L’Internationale Communiste prit en mains l’appareil du Parti Communiste, car elle s’aperçut que si le cap de la fondation du Parti était passé, la réorganisation n’avançait pas, alors que la base s’effritait.
Si l’on prend les bastions, la Fédération de la Seine (c’est-à-dire de la région parisienne), la plus importante, avait 21 200 membres en 1920, 15 167 en 1921, 10 000 en 1922. Entre 1921 et 1922, celle du Nord était passée de 11 000 à 8 000, celle du Pas-de-Calais de 6 000 à 3 500.
L’Internationale Communiste fit le ménage au sein de sa section française, en envoyant des ordres, des conseils, du personnel. Lors du troisième congrès du Parti Communiste (SFIC), en janvier 1924 à Lyon, elle envoya un message commençant de la manière suivante, en disant long sur ce qu’il était pensé des années 1921 – 1922 – 1923 (le congrès de Tours ayant eu lieu en décembre 1920) :
« Chers camarades,C’est la première fois que le P. C. F. réunit son congrès depuis que tous les éléments hostiles au communisme l’ont débarrassé de leur présence.
Le malaise qui s’y est fait sentir pendant plusieurs années était causé — tous aujourd’hui s’en rendent compte — par cette présence d’éléments hétérogènes restés dans le Parti pour en freiner le développement et saboter son action.
L’épuration survenue après le IVe congrès mondial, la cohésion morale et l’unité qui en résultent donnent au Parti Communiste français la possibilité de remplir sa mission historique.
L’Internationale Communiste qui a suivi avec un intérêt particulier toutes les phases de la crise que vous avez traversée, veut attirer l’attention de votre congrès et de tout le Parti sur quelques questions, qui se posent devant l’Internationale Communiste en général et devant le Parti plus spécialement.
[Suivent des points concernant la situation française surtout : I. — La Révolution sociale au centre de l’Europe, II. — La Situation générale en France, III. — Le Bloc des gauches et le réformisme, IV. — Le Bloc ouvrier et paysan, V. —Parlementarisme réformiste et parlementarisme révolutionnaire, VI. — La conquête des masses, VII. — Les prochaines élections, VIII. — La question de l’antimilitarisme, IX. — La question coloniale, X. — L’animation de la vie Intérieure du parti] »
L’Internationale Communiste réalisa quatre mesures en particulier. Tout d’abord, elle fit en sorte que la discipline soit réelle.
Ensuite, elle poussa à la formation d’une véritable direction. Elle ne cessa également de mentionner les décisions politiques n’allant pas, notamment en ce qui concerne le front unique.
Enfin, elle procéda à la réorganisation du Parti sur la base des cellules d’entreprises, une chose ayant sérieusement commencée au tout début de 1925 et terminée en 1926.
Cela coûta cher en termes numériques, car les exigences politiques sont bien plus élevées quand on travaille sur le terrain de l’entreprise par rapport aux réunions de section. La peur de perdre son emploi et la fuite devant les responsabilités fut de règle chez les éléments les plus timorés.
De plus, toute cette pression en faveur de la discipline, de la direction centralisée, d’un appareil de qualité, fut un prétexte pour une double agitation anti « russo-allemande ».
Il y avait des éléments finalement restés sociaux-démocrates dans le fond, qui sortirent pour fonder l’Union fédérative des travailleurs socialistes révolutionnaires en 1922, le Parti communiste unitaire en 1923.
Ces deux structures fusionnèrent quasi immédiatement dans une Union socialiste-communiste qui devint en 1927 le Parti socialiste communiste. Lui-même fusionna en 1930 avec le Parti ouvrier et paysan pour fonder le Parti d’unité prolétarienne, qui rejoignit la SFIO en 1937.
On aura compris qu’il s’agissait là d’éléments ayant cherché à semer la confusion, d’abord dans le Parti puis à l’extérieur, avant d’assumer d’être des sociaux-démocrates.
Il y a ensuite un courant porté par Boris Souvarine, d’origine ukrainienne et liaison à Moscou du Parti avec l’Internationale Communiste. Ce courant dénonce le centralisme et développe les thèses de Léon Trotsky, qui n’avait rejoint les bolcheviks qu’en 1917 et critiquait désormais leur « bureaucratisation ». Boris Souvarine fut exclu en 1924 et tenta l’aventure jusqu’en 1934 à travers un « bulletin communiste », une revue dénommée « La Critique sociale », puis un « Cercle communiste démocratique », pour devenir un expert anti-communiste jusqu’à sa mort en 1984.
Ce dernier courant, qui avait pris le dessus sur le premier dans les instances dirigeantes, fut immédiatement liquidé par l’intermédiaire d’Albert Treint et de Suzanne Girault.
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et la bolchevisation du Parti Communiste
Section Française de l’Internationale Communiste