Holger Meins: Combattre jusqu’au bout même ici (1974)

L’unique chose qui compte, c’est le combat, maintenant, aujourd’hui, demain, que tu aies été gavé ou pas.

Ce qui compte, c’est ce que tu en fais : un bond en avant.

Faire mieux. Apprendre par l’expérience. Tout le reste, c’est de la merde.

Le combat continue. Chaque nouvelle lutte, chaque action, chaque conflit apportent des enseignements inconnus.

Des expériences, voilà le développement des luttes. Est décisif ce qu’on apprend à connaître.

C’est le côté subjectif de la dialectique Révolution – contre-Révolution.

Par le combat, pour le combat.

A partir des victoires, mais encore plus à partir des erreurs, des « flipps » des défaites.

C’est là une loi du marxisme.

Combattre, avoir le dessous, encore combattre, avoir à nouveau le dessous, c’est ce qui renouvelle la manière de se battre, et ainsi de suite, jusqu’à la victoire finale.

Voilà la logique du peuple.

Dit le Vieux [Mao Zedong].

Bien sûr : « matière » : l’homme n’est rien que matière comme tout… L’homme entier. Les corps et la conscience sont matière.

Ce qui fait l’homme, ce qu’il est, sa liberté – c’est que la conscience se rend maître de la matière – de soi-même, de la nature extérieure et, surtout : de l’être personnel. Un des côtés de Engels : transparent.

Mais le guérillero se matérialise dans le combat – dans l’action révolutionnaire sans fin. Combattre jusqu’à la mort et bien sûr : collectivement.

Ce n’est plus une question de matière, mais de politique. La pratique. Comme tu dis.

Avant comme après l’affaire. Ce qui est – maintenant – repose comme pour la première fois en toi. La grève de la faim est encore loin d’être achevée. Et le combat
ne s’arrête jamais.

Mais il y a naturellement un point : quand tu sais qu’avec chaque victoire des porcs, l’intention concrète de meurtre devient plus concrète – si tu te retires du jeu, te mets en sûreté, et donnes par là une victoire aux porcs – ça veut dire que tu nous livres, que tu es toi-même le porc qui divise et encercle pour survivre lui-même et ensuite en avoir plein le cul de, comme je l’ai dit, « la pratique ».

Vive la Fraction Armée Rouge !

Mort au système des porcs !

Si tu ne continues pas la grève de la faim, tu ferais mieux de dire, et avec plus d’honneur (si tu sais encore ce que c’est, l’honneur) « comme on dit : à bas la R.A.F. Victoire pour les porcs. »

Ou bien homme, ou bien porc .

Ou bien survivre à n’importe Quel prix ou bien la lutte à mort.

Entre les deux, il n’y a rien.

La victoire ou la mort – disent des types partout, et c’est la langue des guérilleros – et même dans la minuscule dimension d’ici.

Il en va de vivre exactement comme il en va de mourir : « Les hommes (et donc nous) gagnent ou bien meurent, au lieu de perdre et de mourir. »

Assez triste de devoir encore t’écrire quelque chose de pareil.

Je sais, bien sûr, pas comment ça fait quand on meurt ou quand on te tue.

D’où ça ?

Dans un instant de vérité, ce matin, il m’est passé par la tête comme pour la première fois : c’est donc ainsi (cela non plus, je ne le savais pas) et ensuite (devant le canon de fusil braqué juste entre tes yeux) : c’est égal, c’était ça. En tout cas, du bon côté.

Ça, tu devras aussi le savoir par toi-même.

De toute façon, tout un chacun meurt.

La question est seulement de savoir comment, et comment tu as vécu, et l’affaire est bien claire : combattre contre les porcs comme homme pour la libération de l’être humain : Révolutionnaire au combat!

De tout notre amour de la vie : mépriser la mort.

C’est ce qui est pour moi servir le peuple.

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