plus riche et le plus concret de l’ensemble de la logique, il ne dépasse pas simplement tous les concepts et catégories qui le précèdent mais il les comprend tous en lui. Il est l’unité de l’Être et de l’Essence.

    Tous les concepts et catégories qui l’ont précédé sont ses propres parties constitutives, ce sont tous les maillons qui le constituent.

    C’est pourquoi tous les concepts de la logique de Hegel ne sont pas la juxtaposition et l’alignement de plusieurs concepts situés sur une même ligne d’égalité, mais ils sont en réalité des stades différents du processus d’auto-développement, d’auto- connaissance de l’Idée Absolue.

    C’est pourquoi un concept tel que l’Être n’est pas un concept en dehors de l’Idée Absolue ; en réalité, l’Être c’est l’Idée Absolue, ce n’est que l’étape la plus inférieure et la plus abstraite de l’Idée Absolue. La définition de l’Idée Absolue donnée ici est la définition la plus abstraite et la plus superficielle. Ou, si l’on préfère, la connaissance que l’Idée Absolue a ici d’elle-même est la plus abstraite et la plus vide.

    Le concept d’Essence, ce n’est pas non plus un concept en dehors de l’Idée Absolue ; en réalité, l’Essence c’est l’Idée Absolue, ce n’est qu’un stade assez inférieur et peu concret de l’Idée Absolue.

    L’Idée Absolue c’est donc aussi l’Essence, mais la définition que l’on donne ici de l’Idée Absolue n’est pas une définition très concrète ou, si l’on préfère, la connaissance que l’Idée Absolue a d’elle-même n’est pas très concrète.

    C’est pourquoi l’Idée Absolue est le grand rassemblement de tous ces concepts précédents, et tous ces concepts sont chacun un des stades de son auto-développement, et en même tempsson contenu. En dehors de tous ces stades, l’Idée Absolue elle- même n’est que vide et sans aucun sens.

    C’est pourquoi Hegel considère que pour comprendre l’Idée Absolue il faut comprendre chacun des stades de son auto- développement. Pour comprendre les catégories et les concepts ultimes et suprêmes de la logique, il faut comprendre l’ensemble du système de ses concepts.

    On peut donc voir que le processus de l’auto-connaissance de l’idée chez Hegel part de l’Être le plus abstrait et le plus superficiel, et à travers le processus d’une série de négations passe du stade de l’Être au stade de l’Essence, puis du stade de l’Essence arrive au stade du Concept, pour finalement s’arrêter à l’Idée Absolue.

    L’ensemble de ce processus est un processus d’approfondissement et de concrétisation progressif de l’abstrait vers le concret et du simple vers le complexe ; dans ce processus, chaque catégorie est relativement supérieure et plus concrète, plus profonde, que les catégories précédentes.

    Pour exprimer cette idée, nous pouvons encore prendre un autre exemple particulièrement clair : la conception de l’histoire de la philosophie chez Hegel. Hegel considère que la philosophie est la forme suprême de l’Idée Absolue. C’est pourquoi l’histoire du développement de la philosophie suit un chemin qui va de l’abstrait vers le concret et du simple vers le complexe.

    Hegel s’est fermement opposé à l’idée selon laquelle l’histoire de la philosophie est l’amas et l’alignement d’opinions éparses.

    Il est inepte et superficiel de concevoir que toutes les écoles métaphysiques dans l’histoire de la philosophie s’excluent et s’anéantissent simplement l’une l’autre réciproquement, inepte et superficiel de concevoir qu’un système métaphysique « tue » un autre système métaphysique, puis le rejette, considérant ce système métaphysique mort comme quelque chose qui n’a plus aucune valeur.

    Pour Hegel, si chaque système philosophique dans l’histoire de la philosophie n’a pas un stade préliminaire, s’il n’a pas quelques liens avec d’autres systèmes philosophiques, il ne peut pas lui-même avoir de contenu.

    Si un système philosophique peut exister c’est, quant au fond, parce qu’il a des liens avec les systèmes philosophiques précédents, parce que tout système philosophique apparaît nécessairement et se développe à partir des pensées philosophiques précédentes.

    Hegel soutient qu’il n’y a qu’une vérité. La philosophie est l’auto-philosophie, l’auto-connaissance et l’auto-développement de la vérité.

    Chaque système philosophique a pour contenu cette vérité unique et est donc une étape particulière de l’auto-développement et de l’auto-connaissance de la vérité.

    Les premiers systèmes philosophiques sont les philosophies les plus abstraites et les plus pauvres ; dans ces systèmes philosophiques, le développement de la vérité se trouve encore à un stade inférieur, le contenu et les déterminations de la vérité sont encore extrêmement abstraites et pauvres.

    Ensuite, plus on a un système philosophique récent et plus on y maîtrise la vérité de façon concrète et profonde. Plus son contenu est concret, riche et profond, plus la vérité se trouve à un stade supérieur.Ces systèmes philosophiques récents ont fait de tous les systèmes philosophiques précédents des matériaux réels existants.

    En les prenant pour commencement, ils les ont retravaillés et transformés ; les systèmes philosophiques récents n’ont donc pas simplement rejeté tous les systèmes philosophiques précédents, ils les ont utilisés pour s’enrichir eux-mêmes, ils ont fait d’eux leurs maillons et leurs éléments constitutifs. Ainsi les conservent-ils tout en les dépassant.

    C’est pourquoi les philosophies les plus récentes et les plus nouvelles sont les plus concrètes, les plus riches et les plus profondes, elles sont «un miroir de toute l’histoire » passée.

    Hegel considère donc que, pour comprendre la forme dernière, c’est-à-dire actuelle, du développement de la philosophie, on doit comprendre l’histoire de son développement passé. L’étude de l’histoire de la philosophie, c’est l’étude de la philosophie elle-même.

    Cette idée de Hegel selon laquelle la pensée est un processus de ‘abstrait vers le concret et du simple vers le complexe, nous pouvons l’exprimer de la façon suivante : la réalité est concrète, elle est l’unité de plusieurs déterminations. Cependant, la vérité n’atteint ce concret qu’après avoir traversé un long processus de développement.

    Le premier stade de l’auto-développement et de l’auto- connaissance de la vérité est le plus abstrait, celui qui manque le plus de contenu, ses déterminations sont les plus simples. Ensuite, avec la poursuite incessante de l’auto-développement et de l’auto-connaissance de la vérité, ces déterminations ou particularités sont de plus en plus riches ; le contenu est alors de plus en plus concret, et ainsi jusqu’à ce qu’elle ait atteint la forme dernière.

    A ce moment-là, toutes les déterminations ou particularités précédentes deviennent ses éléments constitutifs, son contenu indispensable et inhérent ; elles sont comprises en elle. Ici la vérité atteint son stade suprême et ultime, c’est-à-dire son stade le plus concret et le plus riche.

    L’idée selon laquelle la connaissance est un processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple au complexe, Hegel lui- même l’exprime clairement dans un passage :« Ainsi, le connaître avance de contenu en contenu.

    En premier lieu, ce développement se caractérise par le fait de commencer par des déterminités simples, les suivantes devenant toujours plus riches et plus concrètes. Car le résultat renferme son commencement, et le cours pris par celui-ci l’a enrichi d’une nouvelle déterminité. […] C’est pourquoi le développement n’est pas à prendre comme un courant qui va d’une chose dans une autre. […]

    A chaque degré de détermination plus avant, il [l’universel] élève la masse tout entière de son contenu antérieur, par son développement dialectique ; non seulement il ne perd rien ni ne laisse quelque chose derrière soi, mais au contraire il porte avec soi tout ce qui est acquis et s’enrichit et se condense en soi-même.»

    Dans les Cahiers philosophiques, Lénine approuve grandement ces passages. Il dit : « Ce fragment fait, pas mal du tout, une sorte de bilan de ce qu’est la dialectique. »

    De là, on peut voir que la pensée de Hegel relative au fait que la connaissance est un processus de l’abstrait vers le concret et du simple vers le complexe a son noyau rationnel : les choses concrètes dans la réalité objective sont justement le lien réciproque et la somme de plusieurs aspects, elles sont des unités organiques ayant plusieurs déterminations et aspects varies.

    Pour connaître vraiment une chose, il faut maîtriser les liens d’unité organique de tous ses aspects.

    Cependant, dans le procès de connaissance réel, l’humanité ne peut maîtriser d’un coup l’unité organique de toutes les déterminations d’une chose concrète.

    Le processus de connaissance que les hommes ont du caractère concret des choses, le processus de connaissance des liens organiques de tous les aspects d’une chose concrète est long et sinueux. Le but de la maîtrise des choses n’est atteint qu’en passant par un processus d’« activité abstraite ».

    Ce qui est appelé ici « activité abstraite », c’est le fait d’extraire de l’ensemble un aspect, une détermination, de l’examiner et de le connaître isolément. Pour reprendre l’exemple de Marx dans l’Introduction à la critique de l’économie politique, la population est une chose concrète, elle est l’unité organique de plusieurs aspects, de plusieurs déterminations.

    Mais, quand nous connaissons la population, nous n’avons au début absolument aucune connaissance des différents éléments qui constituent la population, ses différentes déterminations, nous n’avons qu’une « impression chaotique ».

    Pour que notre connaissance se rapproche du but, qui est de maîtriser cette chose concrète, unité de plusieurs déterminations, qu’est la population, nous devons entreprendre des « activités abstraites », analyser toute cette « impression chaotique » de la population, analyser tous les éléments et déterminations qui constituent la population : par exemple les classes jusqu’à tous les éléments et toutes les déterminations qui les constituent, comme le travail salarié, le capital, et jusqu’à tous les éléments et toutes les déterminations qui constituent le travail salarié et le capital comme l’échange, la division du travail, les prix…

    Nous devons extraire avec une précision croissante tous les éléments et déterminations les plus simples, unis à l’origine dans cette chose concrète qu’est la population, afin de la connaître.

    Mais, si l’on s’arrête à ce stade de l’« activité abstraite », on ne peut pas encore atteindre le but visant à maîtriser la chose concrète ; ce que nous obtenons à ce stade, ce ne sont que des choses abstraites.

    La population n’est pas du tout un amas fortuit d’éléments et de déterminations comme classe, travail salarié, capital, etc., la population est toujours l’unité organique de ces éléments et déterminations.

    Aussi, pour maîtriser les choses concrètes, devons-nous avoir une compréhension unifiée de ces éléments et déterminations simples, comprendre les liaisons et l’unité organique entre ces éléments et déterminations.

    C’est à cette seule condition que l’on peut connaître le vrai visage de la population, son riche contenu, et dire que l’on a atteint la connaissance concrète de la population.

    A partir de cet exemple, nous voyons clairement que le processus décrit par Hegel, processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe, reflète en effet, de façon inconsciente, le processus de connaissance réel. Tel est précisément le noyau rationnel de la conception de Hegel.

    5. LE PRINCIPE RELATIF A L’IDENTITÉ DE LA PENSÉE ET DE L’ÊTRE ET A LA COÏNCIDENCE ENTRE LE LOGIQUE ET L’HISTORIQUE

    Un principe important de la philosophie hégélienne est l’identité de la pensée et de l’être. Kant considère qu’il y a un fossé infranchissable entre la pensée et l’être, que le véritable visage de l’être (la « chose en soi ») est quelque chose que la pensée, la connaissance ne pourra jamais atteindre : c’est quelque chose qui par principe serait inconnaissable. Hegel a critiqué ce point de vue.

    Il s’est opposé à la rupture métaphysique entre la pensée et l’être ; il considère que, si l’on sépare radicalement la pensée et la chose elle-même (l’être) et que l’on affirme que la chose elle-même et la connaissance que nous en avons sont absolument séparées, nous en serons toujours réduits à ne pouvoir connaître les choses et nous ne pourrons jamais résoudre le problème de savoir comment la connaissance est possible.

    Hegel dit que ce point de vue conduit au doute et au désespoir. Hegel avance que le véritable aspect d’un phénomène, ou d’une chose, est nécessairement ce que la pensée juste de l’homme connaît, et donc que les choses elles-mêmes sont par principe connaissables.

    Hegel considère que ces deux aspects contraires que sont la pensée et l’être sont unis de façon interne d’un côté, l’être est le contenu de la pensée.Sans être la pensée manque de contenu, elle est vide. D’un autre côté, en dehors de la pensée, les chose l’être, perdent leur dimension de vérité. La pensée est ce qui saisit et fait advenir l’essence des chose.

    Pour Hegel, les choses ne sont que la manifestation extérieure ou « extériorisation » de la pensée. En outre, ce qui est « extériorisé » est amené finalement à être nié et à retourner à sa base primitive – à l’intérieur de la pensée -, c’est pourquoi la pensée et l’être sont en réalité deux aspects d’une même chose.

    Cependant, ces deux aspects ne se situent pas sur un pied d’égalité, car selon le point de vue de Hegel, la pensée est ce qui est dirigeant, c’est ce qui est premier, alors que les choses, l’être, sont subordonnés ; ils sont le produit de la pensée.

    Sur la base de ce principe d’identité entre la pensée et l’être, Hegel considère que, dans la philosophie, il y a également identité entre la théorie relative à l’être, c’est-à-dire l’ontologie, et la théorie relative aux lois et aux formes de la pensée, c’est- à-dire la logique.

    En même temps, comme dans l’identité de l’être et de la pensée la pensée est principale et l’être secondaire, Hegel en vient à considérer que la logique est l’âme de l’ontologie, que l’ontologie a pour fondement la logique.

    Hegel estime que la pensée est première, que l’être est second, et il fait de la logique le fondement de l’ontologie. Cela est manifestement le principe fondamental de la philosophie idéaliste de Hegel.

    Cependant, ici le noyau rationnel de la philosophie hégélienne réside dans le fait que, à l’intérieur d’une philosophie idéaliste, il a deviné l’unité des lois de la pensée et des lois objectives, la coïncidence de l’ontologie et de la logique.

    Comme l’a dit Lénine : « Hegel a effectivement démontré que les formes et les lois logiques ne sont pas une enveloppe vide, mais le reflet du monde objectif. Plus exactement, il ne l’a pas démontré, mais génialement trouvé. »

    D’autre part, le noyau rationnel de la philosophie hégélienne réside aussi ici dans le fait qu’il a souligné le caractère agissant de la pensée.

    Nous savons que la pensée de l’homme peut non seulement refléter le monde objectif mais également, en s’appuyant sur les lois objectives déjà connues, avoir une action, une influence sur le monde objectif, transformant ainsi ce qui au départ ne se trouvait que dans la pensée – comme idéal, projet, programme, etc. – en être réel ; le monde objectif est alors subordonné et lui appartient.

    Le point de vue hégélien selon lequel les choses sont l’extériorisation de la pensée, selon lequel ce qui est extériorisé est nié puis retourne à la pensée, développe de façon idéaliste cette activité subjective de la conscience humaine. L’idée de Hegel sur la coïncidence entre le logique et l’historique est la manifestation concrète, dans sa philosophie, du principe de l’identité de la pensée et de l’être.

    Hegel considère que, puisqu’il y a identité entre la pensée et l’être, le processus de développement de la pensée et de la connaissance et celui du développement de l’être avancent côte à côte. Le premier, c’est ce qui est appelé le «logique», le second ce qui est appelé l’« historique »; les deux coïncident.

    Prenons encore des exemples dans la logique et dans la conception de l’histoire de la philosophie de Hegel : quand nous avons expliqué plus haut l’idée de Hegel selon laquelle la connaissance est un processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe, nous avons dit que le développement des concepts de la logique de Hegel et le développement de l’histoire de la philosophie respectaient le processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe.

    Pourquoi le cours du développement des deux coïncide-t-il ? Ce n’est absolument pas un hasard. C’est justement la manifestation du principe de coïncidence entre le logique et l’historique.

    Ce que l’on entend ici par logique désigne le procès de développement des concepts de la logique, et ce que l’on entend par historique désigne le procès de développement de l’histoire de la philosophie.

    C’est justement sur la base de ce principe que Hegel considère que l’ordre historique d’apparition des systèmes philosophiques et l’ordre de déduction des concepts logiques sont les mêmes.

    Sur la base de ce principe, Hegel a grossièrement établi des rapports parallèles et des rapports de correspondance entre l’ordre des concepts logiques, dans la logique, et l’ordre d’apparition des systèmes philosophiques, dans l’histoire de la philosophie.

    Ainsi, dans la logique il y a une catégorie, l’Être : Il s’agit de la catégorie la plus originelle, la plus abstraite et la plus pauvre.

    Correspondant à cette catégorie, il y a, dans l’histoire de la philosophie, la philosophie de Parménide, car le principe fondamental de la philosophie de Parménide est de considérer l’Être comme Absolu.Hegel considère que où commence la logique commence l’histoire de la philosophie. C’est pourquoi une véritable histoire de la philosophie, pour Hegel, commence toujours avec la philosophie de Parménide.

    Dans la logique, il y a une catégorie, celle de « devenir », et il y a dans l’histoire de la philosophie une philosophie correspondante, la philosophie d’Héraclite : elle considère le « devenir » comme le caractère fondamental des choses. De même, dans l’histoire de la philosophie, ce qui correspond à la catégorie logique d’« être en soi » c’est la philosophie de Démocrite.

    Ce qui correspond à la catégorie logique de substance, c’est la philosophie de Spinoza ; et ce qui correspond à la catégorie ultime, suprême mais également la plus concrète, d’Idée Absolue, c’est la philosophie de Hegel lui-même.

    Hegel considère cependant qu’une coïncidence totale entre le logique et l’historique est impossible, et c’est pourquoi ce type de rapports parallèles et de correspondances décrits plus haut ne sont pas absolus.

    Comme, en effet, l’histoire réelle comprend toujours de la contingence, elle peut avoir des déviations, et, d’un point de vue logique, ces phénomènes contingents, ces phénomènes de déviation peuvent être mis de côté.

    Aussi ce qui est logique, ce qui est du ressort de la logique, se débarrasse-t-il de la contingence de l’histoire réelle.

    En parlant du parallélisme et de la coïncidence entre le développement des concepts logiques et le développement de l’histoire de la philosophie, Hegel souligne donc que ces rapports de parallélisme et de coïncidence ne sont référables « qu’à un niveau d’ensemble » ou « grossièrement ».Nous n’avons pris plus haut que l’exemple de l’histoire de la métaphysique pour expliquer la coïncidence du logique et de l’historique.

    En fait, pour Hegel, c’est non seulement l’histoire du développement de la métaphysique qui coïncide avec le développement des concepts logiques, mais c’est également le cas de l’histoire du développement de toutes les choses réelles ; le procès du développement de toutes les choses réelles est aussi un procès du simple au complexe, où le contenu s’enrichit sans cesse.

    Hegel considère que tout chose présente est le résultat d’une chose passée l’ultime résultat du développement historique est toujours de conserver la chose passée par une forme de dépassement ; le développement historique est tel un grand cours d’eau, plus loin il coule, plus le volume d’eau est important, c’est à-dire que le contenu est de plus en plus riche.

    En exposant sa pensée de la coïncidence de la logique et de l’histoire, Hegel estime, en chamboulant tout, que l’historique n’est que le résultat du développement des concepts logiques : c’est bien évidemment de l’idéalisme.

    Mais que Hegel puisse lier étroitement le logique et l’historique constitue la partie rationnelle de sa philosophie. Car, du point de vue du matérialisme scientifique, le cours de la pensée qui va du simple au complexe (le logique) correspond au processus historique réel (l’historique). Le Capital de Marx est le meilleur exemple d’étude menée sur la base du principe de la coïncidence de la logique et de l’histoire.

    Marx étudie d’abord la marchandise, puis la monnaie et enfin le capital.

    Ici, la marchandise est la catégorie la plus simple, la monnaie est plus complexe que la marchandise, le capital est plus complexe que la monnaie ; selon le procès de la connaissance, si l’on ne connaît pas d’abord les choses simples, on ne peut connaître les choses complexes ; c’est pourquoi un tel processus d’examen, qui va de l’examen de la marchandise à celui de la monnaie, puis de celui de la monnaie à celui du capital, n’est pas fortuit ou arbitraire, mais déterminé par l’ordre logique de la pensée, par la nécessité du procès de la connaissance.

    Mais, d’un autre côté, le logique est l’expression théorique du développement historique réel, et ce procès de déduction des catégories qui va de la marchandise à la monnaie et de la monnaie au capital est en même temps déterminé par le développement historique réel ; car, dans le développement historique réel, ces trois choses apparaissent selon un ordre du simple vers le complexe, de l’inférieur vers le supérieur – de la marchandise à la monnaie, de la monnaie au capital : l’apparition de la monnaie est plus tardive que celle de la marchandise, et celle du capital plus tardive que celle de la monnaie.

    Après avoir expliqué tout cela, Marx a indiqué : « Dans ces limites, ce cours de la pensée abstraite qui s’élève du plus simple au complexe correspond au procès historique réel. »

    6. LE PRINCIPE RELATIF A LA COÏNCIDENCE ENTRE LOGIQUE ET THÉORIE DE LA CONNAISSANCE

    A partir du principe de l’identité de la pensée et de l’Être, Hegel considère d’une part que logique et ontologie coïncident, d’autre part que logique et théorie de la connaissance coïncident également.La théorie de la connaissance est la théorie relative au processus de la connaissance ; le contenu de la connaissance ce sont les choses qui existent (l’être).

    La logique est la théorie relative aux formes de la pensée, mais Hegel estime que les formes de la pensée qu’étudie la logique dialectique ne sont pas des formules creuses et abstraites, coupées du contenu de la connaissance, mais qu’elles sont étroitement liées au contenu : à tel contenu, telle forme.

    L’ordre des formes de la pensée – concepts, catégories – qu’étudie la logique de Hegel n’est donc pas du tout arbitraire, mais coïncide avec le procès de développement de la connaissance et avec le cours d’approfondissement et de concrétisation incessants du contenu de la connaissance. Si la logique de Hegel part du concept d’Être, c’est parce que la connaissance que nous avons au début des choses concrètes est la plus pauvre et la plus abstraite.

    Ainsi, quand nous ressentons une chose telle que l’Être, mais que nous ne pouvons rien en dire, le contenu de notre connaissance est alors le plus pauvre et le plus abstrait ; la catégorie logique correspondant à ce stade de la connaissance est l’Être. Les catégories postérieures à l’Être correspondent toutes, pour Hegel, au contenu de la connaissance.

    Et, comme dans le procès de connaissance on a d’abord la connaissance directe, sensible, et qu’ensuite seulement on pénètre l’essence des choses, de même en logique la catégorie d’Être apparaîtra d’abord et celle d’Essence après ; comme dans le procès de connaissance, la connaissance de la quantité demande plus d’approfondissement que celle de la qualité, de même en logique la catégorie de qualité apparaîtra d’abord, puis celle de quantité ; comme dans le processus de connaissance, la connaissance des rapports dialectiques entre telle et telle chose est plus profonde que la connaissance simple d’une chose, de même aura-t-on d’abord la catégorie de Chose, puis celle de Causalité, etc.

    Bref, le développement de la connaissance suit un cours qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe, et la déduction des catégories logiques suit le même cours. Les deux coïncident. Bien que l’ordre de conversion des catégories logiques de Hegel ait quelque chose de forcé, de rigide, sa logique, dans l’ensemble, expose de façon idéaliste la pensée dialectique rationnelle de la coïncidence entre la logique et la théorie de la connaissance.

    Pour mieux comprendre la coïncidence entre la logique et la théorie de la connaissance chez Hegel, nous allons aborder plus particulièrement le problème des différents types de jugement dam la logique de Hegel : comme on l’a dit plus haut la vérité concrète est, pour Hegel, l’unité organique de plusieurs déterminations.

    Sur la base de ce point de vue fondamental, Hegel affirme que le jugement n’est pas une catégorie extérieure ou parallèle à la vérité concrète, mais le développement de celle-ci, l’exposition et l’explication des particularités ou des déterminations que comprend la vérité concrète.

    Soit le jugement :« l’or est jaune ». « Jaune » est une exposition des particularités de cette chose concrète qu’est « l’or ». A partir de ce point de vue sur le jugement, Hegel, pour la première fois dans l’histoire de la philosophie, a, en collant de près au contenu de la connaissance, distingué trois grands stades et quatre grandes sortes de jugement.Les trois grands stades sont ceux de l’Être, de l’Essence et du Concept, équivalents aux trois grandes parties de la Logique.

    Le jugement du stade de l’Être est le « jugement essentiel »; le jugement du stade de l’Essence comprend le « jugement réfléchi » et le « jugement nécessaire »; et le jugement du stade du Concept s’appelle le « jugement conceptuel ». Ces quatre sortes de jugement ne sont pas à un même niveau et n’ont pas la même valeur ; il y a une hiérarchie, un ordre donné. La place de celui qui suit est d’un cran plus élevé que celui qui précède.

    Prenons pour exemples (1) « les roses sont rouges », (2) « les roses sont utiles », (3) « les roses sont des plantes » et (4) « ce bouquet de roses est beau ».

    Selon le contenu de la connaissance, le sens du prédicat, ces quatre types de jugement sont plus ou moins élevés : le premier (« les roses sont rouges ») est le plus inférieur, car le prédicat de ce type de jugement n’expose que les qualités particulières directes et sensibles du sujet (les roses, choses concrètes).

    Pour déterminer si le sujet a ou non cette qualité, il suffit d’utiliser nos sensations immédiates. Par exemple, si nous voulons déterminer si la rose a cette qualité qu’est le rouge, il suffit d’utiliser un peu notre vue.

    Hegel appelle ces jugements « jugements essentiels ». Ce type de jugement montre que le contenu de la connaissance n’a pas encore atteint l’essence de la chose, mais n’est encore que direct, immédiat ; ce type de Jugement n’équivaut donc qu’à celui du stade de l’Être, et on ne peut pas dire qu’il équivaut à celui de l’Essence.

    Le second type de jugement, « les roses sont utiles », Hegel l’appelle le « jugement réfléchi ». Ce qu’expose le prédicat de ce jugement ne concerne plus des qualités particulières, directes, sensibles, mais les déterminations relatives à certains liens du sujet.

    En effet, dire que «les roses sont utiles » a trait aux rapports entre les roses et d’autres choses ; ce type de jugement expose les particularités des roses à partir de leurs rapports avec les autres choses. Hegel estime que ce jugement touche à l’essence des choses, car pour lui la catégorie de chose c’est la «réflexion sur soi » dans un rapport.

    Ce jugement expose manifestement le contenu du sujet de façon plus concrète et profonde. Ce jugement est donc un niveau au-dessus du jugement essentiel.

    Plus élevé que le « jugement réfléchi » est le « jugement nécessaire », tel que « les roses sont des plantes ».

    Ce qu’expose le prédicat de ce type de jugement, ce sont les rapports de substance du sujet ; comme le « jugement réfléchi », il appartient au stade de l’Essence, mais il comprend plus de nécessité, il expose plus profondément, plus concrètement le contenu et les particularités du sujet. Ce type de jugement est donc supérieur.

    Cependant, le jugement qui expose le plus profondément et le plus concrètement le contenu et les particularités du sujet, c’est encore un quatrième type de jugement, le « jugement conceptuel ».Ce jugement montre si une chose concrète (le sujet) correspond ou non à sa nature, à son concept, et jusqu’à quel degré il y correspond.

    Ainsi, les prédicats « beau », « vrai », « bien »… Par exemple :« ce bouquet de roses est beau -, « cette maison est bien ». Ces jugements comparent toujours une chose concrète et son concept. Ils comparent « ce bouquet de roses » et le concept de « rose » ; ils comparent « cette maison » et le concept de « maison ».

    Tout ce qui correspond à son concept, à sa nature, est alors beau, bien et vrai.

    Aussi, quand nous disons : « ce bouquet de roses est beau », cela veut dire que ce bouquet de fleurs a poussé conformément à la nature, au concept de rose.

    Quand nous disons :« cette maison est bien », cela veut dire que cette maison a été construite conformément au concept de maison. Hegel estime que, pour émettre un tel jugement, il faut avoir la connaissance la plus profonde et la plus concrète des choses concrètes.

    Ce classement de Hegel est certes quelque peu obscur et forcé. Quand en particulier il fait du jugement apodictique l’unique et suprême jugement, c’est là une manifestation de la nature idéaliste de sa philosophie ; cependant, comme l’a dit Engels : « La vérité interne et la nécessité interne de ce classement sont claires. »

    Son classement place à des niveaux plus ou moins élevés les diverses formes de jugement selon le procès d’approfondissement de la connaissance, et il a donc profondément décrit le processus de connaissance que les hommes ont de la vérité concrète, et qui va de l’abstrait, de l’indigent, vers le concret, le profond : quand le contenu de notre connaissance n’est que l’existence immédiate de l’objet, qu’il n’est que les qualités particulières abstraites, sensibles, et que donc notre connaissance n’est que très superficielle et abstraite, la forme de la pensée que nous utilisons, le jugement, est le jugement le plus inférieur, le « jugement essentiel »; quand le contenu de notre connaissance de l’être porte sur les déterminations de rapports de l’objet, quand elle pénètre l’« essence » de l’objet et que notre connaissance est plus profonde, plus concrète, la forme de pensée que nous utilisons est le « jugement réfléchi » voire le « jugement nécessaire »; le « jugement conceptuel », lui, exprime que nous avons de l’objet la connaissance la plus profonde et la plus concrète.

    A tel contenu de la connaissance, telle forme de la connaissance ; le contenu de la connaissance s’approfondit et se concrétise sans cesse, et il en va de même pour la forme de la connaissance : l’ensemble du système conceptuel de la logique de Hegel expose donc concrètement le principe de l’unité de la logique et de la connaissance.

    Bien sûr, ce principe est exposé chez Hegel sous une forme idéaliste.

    Nous avons relevé plus haut quelques idées dialectiques importantes du système de Hegel ; en fait, la pensée rationnelle de la philosophie de Hegel est beaucoup plus riche que ce que nous avons mentionné.

    Même dans la «philosophie de la nature», maillon le plus faible de la philosophie hégélienne, il y a pas mal d’idées rationnelles, celles que nous avons citées quand nous avonsparlé plus haut du stade naturel en sont des preuves manifestes.

    Dans « Ludwig Feuerbach et la Fin de la philosophie classique allemande », Engels dit qu’il suffit de ne pas s’arrêter inutilement au pied de ce grand édifice qu’est le système idéaliste de la philosophie hégélienne, mais qu’en y pénétrant nous y découvrirons d’innombrables trésors. Cet éloge d’Engels n’est pas du tout excessif.

    Bien que ce dont parle Hegel ne soit absolument pas la dialectique du monde objectif, dans la dialectique de l’Esprit Absolu ou de l’Idée Absolue, dans le processus de liaison réciproque, de conversion mutuelle et d’auto-contradiction des concepts purement logiques, en un mot dans sa dialectique idéaliste, il a deviné, ou plutôt il a reflété inconsciemment, la dialectique des choses objectives elles-mêmes.

    Par exemple, l’idée de Hegel relative au mouvement et au développement incessants de l’Esprit Absolu, de l’Idée Absolue, et à l’existence des liaisons internes dans le mouvement et le développement, c’est refléter inconsciemment la situation réelle du mouvement et du développement incessants du monde réel ainsi que les liaisons mutuelles et le conditionnement réciproque de tous ses phénomènes.

    De même, l’idée de Hegel sur l’auto-mouvement de l’Esprit, de l’Idée, et sur le fait que les contradictions sont la source du mouvement, et l’idée relative à la conversion réciproque des deux concepts de « qualité » et de « quantité» : c’est là aussi refléter inconsciemment la situation réelle des contradictions internes et des transformations entre la qualité et la quantité dans le monde réel.

    Et jusqu’à l’idée de Hegel qui voit dans le procès d’auto- connaissance de l’Esprit, de l’Idée, un procès qui va de l’abstrait au concret, du simple au complexe, c’est encore refléter inconsciemment le procès d’approfondissement et de concrétisation incessants de la connaissance humaine réelle. Et ainsi de suite.

    Bref, dans sa dialectique idéaliste, dans la dialectique du concept, « Hegel a génialement deviné la dialectique des choses (des phénomènes, de l’univers, de la nature) » Il a reflété inconsciemment la dialectique des choses objectives elles-mêmes ; c’est là que réside le « noyau rationnel » de la dialectique de Hegel, et son grand mérite historique.

    Avant la constitution de la philosophie marxiste, il y avait deux méthodes quant à la question du développement des sciences : l’une était la méthode métaphysique, l’autre la dialectique hégélienne.

    Cependant, la vieille méthode métaphysique ne pouvait certes pas stimuler le développement des sciences, elle avait déjà été détruite sur le plan théorique par Kant et surtout Hegel ; seule la méthode hégélienne a posé le problème de l’universalité et de l’éternité du développement dialectique ; elle a tenté de faire du monde un procès de mouvement, de transformation et de développement incessants, et d’y découvrir les liaisons internes, elle a eu « comme fondement un énorme sentiment historique ».

    Lors de l’étude des problèmes, elle est souvent partie du point de vue du développement et de la liaison ; et à l’époque la dialectique hégélienne était donc « parmi les matériaux logiques existant le seul matériau au moins utilisable ».

    Ce sont justement ces choses rationnelles que Marx et Engels ont assimilées de la dialectique hégélienne quand ils ont créé le matérialisme dialectique.Voilà pourquoi les grands auteurs marxistes-léninistes ont hautement apprécié la philosophie de Hegel.

    Cependant, la dialectique de Hegel est, quant à son essence, fondamentalement idéaliste. Elle est édifiée sur une base anti- scientifique ; Hegel a seulement deviné la dialectique des choses objectives dans sa dialectique idéaliste, mais il n’a pas eu une connaissance scientifique du processus réel objectif qui apparaît dialectiquement.

    Au contraire, il a, sous une forme idéaliste (mystique), déformé fondamentalement ce processus réel objectif. C’est pourquoi la dialectique hégelienne « est dans sa forme existante complètement inutilisable ».

    Et, en assimilant la partie rationnelle de la méthode dialectique de Hegel, Marx et Engels ont donc considéré qu’il faut d’abord faire de la méthode de Hegel une critique radicale, pénétrante, « rejeter sa gangue idéaliste » pour que la dialectique puisse apparaître sous son aspect originel.

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  • Sur la réfutation de Confucius par Lieouhsia Tche

    Tang Siao

    1975

    Vers la fin de l’époque Tchouentsieou (770-476 av. J.-C.), alors que la Chine passait du système esclavagiste au système féodal, une lutte à mort éclata entre les esclaves et les propriétaires d’esclaves. Tche de Lieouhsia (appelé plus couramment Lieouhsia Tche) fut un éminent dirigeant de l’insurrection d’esclaves dans les Etats de Tal et de Lou (l’actuelle province du Chantong).

    A la tête d’une force armée, il se battait dans différentes régions menant une guerre de mouvement et infligeant des coups sévères à la classe dominante et au système esclavagiste pourri. Sorti des rangs des esclaves il dénonça avec indignation Confucius, représentant de l’idéologie de l’aristocratie esclavagiste en pleine décadence. L’essai « Tche-le-brigand » dans le Tchouang Tse (un classique taoïste du IVe-IIIe siècle av. J.-C.) est un précieux document historique relatant la lutte menée par Lieouhsin Tche contre Confucius.

    Cependant, les commentateurs du passé du Tchouang Tse étaient pour la plupart des adeptes de Confucius. Partant de leurs préjugés de classe, ils allaient jusqu’à nier l’existence de Lieouhsia Tche et le fait qu’il condamné sévèrement Confucius. Ils tentaient ainsi de camoufler les crimes de Confucius. C’était là une grossière déformation des faits historiques.

    Les documents que nous avons consultés nous donnent d’amples preuves de l’existence de Lieouhsia Tche. Son nom est cité dans dix-neuf passages des ouvrages suivants antérieurs à la dynastie des Ts’in (221-207 av. J.-C.) : Tchouang Tse, Meng Tse (IVe siècle av. J.-C.), Siun Tse (IVe-IIIe siècle av. J.-C.), Han Fei Tse (IIIe siècle av. J.-C.) et Liuche Tchouentsieou (IIIe siècle av. J.-C.).

    Sema Tsien de la dynastie des Han de l’Ouest (206 av. J.-C.-8 ap. J.-C.), connu comme un historien qui « a recueilli toute la littérature et les événements du passé », a narré les activités révolutionnaires de Lieouhsia Tche dans deux textes de ses Mémoires historiques. Et Wang Tchang (27 ap. J.-C.-environ 97), penseur matérialiste imprégné d’esprit critique, a également parlé des hauts faits de Lieouhsia Tche dans l’un des chapitres de son ouvrage Louen Reng (Discours bien pesés).

    Tout ce que ces auteurs ont raconté est en gros identique au texte de « Tche-le-brigand » du Tchouang Tse. Ceci prouve que les exploits de Lieouhsia Tche à la tête d’esclaves révoltés ont été largement racontés et rapportés par la suite par de nombreux auteurs. Il est donc clair que Lieouhsia Tche a été un personnage historique assez important.

    Nous n’avons pas pu préciser sa date de naissance ni celle de sa mort. Pourtant en consultant des ouvrages antérieurs à la dynastie des Ts’in, nous voyons que certains auteurs ont souvent représenté Lieouhsia Tche comme un adversaire de Tseng Chenet et Che Tsieou.

    Or, ces derniers étaient contemporains de Confucius. Donc, Lieouhsia Tche devait être, lui aussi, contemporain de Confucius. En outre, des ouvrages de cette époque nommèrent souvent ce héros « le brigand », et ce caractère chinois tao apparut pour la première fois à l’époque Tchouentsieou.

    Dans le Mo Tse (Ve-VIe siècle av. J.-C.), « brigand-voleur » et « bandit-rebelle » sont deux termes employés alternativement, sans distinction.

    A cette époque, le mot « brigand » était employé par la classe des exploiteurs pour désigner généralement les masses organisées en groupes armés révolutionnaires. L’emploi de ce mot dans les écrits de cette époque est une preuve de plus que Lieouhsia Tche a bien vécu à l’époque Tchouentsieou.

    La réfutation de Confucius par Lieouhsia Tche telle qu’elle fut décrite dans « Tche-le-brigand » du Tchouarig Tse a été confirmée par d’autres ouvrages. Le Liuche Tchouentsieou par exemple nous raconte cette anecdote :

    Lieouhsia Tche demanda de mettre dans son cercueil après sa mort un marteau de bronze dont il se servirait pour casser le crâne aux rois Tang de la dynastie des Chang et Wen de celle des Tcheou et aux autres chefs de file de la classe des propriétaires d’esclaves quand il les rencontrerait dans l’autre monde.

    D’où nous pouvons voir que Lieouhsia Tche voua une haine implacable à ces « rois anciens » et ces « sages » tant vénérés par Confucius. Ce même ouvrage a noté encore les interprétations données par Lieouhsia Tche aux concepts moraux tels que courage, justice, sagesse et bienveillance. Ceci nous montre que l’éthique de la classe des esclaves avancée par Lieouhsia Tche était diamétralement opposée aux vertus de la « piété filiale » et de la « déférence fraternelle » prêchées par Confucius.

    Nous pouvons voir ici que Lieouhsia Tche avait une théorie politique qui lui était propre. Dans ses Mémoires historiques, Sema Tsien a écrit que Lieouhsia Tche propageait activement les doctrines révolutionnaires. L’auteur du Siun Tse dit que Lieouhsia Tche se montrait habile dans les débats et que ses discours convaincants faisaient peur à ses adversaires.

    Dans les Discours sur le contrôle du sel et du fer par l’Etat, il est dit que Sang Hong-yang (152-80 av. J.-C.), légaliste célèbre des Han de l’Ouest, indiqua que « Confucius voulait persuader Lieouhsia Tche par les rites », mais échoua. En somme, le contenu de ces ouvrages est justement conforme à celui de « Tche-le-brigand » dans le Tchouang Tse qui décrit comment Lieouhsia Tche, faisant montre d’un esprit de combativité Inflexible, déjoua les efforts de Confucius pour le convaincre de se rendre et dénonça les crimes des « anciens rois », et comment il fit preuve d’une grande habileté dans le débat et déconcerta complètement Confucius. Tous ces ouvrages s’appuyent et se confirment mutuellement.

    L’essai « Tche-le-brigand » fut écrit à une époque ultérieure au temps où vécut ce héros, sur la base de nombreuses histoires qui circulaient oralement parmi le peuple travailleur.

    Il est à noter que l’auteur de ce texte a aussi employé certaines expressions calomnieuses à l’égard de Lieouhsia Tche, et que, par endroits, il a même professé des idées taoïstes, passives et décadentes par sa bouche. Les écrits de ce genre, nous devons les juger d’après les conceptions de classe et de la lutte de classes, et en recourant à la méthode de l’analyse de classe.

    Les dominateurs réactionnaires de tous les temps ont toujours considéré que seuls leurs « classiques » et « biographies » officiels étaient authentiques et dignes de foi.

    En fait, ces ouvrages déformaient, dans la plupart des cas, les faits historiques, en inversant le vrai et le faux, pour servir l’intérêt de leur classe.

    Mais, puisque l’histoire est créée par le peuple travailleur, ce sont les récits répandus largement parmi le peuple qui la reflètent le plus fidèlement et sont dignes de foi.

    Les ouvrages écrits sur la base des récits populaires pourraient manquer de précision sur certains détails concernant les dates, les épisodes ou parce que des expressions et des pensées des époques postérieures s’y sont introduites, mais il nous est quand même possible de déceler la vérité historique à partir de ces ouvrages, si nous savons saisir le tronc de l’arbre en élaguant les rameaux inutiles, c’est-à-dire discerner le vrai du faux.

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  • Lieouhsia Tche dénonce Confucius

    Tang Hsiao-wen

    1975

    Kong Kieou (Confucius) était le représentant de l’idéologie de l’aristocratie esclavagiste en déclin et en pleine décadence. Tous les réactionnaires d’antan l’ont révéré comme un « sage ». Les chefs de file des diverses lignes opportunistes dans le Parti communiste chinois étaient tous des adorateurs de Confucius, et le renégat et traître Lin Piao était un fervent disciple de Confucius.

    A l’opposé, le peuple travailleur a toujours nourri une haine invétérée pour Confucius, l’a toujours méprisé et a toujours sévèrement critiqué et réfuté ses sermons réactionnaires.

    La dénonciation de Confucius qu’a faite Lieouhsia Tche il y a plus de 2000 ans, telle que nous la rapporte « Tche-le-brigand », un essai qui figure dans le Tchouang Tse [ouvrage philosophique de l’école taoïste de la Chine antique ; il contient principalement les écrits du philosophe idéaliste TchouangTcheou (environ 369-286 av.J.-C.) et de ses disciples], fut une splendide page dans l’histoire de la lutte du peuple travailleur contre Confucius.

    Éminent dirigeant d’un soulèvement d’esclaves

    Pendant plus de 2000 ans, les classes réactionnaires ont calomnié Tche en le faisant passer pour un « brigand de grand chemin » et l’ont appelé « Tche-le-brigand ». Aujourd’hui, cette déformation de l’histoire doit être redressée.

    Tche fut non pas un « brigand de grand chemin », mais l’éminent dirigeant d’une insurrection d’esclaves.

    Il fut connu sous le nom de Lieouhsia Tche parce qu’il habitait à Lieouhsia (à l’est du district de Pouyang dans l’actuelle province du Honan).

    Lieouhsia Tche vécut vers la fin de l’époque Tchouentsieou (770-476 av. J.-C.) ; la Chine traversait alors une période de grandes transformations sociales qui la fit passer de l’esclavagisme au féodalisme.

    Pour empêcher l’effondrement du système esclavagiste, l’aristocratie esclavagiste à la veille de sa chute accentua sa cruelle oppression et exploitation de la classe des esclaves et du reste du peuple travailleur.

    La Cour et les nobles menaient une vie de débauche, tandis que le peuple travailleur, affamé et en haillons, était écrasé sous un travail de forçat et privé de moyens d’existence.

    C’est pourquoi « le peuple souffrait cruellement, et mari et femme maudissaient la manière dont allaient les choses » ; l’antagonisme de classes se fit très aigu et des insurrections d’esclaves de grande envergure éclatèrent un peu partout. D’après des récits historiques, les bâtisseurs des murailles de la cité se révoltèrent dans l’État de Tsi, le petit peuple déclencha une révolte dans l’État de Tcheng, et, dans l’État de Wei, les esclaves artisans attaquèrent le prince.

    Utilisant comme armes « les sabres, le poison, l’eau et le feu », les esclaves dans de nombreux endroits se saisirent des « voitures, chevaux, vêtements et vestes de fourrures » des nobles et des riches.

    Éminent dirigeant d’une insurrection d’esclaves dans les Etats de Tsi et de Lou (l’actuelle province du Chantong), Lieouhsia Tche dirigea les luttes armées des esclaves de diverses régions. Avec leurs préjugés de classe, les historiens des classes exploiteuses ont tout fait pour dénigrer ou même ignorer Lieouhsia Tche ; c’est pourquoi très peu d’ouvrages nous rapportent ses actions.

    Et dans le Tchouang Tse (dans le chapitre « Tche-le-brigand »), les calomnies à son sujet ne manquent pas non plus. Mais, même d’après ces sources restreintes, on peut voir que Tche fut un héros intelligent et courageux, ainsi qu’un chef militaire très habile.

    Il avait sa théorie, son programme, son organisation et l’appui des masses. L’histoire de « Tche-le-brigand » dit qu’à la tête « de neuf mille de ses partisans, il l’emportait partout irrésistiblement, et partout attaquait les princes ». Quand il arrivait, les propriétaires d’esclaves s’enfuyaient, les grands aristocrates se retranchaient derrière les épaisses murailles de leur cité, tandis que les petits nobles se terraient dans leurs citadelles aux murs de torchis. Aucun d’eux n’osait l’affronter.

    Cela prouve quelle réputation avaient ses puissants bataillons et quelle terrible menace il faisait planer sur la domination réactionnaire de l’aristocratie esclavagiste.

    En combattant de-ci de-là, les forces armées de Tche avaient fini par exercer une très large influence ; et son nom devint le symbole des esclaves en révolte dans les Etats de l’époque et fit trembler tous les nobles.

    La violence révolutionnaire est « l’instrument grâce auquel le mouvement social l’emporte et met en pièces des formes politiques figées et mortes » (Engels : Anti-Dühring). Dans la société de classes, la loi générale est qu’un système social se substitue à un autre par la révolution violente. Le soulèvement d’esclaves que dirigea Lieouhsia Tche fut, dans l’histoire de Chine, une grande tentative de la classe exploitée pour résoudre, par la révolution violente, les contradictions sociales.

    Relégués depuis des siècles tout en bas de l’échelle sociale, les esclaves se dressèrent, brisèrent le carcan que faisait peser sur eux l’aristocratie esclavagiste et secouèrent la base économique et la superstructure du système esclavagiste, poussant fortement l’histoire en avant.C’était là vraiment une bonne chose. Les partisans de réformes et du progrès du passé ont porté un jugement positif sur ce soulèvement.

    Siun Tse (313-238 av. J.-C.), idéologue de la classe montante des propriétaires fonciers et éminent représentant de l’école légaliste, reconnut que Lieouhsia Tche était très habile à gagner les masses dans des débats publics et qu’il jouissait d’un grand prestige dans les plus basses classes.

    Par la suite, certains idéologues progressistes dirent aussi qu’il était « le plus remarquable » sage du petit peuple en révolte. Par contre, les aristocrates esclavagistes en déclin et moribonds eurent une peur mortelle du soulèvement qu’il dirigea et lui vouèrent une haine farouche.

    Ils traînèrent Tche dans la boue, le décrivant comme un monstre, un « brigand de grand chemin » qui se repaissait de chair et de sang humains, et assassinait les gens pour leur prendre leurs richesses.

    Confucius, ce défenseur acharné du système esclavagiste vouait aussi une haine implacable à Tche.

    Il le couvrit d’injures pour ne s’être pas montré respectueux des lois et de la piété filiale ; il le considérait comme « un fléau de ce monde » et se disait décidé à éliminer ce « fléau ».

    Il collabora à la répression violente entreprise par les propriétaires d’esclaves ; simulant de bons sentiments, il vint en personne voit Tche à l’endroit où il campait et essaya par tous les moyens de l’amener à se rendre ; il se confondit en politesses devant lui et se mit en quatre pour lui dire des amabilités et le flatter.

    Il débita des rengaines trompeuses sur la bienveillance, la justice et la vertu, et fit miroiter à Tche toutes sortes d’honneurs et de privilèges pour le séduire, comme de lui faire « construire une grande ville de plusieurs centaines de li de circonférence » et de « l’honorer comme l’un des nobles régnants ».

    Confucius essayait par là de le persuader de déposer les armes et de se faire le docile sujet des aristocrates esclavagistes. Lieouhsia Tche haïssait profondément et depuis longtemps Confucius qui, comme un chien errant, parcourait les différents Etats pour défendre avec acharnement le système esclavagiste. Quand on lui annonça la visite de Confucius, il écuma de rage. Face à Confucius, bouillant de colère et la main sur le pommeau de son épée, Tche le fusillait du regard et lui lança au visage ses accusations.

    Il condamna la position et les théories réactionnaires de Confucius qui prônait la régression et le retour à l’ancien, et dévoila ses « hypocrisies et ruses ».

    Confucius, ne trouvant rien à lui répondre, était en plein désarroi.

    Aux yeux d’un héros comme Tche, en effet, ce Confucius, que tous les réactionnaires révéraient comme un « sage », n’était qu’un pitre.

    Dans cet affrontement, Lieouhsia Tche fit preuve d’un courage indomptable et d’un remarquable esprit révolutionnaire de lutte.

    Tche réfute « Kieou-le-brigand »

    Lors de sa rencontre avec Tche, Confucius en vint à calomnier ce dernier.

    En dirigeant cette insurrection d’esclaves il se conduisait de manière honteuse, disait-il, et il devrait plutôt suivre la voie indiquée par l’école confucéenne, prendre des leçons de bonne conduite auprès « des sages et des lettrés », « démobiliser ses troupes et rassembler ses frères pour offrir de concert des sacrifices à leurs ancêtres ».

    Cet infâme projet et ces sermons réactionnaires, Lieouhsia Tche les dénonça et les critiqua sur-le-champ. Les anciens rois étaient des « fauteurs de troubles », non pas des exemples à suivre.

    Il réfuta fermement les idées réactionnaires de Confucius consistant à prendre modèle sur les anciens rois, à restaurer l’ancien régime et à travailler à la régression sociale. La prétendue « offrande commune de sacrifices aux ancêtres », l’appel à prendre modèle sur les « sages » que recommandait Confucius signifiaient en fait mettre en application le programme politique réactionnaire « se modérer et en revenir aux rites », soutenir et restaurer les règles, les institutions et l’ordre social, affaiblis et en pleine décadence, qui avaient eu cours sous le système esclavagiste des Tcheou de l’Ouest.

    C’est dans ce but que Confucius portait aux nues la société esclavagiste des dynasties des Chang et des Tcheou de l’Ouest et la décrivait comme un paradis terrestre. Il faisait l’éloge des tristement célèbres chefs de file de la classe esclavagiste de ces deux dynasties, le roi Tang et le roi Wen, disant qu’ils étaient « des sages sanctissimes » d’une très grande vertu et d’un immense prestige, et demandait au peuple de leur vouer un véritable culte.

    Lieouhsia Tche réfuta cette phraséologie creuse et absurde, dénonça la cruelle domination de l’aristocratie esclavagiste et le caractère pourri et obscurantiste de l’esclavage.

    Il déclara que tous les chefs de file de l’aristocratie esclavagiste, loin d’être des « sages », n’étaient que des « fauteurs de troubles » éhontés qui opprimaient le peuple et l’empêchaient de vivre en paix.

    Sous leur domination tyrannique, la société était bien loin d’être un paradis terrestre ; c’était plutôt une société aberrante où « les Etats forts malmènent les faibles, où les Etats à forte population oppriment ceux qui sont peu peuplés », et où règne l’oppression de l’homme par l’homme.

    Quant à lui, il considérait qu’une société où règne l’intégrité morale devrait être une société dans laquelle « les gens cultivent la terre pour se nourrir, tissent leurs habits et ne se font aucun mal les uns aux autres », c’est-à-dire une société sans exploitation ni oppression.

    Cela exprimait parfaitement les profondes aspirations des esclaves à se débarrasser de l’exploitation et de l’oppression, et à conquérir leur émancipation.

    Lieouhsia Tche montra bien qu’avec tous ses éloges du système de la dynastie des Tcheou de l’Ouest et des mérites de la bienveillance et de la justice, Confucius cherchait pour lui-même « richesses et honneurs », c’est-à-dire qu’il voulait protéger la position dominante des propriétaires d’esclaves et maintenir éternellement les esclaves dans une nuit sans espoir. Et c’est avec le plus grand mépris que Lieouhsia Tche dédaigna le pouvoir, la position et la vie extravagante des nobles que Confucius faisait miroiter devant lui.

    Il déclara que vivre ern parasite en consommant sans travailler était une chose extrêmement honteuse, et que la domination de l’aristocratie esclavagiste ne pourrait durer longtemps, qu’on en finirait une bonne fois avec elle, et qu’elle allait « s’éteindre dans les prochaines générations ».

    La critique et la réfutation que Lieouhsia Tche fit de la position de Confucius visant à revenir à l’ancien ordre reflétaient l’esprit de révolte révolutionnaire des esclaves opprimés, que ni les « ancêtres » ni les « sages » n’intimidaient et qui étaient décidés à balayer le vieux système.

    Cela prouve clairement que les esclaves ne pouvaient tolérer les efforts de Confucius pour restaurer le système de l’esclavage.

    Ni la tromperie ni la répression violente ne pouvaient aider les réactionnaires à arrêter la marche en avant de l’histoire. Le président Mao a souligné : « le peuple chinois n’a jamais toléré le règne des forces ténébreuses et il a toujours recouru à la révolution pour renverser et changer un tel régime. » « La piété filiale et la déférence fraternelle » n’étaient que mensonges. Les théories défendues par Confucius étaient entièrement réactionnaires ; leur but était la restauration des rites de la dynastie des Tcheou, et leur concept-clé, la « bienveillance ».

    Les éléments essentiels de son concept de « bienveillance » étaient « la piété filiale et la déférence fraternelle » ; d’après sa doctrine seul celui qui pratiquait ces deux vertus pouvait devenir un « ministre fidèle » au service de l’État esclavagiste. Ces concepts confucéens avaient pour but de défendre la hiérarchie et le système patriarcal des aristocrates esclavagistes dont la clé de voûte était de faire que « le roi reste un roi, le ministre un ministre, le père un père et le fils un fils ». Avec un jugement pénétrant, Lieouhsia Tche perça à jour la nature réactionnaire des doctrines de Confucius et fit justement remarquer qu’en produisant ces absurdités sur « la piété filiale et la déférence fraternelle », Confucius rêvait lui-même de devenir un riche noble écrasant le peuple.

    Tche cita de nombreux faits pour dénoncer à fond le caractère trompeur de ce précepte de Confucius.

    Aux yeux de Lieouhsia Tche, tous ces « ministres fidèles » et ces « esprits supérieurs » tant vantés par Confucius n’étaient que des coquins, complices des rois et des empereurs pour opprimer le peuple, et de dévoués serviteurs des seigneurs.

    Leurs prétendues vertueuses actions « faisaient éclater de rire le peuple », car « pas une ne méritait la moindre estime ». Quant à ces « ministres fidèles » et « esprits supérieurs » dont on dit qu’ils servirent jusqu’à leur dernier souffle les propriétaires d’esclaves, ce n’étaient que des chiens et des porcs qui finirent par crever dans quelque trou puant. Tche lança au visage de Confucius :

    « Puisque tu considères ta doctrine comme universellement valable et applicable, pourquoi as-tu été à maintes reprises mis dehors de l’État de Lou, pourquoi es-tu interdit de séjour dans l’État de Wei, ignoré par le peuple dans l’État de Tsi et traqué dans les Etats de Tchen et de Tsai ?

    Comment se fait-il que tu en sois réduit à errer de-ci de-là, ballotté d’un endroit à un autre, sans pouvoir trouver un endroit où te fixer ? Crois-tu vraiment que ta doctrine vaille un clou ? »

    Une critique d’un tel mordant mit complètement à nu les traits hideux des « ministres fidèles » et des « esprits supérieurs » exaltés par Confucius et ses semblables.

    Se tenant sur la position révolutionnaire de tous ceux qui résistaient à l’oppression des propriétaires d’esclaves, Lieouhsia Tche considérait qu’il était tout à fait légitime que les esclaves se soulèvent et reprennent des mains des aristocrates propriétaires d’esclaves les richesses qu’ils avaient eux-mêmes créées.

    Sur la base de la pratique acquise dans la lutte par la classe des esclaves, il donna un contenu complètement nouveau à des concepts moraux comme le courage, l’équité, l’intelligence et la bienveillance.

    Il dit que dans les combats livrés aux nobles par les esclaves, le courage, c’est ne pas avoir peur de la mort et de se porter aux premières lignes quand on donne l’assaut. L’équité, c’est se replier en dernier pour protéger le mouvement des troupes.

    La sagesse, c’est être habile à analyser une situation et à saisir le moment opportun pour livrer bataille.

    La bienveillance, c’est de partager également le butin capturé. Dans sa critique de la « piété filiale » et de la « déférence fraternelle », pour la première fois dans l’histoire de Chine, cet éminent dirigeant des esclaves en révolte systématisa les préceptes moraux de la classe des esclaves, tels qu’ils découlaient de la vie réelle et diamétralement opposés à ceux de la classe des propriétaires d’esclaves.

    Voilà qui confirme pleinement cette vérité : dans la société de classes, « la morale a été constamment une morale de classe ; ou bien elle justifiait la domination et les intérêts de la classe dominante, ou bien elle représentait, dès que la classe opprimée devenait assez puissante, la révolte contre cette domination et les intérêts d’avenir des opprimés » [Engels : L’Anti-Duhring].

    L’éthique élaborée par Lieouhsia Tche reflétait la révolte des esclaves opprimés contre les propriétaires d’esclaves et défendait les intérêts de cette classe en révolte ; tandis que les préceptes confucéens de « piété filiale » et de « déférence fraternelle » étaient une arme idéologique utilisée par les réactionnaires de tout poil pour défendre leur domination. A l’égard du peuple travailleur, ce n’était rien d’autre que des mensonges pour le tromper.

    Confucius était un « fieffé hypocrite », un « brigand de grand chemin ». Prenant de grands airs, Confucius parlait d’un ton patelin, de la bienveillance, de la justice, de la vertu et se fabriqua le personnage d’un « sage inné ».

    Ses disciples et partisans allèrent même jusqu’à le porter aux nues en proclamant que « si le Ciel n’avait pas envoyé Confucius sur la terre, le monde serait plongé dans les ténèbres éternelles », etc.

    Cependant quand, avec son beau chapeau à fanfreluches et sa longue robe, ce « sage » plein d’onction fut venu rendre visite à Lieouhsia Tche, sa face d’hypocrite fut immédiatement percée à jour.

    Dès qu’on lui eut annoncé la venue de Confucius, Lieouhsia Tche fit remarquer que cet individu était « un fieffé hypocrite » venu de l’État de Lou, un hypocrite roublard et sournois qui avait toujours à la bouche de belles paroles pour rouler les gens.

    Il dénonça sévèrement cet homme à double face, aux paroles de miel et au cœur de fiel, dont l’habitude était de « faire en face des gens leur éloge », et de « leur jouer des tours pendables par derrière » ; ce parasite qui suçait le sang du peuple travailleur, « mangeait sans avoir à cultiver la terre et se vêtissait sans filer ni tisser » ; ce politicien réactionnaire « à la langue bien déliée pour créer des troubles », avide d’honneurs et de richesses et cherchant à tout prix à occuper de hautes fonctions.

    Tche énuméra les crimes qu’avait commis Confucius en trompant le peuple par ses discours spécieux et ses prétendues grandes actions, alors qu’en fait il ne cherchait que la renommée et l’argent. Ripostant du tac au tac, il n’hésita pas à faire porter à Confucius l’étiquette de « brigand de grand chemin » et à l’appeler « Kieou- le-brigand » aux « crimes monstrueux ».

    Confucius était-il un « sage » ou un « brigand de grand chemin », un « homme de qualité » ou un « hypocrite retors » ?

    Les classes dominantes réactionnaires et le peuple travailleur ont là-dessus des réponses entièrement différentes. Comme l’a dit le grand révolutionnaire que fut Lou Sin : « Ce sont ceux qui commandaient qui ont porté aux nues Confucius en Chine, faisant de lui le Sage des gens au pouvoir ou de ceux qui brûlaient d’arriver au pouvoir, un sage totalement étranger au petit peuple. »

    Le peuple travailleur a toujours considéré Confucius comme un hypocrite qui tenait de beaux discours sur la bienveillance, la justice et la vertu et se conduisait comme une fripouille, un réactionnaire allant contre son temps.

    En disant en face à Confucius ses quatre vérités, Lieouhsia Tche prit une position bien nette et le réfuta courageusement, faits à l’appui.

    Le plan de ce dernier pour amener Tche, à force de tromperies, à se rendre échoua ainsi lamentablement.

    Et finalement Lieouhsia Tche lui dit carrément : « Tout ce que tu dis, c’est exactement ce contre quoi je lutte. Tu ferais mieux de ne plus dire un mot et de filer vite ! »

    Après avoir été ainsi étrillé d’importance par Tche, Confucius perdit son sang-froid.Quand il regagna sa voiture, ses mains tremblaient tellement qu’il dut s’y reprendre à trois fois pour saisir les rênes. Comme un chien enragé qui vient de recevoir une bonne raclée et qui détale la queue basse, il s’enfuit piteusement.

    Les humbles sont les plus intelligents, les nobles personnages, les plus sots ! Confucius, cet idéologue réactionnaire, des aristocrates propriétaires d’esclaves en déclin, méprisait depuis toujours le peuple travailleur, prétendant que : « L’homme supérieur pense en termes de justice ; l’homme vulgaire ne pense qu’au profit. »

    Il calomniait les gens du peuple comme étant sans moralité, absorbés par la recherche de petits avantages immédiats, bons seulement à cultiver la terre et à faire du travail manuel, bref de simples instruments au service des seigneurs.

    Mais Confucius, cet « homme supérieur », eut le dessous dans sa controverse avec Lieouhsia Tche.

    C’est une très vivante illustration de cette vérité : les esclaves, considérés comme humbles par les aristocrates propriétaires d’esclaves, étaient en fait les plus laborieux, les plus courageux et les plus intelligents ; ce furent eux la force motrice dans la destruction du vieux monde et le progrès de l’histoire, tandis que Confucius et ses fidèles disciples – qui se croyaient « supérieurs » – opprimaient les masses, méprisaient le travail productif et étaient les plus pourris, les plus réactionnaires et les plus ignorants des hommes.

    Au cours de l’histoire, beaucoup d’hommes d’État, beaucoup d’idéologues se sont plus ou moins opposés à Confucius. Mais rares furent les gens qui, comme Lieouhsia Tche,rejetèrent totalement le système esclavagiste d’exploitation et d’oppression de l’homme par l’homme, et qui firent une critique aussi pénétrante, aussi incisive de tous les représentants des aristocrates esclavagistes, depuis les empereurs jusqu’aux « esprits supérieurs », en passant par les rois et les « sages » et les »ministres fidèles ».

    S’il fut capable de cela, c’est qu’il avait été lui-même cruellement exploité et opprimé par le système esclavagiste et qu’il comprenait parfaitement de ce fait la nature réactionnaire des sermons de Confucius.

    Cela prouve qu’au cours de l’histoire de Chine, le peuple travailleur a toujours été la force principale dans la lutte contre Confucius.

    Lin Piao, « Kieou-le-brigand » de la Chine contemporaine

    La lutte que se livrèrent face à face Confucius et Lieouhsia Tche reflète la lutte aiguë qui faisait rage entre les deux classes – les esclaves et les aristocrates propriétaires d’esclaves – il y a plus de 2000 ans.

    La classe des esclaves, dont Lieouhsia Tche était le représentant, s’opposait fermement au plan réactionnaire de Confucius visant à restaurer le système esclavagiste. Cela fait donc bien longtemps déjà que les sophismes réactionnaires de Confucius ont été profondément réfutés par les esclaves révoltés.

    Mais cela n’a pas empêché les réactionnaires de continuer invariablement par la suite à réutiliser la doctrine de Confucius-Mencius comme arme idéologique réactionnaire pour tromper le peuple et sauvegarder leur domination. Lin Piao, cet arriviste bourgeois, ce conspirateur, était un fidèle disciple de Confucius.

    Il prit ses armes idéologiques dans la panoplie des sophismes de Confucius pour chercher à modifier la ligne fondamentale du Parti définie pour toute la période historique du socialisme, à renverser en Chine la dictature du prolétariat, à restaurer le capitalisme et à instaurer la dictature fasciste de la dynastie des Lin.

    C’est pour tramer son complot de restauration du capitalisme que Lin Piao a repris à Confucius le slogan réactionnaire « se modérer et en revenir aux rites », qu’il considérait comme la chose la plus importante de toutes.

    Comme Confucius, Lin Piao était un réactionnaire qui allait contre le sens de l’histoire.

    Pour lui servir de programme théorique antiparti, Lin Piao reprit la théorie idéaliste du « génie » prêchée par Confucius. Il se comparait lui-même à un « coursier céleste », à un « sage » toujours le premier à connaître et à comprendre les choses. Quant au peuple travailleur, il le considérait comme une « populace » totalement ignorante des principes révolutionnaires et qui ne pensait qu’à « gagner des sous » et à « se procurer du riz ».

    Ce n’était là rien d’autre qu’une nouvelle mouture du « il travaille inlassablement pour gagner davantage », calomnie fabriquée par les disciples de Confucius pour attaquer Lieouhsia Tche. Lin Piao a copié sur les concepts confucéens trompeurs de « vertu », « bienveillance et justice », « fidélité et indulgence » ; il a baptisé tout cela « matérialisme historique » afin d’attaquer la dictature du prolétariat.

    Clamant que « celui qui recourt à la vertu vaincra, celui qui recourt à la force échouera », il attaqua la dictature du prolétariat comme étant « une tyrannie », « une dictature autocratique » ; il voulait que l’on adoptât une « politique de bienveillance » à l’égard des propriétaires fonciers, des paysans riches, des réactionnaires, des mauvais éléments, des droitiers renversés, et autres éléments malfaisants.

    Comme Confucius, il était le porte-parole des classes réactionnaires au bord de la ruine.

    Appliquant la ruse réactionnaire de Confucius selon laquelle « le manque de patience dans les petites affaires troublera les grands plans », Lin Piao regroupa une clique au service de ses plans et s’engagea dans les intrigues et les conspirations.

    Il « se montrait toujours avec un exemplaire des Citations à la main et n’ouvrait jamais la bouche sans crier ’longue vie’ ».

    Il s’exhortait à la « patience », usait du « stratagème de la dissimulation » et attendait l’occasion de mettre à exécution son grand complot visant à renverser la dictature du prolétariat. En dépit de toutes ses belles paroles, Lin Piao commit toutes sortes de méfaits.

    Il y a plus de 2000 ans, Lieouhsia Tche avait dénoncéConfucius comme étant un « fieffé hypocrite » dont les « paroles étaient autant de mensonges et les actes autant de tromperies ».

    Lin Piao était précisément un hypocrite de ce genre. En invoquant l’esprit de Confucius, l’arriviste et renégat Lin Piao complota d’usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État et de capituler devant le social-impérialisme soviétique. Ce fut un traître à cent pour cent et le « Kieou-le-brigand » aux crimes monstrueux de la Chine contemporaine.

    Sans douter de rien, [les fourmis] veulent ébranler un grand chêne.

    Il y a plus de 2000 ans, les visées criminelles de Confucius qui cherchait à restaurer le système esclavagiste connurent une faillite complète.

    La conspiration de Lin Piao pour restaurer le capitalisme subit une défaite encore plus honteuse.

    Telle une lance brisée plantée dans les sables du désert, il s’écrasa en avion à Undur Khan, en République populaire de Mongolie.

    Quiconque tente de freiner la marche en avant de l’histoire connaîtra toujours une triste fin.

    Depuis l’époque où Lieouhsia Tche dénonça Confucius, le peuple travailleur n’a cessé de mener une guerre prolongée contre la doctrine de Confucius-Mencius.

    Mais ni les esclaves de la société esclavagiste, ni les paysans dela société féodale n’étaient les porteurs d’un mode de production avancé, et, à cause des limites imposées par les conditions historiques, ils ne pouvaient pas posséder une théorie révolutionnaire scientifique capable d’abattre complètement la doctrine de Confucius-Mencius.

    Aujourd’hui, une grande lutte politique et idéologique pour critiquer Lin Piao et Confucius s’approfondit en Chine. Aux avant-postes, jouant le rôle de force principale, se tiennent les masses d’ouvriers, de paysans et de soldats.

    Sous la direction du prolétariat, le peuple travailleur chinois est maître du pays et combat en première ligne dans les trois grands mouvements révolutionnaires que sont la lutte de classe, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique.

    Avec comme arme le marxisme-léninisme, la pensée Mao Zedong, il peut mieux saisir quelle est l’essence des idées réactionnaires de Confucius et concentrer sur elle le feu de ses critiques, mieux déployer l’esprit révolutionnaire prolétarien d’aller à contre-courant, et mener jusqu’au bout la critique de l’essence d’extrême-droite de la ligne révisionniste et contre-révolutionnaire de Lin Piao.

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  • Ma critique sur Confucius et mon autocritique sur ma vénération à l’égard de Confucius

    par Feng Teou-lan, professeur à l’Université de Pékin, 1975

    A partir du Mouvement du 4 Mai 1919, combattre ou défendre « Confucius et sa boutique » est devenu un des aspects les plus importants de la lutte idéologique entre les deux classes sociales et les deux lignes politiques.

    Avant la Grande Révolution culturelle, j’ai toujours défendu « Confucius et sa boutique ». En agissant ainsi, j’ai servi les gros propriétaires fonciers, la grande bourgeoisie et les réactionnaires du Kuomintang avant la Libération, et par la suite la ligne révisionniste contre-révolutionnaire de Liou Chao-chi, de Lin Piao et d’autres escrocs politiques. C’est la Grande Révolution culturelle qui m’en a fait prendre conscience.

    Ma critique actuelle de Confucius est en même temps une autocritique de mes idées et actions quand je défendais « Confucius et sa boutique ».

    Les idées de Confucius portent sur de nombreux aspects. J’examinerai, pour commencer, sa thèse sur le « gouvernement par la vertu ».

    Confucius disait : « Si vous gouvernez au nom de la vertu, vous pourrez être comparé à l’étoile polaire qui, tout en restant à sa place, voit tourner autour d’elle tous les autres astres (Louen Yu). »

    Il disait encore : « Si vous gouvernez au nom de la loi et maintenez l’ordre au moyen de sanctions, le peuple s’abstiendra de commettre des méfaits, mais ils ne lui inspireront pas de honte ; si vous gouvernez au nom de la vertu et maintenez l’ordre au moyen des rites, le peuple non seulement s’abstiendra de commettre des méfaits, mais encore il les considérera comme honteux. » (ibidem)

    Tels sont les propos explicitement tenus par Confucius sur le « gouvernement par la vertu ».

    J’ai passé par trois étapes différentes pour comprendre et juger le sens de ces propos. En 1958, à l’occasion d’un de mes cours qui avait pour titre : « Problème de l’héritage du patrimoine philosophique chinois », j’avais proposé d’employer la « méthode d’héritage abstrait » tirée de la philosophie chinoise pour s’opposer à la méthode marxiste-léniniste d’analyse de classe.

    C’était la méthode que j’avais toujours adoptée en enseignant l’histoire de la philosophie chinoise. Selon cette méthode, on ne portait l’attention que sur le sens superficiel, littéral d’une phrase, on ne tenait pas compte de son sens réel, et en particulier de son contenu de classe.

    Par exemple, dans l’ancienne édition de mon ouvrage : Histoire de la philosophie chinoise, j’interprétais la « vertu » dont parlait Confucius comme les qualités morales de l’individu, et les « rites » comme les conventions sociales, y compris les us et coutumes, ainsi que les institutions politiques et sociales.

    Ainsi, mon explication de « gouverner au nom de la vertu » revenait à élever les qualités morales du peuple, et « maintenir l’ordre au moyen des rites » signifiait qu’il fallait user des conventions sociales pour contrôler plus strictement le comportement de l’individu, qu’il fallait créer des usages et des habitudes, former une opinion publique qui feraient que le peuple aurait honte d’agir de façon immorale ou illégale, ce qui l’amènerait tout naturellement à respecter la loi.

    Je pensais qu’en préconisant ces méthodes, Confucius voulait élever les qualités morales du peuple et renforcer la pression de la société contre les mauvaises actions, que cette manière de gouverner valait bien mieux que le recours aux interdictions et aux sanctions qui obligeraient le peuple à ne pas oser enfreindre la loi. Je croyais que c’était ainsi que Confucius manifestait son respect pour l’Homme ».

    Ainsi, j’ai donné une explication littérale, un sens abstrait à la « vertu » et aux « rites » prônés par Confucius, et tous ceux qui le glorifient utilisent essentiellement la même méthode qui revient à masquer le contenu de classe des diverses idéologies de l’histoire philosophique, à brouiller la ligne de démarcation dans la lutte de classes de l’époque et à dénaturer la loi du développement dans l’histoire de la philosophie.

    Ce n’est pas seulement une question de méthodologie ; c’est, en dernière analyse, une question de position de classe, la question de savoir de quel côté je me plaçais dans la lutte entre les deux classes et les deux lignes à l’époque de mes déclarations.

    Avant la Grande Révolution culturelle, bien que j’aie formulé quelques critiques superficielles sur la méthode d’héritage abstrait, ma position était toujours celle des classes exploiteuses. Aussi, en rédigeant mon Histoire révisée de la philosophie chinoise, et surtout en parlant de Confucius, ai-je continué à utiliser la même méthode.

    Au cours de la Grande Révolution culturelle, j’ai peu à peu compris cet enseignement de Lénine : « La vérité est toujours concrète ». (Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique)

    La « vertu » et les « rites » dont parlait Confucius avaient leur contenu concret, et ce qui était particulièrement important, un contenu de classe. Prenons les qualités morales par exemple. Chaque classe recommande les siennes qui ont leur propre contenu de classe.

    Celles que le prolétariat préconise consistent à servir le peuple, à renverser toutes les classes exploiteuses et à bâtir les sociétés socialiste et communiste. Cependant, aux yeux des classes exploiteuses, ces qualités reviennent « à offenser les supérieurs et à susciter des troubles », elles constituent les crimes les plus condamnables.

    Les conventions sociales varient aussi selon les classes. La révolution prolétarienne se propose précisément d’abolir les conventions sociales des classes exploiteuses pour établir celles du prolétariat.

    C’est seulement après avoir compris ceci que je me suis rendu compte que les moyens préconisés par Confucius, comme celui de « gouverner au nom de la vertu », ne visaient qu’à émousser de plus en plus la combativité du peuple travailleur et à le duper toujours davantage, afin qu’il n’ait ni le courage ni même l’intention de lutter.

    Le but était donc de lui enlever toute possibilité « d’offenser les supérieurs et de susciter des troubles ». Lénine disait : « Toutes les classes oppressives ont besoin, pour sauvegarder leur domination, de deux fonctions sociales : celle du bourreau et celle du prêtre. Le bourreau doit réprimer la protestation et la révolte des opprimés. Le prêtre doit consoler les opprimés, leur tracer les perspectives (il est particulièrement commode de le faire lorsqu’on ne garantit pas qu’elles soient « réalisables »…) d’un adoucissement des malheurs et des sacrifices avec le maintien de la domination de classe et, par là même, leur faire accepter cette domination, les détourner de l’action révolutionnaire, chercher à abattre leur état d’esprit révolutionnaire et à briser leur énergie révolutionnaire. » (La faillite de la IIe Internationale)

    En d’autres termes, ces deux fonctions signifient l’une persécuter et réprimer, l’autre endormir et duper. « Gouverner au nom de la loi » et « gouverner au nom de la vertu », ces deux moyens de dominer le peuple sont précisément les deux fonctions sociales dont Lénine avait parlé. Confucius, qui prodiguait ses conseils aux gouvernants de son époque, leur recommandait la fonction du prêtre comme étant plus efficace que celle du bourreau. En un certain sens et dans certaines conditions, la fonction du prêtre était effectivement plus perfide que celle du bourreau.

    Mais tout cela n’empêchait pas Confucius de trouver les « sanctions » indispensables. Quand l’État de Tcheng réprima par les armes les « bandits » et « les tuèrent tous », Confucius déclara : « C’est bien ! Si vous vous montrez indulgent envers le peuple, celui-ci n’aura que du mépris pour vous. C’est donc la sévérité qu’il leur faut. »

    Quand Confucius devint premier ministre par intérim de l’État de Lou, il fit exécuter Chaotcheng Mao, réformateur hostile au régime esclavagiste.

    Les confucianistes de la dynastie des Han (206 av. J.-C.­ 220 ap. J.-C.) soutenaient que « les rites, la musique, les lois et les sanctions » étaient quatre choses indispensables pour exercer le pouvoir sur le peuple et consolider la domination féodale, et que toutes les quatre convergeaient vers un même but : gouverner le peuple.

    Ils disaient encore : « Si les rites, la musique, les lois et les sanctions n’étaient pas violés, mais appliqués sans obstacle, ce sera la Voie royale. » (Le Livre des rites) Autrement dit, la fonction du bourreau et celle du prêtre sont toutes deux indispensables.

    Le mouvement actuel de critique de Lin Piao et de Confucius m’a permis de mieux connaître Confucius. Je pense maintenant que la critique, telle que je l’ai appliquée plus haut à son égard, est tout aussi applicable aux philosophes féodaux qui sont venus après lui. Toutefois, cette critique n’a pas dévoilé suffisamment les particularités de la doctrine confucéenne. Il faut donc l’approfondir.

    Confucius taxa son disciple Fan Siu d’« homme vulgaire » lorsque celui-ci lui exprima son désir d’apprendre à travailler la terre et à cultiver des légumes.

    « Fan Siu est vraiment un homme vulgaire ! Dit-il. Si ceux d’en haut aiment les rites, le peuple n’osera pas se montrer irrévérencieux. S’ils aiment la justice, le peuple n’osera pas désobéir. S’ils aiment la loyauté, le peuple n’osera pas cacher ce qu’il y a dans son esprit. Bref, s’ils montrent de tels sentiments, les gens du commun afflueront vers eux de tous côtés, portant leurs enfants sur leur dos. Qu’ont-ils besoin d’apprendre à cultiver la terre ? » (Louen Yu)

    Ainsi, dans le passage ci-dessus, Confucius a fait nettement ressortir l’antagonisme des deux classes de la société de son époque. L’une est appelée par lui classe des « hommes supérieurs » (terme qui signifiait alors « seigneurs »), ou « ceux d’en haut » (c’est-à-dire les gouvernants, les oppresseurs), qui ne cultivaient pas la terre (ils ne travaillent pas mais exploitent le travail d’autrui).

    L’autre classe qui lui est opposée est appelée par lui classe des « hommes vulgaires », « ceux d’en bas », « ceux du peuple », « les simples gens » ( c’est-à-dire les gouvernés, les opprimés), qui cultivaient la terre ( c’est-à-dire le peuple travailleur exploité).

    Dans le même passage, Confucius déclarait que si « ceux d’en haut aiment les rites », c’est pour que « le peuple n’ose pas se montrer irrévérencieux » ; s’« ils aiment la justice », c’est pour que « le peuple n’ose pas désobéir » ; s’« ils aiment la loyauté », c’est pour que « le peuple n’ose pas cacher ce qu’il y a dans son esprit ».

    Ainsi l’amour des rites, de la justice et de la loyauté était donc, pour Confucius, l’affaire de « ceux d’en haut » dont le seul but était de gouverner le peuple. Confucius prétendait que si « ceux d’en haut » adoptaient ces attitudes, ils pourraient influencer le peuple, qui leur témoignerait du respect, qui leur obéirait et qui travaillerait avec soumission pour eux. Il disait : « La relation entre les hommes supérieurs et les hommes vulgaires est comme celle entre le vent et les herbes. Quand le vent souffle, les herbes se courbent. » (Louen Yu)

    L’idée de Confucius était la suivante : Si les « hommes supérieurs » soufflaient un « vent de moralité », les « herbes », c’est-à-dire les « hommes vulgaires », « se courberaient ». Voilà ce que signifiait réellement « gouverner au nom de la vertu ». Dans le passage cité plus haut, l’emploi par trois fois des termes « n’ose pas » en relation avec le peuple trahit complètement le visage féroce des « hommes supérieurs ». Selon Confucius, la qualité morale la plus élevée était la « bienveillance ». On peut trouver dans le Louen Yu nombre de ses propos sur la « bienveillance », avec différentes nuances de sens. Voici quelques exemples des plus frappants.

    I. « Interrogé sur la bienveillance par Yen Yuan, le Maître dit : ’Se modérer et en revenir aux rites, voilà en quoi consiste la bienveillance. Quand on y sera parvenu, sous le ciel, tout s’inclinera devant la bienveillance’ (ibidem). »

    II. « Interrogé sur la bienveillance par Tchong Kong, le Maître dit : ’Vous devez, hors de chez vous, exercer vos .fonctions avec le même sérieux que vous mettez à recevoir un hôte distingué et employer les gens avec la même solennité que vous mettez à assister à une grande cérémonie. Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse’(ibidem). »

    III. « Interrogé sur la bienveillance par Fan Tche, le Maître dit : ’C’est l’amour des hommes’ (Louen Yu). »

    IV. « Tse Tchang interrogea Confucius sur la bienveillance. Confucius dit : ’Celui-là parviendra à la bienveillance qui réunira en lui les cinq qualités morales et saura les mettre partout en pratique’. Tse Tchang lui demanda de les énumérer. ’Ce sont, dit Confucius, la dignité, la générosité, la sincérité, la diligence et la bienfaisance. La dignité vous épargne l’humiliation, la générosité gagne les coeurs, la sincérité obtient la confiance, la diligence permet de grandes réalisations et la bienfaisance rend les gens serviable’ (ibidem). »

    On voit dans les passages I, II et IV que la « bienveillance » dont parlait Confucius se référait principalement aux « hommes supérieurs ». Il disait que si un homme sait « se modérer et en revenir aux rites », sous le ciel, tout s’inclinera devant cet homme plein de « bienveillance ». Il s’agit évidemment ici d’un homme occupant une position politique fort élevée. Dans tous les cas, un « homme vulgaire » ne verra jamais le monde s’incliner devant lui.

    Dans le passage II, le précepte selon lequel on doit employer les gens avec la même solennité que l’on met a assister à une grande cérémonie se rapporte évidemment aussi aux personnalités occupant une position politique très élevée. Les « hommes vulgaires », qui constituent le « peuple » même, ne sont pas qualifiés pour « employer » les gens, mais sont eux-mêmes « employés » par les autres.

    Dans le passage IV, Confucius disait que la générosité gagne les cœurs et que la bienfaisance rend le peuple serviable. En disant ceci, Confucius pensait encore aux personnalités haut placées, car la question ne se pose pas pour les « hommes vulgaires », qui constituent le « peuple », et qui n’ont pas besoin de « gagner » les gens. Ils ne sont nullement qualifiés pour « employer » les autres, mais sont eux-mêmes « employés » par les autres.

    L’explication que Confucius donne de la « générosité » et de la « bienfaisance » montre bien que l’« amour des hommes » qu’il prêchait consistait tout au plus à accorder de petites faveurs au peuple travailleur, afin de gagner son appui et de le faire obéir plus facilement.

    Il en ressort que la « bienveillance » tant recommandée par Confucius était une qualité morale propre aux « hommes supérieurs » ; les « hommes vulgaires » ne pouvaient la posséder. Il disait explicitement : « Des ’hommes supérieurs’ peuvent être dépourvus de ’bienveillance’, mais jamais aucun ’homme vulgaire’ ne peut posséder cette qualité. » (Louen Yu) Et : « On doit faire en sorte que le peuple agisse sans comprendre (ibidem). »

    « L’étude des principes [idéologie des « hommes supérieurs »] a pour but de cultiver chez les ’hommes supérieurs’ l’amour des hommes [accorder de petites faveurs au peuple travailleur], et chez les ’hommes inférieurs’ leurs dispositions à servir (ibidem). » Ces paroles de Confucius montrent clairement le contenu de classe de la « bienveillance » prêchée par lui.

    Ainsi, non seulement la « bienveillance », mais encore les autres qualités morales dont parlait Confucius étaient pour ainsi dire des attributs exclusifs des « hommes supérieurs ». C’est le cas du précepte : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse », relevé dans le passage II. Il s’agit là d’une sorte de « contrat » entre « hommes supérieurs ».

    De ce qui précède, on voit que par « hommes supérieurs », Confucius entend précisément les aristocrates propriétaires d’esclaves, car l’attitude dont parlait Confucius des « hommes supérieurs » à l’égard des « hommes vulgaires » est justement celle des propriétaires d’esclaves à l’égard des esclaves, et les relations entre les « hommes supérieurs » et les « hommes vulgaires » sont justement celles entre les propriétaires d’esclaves et les esclaves.

    Dans la société esclavagiste, ces derniers étaient uniquement considérés comme des instruments de production. Aux yeux de leurs maîtres, ils n’avaient rien à voir avec la vertu. Leur vertu à eux – si on admettait qu’ils pussent en avoir -, c’était l’obéissance aux ordres de leurs maîtres. Les idées de Confucius reflétaient ces rapports de production. En Occident, Platon, philosophe représentatif des propriétaires d’esclaves, possédait des idées similaires.

    Sur ce point particulier relatif à la « vertu », les philosophes de la classe féodale des propriétaires fonciers affichaient parfois une opinion quelque peu différente des philosophes de la classe des propriétaires d’esclaves. Ainsi, Wang Yang-ming, idéologue de la classe des propriétaires fonciers, disait : « Partout il y a des sages », et « Chacun a une conscience ».

    Mais, concédant en apparence que chacun possédait une conscience, il soutenait en fait qu’une distinction foncière séparait les sages du Commun des mortels. Seuls les membres de la classe dominante avaient la possibilité d’accéder à la sagesse, qualité suprême refusée au peuple travailleur. Ses assertions dans ce sens ne servaient qu’à tromper et à endormir davantage le peuple travailleur.

    Toutefois, elles sont différentes de celles formulées par les philosophes de la classe des propriétaires d’esclaves. Cela provient de la différence qu’il y a entre les rapports de production de la société esclavagiste et ceux de la société féodale. Les philosophes de la bourgeoisie parlent de « liberté,égalité et fraternité ».

    Cela sert aussi à tromper et à endormir davantage le peuple travailleur. Mais les ternies employés par les philosophes de la bourgeoisie et ceux de la classe féodale des propriétaires fonciers sont différents.

    Cette différence reflète également la différence des rapports de production. Dans le passé, il y avait des gens, y compris moi-même, qui, lorsqu’ils parlaient de la « bienveillance » prônée par Confucius, estimaient que la doctrine de Confucius contenait également les idées « d’égalité et de fraternité », que ce philosophe avait découvert l’« Homme ».

    A les en croire, un philosophe aurait pu avoir certaines idées en dehors des rapports de production de son époque. C’est absolument impossible, et cela relève de la conception idéaliste, et non matérialiste, de l’histoire.

    Vers la fin de l’époque Tchouentsieou (770-476 av. J.- C.), la société esclavagiste était sur le point de s’effondrer totalement. Les propriétaires d’esclaves étaient naturellement en pleine décadence ; ils trouvèrent leur philosophe dans la personne de Confucius dont la pensée, telle qu’elle a été exposée dans les passages ci-dessus, servait précisément leurs intérêts.

    Dans le Louen Yu (au chapitre « Yao Yué »), Confucius faisait l’éloge du roi Wou des Tcheou de l’Ouest (vers le XIe siècle-770 av. J.-C.) qui avait su « faire renaître les Etats éteints,rétablir dans leurs privilèges héréditaires les familles nobles déchues, rappeler à de hautes fonctions ceux qui ont dû rentrer dans l’ombre. »

    Ce qui, en clair, signifie : faire renaître les États esclavagistes éteints, relever sur le plan politique les familles d’aristocrates propriétaires d’esclaves qui avaient déjà perdu leurs privilèges héréditaires, redonner des postes à ces aristocrates propriétaires d’esclaves qui étaient devenus plébéiens. C’était une partie du programme politique de Confucius pour restaurer totalement l’ancien ordre esclavagiste de la dynastie des Tcheou de l’Est.

    Je ne vais pas entreprendre une critique complète de l’attitude politique de Confucius et de ses idées touchant les différents domaines ; je ne citerai ici que quelques exemples qui me viennent à l’esprit pour compléter les critiques faites par certains camarades ces derniers temps.

    Jadis, j’avais interprété l’« amour des hommes » prôné par Confucius dans le sens d’amour de tous les hommes. En réalité, d’après ce qui vient d’être dit plus haut, il n’est pas possible que Confucius ait parlé de l’« homme supérieur » comme ayant l’amour de tous les hommes. L’amour dont parle Confucius ne pouvait en fait s’adresser qu’à une poignée d’aristocrates propriétaires d’esclaves.

    S’il a aussi dit qu’il fallait « déborder d’amour pour tous les hommes » (Louen Yu), il ne pouvait penser qu’aux hommes supérieurs de son précepte : « la générosité gagne les cœurs ». Le mot « tous » a été ajouté par moi ; Confucius n’avait jamais dit que l’« amour des hommes » signifierait l’« amour de tous les hommes », ni que le terme « hommes » embrasserait tous les êtres humains.

    A la lumière du passage IV cité plus haut, l’« amour des hommes » de Confucius signifierait qu’il faudrait accorder de petites faveurs au peuple travailleur.

    Pourquoi accorder de petites faveurs ? Parce que, à la fin de l’époque Tchouentsieou, le régime esclavagiste était en déclin, et les propriétaires d’esclaves perdaient leur contrôle sur les esclaves qui se révoltaient ou s’enfuyaient.

    Pour apaiser la résistance des esclaves, limiter les cas de désertion et disputer la main­d’uvre à la classe des propriétaires fonciers, les propriétaires d’esclaves étaient forcés d’accorder de petites faveurs à leurs esclaves. La pensée confucéenne reflétait justement cette situation dans la lutte de classes à cette époque.

    Citant les paroles de Feuerbach, Lénine disait : « … quiconque console l’esclave au lieu de le pousser à se révolter contre l’esclavage ne fait qu’aider les esclavagistes (La Faillite de la IIe Internationale). » Ce jugement s’applique très bien à Confucius également.

    Dans la société féodale, après la dynastie des Han, Confucius est devenu le « grand maître » de la pensée féodale. Plus tard, Yuan Che-kai (Yuan Che-kai, 1859­-1916, chef des seigneurs de guerre de Peiyang, fut après la Révolution de 1911 le premier réactionnaire qui prit les rênes de l’État en Chine), Tchiang Kaï-chek, ainsi que Liou Chao-chi et Lin Piao et Cie ont tous vénéré Confucius. La raison en est qu’ils considéraient tous que l’exploitation et l’oppression étaient justifiées alors que la rébellion ne l’était pas.

    Dans le temple de Confucius à Kiufou, province du Chantong, on peut trouver de nombreuses stèles sur lesquelles sont inscrits les honneurs conférés à Confucius à titre posthume par les empereurs de diverses dynasties.

    L’une, datant de la dynastie des Yuan (1271-1368), fait un bref éloge des « exploits » accomplis par lui pour la classe dominante féodale, lesquels, en fait, étaient des crimes contre le peuple travailleur. Pour ce dernier, l’inscription constitue une dénonciation sommaire des crimes commis par Confucius. Elle commence en ces termes : « Les sages avant Confucius ne seraient pas très bien connus s’il n’y avait pas eu Confucius. De même, s’il n’y avait pas eu Confucius, les sages après Confucius n’auraient rien pour se guider. »

    Et elle conclut : « Et voilà ! Les relations d’affection entre le père et le fils, les rapports de justice entre le souverain et ses sujets reposeront toujours sur le respect des enseignements sacrés.

    Pour immenses que soient le ciel et la terre, pour brillants que soient le soleil et la lune, aucun d’entre eux n’épuisera l’excellence de ces paroles célèbres. Comptons sur la puissance divine pour assurer la continuité de notre empire des Yuan ! »

    Cette inscription, en fait, révèle sans ambiguïté l’essence réactionnaire de la doctrine de Confucius et l’objectif politique des diverses dynasties féodales en vénérant Confucius.

    Poursuivant le même objectif politique, Tchiang Kaï-chek, Liou Chao-chi et Lin Piao glorifient Confucius pour assurer la continuité de leur « empire ».

    Le Forum sur l’Histoire de la Philosophie chinoise tenu en 1957, tout comme la Conférence de Tsinan, pour la commémoration de Confucius en 1962, sont l’expression de la tendance de la ligne révisionniste de l’époque pour un retour à l’ancien.

    A ce forum, j’ai préconisé, en ce qui concerne l’héritage du passé, la « méthode d’héritage abstrait » contre la méthode marxiste d’analyse de classe. A la Conférence de Tsinan, j’ai défendu, au sujet de Confucius, le point de vue que j’avais exprimé dans mon Histoire révisée de la philosophie chinoise.

    J’ai prétendu que Confucius était, sur le plan idéologique, le représentant de la classe féodale des propriétaires fonciers et que la « bienveillance » qu’il prêchait revêtait une « forme universelle » et jouait un rôle progressiste en son temps.

    Ces vues ont contribué à la « déification » de Confucius et servi la ligne révisionniste.

    Éduqué par la Grande Révolution culturelle, j’ai pu acquérir une compréhension quelque peu meilleure de Confucius.

    La Grande Révolution culturelle prolétarienne se développe actuellement en largeur et en profondeur. Dirigée par le président Mao en personne, une nouvelle révolution se déroule dans le domaine de l’histoire de la philosophie chinoise.

    J’ai près de 80 ans. Après avoir étudié et enseigné l’histoire de la philosophie chinoise pendant un demi-siècle, c’est une grande joie pour moi de pouvoir assister à cette grande révolution et d’y participer personnellement.

    Je suis résolu à suivre les enseignements du président Mao, à étudier consciencieusement le marxisme-léninisme, la pensée Mao Zedong et à changer ma conception du monde, à remanier la partie déjà publiée de mon Histoire révisée de la philosophie chinoise, et à achever cet ouvrage pour apporter ma contribution à la révolution et à l’édification socialistes en Chine.

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  • La lutte entre la restauration et la contre-restauration au cours de la formation de la dynastie des Ts’in

    En relation avec une étude de la base sociale de la polémique entre confucéens et légalistes, par Louo Se-ting, 1975

    La dynastie des Ts’in (221-207 av. J.-C.) fut la première dynastie féodale dans l’histoire de la Chine. L’unification féodale réalisée par l’empereur Chehouangti des Ts’in (246-210 av. J.-C.), ainsi que l’ensemble des mesures politiques qu’il a prises ne peuvent être simplement attribuées au hasard ; elles sont les résultats inévitables de l’évolution historique de la société de l’époque.

    Dans De la contradiction, le président Mao a indiqué : Pour étudier le mouvement des aspects contradictoires au cours du processus du développement d’une chose ou d’un phénomène, il faut avoir en vue « les particularités propres à chaque étape du processus de développement ».

    Le passage du régime esclavagiste au régime féodal dans Etat de Ts’in, qui débuta à l’époque du prince Hsiao 361-338 av. J.C.), se poursuivit pendant les règnes de monarques et fut accompli à l’époque de Che-houangti.

    Cette transition d’un siècle et demi fut jalonnée de luttes acharnées entre partisans et adversaires des réformes, entre partisans et adversaires de la restauration.

    C’est parce que l’empereur Chehouangti des Ts’in allait dans le sens du développement social – le régime féodal se substitue immanquablement au régime esclavagiste – qu’il a pu unifier la Chine, fondant ainsi la première dynastie féodale unifiée dans l’histoire de la Chine.

    Plus tard, « le système fondé par la dynastie des Ts’in fut suivi par la dynastie des Han » (Histoire de la dynastie des Han postérieurs) (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.). Ce fait montre que le système social féodal – la dictature de la classe des propriétaires fonciers qu’avait mis sur pied la dynastie des Ts’in ne pouvait être ramené en arrière.

    Si l’on veut étudier l’histoire de la société féodale en Chine et critiquer les idées glorifiant le confucianisme et dénigrant l’école légaliste, il faut bien voir quelle est la base sociale de la polémique entre les confucéens et les légalistes et quel rôle historique a joué l’empereur Chehouangti des Ts’in.

    Et pour y parvenir, il faut bien connaître l’histoire de la lutte entre la restauration et la contre-restauration au cours des 150 années allant du prince Hsiao à l’empereur Chehouangti des Ts’in, ainsi que les particularités de chacune des étapes de cette période.

    I

    « La dynastie des Ts’in appliqua les réformes du seigneur Chang Yang et devint riche et puissante » (Han Fei Tse).

    Les réformes que Chang Yang fit sous le règne du prince Hsiao des Ts’in constituèrent un tournant historique amorçant, dans l’État de Ts’in, la transition de l’esclavage au féodalisme.

    Ces réformes traduisaient la tendance de l’évolution sociale et historique de l’époque. Déjà au temps de Tchouentsieou (770-476 av. J.-C.), les luttes des esclaves contre l’asservissement et l’oppression exercés par leurs propriétaires avaient éclaté les unes après les autres, accélérant la transformation de la propriété foncière. En 594 avant J.-C., l’État de Lou inaugura un système d’impôts fonciers sur les terres privées.

    Reconnaissant la propriété privée de la terre, il ouvrit une large brèche dans l’économie esclavagiste. Pendant les premières années de l’époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), par suite des réformes réalisées par Li Kouei dans l’État de Wei et par Wou Ki dans l’État de Tchou, certains États vassaux de la Plaine centrale, à des degrés divers, évoluèrent de l’esclavage au féodalisme.

    A l’époque Tchouentsieou et des Royaumes combattants, la résistance des esclaves fut également très forte dans l’État de Ts’in. On y assista à une grande et très célèbre insurrection d’esclaves, dirigée par Tche. Selon Tchouang Tse, Tche dirigea « neuf mille insurgés, combattit en de nombreux endroits et attaqua les princes », portant un dur coup à la domination de l’aristocratie esclavagiste de l’État de Ts’in.

    Avant les réformes de Chang Yang, le pouvoir de l’État de Ts’in était tombé aux mains des ministres, certains aristocrates propriétaires d’esclaves du clan, qui étaient si puissants qu’ils pouvaient décider librement du choix du souverain de cet Etat.

    Aussi des luttes intérieures pour le trône parmi les princes étaient-elles chose courante. Dans ses conflits aigus avec les ministres, le souverain avait un urgent besoin de trouver un appui auprès d’autres forces politiques. C’est ce qui donna à la classe des propriétaires fonciers dans l’État de Ts’in l’occasion de briser le faible chaînon du régime esclavagiste de cet Etat pour accroître sa propre puissance.

    En 408 avant J.-C., l’État de Ts’in commença à « percevoir » un impôt en grain sur les terres privées » (Che Ki), ce qui signifiait la reconnaissance légale de la classe des propriétaires fonciers dans cet Etat.

    En 384 avant J.-C., le prince Hsien des Ts’in se mit à abolir le système d’immolation des esclaves, pratique cruelle en vigueur sous le régime esclavagiste. Dix ans plus tard, il adopta le nouveau système de « groupement par cinq familles en une communauté de base ».

    Le développement des nouveaux rapports de production féodaux et la force grandissante de la classe montante des propriétaires fonciers exigèrent un degré correspondant de reconnaissance politique. Le prince Hsiao, représentant de cette classe, brûlait de « procéder à des réformes pour régner » (œuvres de Chang Yang).

    Une fois le pouvoir en main, il publia un décret, disant : « A ceux de mes hôtes et ministres qui seront capables d’avancer d’excellents projets, susceptibles de rendre les Ts’in puissants, je conférerai de hautes fonctions et donnerai des terres (Che Ki). »

    Quelle était la ligne politique à suivre pour entreprendre des réformes ? Etant situé dans la région reculée de Yongtcheou, l’État de Ts’in ne pouvait participer aux « conférences et accords » (Che Ki) des Etats vassaux de la Plaine centrale ; là, la classe des propriétaires d’esclaves ne pouvait élaborer un système idéologique cohérent, car sa domination dans le domaine idéologique était relativement faible.

    « Dans son voyage à l’Ouest, Confucius n’avait pas atteint le pays de Ts’in (Un vers du poème de Han Yu : « Chanson du tambour de pierre »). » Par conséquent, l’école confucéenne y exerçait une influence beaucoup moins large et forte que dans les régions de la Plaine centrale.

    C’est pourquoi le monarque de l’État de Ts’in pensait carrément qu’il fallait adopter une ligne politique opposée à la pensée de Confucius : « Dans la rivalité acharnée qui règne actuellement entre les Etats vassaux, dit-­il, nous devons surtout nous préoccuper des forces armées et des vivres. Gouverner notre Etat par la ’bienveillance’ et la ’justice’ est une voie qui ne nous mènera qu’à la ruine (Lié Tse). »

    Les propositions de Confucius conduiront à la ruine de l’État, voilà le bilan de l’expérience historique qui était fait à l’époque. Chang Yang, originaire de l’État de Wei, porta d’abord le nom de Kongsouen Yang et était un disciple du légaliste Li Kouei. C’était un légaliste « partisan de réformes par promulgation de nouvelles lois » (Che Ki).

    Venu de l’État de Wei à celui de Ts’in, il fut accueilli à bras ouverts Par la classe montante des propriétaires fonciers et repoussé par la classe des propriétaires d’esclaves en déclin. A l’époque, une grande polémique éclata à la Cour.

    Des représentants politiques de la vieille aristocratie comme Kan Long et Tou Tche, qui tentaient de modeler l’État selon la ligne de l’école confucéenne, clamèrent : « En adoptant l’ancienne voie, on ne commettra pas de fautes ; en se conformant aux rites, on s’assurera qu’il n’y ait pas d’actes hérétiques (Che Ki). » Ils firent de leur mieux pour maintenir le régime esclavagiste par le « règne des rites ».

    Rejetant ces concepts traditionnels chers aux propriétaires d’esclaves, Chang Yang dit que c’était là de « piètres idées ». Il dit : « L’art de gouverner peut varier. Il est dans l’intérêt de l’État de ne pas suivre l’ancienne voie. » Il était fermement partisan des réformes.

    Dans cette vive controverse entre les réformateurs de la classe des propriétaires fonciers et les conservateurs de l’aristocratie des propriétaires d’esclaves, le prince Hsiao soutint résolument les vues préconisées par Chang Yang et élabora une ligne réformatrice.

    A partir de l’an 356 avant J.-C., Chang Yang procéda à des réformes énergiques en adoptant une série de nouvelles mesures : « faire disparaître les anciens chemins et remblais de terre qui délimitaient les champs » ; récompenser les propriétaires fonciers qui faisaient défricher des terres ; développer la production agricole ; abolir les privilèges héréditaires de la vieille aristocratie ; étendre l’application de la loi qui « groupe par cinq ou par dix les familles en une communauté de base » et les tenir pour collectivement responsables pour les crimes et infractions de toute famille dans la communauté ; diviser l’État en districts comme unités administratives ; et unifier les poids et mesures.

    Défendant les intérêts de la classe des propriétaires fonciers, Chang Yang encouragea à « travailler dur dans les travaux agricoles et dans le tissage » (Che Ki), affirmant que « la prospérité de l’État dépendait de l’agriculture et de la guerre » (Œuvres de Chang Yang).

    Son programme de réformes stipulait que tous ceux qui « travaillaient dur dans les travaux agricoles et dans le tissage et produisaient beaucoup de céréales et de soieries » pouvaient être « exemptés d’impôts et de corvée ». Au contraire, ceux qui « s’occupaient du commerce ou s’appauvrissaient dans une vie de paresse » (Che Ki) deviendraient, de même que leurs femmes, esclaves au service de l’État.

    L’application de cette politique qui mettait l’accent sur l’agriculture et restreignait le commerce favorisa la croissance de la force de la classe nouvelle des propriétaires fonciers et porta de rudes coups aux propriétaires d’esclaves qui s’occupaient d’artisanat et de commerce.

    Amenant de profondes transformations sociales, les réformes de Chang Yang ne manquèrent pas de se heurter à la résistance obstinée des forces réactionnaires représentées par la vieille aristocratie. Au cours de l’application du programme de réformes, dans la capitale de l’État de Ts’in, « des milliers de gens ne trouvèrent pas à leur goût les nouveaux ordres », « nombre de membres des familles nobles en éprouvèrent un vif mécontentement ».

    Les aristocrates propriétaires d’esclaves, pris de panique et se mordant les lèvres de rage, « nourrissaient contre les lois de Chang Yang un ressentiment plus vif que pour tout ennemi personnel » (Discours sur le contrôle du sel et du fer par l’État). « Leur haine était haute comme une montagne (Lieou Hsiang : Nouveaux discours). »

    Groupés autour du seigneur Kien, ils incitèrent le prince-héritier à « violer les lois » et cherchèrent par tous les moyens à empêcher les réformes.

    Face à cette situation où « la résistance à l’application des lois provenait des membres des familles nobles » (Che Ki), Chang Yang, fort du soutien du prince Hsiao, assena un coup sévère au groupe des familles nobles propriétaires d’esclaves. Il condamna Kien à avoir le nez tranché, châtia Kongsouen Kou, qui avait incité le prince héritier à enfreindre la loi, en le marquant au fer rouge au visage et mit à mort Tchou Houan, un aristocrate qui avait saboté les réformes.

    En outre, dans une répression retentissante contre la contre-révolution, il fit exécuter, au bord de la rivière Weichouei, près de Hsienyang, plus de 700 membres de la vieille aristocratie, défendant et consolidant ainsi le nouveau régime féodal. Selon des archives, « dix ans après l’application » des nouvelles lois, « la population de Ts’in vivait dans le bonheur » ; « l’ordre régnait dans les villes et les campagnes », et même les femmes et les enfants « parlaient des lois de Chang Yang (Evénements des Royaumes combattants). »

    Tchang Tai-yen (1869-1936), alors qu’il était encore un révolutionnaire bourgeois au début de sa carrière, disait à juste titre : « Les gens voient seulement les rigueurs des nouvelles lois de Chang Yang sans tenir compte de leurs résultats positifs. » (Tchang Tai-yen : Kieou Chou)

    Violemment frappé, le groupe des familles nobles de propriétaires d’esclaves en fut réduit aux activités clandestines. Pendant huit années consécutives, le seigneur Kien ne sortit jamais de chez lui et complota jour et nuit, dans l’espoir d’une restauration.

    Mais, représentant politique des propriétaires fonciers, Chang Yang ne put échapper aux limites ni à la faiblesse inhérentes à cette classe. Bien qu’il se rendît compte de la gravité de la lutte, il ne put nullement s’appuyer sur le peuple. Il ne sut même pas évaluer de façon appropriée ni mobiliser largement les forces de la classe des propriétaires fonciers. Il suivit une ligne qui consistait à réaliser des réformes seulement aux échelons supérieurs.

    C’est pourquoi, après la mort du prince Hsiao, ces réformes furent arrêtées. Et, en particulier, lorsque le prince Houei, qui s’était toujours tenu sur les positions de la vieille aristocratie, fut monté sur le trône, les forces de la restauration, le seigneur Kien à leur tête, se mirent immédiatement à contre-attaquer pour régler leur compte à Chang Yang ; elles « accusèrent Chang Yang de vouloir se révolter »(Che Ki). Et en 338 avant J.-C., les aristocrates propriétaires d’esclaves le firent écarteler.

    Après la mort de Chang Yang. Le contre-courant de la restauration domina pendant un certain temps dans l’État de Ts’in. Le prince Houei poursuivit une ligne politique diamétralement opposée à celle de Chang Yang.

    Il chassa les légalistes et s’appuya de nouveau sur les vieux aristocrates. Un beau-frère du prince, nommé Wei Jan, considéré comme un « homme d’État chevronné », servit sous son règne, ainsi que sous le règne des deux autres monarques suivants : les princes Wou et Tchao. Sur le plan économique, il était « plus riche que la maison princière », et sur le plan politique, il jouissait d’un « immense prestige dans tout l’État de Ts’in » (Che Ki).

    Il s’efforça de persécuter les légalistes, présentant tous les conseillers de la classe des propriétaires fonciers, venus des Etats de Han, de Tchao et de Wei, comme des gens qui « sèment le désordre dans le pays ». Tout cela montre pleinement la nature réactionnaire de l’aristocratie esclavagiste. Entre-temps, le courant anti-légaliste fit aussi son apparition dans les Etats vassaux de la Plaine centrale.

    Le fait que les réformes de Chang Yang aient ébranlé jusque dans ses fondements la base économique de la classe des propriétaires d’esclaves effraya ceux-ci dans les différents autres Etats. Ils considérèrent l’État de Ts’in comme un Etat « de loups et de tigres », qui « ne respectait ni les rites ni la justice », et qui « préférait à l’honnêteté les avantages matériels. » (Evénements des Royaumes combattants) Dans ces attaques contre l’école légaliste, le pionnier, ce fut le confucéen Mencius (390-305 av. J.-C.).

    Le confucianisme était à l’époque un courant idéologique et une école des plus réactionnaires.

    Son fondateur, Confucius, s’était fait lui-même le porte-parole acharné de la classe des propriétaires d’esclaves en déclin, et il s’était démené un peu partout, toute sa vie durant, pour sauver la domination du système esclavagiste. Prenant la relève de la cause réactionnaire de Confucius, Mencius s’opposa ouvertement à l’abolition des privilèges héréditaires des aristocrates propriétaires d’esclaves, clamant qu’il ne fallait pas toucher à leurs intérêts.

    Mencius réclama le maintien du système des « ministres héréditaires » et des « émoluments héréditaires » (Mencius), et affirma : « l’administration du gouvernement n’est pas difficile : il s’agit de ne pas offenser les grandes familles ».

    Tout comme Confucius qui fit exécuter le réformateur Chaotcheng Mao, Mencius réclama la répression sévère des légalistes qu’il traita de « voleurs du peuple » (ibidem).

    En « supprimant les sentiers et les remblais entre les champs » (Che Ki) et « en détruisant les délimitations des terres » (histoire chronologique générale), Chang Yang avait éliminé la propriété foncière des propriétaires d’esclaves, tandis que Mencius, lui, prêchait à tout venant que, « pour gouverner par la bienveillance, on devait commencer par délimiter les champs selon l’ancien système » (Mencius), s’imaginant pouvoir ainsi rétablir le système tsing tient depuis longtemps aboli. [Le « système des champs en neuf carrés égaux » (appelé en chinois : système tsing tien) était le régime agraire en vigueur dans la société esclavagiste.

    Sous ce régime, toutes les terres appartenaient au roi, chef suprême des propriétaires d’esclaves. Elles étaient divisées en parcelles de neuf carrés égaux ayant la forme du caractère chinois (tsing). Les terres ainsi divisées étaient distribuées aux aristocrates propriétaires d’esclaves qui obligeaient leurs esclaves à les cultiver. Le nombre de parcelles distribuées aux aristocrates correspondait à leur rang.]

    Chang Yang avait préconisé la politique de »l’agriculture et la guerre », et incité la classe montante des propriétaires fonciers à améliorer sa position sociale « en défrichant des terres et en vainquant des ennemis » (Histoire chronologique générale). Mencius avança la théorie « des moyens d’existence assurés », déclarant que « la Voie du peuple, c’est que si ses moyens d’existence sont assurés, son esprit sera constant » (Mencius).

    Il demanda qu’on punît « celui qui défriche des prés(ibidem). » Chang Yang s’était prononcé pour le « règne par la loi », mais Mencius prêcha la « voie royale », « la bienveillance et la justice ».

    La plate-forme politique et économique de Mencius, en réaction contre les réformes de Chang Yang, répondait entièrement aux besoins des aristocrates propriétaires d’esclaves dans leurs tentatives de restauration.

    Cependant, la substitution inévitable du système féodal au système esclavagiste est une loi historique indépendante de la volonté de l’homme.

    Les activités de restauration des réactionnaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’État de Ts’in n’ont pu changer le cours général de l’Histoire. Le légaliste Han Fei (280­-233 av. J.-C.) disait : « Après la mort du prince Hsiao et de Chang Yang, et sous le règne du prince Houei, les nouvelles lois prévalaient toujours dans l’État de Ts’in » (Han Fei Tse).

    Après l’abolition du système tsing tien dans l’État de Ts’in, l’établissement et le développement de la propriété foncière privée féodale devinrent irrésistible comme une marée.

    D’après les documents historiques : « Le prince Houei de Ts’in annexa la partie centrale de l’État de Pa. Le prince de cet Etat paya à la cour des Ts’in un tribut annuel de 2 016 sapèques et un supplément de tribut de 1 800 sapèques tous les trois ans. » (Histoire de la dynastie des Han postérieurs) C’était une forme typique de l’exploitation au moyen de la taxation féodale.

    Sous le règne du prince Tchao de l’État de Ts’in, l’agriculture florissait non seulement dans la région de Kouantchong (approximativement la province actuelle du Chensi), mais aussi la région limitrophe de Chou (la partie ouest de la province actuelle du Setchouan), qui furent connues comme le « pays de l’abondance » aux « vastes terres fertiles. » (Houa Yang Kouo Tche)

    Tout cela montre qu’une fois brisé le carcan de la propriété foncière des propriétaires d’esclaves, s’ensuit nécessairement la prospérité de la nouvelle économie des propriétaires fonciers.

    Avec les progrès de ce nouveau type d’économie, la classe montante des propriétaires fonciers éprouva un mécontentement accru du fait de son manque de pouvoir sur le plan politique et exigea l’établissement d’une forme de pouvoir correspondant à la base économique.

    Sa lutte contre l’aristocratie esclavagiste passa ainsi à une nouvelle étape. Si la lutte entre ces deux classes à l’époque des réformes de Chang Yang s’était déroulée autour de la question de la propriété foncière, on peut dire qu’après la solution pour l’essentiel de cette question, la lutte se concentra peu à peu sur la question du pouvoir.

    Sous le règne du prince Tchao, du fait que le pouvoir était principalement aux mains d’une poignée de gens comme Wei Jan, « les grandes familles étaient plus riches que la maison princière » (Che Ki).

    Dans sa lutte pour reprendre le pouvoir perdu, le prince Tchao commença à tenir le même langage que la classe montante des propriétaires fonciers, se tourna peu à peu vers l’école légaliste et comprit que « le confucianisme n’est d’aucun profit pour l’Etat » (Siun Tse).

    Une fois, le prince Tchao étant tombé malade, quelques aristocrates propriétaires d’esclaves, violant délibérément les nouvelles lois, offrirent un bœuf en sacrifice pour demander son rétablissement.

    Le prince estima que « si les nouvelles lois n’étaient pas observées, cela entraînerait des troubles et l’extinction de l’Etat » (Han Fei Tse), aussi donna-t-il l’ordre de punir les coupables, en obligeant chacun d’eux à remettre deux armures au profit de l’arsenal princier.

    C’est dans cette conjoncture que Fan Souei, représentant bien connu de l’école légaliste, arriva de l’État de Wei à l’État de Ts’in. Après avoir échappé à la censure de Wei Jan, il adressa une « pétition » au prince Tchao dans laquelle il indiqua :

    « Selon ce que votre humble sujet a pu entendre, lorsqu’un monarque est clairvoyant, il doit récompenser ceux qui ont rendu des services méritoires et nommer à des postes officiels ceux qui sont capables. Ceux qui travaillent dur doivent gagner plus, ceux qui ont rendu beaucoup de services méritoires doivent avoir un rang supérieur, et ceux qui sont capables de gouverner un grand nombre de personnes doivent avoir des postes élevés. » (Che Ki)

    Fan Souei hérita et développa l’idée de Chang Yang selon laquelle « ceux qui ont eu des mérites doivent recevoir de grands honneurs et ceux qui sont riches mais n’ont rien fait pour l’État ne doivent pas jouir d’une réputation populaire » (ibidem).

    Il s’éleva contre le système des « ministres héréditaires » et des « émoluments héréditaires ». En opposition directe avec l’idée confucéenne du partage du pouvoir entre les aristocrates, il formula l’idée légaliste de l’établissement d’un Etat féodal centralisé.

    Il donna le conseil suivant au prince Tchao : « Un souverain clairvoyant ne permet à aucun prince vassal d’entreprendre, de sa propre volonté, une action présomptueuse. » (ibidem) Autrement dit, seul un pouvoir centralisé renforcé pourrait assurer la position absolue d’un souverain.

    Sur la question d’annexer les autres Etats vassaux, Fan Souei critiqua la politique consistant « à attaquer les Etats lointains et à établir des relations d’amitié avec les Etats voisins », politique préconisée par un groupe d’aristocrates propriétaires d’esclaves ayant Wei Jan à sa tête en vue de défendre les privilèges héréditaires de ce groupe, et il formula la politique consistant »à attaquer les Etats voisins et à établir des relations d’amitié avec les Etats lointains » (ibidem).

    La ligne de Fan Souei fut approuvée par le prince Tchao qui « nomma Fan Souei ministre-invité, conseiller sur les affaires militaires » ».

    Ayant pris Fan Souei à son service, le prince Tchao de l’État de Ts’in remporta une série de victoires dans les guerres pour l’unification de la Chine, ce qui renforça la position de la classe des propriétaires fonciers dont il était le représentant. Et en partant de cette base, le prince Tchao prit d’autres mesures pour « renforcer le pouvoir de la maison princière et affaiblir la position des aristocrates » (Che Ki), expulsa de son Etat une poignée d’anciens aristocrates, dont Wei Jan, et nomma Fan Souei premier ministre.

    Ainsi, la classe montante des propriétaires fonciers reprit-elle le dessus dans les organes du pouvoir de cet Etat.

    Bien que devenu premier ministre, Fan Souei était en fait assis sur un volcan qui pouvait entrer en éruption à tout moment. C’est que, dans l’État de Ts’in, la vieille aristocratie était encore assez puissante.

    Dans ce contexte de la lutte de classes, Fan Souei vacilla, et en 256 avant J.-C., il « demanda la permission de rendre le sceau de premier ministre pour cause de maladie » (ibidem). Son successeur, Tsai Tseh, craignant les attaques du groupe des aristocrates propriétaires d’esclaves, présenta lui aussi sa démission après n’être resté que quelques mois en fonctions.

    La chute de Fan Souei et de Tsai Tseh montre que, pour avoir la vie sauve et protéger leur famille, ils n’ont pas osé mener les réformes jusqu’à leur terme ; mais elle révèle profondément aussi la lutte aiguë entre la restauration et l’opposition à la restauration dans l’État de Ts’in, même après la prise du pouvoir par la classe des propriétaires fonciers.

    II

    Dans la lutte longue, tortueuse et pleine de péripéties que se sont livrées la classe des propriétaires fonciers et l’aristocratie esclavagiste, l’empereur Chehouangti des Ts’in, qui poursuivit l’œuvre de Chang Yang et de Fan Souei, fut le grand artisan de l’unification féodale de toute la Chine. Après l’accession de Chehouangti au pouvoir, la lutte pour établir la dictature de la classe des propriétaires fonciers accéda à une nouvelle étape.

    L’empereur Chehouangti adopta deux dispositions stratégiques : primo, anéantir le groupe dirigé par Liu Pou-wei (?-235 av. J.-C.) pour assurer la victoire de la guerre d’unification et la fondation de la dynastie des Ts’in ; secundo, adopter des mesures révolutionnaires, c’est-à-dire « brûler les livres et enterrer vivants les lettrés confucéens », ce qui permit de consolider le pouvoir de la classe des propriétaires fonciers.

    Ces deux événements historiques constituent la suite de la longue lutte qui opposait, dans l’État de Ts’in, la classe montante des propriétaires fonciers à l’aristocratie esclavagiste en déclin ; ils illustrent la lutte entre la restauration et la contre-restauration qui se poursuivit pendant 150 ans, dans l’État de Ts’in, depuis les réformes de Chang Yang.

    Liu Pou-wei était un représentant de l’aristocratie des propriétaires d’esclaves, et non de la classe des propriétaires fonciers. Vers la fin de l’époque des Royaumes combattants, les premiers ministres des Etats de Tsi, de Tchou et du reste des six Etats autres que l’État de Ts’in étaient tous membres des familles aristocratiques appartenant aux maisons princières respectives.

    C’était le cas de Tien Ki, Tien Ying et Tien Wen de l’État de Tsi, Tse Lan et Houang Hsié de l’État de Tchou, et Tchao Cheng de l’État de Tchao. Seul l’État de Ts’in employait un grand nombre de personnes venues comme « invitées », c’est-à-dire qui s’étaient réfugiées dans l’État de Ts’in parce qu’elles ne pouvaient plus rester dans les six autres Etats.

    C’étaient des intellectuels de la classe des propriétaires fonciers tels que Fan Souei, Tsai Tseh et Li Se (-208 av. J.C.). Mais à l’époque, les propriétaires d’esclaves engagés dans l’artisanat et le commerce étaient encore très puissants dans l’État de Ts’in, ils constituaient la base sociale la plus importante pour les activités de restauration de la vieille aristocratie.

    D’après le Che Ki de Sema Tsien, un nommé Louo de la famille Wou, une veuve portant le nom Tsing qui habitait à Pa, ainsi que la famille Tchouo de Chou (l’actuelle partie ouest de la province du Setchouan), avaient un millier d’esclaves chacun et étaient « aussi riches que le monarque ».

    Liu Pou-wei se trouvait être le plus célèbre représentant de cette force sociale.

    C’était un « gros commerçant de Yangtchai » (l’actuel district de Yuhsien, dans la province du Honan), un grand propriétaire possédant une dizaine de milliers d’esclaves et « une fortune fabuleuse ». Grâce à ses intrigues politiques, il devint premier ministre de l’État de Ts’in sous le règne du prince Tchouangsiang, père de l’empereur Chehouangti.

    Son entrée en fonctions, appuyée par le groupe des aristocrates propriétaires d’esclaves de l’État de Ts’in, fut l’aboutissement des activités de restauration de la classe des propriétaires d’esclaves.

    Une fois au pouvoir dans cet Etat, Liu Pou-wei s’efforça d’appliquer une ligne politique réactionnaire visant à restaurer le système esclavagiste.

    Sur le plan économique, il combattit avec force la politique traditionnelle de l’État de Ts’in consistant « à renforcer la fondation (l’agriculture) et à affaiblir le dernier des métiers (le commerce) », prétendant que ce n’était pas « la plantation et la culture », mais « la piété filiale » et « la pratique de la vertu » (Annales de Liu) qui devaient être considérées comme « la fondation ».

    Ce faisant, il tentait de défendre les intérêts de la classe des propriétaires d’esclaves et de saper le fondement économique de la classe des propriétaires fonciers ­ l’économie agricole féodale.

    Dans le domaine de la culture et de l’idéologie, Liu Pou-wei réunit un certain nombre d’intellectuels mécontents du nouveau système, pour rédiger un livre intitulé Annales de Liu.

    Il chercha à s’opposer et à supplanter l’idéologie légaliste qui occupait alors dans l’État de Ts’in une position bien établie.La sortie de ce livre marque une évolution nouvelle dans la lutte de classes et la polémique entre confucéens et légalistes.

    En ce temps, vers la fin de l’époque des Royaumes combattants, avec l’affaiblissement constant des forces de la classe des propriétaires d’esclaves en déclin, la position qu’occupait l’école confucéenne représentée par Confucius et Mencius était déjà chancelante, prête à s’écrouler, tandis que l’école légaliste, au contraire, avec la montée continue de la classe des propriétaires fonciers, vit apparaître d’éminents représentants comme Siun Tse (313-238 av. J.-C.), et Han Fei.

    C’est pourquoi il était impossible d’arborer ouvertement, dans l’État de Ts’in, le drapeau du confucianisme. On ne put que professer l’éclectisme et répandre des inepties confucéennes sous la marque d’ « école aux doctrines variées ». Le livre de Liu prétendait avoir assimilé les doctrines des différentes écoles, mais, au fond, il prenait pour noyau la pensée confucéenne, mêlée à des idées taoïstes.

    L’école confucéenne propageait l’idée qu’il ne fallait pas s’attaquer à l’ancien ordre esclavagiste, tandis que l’école taoïste jugeait qu’il n’était ni nécessaire ni possible d’établir le nouvel ordre féodal.

    Avec chacune sa phraséologie spécifique, ces deux écoles cherchaient, au fond, l’une comme l’autre à sauvegarder la domination de la vieille aristocratie esclavagiste en pleine décadence.

    Les Annales de Liu étaient une macédoine où se trouvaient mélangées les idées les plus variées de la classe des propriétaires d’esclaves ; elles propageaient les idées de « bienveillance » et de « justice » de l’école confucéenne en y mêlant des idées taoïstes comme par exemple : « gouverner par l’inaction ». Son but essentiel était la rétrogression, un retour à l’ancien et le rétablissement de l’esclavage réclamé par l’école confucéenne.

    Dès qu’il fut monté sur le trône, l’empereur Chehouang-ti dut mener une sérieuse lutte contre la clique des aristocrates esclavagistes ayant à sa tête Liu Pou-wei.

    Il va de soi que l’empereur, en tant que représentant principal de la classe montante des propriétaires fonciers, prit tout naturellement la pensée légaliste de Han Fei comme une arme idéologique pour combattre la restauration. Han Fei et Li Se étaient des disciples de Siun Tse.

    Selon les archives, après avoir lu les écrits de Han Foi – l’empereur Chehouangti s’exclama : « S’il m’était donné de rencontrer cet homme et d’être en sa compagnie, je pourrais après cela mourir sans regrets ! » (Che Ki) Une année après son accession au pouvoir, suivant le principe formulé par Han Fei : « Que les hauts fonctionnaires n’échappent pas au châtiment quand ils commettent un délit, et que les simples hommes du peuple obtiennent des récompenses quand ils accomplissent une bonne action » (Han Fei Tse), l’empereur Chehouangti mit à exécution une politique selon laquelle « les premiers ministres doivent venir des rangs des fonctionnaires locaux, et les généraux, des simples soldats. » (ibidem)

    C’est ainsi qu’il destitua Liu Pou-wei. Révoqué, celui-ci refusa obstinément de s’amender et continua d’être d’intelligence avec les vieux aristocrates des six autres Etats pour fomenter une rébellion.

    En 235 avant J.-C., sa tentative éventée, il se suicida pour échapper au châtiment. L’anéantissement des forces de Liu Pou-wei marqua une nouvelle consolidation de la domination de la classe des propriétaires fonciers dans l’État de Ts’in.

    Quatorze années plus tard, soit en 221 avant J.-C., l’empereur Chehouangti réussit à unifier la Chine et fonda un empire féodal au pouvoir centralisé.

    Ce fut là une grande victoire remportée par la classe montante des propriétaires fonciers, une éclatante victoire de la pensée légaliste. Cet événement marqua en Chine la fin de la société esclavagiste et le commencement de la société féodale. Ce qui poussa l’empereur Chehouangti « à brûler les livres et à enterrer vivants les lettrés confucéens », ce fut la polémique sur la question de savoir s’il fallait persévérer dans le régime centralisé des préfectures et des districts ou restaurer le système des Etats vassaux de la société esclavagiste.

    Il s’agissait là d’une question essentielle concernant le système d’État et la nature du pouvoir politique. Au cours de ces événements, ceux qui représentaient les intérêts des aristocrates esclavagistes étaient les lettrés confucéens accrochés a leur doctrine.

    Après la fondation de la dynastie des Ts’in, les forces de l’aristocratie esclavagiste de cet Etat s’étaient pour ainsi dire effondrées sur le plan politique et économique, mais elles restèrent assez puissantes dans le domaine idéologique, un grand nombre de lettrés confucéens s’étant infiltrés dans les organismes gouvernementaux et les institutions culturelles.

    Selon des données historiques, parmi les 70 académiciens royaux, il y avait un nombre non négligeable de confucéens, et on comptait dans les préfectures des confucéens en vue, dont Kong Fou, Tchang Eul et Tchen Yu. Certains d’entre eux, extrêmement mécontents du nouveau régime, suscitèrent de nouveaux débats pour discuter de la voie à suivre pour la dynastie.Cette fois, le premier ministre Wang Wan fut le premier à entrer en lice.

    Se tenant du côté de l’aristocratie esclavagiste, il réclama le rétablissement du système des Etats vassaux. Mais Li Se, ministre de la Justice, partant de la position des légalistes, combattit énergiquement cette rétrogression, indiquant que si le système des Etats vassaux était restauré, les seigneurs vassaux « se battraient entre eux comme des ennemis » (Che Ki), et on verrait renaître les divisions et les guerres chaotiques de la société esclavagiste.

    Ayant fait le bilan de l’expérience historique acquise dans la lutte entre la restauration et la contre-restauration dans l’État de Ts’in, l’empereur Chehouangti approuva les vues de Li Se réclamant l’unification du pays et s’élevant contre la scission. « Le pays, pensa-t-il, souffrait de guerres continuelles, parce qu’il existait des Etats vassaux. »

    Et il ajouta : « Le rétablissement des Etats vassaux peu après leur unification conduira à des guerres sans fin. » Résolu à adopter le système des préfectures et des districts, il « divisa le pays en trente-six préfectures » (Che Ki) administrées par des fonctionnaires nommés par l’autorité centrale. Ainsi, il fonda un empire féodal au pouvoir centralisé.

    Cependant, une classe renversée ne se retire jamais de son propre chef de la scène de l’Histoire. Par l’intermédiaire de leurs agents à la Cour des Ts’in, les aristocrates propriétaires d’esclaves continuaient à préparer l’opinion publique à une attaque contre le système des préfectures et des districts. En 213 avant J.-C., au cours d’un banquet au Palais de Hsienyang, Tchouenyu Yué, un académicien royal qui se tenait sur la position des confucéens, vint à déclarer : « Je n’ai jamais entendu dire qu’un Etat puisse subsister longtemps s’il ne se met pas à l’école du passé. » (ibidem)

    Il prêchait ainsi ouvertement la restauration du système esclavagiste des dynasties des Yin et des Tcheou. Et la Cour fut de nouveau le théâtre d’une grande polémique.

    Dans les débats, Li Se réfuta énergiquement la théorie confucéenne « d’utiliser le passé pour s’opposer au présent » ; il souligna qu’« aucune dynastie ne gardait les régimes politiques antérieurs » (Che Ki). Il fit encore remarquer que faire marche arrière conduirait à une impasse. Si les lettrés, dit-­il, prennent le passé, et non le présent, comme maître, c’est pour calomnier le présent. » (ibidem)

    Selon lui, il fallait réprimer ces lettrés qui préparaient l’opinion à la restauration. Li Se indiquait encore que les confucéens, faisant parade de leur « savoir personnel », »cherchaient des défauts dans les décisions du gouvernement à la lumière de leur doctrine, les désapprouvaient dans leur for intérieur lorsqu’ils étaient dans les organismes gouvernementaux et les rejetaient ouvertement en public » (ibidem).

    Si on les laissait faire, ils ne manqueraient pas de saper la stabilité du pouvoir politique de la classe des propriétaires fonciers.

    C’est pourquoi Li Se demanda d’établir, dans le domaine de l’idéologie et de la culture, la dictature de la classe des propriétaires fonciers sur la classe des propriétaires d’esclaves. Approuvant ses propositions, l’empereur Chehouangti ordonna de confisquer « les classiques confucéens et les ouvrages d’autres écoles », interdit de « prôner l’ancien pour porter atteinte au présent », et appela « et ne suivre qu’une seule école en distinguant le blanc du noir » (ibidem).

    Au bord de sa ruine totale, l’aristocratie esclavagiste réactionnaire tenta un ultime assaut. Les lettrés confucéens, ayant à leur tête Lou et Heou, s’efforcèrent de calomnier le « règne par la loi », en le présentant comme un « abus de pouvoir fonctionnant à coup de châtiments et d’exécutions capitales », et attaquèrent le pouvoir centralisé, disant qu’il reposait sur des « décisions irrévocables » de l’empereur Chehouangti et sur sa « soif du pouvoir » (Che Ki).

    Ils suscitèrent partout des troubles et répandirent des rumeurs pour abuser le peuple. En vue de consolider la dictature de la classe des propriétaires fonciers qui venait d’être établie, Chehouangti réprima ces lettrés confucéens réactionnaires qui cherchaient à restaurer l’esclavage, et il fit « enterrer vivants » à Hsien-yang 460 lettrés confucéens.

    L’appareil d’État a toujours été un instrument d’oppression exercée par une classe sur une autre. « Brûler les livres et enterrer vivants les lettrés confucéens » furent des mesures que la classe des propriétaires fonciers dut prendre pour renforcer son dictature qui venait d’être établie.

    Comme le président Mao l’a fait remarquer, « pour renverser un pouvoir politique, on commence toujours par préparer l’opinion publique et par agir dans le domaine idéologique. Cela est vrai aussi bien pour une classe révolutionnaire que pour une classe contre-révolutionnaire. »

    Déjà, sous le règne du prince Hsiao, Chang Yang avait proposé de « brûler les classiques confucéens pour que prévalent les lois et les décrets » (Han Fei Tse), afin de consolider les résultats acquis lors des réformes.

    Dans sa polémique avec les confucéens, le légaliste Han Fei préconisa de « dissoudre leur groupe » (Han Fei Tse). Comme la lutte se déroulait à l’époque principalement dans les domaines politique et économique, et que les contradictions et la lutte dans le domaine de l’idéologie n’étaient pas aussi aiguës ni aussi évidentes qu’elles le deviendraient à l’époque de Ts’in Che Houang, les princes qui avaient précédé ce dernier n’avaient pas pris de mesures juridiques pour réprimer énergiquement la pensée confucéenne.

    Après avoir fait le bilan de l’expérience acquise dans les luttes répétées entre la restauration et la contre-­restauration au cours de la formation de la dynastie des Ts’in, l’empereur Che-houangti finit par comprendre pourquoi un « nouveau souverain ne peut être révéré s’il ne brûle pas les Six classiques du confucianisme » (Tchang Tai-yen : Ts’in Hsien Ki. Les Six classiques du confucianisme sont : Le Livre des odes, Le Livre des documents, Le Livre des rites, Le Livre des changements, Les Annales de Tchouentsieou et Le Livre de la musique).

    Donc, il mit à exécution la politique dite « de brûler les livres et d’enterrer vivants les lettrés confucéens ». Il en ressort que cette mesure n’était pas due à la « cruauté » de Chehouangti, mais découlait du développement nécessaire de la lutte des classes à l’époque.

    Les documents historiques attestent que l’empereur Chehouangti « aimait la littérature plus que les autres monarques » ; qu’il n’était pas « enclin à massacrer les hommes de lettres » ; que parmi les 70 académiciens de la dynastie des Ts’in, il y en eut au moins huit qui ne furent pas condamnés à être enterrés ; et que certains, bien qu’ayant des opinions politiques différentes, purent quand même « écrire tranquillement leurs ouvrages » (Tchang Tai­yen : Ts’in Hsien Ki), car ils n’avaient pas participé à des conspirations.

    Toutefois, les lettrés confucéens qui se tenaient obstinément sur les positions de la classe des propriétaires d’esclaves en déclin étaient différents des lettrés confucéens en général. C’étaient des gens qui cherchaient secrètement à susciter des troubles et qui adoptaient une attitude pleine d’hostilité à l’égard du nouveau régime féodal. Ils formaient la fraction d’extrême droite des lettrés confucéens.

    S’ils n’avaient pas été réprimés sévèrement, il eût été impossible de consolider le statut économique et le pouvoir d’État de la classe montante des propriétaires fonciers, et toute la Chine serait retournée à la société esclavagiste.

    Donc, « brûler les livres et enterrer vivants les lettrés confucéens » fut une mesure que l’empereur Chehouangti dut prendre pour se défendre contre les attaques de l’aristocratie esclavagiste. Ce fut aussi un acte révolutionnaire visant à préserver les nouveaux rapports de production.

    Les penseurs progressistes de l’histoire de la Chine ont, d’une façon générale, applaudi à cet acte révolutionnaire. Li Pai (701-762), grand poète de la dynastie des Tang, disait : « L’empereur des Ts’in a conquis toute la Chine. Voilà qui est un magnifique exploit ! » Li Tche, un rebelle confucianiste de la dynastie des Ming (1368-1644), fit l’éloge de l’empereur Chehouangti, disant qu’il fut « le meilleur empereur qu’il eût jamais existé aux temps anciens. » (Tsang Chou)

    Tchang Tai-yen, un révolutionnaire bourgeois, déclara sans ambages que Chehouangti « n’oubliait pas les simples gens quant aux récompenses ni ne laissait échapper aucun de ses proches qui méritait un châtiment », et qu’il « ne faisait mettre à mort aucun fonctionnaire sans preuves évidentes ».

    Tchang disait encore que s’il y avait eu de bons successeurs au trône de la dynastie des Ts’in, la prospérité de cet Etat aurait « dépassé tout ce qu’on avait pu connaître, même sous le règne de tant de sages empereurs et de rois avisés dans les anciens temps » (Ts’in Tcheng Ki).

    Par contre, les réactionnaires du passé, tout comme, de nos jours, les agents des propriétaires fonciers, de la bourgeoisie, et de l’impérialisme, du révisionnisme et de la réaction, tels que Liou Chao-chi et Lin Piao, ont tous accablé d’injures l’empereur Chehouangti et fait l’éloge des confucéens. Les faits historiques montrent que l’appréciation que l’on porte sur Chehouangti et Con­fucius a toujours été l’objet d’une longue lutte de classes dans le domaine idéologique.

    III

    Le président Mao a indiqué : « Dans le passé, la classe des propriétaires d’esclaves, la classe féodale des propriétaires fonciers et la bourgeoisie furent, avant leur conquête du pouvoir et quelque temps après, pleines de vitalité, révolutionnaires et progressistes ; c’étaient de vrais tigres.

    Mais, dans la période postérieure, comme leurs antagonistes la classe des esclaves, la classe paysanne et le prolétariat grandissaient et engageaient la lutte contre elles, une lutte de plus en plus violente, ces classes régnantes se sont transformées peu à peu en leur contraire, sont devenues réactionnaires, rétrogrades, des tigres en papier.

    Et, en fin de compte, elles ont été renversées par le peuple ou le seront un jour. »

    Le fait que la classe des propriétaires fonciers au pouvoir, de partisane de l’école légaliste et opposée au confucianisme se soit convertie au confucianisme et opposée à l’école légaliste, est conforme au processus de la transformation historique : la classe des propriétaires fonciers, comme l’a fait remarquer le président Mao, de révolutionnaire est devenue réactionnaire, de progressiste est devenue rétrograde.

    La dynastie des Ts’in fut, dans l’histoire de la Chine, la première dynastie fondée par la classe des propriétaires fonciers. Peu après sa conquête du pouvoir, cette classe exploiteuse opprimait et pressurait cruellement la paysannerie, aggravant ses contradictions avec elle. En l’an 209 av. J.-C. éclata la première grande insurrection paysanne de l’histoire, dirigée par Tchen Cheng et Wou Kouang ; cette insurrection fit progresser l’histoire et manifesta la grande force des opprimés et des exploités, créateurs de l’histoire.

    Tout comme l’a indiqué Lieou Tsong-yuan (773-­819) dans son ouvrage : Du système des Etats vassaux, la chute des Ts’in « doit être attribuée au mécontentement du peuple et non pas au système des préfectures et des districts. »

    Au cours de la formation de la dynastie suivante, celle des Han, des controverses se poursuivaient entre ceux qui voulaient continuer à faire progresser le féodalisme et ceux qui réclamaient le retour au système esclavagiste.

    Un lettré confucéen Li Che-ki conseilla à Lieou Pang, fondateur de dynastie des Han, de rétablir le système des Etats vassaux, et on avait même déjà gravé les nouveaux sceaux pour les vassaux.

    Mais devant les objections de son conseiller Tchang Liang, Lieou Pang se rendit à l’évidence et comprit que la rétrogression n’aboutirait qu’à une impasse ; il s’écria aveccolère contre Li Che-ki : « Sot lettré que vous êtes, vous avez failli ruiner les affaires de mon Etat ! » (Che Ki)

    La dynastie des Han succéda au régime établi par les Ts’in. Sous le règne de l’empereur Wouti (140-87 av, J.-C.) des Han, les rébellions des Etats de Wou, de Tchou et des cinq autres furent écrasées. Ainsi fut traversé un moment critique où menaçait la restauration de l’esclavage.

    Les contradictions entre la classe des propriétaires fonciers et la paysannerie, qui avaient existé dès l’apparition de ces deux classes, prirent désormais une importance primordiale. La classe des propriétaires fonciers s’était transformée peu à peu, de vrai tigre, en un tigre en papier, perdant la vitalité et le caractère révolutionnaire qu’elle avait possédés lorsqu’elle était une classe progressiste.

    Dans de telles conditions historiques, le confucianisme, hypocrite et conservateur, et exhortant les gens à se contenter de leur sort, devint plus utile à la domination féodale que les idées des légalistes qui propageaient sans fard la dictature de la classe des propriétaires fonciers et réclamaient ouvertement des réformes.

    D’où une situation où il fallait « honorer seulement la doctrine de Confucius et bannir toutes les autres écoles. Et les théories confucéennes, revues et corrigées,servirent désormais leur nouveau maître, la classe des propriétaire fonciers, et le confucianisme devint la pensée dominante dans la société féodale postérieure.

    En analysant de bout en bout la lutte entre la restauration et la contre-­restauration au cours de la formation de la dynastie des Ts’in, on constate que la substitution d’un système social à un autre suit un chemin sinueux jalonné de combats sanglants et de sacrifices, avec des possibilités de recul temporaire et de restauration partielle.

    Mais la loi du développement historique est irrésistible, et le nouveau régime social remplacera toujours, en fin de compte, l’ancien.

    Bien que l’empereur Chehouangti soit mort depuis longtemps, le régime qu’il a fondé s’est maintenu pendant toute la période de la société féodale.

    Lieou Tsong-yuan, penseur matérialiste de la dynastie des Tang (618-­907), disait que depuis la dynastie des Han, ce régime s’est révélé supérieur au système des Etats vassaux et se maintiendra dans les cent générations à venir (Du système des Etats vassaux).

    Un autre penseur matérialiste, Wang Fou-tche, qui vécut sous la dynastie des Ming, indiquait : « Le système des préfectures et des districts dure depuis 2 000 ans sans que rien n’ait changé. » (En étudiant l’Histoire générale) Leurs paroles s’accordent avec la réalité historique. Sensible, la nature aurait plié sous l’âge ; Pour les humains, les mers se changeront en champs de mûriers. (Vers tirés du poème de Mao Zedong écrit en avril 1949 : « La Prise de Nankin par l’Armée populaire de Libération ».)

    Aucune force réactionnaire ne saurait empêcher la marche de l’Histoire. Aujourd’hui, sous la direction du grand dirigeant du peuple chinois, le président Mao, nous avons fondé la Chine nouvelle, socialiste, de dictature du prolétariat, et nous poursuivons notre révolution et notre édification socialistes.

    Nous œuvrons à la consolidation de cette dictature et au développement de la cause du socialisme. Cela ne peut non plus être endigué par aucune force réactionnaire. « En fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste ; c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine. » (Mao Zedong : « Intervention à la réunion du Soviet suprême ; l’U.R.S.S. pour la célébration du 40e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre »)

    L’étude de l’expérience historique acquise au cours de la lutte de classes nous permet de raffermir notre confiance en cette vérité. Bien que l’empereur Chehouangti ait été couvert d’injures par les réactionnaires d’hier et d’aujourd’hui, par ceux de la Chine et de l’étranger, y compris les révisionnistes soviétiques, et Lin Piao et ses semblables, il n’en a pas moins ses mérites dans l’histoire.

    Il accordait une importance plus grande au présent qu’au passé ; en ce domaine, il était un expert ; il a mis en pratique de la façon la plus conséquente et la plus efficace la pensée légaliste. Il fut aussi l’homme d’État de la classe des propriétaires fonciers qui a réalisé et défendu l’unification de la Chine. Telle est la conclusion de l’Histoire.

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