Nakahara dans la province de Sagami est la 38e estampe des Trente-six vues du mont Fuji, soit la seconde des dix estampes ajoutées. Comme pour la précédente, Hokusai se précipite dans le réalisme, avec un haut niveau de synthèse.
Les mouvements directionnels sont combinées aux figures présentes, qui consistent en des samouraïs munis de mousquets. On peut voir à l’arrière-plan deux femmes se reposant au niveau des champs. Le mont Fuji est sous la neige ; ce qu’on voit toute à droite est une maison de thé.
Shinagawa sur le Tōkaidō conserve cette orientation. On y voit des cerisiers en fleurs sur une colline se situatnt au nord de Shinagawa, un quartier d’Edo. Cette colline est appelée « Montagne du Palais » (Goten-yama) car le Shogun y avait sa demeure ; l’endroit était réputé pour sa vue de l’océan et ainsi un lieu de pique-nique.
L’oeuvre semble un peu se perdre en raison du nombre de figures, mais si l’on connaît le thème, qui est celui du pique-nique populaire, alors cela reste une bonne représentation, d’autant plus qu’il y a clairement comme thème d’un côté la masse de gens dans la nature, formant un « poids », et de l’autre les cerisiers faisant opposition directionnelle au regard (qui part de la droite au Japon).
Soshu Nakahara se situe encore dans cet approfondissement du réalisme. On voit bien ici que l’attention s’accentue sur les figures personnelles, qui sont ici typiques et très bien soutenues par l’excellent jeu des couleurs.
Ce qui nuit à l’oeuvre, c’est que le mont Fuji semble disproportionné par rapport au reste ; il est présenté comme trop près.
L’aurore à Isawa dans la province de Kai ne présente pas ce problème de proportions et es un chef d’oeuvre, même si cela se fait aux dépens d’une représentation détaillées des figures présentes. On a ici les masses se mettant en branle, le début d’une journée dans sa sincérité la plus directe, dans sa dignité immédiate. Et en même temps, il y a une formidable poésie qui se dégage de la scène.
La synthèse réussie de cette oeuvre tient notamment à l’opposition dialectique de la partie haute de couleur continue et non réellement marquante, unidirectionnelle, avec la richesse de la partie basse, aux couleurs très denses, saturant littéralement la scène représentée, le fort mouvement directionnel étant comme bloqué en deux temps par des « poids » graphiques. C’est un admirable travail, dont le point culminant est le bleu, typique de la partie haute et pourtant présent dans la partie basse, écrasant cette dernière vers le bas et ouvrant vers le haut. C’est le nexus de cette oeuvre dialectique.
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